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ÎGaiE MILIEIS9 A. Bmwti C@ILILIEeTa@tJI.
REVUE
ET
GAZETTE MUSICALE
DE PARIS
I
REVUE
ET
GAZETTE MUSICALE
DE PARIS
RÉDIGÉE PAR MESSIEDBS
C. BANNELIER,
G. BÉNÉDICT,
HECTOR BERLIOZ,
P. BERNARD,
MAURICE BOURGES,
OSCAR COMETTANT,
MAURICE CRISTAL,
ELWART,
FÉTIS père,
EDOUARD FÉTIS,
ARMAND GOUZIEN,
MAURICE GRAY,
STÉPHEN HELLER,
LÉON KREUTZER,
DE LAUZIÈRES,
ED. MONNAIS,
MATHIEU DE MONTER,
EDMOND NEUKOMM,
ARTHUR POUGIN,
ELIAS DE RAUZE,
ERNEST REYER,
THOMAS SAUVAGE;
SAINT-YVES,
PAUL SMITH,
THURNER.
TRElVTE-CmQUIÈME ANNÉE
1868
PARIS
A«J BUREAU DU JOUn:VAI>, 1, BO(JL.EVARD DE» ITAL.IEX'S
1868
TABLES DU TRENTE-CINQUIÈME VOLUME
DE LA
REVUE
ET
GAZETTE MUSICALE
mm wAWktB.
TABLE AlVALYTIQUE DES MATIÈRES.
Académies des Be^nx-Artg.
(iNSTITDT BE FRANCE.)
Eleciion de M. le comte Walewski, comm« académi-
cien libre, en remplacement de Georges Kastner, 54.
Prix d'encouragemeut-Frémont décerné à M. Léonce
Cohen, 366.
Prix annnel de la musique de chambre décerné à M.
Ch. Dancla, 390.
Associations,
Election de deux vice-présidents par le comité de la
Société des artistes musiciens, 62.
Don d'une somme de 5,000 francs par Mme G. Kastner
à la même association, 110.
Assemblée géni'rale de cette Société, 158, 162.
Assemblée générale de la Société des auteurs et com-
positeurs dramatiques, 174.
Assemblées générales des trois Sociétés pour la percep-
tion des droits d'auteurs, art. de T. Sauv;ige, 195.
Assemblée générale de la même Société pour la ques-
tion de révision des statuts, 384.
Anditions musicales de Paris.
(Voyez aussi Concerts.]
MATINÉES, SOIRÉES, CONCERTS, ETC.
Baur (J.), 133.
Bedel (Mlle L.), 133.
Béguin -Salomon (Mme),
101.
Benoiton (La petite Fan-
fan), 109.
Bériot fils (C. de), 93.
Bonewitz, 43. 24. 125.
Boscowitz (F.), 109.
■Callias (Mlle N. de),414.
•Carreno (Mlle T.), 93.
Caussemille (Mlle G.), 141.
Charles (A.), 60.
Colonne (E.), 77.
Console (F.), 125.
Delaborde E.), 133.
Delahaye (L.), 95.
J)elgado , S>3 .
Ernesti (T. d'), 93.
Errera (U.), 190.
Tibre (Mlle A.), 116,
Firmin (N.). 101.
Frémeaux (La famille),
141.
Gagliano (Mme), 93.
Garcin, 198.
Gernsheim (F.), art. de C.
Bannelier, 148.
Golduer iW.), 117.
■jGouffé (A.), 93,165, 414.
Grignon (H.), 141.
Guzmun (F.), 70.
Jacobi (G.), 93.
Jellsch (C), 133.
JCowalski ;H.), 93.
Kruger (W.), 93.
Lamoureux (C), art, de
C. Bannelier, 51.
Xanghans [ M. et Mme
W.), 109.
Lapret (L.), 85.
Larg.jntière (Mlle de), 173.
Lalapie (Mlle de), 77.
Lavini (Mlle), 101.
Xebouc, 29, 109, 116, 141,
350, :«9.
Lemmens, 374.
Lévy (Mlle C), 101.
Leybaque (Mlle H.), 141.
Liebé (Mlle T.), 141,
Lopez, 190.
Magnus (D.), 60.
Id. (2" concert), 93.
Martin (Mlle J.), 125.
Martin-Robinet (Mme), 70.
Monbelli (Mme), 193
Mortier de Fontaine, 141.
NormanNéruda (Mme) art.
de Mathieu de Monter,
98.
Pellini sœurs (Mlles), 93.
Pénavaire, 109.
Pérelli (G.), 77.
Pfeifi-er (G.), 93.
Potier (Mlle D. de), 77.
Régnier (Mlle P.), 193.
Rendano (A,), 133.
Rosenhain {J.),101.
Rouxel (Mme),), 93.
Rubinstein (A.' — 1" con-
cert, art. de C. Banne-
lier, 89.
Id. (2' concet), 101.
Id. (3" concert), 108.
Id. (4* concert), 116.
Id. (5» et 6 concert), 125,
141.
Saint-Saëns (C), 157.
Sauret fr., 93.
Sécrétain (Mlle M.), 37.
Simonet (Mme M.), 101.
Skiwa (Mlles C), 70.
Staps (Mlle A.), 70.
Teysson, 53.
Valdès (R.), 85.
Van-Lier (Mlle R.), 70.
Villa, 37.
Vivier, art. de C, Banne-
lier, 130.
B
Biographies.
Etudes sur Charles-Marie de Weber, d'après la bio-
graphie écrite par son fils (suite), art. de Paul
Smith, 1.
Gi'orges Kastner et son œuvre, par E. Reyer (Extrait du
Journal des Débats], 44.
Détails biographiiiues sur Edouard Monnais, par J.
Janin (Extrait du Journal des Débats), 85.
Troisième partie des Etudes sur Charles-Marie de We-
ber, art. d'E. Neukomm, 139, 16?, 179, 193, 217,242,
284, 3(i6, 353,387, 393, 401.
Mortier de Fontaine, 155.
Stephen Heller (Etudes biographiques et critiques), par
Mathieu de Monter, 329. 337.
Léon Kreutzer, art. d'A. Pougin, 347, 363.
Minnie Hauck (Détails extraits de l'Illustraled London
NeivsJ, 403.
Concerts à Paris.
(Voir aussi Auditions musicales.]
Audition des sœurs Pellini à la Société philharmonique
de Rueil, 14.
Première audition du psaume CXXXVII, mis en musi-
que par M. Jules Béer, art. signé S. D., 27.
Premier concert de l'année, donné à l'Institution des
Jeunes Aveugles, 29.
Grande soirée musicale à la salle Herz, 29.
Concert de la Société chorale allemande Liederkranz,
37.
Concert de la Société Sainte-Cécile, sous la direction de
M. Wekerlin, 53.
Soirée musicale à l'Institution impériale des Jeunes
Aveugles, 60.
Concerts du ministère de la marine et de la surinten
dance des Beaux-Arts, 69, 7G, 100, 116.
Concerts des Tuileries, 76, 85, 92, 100.
Concert donné pour l'Orphelinat de Sainte-Marie, 77.
Second concert de Mme la duchesse de Galiera, 85.
Concert de la loge maçonnique les Frères-unis-insépara-
bles, art. de Mathieu de Monter, 90 .
Concerts de l'HOtel-de-Ville, 92, 100, 116.
Concert au profit de la crèche du quartier des journaux,
93.
Concerts do la princesse Malhilde, 100, 116.
Matinée musicale à Notre-Dame des Arts, 100.
Audition de fragments du Dante, opéra .du duc de
Massa, art. d'A. Gouzien, 106.
Soirée musicale pour l'inauguration de la mairie du 3"
arrondissement, 109.
Soirées musicales du comte d'Osmont, de M. Ed. Four-
nier et de Mme la baronne de Maistre, 116.
Concert, à la Sorbonne, au profit de la crèche de Sainte-
Geneviève, 116.
Concert de l'Institut de la Providence, à la Sorbonne,
133.
Concert annuel de la Société des concerts de chant
classique, 150.
Concert pour la fondation d'une crèche, 150.
Concerts de la Société académique de musique sacrée,
157, 173.
Concert au profit de l'Orphelinat des jeunes filles d'Al-
ger, 165.
Concert à Notre-Dame des Arts, 173.
Concirt annuel des élèves de l'institution de Notre-
Dame d'Autouil, 182.
Audition de la musique d'un ballet chez le comte d'Os-
mont, 206.
Séance musicale des Enfants d'Apollon, 374 .
Concert de la Société chorale allemande la Lieder-
kranz, au Grand-Orient, 390.
Nouvelles séances théâtrales à l'Ecole spéciale de chant,
art. signé M. M., 411.
Concert de la Sorbonne, au profit de l'Institut de la
Providence, 414.
Concerts du Conservatoire, 14, 22, 37, 45, 60, 69, 85,
92, 108, 116,125.
Premier concerts delà nouvelle saison, art. de C.
Bannelier, 403.
Deu.îième concert, 414.
Concerts populaires de musique classique, au cirque
Napoléon :
Léonard, art. signé P. S., 12.
L'ouverture de Manfred, et la Sicilienne de S.
Bach, 22.
Joachim Raff, 37.
Suite d'orchestre, par M. Masscnet, art. d'A. Gou-
zien, 42.
Marche religieuse de Lohengrin, 53.
Mme Néruda-Norman, art. d'A. Gouzien, 59, 69, 77.
Symphonie posthume de Mendelssohn ; adapo de
M. Garcin, art. d'A. Gouzien, 99.
Fragment de Roméo et Juliette, 116.
Concert spirituel du vendredi saint, 125.
Réouverture, art. de C. Bannelier, 340, 350.
Concerts de la saison nouvelle, 350, 366, 374, 389,
397, 406.
Opéras de salon.
Le Double Piège, opéra-comique en un acte, musique
de G. Douay, représenté à la salle Herz, 182.
Le RÉve d'un écolier, opéra-comique de Gariboldi, re-
présenté par les élèves de l'Ecole internationale de
Saint-Germain en Laye, 206.
Conservatoire impérial de musique
et de déclamatiou.
Nomination de M. Charles Colin, comme professeur Je
hautbois, en remplacement de AI. Barthélémy, 62.
Concours ouvert pour les paroles de la cantate du grand
prix de Rome, 68.
Nomination de M. G. Hainl comme membre du comité
des études musicales, 86.
Composition du jury pour le prix de Rome, 151 .
Souscription pour élever un monument à la mémoire
d'Ed. Monnais, 165, 190, 206, 229, 253.
Examens préparatoires pour l'admission aux concours
publics, 191,
Décision du jury au sujet du grand prix de composition
musicale, 214.
Concours à huis clos, 225.
Concours publics, art. de Ch. Bannelier, 233.
Concours publics (suite), 241.
Distribution des prix, 249.
Examens annuels pour l'admission dans les classes de
chant, 358.
Démission de M. Révial, professeur de chant, 366.
Son remplacement par Roger, 374.
Nomination de M. Jules Cohen comme professeur de la
classe d'ensemble vocal, 374.
Résultat du concours d'harmonie écrite et d'orchestra-
tion des élèves militaires, 389.
Nomination de M. Altès comme professeur de flttte, en
remplacement de M. Dorus, démissionnaire, 398.
Résultat du concours de solfège de la classe des élèves
militaires, 206.
Nomination de M. Leroy, comme professeur de clari-
nette, en remplacement de M. Klosé, 406.
D
Départements.
THÉÂTRES, CONCERTS, NOUVELLES MUSICALES,
ETC., ETC.
Alger. — Représentation de la Grande-Duchesse, 166.
— Représentation de Fleur de Thé, 389.
Amiens. — Grand Concert de la Sociiîté Pliilliarnionique,
29, 37. — Nouveau concert au profit rUs pauvres, 93.
— Concert avec le concours d'Adelina Patii, 157. —
Concert des Orpliéonisles, iil4.
BAGNÈnBs-DE-BiGoiiRE. — Inauguration du nouveau Ca-
sino, 263.
Baïonne. — Inauguration du grand orgue de l'église
Saint-Esprit, 294.
Besançon. — Représentation de la Grande-Duchesse, 30.
Biarritz. — Concours de sociétés chorales et inbtru-
mentales, 318.
Bordeaux. — Association des artistes du Grand Théâ-
tre, 21. — Représentation de la Leçon d'Ainoui-, opéra-
comique de M. Alphonse Varncy, 5i. — Norainaiion
de M. Halanzicr comme directeur du Grand Tliéàlre.
se. — Reprise do l'Africaine, 102. — Représentation
de Quand les C/tals n'y soni pas, opérette do L, La-
laste, 110. — Représentations de Hiibinson Cnisoé et
de kl Grande-Duchesse, 134. — Repréâcnlation de
Fleur de Thé au théâtre Français, 24û. — Représen-
tation de Peau d'Ane au Grand Théâtre, 2:8. — Ou-
verture du nouveau théâtre Louit, i94.
BouLOG^E-sl^n-MER. — Représentation de Stais un Bal-
con, opérette n'A. Sergent, 110. — Conceit de la So-
ciété philharmonique au profit des pauvres, 117. —
Inauguration de l'église Notre-Dame, 151. — Premier
concert de la saison d'été, 2d3.
Brest. — Représentation de la Grande-Dïichcsse. 342.
Breteuil. — Concours de musiques, 173.
Caen. — Représentation de la Grande-Duchesse, 71. —
Inauguration du nouvel orgue de l'église Saint-Sau-
veur, 198. — Concert à l'occasion des Courses, 255.
CARC.\ssoi\KE. — Représentation des Drarjons ae Yillars,
246.
Chartres. — Concours musical, 190.
CoLSiAn. — Don fait au Conservatoire en voie de for-
mation, par Mme veuve Kastncr, d'un exemplaire des
oeuvres de son mari (e\tr. du journal l'Alsace), 3G5.
Contrexeville. — Concert de bienfaisance organisé par
E. Ettling, 294.
Deauville. — Correspondance de Paul Cernard : courses
annuelles; bal des courses, etc. , 25').— Grand bal au
bénéfice de M. Desgranges, 279.
DiEPFE. — Représentation île ta Ciande-Ducliessc;con-
cert do la compagnie Ulmann-Patti, 202.— Fêtes et
concerts, 286.
Dijon.— Représentation du Pardon de Ploërmel, 14.
Dreux. — Inauguration d'un orgue dans l'église parois-
siale, 263.
Dukkerque. — Représentation au Casino des Noces Bre-
tonnes, opéra-comique nouveau de M. V. Buot, 262.
—Inauguration du Casino de la villa des Dames, 279.
Grenoble. — Représentation de l'Africaine, 38. — Rè-
glement d'un giand concours musical, 158. — Médaille
offerte par les religieux de la Grande - Chartreuse
pour ce concours, 174. — Procès-verbal du classement
des Sociétés chorales et instrumentales, 231. — Cor-
respondance de Mathieu de Monter : grand concours
musical et inauguration de la statue de Napoléon l'',
267. — Election de M. J. Monesiier comme président
des Sociétés musicales de cette ville, 343.
Havre (i.e). — Représentation de II Barbicre avec Ade-
lina Paiti, 46, 54. — Représentation de l'Africaine,
126. — Cértmonie d'ouvcTluie de l'Exposiliou mari-
lime, 182. — Correspondance de Fr. Crisson ; la mu-
sique à TExpcsilion, 301.
Lille. — Reprise de /aCïj'aîirff-Dwc/iesse, avccMmeUgalde,
102. — Distribution des prix au Conservatoire, 271.
— Reprise de Fleur de Thé, 302.— Représentation de
laPériclwle, 383.
LïOH. — Succèsde rj/)icaiiie, 6. — Représentation d'un
opéra-comique de M. E. Pichoz, Dans les Gardes
françaises, 30. — Représentation (le Robinson Crusoé,
61. — Concert de la compagnie Patti-Ulmanu, 77. —
Xa Grande-Duchesse aux Célestins,avec Zulma-Bouf-
far, 274. — Fleur de Ilié, au même théâtre, 3i6.
Lorient. — Représentation de la Grande-Duchesse, 35'7.
Marseille. — Conceit donné par la compagnie Patti-
Ulmann, 60. — Représentation du Pelil-I'ouce/, opé-
rette nouvelle d'Ed.Audran, 118.— Concert de Mlle A.
Meyer, 157. — Représentation de la Grande-Du-
chesse, au Gymnase, 262. — Réouverture du Grand-
Théâtre par te Tromèrc, 317. — Représentation de
Fleur de Thé, au Gjœase, 366. — Débuts du té-
nor Lbérie, 390
Mabeelce. — Inauguration du grand orgue de Merklin-
Schutze.lll.
Montpellier. — Reprise de l'Africaine, 30.
Moulins.- Médaille décernée au concours pour la com-
position d'un chant choral, 190.
Nancy.— Réouverture du Théâtre, avec les Dragotis de
Villars, 334.
Nantes. — Reprise de l'Africaine. — Représentation de
la Grande-Duchesse avec Mme Dgalde, 246.— Grand
concert au bénéfice de la caisse de secours de l'Asso-
ciation philharmonique, 358.
Nice. — Succès de l'Africaine, 6. — Concert de la com-
pagnie Patti-Ulmann, 70. — Accident arrivé à H.Ber-
lioz, 118. — Repiise de la Grande-Duchesse, avec
Mlle Géraldine, 326. — Représentations de Mme Bor-
ghi-Mamo, 406.
NÎMES. — Représentation de VElo'ile du Nord, 62.
Orléans.- Représentations de la Grande- Duchesse, avec
Mme Ugalde, 206.
Rennes. — Concert au profit des pauvres, 101.
RoDEN. — Représentation de la Luria. avec Adelina
Patti, 38.— Représentation de l'Africaine, 62.— Con-
cert annuel de bienfaisance de la Société lyrique, 86.
. — Inauguration de l'Exposition régionale, 173. — Con-
cours d'Orphéons; exécution du Salut Impérial, d'A.
TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES.
Ehvart, en présence de Leurs Majestés, 182. — Ban-
quet offert â M. A. Méreaux par ses élèves, 207.
Strasbourg. — Conceits classiques de la Société du con-
servatoire, 70. — Exécution d'une messe de F. Schwab,
231. — Reprise des Dragons de Viltars,3lt'>.
Toulon. — Première représentation do l'Afiicaine, 30.
Tooloise. — Reprise de l'Africaine, 21.— Reprise du
Prophète, W2. — Mlle Schneider dans la Grande-Du-
chesse, 166. — Inauguration de l'orgue du chœur de
la cathédrale, 175.
Tboyes. — Représentation de l'Africaine, 230
'i^ERSAiLLES. — Cérémonie religieuse au profit de l'Œuvre
des Crèches, 1^2. — Messe de Hajdji, exécutée pour
la fête de Sainte-Cécile, 390.
ViCBV. — Ouverture de la saison, 191. — Capoul et
MmeCabel dans la Fille du Héyiment, 222. — Corres-
pondance signée S. D. : Exécution d'une œuvre de
M. Schimon, 253.
Ëtraug^er.
THÉÂTRES, CONCERTS, NOUVELLES MUSICALES,
ETC., ETC.
Aix-ia-Chapelle. — Représentation de l'Africaine, 302.
Amsterdam. — Concerts d'Arban, dans le Parc, 255, -
Concours international d'Orphéons, 271.
Anvers. — Représentations de Mme Marie Sass, 47.
Bade. — Inauguiaiion de la saison, 167. — Audition
des enfants Frémeaux, 182. — Représentation de
l'Ogre, opérette de Mme P. Viardot, à la villa Tour-
gucnicf, 183. — Premières fêtes musicales, 191. —
Concerts de la salle Louis XIII, 215. — Correspon-
dance signée M. S. : Fête musicale à la villa Viardot,
271. — Correspondance signée S. : Débuts de
l'Opéra allemand par Lohcngrin, 293. — Grand con-
cert à l'occasion de la fête du gtrnd-duc, 294, 302.
— Représentations de l'Opéra Italien, 3i0. — Concert
de Besekirsky, 311.
Barcelone. — Représentation du Pardon de Ploérmel,
63. — Repiésentation des Dragons de Villars par la
troupe française d'Opéra-Co'.iiique, 223.
Berlin. — Rentrée de Mlle Artôt dans te Domino noir,
15.— Représentation de Dvu Parasol, ballet nouveau
de Taglioni. Représentation de la Grande-Duchesse
au théâtre de Friedrich-Wilhemstadt, 23. — Repré-
sentation au théâtre Kroll de In loyaije d'artiste,
opérette nouvelle, 47. — Représentation de Die Fii-
bier, opéra de Langert, 72. — Rentiée de Pauline
Lucca à l'Opéra, 79. — Rentrée de Kiemann dans le
Prophète, 87. — Représentation de Die llerren Ter-
tianer, opérette de A. L'Arronge, 183. — Représen-
tation de la Plus belle Fille du b' urg, opéra-comique
en deux actes de A. Conradi, lSi9. — Mise au con-
cours par l'éditeur Bock d'un opéra-comique, texte et
musique, 214. — Représentation du Templier et de tu
,luice, de Marschner, 327. — Mlle J. David dans les
.loyeux Mouscjuetairts, ballet nouveau de P. Tcglioni,
335. — Mlle Oigéni dans les huguenots, 343. —
Début de Mlle M. Calisto dans la Travialu: concerts
de Tausig, 301.
Birmingham. — Représentation de la Grande-Duchesse,
127.
Bologne. — Représentation à'IlBarhiere di Scviglia, de
■ Liall'Argine, 375, 391. — Cérémonie funèbre en l'hon-
neur de Rossini, 415.
Bonn. — La musique au congrès international archéo-
logique, 319.
Breslau. — Repiésentation de l'Afrcaine, 183.
Bruxelles. — Correspondance signée E. F. : nouvelles
musicales, 19. — Second concert du Conservatoire,
31. —Représentation du Bramais, opéra-comique en
trois actes, de M. Radoux, 19. — Représentation de
Robinson Crusoé, 61. — Nouveau concert du Con-
servatoire, 62. — Représentation de ZJoii Carlos, 87.
— Dernier concirt du Couservatoiie: représentation
du Tricorne emhan/é, cpéra-comique de M. L. Jouret,
113. — Représentation de Don Carias, 119. — Re-
présentations de Mme Marie Sass, 120.— Représen-
talions de la Compagnie Italienne, 151. — Mme Car-
valho dans Roméo et Juliette, 159. — Audition du
grand oigue au Palais-bucal, 166. — Représentations
de la troupe de l'Athénée de Paris, 222. — Grand
concert militaire, 239. — Nomination d'un jury pour
le concours international de musique religieuse,
263. — Résultat de ce concours, 26b. — Réouverture
du théâtre de la Monnaie, 287. — Séance publique
de l'Académie royale, sous la présidence de M. Féiis,
319. — Correspondance de M. Féiis: inauguration
d'un nouvel oigue à Iselles, 325 — Débuts de Warot,
dans la Muette; sérénade donnée l^ M. Fétis par
YOrplwon, 327. — Correspondance signée F.: com-
mencements difficiles de l'année théâtrale, 332. —
Représentation du Premier Jour de bonheur, 359. —
Réouverture des concerts populaires, 367. — Reprise
de l'Africaine ; lepréseniation de la Périchole aux
Galeries-Saint-Hub«rt, 397. — Audition de Mme Plej el
dans nu concert, 398. — Reprise du Pardon de
Ploérmel, 415.
Cablsrcue. — Représentation de la Fiancée d'Asola,
opéra nouveau de L. Liebé, 310.
Cologne. — Célébration du 45« festival Bas Rhénan, 181.
— Examens publics du Conservatoire, 287. — Audi-
tion de G. Saint-Saéns, 367.
Constant. NOPLE. — Représentation de gala au théâtre
Naum, 135.
Darmstadt. — Sixième festival du Rhin central, 327.
Ems. — Inauguration de la saison, 207. — Théâtre el
concerts, 255. — Représentations des Bouffes-Pari-
siens, 270.
Florence. — Inauguration de la saison d'hiver de la
Pergola par Vn Ba'lo in Mascliera, 15.— Représen-
tation de Rosmunda, opéra nouveau de Gialdini, 87.
— Représentation de la Schiaca Greca, de l'ontoglio,
335. — Réouverture de la Pergola par le Prophète,
367. — Concerts de Sivori ; fermeture du théâtre Pa-
gliano, 391.
Fraicfort-sub-le-Mein. — Audition de Rosenhain, 22.
Gand. — Reprise de l'Africaine, 399.
GÊNES. — Réouverture du Carlo-Felice par le Prophète,
8. — Représentation de (/ Sugno d'Inès, ballet nou-
veau de Piuzuti, 79.
Genève. — Représentation de Rob'mson Crusoé, 134. —
Représentations de Montaubry, 174.
GoTiiA. — Représentation de la Nuil de Sainl-Jean,
opéra-comique d'EUers, 87.
Haïe (La). — Grand concert national â l'occasion du
congrès des savants, 319.
HosiBoiRG. — Ouverture du théâtre Italien, 239. —
Réprésentation de Faust, 247. — Le Domino noir,
avec Mlle Artût, 255. — Représentations diverses de
la Société italienne, 263. — Repiésen talions d'Ade-
lina Patti, 271, 295.
KœNiG;BEriG. — Représentations de la la Grande-Du-
chesse, 247.
Leipzig. — Inauguration du nouveau Théâtre d'opéra,
47. — Exécution de la Symphonie fantastique et du
Reguiem d'H. Berlioz, 238. — Représentation de la
Phœdra, de Taubeit, 311. — Audition de C. Saint-
Saiins au Gevatidhaus, 343.
Liège. — Représentation des Bavards, d'Ofl'enbacb, 95.
Lisbonne. — Représentation de la Grande-Duchesse, 96.
— Représentation de l'^rco de Smita-Anna opéra
nouveau de Kororha, 111. — Représentation de F(cMr-
de-Thé, 327.
Livebpool.— Représentation de la Grande-Duchesse, 143.
Londres. — Incendie de The Oxford Music-Hall, 55.
— Programme de Covent-Garden, 102. — Ouverture
de //(•»■ Majesty's Opéra et de Covent-Garden, 111.
— Rentrée de Mario; concert; divers, 119. — Ren-
trées d'Adelina Patti, de Mlle P. Lucca et de Mlle
Nilsson, i52. — Grand concert annuel d'Aiditi, 175.
— Reprise de la J/ct/cc, do Cherubini, à Drury-Lane;
concerts divers, 183. — Grand mteting annuel des
Charitij Childrcn, 191. — L'Afiicaine h. Covent-Gar-
den ; grand l'estival triennal de Haendcl, 199, 207. —
Mlle Schneider dans ta Grande- Duchesse au théâtre
Saint-James, 206. — Représentations et concerts, 215.
— Correspondance de C. L. Gruneisen : Représenta-
tion du Domino noir â Covent-Garden, 237. — Mariage
d'Adelina Patti avec le inarqi is de Caux, 246. — Re-
présentation de clôture à Covent-Garden, au béné-
fice d'Adtlina Patti; rfpréstnt,ations de cltiture de
Her Majesty's Opéra, 2.'i7. — Concerts-promenades du
Fairy-Palace, 319. — Concerts du Palais-de-Cristal,
sous la direction de M. Matins, 327. — Ouverture de
la saison d'automne â Covent-Garden, avec Lucrezia
Borcjio, 351. — Construction d'un nouveau théâtre
dans le Strand, 357. — Début de Mlle de Murska
dans Lvcia, 367. — Concerts populaires de Saint-
James Hall, 375. — Représentation de Dinorah à
Covent-Garden, et de lu Grande-Duchesse au Sten-
dard, 384.
Madrid. — Arban et son orchestre au théâtre des Jo-
vellanos, 159. — Représentation de la Muette au bé-
néfice des blissis d'Alcoléa, 335. — Reprise de l'Afri-
caine, 351. — Début de Mme (jueymard dans le
Troralore, 359. — Représentation de la Grande-Du-
chesse aux Bufos Ardenius, 375.
Magdebourg. — Représentation de lUro el Léandre,
opéra-comique de ^V. Steinhart, 79.
Manchester. — Représentation de la Grande-Duc.hcsse,
167. — Accident arrivé dans une salle de concert.
255.
Mannheiu. — Représentation du Voisinage dangereux,
opérette nouvelle de Langer, 207. — Repiise de l'A-
fricaine, 280.
Milan. — Représentation de la Camurgo, ballet nou-
veau de Monplaisir, 23. — Représentation de Pielro
da Padova, opéra nouveau de Fioii, 72. — Représen-
tation de Biahma, ballet de Monplaisir, 79.— Repré-
sentation de Mefistofete, opéra nouveau d'A. Boiio,
96. — Embarras ûe la Scala, 247. — Représentation
de la Grande-Duchesse au théâtre de Santa-Rade-
gonda, 294: — Ouverture du Carcano avec Dinorah,
295, 311. —Brochure du directeur Lamperti relative à
la dotation du Grand-Théàlre, 357. — Programme de
la Scala, 415 .
MoNS. — Représentation de l'Etoile du Nord, 72.
Moscou. — Début de Mlle Artot dans Faust, 143. --
Représentation â son bénéfice, 166. — Représentations
brillantes du théâtre Italien, 357, 365. — Début de
Mlle Sarolta dans Don Giovanni, 399. — Représen-
tation de Faust au bénéfice de Mlle Artôt, 407, 414-
Munich. — Représentation des Maîtres chanteurs de
Nuremberg, opéra-comique en trois actes, de Richard
\Vagner, art. de Ch. Banuelier, 205-210. — Représen-
tation du Manteau rouge, opéra-comique de Krem-
peisefzer, 415.
Naples. - Programme du Théâtre San Carlo, 319. —
Ouverture de ce 'i héâtre avec Jone, opéra nouveau de
Pétrella, 359.
New-York . — Ouverture du Théâtre Pike, 55. — Re-
préseniation des Dragons de Villars, 175. — Repré-
sentations de l'Opéra-bouffe Français, 254 — liarbe
Bleue et la Grande-Duchesse, 325. — Début de miss
Kellogg, 358.
Oldenbourg. — Grand festival des Sociétés chorales de
l'Allemagne du Nord, 263.
Pesth. — Représentation des Zrinyi, opéra nouveau
d'Adelburg, 215, 223,
Pmi.AOELPeiE. — Représentation do la Grande- IJucliesse,
199.
Phacue. — Représentation de la Cronde Viicliesse, 39.
— Représentation de lins Kaelhchen von Iffilbronu,
opéra noincau de Jaffé, 119. — Représentation de
Ain Itiiiieins/ein, opéra nouveau de MM. de Flotow
et R. Gênée, 127, 1.35. — Représentation dn Dniibor,
opéra nouveau de Smolana, 175. — Mlle Yilali dans
le Pardon de Ploermel, 303. — Représentation au
Théâtre Tchfci|ue de la Fiancée Jlussile, opéra nou-
veau de Seiror, :M3.
Rio-i)E-jANEino. — Représentation de la Grandc-Du-
c/icsse, 102.
Rome. — Représentation de la Tombola, opéra nouveau
de Cagnoni, 39 — Représentation de la Grande-Du-
c/iessi\ 78. — Représentation de Dinorah au théâtre
Arfrentina, 375.
SAiNT-PiÎTPiisniiuiio. — Concerts dirigés par Berlioz, 15.
Ri'prespnuuions de Pauline Lucca, Ï|7. — Ovations
laites à iMlles Lucca et Granlzofî, 63. — Prcgrammedu
Théâtre italien, 103. — Exécution de la symphonie
héroîi|tie Jeanne d'.-IccdeA. Holmes, 1/i3. — Représen-
tation dn liai Canrlaale, ballet de MM. de St-Georges,
Marius Petipa et Pugni ; F/eur de TM au théâtre
Michel, 357. — Représentation de Lohengrin, 367. —
liéouverture du théâtre italien par Maria, 38i. —
Rentrée de Mlle P. Lucca dans Don Juan et dans
l'Africaine, lilô .
Solf.uhe. — Fêles fédérales suisses, 2i6.
Spa. — Programme de 1". saison, li3. — Premier con-
cert, 247. — Grands concerts à la Redoute, 203, 295.
Stottcabd. — Reprise de l'Africaine, 31. — Exécution
A' Elle, oratorio de Michel Costa, 359.
Tkèves. — Représentation de l'Africaine, 79.
Trévise. — Incendie du T/téûtre sociale, 326.
Trieste. — Représentation de Fiamclta, ballet nouveau
de Saint-Léon, 95.
Tdbin. — Incendie du Théâtre Alberto-Nota, 230. —
Réouverture de la saison avec Dinorah, 335, — Re-
présentation de Gli arlisli alla Fiera, opéra comique
de L. Rossi, au théâtre Carignan, 375. — Représenta-
tion de Un Fallo, ballet nouveau de Rota, 39].
Venise. — Représentation de l'Africaine, 81.
Vienne. — Représentation de Lucifer, opérette de S.
Duniecki, au théâtre An derVien,15. — Représenta-
tion de Nana-Sahib, ballet nouveau d'H. Desplaces, 23.
— Représentation de Madame, la maîtresse, opérette
de Suppé, et de la Somnambule, opérette de Zaytz,
30. — Représentation de Roméo et Juliette, de Gou-
nod, 55. — Représentations dn ténor Sontheim , 143.
— Réouverture de l'opéra avec Guillaume Tell, 223.
Constitution de la Sociéié des auteurs et compositeurs
allemands, 263. — Début de Mlle Gindele dans l'A-
fricaine, 263, — Début de Mlle Salvioni dans le Dia-
ble amoureux, 279. — Premier jubilé de l'orphéon
Viennois, 343. — Représentation de Mijnon, 351.
Weimar. — Représentation des Héros du Nord, nouvel
opéra de C. Gcetze, 31.
Wiesbaden. — Représentation du Prophète et concert,
223. — Concert en l'honneur du roi de Prusse, 271.
WoBHS. — Inauguration du monument de Luther, 223.
H
Hommages, décorations et récompenses
accordés aux artistes.
( Voyez aussi Nominations.)
Arban, décoration d'Isabclle-la-Catholique, d'Espagne,
198.
Arditi, décoration d'officier du Medjidieh, de Turquie,
262.
Bagier, décoration de l'ordre des Saints Maurice et
Lazare, d'Italie, 62.
Capoul, décoration d'officier du Nischam, de Tunis. 287.
Caire M.), décoration de l'ordre de la Légion d'hon-
neur, 270.
Choudens, décoration de l'ordre de Gustave-Wasa, de
Suède, 23.
Dauverné, décoration de l'ordre de la Légion d'honneur,
270.
Elwart (A.), médaille d'argent offerte par le départe-
ment de la Seine-Inférieure 254.
Gautier (E.), décoration de l'ordre de la Légion d'hon-
neur, 270.
Gérard (E.), décoration de l'ordre de Charles III, d'Es-
pagne, 174.
HainI (G.), décoration de l'ordre de la Légion d'hon-
neur, 270.
Lachner (F.), décoration de commandeur de l'ordre du
mérite de Saint-Michel, de Bavière, 55.
Le Couppey (F.), décoration de commandeur de l'ordre
du Lion de Perse, 183.
Massé (V.), décoration de l'ordre de Charles III, d'Es-
pagne, 30.
Masset (J.-J.), décoration de l'ordre de Gustave-Wasa,
de Suède, 415.
Mercadante, décoration de l'ordre du Mérite d'Italie,
287.
Méreaux (A.), décoration de l'ordre de la Légion d'hon-
neur, 183.
Roger, grande médaiUe des Arts et Sciences, décernée
par l'empereur d'Autriche, 23.
Rossini, décoration du grand-cordon do l'ordre de la
Couronne, d'Italie, 143.
Saint-Saéos (C), décoration de l'ordre de la Légion
d'honneur, 270.
Sivori (C.), décoration de l'ordre de la Couronne, d'Ita-
lie, 318.
Stoltz (Mme R.), décoration de l'ordre du Mérite, de
Saxe, 318.
TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES.
Strakosch (Maur.), décoration d'officier du Medjidieh,
de Turquie, 374.
Thomas (A.), décoration do commandeur de l'ordre de
la Légion d'honneur, 254.
Jarisprudencc artistique, scicnfiflque
et théâtrale.
Jugement de la Cour impériale relatif ù Mme Monbelli,
ô.
Jugement de la Cour impériale de Rennes, confirmant
la jurisprudence relative aux droits d'autoris.ation des
composiieiirs do musique pour l'exécution de leurs
œuvres, 8.
Jugement du Tribunal correctionnel d'Arras dans une
action intentée par la Société des sutcurs dram.aiiques
contre la musique des amateurs, 118.
Arrêt du Tribunal civil relatif aux billets de faveur dans
les théâtres, 174.
Arrêt du Tribunal civil de la Seine (1" chambre) dans
le procts intenté par M. Blaze de Bury aux héritiers
Meyerbeer, à propos de la Jeunesse de Gœthe, plai-
doiries, 273, 281.
Arrêt de la Cour impériale dans un appel relatif à la
contrefaçon d'objets d'art; application de la loi sur
la propriété littéraire et artistique, 356.
Jugement du Tribunal de première instance dans un
procès entre la direction des théâtres impériaux de
Russie et le ténor Fraschini, 414.
Iiettres .
H. Berlioz à un ami, 20.
Otto Nicolai à son ami M. deFilippi, 46.
M. Fétis père au directeur du journal, à propos de M.
Edouard Monnais, 84.
M. N. Noetinger aux membres de l'Association des so-
ciété chorales d'Alsace, au sujet de G. Kastner, 115.
Roger â H. de Pêne, â propos de son engagement à la
Porte-Saint-Martin, 270.
F. A. Gevaërt, au directeur du journal, à propos d'une
note de M. Fétis, 404.
liiltérature musicale.
Histoire de la musique instrumentale (suite), art. de
Maurice Cristal, 17, 65, 73, 113, 129.
Du nouveau en musique, art. d'Ed. Fétis, 25.
Les droits des auieurs (suite), par Thomas Sauvage, 49,
66, 169, 201, 211, 219, 226, 258.
Les théâtres lyriques secondaires à Paris depuis 1820,
art. d'A. Pougin, 106, 203, 228, 243, 259, 263, 290,
299.
Songe de Ch.-M. de Weber écrit par lui-même, 257.
La critique musicale, par Mathieu de Monter, 289.
Armide, étude par A. Thurner, 305,315.
M
Slnsiiiae militaire.
Dernier concert de la garde de Paris, 318.
SInsiqne religieuse.
MESSES, ORATORIOS, SOLENNITÉS RELIGIEUSES,
ORGUE.
Inauguration du grand orgue de Notre-Dame, recons-
truit, 79, 85, 95.
Messe de Weber, exécutée à Notre-Dame par l'Associa-
tion des artistes musiciens, 102.
Messe solennelle du prince Poniatowski à Saint-Eusta-
che(2« audition), 102.
Audition du Jugement dernier, oratorio de J. Duprez,
art. d'A. Gouzien, 106.
Solennités religieuses de la seaiaine s.ainte, 118.
Les Se/it paroles du Chri.il, oratorio de Th. Dubois ;
Stabat, de Palestrina, exécuté par plusieurs sociétés
chorales; Messe solennelle, de Fr. Schwab, à Saint-
Eostache; La Création, d'Haydn, exécutée par le
Lieder-Kranz de Paris, art. de Mathieu de Monter,
121.
Exécution du Stabat â la chapelle des Tuileries, 125.
Rapport adressé au ministre des cultes sur la recons-
truction du grand orgue de l'église Notre-Dame, 131.
Visite au grand orgue par les délégués des sociétés sa-
vantes de France, 134.
Exécution de la 6° messe solennelle d'A. Leprévost, à
Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, 141.
Première communion du Prince Impérial, à la chapelle
des Tuileries, art. signé A. E., 148.
Messe de Ch. Vervoitte exécutée à l'église de Saint-
Cloud, 173.
Application de l'électricité aux grandes orgues, à propos
du grand orgue de la nouvelle église Saint-Augustin,
art. de Mathieu de Monter, 180.
Bénédiction solennelle de cet orgue, 198.
Audition des grandes orgues de Notre-Dame par les
membres de l'Association scientifique dn France, 222.
Solennité religieuse à l'institution impériale des Jeunes
Aveugles, 238.
Distribution des prix à l'Ecole de musique religieuse
Niedermeyer, 246.
Inauguration du grand orgue de la nouvelle église pa-
roissiale de Saint-Denis, 271, 219.
Inauguration d'un nouvel orgue à l'église Saint-Ambroise,
334.
Messe de Sainte-Cécile, d'A. Thomas, exécutée à Saint-
fjiistache, pour la fête de l'Associ.ition des artistes
musiciens. — Messe de Sainte-Cécile , de Mme de
Gramlval, à Sainte-Geneviève, art. signé M. M., 388.
Société des oratorios, sous la direction de J. Pasdeloup:
l" e.'iécution, au Panthéon : la Passion, de J.-J.
Bach ; Ode à sainte Cécile, de Haendel, art. de Ma-
thieu do Monter, 145.
2" exécution, 157.
N
Xôcrologie.
Alsaniello (Mlle E.), 247.
Arban père, 95.
Artois de Bournonville
(A. d'). 398.
Barrez, 390.
Barsotti, 111.
Barthélémy, 55.
Béquignolles (de), 7.
Ber (E.;, 203.
Berwald (F.), 151.
Bessems (A.). 343.
Blanchard (Mlle), 297.
Blaquières (P.), 126.
Bocquillon, art. nécrol.
par T. Sauvage, 20.
Bovery 'J.j, 239.
Brendel, 390.
Calderon, 359.
Challiot, 351.
Chevé (Mme veuve E.>,
215.
Cicéri père, 279.
Conti (C), 255.
Cotta (J.), lis.
Cruvelli (Mlle M.), 255.
Dauprat (L. F.), 255.
Delavigne (G.), 359,
Deleurie (L.), 263.
Desnoyers (L.), 407,
Ducis (Mme L.), 39.
Duponchel, 118.
Eberwein (C), 103.
Empis, 407.
Epagny (V. d'), 367.
Favarger (R.), 287.
Ferrand (H.), 311.
Franck (li.), 103.
Franck-Marie, 15.
Ganz (M.), 39.
Gaspérini (de), 135.
Gaudonnec fils, 143.
Gide (CI, 62.
Harrison (W.), 374.
Hauptmann (M.), 15.
Hugo (Mme V.), 279
Hûttenbrenner (A.), 297.
Ketterer (.Mme), 325.
Kistner IJ.), 175.
Kittl (J.-F.), 255.
Kolesowsky (S.), 287.
Kreutzer (L.), 327.
Kriiger père, 158.
Laborie (le docteur). 23.
Lacombe (Mme L.), 280.
Lacour (Mme), 263.
La Madeleine (S. de), 237.
Leduc (A.), 199.
Fétis
Lemoine (R.), 95.
Lomagne (J.), 271.
Louis I'', roi de Bavière,
79.
Lover (S,), 239.
Margueritat (R.), 31.
Marck (le docteur), 31.
Marque (A.), 398.
Mazrtti (R.), 39.
Mazilier, 107.
Mercier (J.), 87.
Mévil (C), 55.
Michel (Cam.), 239.
Michel (Marc), 87.
Mitheli (J.), 407.
Monnais (E.), 68.
Ses obsèques, 69.
art. nécrol. p&.r
père, 75.
Monpou (Mme veuve), 135.
Montoriol, 5ô.
Morelly (L.l, 287.
Mouravieff (Mlle), 359.
Naum (M.), 223, 302.
Paulowna 'Anna) Frarevna,
de Géorgie, 71.
Péronnet, 279.
Pillet (L.), 102.
Ponchard (Mlle J.), 55.
Prémaray (J. de), 191.
Prumier (A.), 31.
Reinecke (Aime), 287.
Remack (E.). 398.
Ronzoni, 398.
Rossini (note), 371.
Ses funérailles, art. de
Mathieu de Monter, 367,
381.
Ryan (D.-H.l, 398.
Schnyder de Warlensée
(X ), 287.
SchrœdRr (Mme S.), 87.
Simon (F.-J.), 374.
Simrock (N.), 415.
Stigelli, 223.
Taglioni ,S.), 335.
Tromba (Mlle A.), 247.
Ugalde (Mlle), 135.
Van-Eyken (J.-A.), 335.
Viennet, 231.
Vieuxtemps (Mme), 207,
Vieyra (A.), 215.
Vitali (Mme), 118.
Walewski (le comte), 219.
Wurtemberg (le prince E.
de), 359.
Zabalza (A.), 62.
IVominati ons.
Baille (G.), comme directeur du Conservatoire de Per-
pignan, 326.
Baneux (G.), comme sous-chef de musique de la 5" sub-
division de la garde nationale, 30.
Beauplan (A. de), comme commissaire impérial près les
théâtres lyriques et le Conservatoire, 78.
Cabanis, comme inspecteur des théâtres des départe-
ments, 30.
Dessane, comaie organiste du choeur, à Saiut-Sulpice,
158.
Dubois, comme maître de chapelle de la Madeleine,
374.
Eigenschenck, comme officier d'.Vcadémie, 294.
Ferrand (E.), comme chef du bureau des théâtres, au
ministère de la maison de l'Empereur, 30.
Fissot (H.), comme organiste de Saint-Merri, 151.
Gautier (T.), comme bibliothécaire de S. A. I. la pria-
cesse Mathilde, 351.
Hess (H.), comme maître de chapelle de la cathédrale
de Nancy, 414.
Hurand, comme officier d'Académie, 113.
Jancourt, comme capitaine de musique de la 5= subdi-
vision de la garde nationale, 6.
Jonas (E.), comme inspecteur général des corps de mu-
sique de la garde nationale de la Seine, 6.
Pasdeloup, comme directeur privilégié du théâtre Lyri-
que impérial, 278.
Id. comme officier d'Académie, 279.
Thibaut, comme capitaine de musique de la 2" subdivi-
sion de la garde nationale, 6.
O
Orphéons.
Festival donné au cirque de l'Impératrice, par l'Associa-
4
tion des sociélc's chorales de Paris et du départe-
ment de la S^ine, 60.
Médailles distribuées par le préfet de la Seine , à la
suite du concours ouvert pour la composition de
chœurs sans accompagnement, l^^ ■
Séance solennelle de l'Orphéon de Paris (rive gauche),
article de Mathieu de Blonter, 99.
Séance annuelle de la Société chorale d'amateurs, 141.
Séance solennelle de l'Orphéon de Paris (rive droite),
art. de Matliieu de Monter, 146.
Concours choral et instrumental à Melun, art. d'A. EI-
wart, 156.
Concours d'Orphéons à Choisy-le-Roi, 206.
Concours d'Orphéons, de Fanfares et de Musiques mili-
taires à Senlis, art. d'A. Ehvart, 229.
Concours de musique entre les écoles communales de
la ville de Paris dirigées par M. F. Bazin, 2(i6.
Concert de la Société choiale des Enfants de Saint-
Denis, 318.
Concert donné à la salle Dourlens par quatre sociétés
chorales allemandes de Paris, 414.
Questious arliiitiiiues, miusicaJcB
et théâtrales.
Concours pour la composilion d'un poëme d'opéra, 75.
Election d'un jury pour ce concours, 100.
Rapport de la rommissioii instituée par le ministère de
la maison de l'Empereur pour juger les poèmes, 123.
Avis relatif à la délivrance du poëme, 141.
Nouveau traité intervenu entre la direction de l'Opéra-
Comique et la Société des auteurs et compositeurs
dramatiques, 222.
Concours pour la mise en musique de l'opéra-comique
le Flurtnlin, 229, 254.
Reconnaissance du traité international pour les droits
de propriété des auteurs français, par la Hongrie, 229.
Vote des subventions théâtrales par le Corps législatif,
238.
Constitutions du jury pour le concours de l'Opéra-Co-
mique, 332 .
Nomination des jurys pour le concours du théâtre Lyri-
que impérial, 366, 373, 40f'.
IKcvue critique.
L'acoustique, ou Les phénomènes du son, par R. Ra-
dau, art. d'Arthur Pougin, 19.
Le trésor des pianistes (11» et 12° livraisons), art, de
Fétis père, 4^.
La musique ta-]jliquée aux gens du monde, par A.
Meliot, art. de Maurice Bourges, 51.
Galerie des musiciens célèbres anciens et nouveaux,
92.
Compositions diverses d'E. Stœger, art. signé C. B., 98.
Un nouveau système d'acoustique musicale, par M. G.
Bertrand, art. d'A. Pougin, 108.
La musique et l'amour, pai A. de Lasalle, art. de
Mathieu de Monter, 140, 164.
Chœurs suédois et nurrégiens, à quatre parties pour
voix d'hommes, art. de Maurice Bourges, 154.
■ Un livre incomplet, art. d'A. Pougin, 156.
Etudes pratiques de sli/le vocal, par S. de la Madelaine,
art. de A. Pougin, 171.
La notation de la musique classique comparée à la
notation de la musique moderne, etc., par M. E.
Deldevez; De l'émission de la voix, par Jules Lefort,
art. d'A. Pougin, 181.
La musique, le théâtre et la danse, à l'exposition des
Beaux-Arts (salon de 1868), art. de Mathieu de Mon-
ter, 185.
Bellini, sa rie, ses œuvres, par A. Pougin, art. de Ma-
thieu de Monter, 220.
lUisères d'un prix de Rome, par A. Second, art. de
Mathieu de Monter, 235.
Lettre allemande stir la musique française, par Szar-
vady, 244.
Les étoiles du c/iant (Adelina Patti), par Guy de Char-
nacé, art. de Mathieu de Monter, 250.
Etude en taniineiir, de Mcndelssohn; Tzigane, marche,
souvenir de Hongrie, par D. Magnus; Gavotte, par
Ch. Lecoq ; Ma, par Martin de Fontaine, pour piano,
261.
Abrégé du système d'acoustiqiie musical de Belmholtz,
par E. Mach, art. de C. Bannelier; Adagios de Beethoven,
transcrits par F. Brisson, 292.
Phénomènes musicaux-pliysiologiqucs, par Ch. Meerens,
art. signé C. D. G., 300.
Chœur des Evèques, de l'Africaine, transcrit pour
piano, par J. Baur; fantaisie sur l'Africaine, par
Teresa Carreno ; trois morceaux de concert, par E.
Stœger; Murmures, nocturue pour piano et si vous
n'avez rien à me dire, pour le chant par C. A.
Palmer; le Message, mélodie pour piano par J. P.
Goldberg; fantaisie sur les Dragons de f'illars, par
J. B. Duvernoy; fantaisie sur le même opéra par
E. Ketteier, 355.
La musique de la Périchole, art. de P. Bernard, 412.
Théâtres lyriques de Paris.
OPÉRA.
Sérénade donnée à Rossini par les artistes de l'Opéra, à
l'occasion de la 500= représentation de Guillaume
Tell, 53.
Début de Maurel dans le Trouvère, 78.
TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES.
Première représentation à'Hamlel, opéraen cinq actes,
musique de M. Ambroise Thomas, art. de Paul Ber-
nard, 81.
Rentrée de Mlle Granzow, dans le Corsaire, 126.
Représentation au bénéfice de la caisse des pensions de
retraite, 142.
Rentrée de Mme M. Sass dans Don Juan, 150.
Représentation extraordinaire au profit de la Caisse de
secours des acteurs et compositeurs dramatiques, 150.
Début de Mazzoleni dans le Trouvère, 166.
Reprise A' Herculanuni , de F. David, art. de Paul Ber-
nard, 209.
Début de Mlle J. Hisson dans le Trouvère, 230.
Représentation gratuite du 15 août ; l'Hymne de Ros-
sini, 261, ï69.
Rentrée de Mlle M. Battu dans Berculanvm, 301.
Devoyod dans le rôle de Guillaume Tell, 350.
Reprise des Huguenots, art. de E. de Rauze, 361, 373.
Mme Carvalho dans les Huguenots, art. d'E. de Rauze,
377.
Représentation solennelle de Guillaume Tell, à la mé-
moire de Rossini, 389.
OPÉRA-CUMIQUE.
Première représentation du Premier Jour de bonheur,
opéra-comique en trois actes, musique d'Auber, art.
de Paul Bernard, 57.
Début de Hayet dans Zampa, 78.
Représentation au bénéfice de la Caisse de secours de la
Société des auteurs dramatiques, 94.
Reprise de la Part du Diable, art. de Maurice Gray,
97.
Picmière représentation de Mademoiselle Sylvia, opéra-
comique en un acte, musique de M. Samuel David,
art. de Paul Bernard, 121.
Reprise des ]'oilures versées, 142.
Première représentation lu Pénitente, opéra-comique en
un acte, musi(|ue de Mme deGrandval, art. de Paul
Bernard, 153.
Première représentation (â ce théâtre) des Dragons de
Vilturs, opéra-comique en trois actes, musique
d'Aimé Maillarl, art. de Paul Bernard, 117.
Reprise du Docteur Mirobolan, 222, 230.
Représentation gratuite du 15aoilt; la Honnc Moisson,
cantate de M. Chariot, 261, 269, 271.
Début de Mlle Guillot dans le Chalet, 356.
Première représentation du Corrlcolo, opéra- comique en
trois actes, musique de M. Ferdinand Poise, art.
de Paul Bcrnaid, 385.
Représentation au bénéfice de Mme Ugalde, 413.
THÉÂTRE IMPÉRIAL ITALIEN.
Reprise de la Gazza-Ladra, 21.
Grand concert donné par la Société italienne de bien-
faisance, 29.
Première représentation de H Temptario. opéra-seria
en trois actes, musique d'Otto Kicolai, art. de
Maurice Gray, 33.
Reprise de Don Giovanni. 54.
Reprise de Malilda di Shabran; débuts de M. et de
Mme Tiberini, art. de Maurice Gray, 84.
Adelina Patti dans le Trovatore, 86.
Première représentation de Giovanna d'Arco, opéra en
quatre actes, musique de T. Soléra, art. de Maurice
Giay, 105.
Concert spirituel du jeudi saint, 117.
Représentation au bénéfice d'Adelina Patti, 134.
Première représentation de la Conlessiiui, opéra semi-
spria en trois actes, musique du prince J. Ponia-
touwski, art. de Maurice Gray, 137.
Représentation au bénéfice de Mlle Krauss, 142.
Pi ogranime de la saison nouvelle, 286.
Réouverture par la Lncia, art. signé E. R., 313.
Rigoletio; Crispino e la Comare, art, d'E. deHauze, 321.
Ld Trariala, art. d'E. de Rauze, 330.
La Conlessina ; Maria ; Don Pasquale, art. d'E- de
Rauze, 338.
Lucrezia Borgia, art. d'E. de Rauze, 355.
Semiramide, art. signé E. R., 378.
Otello ; In Serva padrona, art. d'Elias de Rauze, 410.
Adieux d'Adelina Parti, 414-
THÉÂTRE LYRIQUE IMPÉRIAL.
Première représentation de la Jolie Fille de Perth,
opéra en 4 actes et 5 tableaux, musique de M. Georges
Bizet, art. d'A. Gouzien, 3.
Reprise de la Fanchonnette, 13.
Soirée d'inauguration du théâtre de La Renaissance, par
Faust, 94.
Roméo et Juliette à ce même théâtre, 110.
Secours accordé aux choristes par le Ministère de la
Maison de l'Empereur, 166.
Prise de possession du théâtre Lyrique par M. Pasde-
loup, 293.
Personnel et travaux artistiques, 301.
Réouverture, art. d'A. Gouzien, 345.
Reprise du Barbier de Séville; début de M. Aubéry,
357.
Reprise à'îphigénieen Tauride, de Gluck, art. de Paul
Bernard, 379.
Reprise du Maître de Chapelle, 405.
Reprise du Brasseur de Preston, d'A. Adam, art. de
P. Bernard, 409.
BOUFFES-PARISIENS.
Réouverture : l'A:r<:he Marion, opérette de M. Adolphe
Nibelle; le Fifre enchanté, opérette d'Offenbach;
l'Ile de Tulipalan, opérette du même, art. d'Elias de
Rauze, 313.
Reprise des Deux Aveugles, 342.
Reprise de la Chanson de Forlunio et de Jeanne qui
pleure et Jean qui rit; rentrée de Désiré, 357.
Petit Bonhomme vit encore, opéra-comique en deux
actes, musique de L. Defl'ès, art. signé D., 411.
FANTA ISIES-PARISIENNES .
La Croisade des Dames, opéra-comique en un acte, de
François Schubert; l'ÉUjAr île Cornélius, opéra-co-
mique en un acte de M. Em. Durand; reprise du
Farfadet, d'Ad. Adam, art. signé D., 41.
Roger llonlemps , opéra- comique en deux actes, de
M. Debillemont, art. signé D., 91.
Reprise du Midetier, d'Hérold, 101.
Le Barbier de Séville, de Paësiello, art. signé D., 163.
L'Amour mouillé, opérette en un acte, musique d'E. de
Bartog, art. signé D , 178.
Fermeture annuelle, 198.
Réouverture par le Barbier de Séville, art. signé M. G.,
215.
Le Soldat malgré lui , opéra-comique en deux actes,
musique de F. Barbier, art. signé D. A. D., 339.
Reprise de la Fêle du Village voisin, art. signé D.,
362.
Reprise de Gilles ravisseur, art. signé D., 411.
THÉÂTRE BE L'ATHÉNÉE.
L'Amour et son carquois, opéra-bouffe en deux actes,
musique de Ch. Lecocq, art. signé D., 35.
Fleur de Thé, opéra-bouffe en trois actes, musique de
(h. Lecocq, art. signé D., 122.
Fermeture annuelle, 206.
Réouverture par Fleur de Thé, 286.
Le Petit Poucet, opéra-boufl'e en trois actes, musique de
Laurent de Rillé, art. signé D., 324-
Le Vengeur, opéra-boufl'e en un acte, musique d'Isidore
Legouix, art. signé D., 380.
Les Horreurs de la guerre, opéra-bouffe en deux actes,
musique de M. Jules Cosié, art. signé D., 395.
REVUE DES THÉ.4.TRES
Par D.-A.-D. Saint- Yves.
12, 28, 36, 52, 75, 91, 114, 132, 149, 172, 189, 213, 237,
^45, 268, 277, 292, 308, 332, 348, 372, 396.
Au théâtre des Menus-Plaisirs, Geneviève de Brabant,
opéra- bouffe en trois actes et dix tableaux, musique
de J. Offenbach, art. signé D., 5.
Au théâtre de Cluny, Un Cousin de retour de l'Inde,
opérette de Bovery, 134.
Au théâtre des Jeunes-Artistes, un opéra-comique de
M. Mailyns, 142.
X\i llu-âtru du Palais-Royal, le Château à Toto, opéra-
bouffe en trois actes, musique de J. Offenbach, art.
signé D., 147.
Au théâtre des Variétés, reprise du Pont des Soupirs,
opéra-boufl'e en cinq tableaux, musique d'Offenbach,
art. signé D., 148.
A l'Eldoiado, \'énus infidèle, opérette de M. L. Roques,
278.
Aux Menus-Plaisirs, les Croqwusesde Pommes, opérette
eu cinq actes, musique de L. Deffès, art. de Maurice
Gray, 314-
Aux Variétés, la Périchole, ipéra-bouffe en deux actes,
musique de J- Offenbach, art. signé D. A. D., 322.
Aux Folies-Dramatiques, Chilpéric, opéra-boufl'e en trois
actes, d'Hervé, art. signé D. , 346.
Aux Folies-Marigny, J(_nn qui pleure et Jean qui lit,
opérette de Marc-Chautagne, ;i57.
Aux Menus-Pluibirs , le Grand Duc de Matapa, opéra-
bouffe en cinq tableaux, musique de M. Debillemont,
art. signé D., 380.
CONCERTS, BALS ET SPECTACLES DIVERS.
Grand Festival donné au Casino, par Arban, 109.
Ouverture du Jardin Mabille, 135.
A l'Eldorado, débuts des frères Guidon, 150.
Ouverture du Pré-Catelan, 151.
Réouverture du Casino-Cadet, 310.
Réouverture de l'Alcazar, 326.
Concerts d'Arban à la salle Valentino, 334. — Festival
Meverbcer, 342. — Mme Taroni, 366.
Inaugurati'-n des Bals du Cirque de l'Impératrice, 374.
Bals de l'Opéra, 415.
Variétés.
Revue musicalp de l'année 1867, art. de Em. Mathieu
de Monter, 9.
A propos de la Jeunesse de Goethe, drame de M. Blaze
de Bury, 45.
Un inconnu, art. d'A. Pougin, 68.
Une séance de musi<iue intime, art. de L. Kreutzer, 74.
A propos d'une erreur commise dans la distribution des
médailles, à la suite de l'Exposition internationale, au
détriment de Ph. Herz neveu, 172, 239, 396.
Beethoven à Tœplitz, 267.
Le Chant hturgique au monastère de la Grande Char-
treuse (extrait d'un nouvel ouvrage de M. E. Mathieu
de Monter, 297).
Vl'achtel et le Postillon de Lonjumeau, art. signé XX.,
316.
La Périchole (opinion de la presse), 331, 340.
L'Hymne de Riego, art- d'A. Pougin, 341.
Note sur un poiut de l'histoire de l'Harmonie et de la
Tonalité, art. de Fétis, 381.
Catalogue des œuvres posthumes de Rossini (extr. du
Mémorial diplomatique), 406.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS.
Abel (MUeL.j, 123, 286.
Abraham (E.), 300.
Achard (L.), 97, 144, 214, 215,
222, 201
Accursi (M. et Mme R.), 191, 237,
253, 302, 320.
Adam (A.), 41, 409.
Adelburg Id'), 63, 213.
Adenis (J.), 3.
Agnesi, 21, 30, 35, 61, 84, S6,
107, 124, 125, 215, 239, 247,
203, 280; 313, 322, 339, 370,
3T8, 389, 41('-
Alary (G.), 117.
Alboni (Mme), 370.
Alplioûsine (Mlle), 147.
Altbs, 374, 398.
Ambioselli, 326.
Ancoiia (d'), 370, 383.
Andréeff, 63.
Aniigny (Mlle B. d'), 347.
Arbaa, 37, 95, 109, 143, 151, 159,
191, 198, 255, 263, 302, 334,
342.
Archainbaud, 77, 93.
Arditi, 175, 262, 358, 377, 391.
Arnaud (Mlle), 42.
Arrouge-Sury (M . et Mme L.), 175
Arsandaux, 164, 315, 362.
Artois de Bournonville (A d'),398.
Artot (Mlle D,), 15, 23, 31, 47,
63, 72, '103,111,143, 159, 166,
174, 191, 239, 247, 255, 263,
271, 279, 294, 317, 327, 357,
365, 407, 414.
Artus (A.), 318.
Asantchewski (d'), 109.
Auber, 39, 57, 62, 97, 116, 148,
233, 237, 244, 405, 411.
Aubéry, 234, 270, 357, 380.
Audran (E.), 118.
Audran fils (A.), 60, 78, 158.
Auer, 311.
Augier (E.), 36, 270.
Aurële, 381.
Auzende, 2:î3.
Avenel(P.), 195.
B
B« (D.), B.
Bach, 215.
Bach (Les), 17.
Bacqaié, 270.
Baëtz (E.), 246.
Bagier, 33, 54, 6Î, 198, 270, 286,
378.
Baille (G.), 320.
Balakireff, 391.
Baltard, 180.
Baneux (G.), 30.
Barbier (F.), 317, 333, 339.
Barbier (J.) 81.
B:irbot, 01.
Barbot(Mme), 397.
Barker, 180.
Baraolt, 164, 178, 411.
Barré, 5, 94, 174, 178, 254, 255,
386.
Banez, 390.
Barrière (A.), 182.
Barsctti, 111.
Barth (H.), 47.
Barthe-B:inderali (Mme), 53, 90.
Baiiste (E.), 198, 207, 279, 334,
388.
Batia (A.), 255, 390.
Battaille, 102, 182, 388.
Battu (Mlle M.), 10, 29. 45, 92,
100, 125, 150, 209, 222, 245,
301, 350, 372, 389.
Baudier (Mlle), 6.
Baunay ((Mlle de), 109, 334, 342.
Baur (J.j, 133, 301, 305,355,367.
Bausewein, 211.
Bayeux (M.), 28,
Bazin (F.), 99, 246.
Bazzini, 47, 135.
Beaugrand (Mlle), 362, 378,
Beaiiplan (A. de), 78.
Beck.-r (J.) 31.
Bédel (Mlle L.), 133.
Bédora (Mlle), 126, 230.
Boer (J.), 27.
BOguin-Salomon (Mme), 29, 93,
lui, 374.
Bélia (Mlle), 97, 2)4, 230.
Bell de La Porrmcraye (Mme R.),
21, 54. 81'., 1.15, 134, 246, 262,
327, 34^, 350, 306.
Bellini, 220.
Belval, 51, 83, 222, 302, 378.
Bcnaben, i30.
Benati (Mme), 357.
Bénazet (E.i, 7, 390.
Bencteux, 111.
Bender (V.), 229,
BiiiiiSdict (I,), 207.
Bennett (W. S.), 39.
Beiiou, 3111.
Bcnza (Mlle), 167.
Béquignolles (de), 7.
Bir (E.), 203.
Bergson (M.), 231.
Bériot fila (C. de), 03,
Berlioz (II,), 15, 20, 46, 63, 87,
116, 118, 175, 183, 238, 267.
Berlyn (A.), 30, 127, 167.
Bernard [de l'Opéra-Comique],
7, 286.
Bernard (P.), 60, 109.
Bernardi, 254.
Bernardin, 36, 123, 325, 380.
Berthélemy, 55.
Berthelier, 22, 102, 116, 125, 150,
183, 230, 240, 279, 314, 342,
411.
Berton (P.), 28.
Bertrand (G.), 108.
Berwald (F.), 151,
Besekirski, 103, 280, 311, 375.
Bessems (A), 93, 231, 343.
Bessin-Pouilley (Mme), 02.
Bettini (Mlle) , 247.
Betz, 72, 211, 280, 293.
Beumer, 398.
Biancolini (Mlle), 391.
Biron, 141.
Bischoffbheim, 11.
BIzet (G.), 3, 10, 174.
Blanc (A.), 7), 263, 374.
Blanc (C), 384.
Blanchard (Mme), 295.
Blanche (A.), 91, 99, 146.
Blaquières (P.), 127.
Blau (E ). 123.
Blaze de Biiry (H.), 45, 238,270,
273, 281, 364.
Bléaii (Mlle), 110, 294.
Bloch (Mlle), 85, 90. 93, 110,301,
350, 370.
Blondelet, 323.
Blot-Dermilly (M. et Mme), 70,
117.
Blum, 357.
Boccherini, 19, 65, 113, 129.
Boccolini, 351.
Bock (E.), 214.
Bockhoitz - Falconi (Mme), 207,
318.
Bo quillon, 20.
Boieldieu (A.), 182.
Boissier-Duran (Mlle C), 95.
Boito (A.), 96.
Bonelli (Mlle), 395.
Bonewitz (H.), 14, 45, 94, 125.
Boniiehée, 3;0.
Iloniiesseur, 90.
Bonnet, 42, 164, 233, 411.
lionnet (G,), 91, 340, 411.
Bonola (G.), 247.
Bord.'t (Mlle), 134.
Borghèse (Mme J.), 47, 311.
Borjihi-Maino (Mme), 23.
Borri, 359.
Boscowitz (F.), 109.
Bosquin, 38, 346, 370.
Bossclct, 319.
Bouché (.\Ille L.), 117.
Bouctard A.), 254.
Boudias, 334.
Boudié (Mlle), 45.
Bouffar (Mlle Z.), 5, 147, 294.
Boulangeot (Mme), 14.
Boullard (M.), 31,5.
Boiirgault-Ducoudray, 118, 358,
414.
Bourgeois, 233.
Bourges (M,), 146, 147.
Bovery (J.), 134, 239.
Brandt (lllle), 152, 295.
Brasseur, 147.
Brendel, 390.
Brière (H), 383.
Brignoli, 327.
Brisebarre (E.), 195.
Brisson (F.) 292, 315, 407.
Brunet-Lalleur (Mlle), 13, 97, 117,
222.
Brunetti, 73.
Bruiietti (Mlle), 190, 207, 215,
247.
Brunswik, 409.
Brzowski (J,), 239.
r.ninw fn, (]<■•■. l'il.
Bulterini, 247.
ISuonomo, 15.
Buot (V.), 202.
Busch (Mlle de), 141.
Rusnach (W.), 35, 153.
Bussine, 390.
Bussmeyer, 53.
Cabanis, 30.
Cabel (Mme M.), 58,70, 214,222,
254, 309, 386.
Cagnoni, 39.
Caillot, 380, 405.
Calderon (MmeD.), li'O, 359.
Calislo (Mlle M.', 391.
Caillas (Mlle N. de), 414.
Callou (A.), 236.
Capoul, 580, 70, 76, 109, 222,254,
287, 309, 398.
Capurro, 151.
Cariicciolo (Mme L. ), 63, 239,
Cariez (J.), 81.
C.arman, 415.
Carron, 27, 93, 108, 124, 150,
389.
Carré (M.), 81.
Carreno (Mlle T.), 92, 223, 355.
Carretier, 30Î.
Carrier, 71, 134.
Carrion, 87.
Carrodus, 343.
Carvallio,54, 61,78, 94,150,278,
Casvallio (Mme M.) 13, 21,85,86,
94, 100, 110, 134, 142, 159,
215, 239, 255, 294, 378, 383.
Casabon, 62.
Casimir (Mme), 142.
Castel, 14-
Castelraary, 84, 142.
Caters (Mme la baronne de), 389.
Caussemille (Mlle 0.), 141.
Caux (Le marquis de), 238, 246.
Cav.iillé-CoU (A.), 85, 131, 134.
Cave (A.), 30.
Cazat (Mlle), 315, 362.
Cazaux, 62, 332.
Celentano (L.), 7.
Cervantes, 93.
Challiot, 351.
Chantepie, 124.
Cliarle (J.) !229.
Charlts (a'.), 60, 101, 116, 151.
Chariot, 201, 209.
Charnacé (G. de), 231, 250.
Chanon-Demeur (Mme), 173, 182.
Chautagne (M.), 13, 357.
Chauvet (A.), 111, 370.
Chevé (Mme V E.), 215.
Chopard-Chas^ant (Mme), 6.
Choudens, 23, 229
Christian, 323, 341.
Ciampi, 21, 54, 61, 237, 271, 322,
339, 411-
Cicéri père, 279.
Cico (Mlle), 0, 142, 154, 206, 262.
Coedès, 191.
Ccevoel (Mlle), 7.
Cohen (J,), 10, 369, 374.
Cohen (L.), 306.
Colin {de l'Opéra), 84, 209, 254,
362, 378.
Colin (C), 02.
Colini, 135.
Colombier. 196.
Colonne (E.), 77.
Comettant (M. et Mme O.j, 14, 77,
150, 158, 239, 294, 302.
Comte (C), 94.
Conneau (Mme), 100.
Conradi (A.). 199.
Consolo (F.), 125, 190.
Constantin (C), 42, 91, 164, 174,
315.
Constanzia (Mme A.), 141,
Conti (C), 255.
Conti (Mlle), 240.
Cordier (Mlle A.), 38,76, 94.
Corelli, 18.
Coruion (E.), 57.
Corradi (Mlle E.), 190,
Cortez (Mme), 61.
Cossmann, 253.
Costa (M.), 199,307, 234, 359.
Costé (J.), 395, 414.
Cotogni, 7.
Cotta (J.), 118.
Couder, 02.
Couderc, 230, 3Ô6.
Crémiciix, 274, 281.
Ciémic.ux (H.), 5, 148.
C.'Psci, 13, 55,
:iG7
Cros, 234.
Cro»ti, 76, 93, 142, 190,
Cruvelli (Mlle M,), 455.
Cuvillon (de), 77, 125,
Cuvreau, 21.
Cyriali, 47.
Czéké (A. de), 173.
Czillag'(MmeR.), 15, 355, 51, 415.
Dall'ArgiTie, 23, l.'J9, 375, 391.
Dalli-Guadognini (Mme), 47.
Damcke (M. et Mjnej, 74.
Danioreau-Wekerlin (Mme C), 29,
37.
Dancla (C), 390, 398.
Daniel (S.), 183.
Daaiele(Mlle), 61, 151, 350.
Daram (Mlle), 38, 346, 410.
Darcier (Mlle), 158, 104.
Dard, 141.
Dassier (A.), 567.
Daubray, 280, 324.
Dauprat, (L. F.), 255.
Dautresme (L.), 10, 64, 314.
Dauverné, 270.
David (rie l'Op.), 83, 150, 183,
552, 378.
David (Fél.), 209.
David (Ferd.), 335.
David (S.), 121.
Duvid (MlleJ.), 335.
Davidoff, 39,
Davoust, 348.
Debillemont, 13, 91, 1,50, 380.
Debrigny-Varney (Mme), 6, 381.
Decroix'(Mme), 42, 440, 362.
Deffès (L.). 280, 314, 320, 4(1.
Déjazet (Mlle V.), 294.
Diiiazet (E.l, 53, 133, 383.
Delaborde (E.), 110, 133.
Delacour, 385,
Delafontaine, 00.
Delahaye (L.), 45, 83.
Uelapone (E.), 118, 155, 173.
Delavigne (A.), 41.
Delavigne (G.) 359.
Dt'ldevez, Idl.
Deleurie (L.). 263.
Delgado, 93.
Delibes (L.), 214. ■a4.
Della-Rosa (Mme), 93.
Delle-Sedie, 29, 60, 90, 98, 157,
173 321.
Deloffre, 62, 383, 380.
Delvil (M. et Mme), 311, 397.
Demunck, 70, 117.
Denay, (Mlle), 223.
Deneux (J), 29, 57, 93, 167.
Denis (A.), 143, 231.
Dennery (A.), 57.
Depoitier (M. et Mme), 30.
ûerasse (Mlle), 37, 142.
Oerval, 42, 91.
Desaint, 37.
Deschamps (Mlle), 282.
DesgiangHs (E.), 253, 279, 406.
Deshorties, 196.
Désiié, 36, 122, 537.
Desmet père et fils (V), 190, 318.
Desnoytrs (L.), 407.
Desplaces (H.), 23.
Dessane (L. A.), 158.
Destin (Mlle M,). 215, 263, 319,
Devoyod, 230, 350, 413, 414.
Devriës (Mlle F.), 107, 125, 345.
Devriès (Mlle J.), 5, 94, 357.
Diez (Mme), 211.
Dœrfeldt, 63.
Dolmetsch (Mlle C), 109.
IJomei'gue, 302.
Doppler, 127.
Dor (Mlle H.), 311,357.
Doré (Mlle P), 77.
Dorn (H.), 111, 391.
Dorus, 39*.
Dory (Mme), 55,
Douau (Mlle), 01.
Douay (G,), 182.
Doucet (C), 106, 370.
Drigo, 254.
Dubois, 111, 325, 374.
Dubois (T.), 124, 125.
Ducasse(Mlle), 4, 346.
Ducci, 23.
Duchesne, 134.
Ducis(Mme L.), 39.
Duhaupas, 271, 390.
Dulaurens, 20, 310.
Dumestre (M. et Mme), 20, 61.
Duniecki (S,), 15.
DuMkU-r (E), 55, 159, 287, 415.
Dupiii, Si:!.
Duplan, Ù7.
Dii|Miiiclip|, 118.
Uu|)oiit (J ), Ou, 305, 414.
Diiprat, 71.
Dn|iresboir, 101, 230, 151.
Duprey, 267.
Duprez (G.), 106, 165, 3S8, &05,
411.
Duprez (E.), 411.
Dupuia, 148, 323, 331, 341.
Dupuy (Mlle M.), 223, 239.
Durand (A ), 85, 118, 134.
Durand (E.), 41.
Durand (Mlle), 117.
Dustmann (Mme), 181.
Duval (Mlle), 405.
Duvernoy (A.), 116.
Duveruoy (J.-B.), 350.
Eberlé, 247.
Eberwein (C), 103.
Ebrard-Gravière (Mme), 21, 102.
Ecarlat-Geismar (Mme), 21 .
Eckert (C), 293, 367, 391.
Edeisberg (Mlle P. d'), 15, 303.
Ehmant, 37, 390.
Ehnn (Mlle), 39, 110.
Ehriich, 263, 399.
Eigenscheiick, 294.
EUers, 87.
Elwart (A,), 53, 93, 151, 182, 239,
254, 287, 382.
Empis, 407.
Enaux (Mlle), 334-
Enequist (Mlle), 191.
Engel (L.j, 119, 191, 334.
Epaguy (V. d'), 367.
Erl, 119.
Ernesti (T. d'), 93, 398.
Ernst (Mme), 263.
Errera (U.) 190.
Escudier-Kastner (Mme), 27, 230,
287.
Etcheverry (d'), 295.
Etex, 389.
Etienne, 61, 320.
Ettling (E.) 204.
Eugénie (S. M. l'Impératrice), 29,
01, 148.
Everardi, 31, 70.
Fabre, 287.
Fabre (Mlle A.), 116.
Faccio (F.), 263.
Faivret, 126, 230.
Farrenc A.), 42.
Farreric (Mme), 7, 42, 62.
Fauquez, 412.
Faure, 10, 13, 29, 09, 83, 85, 92,
100, 110, 125, 142, 150, 157,
254, 269, 325, 362,370, 378, 389.
Favarger (R.), 281.
Félix (R.), 174, 23tf.
Féret. 61.
Féri-Kletzer, 96, 103, 127.
Ferni (Mme), 343.
Ferrand (E.), iO.
Ferrand (H,), 311.
Ferraris (Mme A.), 23, 79, 359.
Fcrrier, 14.
Feruci (Mme), 357.
Fétis père, 31, 103,129,156,106,
299, 319, 327, 330, 334, 347,
404, 413, 415.
Fiocre (Mlle), 84, 378.
Fioretti (Mlle), 84.
Fiori (E.), 72.
Firmaui (Mme), 247.
Fi.-min (N.), 101.
Fissot (H,), 29, 151 390, 414.
Flachat (Mlle), 340, 362.
Florimo (de), 287.
Flotow (de), 14,127, 135, 303, 311,
325, 339.
Flynn (Mlle), 279.
Fogliari (Mlle), 412.
Fonta (Mlle L.), 206, 210.
Fonti (Mlle), 357, 411.
Fortuna (Mlle), 133.
Fournier (E.), 28, 45, 364.
Fournier(N.), 121.
Franccschi, 116.
Franchino (Mlle), 38, 397, 407.
Friinchorame, 100.
Franck (E.), 103.
Franck-Marie, 134, 222.
Fratjco-Mendès, 133.
François (A.), 109.
Fraschini 111, 117, 313, 321, 339,
350, 384, 414-
Frémeaux (Fam.), 77, 133, 141,
151, 182, 191, 253.
Fricri (Mme), 7.
Friderici (Mme), 55, 135.
Krigcila, 18i.
Fumagalli (Mlle E.), 45, 109.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS.
Gabel, 5.
Gagliaiio (>'me), 93.
Oailhard, 37, 97, 2U, 254, 269.
Galetti (Mlle), 23.
Galilzin (Mlle M.), 100, 173, 254.
Gallet (L.), 123.
Galli-Marié (Mme), 86, 178, 301,
356.
Gamelin, 86.
Gandonnet (A.), 143.
Ganz (M.), 39.
Garait (Mlle), 383, 389.
Garciu, 12. 99, 108.
Gardoni, 21, 76, 85, 100, 133.
Garfounkel, 100.
Gariboldi, 206.
Gasperini (de), 11, 54, 135.
Gastoldi (Mlle), 45.
Gautliier (Mlle), 311.
Gautier (E.), 150, 222, 270,
Gautier (T.), 351.
Gênée (R.), 295, 303, 311.
Génibrel, 6.
Geniien (Mme), 302.
Geoffroy (Mme) 134, 373,
Géraizer, 42, 164, 293.
Géraldine (Mlle), 71 , 206, 262.
326.
Géraldi, 247.
Gérard (E.), 174.
Gernslieim (F.), 148, 263.
Gevaort, 370, 381.
Gialdini, 87.
Gide (C), 62.
Gigout, 198.
GilPérez, 147.
Gilbert, 357.
Gilbert-David, 102.
Gilbert (Mlle), 411.
Gille (P.), 395.
Ginet (P.), 5, 38Î.
Giovanonni-Zucclii (Mme) , 47 ,
391.
Girard (Mlle), 121, 178, 280.
Giraudet, 319, 410.
GiudÈle (Mlle), i63.
Goby-Fontanel (Mme), 110.
Goddard-Davison (Mme A.), 103.
Godebski. 384.
Godpfroid (F.), 173.
Godefroid {Mlle A.), 77, 117,
332.
Godefroy (Mlle), 255.
Godin (Mme), 109.
Gœtze (C), 31.
Goldberg (J.-P.), 159, 193, 356,
390.
Goldner (W.). 117.
Goldschmidt (O.), 247.
Gondinet, 28.
Gonetti (Mlle), 237.
Goud, 30.
Gouflfé (A.), 93, 165, 414-
Gounod (C), 10, 55, 157, 229,
397.
Gourdon, 6, 315, 381.
Goury (Mmel, 230.
Gouvy (T), 403, 414.
Grandval (Mme la vie. de), 153,
389.
Granier, 134.
Granzow (Mlle), 47, 63, 126, 142,
166, 222.
Graziani, 47, 365.
Gréef (de), 55.
Grenier, 148, 323, 341.
Grignon (H.), 141, 214.
Grisar (A.), 411.
Grisez, 374.
Grison, 111.
Grisy, 84, 148, 373, 388.
Grossi (Mlle), 21, 84, 86, 117,
138, 263, 321, 339, 355, 370,
378, 389.
Gruneisen, 246.
Grûtzmacher (F.), 391.
Guédéonoff (del, 198.
Gueymard (M. et Mme), 60, 83,
16ô, 198, 209, 245, 271, 359.
Guffroy, 415.
Guibert (Mlle N.), 93.
Guidon fr., 21, 77. 150.
Guilbaut, 151.
Guillot de Sainbris, 93, 141.
Guillot (Mlle), 356.
Gunz (le docteur), 159, 181.
Guzman (M. et Mme F.), 60, 70,
215.
H
Hainl (G.), 10, 53, 84, 86, 95,
270, 294, 378. 388.
Halanzier, 86, 100, 278, 294, 326.
Halanzier (Mlle E.j, 39.
Halévy (L.), 147, 148, 175, 215,
Halle '(C.), 375.
Hamackers (Mlle), 190, 373, 378.
Hammer, 6, 93.
Hammerick (A.), 358.
Harriers-Wipperc (Mme), 303.
Harris (Mlle L.), 6, 10, 29, 30,
37, 61, 70, 71, 78, 116, 223,
255, 263, 406.
Harrisson (W.), 374.
Hartog (E. de), 178.
Hasselmans, 70.
Hauck (Mlle M.), 262, 270, 310,
351, 359, 387, 334, 389, 398,
403.
Haulard, 198.
Dauptmann (M.), 15.
H yet, 78, 173.
Hebbé (Mlle), 31.
Heilbron (Mlle A.), 93, 206, 286,
386.
Heinz (J.l. 367, 398.
Heller (S.), 244, 273, 329, 337.
Hnlmhollz, 108.
Hemmerlé, 151, 311.
Herbeck, 343.
Herman (A.), 374, 414.
Hérold, 102.
Hervé (F.), 13, 277, 346.
Heiz (H.l. 15.
Herz neveu (P.), 172, 191, 239,
262, 374, 3! 6.
Hess (H.) 414.
Hesselboin (Mlle), 238.
Heyberger (J.), 15.
Heymann, 397.
HiRUard (A.), 86.
Hill, 181.
Hiller (F.), 181, 359, 391.
Hisson (Mlle J.), 174, 183, 230,
238.
Hocbheimer, 271.
Hochstetter, 198.
Hol, 31t!.
Holmes (A.), 31, 143, 318, 358.
Holmts (Mlle), 77.
Holzl, 211.
Howiird-Paul (Mme) , 127, 143,
107.
Hubans (C), 38.
Huerii, in:i.
Huberti (Mlle], 38.
Huberta. 341.
Hup.t (Mlle V.), 398.
Hugo (Mme V.l, 277.
Hulsen (de), 72.
Hurand, 27, 102, 118, 124.
Hnstailie (Mlle A.), 38.
Huttenbrenner (A.), 207.
Hyacinthe, 147
I
Isturitz (Mme), 327.
J
J.icobi (G.), 47, 93, 99, 222, 314.
Jacquard (L.), /4, 101, 150.
Jacquin, 301.
JaëU (M. et MmeA.), 22,38, 94,
152, 183, 263, 342, 390, 415.
.lafifé (M.), 119.
Jancourt, 6.
Janin (J.), 85.
Jeltsch (C), 133.
Joachim, 15, 63, 118, 119, 181.
351.
Joël (Mlle G.), 359.
Joly (Mme de), 174-
Jonas (E.), 6, 196, 370.
Joncières (V.), 10.
Jourdun, 61, 159, 295, 359, 391.
Jouret (L.), 103.
Jouvin (B.), 30, 157.
Juvin, 414.
Justamenî, 350, 389.
K
Kaler (Mlle de,, 39.
Kapfelmann, 155.
Karl (Mlle L.), 110.
Karren, 198.
Kastner (G.), 44, 115, 162, 246,
250, 311, 3Ô5.
Kastner (Mme Vve), 110, 115, 163
363.
Kellogg (Miss). 119, 127, 215,
358.
Kemp (R.), 279.
Ketten (L.), 151, 397.
Ketterer (E.), 116, 255, 301, 335,
356.
Kieffer, 301.
Kipper, ,37.
Kistner (J.l, 175.
Kittl (J. F,), 255.
Klein (A.), 406.
Klein (J.), 167.
Kliuworth (C), 287.
Kœnnemann, 167.
Kolesowski (S.), 287.
Kopp, 148.
Kowalski (H.), 37, 93, 358.
Krauss (Mlle), 30, 35, 61, 71, 117,
142, 355, 370, 378, 397, 410.
Krempelsetzer, 415.
Kretschmer (E.), 263.
Kreutzer (L.),327, 347, 363.
Kropp (Mlle), 303.
Krùger (W.), 45, 60, 62, 93, 109,
118, 127, 157, 158, 398.
Labarre (Mlle), 42, 91.
Labiche (E.), 385.
Laborie (le Dr.), 23.
Laboureau, 53.
Labrunie (Mlle), 13.
Lacaze (Mme), 380.
Lachner (F.), 55, 63, 280.
Lacombe (L.), 70, 280.
Lacour (Mme), 263.
Lafaye, 294.
Lafon (Mme). 15.
La Grange (Mme A. de), 55.
La Grua (Mlle E. de), 23.
Lalliet (T.), 166.
La Madelaine (S. del, 171, 287.
Lamarre (Mlle E.), 79.
Lamoureux (C), 51.
Lamoury (Fr.), 90, 95.
Laniperti (le Dr. G.), 357.
Lanjallais, 411.
Langer (F.), 207.
Langert, 63, 72.
Langhaiis (M. et MmeW.), 109.
Langlois, 151.
Lapret (L.l, 85.
La Rounat (C), 275, 283.
Lasalle (\. del, 140, 164.
Lassabathie, 110,
Lasscn (E.), 311.
Lasséuy (Mlle), 325.
Lassere (J.l, 37, 03, 203, 390.
Lassouche, 147.
Latapie (Mme C.. de), 77, 94.
Lataste (L.), 110.
Laiih, 20.
Laurent, 42, 164, 386.
Laurent (Mme A.), 100.
Laurentie, 363.
Lauterbach, 39.
Larergne (A. de), 55.
Lavignac (A.), 37, 1J8.
Lavini (Mlle), 93, 101.
Lawrowski (Mlle), 167.
Lebeau, 301.
Lebel, 238.
Lebouc (C), 29, 117, 366, 390.
Lecocq (C), 35, 117, 122, 150,
191, 222, 255, 246, 286, 302,
311, 26, 327, 373, 383, 414.
Lecomte, 246, 323.
Le Conppey (F.), 183.
Lédérac, (S2.
Leduc (A.), 199.
Lee (S.), 294.
Lefébure-Wély, 53.
Lofébure-Wélv 'Mlle M.), 238.
Lefebvre (Mile V.), 30) .
Lefort (J,), 135, 18J.
Lefranc, 143, 415.
Legouii ;I.), 380.
Legrand, 405, 80.
Lemercier de Neuville, 125.
Lemmens, 166, 374.
Lemoine (E.), 95.
Lentz (Mllei, 36.
Léonard (AI. et Mmel, 12, 19,37.
60, 93, 109,131, 263, 271,374.
Léonce, 36, 122, 286, JOl, 325,
380, 395.
Leprévost (A.l, 141.
Leroy (de l'Op. Com.), 122, 154,
414.
Leroy {du Conserv.,', 406.
Lespès (L.), 196.
Lestrade (Mme), 166.
Letellier, 332.
Leuven (A. de), 183, 262, 409.
Léveillé (A.), 395
Léïêque (E.l, 390.
Lévy (J.), 198r
Lévy (Mlle C.), 101.
Leybaque (Mlle H.l, 141.
Lliérje, 178, 365, 390.
Libert (Mme), 357.
Liebé (L.), lis, 310.
Liebé (MlleT.l, 117,141, 335.
Ligner, 318.
Lindheim, 148, 229, 324.
Liszt (l'abbé F.), 326.
Litolff (H.l, 15, 327.
Lœbmaa (J.), 268.
Lceffler (Mme), 223.
Lomagne (J.), 271.
Lopez, 190.
Loiti délia Santa (Mme), 7,87,119.
Lotto, 167.
Lovato (Mlle), 36, 142, 286, 325.
414.
Lover (S.), 239.
Lowenlbal, 133.
Lubeck (H.), 22.
Lucas (G.), 39, 390.
Lucca (Mlle P.), 6, 23, 47, 63, 72,
79, 95, 111. 152. 175. 198, 215,
295, 303, 307, 391, 414, 415.
Luce, 286, 334,- 395.
Luigini (L.). 61, 267.
Lust (C), 268.
Lulz, 5, 70, 346, 405.
M
Mach (E.), 292.
Mackonsie (Mme), 36, 279, 318,
?35.
Maësen (Mlles C. et L. de), 15, 23,
143, 311, 335.
Magnien (V.), 271.
Miignus (D.), 60, 70, 93, 261, 301
Maillart (A,), 86, 174, 177, 238,
311.
Mailly (A.), 166.
Maistre (Mme la baronne de), 270.
Mallard iMllej, 238.
Mallinger (Mlle), 211, 293.
Alangeant (S ), 86.
Mangin, 301, 346, 357.
Mangold (C), 39, 327.
Manns, 327.
MaplesoD, 14, 61, 78, 111, 231,
302. 351, 367, 391.
Marchand (Mme), 315, 381.
Marchusi (Vl. et .Mme), 231.
Marchisio sœurs (Mlles), 31.
Marciis (Mlle), 142, 315.
M:irgucrilat (R.), 31.
Marie (F.l, 15.
Marié (Mlle L), 21, 36, 123, 25'i,
3.)5.
Jlarimon (Mlle), 37, 94. 101, 295,
327, 332, 359, 391, 407, 415.
Marini iJ. M.), 33.
Slario, 6, 47, 72, 79, 119, 175.
Marion, 30.
Mariquita (Mlle), 13.
Mark (le D'), 31.
Marlois (E.), 246.
Marochetii, 99.
Marque (A.) 398.
Marquet, 35.
Martin (E.), 110, 293.
Martin (Mlle .1.), 125.
Martin-Robinet (Mme), 70, 133.
Martinet, 164, 174, 278, 357, 397,
411.
Marty (Mlle), 302.
Martyns, 142.
Marx (A.), 6, 374.
Massa (le duc de), 102, 106, 118,
143.
Massart (M. et Mme), 74, 398.
Alassé (V.), 10, 30.
Alassenet, 10, 42.
Masset (J.-J.), 415.
Masson, 91.
Massy, 5, 94, 302, 310.
Massy (Mme), 72.
Alaton, 107.
Mauduit (JlUe), 27, 51, 70, 85,
101, 116, 148, 150, 158, 350.
S!aurel, 78.
Maury, 151.
Mayeur (L.), 93.
Mayr (Aille L.), 23.
Mayr-Olbricli (Mme), 271.
Mazilier, 167.
Mazurini, 102.
Mazzoleni, 38, 166.
Aleerens (C), 300.
Meilbac (H.), 41, 147, 153, 322.
Meillet (M. et MœeJ, 94, 254,310,
346, 410.
Aleinardi (F.), 157.
Melchissédec, 59.
Méliot (A.), 51.-
Mellinet (le général), 91.
Membrée, 384.
Meudelssohn-Bartlioldy, 99, 261,
390.
Alengal, 262.
Mérante, 210.
Alercadante, 287.
Mercier (J.), 87.
Alercklin-Scbiitze, 294, 325.
Alercuriali, 322.
Méreaux (A.), 172, 173, 183, 207,
262.
Merly, 23, 87.
Mévil (C.), 55.
Mey (A.), 135, 223, 271, 310.
Meyer (L. de), 142.
Aleyer (Aille A.), 157, 406.
Meyer (Mlle C), 77.
Meyerbeer (G.), 45, 62,273, 281,
309, 364.
Meyerbeer (Mme), 273, 281.
Mézeray (Mlle), 61.
Michel (Cam.), 239.
Jlichel (Alarc), 87.
Alicheli (J.), 407.
Alicliotte, 372.
Milher, 347.
Ali Met (V.), 190.
Mmetti, 23, 311, 335.
Mineur (Mlle M.), 55,
Alinier, 29 'i.
Minkus, 96.
Hiretzky (de), 234.
Alocker, 309.
Alohr, 42.
Aloisset (Mlle G.), 309
Monbelli (Mme), 6, 70, 93, 293,
391.
Monsstier (J.), 174, 343.
Mongin (Mlle M.), 62, 116.
Alongini. 10, 167, 175, 317, 351.
Aloniot (E.), 350.
Monjauze, 14, 254, 203, 346.
Monnais (E.), 08, 75, 84, 85, 162,
165, 250, 252, 253.
Alonplaisir, 23, 79.
Alonpou (Aime Vve), 135.
Aloniaubry, 71, 174, 206, 214, 350,
396.
Alontauriol, 55.
Montant-Lambert (Aime), 134.
Montellio (Aime). 159.
Alonler (M. de), 38.
Montigny (Mme), 85.
Moreau lE.l, 176.
Morel (A.), 125.
Morel (Mlle Y.), 173, 254.
Morelly (L.), 287.
Alorére, 373.
Moriani, 335.
Morini, 90.
-Alortier de Fontaine, 129, 141,
155, 201.
Mouravieff (Mlle), 359.
Alouren, 90.
Mousskon'(P.), 71.
Aloya (Aille), 6, 36.
Alubldorfer, 31.
Alunclieimer, 152.
Murer (Aille L.), 109, 150.
Murska (Mlle J. de), 55, 159
367, 384.
Muzio, 334.
N
Nachbaner, 211, 293, 327.
Napoléon III (S. M. l'Empereur),
61, 148, 319.
Napoléon (S. A. le Prince Impé-
rial), 148.
Nathan, 122, 142.
Nau (Aille), 61, 310.
Naudin, 103, 237, 263, 271, 319
415.
Naum (AI.), 223, 302.
Nègre, 63.
Néruda (Mlle M.), 98.
Nibelle (A.), 313.
Nicodami (Aime), 250.
Kicolaï (0.), 33, 46, 319.
Nicolai (le baron), 326.
Nicolini, 35, 38, 86, 106, 117,
1.58, 331, 370, 378.
NicoUe, 301.
Nicot (C.), 234,389.
Niemann, 7, 87, 95, 111.
Nilsson (Mlle), 76, 83, 90, 92,
100, lOl, 107, 125, 142, 152,
155, 159, 167, 175, 191, 215,
239, 254, 269, 294, 302, 325,
370, 383, 388, 415.
Nissen-Saloman (AI. et Mme), 159,
311.
Noetinger, 115.
Nohl (L.), 62.
Nondin (Mlle M.), 358.
Norblin, 335.
Noriac (J.), 94, 270, 313. 411.
Norman-Néruda (Mme), 59, 69,
76, 77. 90, 68, 100, 108, 109,
116. 167, 230.
Noronha, 111.
Nuiter ^C.), 305.
Obin, 150, 183, 209, 245, 370,
389.
Obiols (L.), 7.
Odezenne. 47.
OEschner, 182.
Offenbach (J.), 5,46,61,91,147,
148, 239, 254, 311, 313, 322,
320, 331, 337, 340, 350, 357,
365, 402, 414.
Offermans Van-Hove (Mme), 319.
OUvier (Mlle), 62.
Orgéni (Mlle A.), 63, 135, 199.
3ll, 343, 407, 415.
Osmont (le comte d'), 116, 290.
Otto (Mllei, 223.
Oudshorn, 263.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS.
Pacini (E ), 27, 55.
Pacius, 155.
Paisiello, 103.
PiiliTmi, aai, :i39, 355, 378, 410.
Palianti flls, 300.
Palmei- (C.A.), 356.
Palmer (T.), I^l.
Pancani, 175, 313, /il5.
Panofka (H.), 262, 311, 334.
Papini, 23.
Pardon (F.), 268.
Pasdeloup, 11, 22, 37. 47, 99, 143,
145, 187, 244, 245, 254, 20i,
278, 279, 280, 293, 301, 340,
345, 350, 379, 389, 397.
Putt', marquise deCaux (Mme A.),
JO, 13. 21, 29, 30, 38, 46, ."j4,
61, 71, 76, 78, 86, 101, 106,
110, 117, 134, l'l2, 152, 157,
■159, 107, l'Jl, 199, 2^3, iSl,
238, 2.i9, 245, 246, 247, 251,
271, 280, 295, 310, 313, 321,
331, 339, 357, 365, 370, 373.
389, 397, 398, 405, 414.
Patti (Mlle C), 10, 173, 230, 3G6.
Pauer, 327.
Paul (V.), 29, 60.
Paulus, 68, 318.
Paurelle (Mlle), 147.
Pélardy, 301.
Pellini sœurs (Mlles), 14, 93.
Pénavaire, 199 133.
Penco (Mme), 23.
Pêne (H. de), 358, 406.
Perafailo, 117.
Pereira (Mlle A.), 327.
Perelli (G.), 77.
l'érez(Mlle M.), 255.
Périer (Mlle), 357.
Péronnet, 279.
Perrin (E.), 84, 209, 269 319
389,
Persini (Mlle), 362, 411.
Peschard, 61, 180, 397.
Pesclika-Leuluer (Mme), 39, 327,
335.
Pessard, 10
Petipa (M.) 357.
Petit, 63, 92.
Peudefer (Mme), 45.
Pfeiffer (G.), 11, 37, 45, 93.
Pfeiffer (Mme C), 37, 77, 125.
Piatti, 302.
Piazuii, 79.
Piazza, 327.
Pichoz (E.), 30.
Pickaért, 102, 388.
Pierson-Bodin (Mme), 6, 45, 70,
109 398.
Pillet (L.), 102.
Pisano, 135.
Placet, 62, 262, 386.
Plantade (C), 196.
Pleyel (Mme), 398.
Poëncet (H.), 99, 246.
Poinsoi (Mlle), 373, 390.
Poise (F.), 385.
Poisson, 390.
Poil da Silva, 71.
Ponchard (C), 142, 178.
Poncliard (Mlle J.), 55.
Ponialowski (Le prince J.j, 102,
137,338.
Pons, 310.
Pontoglio, 303, 335.
Potel, 6, 154.
Potier (C), 37.
Potier (Mlle D. de), 77.
Pougin (A.), 71, 127, 158, 320,
280, 258, 371, 398.
Poiiilley, 62.
Prémaray (J. de), 191.
Prilleux, 59, 97, 222, 230, 386.
Priohi (Mlle), 380.
Prumier (A.), 31.
Puget, 117.
Pugoi, 357.
Pujol (J.-P.), 246.
Quercy (de), 134.
U
Radau (R.), 19.
Radccke (Mlle), 319.
Radoux, 30.
Rair (J.), 37.
Raoult, 166.
Raymondu (Mlle), 397.
Raynal, 120.
Reboux (Mlle), 351.
R(ignier (Mlle P.), 93.
Reicliardt, 61.
Reinecke (C), 111, 183.
Reiuecke (Mme), 287.
Reis (Mlle A.), 350.
Remack (E), 398.
Rémusat, 358.
Renard (E. 1,390.
Rendauo (A.), 70, 85, 109, 133.
Réty (E.), 158, 162.
Révial, 306, 374.
Révilly (Mme), 97, 342, 346.
Rey-Balla (Mme), 111, 215.
Reycr, 44.
Rheiuberger (J.), 350.
Ricci (F.), 72,110, 280, 301,325,
342, 405.
Ricci (Mlle L.), 317, 321.
Richald, 327.
Richter (E.-F.l, 207.
Riedel, 157, 374.
Ries [¥.), 22, 70. 223, 234.
Rigby (V.), 327.
Rillé (L. de), 157, 267, 324.
Rionnelle (Mlle N. de), g, 134.
Iii7, 414.
Ritter (Mlle W.), 318, 343.
Rives (Mlle), 89,. 90, 99, 100.
Roche, 141.
Rœdern (Le comte de), 111,
Roger, 7, 23, 71, 223, 276, 374.
Roger (Mlle P.), 141.
Rolland (Mlle), 306.
Romani (C), 367.
Rondeau, 190, 246.
Ronzoni, 398.
Roqueplan (N.), 188.
Roqnes (L.), 94, 125, 261, 254,
278, 377, 397.
Rose, 6, 37.
Rosello (Mlle), 30, 84.
Rosenhain (J.), 22, 90, 93, 101.
Rossi (L.), 375, 382.
Rossi-Galicno (Mme), 150.
Rossini, 53, 61, 71, 84, 143, 174,
223, 269, 351, 359, 361, 369,
378, 382, 389, 399, 400.
Rossini (Mme), 372, 382, 406.
Rota, 391.
Roubaud (Mlle AL), 29.
Roubin (A. de), 294.
Roudil, 21.
Roulle (Mlle), 93.
Roussel, 29, 60, 238.
Rouxel (Mme), 93.
Royer (A.), 398.
Roze (Mlle M.), 59, 76, 109, 182,
214, 230, 263.
Rubinstein (A. et N.), 15," 45, 72,
77, 86, 87, 89, 100, 108, lld,
125, 141, 149, 157, 214, 359,
375, 414.
Ruelle (J.), 262, 301.
Ryan(D.-H.), 398.
SaSnger, 109.
Saffray (Mme de), 45, 101.
Saiii-d'Arod, 223, 268,
Sainte-Beuve. 158.
Sainte-Foy, 59, 93, 262, 386.
Saint-Geoiges (de), 3, 69, 162, 337,
371, 382.
Saint Léon, 95.
Saint-Saëns (C), 14, 29, 95, 109,
157, 263, 270, 343, 367, 406.
Saint-Urbain (Mlle), 389.
Saint-Victor (P. de), 23.
Sallard (Mme F.), 20, 39, 222,
391.
Salom.in (S.), 47.
Salomé, 369.
Salvioni (Mlle), 10, 05, 270, 391.
Samuel, 367.
San-Miguel (E.), 341.
Sannen, 325.
Sunnier (Mlle M.), 111.
Sarasate, 100, 182.
Sarolta (Mlle), 399.
Sartiges (de), 62.
Sass (Mme M.), 0, 29,37, 46, 47,
86, 92, 94, 100, 110, 150, 183,
222, 304, 325, 333, 362, 373,
378.
Sauret frtres, 93.
Sauvage (T), 196, 206, 397, 411.
Sauzai, 100.
Sax (A.), 93.
Scalclii (Mlle), 94,
Scaleso, 37, 84, 138.
Schebor, 343.
Schepers (Mlle), 295.
Schiever, 351.
Scbimon, 236.
Schlosser, 211.
Schlotmann, 374.
Schmitt (A), 135,198.
Schnaabelt (H.), 119.
Schneider (Mlle), 21, 30, 78, 110,
126, 166, 206, 323, 331, 337.
341, 413.
Schnyder de Wurtens(5e.(X.), 287,
391.
Schott, 268.
Sohrœder(Mlle), 27, 239, 287, 363,
390, 414.
Schrœder (Mme S.), 87.
Schrœtter (Mlle), 175.
Schubert (F.l, 41.
Schumann (Mme C), 20, 63, 119.
Schwab (F.), 124, 231.
Scoffino, 71.
Scudéri, :i3.
Si'cond (A.l, 78, 235.
Sécrétain (MlhvM.), 37, 93, 801.
Segri-Segara, 15.
Séligmann (P.), 6, 37, 00, 70, 87,
125, 280, 334.
Selva, 335.
Semet (T.), 269.
StTgeat (A.), 85, 110, 222.
Séroff, 414.
Serrier (P.), 183.
Servais (J.), 6, 384.
Sessi (Mlle), 159, 384.
Séveste (Mlle), 121.
Sézanne (Mlle), 342.
Slierrington (Mme L.), 237, 375.
Sichel (Mlle), 381.
Sighicelli, 37, 173.
Simon (F.-J. ), 374.
Simonet (Mme M.), 101.
Simoni (Mlle), 34, 302.
Simrock (N.), 415.
Sims-Reeves, 391.
Singelée (Mme), 134.
Sinico (Mlle), 31.
Sivori (C), 37, 46, 85, 157, 175,
199, 246, 311, 318, 375, 390,
391.
Smetana, 175.
Smidt (Mlle M.), 412.
Smitz-Èrambert (Mme), 399.
Solera (T ), 105.
Selon, 234.
Solvi, 30.
Sonieri (MlleR.), 351.
Sontheim. 31, U3, 159, 223, 239,
325.
Soto, 315, 340, 411,
Souviran, 156,
Spay, 294.
Stagno, 63, 111, 327, 357.
Stanni (Mlle), 133.
Slanio, 317.
Staps(Mlle A.), 70.
Steenmann, 388.
Steger 391 .
Stehle (Mlle), 327.
Steinhart (W.), 79.
Stella (Mlle G.), 327, 335, 415.
Steller, 35, 61, 71, 76, 84, 101,
106,279, 331, 355, 399.
Stennebruggen, 70.
Sternberg (H.), 119.
Sternberg (Mlle), 7, 327.
Stigoll, 7, 223.
Stockhauscn (J.), 47.
Siœger (E.), 93, 98, 116, 125,
280, 356.
Stollz, (Mme. R.), 318.
Strakoscli (Maur.), 206, 251, 270,
286, 374.
StrakobCh (Max), 300, 415.
Straus (L.l, 319.
Strauss (J.). 38.
Stubel (Mlle), 247.
Sunimers (S.), 268.
Suppù, 3').
Swert (J. de), 135.
Sylva, 30,
Sytter, 122.
Szarvady, 244.
T
TafTanel, 414.
Taffanel (Mlle), 30.
ïagliafico, 237.
Taglioni (P.), 23.
Taglioni 'S.), 335.
Taisy (Mme de) 110, 294.
ïamberlick, 103, 335, 351, 359,
410.
Tamburiul, 370.
Tapie-Brune, 30.
Tarbé (E.), 30.
Tarbé des Sablons (Mme), 71,
Tardieu de Malleville (Mme), 14.
Taroni (Mme), 366.
Taubert, 117, 311, 391.
Tausig, 391.
Tautiu (Mlle L.), 148, 238.
Tavernier (Mlle N,), 60.
Tayau (Mlle), 00, 77.
Taylor (le baron), 69, 158, 162,
173, 198,415.
Teste, 151.
Testot de Beauregard, 334.
Teysson, 53.
Thér&a (Mlle), 13, 322, 286, 373.
Thibaut, 6, 39, 287.
Thierret (Mme), 314,
Thierry, 30.
Thiron, 148.
Thomas (A.), 22, 47, 81,102,155,
183, 244, 250, 254, 370, 374,
388.
Thouret (Mlle), 301.
Thuot (Mme), 367.
Tiberini (M. et Mme), 84, 101,
117. 138.
Titjens ( Mlle) , 143, 255, 279,
335, 367.
Tilmant, 317.
Tombesi, 151, 159.
Tornquist (Mlle O.), 23, 72.
Torriani (Mlle 0.], 215, 263.
Testée (Mlle), 199.
Toudouze (Mlle), 326.
Tourguénief (L), 199,
Tournade, 134.
Trébelli (Mme), 47.
Tréfeu, 5.
Trél;it(Mme M.), 225,
Trombetia, 29.
Troy, 38, 94.
Tuai (Mlle), 86.
U
Ogalde (Mme), 102, 110,198,206,
214, 222, 236, 246, 270, 279,
405, 413.
Ulbach (L.), 253.
Ulmann, 367.
Urban (Mlle), 138, 339, 411.
Usiglio, 173.
Vaillant (S. Exe. le maréchal), 14,
Valdès (R.), 85.
Valiquet (H.), 182.
Van den Heuvel-Duprez (Mme),
21, 146,
Van der Beck (Mlle), 101.
Van der Gucht, 237.
Van Eyken (J. A.), 335.
Van Ghell (Mlle) 324,380, 395.
Van Ghelnwe, 319.
Van Lier (Mlle R.j, 70.
Vannier, 301.
Vanzini (Mlle), 127.
Varney (A.), 54, 158, 174.
Vast (E.j, 301.
Vauquehn, 86.
Verdcllet, 340, 410.
Verdi, 87, 105, 280, 382.
Verger, 38, Cl, 80, 133, 159, 26S,
271, 313, 339, 410.
Verhulst, 319.
Verreyt (J.), 62.
Vervoitte (C), 102, 151, 157,173,
198, 318, 319, 372, 398, 406.
Viardot (Mme P.), 175, 183, 199,
Î71, 293, 374, 384.
Victor, 80, 314.
Viennet, 231,
Vieuxtemps, 37, 00, 70, 87, 207.
Vieyra (A.), 215.
Vilbac (R. de), 279, 295, 325,
334.
Villa, 37.
Villani, 21.5, 319.
Villaret, 92, 94, 124, 150, 183,
222, 389, 413.
Vitali (Mlle), 37, 63, 72, 118, 303.
Vivier, 76, 100, 130,
Vizcntini (A.), 13, 262, 286, 333.
Voggenhuber (Mme de), 79.
Vogt (Mlle A.), 141.
Vois, (E.), 412.
Vois (MllR A.), 42, 91.
Volpini (Mme) , 23, 47, 63, 72,
373, 399.
Vroye (de), 15, 247, 415.
W
Wachtel, 55, 316, 407.
Wagner (R.), 25, 37, 183. 205,
210, 293, 340, 397.
Waldteufel, 407.
Walewski (le comte) , 54, 246,
319.
Walter, 55.
Warnots, 166, 295, 398.
Warot, 14, 27, 37, 45, 150, 327,
332, 390, 397, 407, 415.
W<artel, 5, 410.
VVeber (C. M. de), 1, 138, 161,
179, 193, 217, 242, 257, 284,
306, 353, 387, 393, 401.
Wehii (J.), 95.
Wekerlin, 53.
Wertheimber (Mlle), 22,116, 236.
253
Wesley (le Dr.), 95.
Whist (Mme), 101.
White, 117, 141.
Widor (C.),175. Il, Si,
Wieniawski (H. et J.), 15, 335.
Wieprecht, 63, 118, 311, 327.
Wilden (Mlle), 116.
Wilder(V.),41, 164.
Wilhelmy, 23, 63.
Wilhelm-Massé (Mme), 102.
Winzweiler, 214.
Wittmann (H.), 414-
Wolff (Ë.), 37, 60, 70, 86, 87,
131, 150, 167.
Wolowski (B.), 7.
Worms (Mlle), 147.
Wugk (Mlle), 412.
Wuille, 94, 167.
Wurtemberg (le duc E de), 359.
Zabalza (A.), 62.
Zapater (Mlle R.), 390.
Zaytz, 39.
ZEllner (L. A.), 215.
Zenger (M.), 175, 263.
Ziua-Mérante (Mme), 13, 133.
TABLE ALPHABETIQUE DES REDACTEURS.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES BÉDACTEUBS.
Bannelier (Charles), 51, Ss», 130, IftS, 210, 233, 292,
Sao, i03.
Bernard (Paul), 57, 81, 121, 153, 177, 209, 253, 379,
385, 409, 412.
Bourges (Maurice), 51, 154.
Brlsson (Frédéric), 301.
Chavornay (Louis de), 36.
Cristal (Maurice), 17, 65, 73, 113, 129.
Elwart (A.), 157, 229.
Fétispère, 42, 75, 325, 381.
Fétis (Edouard), 25.
Gouzien (Armand), 3, 42, 59, 99, 106, 345.
Gray (Maurice), 33, 84, 97, 105, 137, 314.
Gruneisen (C.-L.), 237.
Kreutzer (Léon), 74.
Monter (Em. Mathieu de), 9, 90, 98, 99, 123, 140, 145,
146, 164, 180, 185, 220, 235, 250, 267, 289, 297, 329,
337, 369.
Noukomm (Edmond), 138, IGl, 179, 193, 217, 242, 284,
306, 363, 387, 393, 401.
Pongin (Arthur), 19, 68, 108, 156, 171, 181, 196, 203, 228,
243, 259, 265, 290, 299, 341, 3(|7, 363.
Rauze (Elias de), 313, 321, 330, 338, 355, 361, 377, 410.
Keyer (Ernest), 44.
Saint-Yves (D.-A.-D.), 12, 2b, 36, 52, 75, 91, 114, 132,
149, 172, 189, 213, 237, 245, 2G8, 277, 292, 308, 322,
339, 348, 372,396.
Sauvage (Thomas), 20, 49,66, 169, 195, 201, 211, 219,
226, 258.
Smith (Paul), 1.
Thurner (A.), 305, 315.
Article signé A. E., 148.
Article signé C. B., 99.
Arlicle signé C. D. G., 300.
Articles signés D., 5, 35, 41, 91, 122, 147, 148, 163, 178,
324, 346, 36-2, 380, 395, 411.
Article signé E. F., 19.
Articles signés E. R., 313, 378.
Article signé F., 332.
Article signé M. G., 315.
Articles signés M. M., 388, 411.
Article signé M. S., 230.
Article signé P. S., 12.
Article signé S., 293.
Articles signés S. D., 27, 236, 252.
Article signé X. X., 316.
MORCEAUX DE MUSIQUE DONNÉS COMME SUPPLÉMENTS DANS LE COURANT DE L'ANNÉE 1867
ATec le n° 1 ! (en primes) : le deuxième volume du
Répertoire de musique classique de
piano, par Stéphen Hellerj Album
Offenbach, pour chant.
Avec le n" 6 : Si vous n'avez rien à me dire, romance
nouvelle de Th. Palmer.
Avec le w 13 : L'Elude en fa mineur, de Mendelssohn.
Avec le n" 17 : Ida, rêverie pour le piano, par Mor-
tier de Fontaine.
Avec le n° 21 : Clicquol-polka , d'après Fleur de Thé,
de C. Lecocq, par L. Roques,
Avec le n» 25 : Le Message, mélodie caractéristique, de
J.-P. Goldberg.
Avec le n° 29 : Gavotte pour piano, par Ch. Lecocq.
Avec le n° 35 : Sonnet, prélude pour le piano, par Sté-
phen Heller.
Avec le n" 39 : Le chœur des Evéques, de l'Africaine,
transcription pour le piano, par J.
Baur.
Avec le n° 43 : La Lettre de la Périchole, dans le nou-
vel opéra d'Offenbach.
Avec le n° 48 : Kellogg-Valse, d'Arditi, arrangée pour
le piano par Roques.
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GAZETTE MUSICALE
DE PARIS
1868
PRIMES
1868
Offertes aux Abonnés de la Revue et Gazette musicale,
A l'occasion du renouvellement de l'année.
(33' ANNÉE DE soif existence)
PIANO
Le deuxième volume du
RÉPERTOIRE DE MUSIQUE CLASSIQUE DE PIANO
Contenant 22 morceaux de piano, composés par
1. Op. 24.
2. Op. 29.
3. Op. 42.
4. Op. 44.
5. Op 45.
6. Op. 49.
7. Op. 52.
8. Op. 33.
9. Op. 54.
10. Op. 56.
11. Op. 39.
Scherzo .
La Chasse.
Valse élégante.
Valse villageoise.
Valse sentimentale.
Quatre arabesques.
Vénitienne.
Tarentelle.
Fantaisie.
Sérénade.
Valse brillante.
Op. 60. —
Op. 73. —
Op. 73. —
Op. 73. —
Op. 81. —
Op. 81. —
Op. 81. —
Op. 81. —
Op. 81. —
Op. 81. —
Op. 81.—
Canzonetta.
Chantdu chasseur.
Adieu du soldat.
Chant du berceau.
Chanson de mai.
Rêverie.
Feu follet.
Arabesques.
Berceuse et deuil.
Sonnet.
Appassionato.
Vn volume, format in-S', de 200 pages.
CHANT
-; CONTENANT :
Roblnaon C^rQsaé : Si c'est aimer. -......: Romance.
Cirande-Dncliesae : Dites-lui Déclaration.
Violoneux (le) : Le violon brisé Mélodie.
Bavarda (les) : Chantons l'Espagne Brindisi.
IVait blancbe : La nuit du mystère Romance.
Cirande-Oocliesse : Pour épouser une princesse Chronique.
Bobinaon Craaoé : C'est un brun Ariette.
Ces primes sont à la disposition des anciens et nouveaux Abonnés.
SOMMAIRE. — Études sur Charles-Marie de Weber (deuxième partie, 8' article),
par Paul Smith. — Théâtre Lyrique impérial: la Jolie Fille de Perlh,
opéra en quatre actes et cinq tableaux, paroles de MM. de Saint -Georges et
Jules Adenis, musique de Georges Bizet, par Armand douzien. — Théâtre
des Menus-Plaisirs : Geneviève de Brabant, opéra-bouffe en trois actes et dix
tableaux, de MM. Hector Crémieux et Tréfeu, musique de J. Offeobach. —
Nouvelles des théâtres lyriques. — Nouvelles diverses. — Annonces.
ÉTUDES SUR GHÂRLES-fflÂRIE DE WEBER.
D'après la blograpble écrite par son flls.
SECONDE PARTIE.
VIII (1).
Malgré ce retour à d'anciennes habitudes de gaieté, de folie,
Weber n'en persistait pas moins dans sa résolution de quitter
Prague. Le bruit en vint jusqu'au bon Liebich, et le frappa au
cœur. Les larmes dans les yeux, il demanda à Weber si c'était
vrai, et, sur la réponse affirmative du jeune chef d'orchestre, il le
supplia de ne pas l'abandonner, avec une éloquence si touchante,
qu'il lui devint bien difficile de se montrer inflexible. Il y a même
des raisons de croire que Weber se serait laissé vaincre (au moins
pour une année encore) par les supplications de son vieil ami, si
une circonstance n'était venue le confirmer plus que jamais dans
son dessein . Un changement s'était opéré dans la présidence du
théâtre ; un mémoire avait été remis à Liebich par le nouveau
président, et Weber ne put y voir, sans surprise ni douleur, que,
tout en reconnaissant ses services, on y désapprouvait complète-
ment sa manière de conduire l'Opéra depuis l'année 1812. Dès
lors le parti qu'il avait pris de renoncer à son poste fut irrévo-
cable. A son tour il adressa à Liebich un mémoire, qui devait
être lu par des personnes plus haut placées que lui: il y donnait
le détail de tout ce qu'il avait fait dans l'intérêt du théâtre, au péril
de sa santé, de sa vie; il y défendait son honneur d'un ton simple
et modeste, mais comme un galant homme profondément blessé :
■ (1) Voir les n" 7, 17, 19, 24, 32, 44 et 47' de l'année 1867.
UEVUE ET GAZETTE MUSICALE
« Mes détracteurs, y disait-il, m'ont pris sans doute pour un second
» Prométhée musical; ils ont cru que je tirerais des chanteurs du
» limon de la terre ! » Immédiatement après ce mémoire, Weber
envoya sa démission, et cependant ne continua pas de remplir avec
moins de zèle et d'activité des fonctions auxquelles il avait sacrifié trois
des meilleures années de sa vie. Les opéras se succédaient l'un à
l'autre, et, dans le nombre, il fit jouer cette Athalie, de son ami
PoissI, dont les beautés l'avaient vivement frappé, et qu'il eut le
plaisir de voir approuvée par un public qu'il avait l'habitude
d'appeler le froid public. Il semblait que son zèle augmentât, de-
puis qu'il n'avait plus l'espoir d'en recueillir la récompense.
Au printemps de 1816, il fit relier avec élégance et richesse plu-
sieurs copies de sa cantate. Lutte et Victoire, pour les offrir à l'em-
pereur d'Autriche, au roi de Prusse, au prince régent d'Angleterre,
au roi de Hollande, de Saxe, Bavière et Danemark et à quelques autres
princes souverains. En l'envoyant au roi de Prusse, il lui demanda
l'autorisation de faire exécuter sa composition nouvelle ii l'Opéra
de Berlin, le 18 juin, pour l'anniversaire de Waterloo, au bénéfice
des soldats invalides. L'autorisation fut accordée, mais le comte
Briihl, chargé de la transmettre, l'était en même temps d'informer
Weber qu'il ne fallait plus penser à la position qu'il se flattait
toujours d'obtenir à Berlin. C'était Bernard Romberg qui allait
remplir la place vacante de directeur musical, et la cantate môme
était une des raisons qui éloignaient Weber du service de la
Prusse. Les conseillers qui entouraient le roi et le roi lui-même
n'étaient nullement tentés de s'attacher aucun de ceux qui avaient
quelque part à réclamer dans la grande œuvre de l'aiîranchissement
national.
Le S juin, Weber se remit en route pour Berlin, accompagné
du jeune pianiste Freytag, qui devait l'aider pour les répétitions
de sa cantate et qui était, après Jules Benedict, le meilleur de ses
élèves. A son passage à Dresde, il trouva une lettre du comte
Witzthun, grand écuyer du roi de Saxe, qui le priait de venir le
trouver à Pillnitz : il avait une communication à lui faire, une très-
belle tabatière en or à lui remettre, au nom du roi, en remercî-
ment de sa cantate. Il était alors bien loin de penser que cette
courte entrevue dût exercer sur sa destinée une si grande in-
fluence.
Il arriva le 9 juin à Bei'lin, où il retrouva l'affection de la
famille de son ami Meyerbeer, qui habitait alors une splendide
villa dans le Thiergarten, et qui était toujours prête à offrir
l'hospitalité à son bien-aimé Charles. Un soir, chez Gubitz, il re\it
ce personnage étrange, qu'il se souvenait d'avoir aperçu en 1811,
à Bamberg, à la lueur des éclairs ; c'était Hoffmann, l'auteur des
Contes fantastiques, qui venait d'écrire un ouvrage nouveau,
l'EHxir du Diable. Il le lui donna à lire, et qui réveilla en lui
l'envie de travailler à ses Voyages d'artiste. Quoique Weber ne dût
pas compter sur une position fixe à Berlin, il y était fort bien
traité à tout autre égard : un de ses plus grands désirs était d'ob-
tenir pour Caroline Brandt un engagement extraordinaire, à titre
d'Etoile, et le comte Brûhl, pour lui faire plaisir, se hâta d'ar-
ranger l'affaire. Mlle Brandt fut engagée pour jouer dans six rôles
différents, à raison d'un louis d'or par représentation, et c'était
pour l'époque un prix très-élevé : « Vous serez contente de votre
> commissionnaire, lui écrivait-il, et vous lui devrez un bon nom-
» bre de baisers extra pour son retour. » Weber était flatté de
voir sa réputation et son crédit grandir : « Tout va bien ici pour
» moi, écrivait-il encore ; les habitants de Prague finiront-ils par
» ouvrir les yeux, et verront-ils comment on honore un artiste? »
Les puissances théâtrales avaient cessé d'être hostiles à Weber :
protégé par Brûlil, il vit tous les obstacles s'abaisser devant lui.
Les répétitions de sa cantate commencèrent sans aucun empêche-
ment. La première donna une si haute idée de l'ouvrage entier à
tout l'orchestre, que chacun, de son côté, s'en alla colporter son
admiration et emboucher la trompette; à la seconde, on eut de la
peine à empêcher la foule des musiciens d'envahir la salle. La
dernière fut un véritable triomphe. L'orchestre et les chanteurs y
allaient d'enthousiasme ; à chaque pause, les musiciens et les
hommes influents se pressaient sur le théâtre, entouraient le mu-
sicien en témoignage d'admiration et de joie. Bernhard-Anselme
Weber, fidèle à sa vieille haine, voulut en vain détruire d'avance
l'effet du petit élève, en faisant exécuter quelques jours auparavant
la Bataille de Viltoria, de Beethoven : l'intention réussit mal, et
ne servit qu'à rendre plus désireux de savoir comment Weber
avait traité un sujet à peu près semblable.
La mauvaise étoile se montra encore un peu dans cette cir-
constance. De tels torrents de pluie tombèrent le soir même que
le théâtre ne fut rempli qu'à moitié. Weber en était d'autant plus
désolé que la recette avait une destination charitable. Briihl avait
fait de son mieux pour illuminer la salle et pour donner un air
de fête à toute la cérémonie, dont le résultat fut des plus saisis-
sants : (t D'aliord, écrit le lendemain Weber à Caroline, je dois
vous dire le brillant succès de la soirée d'hier. L'ouverture de
Bernhard Anselme fut jouée dans un silence solennel. Ensuite
vinrent mes chants patriotiques, la Chasse sauvage de Lutzow, qu'il
fallut répéter, — chose inouïe à l'Opéra de Berlin. Puis ma can-
tate, qui, admirablement exécutée par l'orchestre et les chanteurs,
excita un enthousiasme frénétique; à l'endroit où j'ai introduit,
après la bataille, le God save the King, j'ai cru que les bravos ne
finiraient pas. Le roi m'envoya directement le comte Brûhl pour
me dire qu'il avait été profondément ému, et qu'il désirait l'enten-
dre encore une fois. Ainsi, volens, nolens, me voilà forcé de rester
ici quelques jours de plus, et de recommencer la semaine pro-
chaine. Du reste, je ne puis douter du succès de la seconde exé-
cution, car l'admiration a été générale, on s'élançait de tous les
côtés sur le théâtre, et j'étais presque assommé par la violence de
mes admirateurs. »
Ce second concert, dont le succès semblait infaillible, fut cepen-
dant fort compromis par l'arrivée de Mme Catalani, qui menaçait
de tout envahir et de tout absorber. Il était certain qu'on ferait
des économies pour l'entendre. Il n'y eut qu'une voix pour con-
seiller à Weber de remettre son concert après celui de la célèbre
cantatrice; il ne voulut jamais y consentir, et son courage fut ré-
compensé. Mme Catalani put bien faire tort de 100 louis à sa re-
cette, mais les- applaudissements eurent quelque chose de formi-
dable, et il reçut une lettre de tous les chanteurs qui faisaient
partie du chœur, et qui renonçaient à la rémunération de leurs
services; ils se trouvaient assez payés par l'honneur, et désiraient
le témoigner. Il fut présenté à la reine de Hollande, qui le com-
bla d'éloges ; c'était à un concert donné par le prince Radziwill, où
de plus il eut le plaisir d'entendre Mme Catalani.
L'effet de ces deux concerts avait été si grand, et le roi de
Prusse se montra si aimable pour Weber dans son audience de
congé, qu'il croyait encore obtenir quelque titre officiel, comme
celui de compositeur de sa chambre. Weber n'avait jamais été
de ces artistes qui affectent de dédaigner les distinctions de ce
genre; au contraire il en reconnaissait la valeur et l'avantage ma-
tériel dans la société et dans les voyages. Un mémoire dans ce
sens fut présenté au roi par le comte Brûhl , mais les conclusions
en furent rejetées. Sans se décourager, Brûhl se flattait, tout au
moins, d'obtenir le titre purement honorifique de maître de cha-
pelle. On lui répondit par un refus plus formel encore : on ne
voulait rien accorder de ce qui pouvait éveiller des espérances
qui ne devaient pas se réaliser. Brûhl voulait insister, mais We-
ber ne le permit pas, et quitta Berlin, persuadé que les princes ne
feraient rien pour lui.
DE PARIS.
En revenant à Prague, il avait rc'solu de s'arrêter quelque temps
à Carlsbad, où il rencontra quelques amis. En passant par Leipzig,
on lui offrit la direction de l'Opéra de celle ville et dans les
meilleures conditions ; l'offre venait de Kulsner, le nouvel entre-
preneur; mais il était bien décidé à ne plus s'allaclier désormais
à aucun établissement fondé sur une spéculation particulière. Il
n'existe pas de renseignements positifs sur ce que Weber venait
faire à Carlsbad, mais la suite prouve qu'il avait entrepris ce
voyage, en conséquence de ce qui s'était passé entre lui et le comte
de Witzthun, lorsque ce dernier lui avait remis une tabatière de
la part de son souverain. Le grand maréchal, comte Henri Witzhun,
frère de celui-ci, était aloi's directeur royal du théâtre de Dresde, et
se trouvait à Carlsbad. Weber fut mis en communication immédiate
avec lui, sous le sini])le prétexte de l'engagement d'un chanteur,
mais il parait que l'idée lui était venue de s'assurer du jeune
maître de chapelle et de l'altaclier à l'Opéra allemand qu'il était
sur le point d'organiser à Dresde. Il écrivit de Carlsbad à son frère
l'offre qu'il avait faite à Weber et le grand désir qu'il avait de la lui
faire accepter, mais Weber hésita beaucoup sur la durée de l'enga-
gement; il résulte de plusieurs lettres qu'on finit par s'entendre
et convenir des termes d'un traité soumis à l'approbation royale.
Dans un passage d'une lettre du comte Henri à son frère, les
avantages de la fondation d'un théâtre allemand sont ainsi mis en
relief : « C'est maintenant le sentiment général des musiciens et
des artistes que la Saxe doit profiter de sa position exceptionnelle
pour la culture des arts et des sciences, puisque toute espérance
d'autre gloire est à jamais perdue. De toutes les villes, c'est la
plus riche en trésors de l'art, celle qui offre l'aspect le plus sédui-
sant; elle peut devenir un foyer intellectuel, une espèce d'arène où
les grands esprits du jour se disputent la palme d'honneur et atti-
rent l'attention de l'Europe entière. » Pendant les négociations
avec le comte Witzthun, Weber eut le temps de jouir des eaux
bienfaisantes du pays et de la société la plus élevée. Ce ne fut
qu'à Prague que se conclurent les arrangements qui lui ouvrirent
une perspective nouvelle.
A son retour, il trouva les affaires du théâtre dans le plus triste
état : le pauvre ^ieux Liebich, papa Liebich, comme on l'appelait
toujours, était entré dans la dernière période du mal dont il souf-
frait si longtemps ; il était étendu sur le lit d'où il ne devait plus
se relever. Ou attendait sa mort en même temps que la fin de
l'engagement de Weber et le théâtre allait perdre ses deux meil-
leurs soutiens. Mme Liebich, qui remplaçait son mari malade,
était peu aimée, à cause de son cai'actère et de ses manières impé-
rieuses. Jusqu'à ce que la direction pût être remise à un successeur,
tout reposait sur Weber, qu'on accusa bien à tort de négliger les
fonctions qu'il allait bientôt quitter. On étudiait les opéras, on les
jouait avec autant d'activité que jamais. Pour rendre à celui qui
viendrait après lui la tâche plus facile, il mit en ordre les archives
de l'Opéra, dressa des catalogues de la mise en scène, des costumes,
décors, et de ce qui appartenait à chaque pièce avec des l'emarques
et observations sur ce qui convenait à la nature et au goiit du
public de Prague. Ce fut avec une conscience parfaitement nette
qu'il quitta son poste après plusieurs années, mais ce ne fut
pas sans chagrin qu'il se démit de ses pouvoirs entre les mains
de la directrice et qu'il fit ses adieux à sou vieil ami Liebich, déjà
trop affaibli pour rien sentir et comprendre. La troupe entière en-
tourait la voiture dans laquelle il monta le 7 octobre, emmenant
Caroline, qui allait remplir à Berlin l'engagement qu'il lui avait
préparé.
Il y eut un parfait contraste entre ses adieux à Prague et sa
réception à Berlin; il y arrivait avec sa bien-aimée, avec celle qui
devait être bientôt sa femme, et dans le grand monde de Berlin
il la présentait déjà comme sa fiancée. CaroUne produisit partout i
l'impression la plus favorable par la grâce et par la finesse de son
esprit. Au théâtre elle ne réussit pas moins; en peu de jours on
ne parla que du talent et des charmes de Caroline. Jamais enga-
gement d'étoile n'avait obtenu un pareil succès.
Caroline Brandt quitta Berlin le 7 novembre pour aller donner
quelques représentations à Dresde, tandis que le comte Witzthun
ne cessait de s'occuper de l'engagement de Weber pour la créa-
tion d'un Opéra allemand dans cette ville; il avait à lutter contre
le ministre , comte Einsiedel, qui d'abord lui avait répondu que
c'était une affaire trop peu mûre pour songer à engager un chef
d'orchestre. Witzthun n'était pas homme à se laisser abattre ni
détourner ; il produisit mémoires sur mémoires. Enfin la question
se réduisit à celle du traitement, et l'on voulut que l'engagement
ne fut que d'une année : Weber y consentit, tout en protestant
que, sans sécurité pour l'avenir, il lui serait impossible d'obtenir
quelque résultat important.
Le matin du jour de Noël 1816, Weber reçut le brevet de sa
nomination. En même temps deux boites renfermant des cadeaux
de Noël lui étaient remises, l'une contenant une bague, de la part
du roi de Hanovre, l'autre une tabatière de la part du roi de Ba-
vière. « Je regardai longtemps la lettre du comte Witzthun, sans
oser l'ouvrir, écrivait-il à sa bien-aimée ; était-ce de la joie? était-
ce du chagrin? Enfin je pris courage. C'était de la joie. Alors je
courus chez tous mes amis, qui m'accueillirent en riant et sa-
luèrent profondément le royal maître de chapelle. Je dois main-
tenant me conformer moi-même au style de la cour. Peut-être
devrai-je porter une perruque, pour plaire aux gens de Dresde?
Qu'en pensez-vous? Toujours est-il que je réclame un baiser extra
pour cette bonne nouvelle. »
Ainsi, peu de temps après son mariage résolu, Weber trouvait
une position qui lui permettait d'assurer à sa compagne chérie
bonheur et distinction.
Paul SMITH.
{La suite prochainement.)
THEATRE LYRIQUE ïlttPÉRIÂl.
Mj/k aOLIE FILiIii; DE PERTH,
Opéra en quatre actes et cinq tableaux, paroles de MIL de Saint-
Georges et Jules Adenis, musique de M. Georges Bizet.
(Première représentation le 26 décembre 1867.)
De tous les emprunts, dérangements, mutilations auxquels se
sont livrés depuis quelque temps les librettistes, à bout de scé-
narios : les uns, empruntant à Wilhelm Meister un épisode pour
habiller Mignon; les autres, dérangeant une des Chroniques de la
Canongate pour en créer Deborah, — paix à sa tombe ! — ceux-ci,
prenant à Shakspeare trois duos d'amour pour en composer cinq
actes, et assez heureux pour se faire absoudre entièrement par
Gounod; ceux-là, étirant jusqu'à ce qu'elle se brise pitoyablement,
tiraillée encore par le musicien, une ^simple ballade d'Hugo; de
tous ces livrets pris dans Goethe, dans Walter Scott, dans Shakspeare
ou dans Victor Hugo, aucun ne se rapproche moins de son ori-
gine que celui de la Jolie Fille de Perth. En vérité, il eût été dé-
raisonnable de chercher aux librettistes une querelle de critique
si, débaptisant leurs personnages et leur pièce, ils en avaient
simplement accepté la paternité tout entière : la part que Walter
Scott a dans ce livret est fort modeste, il en est tout au plus le
parrain.
Nous ne pouvons donc cette fois, pour nous épargner l'ana-
lyse de la pièce, renvoyer le lecteur à l'œuvre dans laquelle
REVUE ET GAZETTE MUSICALE
elle a été puisée; il nous faut, pour être le consciencieux rappor-
teur de celte première représentation, — la seule qui ait vraiment
réussi au théâtre Lyrique depuis Roméo et Juliette, — prendre le
parti d'en condenser en quelques lignes le sujet.
L'armurier Henri Smith aime la fille du gantier Glover; une
fleur d'or offerte par lui à Catherine est le gage d'espérance ac-
cepté par la jolie fille de Perth ; mais, un jour, la fiancée a ren-
contré chez Smith une bohémienne que celui-ci avait arrachée
aux insuites delà foule; sous l'influence d'un soupçon jaloux, elle
lui rend la fleur des fiançailles, et, pour éveiller aussi la jalousie
de Smith, elle profite de l'entrée d'un jeune seigneur pour feindre
d'accepter de lui un rendez-vous.
Au second acte, le carnaval joyeux ébranle ses chariots enguir-
landés, fait sonner les grelots de ses marottes et couler à longs
flots le wisky d'Ecosse dans les tavernes de Perth. Le jeune sei-
gneur, qui n'est autre que le gouverneur de la ville, préside à la
mascarade; elle passe, bruyante et tumultueuse; le majordome
seul guette la belle Catherine pour la conduire au rendez-vous.
Un domino sort de la maison de Glover et le suit. Ralph, l'ap-
prenti, a tout vu et court appeler Smitli pour arracher la fille de
son maître au déshonneur.
Le domino mystérieux s'est glissé au milieu du bal masqué
donné par le gouverneur, et, sous le masque, l'incognito de la bo-
hémienne, — car c'est elle qui a pris la place de Catherine Glo-
ver, — sera respecté. Après quelques madrigaux échangés, la ru-
sée s'esquive, mais en laissant imprudemment aux mains du duc
la fleur d'or qu'elle gardait à la ceinture, afin de la rendre bientôt
à la jolie fille de Perth apaisée. Smith aussi a pénétré dans le pa-
lais et s'est soustrait aux regards. Le jour venu, le duc a reçu
en audience Glover, que sa fille a voulu accompagner, et c'est alors
que l'armurier se montre. Ralph disait donc vrai ; tout accable la
malheureuse fille : sa présence à cette heure matinale chez le gou-
verneur, la fleur d'or que le duc porte à son pourpoint ! Le violent
Smith n'écoute point Catherine et maudit celle qu'il nommait
sa fiancée. Ralph seul a cru à la sincérité de celle qu'il aime aussi
en secret, et il propose de se soumettre au jugement de Dieu
en provoquant l'armurier. Mais celui-ci, le lendemain, avant
l'heure du combat, a revu Catherine, mourante et désolée, et, mieux
que l'indignation, les larmes de la jeune tille l'ont convaincu de
sou innocence. Cruelle alternative! s'il meurt dans le combat, l'hon-
neur de celle qu'il aime est sauf; s'il est vainqueur, Dieu affirme
ainsi le déshonneur de Catherine. Les librettistes savent seuls dé-
nouer ces situations gordiennes. Ce coup terrible frappera la raison
de la pauvre fille, mais, le jour de la Saint-Valentin, on improvi-
sera une scène où la bohémienne, prenant encore la place de Ca-
therine, jouera le rôle de Valentine et Smith celui de Valentin.
La vue de cette scène réveillera les souvenirs de la fille de Glover, et
la fleur d'or reconquise par le duc reprendra sa place au corsage
de la jolie fille de Perth, qui épousera enfin son fiancé ! Tout cela
est bien un peu naïf et décousu, mais il y a des situations heu-
reuses pour le musicien dans ce libretto et il a su en profiter.
M. Georges Bizet, que l'honorable succès des Pêcheurs de perles
avait placé au rang des compositeurs sur lesquels l'avenir devait
compter, a écrit sur ce poëme une partition qui tient toutes les
promesses de ses débuts au théâtre. En raison même du cas que
nous faisons de son talent, nous devions, en examinant l'œuvre
qui nous occupe, critiquer ce qui nous a semblé le moins digne
des qualités dont il a fait abondamment preuve dans la Jolie Fille
de Perth : c'est envei's ceux sur lesquels l'art fonde de réelles
espérances que la critique a le devoir de se montrer d'une impar-
tialité plus sévère. Nous aurons assez d'éloges à faire par la suite
pour commencer cette appréciation rapide par un reproche qui
n'accuse d'ailleurs que la mémoire surprise du compositeur : le
motif, qui est comme une préface déclamée par les violoncelles
dans l'introduction, est vraiment trop parent d'une phrase célèbre
de Gounod; d'ailleurs elle ne se montre que tout juste le temps
de se faire reconnaître au passage, et les développements qui la
suivent sont absolument affranchis de toute ressemblance volon-
taire.
Le chœur des armuriers est d'une carrure extrême ; si le nombre
des ténors avait été doublé et s'ils avaient franchement attaqué la
deuxième phrase syncopée en la bémol, ce chœur eût produit un
grand effet; il est très-ingénieusement orchestré. La phrase de
Smith qui l'interrompt :
Ce soir, amis, c'est grande fête...
est d'une grande franchise et d'un bon effet reprise par le chœur.
Il faut surtout citer dans cet acte, qui a été moins goûté que
les autres, deux quatuors très-habilement étudiés ; le second
surtout, — qui précède le finale, — est une des bonnes pages de la
partition ; les voix y sont adroitement groupées et le rhythme qui
domine le morceau est des plus heureux.
Citons aussi dans cet acte un air de Catherine ;
Vive l'hiver et vive son cortège !
qui est, en réalité, fort original. — Dans le duo d'amour, qui nous
a paru inégal (est-ce la faute des exécutants qui ont montré plu-
sieurs fois de l'indécision?) nous avons remarqué un ensemble
où le soprano brode sur le chant simple du ténor une charmante
arabesque.
Le second acte a été accueilli avec une grande faveur ; il faut à
peu près signaler tous les morceaux qui le composent; la ronde de
nuit n'a guère été goûtée ; un jeu de scène oblige les bourgeois
peureux qui, sous la conduite du père Glover, font la police noc-
turne des rues de Perth, à trembler de tous leurs membres à
chaque alarme nouvelle, un nuage qui passe, un fanal qui s'éteint,
un rat qui rentre dans son trou ; or comme cette faiblesse armée
est couverte d'armures préservatrices, il en résulte à chacun de
ses mouvements de terreur un bruit de ferraille qui domiue les
voix et l'orchestre.
Après un chœur de masques, le morceau qui a enlevé tous les
suffrages, c'est la danse bohémienne, d'une allure, d'un caractère
vraiment étranges : la harpe détache son pizzicato clair, pendant
que la flûte brode un motif très-rhythmé d'une délicieuse mono-
tonie ; peu à peu les instruments divers s'enlacent dans ce motif
principal, le crescendo éclate enfin en tutti brillant en si majeur. Le
motif du tutti passe ensuite, légèrement transformé dans son rhythme,
aux bassons; cette ingénieuse transformation a bien certainement
échappé aux plus attentifs, grâce à la violence avec laquelle a
été battu le trille qui le domine. Au lieu d'un détail ingénieux,
il en est résulté une grande confusion. Cette petite tache d'exécu-
tion a été effacée par la fin de la danse, à laquelle se mêlent
quelques notes du chœur ; on a bissé ce très-piquant morceau.
Il eût fallu plus de finesse et d'intention que n'y en a mis
Mlle Ducasse pour faire valoir ses couplets :
Les seigneurs de la cour...
d<mt elle précipite trop la fin; il y a de charmants dessins de
violons sur les tenues, qui terminent chaque membre de phrase
de la mélodie.
Nous n'aimons pas beaucoup le motif de la sérénade de Smith :
il n'a pas l'originalité que nous eussions voulu rencontrer après
cette danse de bohémiens , si pittoresque, et, sans le soin de l'ac-
compagnement qui, chez les musiciens du savoir de M. Bizet,
sauve souvent bien des défaillances d'inspiration, ce morceau ne
nous eût laissé nul souvenir.
Mais, en revanche, nous n'aurons que des éloges pour l'air de
Ralph; cela est d'une étrangeté toute particulière, et la difficulté
DE PARIS.
de ce récit entrecoupé a été vaincue très-habilement ; le cri de
désespoir de Ralph :
Hé! l'hôtesse, mon flacon.
Que j'y laisse ma raison !
rendu, il faut le dire, avec un véritable sentiment dramatique par
M. Lutz, a fait éclater toute la salle en applaudissements prolongés.
Le morceau capital du troisième acte n'a pas été compris
comme il devait l'être par le public de la première représentation;
nous avons à en accuser encore une certaine indécision des exécu-
tants, indécision assez facile à concevoir; ce morceau, en ett'et (duo
entre le duc et Mab), est accompagné par l'orchestre de danse
jouant un menuet dans la coulisse. Cet accompagnement, très-pi-
quant, oîi flûte et violon se mêlent harmonieusement dans le même
motif, troublait peut-être les chanteurs qui quelquefois perdaient
la mesure ; quand ce duo sera bien exécuté, il produira un effet
très-original, car la franchise de la mélodie chantée n'est nulle-
ment contrariée par celle qui se joue dans la coulisse.
Enfin, le finale dramatique de cet acte a révélé chez IVI. Bizet,
d'une façon décisive, une véritable habileté scénique, qualité
rare et précieuse sur laquelle il nous est permis de fonder pour
l'avenir de l'auteur de la Jolie Fille de Perih de très-légitimes es-
pérances.
Le chœur de la provocation, au quatrième acte , est franc, mais
la scène du démenti ne nous a pas paru assez énergique. Il y a
des phrases pleines de charme et de tendresse dans le duo qui
suit cette scène, entre autres la phrase en vii bémol, à trois
temps :
beaux rêves d'or !
souvenirs de mon enfance !
La fête de la Sainte-Valentin vient égayer le dernier tableau,
assombri un moment par la scène de folie de Catherine, oiî nous
avons remarqué surtout un accompagnement d'une oppression dou-
loureuse, tout à fait en situation. Un motif du second acte, repris
tour à tour par Smith et par Catherine, conduit au finale ; celui-ci
clôt dignement cette partition, qui permettra au théâtre Lyrique,
grâce au succès qu'elle aura certainement, de préparer à loisir ses
nouveautés, auxquelles la Jolie Fille de Perth fera de charmants
lendemains.
La débutante, Mlle Devriès, a une très-jolie voix, facile, se
jouant de la difficulté, et l'on ne peut refuser à la jeune artiste
beaucoup de bonne volonté et un grand instinct du théâtre, encore
mal servi peut-être par la nature un peu saccadée de son jeu.
L'étude en fera, sans doute, une artiste qui rendra de réels ser-
vices au théâtre Lyrique dans des rôles plus importants que celui
de Catherine Glover.
MM. Barré et Massy jouent et chantent convenablement les rôles
du duc et de l'armurier; M. Warlel ne s écoute pas assez, ce qui
fait qu'on entend trop certaines notes passant trop facilement à
côté du ton. Mlle Ducasse joue avec intelligence le rôle de la bo-
hémienne; mais le succès a été pour M. Lutz qui a chanté, d'une
manière fort remarquable, son air très-difficile du deuxième acte.
La pièce nouvelle méritait mieux , comme mise en scène : nous
y avons revu, sur le dos des seigneurs et des grandes dames de
la cour du duc de Rothsay, des pourpres, des brocarts et des
hermines qui ont depuis longtemps acquis des droits à la retraite
pour ancienneté de service.
A part la légère critique que nous avons faite à propos d'un
trille trop forcé dans la danse bohémienne, l'orchestre ne mérite
que des éloges pour la façon dont il a su faire ressortir l'orches-
tration très-habile et très-touffue de M. Georges Bizet.
L'auteur de la Jolie Fille de Perth vient, par le succès de son
ouvrage , de prendre l'engagement, vis-à-vis du public, de le faire
bientôt juge d'une œuvre nouvelle qui pourra le placer d'une
manière décisive au rang des compositeurs éminents de l'école
française contemporaine.
Armand GOUZIEN.
THÉÂTRE DES HENnS-PLUSIRS.
«ENEVIÉVE DE BRAUANT,
Opéra-bouffe en trois actes et dix tableaux, de MM. Hector
Crémieux et Tréfeu, musique de J. Offenbach.
(Première représentation le 26 décembre 1867.)
Lorsque la première Geneviève de Brabant fut représentée aux
Bouffes-Parisiens en 1859, ce théâtre était alors à l'apogée de son
succès. La pièce était magnifiquement montée; elle avait pour
principaux interprèles Désiré, Léonce, Mlle Lise Tautin et la belle
Mlle Maréchal dans le rôle de Geneviève. Offenbach y avait pro-
digué de charmants motifs, dont quelques-uns sont restés célèbres.
Et cependant tous ces éléments favorables ne purent lutter contre
l'indifférence du public. La faute en était évidemment aux au-
teurs des paroles, qui avaient fait fausse route en poussant la fan-
taisie au delà des limites permises, même dans un genre où l'on
permet tant do choses.
La musique d'Offenbach méritait de survivre à ce naufrage;
aussi doit-on savoir gré au petit théâtre des Menus-Plaisirs de la
tentative qu'il vient de faire en ce sens et des sacrifices de toute
espèce qu'il y a consacrés. Avant tout, il fallait remanier l'ouvrage
de MM. Jainie fils et Tréfeu. C'est M. Hector Crémieux, l'un des
auteurs de Robinson Crusoé, qui a entrepris cette tâche, et il faut
convenir qu'il était difficile de s'en mieux acquitter. Nous ne lui
reprocherons, surtout dans la première partie, que certaines lon-
gueurs qu'on peut aisément faire disparaître. Mais, en revanche, il
a introduit dans l'économie de la pièce deux créations nouvelles,
qui lui ont donné le ressort qu'elle n'avait pas. C'est d'abord l'in-
tervention du page Drogan dans les aventures de Geneviève, dont
il se fait le protecteur, et puis l'action épisodique des deux gens-
d'armes indiqués par la complainte, et qu'on avait maladroitement
oubliés dans l'opérette des Bouffes-Parisiens. Ces deux gens-d'ar-
mes, parfaitement joués par MM. Ginet et Gabel, sont tout simple-
ment le moyen d'attraction le plus certain de la Geneviève des
Menus-Plaisirs ; ils deviendront légendaires comme leurs confrères
de Gustave Nadaud.
Hâtous-nous d'ajouter que la partition d'Offenbach, revue et
considérablement augmentée, n'aura pas une médiocre influence
sur le succès qui se dessine en ce moment dans de très-vastes pro-
portions. Nous y avons retrouvé avec plaisir les couplets drola-
tiques de la Poule sur un mur, la gracieuse sérénade : Ohé! de
la fenêtre, ohél la chanson de Charles Martel, et le fameux finale :
Le clairon qui senne, encore dans la mémoire de tout le monde.
L'autre soir, en l'entendant, les spectateurs n'ont pas pu se dé-
fendre d'un enthousiasme frénétique, et il a fallu relever le rideau
pour le redire en entier.
Parmi les nouveaux morceaux d'Offenbach, il y en a. plusieurs
qui ont provoqué de légitimes bravos, notamment la chanson du
pâtissier, le très-joli trio de femmes : Chérubin, qu'il a l'air doux !
les couplets du page, au sixième tableau, la scène de l'ermite et,
en première ligne, les couplets des deux gens d'armes, qui sont très-
bien réussis, et qu'on a eu raison de faire bisser.
Le rôle du page Drogan, la cheville ouvrière de l'ouvrage, est
joué et chanté par Mlle Zulma Boufifar avec un brio, avec une
facilité que n'ont pas même effleurés les trois cents représentations
consécutives de la Vie Parisienne, dont elle sort à peine.
REVUE ET GAZIiTTE MUSICALE
Mlle Baudier n'a pas, à beaucoup près, le charme de Mlle Ma-
réchal sous les traits de Geneviève; mais elle chante avec goût.
Mme de Brigny-Varney, dans yon rôle de soubrette, t'ait preuve de
vivacité piquante et vocalise agréablement.
Gourdon, que nous avons souvent applaudi aux Fantaisies-
Parisiennes, tire un excellent parti du rôle de Siffroid ; Daniel Bac
fait tout ce qu'il peut de celui de Golo; quant à Lesage, qui re-
présente Charles Martel, nous n'avons pas reconnu en lui l'ancien
baryton du théâtre Lyrique.
Une mise en scène brillante, de riches costumes, un intermède
de danse, avec Mlle Battagliri, des chants tyroliens, exécutés par
la famille Martens, qu'on a tant entendue, cet été, à l'Alcazar des
Champs-Elysées, d'intelligents artistes secondaires, un essaim de
jolies femmes dans les petits rôles et, enfin, un bon orchestre, con-
duit avec verve par M. BouUard, \oilà certes plus qu'il n'en faut
pour aider à rendre plusieurs lois centenaire la nouvelle Geneviève
de Brabant de l'heureux et universel maestro Jacques Offenbach.
D.
Une indisposition de notre collaborateur M. Mathieu de Monter
nous force de renvoyer, à dimanche prochain , notre Revue habi-
tuelle de l'année écoulée.
NOUVELLES DES THËÀTBES LYRIQUES.
^*^ Ou a donné lundi au théâtre impérial de l'Opéra Guillaume Tell.
— Une indisposition de Faure a fait changer mercredi le spectacle ; on
a représenté Robert le Diable et vendredi le Trouvère et la Source.
^*^ Mme Marie Sass est engagée, pour le mois d'avril, au théâtre de
la Monnaie, à Bruxelles. — Elle chantait la semaine dernière, au théâtre
d'Anvers, le rôle de Valentine, des Huguenots; elle y a été applaudie
avec enthousiasme.
^*^ Toujours salle comble à l'Opéra-Comique avec Robinson Crusoé.
^*^ Mlle Brunet-Lafleur répète en ce moment le rôle de Carlo dans
la Part du Diable., qu'on va reprendre au théâtre de l'Opéra-Comique.
,(:.*» La direction de ce théâtre vient de renouveler les engagements
de Mlle Cico et de Potel.
^% Par son jugement rendu vendredi, la Cour impériale a infirmé ce-
lui du Tribunal civil qui avait autori-é Mme Monbelli (Mme Crémieux) à
s'engager comme cantatrice au théâtre de l'Opéra-Comique.
^*^ Marta a de nouveau été donnée hier au théâtre Italien, avec Mlle
Harris qui s'y fait de plus en plus applaudir. — On annonce, pour la
semaine prochaine, la Gazsa ladra avec Adelina Patti.
^** Le théâtre Lyrique annonce , pour mardi , la reprise de la Fan-
chonnette .
^** La direction de l'Athénée a engagé Mlle Moya, une jeune et
charmante personne qui joua, il y a deux ans, aux Italiens dans le Ballo
et la Sonnambiila, et trouva moyen de se faire applaudir à côté d'Ade-
lina Patti. — On parle aussi de l'engagement de Désiré à ce théâtre.
5^** VAfrieaine poursuit à Nice le cours de ses brillantes représenta-
tions. Genibrel qui vient de faire ses débuts au Grand-Théâtre, et Mlle de
Rionnelle y ont été l'objet de bravos et de rappels enthousiastes; ces
deux artistes n'ont pas eu moins de succès dans Robert le Diable. Le
rôle d'Alice a été un nouveau triomphe pour Mlle de Rionnelle qui, après
l'air du premier acte, la scène de la croix et le trio sans accompagne-
ment, a été applaudie à tout rompre. — Quelques jours après, dans un
rôle tout à fait opposé, celui de Rose Friquet dans les Dragons de Vil-
lars, la jeune artiste a donné une preuve non moins heureuse de la
flexibilité de son chant et de son talent de comédienne. Elle a été rap-
pelée plusieurs fois.
„;** Le Grand-Théâtre de Lyon fait de magnifiques recettes avec
l'Africaine. Les étrangers de passage dans cette ville abondent aux belles
places et rendent à la salle la physionomie caractéristique des soirées de
l'Africaine de l'an passé.
^*^ Les journaux de Lisbonne constatent unanimement et en termes en-
thousiastes le succès de Mongini dans les Huguenots et la Sonnambula.
**5f On nous écrit de Saint-Pétersbourg que Fausto vient d'être repré-
senté au théâtre Italien avec Mme Pauline Lucca, qui a été admirable
dans le rôle de Marguerite. Mario s'est relevé, dans celui de Fausto, de
l'échec qu'il avait subi à son début dans il Barbiere; toutefois, une dé-
pêche a été envoyée à Tambcrlick pour l'inviter à revenir s'il était dis-
ponil)le.
**„j La construction de nouveau -i théâtres étant à l'ordre du jour, —
le moment viendra où il faudra construire des spectateurs! — on prête
à M. de Salamanca le projet d'édifier sur le boulevard Haussmann une
scène spécialement affectée à l'exploitation du genre dramatique et bouffe
italien .
^''ij: Les abords du nouvel Opéra sont complètement régularisés, et les
rues qui entourent l'édifice en construction portent définitivement, par
décret spécial, les noms de Meyerbeer, Halévy, Scribe et Gluck. Le nom
de Mozart a été donné à une avenue conduisant de la Muette à Auteuil.
^*,i, Toujours même affluence aux bals masqués de l'Opéra. Ce résultat
est particulièrement dû à l'orchestre de Strauss, qui exécute avec un
entrain diabolique les morceaux de l'album composé par son habile chef.
NOUVELLES DIVERSES.
^% M. le général Mellinet a nommé, par un arrêté récent, M. Emile
Jonas, inspecteur général des corps de musique de la garde nationale de
la Seine; M. Jancourt, l'éminent basson solo de la Société des concerts
du Conservatoire, capitaine de musique de la cinquième subdivision, en
remplacement de M. Forestier, décédé; M. Thibaut, l'excellent chef de
la fanfare des cuirassiers de la Garde, licenciée, capitaine de musique de
la deuxième subdivision, en remplacement de M. E. Jonas.
^*» La Société des Concerts du Conservatoire donne aujourd'hui di-
manche, à 2 heures, son troisième concert, dirigé par Georges Hainl. En
voici le programme : 1" symphonie en la, de Beethoven ; — 2° chœur de
Psijclié, d'Ambroise Thomas; — 3° concerto en ré mineur pour piano, de
Mozart (exécuté par Mme Tardieu de Malleville); — A" air de Slratouice,
de Méhul (cliauté par M, VVarot); — 5° marcliedu Tannhauser (chœur),
de Wagner.
jt(t Aujourd'liui, à 2 lieures, au cirque Napoléon, dixième concert
populaire de musique classique, sous la direction de J. Pasdeloup. On y
entendra : J" ouverture de Fidelio, en mi majeur, de Beethoven; —
2° symphonie en mi bémol, n° 53, de Haydn (introduction, allegro,
adagio, menuet, finale, adagio), de Gnunod; — 3° concerto pour violon,
de Léonard (exécuté par l'auteur) ; — A" ouverture {la Mer calme), pre-
mière audition, de Mendelssohn ; — S° Imitation à la Fofcc (orcliestrée
par Berlioz), de Weber.
,ll*^, La seconde matinée de Mme Pierson-Bodin a eu lieu dimanche der-
nier en présence d'un nombreux auditoire. Outre le délicieux chanteur
Pagans, don! le succès a été immense, on a vivement applaudi dans la
partie instrumentale une sonate de Beethoven, exécutée par Mme Pierson-
Bodin et M. Hammer, et un très-beau- trio de Mme Farrenc pour piano,
clarinette et violoncelle, dont l'adagio a surtout produit une grande impres-
sion. Ajoutons que Mme Pierson, MM. Ruse et Alfred Marx ont grandement
contribué à son succès. Des variations de Beethoven, exécutées par Mme
Chopard-Chassant, un solo de violon par M. Hammer, et une fantaisie
sur la Juive par M. A. Marx, ont tour à tour ému et charmé l'auditoire.
Enfin, les belles variations de Weber pour piano et clarinette ont été
brillamment enlevées par Mme Chopard et M. Rose. Mentionnons, en
terminant, un air italien chanté avec beaucoup de charme par Mlle C.
M***, et une pièce de vers dite d'une manière ravissante par Mme Ar-
mand-Richault.
^*^ La Société centrale d'éducation et d'assistance pour les sourds-
muets de France donnera, le 18 de ce mois, salle Herz, une grande
soirée musicale et dramatique à laquelle Mlles Battu et Favart, MM.
Delle-Sedie, Delaunay, Leroy, Werroust, Saint-Saëns, etc., prêteront
leur concours.
»** Nous disions dans notre dernier numéro que Ulmann avait eu
l'heureuse idée de s'attacher Seligmann pour sa prochaine tournée; nous
apprenons qu'il a eu également la bonne fortune de décider Ed. Wolff
à faire partie de son personnel d'artistes. C'est là certes un excellent
choix, car des morceaux exécutés par Wolff et Yieuxtemps ne peuvent
manquer d'attirer la foule et de la passionner.
^*t A une très-belle soirée donnée la semaine dernière chez M. et
Mme Garfounkel, où chantaient plusieurs artistes du théâtre Italien et
du théâtre Lyrique, Seligmann s'est fait applaudir avec enthousiasme en
jouant, avec ce sentiment profond qui caractérise le talent du célèbre
violoncelliste, la Kouitra, morceau de sa composition, et VEloge des larmes
de Schubert.
^*ji: Sivori vient d'arriver à Paris.
ai*5R- M. Joseph Servais marche brillamment sur les traces de son père;
il vient de recevoir au Cercle philharmonique de Bordeaux, qui l'avait
engagé, l'accueil le plus sympathique. Des bravos enthousiastes ont, à
plusieurs reprises, salué divers morceaux de la composition du célèbre
défunt exécutés par son fils avec une vigueur d'archet, une puissance de
son, un sentiment exquis qui rappelaient étonnamment à l'auditoire le
talent de celui qu'ils avaient si souvent applaudi.
DJi PAKIS
^""^ Mme Farrenp nous écrit pour rectifier une allégation de la France
musicale, relative k une jeune pianiste de beaucoup de talent, Mlle Cœvoel,
qui s'est l'ait entendre la semaine dernière dans une matinée musicale
de Mme Pellereau. Mme Farrenc rappelle que l'honneur de l'avoir
formée n'appartient pas à Mme Escudier Kastner, dont elle a pu rece-
voir quelques conseils, mais à Mme Pellereau d'abord, et au Conserva-
toire ensuite, où elle a suivi successivement les classes de Mme Maucorps,
de Baillot, pour l'accompagnement, et la classe de Mme Farrenc elle-
même, d'où elle est sortie en remportant avec éclat un premier prix de
piano.
51;-*, Un jugement rendu par la Cour impériale de Rennes, dans un
procès intenté par Rossini, Plantade, Haas, etc., conjointement avec la
Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique, vient de confir-
mer encore une fois la jurisprudence adoptée par les tribunaux, à savoir
que : " les compositeurs de musique, leurs héritiers et représentants ont
le droit d'empêcher que des morceaux leur appartenant et non encore
tombés dans le domaine public soient exécutés publiquement, sans leur
autorisation formelle et préalable. » Pareil procès a été intenté à la
Société des eaux de Dinan.
.^.% L'Ami des Arts, dont nous avons déjà annoncé la fondation, vient
de paraître sous la direction de M. Bronislas Wolowski. Voici le som-
maire de son premier numéro: une Causerie de M. Henry Maret (rédac-
teur en chefj; un-. Lettre de M. Francisque Sarcey; la Femme et les
Beaux-Arts, par M. Oscar Comettant; Victor Jacquemont, par M. Jules
Levallois; Beethoven, par M.-J. Weber; les Echos de Paris, par M. Emile
Blavet, et les comptes rendus des premières représentations par MM. B.
Wolowski, Félix Jahyer et Charles Giquel, etc.. etc. M. Francisque Sar-
cey publiera dans l'Ami des Arts des portraits d'artistes dramatiques qui
auront un succès égal à tout ce qui est sorti de la plume de ce critique,
un des plus justement estimés de nos écrivains contemporains. M. Albert
Vizentini fera dans l'Ami des Arts les bruits des coulisses. — M. B. Wo-
lowski, voulant se consacrer tout entier au journal, a chargé de la di-
rection de son Agence des concerts son frère cadet, M. Ladislas Wolowski.
Bonne chance et bonne réussite à notre nouveau confrère.
,f't Un professeur de Naples, Luigi Celentano, vient de faire paraître
Une brodiure. intitulée: Intorno all'arle del cantare in Ilalia nel secolo xix,
où sont traitées avec beaucoup de sagacité et à un point de vue élevé
d'importantes questions relatives à l'art du chant. L'auleur insiste prin-
cipalement sur l'abandon du chant orné, abandon qui lui paraît regret-
table en ce que jadis les études de chant étaient forcément plus com-
plètes et plus sérieuses qu'aujourd'hui, et que la force, l'expression et
l'émission, qualités seules nécessaires pour l'exécution de la musique
moderne, ne peuvent pas plus se dispenser d'études que l'agilité; enfin,
que la multitude de chanteurs improvisés qui surgissent de nos jours ne
peut qu'entraîner l'art du chant sur une pente fatale.
**:t Un Almanaque musical, le premier de ce genre qui ait paru en
Espagne, vient d'être publié à Barcelone par M. F. Luis Obiols, jeune
compositeur et critique de talent. Ce recueil contient des documents
statistiques et historiques d'un grand intérêt.
jf*:^ Croirait-on que l'harmonica fut inventé, en 1740, par Richard
Pochrich, un fils de la verte Eryn ? Les bardes irlandais adoptèrent aus-
sitôt cet instrument mélodieux, et l'oi ajoute même que Pochrich jouait
de son harmonica avec une perfection telle que deux gendarmes, — ô
rochers d'Orphée! — étant venus pour l'arrêter (la loi anglaise décrétait
alors les musiciens d'infamie), leur émotion fut telle qu'ils ne purent
accomplir leur mandat. La musique adoucit les mœurs !
^** Au service funèbre célébré la semaine dernière à Bade, en mémoire
de M. Ed. Benazet, en présence d'une affluence extraordinaire de monde,
la partie musicale de la solennité a été dirigée par M. Kœnnemann, et
remplie par les artistes du théâtre Grand-Ducal de Carlsruhe, les chœurs
religieux de Bade et l'orchestre de la Conversation. On a exécuté un
Requiem de Xavier Schmid, dans lequel se trouvaient intercalés un mor-
ceau de Cherubini pour soprano, dit par Mlle Ludecke, et un Benedictus
composé pour la circonstance par Kalliwoda, et chanté par le ténor Stol-
zenberg. L'exécution a produit un effet saisissant sous les voûtes de la
vieille église.
^*j, On annonce la mort, à Wiesbaden, de l'intendant des théâtres
royaux, M. de Béquignolles ; il n'était âgé que de quarante-deux ans.
ÉTRANGER
»*» Baden-Baden. — La nouvelle direction de l'établissement thermal de
Baden apportera certaines modifications dans les plaisirs qu'elle offre à
ses visiteurs. Les représentations théâtrales y auront moins d'impor-
tance, et on renonce aux pièces inédites. Par compensation, le nombre
des concerts serait doublé. — Une feuille quotidienne, servant de pro-
gramme, remplacera V Illustration de Bade, qui est supprimée.
^*t Stuttgart. —L'Africaine est à l'étude; on en attend la reprise vers le
milieu de janvier.
iVf*» Stettin. — Roméo et Juliette, de Gounod, représenté pour la pre-
mière fois le i8 de ce mois, y a été reçu avec indifférence. Plusieurs
morceaux ont cependant été applaudis; les artistes ont fait de leur
mieux, et le public leur en a témoigné sa satisfaction.
^,** Vienne. — Le célèbre t(:nor Roger a, paraît-il, accepté un engage-
ment qui l'attache à l'Opéra impérial en qualité de régisseur.— Niemann
a signé pour trois ans avec le même théâtre; il doit chanter, à dater de
l'ouverture de la nouvelle salle, quarante fois chaque année pendant les
mois de septembre, octobre, novembre et décembre.
^% Venise. — L'ouverture de la saison d'hiver (ou de carnaval) à la
Fenice a eu lieu, comme c'est l'habitude pour les théâtres italiens, le
26 décembre, jour de la Saint-Etienne. On a donné Un Ballo in maschera,
mais avec un succès plus que douteux. Seule, la prima donna Lotti délia
Santa a été applaudie.
*** Turin. — Don Carlos, de Verdi, vient d'être donné au Théâtre-
Royal. C'est un grand succès pour Verdi et pour les artistes chargés des
principaux rôles, Cotogni et la Fricci, qui ont été couverts d'applaudis-
sements bien mérités. — 11 est question de monter l'Africaine avec
Mme Destin.
^ *** Sologne. — L'imprésario Scalaberni a l'intention de reprendre
l'Africaine après l'hiver; il a déjà engagé à cet eflet le baryton Cotogni.
»*^ Gènes. — La soirée de réouverture du Carlo-Felice, le jour de la
Saint-Etienne, a été très-belle, grâce à une bonne exécution d'il Profeta.
Mlle Sternberg, jeune cantatrice, quoique novice sur la scène, s'y est dis-
tinguée par toutes les quahtés qui annoncent une artiste de grand avenir;
elle a été très-applaudie. Le ténor Stigelli, un peu faible pour le rôle
écrasant de Jean de Leyde, a cependant eu de Irè.s-beaux moments.
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E. KETTEBER. — Fantaisie brillante pour le piano 9 »
LECÂRPENTIER. — Deux bagatelles pour le piano, chaque 5 »
A. HERMÂN. — Divertissement pour piano et violon 9 •»
ROSELLEN. Fantaisie de salon pour le piano 7 SO
RUISSEL, — Fantaisie élégante pour le piano 6 »
STRÂDSS. — Grande valse pour le piano 6 »
La même, à quatre mains 7 50
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Le Grand Voyage, chanson d'Alexandre Flan 2 50
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On vous dira qu'ça n'est pas vrai ! chanson héroïque d'Al. Flan . . 3 »
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Oh! eh! mon chien Picard! chanson rustique d'A. Bouvier. ... 3 »
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Les Deux Hirondelles, fabliau de Ch. Grou 3 »
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12 Janvier 1868.
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Étrupgcr .•. 34 " Id,
Le Journal paraît le Dimanche ,
GAZETTE MUSICALE
DE PARIS
S051MAIRE. — Revue musicale de l'Année 1867, par Em. Uathien de
Monter, — Concerts populaires de musique classique au cirque Napoléon :
Léona-.d. — Revue des tliiiâtres, par O. A. D. Saint-Yves. — Nouvelles
des tliéâtres lyriques. — Nouvelles diverses. — Annonces.
REVDE fflUSIGÀLE DE L'ANNÉE 1867.
Mil huit cent 5oixante.-sept, — An luusjcal et international entre
tous, — a vécu, et ses lauriers sont coupés.
Eclectique, lahatieux, vaillant, avec un grand air de gloire,
généreux jusqu'à IÇ prodigalité, actif et non pas sans fièvre; tout
imprégné de^ cet èsprii de. la- patrie qui, aux heures sévères et
aux moments décisifs-,-' a su toujours donner le signal et la vie à
des floraisons inattendues, à des renaissances ; profondément
creusé et presque meurtri par la lutte de l'intelligence et de l'in-
térêt; traversé par tant et de si divers courants, 1867 a une his-
toire agitée, contrastée, autant que brillante. Rien ne lui a man-
qué des qualités nombreuses, et des défauts essentiels qui font de
lui l'image accomplie d'une période lyrique caractéristique; on le.
croirait destiné à eh offrir le modèle. Alors que la paix elle-même
était' sans trêve, tant elle était occupée à l'utile; que, jusque
dans les journées sereines.,. les arrière-pensées et les soins étaient
en_^bien,des âmes, la musique af. sonné le réveil, escorté la marche
de tout ce que le monde- galue s'oùs le. nom de civilisation fran-
çaise, de tout ce qui devait, une fois encore, le surprendre et
le réjouir.
Aux faits et aux circonstances artis.Jiques des douze derniers
mois, — la placem'étant ici mesurée Strictement, r— je ne veux
emprunter que leur physionomie générale et leur mouvement
d'ensemble.
L'année écoulée a été et restera frappée à l'effigie de l'Exposi-
tion universelle, qui la guide, la caractérise et la domine. Tandis
que la fleur des beaux-arts s'épanouit, se surmène presque pour
couronner cette grandiose manifestation du génie hunjain, et n'en
retire que des compensations insuffisantes, la Musique, elle, en
reçoit une impulsion énergique et y recueille de merveilleux ré-
sultats. Il ne pouvait guère en être autrement. Dans ce rappro-
chement des peuples, dans ces luttes artistiques, littéraires et in-
dustrielles, dans ce congrès des mœurs, des usages et des langues,
la musique ne devait-elle pas se montrer l'art suprême de la fu-
sion des cœurs et de la pénétration mutuelle, l'âme même du
monde moderne, la langue universelle par excellence, familière à
tous, où tout passé et tout avenir sont contenus?
A peine l'année s'ouvre-t-elle, que les envois, les adhésions com-
mencent à affluer au Champ de Mars, et que les notabilités artis-
tiques et industfi^ês accourent des quatre coins du monde à
Paris ; on dirait d'une surexcitation générale. Il semble que toutes
les nations ont hâte de venir plaider, preuves en main; dans ce
solennel prétoire pour leurs foyers de Matière, pour leurs autels
d'Idéal. La galerie des arts hbéraux s'emplit rapidement d'instru-
ments de prix et de marque, de belles éditions, d'innovations
curieuses, de découvertes intéressantes. Il est décrété que l'his-
toire de la Musique sera admise dans le Palais, suivant le plan
adopté pour l'histoire du travail; que l'art de la Musique y sera
représenté au triple point de vue de la composition, de l'exécu-
tion, de l'histoire. Trois comités se. coiistituent sous la présidence des
compositeurs et musiciens les plus célèbres de l'Europerpar les résul-
tats de leurs travaux, on a pu juger ide l'étendue de leur tâche et
de leur dévouement, ainsi que de la science profonde , de la haute
expérience qui avaient dicté leurs programmes, dont la réalisation a
sombré sous le poids de considérations étrangères à l'art. On met
au concours, avêcdes" prix' d'une valeur totale de 10,000 francs, l^
cantate dé l'Exposition , Thyhine de la paix. On offre à l'émulation
des Sociétés .,orphéoniques f vocales et instrumentales, des récom-
penses qui s'élèvent à plus de 30,000 i'rancs. Elles sont chaude-
ment disputées — j'ai dit comment et en quelles t;irconstances ,
— par la nombreuse élite de cette institution populaire, qui pos-
sède à un degré si développé le goût et le sentiment musical,
institution dont l'extension rapide prou\e la vitalité et qui s'appuie
sur l'esprit de solidarité, ce mot d'ordre de l'avenir.
Aux facteurs d'instruments, aux luthiers, aux éditeurs, aux au-
teurs d'ouvrages didactiques et d'enseignement, on décerne trois
brevets de légionnaire, neuf médailles d'or, soixante-quatre mé-
dailles d'argent, quatre-vingt-quinze de bronze, soixante-treize
mentions honorables. Le jour de cette distribution de récom-
10
UEVUE ET GAZETTE MUSICAL!-.
penses , pendant cette fête ciu travail et de la paix féconde, sous
ce vélum constellé d'étoiles comme un symbole d'espérance et
d'union, un orchestre imposant exécute l'hymne de Rossini qui
veut, pour cette circonstance unique,- joindre sa gloire à tant de
gloires. De longtemps on n'oubliera ces magnifiques fêtes du mois
de juillet. Lors du Festival de la Commission impériale, quatre
mille exécutants interprètent, sous la direction de Georges Hainl,
l'homme des masses, un programme composée d'oeuvres popu-
laires, de celles que l'on aime à entendre lorsque l'âme s'ouvre
aux sentiments généreux, aux émotions entraînantes et qui sem-
blent nées, au surplus, pour traverser de leur chaud rayonnement
les frémissements enthousiasfes des foules. On sera lier, plus tard,
d'avoir assisté au concours international des musiques militaires.
Neuf peuples en présence! Et quelle effervescence! Et quel délire!
Et que de beaux rêves de concorde universelle caressés en ces
heures rapides et mélodieuses !
Réveillerai-je ici les échos de ce Champ de Mars tout vibrant,
tout bruissant de l'orchestre de Strauss, de Bilse, des Tziganes et de
la ChapeOe hongroise, du Théâtre chinois et du Café tunisien, de
la Brasserie bavaroise et de l'orchateria espagnole, de la salle
Suffren et des Salons français ? Musique, musique partout et du
matin au soiv. Dans les galeries, cent pianistes s'escriment sur
autant de pianos; là-bas les orgues tonnent; le Théâtre interna-
tional essaie de se faire entendre au milieu de la gigantesque sym-
phonie ; mais, hélas! ses ariettes s'envolent dans un rayon de la
lumière électrique des phares. Tout cela, j'ai tenté, cet été, de le
dire, de le peindre ici même.
A distance, et toutes réflexions faites, je ne vois )'ien à changer
à mes conclusions. L'art musical, ses procédés pratiques, ses créa-
tions et ses constructions, tous leurs contingents ont grandi dans
cette chaude atmosphère. Semblable à la vapeur sortie de la four-
naise ardente et soulevant de sa puissante expansion l'outillage de
vingt industries à la ibis, le souffle d'émulation engendré par la
grande fédération pacifique du Champ de Mars animera longtemps
la facture instrumentale, la lutherie et fécondera ainsi les progrès
de l'art musical.
Les théâtres lyriques, littéralement assiégés pendant l'été par
les visiteurs de l'Exposition, ont été à la hauteur de leur glorieux
renom.
L'Opéra poursuit le cours de ses magnifiques représentations de
l'Africaine, chantée aujourd'hui sur toutes les scènes un peu im-
portantes de notre pays et de l'étranger, et avec un succès toujours
plus grand. Mlle Battu s'approprie le personnage de Sélika, si puis-
samment créé par Marie Sass, car « c'est le privilège des beaux rôles
— écrivait à cette occasion le critique ingénieux et sûr, M. Paul
Smith, que j'essaie de suppléer, mais que je ne remplace pas, — de
se prêter aux talents divers et de fournir à chacun d'eux le moyen
de briller sans se nuire réciproquement, par les qualités qui leur
sont propres. » A V Africaine succède Don Carlos, œuvre inégale, qui
recèle néanmoins d'incontestables beautés. Mlle Salvioni rajeunit
la Fenella de la Muette au feu de son jeune et gracieux talent.
Robert le Diable atteint la cinq centième de ses représentations,
événement unique dans les fastes de l'Opéra et qui atteste la pro-
digieuse vitalité des inspirations et du génie de Meyerbeer. A son
répertoire habituel, à Guillaume Tell et au Corsaire solennellement
repris, ce théâtre ajoute la Fiancée de Corinthe, qu'appuie brillam-
ment le talent de Faure. Des représentations de gala offertes aux
souverains, hôtes de la France, l'audition des étudians Scandina-
ves, aux voix pures, aux chœurs d'une poésie originale, et les
concerts des meilleures musiques étrangères, la musique de Prusse
entre autres, complètent le bilan de l'Académie impériale de mu-
sique.
L'Opéra-Comique, de son côté, reprend VEloile du Nord, produit
quelques débutants d'avenir et présente au public plusieurs opéras
nouveaux. Le Fils du Brigadier n'ajoute rien à la réputation de
V. Massé. Chez la Grand'Tante de M. Massenct, la froideur est
compensée par l'éclat du coloris. La cantate du grand prix de
composition révèle chez M. Pessard, son auteur, une expérience
précoce et... des idées. floômsow Crusoé clôt spirituellement l'année:
Offenbach s'y révèle sous un jour nouveau qui frappe le public, et
paralyse la critique de certaines coteries jalouses. Dans ce style
vif, gracieux, pétillant, dans cet esprit humoristique, dans cette
fécondité toujours heureuse, dans cette appropriation exacte et pit-
toresque à la fois de la mélodie au sujet lui-même, dans cette vi-
vacité d'une imagination piquante et délicate, on se plaît ù pres-
sentir une voie nouvelle ouverte à ropéra-comique, et comme la
modernisation do ce genre.
Au théâtre Lyrique, les nouveautés sont moins rares. Déborah
disparaît écrasée sous l'ennui ((u'elle provoque ; Sardanapale met
M. Victorin Joncières en lumière, mais sans trop d'éclat, et, en
ramassant, avec une mémoire remarquable des bons endroits
et des riches propriétaires, des Bleuets dans les blés, M. Jules Cohen
no cueille pas le rameau d'or du succès et de la vogue. Le Car-
dillac de M. Dautresme, plus incidente et plus retentissant à la
ville qu'au théâtre , sans forcer l'admiration du publie, trouve
pourtant des appréciateurs. De tous les sujets empruntés à
Waltor Scott, aucun ne se rapproche moins de son origine que
la Jolie Fille de Perth, mais sur ce livret assez riche, néan-
moins, en situations musicales, M. Georges Bizet écrit, avec une
véritable entente de la scène, une partition mélodique, mou-
venienlée, intéressante, qui tient les promesses des débuts' de
ce compositeur. L'événement de l'année, au théâtre Lyrique, — où
se produisent entre temps la beauté luxuriante et la voix agile
jusqu'à l'excès de Carlotta Patti, — c'est, incontestablement, l'appa-
rition de Rome} et Juliette. La muse de Charles Gounod traduit
passionnément ce drame féodal, couleur d'aurore et de sang, oii
chantent l'alouette et l'amour, où se heurtent le fer et la haine.
Cette œuvre restera acquise à l'honneur du mouvement musical
de l'année et de la jeune école française. La « jeune école fran-
çaise ! » Devant les regretteurs jurés du passé, les douleurs de
l'avenir, les mécontents et les sceptiques, n'est-ce point là un mot
bien ambitieux? Non, car elle existe, s'il .suffit pour être école, de
posséder la science de l'harmonie, la puissance de la couleur, la
vérité de l'accent, le secret des rhythmes, le charme, le sourire,
l'émotion aussi. Ne nous plaiguons donc pas, sachons attendre;
n'allons pas, dans l'acuité de nos souvenirs ou dans l'excès de
nos impatiences, nous faire plus pauvres que nous ne sommes et
méconnaître injustement nos richesses.
Aux Italiens, Adelina Patti soutient le répertoire de la lin de la
dernière campagne et du début de celle-ci.
Parmi les beaux soirs de Norma, d'I Purilani, d'Otello, de la
Traviata, de la Gassa, de Lucrezia, de Maria, se glisse le Columella,
de Fioravanti, olla-podrida de vieilles rengaines, et la Locanda
gratis d'Alary, où il n'y a qu'à louer une facilité de plume poussée
jusqu'à l'abandon. La province et l'étranger affluent aux représen-
tations exceptionnelles que M. Bagier a l'heureuse idée de donner
eu septembre. Après avoir déployé un entrain inouï et un goût
adorable dans l'Angiolina de ce Don Desiderio, qui est comme le
résumé touffu des errements de l'ancien genre bouffe italien, Ade-
lina Patti s'empare du répertoire dramatique avec une autorité,
une passion, un charme. pénétrant indicibles: toute une révéla-
tion ! Mlle Harris gravite et se fait remarquer autour de l'étoile.
Mongini, plus artiste que virtuose, d'un talent qui déborde plutôt
qu'il ne se possède, servi par une voix fort belle, mais capricieuse
et rétive, disparaît bientôt de ce ciel où il comptait briller d'un
DE PARIS.
H
éclat plus vif. On sait le reste : c'est l'histoire que nous écrivions
au jour le jour.
Aux Fantaisies-Parisiennes, sept l'cpriscs intéressantes et six pe-
tits opéras-comiques nouveaux témoignent de l'activité et du désir
de bien faire de M, Martinet, et justifient les encouragements gé-
néreusement accordés à cette scène lilliputienne, mais vaillante et
bien musicale.
La musique règne du reste partout en mil huit cent soixante-
sept, et même sur les scènes les plus modestes.
Le théâtre Rossini, qui n'est jamais plus fermé que lorsqu'il est
ouvert, débute par une pâle opérette; l'Athénée réunit chanteurs
et danseuses là oîi trônait le fauteuil des conférences; l'Odéon
déclame Athalie , avec les cliœurs de Mendelssohn ; la Gaîté,
Hamlet, avec les mélodrames de M. Joncières: ce qui permet d'é-
tablir une comparaison. Les cafés-concerts , émancipés , jouent
des opérettes, des revues, des actes d'opéras, renforcent leur
orchestre et deviennent de véritables scènes lyriques.
Dominant ces entreprises, aux fortunes diverses, de toute la hau-
teur que peuvent donner une origine illustre et l'habitude de
vaincre, la Grande-Duchesse séduit , pendant deux cents jours ,
rois, princes, bourgeois et manants; elle disparaît, dans sa gloire,
de la scène des Variétés, et poursuit sa marche triomphale au
milieu des populations de la France et de l'étranger accourues sur
son passage ^
J'aurais aimé à indiquer les causes, les résultats du succès de
nos œuvres lyriques à l'étranger, et à présenter en même temps le
tableau des travaux des principales scènes de l'Europe en 1867;
mais ces colonnes s'emplissent avec une incroyable rapidité...
Je me bornerai à mentionner la fécondité italienne : vingt-neuf
grands opéras en une année! Le lyrisme italien a de la force,
mais pas d'énergie, plus de muscles que de talent vrai, du feu
sans éclat, de l'explosion, de la verve, mais pas d'inspiration, pas
de délicatesse, celte condition suprême de l'art. Cela remue, mais
n'émeut point.
Du théâtre passant au concert, nous verrons que durant le cours
entier de 1867, l'Europe entière applaudit à l'interprétation des
chefs-d'œuvre classiques. Le goût public veut bien reconnaître que
les anciens ont enrichi la pensée humaine, qu'ils ont exprimé leur
sentiment d'une manière large et grande, fine et sensée, belle en
soi, qu'ils ont parlé à tous dans un style à eux et qui se trouvait
aussi celui de tout le monde, style nouveau et antique, aisément
contemporain de tous les âges. Aussi voyons- nous la Société des
concerts du Conservatoire — déjà obligée de doubler le nombre de
ses séances habituelles — provoquer autour de ses manifestations
artistiques un intérêt d'autant plus vif que l'admiration s'imprègne
là d'une sorte de respect, et attirer au moment de l'Exposition
un public cosmopolite , auditoire sympathique qu'elle séduit et
qu'elle entraîne. Les concerts populaires gagnent encore en per-
fection et en succès: Pasdeloup y livre de glorieuses batailles dont
les généraux s'appellent Joachim, Koempel, "Wilhelmy.
L'Athénée s'ouvre sous une inspiration philanthropique et qui
honorera le nom de Bischoffsheim. Il accorde à la musique classi-
que une hospitalité remplie de bonnes intentions : au lendemain
de conférences, souvent intéressantes, un public de choix et de
haute élégance vient applaudir dans ce luxueux sous-sol le Struen-
sée de Meyerbeer, dont on ne connaissait jusqu'alors que l'ouver-
ture et la polonaise, exécutées par les soins de Pasdeloup à ses
concerts populaires, et que le célèbre chef d'orchestre tient à
honneur, dans son amour pour ce chef-d'œuvre, de faire connaî-
tre tout entier à son nouvel auditoire; les chœurs d'Ulysse et d'^l-
thalie; M. de Gasperini et ses gloses passionnées sur les anciens
traduits — je ne ne dis pas trahis — par Georges Pfeiffer; le Désert,
de Félicien David, présage poétique, mais fatal, du sort réservé à
la salle. De leur côté, les concerts de la Société libre des beaux-
arts, de la Société séculaire des Enfants d'Apollon, de la Société
académique de nmsique sacrée, etc., puisent largement au trésor
lyrique du siècle dernier.
Si les chefs-d'œuvre de l'art sont partout vulgarisés, et si des
esprits d'élite en assurent la tradition en y faisant entrer plus ou
moins chacun, et en les plaçant sous la sauvegarde universelle,
hsCénades, les l'cunions artistiques choisies, entre soi, à huis clos,
n'en (lorissent pas moins, et l'on pourrait citer nombre de ces
petits « cabinets bleus » dans lesquels les jouissances rallinées de
l'oi-eille et du goût se mêlent aux plus délicates théories. La
grande société substitue, en effet, dans ses plaisirs, la musique à
la danse et l'harmonie est la conviée du monde officiel. Quant
aux concerts, il suffira de constater leur marée inexorablement en-
vahissante !
La musique religieuse n'est pas moins bien partagée en 1867
que la profane : je ne parle pas d'une exécution incomplète de la
messe en ré de Beethoven; mais les messes du prince Ponia-
towski, de Duprez, de Ch. Colin, de Cauvin, de Lajarte, de
Mme de Granval, d'autres encore ont prouvé que la source des
éludes sérieuses et du sentiment musical religieux n'était pas en-
core tarie. L'adoration est un état de l'âme que la musique peut
seule exprimer et qu'elle a traduit en des pages immortelles.
Dans ce tableau rapide du mouvement musical de l'année, je
n'aurais garde d'oublier les développements de la virile institution
du chant choral populaire. Les sociétés orphéoniques , vocales ou
instrumentales, enserrent aujourd'hui l'Europe de leur réseau mé-
lodieux. Obéissant à des chefs habiles, encouragées par les gou-
vernements, ralliant à elles la sympathie des intelligences les plus
élevées, elles savent comprendre le beau et faire le bien : en
France, ces paysans-musiciens, ces artisans-chanteurs ont versé,
cette année, près d'un demi-million dans les caisses de la bien-
faisance publique.
L'année 1867 a vu naître environ seize journaux de théât'-e et de
musique et paraître un grand nombre d'ouvrages et traités con-
cernant notre art, sans compter les almanachs. Dans l'examen
détaillé de ce mouvement littéraire spécial et des judicieux travaux
de la presse musicale de Paris, de Londres et d'Allemagne, il y
aurait certainement matière à un chapitre riche en documents in-
téressants, en révélations curieuses et en piquants contrastes.
Parmi les faits généraux à porter à l'actif de l'année défunte,
je signalerai le licenciement, regrettable à bien des points de vue,
des corps de musique de la cavalerie française et italienne ; plu-
sieui's conventions nouvelles internationales relatives à la propriété
artistique; un prix de 20,000 francs accordé à l'auteur, favorisé
des dieux, de LaltaRouck; la création de nouveaux conservatoires
en Angleterre et en Russie ; la destruction complète par le feu du
théâtre de Sa Majesté, à Londres; les concours d'opéras, enfin,
ouverts par décision ministérielle, à l'Académie impériale de mu-
sique, à rOpéra-Comique et au Théâtre-Lyrique. En présence des
progrès du sentiment musical en France, l'administration a com-
pris qu'il était juste d'aider les jeunes compositeurs à surmonter
ces obstacles du début qui enchaînent parfois l'essor de toute une
carrière; elle a cherché, par ces concours, à offrir au talent l'ap-
pui le plus digne et le plus enviable, c'est-à-dire l'occasion d'un
jugement impartial et la perspective d'une publicité fructueuse et
brillante.
Il me reste la douloureuse tâche de compter nos morts. Ils sont
là, quatre-vingt-dix-huit, couchés dans le tombeau, compositeurs,
écrivains, chanteurs, cantatrices, artistes, virtuoses, professeurs,
éditeurs, auteurs dramatiques, dilettantes, protecteurs de l'art. . .
Mmes Méric-Lalande, Nantier-Didiée, Masson, Rita Favanti, Lagel,
Saint-Aubin, Persiani, les belles voix, le charme et l'émotion du
12
REVUE ET GAZETTE MUSICALE
passé; Paulin Lespinasse, Mercadier, Pierre Gross, Triébert, Sin-
gelée, Mattau, Meifred, de Kontski, Wéry, Forestier, Maussant,
artistes au talent sympathique, au cœur généreux; Ernst Neu-
mann , Perelli, Immler, Barbieri, auteurs d'œuvres estimables;
Pacini, compositeur fécond; miss Glover, directrice de la Tonic
fa sol Association, de Londres, couronnée aux concours choraux
de l'Exposition ; Smart, doyen des musiciens anglais ; Mellon, di-
recteur des célèbres concerts de ce nom; Legouix, Metzler, édi-
teurs ; Ludwig Bischoff, de Bougé, Malliot, critiques d'art et
musicologues; le docteur Véron ; Crosnier, ancien administrateur
de l'Opéra ; notre regretté Georges Kastner, noble et laborieuse
existence dont aucun feuillet n'est à arracher... Combien d'autres
encore qui furent utiles, aimés, amusants et célèbres dans le
monde; malheureux ou maltraités autant qu'intelligents, choyés,
dévoués et courageux : preuves frappantes pour qui les étudie
qu'il faut toujours faire son devoir, puisque la belle mémoire qu'on
laisse est la vie éternelle qui récompense et qui venge!
Riche des exemples du présent et des traditions du passé qu'il lui
a été donné de comparer ; fortifié au contact de ces robustes in-
fluences; en quelque sorte pénétré d'une substance où s'est épan-
chée lai'gcment la véritable volonté des peuples, 1867, et ce ne sera
pas sa moindre gloire, a donné pour la première fois le consolant
spectacle d'une haute sanction, d'une protection efficace, de récompen-
ses précieuses, prêtées et accordées à la musique, le seul art à com-
pléter, en effet, le seul qui progresse, le seul nouveau; pour la
première fois, dis-je, car auparavant on ne protégeait, on ne con-
sacrait soigneusement que la peinture, la sculpture, tous les arts
du dessin. De l'année écoulée, grâce à la concentration des for-
ces vives de l'intelligence qu'elle a magnifiquement suscitée, grâce
à la mémorable sanction donnée par elle à l'âge héroïque du tra-
vail, datera la vulgarisation et comme la preuve pratique de cette
grande vérité, à sa^•oir que la recherche du beau ne se divise pas
en études rivales et en manifestations d'antagonisme. Mozart et
Racine, Beethoven et Shakspeare, Meyerbeer et Rubens, et tous
les vrais génies ont marché aussi droit les uns que les autres vers
l'éternelle lumière où se complète l'harmonie des sublimes inspi-
rations.
Em.-iAUthieu UE monter.
CONCERTS POPDLÂIBES DE fflDSIQUE CLASSIQUE
AU CIRQUE NAPOLÉON
l.éoiiard.
Aux concerts populaires de musique classique fondés par
M. Pasdeloup, il y a toujours un pupitre dressé pour tous les
grands violonistes de l'Europe : Sivoi'i, Alard, Joachim, Wilhelmy,
l'ont occupé tour à tour, et, dimanche dernier, Léonard y compa-
raissait, Léonard, connu, aimé de tous, qui dernièrement a jugé
à propos de quitter la Belgique pour la France, et d'établir son
quartier général à Paris.
Dès son arrivée, le célèbre artiste nous donna un charmant con-
cert, où son talent s'appuyait sur celui de sa charmante femme,
l'un des fleurons les plus brillants de la famille des Garcia. Di-
manche, il a paru seul dans un beau et large morceau, son qua-
trième concerto, où il a montré successivement toutes les qualités
dont son art se compose : sûreté d'archet, justesse de son, gran-
deur et force de style, élégance et finesse. Aussi Léonard a-t-il été
reçu les bras ouverts, acclamé à plusieurs l'eprises par toute la salle
et spontanément par les musiciens mêmes de l'orchestre. Jamais il
n'y eut de succès plus général, plus enthousiaste et plus significatif;
on a reconnu le professeur que la Belgique voulait retenir à tout
prix et dont ses regrets attestent la valeur. Heureusement la France,
qui la première consacra son talent, n'est pas ingrate et elle saura
lui faire retrouver ce qu'il a quitté pour elle.
Le concert dans lequel s'encadrait ce morceau était fort habi-
lement composé ; d'abord, : la belle ouverture en mi majeur de
Fidelio, la ravissante symphonie en mi bémol d'Haydn ; puis un
adagio fort remarquable de Gouuod ; après le concerto, venait
l'ouverture de Mendeissohn, la Mer calme, dont le charme et le
mérite consistent dans de belles et pures harmonies, et enfin, Yin-
vitation à la valse, avec la célèbre instrumentation de Berlioz.
Léonard rayonnait au milieu de toute cette musique si variée, il
rayonnait de manière à laisser un long souvenir- de lui, comme
virtuose et comme compositeur. La France a prouvé qu'elle était
heureuse et fière de sa conquête : elle a pris Léonard et elle le
gardera .
P. S.
REVUE DES THEATRES.
Odéon : la Saint- François, comédie en un acte et en prose, par
Mme Amélie Perronnet; les Amoureux de Marton, comédie en
un acte et en vers, par M. Léon Supersac. — Porte Saint-Mar-
tin : IS67, revue eu cinq actes et vingt-cinq taJjleaux, par
MM. Clioler frères et Koning. — GArrÉ : les Treize, drame en
cinq actes et six tableaux, par iMiVl. F. Dugué et G. Peaucellier.
En attendant la grande pièce de M. Pierre Bei'ton, sur laquelle
rOdéon croit pouvoir fonder de légitimes espérances, ce théâtre
vient de donner coup sur coup, dans la même soirée, deux petites
comédies qui ont complètement réussi. La première est en prose
et s'appelle la Saint-François. C'est le début littéraire d'une dame
qui s'est déjà fait connaître dans le monde artistique comme pia-
niste distinguée. Les sympathies du public ont suivi Mme Amélie
Perronnet à la scène, et lui ont prodigué des encouragements qui
la décideront sans doute à persévérer dans cette nouvelle et pé-
rilleuse carrière. La Saint-F ançois n'est cependant qu'une promesse
où l'on voit poindre d'aimables qualités, de la grâce et du senti-
ment. C'est un tableau de famille qui rappelle les sujets préférés
de Greuze. Tout le monde est réuni pour célébrer la fête du chef
de maison ; mais un couvert est vide à la table du festin, c'est
celui du fils qui a encouru la disgrâce paternelle pour avoir préféré
la fortune des lettres aux hasards du commerce.
En dépit de ses propres rigueurs, le père regrette son enfant
chéri, dont il se ci'oit oublié. Mais, à cet instant même, le jeune
homme risque sa vie pour l'honneur de son nom. On comprend
les angoisses de toute cette famille rassemblée pour une fête, et le
bonheur du père quand son fils, sain et sauf, vient se jeter dans
ses bras.
La seconde pièce, agréablement versifiée par M. Léon Supersac,
est intitulée les Amoureux de Marton. Marton, la fine soubrette, a,
en effet, trois amoureux, mais tous trois de commande. Son maître,
M. Géronte, l'a léguée avec tous ses biens à celui de ses collaté-
raux qui se ferait aimer d'elle. Un tabellion, madré et retors, l'em-
porte sur ses concurrents; mais quand il a épousé Marton, il re-
connaît qu'il a été mystifié par le défunt, dont les trésors sont au
fond de la mer. La fortune lui échappe, mais Marton lui reste ;
l'avenir lui apprendra s'il y a compensation.
Il faut dire, à la louange des artistes de l'Odéon, que ces deux
comédies sont fort bien interprétées, la dernière surtout, par Mar-
tin et par Mlle Damain.
DE PARIS.
13
— La Porte-Saint-Martin a joué sa grande revue, (|uc l'on pfut
même traiter de grandissime, car elle dure de sept heures à mi-
nuit. C'est une lanterne magique, où tout est pour les yeux. La
part des auteurs se borne à la préparation, à l'eneliaîiiemcnt
d'une foule de tableaux splendides, dont l'honneur appartient au
metteur en scène, au machinisle et au décorateur. Ne soyons-
donc pas aussi sévère pour ces messieurs que l'a été le public de
la première représentation. Constatons d'ailleurs que l'enthou-
siasme maladroit de la claque patentée a été pour beaucoup dans
l'esclandre qui a troublé cette soirée et qui a nécessité une en-
quête de la part du préfet de poiic3. Les spectateurs ont protité
de cette circonstance pour affirmer leur di'oit de siffler en opposition
avec les applaudissements payés par les directeurs de théâtre, et
nous avons tout lieu de croire que ce droit ne sera plus contesté.
Les auteurs de la Revue ont eu le contre-coup du débat engagé
en dehors d'eux, et ils ont reçu les horions de la foule agacée.
Mais, en somme, ils n'ont pas tout à fait mérité leur sort. Le ca-
nevas de leur pièce n'est pas plus mauvais que tant d'autres, et
il remplit exactement son but, qui consiste à nous montrer toutes
les curiosités, toutes les magnificences de l'année 1867. Avec un
aussi charmant cicérone que Mlle Honorine, et un aussi joyeux
compère que Laurent, on ne sent pas trop la fatigue de ce long
voyage à travers le passé. Et puis, que de merveilles! quelles ri-
chesses et quelles splendeurs! Les Champs-Elysées, le Palais de
l'électricité, Paris à vol d'oiseau, le jardin réservé de l'Exposition,
la galerie des machines, le champ de course, et il est probable que
nous en oublions.
Quant aux exhibitions d'artistes, il faut avouer qu'elles ne sont
pas toutes très-lieureuses. On a eu tort de déranger Mme Thierret
pour si peu. Les formes plastiques de Mlle Delval sont beaucoup
trop connues pour l'abus qu'on en fait. Les parodies de Mlle Silly
ne sont généralement pas marquées au coin du bon goût, et sa
camarade Schneider a été bien vengée de ses attaques malséantes
par le mauvais accueil qu'on leur a fait.
En revanche, la réapparition de Mlle Thérésa, après une longue
absence, a été l'objet d'une chaleureuse ovation, que nous com-
prenons jusqu'à un certain point, car, en vérité, l'art n'est pas
aussi étranger que bien des gens le disent au succès de cette
Reine de la chanson populaire. Darcier n'est pas, non plus, un
chanteur à dédaigner ; mais sa manière discrète pâlit singulière-
ment auprès de la rondeur toute prime-sautière de Thérésa.
Nous ne parlerons que pour mémoire des deux nains Primo et
Ernesto, sur qui repose la critique de M. de Camors, d'Octave
Feuillet.
La partie chorégraphique a de l'ampleur et de l'éclat : le ballet
des Francs-Tireurs ne manque pas d'originalité, celui des Japonais
de bizarrerie, et le grand ballet du Sport, légèrement contesté le
premier soir, est aujourd'hui l'un des plus précieux attraits de la
pièce, grâce au talent sérieux de Mme Zina-Mérante et aux pi-
rouettes fantaisistes de Mlle Mariquita.
Enfin, nous devons dire que la musique occupe une large place
dans cette immense Revue. Parmi les morceaux nouveaux, nous
citerons les deux chansons de Thérésa, la ronde de Mlle Silly, le
chœur de la Vapeur, par Hervé, la grande scène de Darcier, la
Tyrolienne et les couplets de la Poule, par Chautagne, un rondeau
et deux chœurs d'eunuques et de Chinois, par DebiUemont, l'ou-
verture, la musique de scène et celle des ballets par le nouveau
chef d'orchestre, Albert Vizentini.
— Bien différente de la Porte-Saint-Martin, la Gaîté abandonne
la féerie pour se retremper dans le drame pur-sang, qui parais-
sait être passé de mode. La l'cprésontation des Treize laisse au
moins la chose en suspens, et ce genre condamné n'en aura pas
en Vain appelé à ses juges. Balzac est-il d'un grand poids dans ce
moiivcnienl de lu iialance? Quoi qu'en disent les auteurs du drame
nouveau, qui ont V(julu pailager leur gloire avec le romancier de
la Comédie humaine, nous ne le pensons pas. Leur Fcrragus est
bien un empi'unt fait à Balzac; le point do départ de leur pièce
est bien le même que celui du livre. Mais à cela se borne la simi-
litude des deux œuvres. Ferragiis, l'ancien forçat, le chef des
Treize, se sert de son redoutable pouvoir pour protéger l'honneur
et le repos de sa lille Clémence: mais ici l'action bifurque et ne
se rattache plus à Balzac que par l'intervention de la duchesse de
Langeais, une autre de ses créations, absente du roman de Fcrra-
gus. Cette duchesse, qui veut perdre Clémence, est condamnée
par les Treize, et Ferragus est chargé de la marquer au front
d'un fer chaud; par bonheur, Clémence a appris que la duchesse
est sa sœur, et, pour épargner un abominable crime à son père,
elle la sauve, et court s'enfermer avec elle dans un couvent sur
les bords de la mer. Un général, qiii aime la duchesse, la poursuit
jusqu'au fond de son asile; Ferragus vient l'arrêter en le menaçant
de son épée, mais au même instant on entend les prières des
morts, et le couvent rend à Ferragus le cadavre d'une de ses
filles. Laquelle? L'aspect de la duchesse apprend que c'est Clé-
mence, et le père désolé ne songe plus à disputer l'autre à l'amour
du général.
Ce drame, très-intéressant et ti'ès-habilement conduit, a été très-
applaudi, surtout dans sa dernière partie. Dumaine est parfait dans
le rôle de Ferragus, et il y est fort bien secondé par Lacresson-
nière, par Mlle Lia Félix et par Mme Juliette Clarence.
D. A. D. SAINT-YVES.
NOUVELLES DES THÉÂTRES LYRIQUES.
:i*jg Le théâtre impérial de l'Opéra a donné lundi l'Africaine. — Mer-
credi, le Trouvère et la Source. — Faure, remis de son indisposition, a
repris vendredi son rôle dans Guillaume Tell.
a,*jtf Les études A'Hamlci sont poursuivies avec activité, et l'on compte
que l'œuvre nouvelle d'Ambroise Thomas fera son apparition à la fin de
février au plus tard.
if*^ liohinson Crusoè. Tait toujours de belles chaudjrécs au théâtre de
l'Opéra Comique.— Mlle Brunet-Lafleur continue avec beaucoup de succès
ses débuts dans le rôle d'Angèle du Domino Jioir., qui attire beaucoup de
monde.
**^ Les études d'Un jour de bonheur sont activement suivies. Les répé-
titions générales vont commencer incessamment.
^*^ MM. de Leuven et Ritt viennent d'engager une jeune élève du
Conservaloii'e, Mlle Labrunie.
^*^, La Traviata a été donnée au théâtre Italien mardi, avec Adefina
Patti et Steller dans le rôle de Germond.— JeuOi le célèbre baryton chan-
tait avec Mlle Kraiiss dans la Lucrezia Borgiti. — Hier on a repris la
Gasza ladra avec Mlle Patti, Gardoni, Agnesi, Mlle Grossi et Ciampi.
^*^ L'engagement qu'Adelina Patti a contracté avec le théâtre de Saint-
Pétersbourg ne privera pas le public parisien de son talent pour l'année
prochaine. Elle chantera au théâtre Italien pendant les mois d'octobre et
novembre, en Russie de décembre à février, et de nouveau à Paris en
mars et avril.
*** Cresci vient de résilier à l'amiable l'engagement qui le liait à
M. Bagier. Il est reparti pour l'Italie.
.j*^ Depuis longtemps, les échos du théâtre Lyrique n'avaient retenti
d'applaudissements pareils à ceux qui ont accueilli jeudi soir la reprise
de fa Fanchonnelle. C'est qu'aussi Mme Garvalho, dont ce rôle avait
établi si solidement la réputation au moment où elle passait du
théâtre de l'Opéra-Coniiq-ie à celui du boulevard du Temple, y repa-
raissait dans tout l'éclat de son magnifique talent, mûri par les grands
rôles qu'elle a créés depuis onze ans. Si, dans la classification des .
œuvres lyriques, la Fanchonnotle n'occupe qu'un rang secondaire, elle
n'en est pas moins un des opéras -comiques contemporains les plus amu-
sants et les plus sympathiques. Les nombreux morceaux qu'elle contient
sont admirablement écrits pour faire briller une première chanteuse, et
14
KEVUE ET GAZETTE MUSICALE
quand cette première clianteiise est de la force de Mme Carvallio on
comprend le parti qu'elle en devait tirer. Aussi la romance : Mon pauvre
cœur, lais-toi, la ronde qui termine le premier acte, le Noël de M. Jean,
le boléro et parliculièrement le délicieux duo de la vieille tante avec
son neveu, au troisième acte, la portèrent-ils aux nues. Ce triomphe
s'est reproduit jeudi. Les mélodies faciles, mais séduisantes, de Clapisson,
dites avec une pareille perfection, ont valu à leur interprète bravos sur
bravos, rappels et couronnes Monjauze rentrait ce jour-là, sur la scène
qu'il avait momentanément quittée, et sa part dans le succès a été d'au-
tant plus grande qu'un repos de quelques mois a l'endu beaucoup de
fraîcheur à sa voix. Aussi a-t-on bissé ses coup!els d'entrée et a-t-il été
applaudi chaleureusement après sa romance du deuxième acte et le duo
du troisième. Cette reprise, par .«-on éclat et sa solennité, présage à la
direction une suite de fructueuses repré.senlalions.
^*^ C'est sous le titre de Elisabelh en Hongrie et non du Hoi de la
Montagne, comme nous l'avons annoncé par erreur, qu'on répète en ce
moment au théâtre Lyrique le nouvel ouvrage de M. Jules Béer Mlles
Schroeder et Ducasse, MM . Massy, Ismaël et Barré y rempliront les prin-
cipaux rôles.
,j*^ Aux litres d'opérettes que l'actif Athénée se propose de jouer pro-
chainement et dont nous avons donné la liste, nous ajouterons un
Riquet à la houppe dont la musique est due à la plume élégante et fine
de Deflès.
,*;:- Ainsi que nous en avions donné la nouvelle, le Pardon de Plocrmel
a été récemment et pour la première fois représent(; à Dijon. Les difficul-
tés qu'il a fallu vaincre ont été grandes; la direction a fait rie vaillants
efforts pour que la mise en scène, les décors, le torrent, les effets de
lumière électrique, les chœurs, l'orchestre, les artistes, tout enfin con-
courût à la réussite complète de l'œuvre. Le rôle de Dinorah a été un
triomphe pour Mme Boulangeot. M. Ferrier joue et chante Hoël avec
beaucoup d'énergie; MM. Fetlinger et Delparle ont fait bisser l'air du
Chasseur et celui du Faucheur. Le public se presse aux représentations
de ce bel ouvrage qu'aucune direction dijonnaise n'avait encore osé
aborder.
^"^ Les théâtres de Reims et d'Avignon viennent de jouer la Grande-
Duchesse, avec un égal succès. Sur ces deux scènes, l'ouvrage a été
bien monté et convenablement distribué. Mme Vauthier, MM. Minne et
Châtillon ont reçu du public rémois un accueil sympathique. On
écrit d'Avignon que l'espèce de pruderie introduite dans son rôle par
Mlle Coinde (la Grande-Duchesse), ne saurait porter atteinte à la pièce
qui gagne presque à être jouée de la sorte et sans cascades exagérées.
,^*^ Les "répi'titions de Robinson Crusoé sont poussées avec une grande
activité à Bruxelles, à Lyon, à Bordeaux et à Genève; le théâtre de
Marseille se dispose également à le mettre à l'étude
^*if I.es Nuits de Florence : tel est le titre d'un nouvel opéra en trois
actes, qui doit être représenté prochainement sur le Grand-Théâtre de
Lille. Cet ouvrage est dû à la collaboration de MM. Brun Lavainne pour
les paroles, et Ferdinand Lavainne pour la musique; la réputation de ce
dernier, comme compositeur, est une garantie de succès. Aussi la direc-
tion eompte-t-elle Sur cet ouvrage, et sur Roméo et Juliette de Gounod.
pour clôturer dignement l'année théâtrale.
^"^ Martha ne ralentit pas ses pérégrinations heureuses « aux rives
étrangères. « On l'a représentée la semaine dernière, sous des cieux bien
différents : à Genève et à Alger. Ici comme là, comme partout, le mélo-
dieux opéra de Flotow a su plaire et a été un succès de partition et d'ar-
tistes.
„;** On lit dans la Gazette des Étrangers : « L'opéra italien en Chine !
Une troupe- italienne et un ballet sont attendus à Hong-Kong au prin-
temps prochain, pour donner des représentations au Teatro^ Lusitano.
L'ouverture aura lieu par // Trovatore. Les prix d'entrée sont à peu
près les mêmes qu'à Paris et à Londres; une stalle est cotée 25 francs;
une loge de six personnes, 123 francs. »
^*,t. On écrit de Londres que la reconstruction du théâtre de Sa
Majesté, décidée en principe, va commencer prochainement. Les entrepre-
neurs se sont engagés à la livrer pour le l" janvier 1869. M. Mapleson
fait rafraîchir la salle de Drury Lane pour y donner ses représentations
la saison prochaine.
NOUVELLES DIVERSES.
3^*, A l'occasion du jour de l'an, S. Exe. le maréchal Vaillant, ministre
de la Maison de l'Empereur, a reçu aux Tuileries le haut personnel
du Conservatoire Impérial de Musique et MM. les directeurs des théâtres
de Paris.
if*^ Au troisième concert du Conservatoire, l'exécution de la symphonie
en la de Beethoven, qui figurait en tête du programme, a été de tous
points magnifique : précision, nuances, mouvements, rien n'a laissé à
désirer. — Le délicieux chœur des nymphes de Psgché, d'Ambroise Tho-
mas, si scénique et d'une si délicate contexture, a été bissé. — Mme Tar-
dieu de Malleville, qui a exécuté le huitième concerto pour piano en ré
mineur de Mozart, a eu de beaux moments dans la poétique et suave
romance en si bémol; mais son succès n'a pas été très-vif dans le pre-
mier et le dernier morceau, et force nous est de dire que le public a
élé juste. C'est un léger échec qu'elle eût pu éviter en comptant moins
sur elle-même et sur ce concerto, qui lui est familier depuis longtemps,
et dont l'exécution a péché principalement du côté technique. — M. Wa-
rot a chanté l'air célèbre de Slralonice : Versez tous vos chagrins, avec
un bon style; il a été justement applaudi. On a également fait très-bon
accueil à la marche du Tannlmuser, qui terminait le concert, et qui a
été fort bien dite. — Le programme d'aujourd'hui comporte quelques chan-
gements, par suite de la décision prise au commencement de cette année
par le Comité de ne pas faire entendre deux fois de suite les mêmes
soHstes; ainsi le concerto de Mozart est remplacé par un concerto de
violon composé et exécuté par M. Garcin, membre de l'orchestre, et
l'air de Slralonice par le chœur Alla beala Irinità. Cette mesure, établie
en vue de permettre à un plus grand nonibre d'artistes de se produire,
les prive aussi de la moitié de leur public, puisqu'une seule série d'a-
bonnés pourra désormais entendre chacun d'eux.
*'** Voici le programme du onzième concert populaire de musique
classique qui sera donné aujourd'hui à 2 heures, au cirque Napoléon,
sous la direction de J. Pasdeloup : 1° Symphonie en sol mineur de Mo-
zart (allegro, andante, menuet, finale); — 2° Ouverture de Manfred de
Robert Schuinann, \"^ audition; — 3° Sicilienne, menuet de J. -Sébastien
Bach [V audition); — i" 9« symphonie de Beethoven (i'" partie : alle-
gro un poco maestoso, adagio cantabile, scherzoj; 3° — Ouverture de
Guillaume Tell de Rossini : soli par MM. Brunot (flûte); Casleignier fcor
anglais); Poëncet (violoncelle).
^,*t La cinquième séance de musique de chambre donnée par M. Bo-
newilz le 29 décembre, offrait l'intérêt d'une nouveauté qui avait son
prix pour les amateurs de bonne musique. Nous voulons parler d'un
trio (op. 18) pour piano, violon et violoncelle, de M. Saint-Saëns, œuvre
d'un très-grand mérite, et qui, fort bien exécutée par M.M. Bonewitz,
Telesinski et Norblin, a produit un excellent effet. — M. Bonewitz an-
nonce une nouvelle série de matinées, à dater du 19 janvier, dans les
salons Kriegelstein. On entendra dans la première un tiio de Charles
Dancla .
^*^ Une très-belle salle de concert, à laquelle on a donné pour parrain
l'illustre auteur des Huguenots, a été inaugurée à Liverpoul le 31 dé-
cenibre dernier. La Meyerbeer-Hall est située dans Hardman Street. La
première soirée a été splendide: après un prologue en vers lu par M. H.
Edward Hime, et couvert d'applaudissements, un concert a eu lieu au
profit des Israélites pauvres de Liverpool. La fête s'est terminée par un
bal qui a largement empiété sur Tannée nouvelle.
i*,j, L'inauguration du grand orgue de Notre-Dame, aura lieu pro-
chainement, avec une solennité exceptionnelle. Les organisles les plus
célèbres de l'Europe, convoqués à cette occasion, .'e feront entendre dans
l'église métropolitaine, et se réuniront en un congrès où seront agitées
plusieurs questions intéressantes relatives à la musique religieuse.
»*,^ Mme Oscar Comettant a repris, dans son salon de Versailles, les
soirées musicales qui ont le rare privilège d'attirer la meilleure Société
de la ville du grand roi. A la dernière de ces réunions, Mme Comet-
tant a chanté, avec un sentiment exquis et la méthode à laquelle elle doit
sa réputation, le Vallon de Gounod et une sonate en la, de Mozart, arran-
gée pour la voix. On a chaleureusement applaudi Alard, dans un solo
de sa composition .
^*^ Nous sommes heureux de constater le nouveau succès que les
deux charmantes sœurs Rila et Nina Pellini viennent d'obtenir en
chantant pour la seconde fois de cet hiver au concert donné par la
Société philharmonique de Rueil. On leur a fait l'accueil le plus flatteur,
et les applaudissements les plus chaleureux leur ont été prodigués après
le duo de la Pia di Potolomci et dans un autre duo de Géraldy, les Prés
verts, qui a été expressément écrit pour les deux gracieuses cantatrices.
Mlle Rita, l'aînée des deux sœurs, n'a pas été moins heureuse dans un
air russe et dans une romance française. A côté d'elles, on a remarqué
et applaudi le jeune pianiste Kowalski, qui a exécuté à merveille un
morceau de sa composition sur Don Juan, et le chanteur M. Castel, qui
a égayé son auditoire par ses chansonnettes.
^^"-^ Deux œuvres magistrales, du genre le plus opposé, le Désert de
Félicien David et Der Rose Pilgerfahrt, de Robert Schumann formaient
DE PAKIS
15
le programme du dernier concert de la Cônconlia de Mullioiit;e. Celle
jeiuie et vaillante Société orphéoniquo, dirigée par M. J. Heyber^cr
avec tant de zèle et de talent, et renforcée par un orcliestrc de mérite,
s'est réellement surpassée dans l'interprétation de ces deux importants
poëmes mélodiques. Le public n'a pas ménagé les marques de sa vive
sympathie aux membres de la Concordia qui, répudiant les succès faciles
consacrent de longs mois à l'étude des œuvres sévères et en révèlent, à
un Jour donné, les beautés saisissantes.
^*^ Berlioz continue d'être, à Saint-Pétersbourg, l'objet des plus sym-
pathiques manifestations. Déjà on a pu remarquer, dans notre dernière
correspondance, que l'une de ses œuvres (igurait au programme du
second concert, bien qu'il eut été convenu que le dernier .seul lui serait
réservé; mais le dilettantisme russe, qui a voué un véritable culte à
notre illustre compalriote, n'a pas eu la patience d'attendre et a voulu
l'applaudir dès le début. Au troisième concert, Berlioz a dirigé, avec cet
admirable talent de chef d'orchestre que per.ionne peut-être ne possède
comme lui, l'exécution de la symphonie en ut mineur de Beethoven, le
second acte A'Orphéc de Gluck, dont les -soli ont été chantés par une
élève du Conservaloii-e, Mlle Nawroski, douée d'une magnifique voix rie
contralto, et son ouverture du Carnaval romain; son caprice pour violon
a été joué avec un très-grand succès par Henri Wieniawski. On répète,
pour les concerls suivants, la symphonie de HaroU, la seconde partie de
l'Enfance du Ciirist, d'importants fragments des Troyens et la belle mélo-
die de la Captive, avec accompagnement d'urcheslre; autant de triomphes
qui attendent l'éminent compositeur.
t*jf Ullmann vient d'augmenter sa compagnie d'artistes de l'excclent
flûtiste M. Do Yroyes; il l'a engagé pour huit concerls.
,;;%, L'excellent violoniste Alfred Holuies est engagé pour jouer diman-
che prochain 19 janvier, au concert du Conservatoire de Bruxelles. Il y
exécutera le concerto de iMendelssohn et un amiante avec orchestre, VA-
doralion, de sa composition.
5);*^ Le Chant de guerre, à quatre mains, par M. Henri Herz, vient de
paraître, et nous nous empressons de l'annoncer. Nous avons eu la
bonne fortune d'entendre ce délicieux morceau exécuté par MM. Henri
Litolfl' et Henri Herz, et d'après l'effet qu'il a produit, nous croyons
pouvoir lui prédire un grand succès.
3,*!, Hier a eu lieu le quatrième bal de l'Opéra. Grande foule et mu-
sique entraînante de l'orchestre de Strauss, dirigé par son habile chef.
i*4 Un nouveau journal de musique vient de se fonder h Londres,
sous le titre d't'xeler-HaU. 11 est consacré, comme son aîné The Choir,
à la muMque l'oligieusc, et spécialement à celle qui, d'après un usage
anglais très-répanclu, s'(xécute en famille le dimanche soir. Des compo-
siteurs de mérite collaboreront à cette feuille, que publie la maison d'é-
dition Motzler et C=.
,^*^ Au nombre des nouvelles publications musicales appelées à obte-
nir un succès mérité, nous signalerons l'heureux débutd'un jeune com-
positeur espagnol, M. Edouard Ocon, dont plusieurs salons parisiens ont
déjà pu apprécier le talent original et .sympathique. Sa barcai'olle. Hérons
à notre amour, dont les paroles sont traduites do l'espagnol, est une de
ses plus charmantes inspu'ations, et nous comprenons que Mme Marie
Cabel en ait accepté la dédicace.
^*^. Un des vétérans de l'art niusical, le cantor de la Thoraasschule
de Leipzig, Moritz Hauptmann, vient de mourir dans cette ville à l'âge
de soixante-quinze ans. Il était né à, Dresde le 13 octobre 1792. La place
de cantw de la célèbre école de Saint-ïhomas avait été jadis occupée,
comme on sait, par Sébastien Bach. Moritz Hauptmann laisse, comme
professe'ur de contrepoint et compositeur, un nom honoré; les artistes
les plus distingués d'Allemagne se font gloire d'avoir reçu sas leçons au
Conservatoire. Son caractère plein de noblesse et de bienveillance ne lui
avait attiré que des amis.
.^*^ M. Franck-Marie, qui fut longtemps critique musical à la Patrie,
vient de mourir à Rome dans un âge peu avancé; il n'avait que trente-
deux ans.
ÉTRANGER
^*jf Berlin. — A peine de retour de Varsovie, où elle avait été escortée
par les adieux enthousiastes du public, et oi^i son directeur lui avait
offert une belle bague, Mlle Artôt a fait sa rentrée à Berlin avec le suc-
cès qui l'accompagne partout. Elle y a chanté le Domino noir, et à la
première représentation de cet ouvrage, on a fait bisser plusieurs mor-
ceaux à l'éminente cantatrice et on lui a jeté de nombreux et magni-
fiques bouquets. Mlle Artôt a, depuis, reçu dans la Somnambule un
accueil aussi brillant ; elle doit encore pa.sser Ici mois de février à Var-
sovie, à la grande joie du dilettantisme di; celte ville, puis elle reviendra
à Berlin pour le reste do la siiisoji.— Le théàlre de Friedrich-Wilhclms-
tadt a encaissé pendant l'année JH(i7: 111,000 thalcrs; les receltes de la
Vie Parisienne, d'Oflenbach, entrent dans ce total pour p'ès de la moitié.
jf*sf: Cologne. — Roméo cl Juliette a été donné le 4 de ce mois; l'œuvre
de Gounod a été favor-aldement accueillie du public.
*** Vienne. — Mlle d'EdeIsberg a fait un heureux début dans le rôle
de Fidès du Prophète. — Roméo et Juliette de Gounod est prêt à passer.
Mignon .sei-a monté ensuite. — Une opérette de Stanislas Duniecki, Lu-
cifer, a été donnée avec succès au théâtre An der Vien ; Zampa, avec
Robinson dans le rôle principal, attire la foule à ce théâtre. Les répéti-
tions de Robinson Crusoé .se poursuivent aclivemenl. — Joachim et Ru-
binstein ont fait, chacun de leur côté, leurs adieux au public do Vienne,
où ils ont recueilli d'enthousiastes bravos.
^*^ Madrid. — Itiyolctto a servi aux débuts de Mlle Léontine de Mae-
sen, qui a pleinement réussi. Bonnehéo a été superbe dans le rôle de
Rigoletto. — Dans Un Ballo in mischera , Mme Lafont, dont l'engage-
ment vient d'être prolongé d'un mo's et demi, s'est fait chaleureuse-
ment applaudir avec Tamberlick, Bonnehée et Mme Sonieri.
^*^. Barcelone. — Fra Diavolo et le Pardon de Ploërmel, avec récitatifs
et pai'oles italiennes, viennent d'être mis à l'élude au théâtre du LIceo.
,,•"% Rome. — La censure ayant refusé d'approuver le libretto de Don
Carlos, l'imprésario .lacovacci, désireux de donner l'œuvre de Verdi, y a
laissé introduire d'impurlanis changements, qui dénaturent complète-
ment certaines situations et certains caractères.
^■■,, Florence. — La Pergola a inauguré la saison d'hiver le 31 dé-
cembre avec Un llallo in mascliera. Mlle Rusa Csillag, pour ses débuts, y
a i-emporté un très-beau succès, qui a augmenté encore le lendemain à
la représentation de gala donnée en présence du roi et de la cour.
f*^; Modène. — Gli Vgonotti ont brillamment ouvert la campagne le
29 décembre. La basse Segri-Segarra s'est particulièrement distingué
dans le rôle difficile de .Marcel.
.J'.^: Milan. — Le théâtre Santa-Radegonda se fait de belles soirées avec
Ciceo e Cola, opéra-bufifa en quatre actes du maestro napolitain Buo-
nomo.
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traits tout artistiques et d'une grande ressemblance; par la perfection de
la musique photographiée, dont les types, quoique aussi réduits que pos-
sible, sont cependant très-lisibles; enfiii par un format exceptionnel qui
la rend vraiment portative. Rien de plus commode, en effet, que de
pouvoir ]ilacer dans sa poche un étui renfermant vingt à trente cartes-
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16
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2° La nouvelle organisation instrumentale prescrite par l'ordonnance
ministérielle du 19 août 1843.
3° La description et la figure des instruments qui la composent, notam-
ment des nouveaux instruments de M. Adolphe Sax.
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4. Les Soldats du génie.
b. Les Artilleurs à cheval.
6. Les Artilleurs à pied.
7. Les Pontonniers.
8. L'Infanterie de marine.
9. Les Matelots.
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5. Les Hussards.
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7. Les Spahis.
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REVUE
19 imm 1868.
PRIX DE L'ABONNEMENT:
Paris. 24 r. par on
Départements, Belgique et Suisse..., 30 ». id.
Étranger 31 » id.
Le Journal paraît le Dimanche.
GAZETTE MUSICALE
DE PARIS
SOMMAIRE. — Histoire de la musique instrumentale (9' articlel, par Mau-
rice Cristal. — Littérature musicale: l'Acouslique-i ou les Phénomènes du
son, de R. Radau, par Arthur fou^in. — Correspondances : Bruxelles et
Moscou. — Nécrologie: Bocquillon, par Thomas SauTage. — Nouvelles
des théâtres lyriques. — Nouvelles diverses. — annonces.
HISTOIRE DE l MUSIQUE INSTRUMENTALE
(6= article) (1).
On n'ignore pas que tous les peuples ont eu, en général, une
prédilection marquée pour les timbales, les tambours et les trom-
pettes. C'est un goût que les Allemands, tout aussi bien que les
Russes et les Anglais, ont constamment gardé, n'en déplaise aux
nations du Midi qui ne dédaignent pas non plus ces bruyants en-
gins musicaux! Unies aux trompettes, les timbales servaient à
former des espèces de fanfares qui se nommaient entrées, parce
qu'elles retentissaient pour saluer l'arrivée des grands personna-
ges. Ces fanfares acclamatives, ces toasts musicaux, comme les
appelle spirituellement M. Kastner, se sont perpétués jusqu'à nos
jours dans le Nord, en Angleterre, en Russie, en Allemagne, et
le tusch, sorte d'impromptu musical au moyen duquel les artistes
des orchestres d'Allemagne manifestent, sous forme d'ovation,
leur sympathie pour un illustre compositeur, pour un habile vir-
tuose, qui vient d'obtenir un succès brillant, en est sans doute
dérivé.
Dans les pays du Nord, point de belles fêtes sans timbales et
sans trompettes : les noces et les festins s'animaient à leur fière
harmonie, à leurs accents enthousiastes! Seulement, les lois de
l'étiquette n'en permettaient la jouissance qu'aux princes, aux no-
bles, aux riches, aux puissants ; ce n'est qu'en de rares occasions
que les personnei investies de charges importantes, s'aventuraient
à les utiliser pour les plaisirs concertants de leur société fami-
lière.
La faveur toute aristocratique réservée alors à ces énergiques
voix englobées aujourd'hui dans nos orchestres, tenait surtout aux
(1) Voir les n'^" 38, 40, 42, 44 el 46 de l'année 1867.
idées guerrières et chevaleresques qu'on y attachait en souvenir
des vieilles traditions de la féodalité. La musique instrumentale
du xvni'= siècle rallia ces instruments d'accents divers et les utilisa,
mais en les perfectionnant et les remaniant. Les plus bruyants
n'étaient pas les moins recherchés; cependant tout s'harmonisa, et
vers le milieu du xvni* sièsle, des différentes formes de la musi-
que, la musique instrumentale fut celle qui réalisa les progrès les
plus remarquables, surtout en Allemagne où le style et le génie de
l'instrument se manifestèrent tout à coup avec un éclat incompara-
ble. C'est alors que le concerto, le trio, le quatuor, le quintette,
la sonate à plusieurs instruments prirent à peu près le caractère
qu'on remarque dans les premières productions de Boccherini et
d'Haydn.
Les jalons des progrès accomplis peuvent être ainsi marqués.
Ce genre de pièces, par l'usage fréquent qu'on en avait fait au
xvie et au xvn"^ siècles, avait pris entre les mains des grands
maîtres, Bach, Haendel, Corelli, Tartini, des proportions et des
développements qui, en répondant également au mérite musical et
à l'intérêt de la composition, devaient amener progressivement l'art
à la forme sous laquelle il se manifeste aujourd'hui. Kobrich,
Agrel, Janitsch, Radecker, Camerloer, avivèrent l'intérêt de ces
compositions déjà en vogue. Après eux, Craft, Kurtzinger, Tele-
mann, Schwindel, Mislivecek, Toeski,Wagenseil, Stamitz et Wanlial,
iirent pressentir que le cadre symphonique pouvait s'agrandir, et
qu'il serait aisé de multiplier et de varier la petite armée instru-
mentale, mais les essais étaient encore timides ou inhabiles ; il y
manquait l'impulsion d'un homme de génie.
Les écrivains de l'époque se plaignaient surtout du peu d'audace
des compositeurs; ils sentaient germer toute une oeuvre nouvelle
et ne se rendaient pas compte que c'est par l'effort de tous les
maîtres, aujourd'hui un peu délaissés, que le fruit si longtemps at-
tendu put atteindre à sa maturité. Il est bon de constater en quel-
ques mots quelle part chacun prit au progrès général et ce que
leur intervention présenta de profitable et de fécond.
La musique de Bach, peu répandue au dehors, ne put exer-
cer qu'une médiocre influence sur les compositeurs contem
porains; elle montre ce que l'art instrumental était à cette
époque, déduction faite du génie immense du maître. La re-
nommée du grand Bach fut en effet immense, même longtemps
18
UEVUE ET GAZETTE MUSICALE
avant sa mort. Toutefois on peut affirmer que le grand homme
n'a pas été apprécié à toute sa valeur. Ses auditeurs, les maîtres
célèbres de cette époque, ont reconnu qu'il était le plus habile des
organistes, le plus merveilleux des improvisateurs, le plus docte
des musiciens de l'Allemagne. Ses fugues étaient considérées par
quelques artistes comme les plus belles qui eussent été écrites pour
l'orgue ou pour le clavecin ; ils y avaient distingué l'œuvre d'un
esprit profond et hardi dans un genre qui semble exclure l'inven-
tion ; mais on était loin de soupçonner toute la diversité et la puis-
sance du talent de cet homme qui portait en lui tout un monde
nouveau. Sa musique d'orgue et de clavecin, bien que nombreuse
et toujours admirable, n'est que la minime partie des productions
d'une verve originale qui semble avoir été inépuisable. L'existence
calme et régulière de Bach avait favorisé son pencliant au travail.
Son activité égalait son talent et, comme il vivait éloigné des
grandes villes, il resta étranger aux variations de goût et de mode
que l'art subissait de son temps. La personnalité si énergique qui
caractérise chacune de ses compositions se maintint intacte, grâce
à l'isolement où il se confina pendant toute salaboricusecarriere.il
fuyait les applaudissements, ne travaillait que pour lui et pour
quelques amis, et condamnait en quelque sorte à l'oubli les ou-
vrages qu'il produisait et qui, exécutés au moment oîi il venait de
les ternn'ner, étaient aussitôt enfermés dans une armoire d'oîi ils
ne sortaient plus.
Les effets d'instrumentation, dans les compositions de Bach,
sont si variés et si remarquables qu'on a peine à comprendre
comment cet homme, qui longtemps a vécu dans de petites villes
et qui avait peu d'occasions d'étudier les instruments , a pu si
bien les connaître et devancer son siècle dans l'art de les em-
ployer. Dans l'œuvre de Bach, l'harmonie, plus hardie que cor-
recte, saisit toujours l'auditeur par l'imprévu et par l'énergie.
Le caractère sérieux et même austère de ce maître le portait
aux amplifications magistrales de la symphonie, et s'il eût pu dis-
poser de la virtuosité d'instrumentistes de mérite, il etit été aussi
créateur en ce gem-e que Haydn et que Beethoven ; la richesse
d'instrumentation, la virilité de pensée qu'il a déployées dans sa
musique pour divers instruments, dans les sonates, dans les con-
certos, dans les ouvertures et les symphonies qu'il a laissés, font
regretter que les circonstances n'aient pas contraint son génie à
se développer spécialement dans ce genre de composition qui était
si conforme à ses aptitudes.
Guillaume-Friedmann Bach, fils aîné de Jean-Sébastien, a été,
après son père, un des musiciens les plu3 savants de l'Allemagne.
Malheureusement il préférait l'improvisation à la composition mé-
ditée; mais les œuvres peu nombreuses qu'il a laissées dénotent
la science la plus profonde et une imagination très-vigoureuse.
Sa Cmnposi'.ion de musique complé/e pour la Pentecôte, avec
orcheftre et orgue, est admirable de tous points; ses œuvres con-
certées sont toujours intéressantes et quelquefois d'une rare va-
leur. On exécute encore en Allemagne, avec succès, ses composi-
tions pour les fêtes principales de l'église, pour voix, orgue et
instruments. Il est à regretter que ces œuvres n'existent qu'en
manuscrits et n'aient pu se répandre.
Les compositions instrumentales de Charles-Philippe-Emmanuel
Bach, deuxième fils de Jean-Sébastien, ont été bien plus décisives
pour les progrès de la symphonie. Actif et perspicace, cet artiste
avait fondé à Francfort une Académie de musique dont il se ré-
serva la direction, et pour laquelle il composait dans les occa-
sions solennelles des œuvres qui sont restées des modèles. Il entra
aussi au service de Frédéric-le-Grand, pour lequel il écrivit, beau-
coup de musique instrumentale. Il fut ensuite nommé directeur
de la musique à Hambourg, où il remplaça Telemann. Les socié-
tés artistiques de cette ville le prirent pour chef; sous sa direction
elles arrivèrent à une exécution chorale irréprochable, et lui durent
leur transformation. Enfin, il fut nommé maître de chapelle de la
princesse Amélie de Prusse.
Tout ce qu'il écrivit de musique dans ces différentes positions
officielles a un cachet de nouveauté et de génie. Sa musique s'ac-
cuse par l'originalité, la grâce, la souplesse et le dédain des phra-
ses conventionnelles, des formules vieillies, de toute cette rétho-
rique routinière que le pédantisme scientifique traîne après lui.
En France et en Angleterre le succès de ce novateur fut à la hau-
teur de son talent; mais en Allemagne, où l'on était accoutumé
au style doctrinaire, alourdi des maîtres scolastiques de second
ordre, on ne sut pas appi-écier tout son mérite ; c'est cependant le
style d'Emmanuel Bach, perfectionné par Haydn et Mozart qui
depuis a charmé toute l'Europe.
Jean-Christophe-Frédéric Bach a aussi écrit des œuvres sym-
phoniqucs d'un très- haut intérêt ; mais il est moins connu que
Jean-Chrétien Bach, onzième fils de Jean-Sébastien. Sa célébrité
lui vient de ses succès de théâtre; tels sont les avantages de la
carrière dramatique. Pendant longtemps son nom et ses ouvrages
furent plus généralement répandus que ceux du grand Bach lui-
même dont cependant il fut loin d'avoir le génie. Elevé dans les
principes de la scolastique la plus austère, il eut la chance de se
passionner pour des cantati'ices italiennes; il leur fut redevable
d'étudier la musique de leur pays, de la comprendre et de l'aimer.
Plein d'admiration pour l'art nouveau qui se révélait à lui, il ré-
solut de faire pénétrer le sentiment italien dans les procédés alle-
mands. Il voyagea en Italie et en revint avec un programme mu-
sical tout réformé. C'est à Londres qu'il donna son premier ou-
vrage : Orione ossia Diana vcndicala. On y remarqua la vive
originalité de quelques beaux airs et des effets nouveaux d'instru-
ments à vent. C'est dans cette partition que les clarinettes furent
entendues pour la première fois en Angleterre.
Sans avoir la puissance d'invention, la richesse d'harmonie,
l'ampleur instrumentale de- son père, ni la variété d'idées et la
profondeur de son frère, Cliarles-Philippe-Emmanuel-Chrétien
Bach fut cependant un des musiciens les plus remarquables du
xvni*^ siècle. Ses airs sont fort l'cmarquables et plusieurs ont
joui d'une grande célébrité. Son chant n'a point de caractère qui
lui soit particulier; il se rapproche beaucoup de la manière des
maîtres italiens de l'époque où il écrivait, et surtout de ceux de
l'école de Naples; mais il a du brillant, de la facilité. Ses mélodies
sont favorables aux voix, les accompagnements sont élégants et
d'une heureuse appropriation; il a eu le mérite de doter les airs
d'opéra d'efi'ets plus dramatiques et ne ramenant pas après l'allé-
gro le mouvement lent du commencement, comme l'avaient fait
tous les compositeurs italiens qui l'avaient précédé. Son orchestra-
tion était aussi marquée d'un énergique cachet d'originalité dont
les mérites se retrouvent dans la musique instrumentale que ce
maître nous a laissée et qui jette un jour très-vif sur l'histoire de
l'orchestration à ceite époque.
Le nom de Corelli est justement célèbre dans les fastes de
la musique et il traversera les siècles sans rien perdre
de son illustration, quelles que soient les révolutions auxquelles
cet art sera soumis. Le grand artiste n'est pas moins remarquable
comme compositeur que comme violoniste. Comme directeur
d'orchestre, il s'est montré aussi d'une incomparable habileté, et
c'est ainsi qu'il a influé si magistralement sur les progrès de la
musique de chambre et de la symphonie. L'élévation de son style,
les prodiges de son exécution, tout se réunissait pour étendre la
réputation de Corelli. Ce 'n'est point par une pureté d'harmonie
irréprochable, ni par une entente très-grande des combinaisons
sonores que brillent les compositions si importantes de ce maître;
mais par une variété de chants, une richesse d'invention, une
DE PARIS.
19
ampleur j,'raiidiose, qu'ont rarement atteintes les compositeurs con-
temporains. L'étude de ces ouvrages est encore une des meilleures
et plus profitables études que l'on puisse taire, et le public les
écoute toujours avec une satisfaction marquée. Le nom qui, en
musique, mérite le plus d'être cité comme résumant l'ensemble
des compositions du quatuor, est celui de Boccberini, admirable
compositeur qui vivait en même temps qu'Haydn, et qui a si
puissamment contrijjué à la création de la musique de chambre;
mais ce génie original, qui pour ne rien perdre de son individua-
lité s'interdisait jusqu'à la bcture des grands maîtres ses contem-
porains, se refuse, par ses qualités mêmes, à un parallèle qu'on
cherche toujours à établir entre les maîtres du genre. 11 doit être
envisagé à part, et sa mimographie, quoi qu'on fasse, se détache
toujours du cadre où ses travaux semblent l'enfermer.
Mauiuce cristal.
{Ln suite prochainement.)
LITTÉRATURE MUSICALE.
L'ACOUSTIQUE, OU LES PHÉNOMÈNES DU SON,
Par R. RADAU (1).
La science de l'acoustique est une de celles qui ont été le plus
négligées en France jusqu'à ce jour. A part les écrits du baron de
Prony et du baron Blein, à part le livre ultra-fantaisiste de Louis
Lucas, l'Acoustique nouvelle, nous ne possédions sur ce sujet, jus-
qu'à ces derniers temps , que quelques rares brochures de peu de
valeur.
Un mathématicien flamand, M. Delézenne, s'est occupé cepen-
dant de ces questions délicates, sur lesquelles il a publié plusieurs
opuscules intéressants, insérés d'abord dans les Mémoires de la
Société des sciences, de l' agriculture et des arts, de Lille. Un an-
cien officier de marine, M. Edouard Patau, a fait paraître tout ré-
cemment une brochure intitulée : Science et Musique. Enfin, un
travailleur instruit et consciencieux, M. R. Radau, auquel nous
devions déjà sous ce titre : Sur la hase scientifique de la musique,
analyse des recherches de M. Hebnholts, un excellent résumé des
doctrines et des travaux du célèbre physicien allemand , vient de
■publier, il y a un mois environ, le livre plein d'attrait et d'intérêt
dont nous avons inscrit le titre en tête de cet article.
Ce livre n'est point, à proprement parler, un traité scientifique ,
mais c'est un travail vulgarisateur destiné à faire connaître, à
l'aide d'une forme familière, attachante et sans pédantisme, les
étonnants phénomènes de la production du son, et à donner sur
ce sujet des renseignement puisés dans l'observation des faits,
tout en ne tirant de ces faits que les déductions bornées au peu
de certitude que l'on possède encore sur le rapport des
effets et des causes, relativement à une science dont l'élude re-
monte pourtant à une haute antiquité.
Le livre de M. Radau est divisé en quinze chapitres, dont nous
allons reproduire les titres pour donner une idée de son impor-
tance : — l. Le son dans la nature. — II. Effets du son sur les
êtres vivants. — III. Propagation du son dans les différents mi-
lieux. — IV. Intensité du son. — V. Vitesse du son. — \'I. Ré-
flexion du son. — VIL Résonnance. — VIII. Le son est une vibra-
tion. — IX. Hauteur des sons. — X. Les notes. — XL Le Timbre.
— XII. Interférences. — XIII. La voix, — XIV. L'oreille. —
XV. Science et Musique.
(1) Volume faisant partie de la Bibliothèque des Merveilles. Paris, Ha-
chette, 1867, in-J2, orné de 114 vignettes.
Ce qu'il y a d'érudition, d'observation, de savoir et de finesse
d'analyse dans ce petit livre est incalculable, et témoigne chez son
auteur d'une lecture prodigieuse, d'une connaissance vaste et
étonnamment étendue du sujet qu'il avait à traiter. Les observa-
tions physiques et mathématiques, les phénomènes naturels, les
faits tirés des nombreuses expériences auxquelles se sont livrés les
savants de tous les pays, les lois particulières de racousti([ue, la
formation de l'écho, les études sur les ondulations de l'eau, sur
les vibrations des corps solides, sur le sonomètre, sur l'étendue de
l'échelle générale de sons appréciables, sur les limites de la voix
humaine, sur le diapason normal, sur la résonnance multiple, le
mécanisme de l'audilion, la direction naturelle des sons, tout y est
abordé, expliqué, élucidé, autant du moins que le permet l'état
actuel d'une science peu avancée encore à certains points de vue.
Et tout cela, je le répèle, est présenté sous une forme claire,
lucide, facilement saisissable, qui, au lieu de rebuter le lecteur,
comme il arrive trop souvent dans cet ordre particulier d'idées
abstraites, l'attache d'une façon prodigieuse par suite de l'intérêt
que l'auteur a su donner à sa narration, dont la rapidité est éton-
nante.
Dans le dernier chapitre, le plus important sous le rapport vrai-
ment scientifique, M. Radau analyse les travaux et les expérien-
ces des hommes distingués qui se sont principalement occupés de
CCS questions: Euler, Rameau, Sauveur, Helmholtz, etc. Enfin,
son livre est orné d'une multitude de vignettes destinées à rendre
plus facile encore la compréhension des phénomènes dont il en-
tretient le lecteur.
Et pour montrer que la forme de ce livre en rend la lecture fa-
cile et agréable, je vais terminer en lui empruntant une des nom-
breuses anecdotes que l'auteur a su y enchâsser pour donner
plus de poids à ses assertions.
Dans le but de démontrer que l'écho, ce phénomène souvent
incompréhensible, « est une personne exigeante dont il n'est pas
toujours facile de deviner les caprices, » M. Radau rapporte le fait
que voici :
« Un Anglais qui voyageait en Italie rencontra sur sa route un
écho tellement beau qu'il voulut l'acheter. L'écho était produit par
une maison isolée. L'Anglais la fit démolir, numérota toutes les
pierres et les emporta avec lui en Angleterre, dans une de ses
propriétés, où il fit rebâtir la maison exactement comme elle avait
été. Il choisit pour emplacement un endroit de son parc qui était
à une distance du château égale à celle où l'écho avait été distinct
en Italie. Quand tout fut prêt, l'heureux pi'opriétaire résolut de
pendre la crémaillère de son écho d'une manière solennelle. Il
invita tous ses amis à un grand dîner et leur promit l'écho pour
le dessert. On mangea bien, l'histoire ne dit pas si l'on ne but pas
mieux... Quand on fut arrivé au dessert, l'amphitryon annonça
qu'il allait inaugurer son phénomène, et se fit apporter sa boîte
aux pistolets. Après avoir chargé lentement les deux armes, il s'ap-
procha de la fenêtre ouverte et tira un coup. Pas l'ombre d'un
écho! Alors il prit le second pistolet et se brûla la cervelle. On n'a
jamais su quel défaut de construction avait été la cause de
cet échec. »
Arthur POUGIN.
CORRESPONDANCE.
Bruxelles, 47 janvier.
On a vu avec grand plaisir de quelle manière mesurée, délicate et
vraie le réJacteur de la Gazelle musicale, rendant compte. du concert
populaire où s'est fait entendre dernièrement M. Léonard, aux applau-
dissements du public parisien, a parlé de la résolution prise par ce vir-
tuose de transporter sa résidence de Belgique en France. Un critique
1
20
REVUE ET GAZETTE MUSICALE
moins bien renseigné et peu bienveillant pour notre pays, a dit, en par-
lant (tu brillant succès obtenu par M. Léonard à ce même concert, qu'il
était ■. bien vengé des absurdes dédains de la Belgique, sa patrie, qui
n'avait su ni l'apprécier, ni le retenir. » 11 n'y a rien de fondé dans
celte allégation. Loin d'être l'objet d'absurdes dédains dans sa patrie,
M. Léonard y jouissait, au contraire, de la considération méritée par un
talent tel que le sien. Ce talent était hautement apprécié et n'a pas été
moins applaudi à Bruxelles qu'à Paris. Ainsi que le dit fort bien le rédac-
teur de la Gazette musicale, on a fait de grands efforts, en Belgique, pour
dissuader M. Léonard d'aller se fixer à Paris; mais pouvait-on le retenir
de force? Sa position au Conservatoire de Bruxelles était la même que celle
de Servais et de Mme Pleyel, et je puis vous affirmer que les professeurs
les plus renommés du Conservatoire de Paris sont loin de jouir d'avan-
tages pécuniaires aussi considérables. Nous avons vu avec beaucoup de regret
M. Léonard s'éloigner de la Belgique ; mais si nous n'avons pas trouvé
mauvais qu'il allât s'établir là oii il croyait exploiter plus fructueusement
son talent, nous ne pouvons nous empêcher de protester contre Its
injures que nous adressent des écrivains mal informés, pour le fait de
l'expatriation, tout à fait volontaire, du célèbre virtuose liégeois. La ma-
nière dont les choses sont présentées par votre honorable collaborateur
est infiniment plus digne d'un artiste tel que M. Léonard, plus conve-
nable pour la Belgique et plus exacte en même temps.
Nous venons d'avoir, au Théâtre royal de Bruxelles, un incident sem-
blable à celui qui survint à l'Opéra lors de la mise en scène de Don
Carlos. Pendant les répétitions du Béarnais, opéra-comique de deux au-
teurs belges, une jeune cantatrice renvoya le rôle dont on l'avait chargée,
alléguant qu'il était, non trop peu important,, mais trop difficile pour
elle. Était-ce de sa part modestie ou amour-propre déguisé'? C'est ce que
je ne saurais dire. Quoi qu'il en soit, le directeurn'admit pas queles chan-
teurs qu'il paie pour tenir leur emploi s'attribuassent le droit de ne
remplir que des rôles à leur convenance. Il intenta un procès à sa pen-
sionnaire; celle-ci demanda la résiliation de son engagement, et comme
elle n'était pas trop dans les bonnes grâces du public, on la prit au mot.
L'aventure était fâcheuse pour les auteurs du Béarnais dont l'espoir de
voir leur ouvrage représenté pouvait être ajourné indéfiniment. Heureu-
sement, il se trouva une cantatrice complaisante qui déclara se charger
du rôle délaissé! Cette cantatrice, vous la connaissez. C'est Mme Ferdi-
nand Sallard, que notre imprésario venait précisément d'aller engager
à Paris pour l'aider à monter Don Carlos, et qui, en arrivant à Bruxelles,
eut le bon goût de s'annoncer par un acte de gracieuseté vis-à-vis d'un
compositeur belge.
Mme Sallard a débuté dans Rigoleilo. 11 n'y a eu qu'une voix sur ses
avantages physiques; s'il avait fallu lui délivrer un brevet de jolie
femme, tous les spectateurs l'eussent signé; comme cantatrice, il a pai-u
qu'il lui manquait de la sûreté, do la justesse, et l'expression dramatique,
qu'il ne faut pas confondre avec les grands éclats de voix. Du reste, ce
n'est pas à une première audition qu'on peut juger une cantatrice
s'e.ssayant devant un public nouveau, et sous l'Influence de l'émotion
causée par une semblable épreuve. Les spectateurs ont fait à Mme Sal-
lard un accueil bienveillant, attendant, pour se prononcer sur son
niérlle, qu'elle soit plus maîtresse d'elle-même. M. Dumestre a réussi
dans le rôle de Rigolelto. M. Dulaurcns ne s'était pas mis suffisamment
dans la voix celui du ténor, qu'il a chanté avec peu de justesse.
Au dernier Concert populaire on a entendu Mme Clara Schumann,
qui était venue exprès d'Allemagne pour participer à cette séance. La
célèbre virtuose a joué le concerto de son mari, qui est, depuis tant
d'années, la pièce principale de son répertoire, puis un caprice de Men-
delssohn, suivi d'une fantaisie de Hiller et d'une étude d'Henselt. L'au-
ditoire a payé un large tribut d'applaudissements à son talent si ferme,
si sur, si vigoureux et si délicat. Il est douteux qu'elle ait jamais été
l'objet d'une ovation plus chaleureuse, même e.i Allemagne où cepen-
dant on ne manque jamais de lui faire fête. Dimanche prochain on en-
tendra au Conservatoire M. Holmes, qui se propose, dit-on, de donner
ensuite au théâtre Royal un concert composé de ses œuvres instrumen-
tales, symphoniques et autres.
E. F.
Nous devons à l'obligeance de l'ami auquel elle est adressée
communication de la lettre intime qui suit. Nous ne doutons pas
qu'elle ne soit lue avec intérêt, quoique n'étant pas destinée à la
publicité.
Moscou, vendredi 40 janvier.
Mon cher ***.
J'étais si fatigué ces jours-ci que je n'avais pas le courage de vous
écrire; et pourtant il m'est arrivé un grand événement musical. Les
directeurs du Conservatoire de Moscou sont venus me chercher à Saint-
Pétersbourg et ont obtenu de S. A, la grande-duehesse un congé de douze
jours pour moi. J'ai accepté l'engagement de diriger deux concerts. Ne
trouvant pas une salle assez grande pour le premier, ils ont eu l'idée de le
donner dans la salle du manège, un local grand comme la salle du
milieu de notre palais de l'Industrie aux Champs-Elysées. Cette idée, qui
me paraissait folle, a obtenu le plus incroyable succès. Nous étions cinq
cents exécutants, et il y avait, au compte de la police, douze mille six
cents auditeurs. Je n'essaierai pas de vous décrire les applaudissements
pour la Fête de Roméo et Juliette, et pour l'offertoire du Requiem. Seu-
lement j'ai éprouvé une mortelle angoisse quand ce dernier morceau,
que l'on avait voulu absolument, à cause de l'effet qu'il avait produit à
Saint-Pétersbourg, a commencé. En entendant ce chœur de 300 voix
répéter toujours ses deux notes, je me suis figuré tout de suite l'ennui
croissant de cette foule, et j'ai eu peur qu'on ne me laissât pas achever.
Mais la foule avait compris ma pensée : son attention redoublait et l'ex-
pression de cette humilité résignée l'avait saisie. A la dernière mesure
une immense acclamation a éclaté de toutes parts; j'ai été rappelé
quatre fols, l'orchestre et les chœurs .s'en sont ensuite mêlés, je ne sa-
vais plus où me mettre. C'est lapins grande impression que j'aie produite
dans ma vie. On a aussitôt envoyé une dépêche à S. A. la grande-du-
chesse pour l'informer de cette émotion populaire.
Le Conservatoire donne un second concert, demain samedi soir, avec son
orchestre de 70 musiciens seulement. 11 a remis encore l'offertoire dans
le programme. Laub joue l'alto solo dans ma symphonie d'Harold et
nous commençons par l'ouverture du Roi Lear. Laub joue ensuite le
concerto de violon de Beethoven. Nous avons fait la dernière répétition
ce matin et cela va à merveille.
Après-demain on me donne une fête, dans la salle de l'assemblée des
Nobles, où sera loule la ville artiste de Moscou. Après quoi je repartirai
pour Saint-Pétersbourg, où me restent deux concerts à donner. Je suis
bien exténué, mais heureux aussi de ce beau résultat.
Adieu, mon cher ami, etc.
H. Berlioz.
NÉCROLOGIE.
BOCQUIIiEiON.
Une individualité singulière, originale, vient de disparaître, c'est
Bocquillon.
Je le rencontrai en 1819 ou 1820. Ami de M. Tissot, j'avais été
chargé par lui du feuilleton dramatique du journal le Pilote, dont
il était directeur et rédacteur en chef. Un jour, du fond de l'im-
primerie, je vis monter au bureau de rédaction un de nos com-
positeurs qui venait timidement soumettre un article à mon ap-
préciation. Ce garçon était fort laid, fort disgracieux; défiguré
par une brûlure qui avait affligé l'un de ses yeux d'une sorte de
plaie permanente et qui rendait cet organe à peu près inutile;
de plus, son autre œil était myope, ce qui constituait le pauvre
diable, propriétaire de ces deux mauvais meubles, dans un état
très-voisin de la cécité.
Et cet homme s'était fait compositeur typographe!
C'est que cet homme était doué d'une force de volonté prodi-
gieuse,
Bocquillon possédait, dit-on. une petite rente viagère; mais il
s'était imposé l'obligation de vivre de son travail pour capitaliser
ses arrérages et se ménager ainsi une existence plus douce dans
sa vieillesse. Il y est parvenu.
C'est en faisant des expériences de chimie qu'il avait acquis son
infirmité.
Il voulait écrife et il écrivit des articles dans Is Pilote et autres
journaux.
Il publia des brochures politiques.
Puis il retourna aux sciences : il y obtint une certaine notoriété
comme technologiste, qui lui valut la place de bibliothécaire du
Conservatoire des arts et métiers.
Tout ceci, malgré nos vieilles et bonnes relations, ne motiverait
pas le souvenir que je lui donne dans cette Revue musicale, si
Bocquillon, qui touchait à tout par curiosité, n'eût pas touché
aussi à la musique.
Je ne sais pourquoi ni comment il se mit à tapoter un piano;
DE PARIS.
21
bientôt il put déchiffrer un air ; puis en déchiffrant les airs de
nos vieilles chansons, dominé par son goût de collectionneur, par
ses habitudes de bibliothécaire, il se prit à cataloguer les airs qui
lui passaient sous les yeux et les diverses chansons faites sur ces
airs; enfin il arriva à réunir un grand nombres de cartes et de
fiches.
11 y a trois ans, il vint me voir : il pensait à sa fin, il prévoyait
avec chagrin la dispersion de sa chère collection ; mais qu'en
faire? Il me consulta sur une place à lui donner, un emploi à lui
trouver. Il demandait au président de la Société des auteurs,
compositeurs et éditeurs de musique si cette Société ne pourrait
pas acquérir ce fruit de ses longs travaux, de ses recherches per-
sévérantes.
J'allai au Conservatoire examiner les casiers et les tiroirs de Boc-
quillon.
Mais il ne s'était imposé aucune règle de classement , ni par
dates,, ni par genres, ni par auteurs; enregistrant seulement les
timbres, c'est-à-dire le premier vers de chaque chanson, il n'avait
pas distingué, indiqué le primitif, l'original, celui pour lequel l'air
avait été composé, de tous les timbres des chansons faites depuis
sur le même air : ce que l'on appelle les faux timbres. Enfin, sur
ses cartons tout était confus et confondu.
Cependant il y avait là tant de renseignements, et je désirais
tant être agréable à cet excelbnt Bocquillon, que je crus devoir
appeler sur sa collection l'attention de notre agent général et le
prier de venir la voir à son tour.
Après l'avoir compulsée de nouveau, nous tombâmes d'accord
qu'elle n'offrait aucun intérêt à notre Société, et que, par consé-
quent, l'acquisition n'en pouvait être faite par son syndicat.
J'ignore maintenant ce que deviendra ce monceau de notes; il y
a certainement là une mine de renseignements inconnus sur les
deux parties constitutives de la chanson, l'air et les paroles, qui
pourrait piquer et satisfaire la curiosité des chercheurs, — mais
être utile?... là est la question!
Thomas SAUVAGE.
NOUVELLES DES THÉÂTRES LYRIQUES.
^.*,i- Deux représentations de Guillaume Tell, lundi et mercri'di, et ven-
dredi le Trouvère et la Source ont défrayé le réperloire de la semaine au
théâtre impérial de l'Opéra. - - On annonce la Juive pour la semaine
prochaine.
^*^ C'est au plus tard du lo au 20 février qu'aura lieu la première
représentation d'Hamlet. Hier soir, a eu lieu la première répétition
complète à l'orchestre.
^*t Depuis quelques jours, on répète à l'Opéra-Comique, avec le titre
provisoire de Sylvia, sous lequel il a été reçu il y a plus d'un an, un acte
de M. Samuel David, prix de Rome, œuvre do laquelle on dit déjà
le plus grand bien.
^*^ Samedi dernier, la reprise de la Gazza ladra avait attiré un bril-
lant auditoire au théâtre Italien, et l'on a fait un bon accueil à tous les
morceaux, depuis l'ouverture bien exécutée, du reste, le fait mérite une
mention, jusqu'au rondo final. Cet accueil s'expliqi e par.les beautés mé-
lodiques, quoiqu'un peu vieillissantes peut-être, mais d'un efiet puissant
encoe, do la partition. D'ailleurs, Adelina Patti, tour à tour émouvante
cl gracieuse, apportant àcette création, comme à tout ce qu'elle chanie,
de la simplicité, du charme et une émotion communicative ; applaudie
dans la cavatine célèbre Di placer du premier acte, dans le duo avec son
père, dans la scène du signalement avec le podestat, dans le duetto avec
Pippo, dans la prière, Mlle Patti a remporté les honneurs de la soirée.
Agnesi s'est montrée digne de figurer à côté de la diva. Dans ce rôle de
Fernando, où excellèrent et Galli et Tamburini, Agnesi ne déploie pas
seulement une belle voix, il fait aussi preuve du style dramatique large
et sûr de l'ancien drame lyrique. Gardoni se tire à merveille de la cava-
tine et des morceaux d'ensemble. Au duo de la prison, Mlle Grossi a
fait briller ses qualités vocales scéniques, et Ciampi, dont le talent souple
et varié gagne de plus en plus dans l'estime du public, donne un relief
plaisamment accentué à la personnalité libertine et prévaricatrice du Po-
dcsta. La deuxième représentation a obtenu encore plus de faveur que
la première, l'interprétation ayant été meilleure et plus sûre.
*** On poursuit activement à ce théâtre les études du Te.mplario (Ivanlioë),
œuvre éminemment dramatique dans la(|uelle la mélodie italienne est
vigoureusement appuyée par une orchestration savante et puissante, tout
à la fois. L'opéra renommé de Nicolaï nous paraît appelé à avoir à Paris
le succès qu'il a remporté sur les scènes les plus importantes de la Pé-
ninsule.
*** Les trois représentations de la Fanchonnelle qui ont été données
cette semaine au théâtre Lyrique ont amplement confirmé le succès de
cette reprise et de son interprète hors ligne, Mme Carvalho ; succès
triomphal pour la grande artiste et que nous nous empressions de cons-
tater dimanche dernier.
^** Le baryton Ismaël, du Théâtre-Lyrique, utilisera le congé auquel
il a droit en allant chanter à Marseille, avec Michel et Mlle Monrose, tout
son répertoire, entre autres ouvrages, Guillaume Tell et l'Africaine.
45% Six opéras-comiques, rien que cela! sont en ce moment à l'étude
aux Fantaisies Parisiennes. Sur les six, nous en avions nommé trois. Il
nous reste à pn'îsenter à nos lecteurs: le Farfadet, d'Ad. Adam, Mam'selle
Pénélope, de M. deLajarte elle Muletier, d'Hérold. On comprend que les
répétitions de ces actes nombreux doivent nécessiter une .série de re-
lâches qui commenceront demain, et que l'administration mettra à
profit pour approprier la salle aux exigences légitimes du public.
^*ii Mlle Irma Marié, annonce-t-on, est engagée à l'Athénée pour jouer
dans l'Amour et son carquois, avec Léonce et Désiré.
.*« L'apparition d'une chanteuse masquée dans le 4= acte des Plaisirs de
Paris, au théâtre Déjaz^t, a excité cette semaine une sorte de curiosité.
Cette cantatrice, grande dame ou artiste, est douée d'un physique
agréable et distingué; mais soit peur, soit inexpérience, elle n'a pas
réali.sé ce qu'on devait attendre d'une semblable tentative. Les deux
morceaux choisis par elle — des paroles sur l'air de la romance de Mme de
Rothschild et la valse si connue du Bacio — ne pouvaient d'ailleurs don-
ner une grande opinion de ses facultés musicales. Toutefois, les encou-
ragements ne lui ont pas manqué, et la courtoisie du public l'a applaudie
et même rappelée.
i^*jf, Au théâtre des Jeunes-Artistes de la rue de la Tour d'Auvergne,
jeudi dernier nous avons entendu le Chien du, Jardinier, de Grisar, exé-
cuté d'une façon charmante par MM Davy et Poulmier, Mlles Durand
et Alice C. . . Il y a certainement beaucoup d'avenir chez ces jeunes ar-
tistes, et nous indiquons aux directeurs en quête d'une gracieuse et in-
telligente Dugazon, Mlle Alice C. dont la voix est aussi fraîche que sym-
pathique.
i*:^ Léo Delibes compose en ce moment la musique — presque une
partition — de Nos Ancêtres, le drame nouveau ri'Amédée Rolland, qui
va être représenté au théâtre de la Porte-Saint-Martin. Cet élément essen-
tiellement artistique ne peut qu'ajouter grandement au succès littéraire
que l'on se plaît dès à présent à prédire à cet ouvrage.
^,% Le traité qui liait Mlle Schurider au Châtelet ayant été résilié à
l'amiable, ainsi qu'il était facile de le prévoir, l'artiste aimée du public
des Variétés est rentrée, hier soir, à ce théâtre dans Barlie-Bleue, avec
son partenaire Dupuis. MM. Kopp, Grenier, Christian, Hittemans, Ham-
burger, Mlles A. Duval et G. Vernet avaient repris leurs rôles.
i*,,. Les recettes brutes réalisées pendant le mois de décembre dernier
dans les théâtres impériaux, théâtres secondaires, concerts, etc., ont été
de 1,711,603 fr. 75 c.
,t*j La direction du Grand-Théâtre de Rordeaux étant tombée en dé-
confiture, les artistes de ce théâtre se sont immédiatement et à l'unani-
mité constitués en Société, sous la gérance de M. Cuvreau, le chefd'or-
che.-lre. Le cours des représentations n'a été interrompu qu'un jour. La
nouvelle commi.ssion a pour elle l'appui de la Mairie, et les vœux du
public qu'elle a su se rendre symphalique par quelques modifications
apportées à l'ancien état do choses ; on ne doute pas que sa tentative
n'ait un heureux résultat.
^*if: La direction du théâtre de Toulouse vient de reprendre avec de
nouveaux artistes V A f ri-aine, attendue avec impatience par le public.
Mme Ecarlat-Geismar, par son interprétation du rôle de Sélika, a justifié
sa réputation de cantatrice et d'actrice et a répondu aux espérances des
.'■pectateurs. Mme Ebrard-Gravière chante avec sentiment et délicatcs-e.
Une grande part du succès de cette reprise revient à M . Roudil, naguère
encore à l'Opéra.
t*^ La semaine dernière, Mme Vandenheuvel se trouvait à Monaco, et
elle a chanté les Noces de Jeannette sur la petite scène de cette plage
aimée du soleil. L'éminente artiste y a remporté le plus franc des succès.
Le public monégasque et cosmopolite ne ménage pas non plus ses bra-
vos aux frères Guidon qui interprètent, dans les Etats de S. A. Char-
les 111, le Violoneux, d'Ofténbach, avec leur goût et leur esprit' habituels.
,j;*,p A la dernière représentation de la Grande-Duchesse, à Liège, ven-
dredi de l'autre semaine, les abonnés du théâtre ont fait remettre sur
la scène à Mme Rose Rell, tandis que la foule éclatait en bravos enthou-
siastes, un bouquet splendide aux couleurs françaises et une magnifique
bague en diamants. Mme Rose Bell, sur la demande formelle du public
REVUE ET GAZETTE MUSICALE
de Liège, donnera pendant un mois encore des représentsitions au théâtre
de cette ville.
,*» Hier, le cinquième bal masqué de l'Opéra, sous la direction de
fctrauss, a été aussi brillant et aussi nombreux que les précédents.
NODVELLES DIVERSES.
,** Le quatrième concert du Conservatoire a eu lieu dimanche der-
nier pour les abonnés anciens, avec les modifications que nous avons in-
diquées dans le programme On avait bissé, au dernier concert, le char-
mant chreur de^ nymphes de Psyché, d'Ambroise Thomas; cette fois
c'est Valkgretto àc, la symphonie en ta qu'on a fait répéter. Pour qui
connaît les deux niorocaux, ce choix est caractéristique. La jeune séné-
ration d'abonnés, qui n'a pas encore fait de .stage à la salle de la rue
Bergère, se laisse plus facilement prendre par le côté gracieux que l'ina-
movible première série, stylée depuis Habeneck à réserver son admiration
pour des beautés plus sévères. Le concerto de \iolon de M. Garcin a eu
un succès très-honorable. On y trouve des preuves d'un talent incontes-
table qui se révèle surtout dans hs détails, dans les finesses et les re-
cherches de l'harmonie; mais le style n'est pas celui d'un concerlo. On
cherche aussi, et souvent en vain, un plan que l'auteur paraît avoir
subordonné aux effets isolés d'Iuirmonie, de mouvement de parties et de
virtuosité. L'adagio a surtout fait plaisir. M. Garcin a exécuté son œuvre
avec beaucoup de sûreté et de charme.
»*^ Le concert donné dimanche au cirque Napoléon, offrait à ses au-
diteurs ordinnires deux nouveautés intéressantes, — et il faut rendre
cette justice à M. Pasdeloup, qu'il n'épargne ni son temps pour les cher-
cher, ni ses peines pour les faiie exécuter, — l'ouverture de Manfred de
Schuman et la Sicilienne de Séb. Bach. Chaque fois qu'un morceau nou-
veau est joué aux Concerts populaires, il se produit une sorte d'hésita-
tion, fort naturelle d'ailleurs, dans le public: il se partage presque tou-
jours en deux courants contraires se traduisant, l'un par une approba-
tion forcenée, l'autre par une sorte de résistance; toutefois, l'intelli-
gence musicale qui distingue les habitués de M. Pasdeloup ne tarde pas
à prendre le dessus, la fusion s'opère et l'on est tout étonné de voir, à
la deuxième ou troisième audition, l'œuvre accueillie froidement d'a-
bord, obtenir un succès enthousiaste. L'ouverture de Manfred n'a pas eu
dimanche à subir celte épreuve : elle a été tout d'abord favorablement
reçue et saluée de trois salves d'applaudis'-ements très-francs et très-ac-
centués. C'e.n d'ailleurs une œuvre qui recèle de grandes beautés sym-
phoniques, et l'une de celles qui ont dû contribuer fortement à la répu-
tation du compositeur. On ne .s'est pas montré moins sympalhique à la
Sicilienne de Bach qui a été également fort applaudie. — Nous ne di-
rons rien des autres parties du concert, si ce n'est qu'elles ont été ren-
dues avec l'excellent ensemble qui distingue l'exécution des artiste:; de
M. Pasdeloup. On a redemandé de toutes parts le menuet de la sym-
phonie eu sol mineur de Mozart; la 9» symphonie de Beethoven a pro-
duit un immense effet, et l'ouverture de Guillaume Tell a brillamment
clos cette belle séance.
a,*i Aujourd'hui dimanche, à 2 heures, douzième concert populaire de
musique classique au cirque Napoléon. On y entendra : 1° ouverture de
Strue7isée de Meyerbeer; — 2° symphonie en fa majeur de Beethoven
(allegro, allegretto scherzando, menuet, finale); — 3° adagio du qua-
tuor en si bémol (op. 50), de Haydn (exécuté par tous les instruments à
cordes); — i° marche hongroise, orchestrée par Berlioz; — S' Songe
d'une Nuit d'été, de Mendelssolm (ouverture, allegro appassionato ,
scherzo, nocturne, marche.) L'orchestre sera dirigé par M. J. Pasde-
loup.
*% Hier soir a eu lieu à la salle Herz une grande soirée musicale et
dramatique au profit de l'œuvre de la Société d'éducalion et d'assis-
tance pour les sourds-muets de France. Mlle Battu, Delle-Sedie, MM.
Lebouc, Saint-Saëns et un violoniste étranger. M. Console, qui sera bien-
tôt célèbre; Mlle Favart et M. Delaunay, de la Comédie-Française, prê-
taient leur concours à ce beau concert dont nous reparlerons.
-^*sj; Berthelier, qui à peine de retour de sa dernière campagne avec
M. Ulmann s'apprête à repartir avec Carlotta Patti et les nouveaux
artistes engagés, a chanté dans ses concerts successifs trente-sept fois
l'Air bouffe anglais avec un succès qui a été général; toujours applaudi
à outrance, l'ex' client chanteur était obligé de répéter cette chansonnette,
l'une des plus originales d'Otïenbach.
^*^ La reprise des séances populaires de musique de chambre, par MM.
Ch. Lamoureux, Colblain, Adam et Poëncet, est maintenant certaine. La
première est, en effet, annoncée pour mardi prochain, avec le concours
du pianiste Henri Fissot. On entendra les morceaux suivants : 1° Trio
en ré mineur, de Mendelssohn, pour piano, violon et violoncelle ; 2° Qua-
tuor en sol mineur, (n° 74), de Haydn; 3° Sonate en ut dièse mineur
de Beethoven, exécutée par M. Fissot; i° Quintette en la mineur, de
Mozart. Les séances populaires de nmsique de chambre auront lieu,
comme de coutume, dans les salons Pleyel, Wolff et C*'.
**^ Une jeune et charmante pianiste, Mlle Marie Secretain, donnera
le 23 janvier, dans la salle de M. Herz, .son maître, un concert à grand
orchestre. Entre autres morceaux, Mlle Secretain fera entendre le 6°
concerto de Henri Herz.
^% M. Eugène Ketterer, l'excellent pianiste-compositeur, qui faisait
partie de la dernière tournée Ulmann, est revenu à Paris, où il va re-
prendre ses leçons et ses travaux de composition.
,*» Nous annonçons pour dimanche prochain, 26 janvier, la matinée
d'inauguration des cours de chant, piano, accompagnement et orgue,
composée de Mme Anna Fabre, MM. Eugène Ketterer, Albert Vizentini,
Auguste Durand, qui aura lieu. chez Mme Anna Fabre, 23, rue d'Haute-
ville, à 2 heures. Nous pouvons prédire d'avance un grand succès à cette
matinée et à ces cours.
^*^ Aujourd'hui, à deux heures, a lieu, à la salle Herz, une belle
matinée musicale et dramatique au bénéfice de M. Nathan, de l'Opéra-
Comique, Tout le personnel artistique de ce théâtre, Mme Marie Sass,
les frères Lionnet, Sarasate, etc., prêtent leur concours au bénéficiaire.
Entre autres attractions du programme, nous citerons le chœur des Deux
Avares, chanté par tous les artistes de l'Opéra-Comique.
^*^ La Société de bienfaisance italienne, protégée spécialement par
l'Empereur, donnera, demain lundi, son grand concert dans la salle du
théâtre Italien, avec le concours des artistes de cette scène; concours et
salle gracieusement accordes par M. Bagier. Le programme se composera
du deuxième acte de Norma, du premier acte de D>,n Pasquate, du
deuxième acte de Maria et du premier acte de Crispino c la Comare.
**;^ Mlle Wertheimber est de retour à Paris, après une triomphale
campagne que les dilettanli barcelonais ont trouvée trop courte. Elle a
paru pour la dernière fois au théâtre du Liceo dans le Prophète, après
l'avoir chanté dix fois de suite avec un succès sans égal. Rarement on
a vu se produire un pareil enthousiasme : Mlle Weirtheimber a été
maintes fois rappelée et couverte de bouquets. Elle est au moment,
paraît-il, de signer un engagement avec une de nos grandes scènes fran-
çaises.
^*fi. L'un des solistes les plus distingués de l'orcfiestre d'Arban, M.
Emile Dunckler, violoncelliste, vient d'être eng:)gé au Casino de Gand
pour s'y faire entendre au concert qui sera donné par cet établissement
le 23 de ce mois.
-c** On nous écrit de Francfort : « M. Rosenhain, le célèbre pianiste-
compositeur, a passé quelque temps parmi nous. Avant de partir pour
Paris, où ses amis et ses élèves l'attendent, il a fait entendre, devant une
réunion qui se composait de toutes les notabilités artistiques de notre
ville, plusieurs de ses nouvelles compositions qui ont obtenu l'accueil le
plus chaleureux : une sonate pour piano et violoncelle (op. S3), œuvre
magistrale, dramatique et pleine de passion, admirablement exécutée par
l'auteur et M. Lubeck; une méditation pour le piano (op. 77), remplie de
poésie et rendue par l'auteur avec ce style, qui n'appartient qu'aux
grands maîtres; quatre mélodies caractéristiques (op. 68): barcarolle,
Chanson du Touriste, Courante et Cloches du soir, véritables bijoux;
plusieurs mélodies pour piano et violoncelle et pour piano seul, entre
autres un morceau intitulé : « Conte d'enfant », pétillant d'esprit, qui a
transporté l'auditoire. Toutes ces œuvres nous ont ravi par leur richesse
mélodique et par l'élévation et la variété de leur style. M. Rosenhain
nous a prouvé qu'il est à la fois un grand pianiste et un de nos
meilleurs compositeuis. »
j*^ Les journaux de Berlin nous apportent la mention d'un concert
donné dernièrement par un jeune violoniste-compositeur dont l'avenir
s'annonce brillamment et que le Conservaloire de Paris couronnait der-
nièrement, Franz Ries, le neveu du célèbre pianiste: le programme était
composé exclusivement de ses œuvres, parmi lesquelles on a distingué un
quatuor, des lieder et des solo de violon qui témoignent d'un talent déjà
mur et formé à la meilleure école.
^*,^ Alfred Jaëll et sa femme \iennent de remporter de nouveaux et
éclatants succès au Gewandhaus de Leipzig, à la Société philharmonique
de Hambourg, à Brunswick, etc. Les duos pour deux pianos, de Schu-
mann, Reinecke et autres auteurs que ces deux éminents artistes exé-
cutent, sont bissés chaque fois. Paris les possédera de muveau, et cette
fois d'une manière durable, après leur tournée d'Allemagne qui se termi-
nera en février.
^*^ La saison prochaine et la nouvelle direction seraient, dit-on, inau-
gurées à Bade par plusieurs innovations. En ce qui concerne la mu-
sique, on améliorerait l'orchestre du kiosque, et l'opéra italien serait
remplacé par un théâtre allemand dont les artistes seraient recrutés sur
les scènes les plus célèbres.
^% S'il faut en croire les affirmations réitérées et quasi-officielles du
Constitutionnel, la réorganisation des musiques militaires de la cavalerie
française serait décidée.
^*^ Le populaire auteur de la Femme à barbe, de Rien n'est sacré pour
un sapeur et autres mélodies avantageusement connues, M. Villebichot,
annonce l'ouverture prochaine d'un théâtre qui portera son nom et qui
se transformera, suivant les circonstances, en une vaste salle de concerts.
Le Théâtre-Villebichot sera situé boulevard Lafayetle, près de la Villette;
DE PARIS
23
on pouvait s'y attendre, car il est pour certains répertoires des lieux
prédestinés.
t% L'éditeur de musique Choudens vient de recevoir de S. M. le roi
de Suéde la décoration de son ordre de Gustave VV;isa.
^,*^ Nous apprenons de Vienne que S. M. l'empereur d'Autriche vient
de faire remettre au célèbre ténor Roger, la grande médaille des Arts
et Sciences, pour son mérite artistique et sa remarquable traduction des
Saisons d'Haydn.
**, M. Paul de Saint-Victor, l'érudit et brillant critique théâtral, passe
du journal la Presse à la Liberté; c'est une véritable bonne fortune pour
les lecteurs du journal de M. de Girardin.
»% Un praticien du plus grand mérite, un professeur très-écouté,
M. le docteur Laborie, officier de la Légion d'honneur, attaché au ser-
vice médical de l'Opéra, vient de mourir, jeune encore, et par suite d'un
accident survenu dans l'exercice de son art. Ses obsèques ont eu heu
mardi dernier, en l'église Saioi-André. Cette perte sera vivement ressen-
tie par la société parisienne et le monde artiste, où le docteur Laborie
comptait une nombreuse, fidèle et sympathique clientèle.
ÉTRANGER
,fc** Brunswick. — On vient de donner Roméo et Juliette de Gounod;
on ne compte pas sur une vogue pareille à celle de Faust, mais on a
bien accueilli l'ouvrage et on s'atlend à un nombre raisonnable de re-
présentations.
«% Berlin. — Mlle Artôt, plus que jamais l'idole du public, a chanté,
après II Barbiere et la Sonnambida, le Faust de Gounod, oii elle captive
par des moyens autres que Pauline Lucca, mais aussi sûrs. Elle s'est
également fait entendre à la Cour. Les conditions de son réengagement à
Varsovie sont des plus brillantes : oO,OOÛ francs pour cinq mois et une
représentation i bénéfice gaiantie 8,000 francs. A Moscou, oii elle doit
chanter deux mois, son traité lui assure de plus beaux avantages encore.
— ïaglioni vient de donnerun nouveau ballel, "on Paraso/, qui lui a valu
un magnifique triomphe; il a été rappelé douze fols au moins. Mlles
Girod et David, chargées des rôles principaux, ont partagé ce succès. —
La Grande Duchesse de Gcrolstein, vient de conquérir, haut la main, le
public de Berlin, qui passera tout entier au théâtre de Friedrich-Wilhelm-
stadt. Mlle Lina Mayr est une gracieuse Grande-Duchesse, un pej senti-
mentale peut-être, mais bonne musicienne et chanteuse expérimentée.
On l'a applaudie à diverses reprises, et ses camarades, Neumann (Boum),
Adolphi (Frilzj, Mathias (le prince Paul), ont pris leur bonne part do ce
sympathique accueil. On les a tous rappelés après chaque acte. On peut
prédire maintenant à la Grande Duchesse une longue série de représenta-
tions.
^*^ Vienne. — Un nouveau ballet de Henri Desplaces, Xana-Sahih, &
été donné à l'Opéra sans succès, mais non sans bruit. Deux partis soute-
nant deux ballerines rivales, Mlles Couqui et Lucas, en sont venus
presque aux mains, sans nul profit pour l'ouvrage, qui était la chose à la-
quelle on songeait le moins dans cette bagarre. - Wachtel fils et
Mme Ehnn ont signé un engagement avec l'Opéra.
,is** Venise. — La Fenice est restée fermée dix jours pour préparer con-
venalslement la représentation de Dinorah. Après de nombreux tiraille-
ments entre le public et les impresarii successifs, voici la paix faite et
cimentée par un des succès les plus complets, les plus retentissants dont
ce grand théâtre ait été témoin. L'ouvrage est allé aile stelle; on ne se
lassait pas d'applaudir cette musique si gracieuse et si forte en mê'uie
temps; on prodiguait les bravos aux artistes, Camille de Maesen, Minetti,
Merly, qui tous ont rivalises de talent. La soirée du 8 janvier marquera
dans les annales de la Fenice, si riches déjà de beaux souvenirs. — On
monte maintenant à grands frais l'Africaine pourlaLotli délia Santa.
tf,*^ Florence. — Le jeune et déjà célèbre violoniste Wilhelmy à prêté
son concours à la troisième et à la quatrième .séance de la Socicta dcl
Quarlello. On ne se rappelle pas ici avoir vu un succès pareil ; les ap-
plaudissements ébranlaient la salle, surtout après le concerto de Paganini.
Wilhelmy e.st également admirable dans la musique d'ensemble; il a
exécuté, avec MM. Bruni, Laschi et Sbolei, plusieurs quatuors de Haydn
et de Beethoven après lesquels lesbravo» ne finissaient pas.llest parti pour
Saint-Pétersbourg, où un engagement l'appelle jusifu'à la fin de mars; .son
court passage ici aura été un véritable événement musical. — A la cinquième
séance, le S janvier, le pianiste Ducci a joué en maître, avec un excellent
violoniste, M. Papini, une sonate de Rubinstoin, puis le célèbre septuor
de Hummel. — Un comité vient de se constituer, .sous la présidence du
prince Charles Poniatowski, pour élever un monument à Pacini.
ji*^ Milan. — La Camarijo, ballet nouveau de Monplaisir, a très-bien
réussi à la Scala. La première danseuse Ferraris y a obtenu un grand
succès. La musique est de Dall'Argine; elle a été également goûtée. —
Mme Borghi-Mamo s'e.st fait eniendre dans une soirée donnée par l'édi-
teur Lucca; le beau talent qui lui a conquis de si fervents admirateurs
s'est mis en pleine lumière dans une Canzone napolitana, la romance
à'Otello, le duo du Barbier et le? variations de Rode. Elle a recueilli les
plus sincères et les plus justes applaudissements.— Au théâtre Carcano ont
eu lieu, dans le rôle de Gilda, de Rigotetto, les débuis d'une toute jeune
et charmante artiste, Mlle Octawa Tornsquistqul parait réunir toutes les
qualités désirab.'es comme chanteuse et comme comédienne. Son succès
a été des plus chaleureux. Voici comment la Gazetta dei Teairi s'exprime
à son égard : • Mlle Tornqui.st joint à une belle voix limpide et métal-
» lique une habitude de la scène bien rare chez une débutante. Aussi
» son succès a-f-il pris les proportions d'un véritable triomphe.
» .Mlle Tornquist a fait ses études musicales à Paris, et son succès n'é-
» tonnera personne lorsqu'on saura que Délie Sedie ia comptait au
» nojibre de ses bonnes élèves.
^*\p Cadix. — Emmy La Grua maintient l'enthousiasme au même ni-
veau depuis son arrivée. Elle vient de chanter Gemma di Veryy avec un
immense succès que la presse locale enregistre avec une significative una-
nimité.
^'.^ .Madrid. — On monte /a .l/ue«eavecTamberlick, Selva, Mmes Pa-
lermi, Sonieri et Roseré (Fcnella).— .Mme Penco a fait sa rentrée dans Lu-
crezia Borgia, au milieu d'une pluie de fleurs et de couronnes. Toutefois la
santé de la célèbre cantatrice est toujours fort précaire. On va reprendre
pour elle Roberto il Diacolo.
jf*t Barcelone. — La direction du Liceo vient de mettre à l'étude le
Pardon de Ploérmel, qui y sera représenté très-prochainement. Mlle Vi-
tali est engagée pour le rôle de Dinorah. — On se propose également
de monter ensuite Fra Diavoto.
*** Saint-Pétersbourg. — Mme Volpini a débuté le 7 janvier, avec un
succès énorme, dans Dm Pasquale; l'Empereur l'a fait complimenter
après la représentation. — Le^<début de Mlle Galetii a été également
très-brillant; Mario, Graziani -et .\ngelini l'entouraient et n'ont pas été
moins fêtés. — Tous les journaux sont pleins d'éloges à l'adresse de
Mme Pauline Lucca et la célèbre cantatiùe allemande fait réellement
fanatisme parmi le [uiblic russe.
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Danse
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SOMMAIRE. — Du nouveau en musique, par Edouard Fétis. — Le Psaume
CXXXVII, imité de la Bible par M. Pacini, mis en musique par M. Jules Béer.
— Hevne des tli''âtrps, par It. A. 1). Sain<-'V>«H. — Concerts et audi-
tions musicales de la semaine. — Nouvelles des théâtres lyriques. — Nouvelles
diverses. — Annonces.
DU NOUVEin EN OnSIQUE.
Bien des personnes se demandent avec inquiétude si l'on peut
encore faire du nouveau en musique, si les combinaisons aux-
quelles peuvent se prêter les éléments de cet art ne seront pas
bientôt épuisées, si elles ne le sont pas déjà.
Qu'elles se rassurent : non-seulement on peut encore faire du
nouveau en musique, mais on en pourra toujours faire. Il n'a été
assigné de terme à l'application d'aucune des facultés de l'homme.
Les combinaisons qui peuvent fournir les éléments de l'art mu-
sical sont inépuisables. Certaines combinaisons d'effets pourront
s'épuiser, mais non pas celles qui relèvent du sentiment. Ce qui
ne s'épuise pas, ce qui est éternel, c'est la puissance créatrice du
génie humain, c'est la faculté lu'il a de renouveler la forme de
toutes choses.
On fait éternellement du nouveau avec les mêmes mots de la
langue, avec les mêmes couleurs, avec la même matière, quand
l'esprit vient la vivifier. On ne cessera pas d'en faire avec les
notes de la gamme.
Lorsqu'une forme est épuis^^e, il vient un homme de génie, soit
immédiatement, soit après une attente plus ou moins longue, qui
prend une autre forme pour ex[)rimer ses idées, et l'art est renou-
velé pour une période d'une certaine durée.
Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on s'avise de croire que les combi-
naisons musicales sont épuisées. Nous gagerions que du temps de
Lulli, il y avait des gens qui doutaient qu'on pût faire encore du
nouveau en musique et qui voyaient dans les opéras de ce maitre
le suprême effort, le dernier mot de l'art. Les contemporains de
Mozart ont eu la même pensée, on n'en saurait douter. Us ont
cru qu'il n'y avait plus rien à faire après Don Juan; ont-ils prévu
Weber, Rossini, Meyerbeer? Certes, Don Juan est le chet-d'œuvre
de la musique dramatique, dans une certaine forme ? msûs dece que
la perfection d'une forme a été atteinte, il ne résulte pas que l'art
ait pris fin. Il renaît sous une autre forme. Arrivé à un certain
degré, l'art ne monte plus, mais on aurait tort de croire qu'il doit
nécessairement décliner, il peut prendre d'autres directions. Le
mouvement est la loi universelle du monde; il est à la fois le
principe et le résultat de l'action vitale. Cela posé, il faut recon-
naître qu'il y a d'autres mouvements que celui qui monte et que
celui qui descend. Marcher au niveau d'un degré quelconque d'élé-
vation, en prenant à droite ou à gauche, c'est encore marcher.
Comment peut-on faire du nouveau en musique? C'est le secret
du génie. Si cela pouvait s'indiquer, se déterminer par des règles
en quelque sorte mathématiques, s'il y avait des procédés pour
faire du nouveau, la chose serait trop facile et sans mérite. A quoi
servirait d'avoir du génie?
Non, il n'y a pas de méthode pour faire du nouveau dans les
arts ; le nouveau se conçoit, il ne se prépare point. Le nouveau est
toujours trouvé instinctivement, par des hommes inspirés qui ne
savent pas qu'ils font du nouveau. Jamais l'art n'a été redevable
de quelque innovation féconde aux hommes à systèmes qui se
tracent des plans de conduite et s'érigent en créateurs.
Ce qui prouve que M. Wagner n'est pas un homme de génie,
quoi qu'en disent ses amis, quoi qu'il en dise lui-même, ce n'est
pas tant la nature des impressions produites par l'audition de ses
œuvres que la prétention qu'il a de jouer le rôle de réformateur.
Il suffit de lire ses écrits, de voir les théories qu'il a exposées,
pour être certain que ce n'est pas un novateur, dans la véritable
acception du mot. Le génie ne dit pas: «Je vais faire telle chose.»
Il la fait involontairement et pour ainsi dire malgré lui. En la
faisant, il accomplit une fonction dépendante de sa constitution.
Lorsqu'il a transformé l'art de la peinture, Giotto n'a pas an-
noncé qu'il allait substituer à l'immobilité byzantine le mouvement
et la vie ; qu'il allait rétablir la nature dans ses droits méconnus
par de nombreuses générations d'artistes. Quand Monteverdi dota
la musique des éléments dont s'est formée la tonalité moderne, il
n'avait pas lui-même conscience de l'importance de ses innovations.
Il faisait, sans prétention et sans intention, ce que son instinct le
portait à faire. Ni Haydn, ni Mozart, ni Bach, ni Haendel, ne se
sont posés comme des réformateurs. Ils ont commencé par em-
KEVUE ET GAZETTE MUSICALE
ployer les formes techniques en usage de leur temps ; peu à peu
leur talent a pris dos allures plus indépendantes, il s'est indivi-
dualisé; enfin le talent s'est élevé, en eux, jusqu'au degré où il
change de nom et devient le génie dont les manifestations ont un
cachet prononcé d'originalité. Tout cela s'est fait naturellement,
sans préméditation et sans etfort.
C'est toujours ainsi que les choses se passent chez les hommes
prédestinés au rôle do novateurs, rôle qu'ils savent d'instinct,
qu'ils n'ont pas besoin d'apprendre comme fait le comédien, et
qu'ils jouent avec naturel. Quand vous voyez un artiste, peintre
ou musicien, crier tiès-haut que ce qu'on a fait avant lui ne va-
lait rien, et qu'il faut changer de route; quand vous lui voyez
développer longuement et prétentieusement des projets de réforme,
annoncer les merveilles qu'il se pi'opose de réaliser, arborer un
dfikpeau, t'eHbl'cer de créer un parti pour soutenir ses idées, soyez
convaincu que vous avez alfaire à un ambitieux incapable, duquel
il n'y a à attendre aucune de ces nouveautés qui font époque dans
l'histoire de l'art. Il est sans exemple que de vrais hommes de
génie, trouveurs d'idées ou de formes nouvelles, aient rédigé des
programmes et les aient publiés à son de trompe.
Les maîtres font du nouveau comme M. Jourdain faisait de la
prose, sans le savoir. Ils disent en musique, leur langue, ce qu'ils
pensent; ils expriment ce qu'ils sentent. Il se trouve que c'est du
nouveau. Ce n'est pas leur faute.
On peut faire avec intention des eilets nouveaux; mais on ne
fait pas des idées nouvelles. Il faut qu'elles se présentent d'elles-
mêmes. L'idée appelle nécessairement la forme propre à l'expri-
mer. Si l'idée est nouvelle, la forme est nouvelle aussi. Supposez
que Beethoven ne fût pas doué du génie créateur, mais qu'il eût
simplement la science des combinaisons, supposez qu'il eût pensé
comme Mozart, en développant seulement la puissance des compli-
cations instrumentales, nous n'aurions ni la symphonie en ut mi-
neur, ni la symphonie en la, ni l'Ucro'ique, ni la Pastorale, aucune
des œuvres, enfin, dans lesquelles nous admirons sa profonde et
saisissante originalité. Il a pensé comme Beethoven, avant d'écrire
comme Beethoven. Ainsi que chez tous les inventeurs, la forme
est, chez lui, la conséquence de l'idée ; toutes deux sont le pro-
duit de la même conception. Essayez de renforcer l'instrumentation
d'Haydn, ou de simplifier celle de Beethoven, vous n'aurez que des
productions sans unité, sans caractère, des productions incohé-
rentes. On a fait de ces tentatives, et elles n'ont jamais abouti à
des résultats approuvés des connaisseurs. Ce rapport entre l'idée
et la forme existe dans tous les arts. Appliquez, par la pensée, le
coloris de Rubens aux compositions de Raphaël; imaginez une
figure dessinée par Fra AngeHco et peinte par Rembrandt, au lieu
d'œuvres accomplies, vous aurez des monstruosités. Pour faire du
nouveau en musique, il faut donc commencer par avoir des idées
nouvelles, par en avoir naturellement, comme en ont les hommes
de génie ; c'est une condition qu'on remplit parfaitement lorsqu'on
est organisé pour cela. En pareil cas, il est inutile de faire des
efforts, de formuler des théories, de publier ses intentions; les
choses viendront d'elles-mêmes et le public verra bien à qui il a
affaire. Il y en a beaucoup de variétés déçues depuis que le monde
existe, mais on aurait vite dressé la liste des génies méconnus.
Faut-il absolument faire du nouveau en musique? Comment re-
connaît-on qu'il est nécessaire défaire du nouveau?
Pour répondre à cette double question, il faudrait commencer
par convenir de ce que l'on entend par du nouveau; assurément
aucun compositeur ne peut être autorisé à refaire ce qu'ont fait
ses prédécesseurs. S'il ne sait que répéter ce qui a déjà élé dit, il
n'a qu'à garder le silence. Tout musicien doit avoir ses idées à
lui, ses propres inspirations ; il doit aussi les présenter sous une
forme technique qui lui soit personnelle. En conclure qu'il esttenu
d'opérer une révolution radicale dans l'art, d'innover en tout, ce
serait forcer l'ordre naturel des choses. Dans les arts comme en
politique, le besoin d'une révolution se fait sentir de temps à
autre. La société ne peut pas rester perpétuellement organisée sur
la même base; la musique, pas plus que l'architecture, la peinture
et la statuaire, ne peut pas s'immobiliser sous une même forme.
D'une autre part, il est certain que des révolutions sans cesse re-
naissantes ne seraient admissibles ni dans les arts, ni en politique.
Ainsi donc, s'il faut du nouveau en umsique, il n'en faut pas trop;
il n'en faut pas au point de troubler les amateurs dans la percep-
tion de certaines sensations qui leur plaisent. Quant aux signes
par lesquels on reconnaît que le moment est venu de faire du
nouveau, il est difficile de les indiquer. Non-seulement, c'est dif-
ficile, mais encorj c'est inutile ; (attendu que l'on ne fait pas,
comme nous l'avons dit, du nouveau de parti pris, et que les
hommes de génie appelés à jouer le rôle de novateurs tiennent
leur mission de la Providence. En vain les appellerait-on: i!s
viennent à leur heure.
Un musicien bien organisé et instruit fait du nouveau instincti-
vement. Il fait du nouveau parce que tout homme a son tempéra-
ment, sa manière de sentir, sas idées et sa manière de les expri-
mer. Tout homme est original lorsqu'il s'abstient d'imiter. Il n'y
a pas moins de variété dans les esprits que dans les visages. Le
musicien dont nous parlons fera du nouveau sans tomber dans le
bizarre, qu'il faut bien se garder de confondre avec l'original, dont
il diffère autant que le naturel diffère de l'affectation.
On est passé d'un extrême à un autre. Jadis on professait le
culte de la tradition; rien n'était bon que ce qui était usité; il
fallait des exemples, des autorités. La moindre innovation était
imputée à crime aux compositeurs qui osaient se la permettre.
Les maîtres avaient-ils fait une chose, il était bien de la recom-
mencer; mais la faire pour la première fois, cette chose, c'était
commettre un grave péché ! Certes, c'était une singulière aberra-
tion d'idées que celle qui interdisait à l'artiste la faculté d'innover;
mais, comme nous le disions tout à l'heure, on n'a renoncé à un
préjugé que pour tomber dans un autre. Le mépris de la tradition,
la crainte de la banalité font qu'on se torture l'esprit pour trouver
du nouveau. Quant à examiner si ce nouveau est bon, on ne s'en
occupe guère; on semble croire qu'il est de l'essence de la nou-
veauté d'être excellente. En portant ce principe jusqu'à ses der-
nières conséquences, on perd de vue le but de l'art et l'on s'égare
dans des voies qui aboutissent à l'erreur.
On croyait que, sans tomber dans une simplicité enfantine, il
fallait faire de la musique intelligible, et ne pas multiplier les com-
plications techniques au point de fatiguer l'attention de l'auditeur.
Une école qui a son siège en Alleinagne et qui s'efforce de faire
prévaloir partout son influence tend, au contraire, à faire de
l'obscurité la première condition du mérite des œuvres musicales.
Il y a longtemps qu'en Allemagne ce principe est appliqué à la
philosophie et à la littérature. La simplicité, la clarté, dans ces
matières, sont considérées, au delà du Rhin, comme les signes
d'un esprit médiocre. L'écrivain qui se fait comprendre sans dif-
ficulté est superficiel; celui qui est obscur et dont la pensée n'est
pénétrée qu'à force d'étude et de méditation est profond; on l'es-
time. Il est d'autant plus considéré qu'on a eu plus de peine à le
deviner. Le lecteur tire vanité de la sagacité dont il a fait preuve
lorsqu'il vante les œuvres des écrivains qui lui ont donné l'occa-
sion de déployer sa pénétration.
Le même principe a été appliqué à la peinture. Les grandes
compositions de Sclmorr, de Cornélius, de Kaulbach, de Bende-
mann, sont remplies d'allégories subtiles dont on ne saisit le sens
qu'après de longues études et des journées entières d'examen.
Pour expliquer ce qu'il y a d'idées dans un seul tableau, il faudrait
I)E l'AKIS.
un volume. 11 y a de ces peintures qui sont do vraies énigmes
dont on n'est pas bien certain d'avoir le mot, même lorsqu'on a
pris connaissance des volumineux commentaires qui en donnent
l'interprétation avec commentaires.
Ce qui est admissible, jusqu'à un certain point, en peinture et
en littérature, comme obscurité systématique, ne saurait l'être en
musique. On peut étudier à loisir les pages d'un livre; on peut
réflécliir des heures et des jours entiers sur le sens allégorique
d'une composition picturale; mais la musique. ne s'arrête pas pour
laisser pénétrer le mystère de ses combinaison-;; il faut la saisir,
la comprendre au passage. Si elle n'est point intelligible, si l'i-
dée ne se dégage pas de l'ensemble des sonorités, elle n'est qu'un
bruil. La prétention de faire du nouveau a mis l'imprévu en
grand lioimeur auprès des compositeurs de l'école dont nous ve-
nons de parler. Leurs plus grands efforts tendent à tromper les
prévisions de l'auditeur sur les développements de l'idée et sur la
succession des effets. Leur méthode supprime les affinités des
sons, les tendances naturelles des résolutions harmoniques, les
préparations ingénieuses et les progressions régulières. Rien de
ce que l'oreille attend n'arrive, rien de ce qu'elle espère ne lui est
accordé. La phrase mélodique prend un autre chemin que celui
vers lequel elle semblait se diriger; l'accord qui s'annonçait est
remplacé par un autre; la période se brise et se transforme au
moment où l'on croyait en saisir le sens complet. L'auditeur est
trompé sur les dimensions du morceau, comme sur tout le reste.
Il croit entendre les derniers accords : ce n'est qu'une ruse du
compositeur qui recommence de plus belle et fait longtemps en-
core jaser son orchestre, pour finir brusquement, lorsqu'il est bien
persuadé qu'on ne s'y attend pas. Tel est le jeu auquel s'amusent
les musiciens qui spéculent sur l'imprévu, et font du nouveau
avec préméditation.
11 y a dans tout cela beaucoup d'égoïsme et beaucoup d'orgueil,
deux maladies de la société de notre temps. Plaire à ses audi-
teurs, les toucher, les intéresser étaient les choses dont le musi-
cien s'occupait jadis en composant. Il s'agit aujourd'hui d'un
objet plus important; il s'agit de l'amour-propre du compositeur
qui veut étonner, surprendre, et montrer que son savoir est su-
périeur à l'intelligence de ceux qui l'écoutent. Qu'ils aient ou non
des jouissances, peu importe; s'ils l'admirent, tout est dit. L'a-
mour-propre des compositeurs a pour complice la vanité des pré-
tendus connaisseurs qui rougiraient de n'être pas au niveau de la
science dont on fait étalage, et qui aiment mieux applaudir com-
plaisamment ce qui ne les amuse guère, que d'avouer qu'ils ne le
comprennent pas. Pour nous, quand nous écoutons cette musique
à surprises, nous nous prenons à regretter la bonhomie des an-
ciens maîtres qui allaient tout droit leur chemin, ne cherchaient ni
à tromper ni à surprendre leur m(mde et faisaient du nouveau,
lorsqu'ils en étaient capables, sans y mettre ni prétention ni va-
nité.
Edouard FÉTIS.
LE PS&UfflE CXXXYII.
Imité de la Bible par U. Emilien Paetnl,
His rn Uasique par H. Jules Béer.
{Première Audilion.)
Un auditoire d'élite remplissait de bonne heure, jeudi soir, les
salons de M. Jules Béer, neveu de Meyerbeer, auteur de la Fille
d'Egypte, et qui tient à perpétuer dans sa famille les traditions de
l'art qu'illustra son oncle. On savait qu'au programme habituel
d'une soirée musicale, M. Jules Béer ajouterait la première audi-
tion d'un morceau de sa composition : le psaume 137, imité de
la Bible par M. Emilien Pacini, et qui devait être exécuté par des
choristes du Conservatoire et MM. Warot, Caron et Mlle Mauduit
chantant les soli. Aussi les invités n'étaient-ils pas moins curieux
qu'empressés de fêter cette primeur. Vers dix heures, M. Jules
Béer, qui joint à sa ([ualité de compositeur celle d'excellent accom-
pagnateur, s'est mis au piano et les chœurs ont attaqué l'introduc-
tion :
Près des fleuves de Bab^lone,
Nous nous étions assis en proie à nos douleurs.
On a pu voir, dès ce début, que pour traiter son sujet M. Béer
s'était placé au point de vue où s'était mis Hossini en composant
son Stabat, et qu'il s'était proposé de faire du psaume VSl une
cantate avec ses développements. Tout en lui conservant son ca-
ractère biblique, le compositeur lui a donné les formes de la mu-
sique dramatique. Son intention s'est encore plus accentuée dans
la strophe deuxième, arioso, chantée par Mlle Mauduit :
Dans la ville, aux branches des saules
Nos harpes et nos luths pendaient silencieux.
La jeune cantatrice y a déployé beaucoup de chaleur et de sen-
timent; sa voix pure et sonore retentissait dans ce salon avec un
éclat qui a produit la plus vive impression. Elle a dû répéter
cette strophe aux acclamations unanimes de l'auditoire.
Dans la troisième :
Jérusalem, reine éplorée,
le compositeur s'est élevé à une grande hauteur de style, le chant
en est vraiment très-beau; interprétée avec beaucoup d'énergie
par Warot, elle se fond avec habileté dans le trio qui suit :
Jérusalem, notre espérance !
Le récitatif et choeur :
Seigneur! à l'assaut de Solyme,
est le morceau qui nous a paru le mieux réussi.
Entonnés avec une grande puissance par M. Caron, les deux
premiers vei'S sont interrompus par le chœur :
. . . Détruisez, de la cité sublime,
Les derniers fondements.
La répétition des syllabes martelées de ces deux vers peint bien
l'œuvre de destruction et la fureur sauvage des démolisseurs.
Toutes les voix réunies pour la strophe sixième :
... Oh! de Babel, fille altière.
. . . Qui viendra te prendre,
Et briser sur la pierre
Tes exécrables fils?
terminent heureusement cette œuvre dans laquelle, ainsi que nous
l'avons dit, M. Jules Béer s'est inspiré autant du sentiment scé-
nique que du sentiment religieux. Bien écrite pour les voix, forte-
ment colorée, elle dénote chez l'auteur une science harmonique
dont il avait d'ailleurs déjà donné des preuves incontestables. 11 a
donc pu s'enorgueillir à bon droit des félicitations chaleureuses
qui lui ont été adressées.
Les trois solistes de l'Opéra qui lui prêtaient leur concours, l'ont
parfaitement secondé et les témoignages de satisfaction qu'ils ont
reçus à plusieurs reprises étaient bien mérités. Des éloges sont dus
également à M. Hurand pour la façon dont il a dirigé les chœurs.
La seconde partie de la soirée a été remplie par un intermède
musical dans lequel Mme Marie Escudier-Kastner, s'est fait en-
tendre deux fois et a rencontré ses succès habituels. La scène et
l'air de l'Ombre du Pardon de Ploërmel, chantés par Mlle Schroe-
der, du théâtre Lyrique, ont mis brillamment en relief les rares
REVUE ET GAZETTE MUSICALE
qualités du talent de la jeune et belle artiste qu'on a de nouveau
applaudie avec Mlle Mauduit dans le duo de la Fille d'Eyypte, l'un
des plus beaux morceaux de l'opéra do M. Jules Béer. Entin, les
voix de M. Warot et de M. Caron se sont admirablement mariées
dans cette magnifique page d'Halévy, qu'on regrette de ne pas en-
tendre plus souvent, le duo de la Reine de Chypre « Triste exilé
sur la terre étraugèi-e. »
S. D.
BEVUE DES THÉÂTRES.
Théâtre Français : lu Valise de Molière, à-propos en un acte par
M. Edouard Fournier. — Odéon : Didier, drame en trois actes,
par M. Pierre Berton. — Gymnase : le Comte Jacques, comédie en
trois actes et en vers, par M. Edmond Gondinet. — Bouffes Pa-
risiens : les Tribulations d'un Témoin,, vaudeville en trois actes,
par M Adrien Decourcelle.
L'anniversaire de la naissance de Molière a été célébré, comme
de coutume, au Théâtre-Fraufais, par un hommage rendu à la
mémoire de notre grand poëte comique. On a couronné son
buste, on a lu des stances dithyrambiques de M. Marc-Baveux, et
on a joué une petite pièce de circonstance, due à la plume de M.
Edouard Fournie)', qui a le monopole de ces sortes de choses.
Du reste, on a eu afTaire, cette fois, bien plus à l'érudit qu'à
l'auteur dramatique. La Valise de Molière est un cadre dans le-
quel viennent se grouper divers fragments, en vers et en prose,
attribués au peintre immortel du Misanthrope, et dont quelques-
uns portent évidemment son cachet. Pour donner un prétexte à
l'exhibition de ces documents plus ou moins précieux, M. Four-
niere suppose que Molière a perdu, dans une de ses tournées, sa
valise qui renferme, outre les fragments en question, le manuscrit
de Tartufe. Un marchand d'orviétan, du pont Neuf, met la main
sur ce trésor et prétend se l'approprier ; mais Molière, aidé des
principaux comédiens de sa troupe, entre au service du sieur Cor-
mier pour reprendre son bien, et, en fin de compte, le charlatan,
honteux et confus, est trop heureux d'être accepté comme mou-
cheur de chandelles dans la compagnie du futur valet de chambre
du roi.
Cet à-propos a été fort bien accueilli par les nombreux admira-
teurs de la gloire de Molière, qui s'étaient donné rendez-vous au
Théâtre-Français, le IS janvier. Febvre, sous les traits du poëte, a
été très-applaudi, ainsi que Kime, dont le début s'est eft'ectué
d'une manière satisfaisante. Les autres rôles sont tenus par Eu-
gène Provost, Chéry, Séveste, Mlle Dinah Félix et Mlle Tordeus.
— Le drame de M. Pierre Berton, que l'on a joué à l'Odéon,
sous le titre de Didier, n'a pas tout à fait répondu aux espérances
qu'il avait fait concevoir. La donnée n'en a pas paru suffisamment
neuve, et la coiilexture des deux premiers actes a semblé parfois
pénible, embarrassée. Mais il ne faut pas oublier que M. Pierre
Berton, l'estimable artiste du Gymnase, en est encore à ses débuts
comme auteur dramatique, et il faut lui tenir compte de certaines
qualités qui dénotent une louable aptitude et présagent d'heureux
succès.
Didier est un vieux savant plein d'illusions naïves, qui s'est
laissé prendre à l'espoir d'inspirer une affection tendre à la fille
de son ami, le docteur Baymond. Il songe à l'épouser, lorsque,
arraché brusquement à son rêve, il apprend que Lucie a un vé-
ritable amour dans le cœur pour un jeune médecin, dont son père
repousse la recherche parce que, nouvel Antony, on ne lui connaît
pas de famille. L'excellent Didier, comprenant qu'il a fait fausse
route, se sacrifie au bonheur de Lucie et forme le projet d'adopter le
jeune Henri pour anéantir les obstacles qui s'opposent à son ma-
riage. Mais le pauvre savant a trop présumé de ses forces, et au
moment de la signature du contrat, il succombe et perd lu raison.
Comme on le pense bien, il ne peut plus être question de l'hymen
des deux amoureux, et ils resteraient éternellement étrangers l'un
à l'autre si Didier, retrouvant peu à peu la mémoire et le calme,
ne se chargeait lui-même de les rapprocher et de les unir.
C'est cette dernière partie de la pièce qui lui a fait trouvei' grâce
devant ses juges, non-seulement par la maniera dont elle est trai.
tée, mais aussi par le talent sympathique que Taillade y a déployé
dans le personnage de Didier revenant à la raison.
Mlle Antonine représente Lucie aveu nue grâce touchante ; Mar-
tin tire le meilleur parti possible du rôle de Raymond et un dé-
butant du nom de Kaynald s'acquitte très-convenablement de celui
de Henri.
— Le Comte Jacques, du Gymnase, e;t un peu parent, à la
mode de Bretagne, de cet officier qui, dans Mademoiselle de la Sei-
ylièrc, revient après une longue absence prendre possession de la
succession de son père et la trouve accaparée pai- des intrus. Au
lieu d'une famille d'émigrés, c'est une jeune fille recueillie et élevée
par le vieux marquis de Prignon que Jaccjues rencontre installée
dans la maison de cet oncle, mort intestat. Blanche se croit vci'itable-
ment héritière du marquis, et Jacques se refuse d'autant mieux à
l'éclairer, qu'en la voyant il est tonabé sous le charme de son es-
prit et de se.-i attraits. Il ouvrirait bien son cœur à Blanche, mais
il y a, de par le monde, un baron de Prangy à qui elle est enga-
gée, et, par excès de délicatesse, il préférera s'éloigner sans mol
dire. Un vieux boule-dogue, ancien intendant du marquis, n'a pas
les mêmes scrupules, et révèle sans façon la vérité à Blanche qui,
en apprenant qu'elle n'est pas chez elle, veut parlir à son tour.
Quelques péripéties de peu d'importance retardent encore l'explica-
.tion décisive <iui doit avoir lieu entre les deux jeunes gens; mais
ils ne finissent pas moins par s'entendre, le baron de Prangy est
congédié et tout s'arrange par le mariage de Jacques avec Blanche.
M. Gondinet, l'auteur de cette comédie, réussit à merveille dans
les vers faciles, si voisins de la prose qu'on aurait peine à y recon-
naître la ligne de démarcation. Deux petites pièces de même
nature ont précédé le Comte Jacques, qui a plus d'importance et
fera plus d'honneur à M. Gondinet. L'interprétation en est confiée
à Pierre Berton, l'auteur de Didier, ci-dessus nommé, à Laiidrol,
à Blaisot et à Mlle Massin, qu'une fâcheuse indisposition de
Mlle Delaporte a gratifiée du joli rôle de Blanche et qui n'y est
pas au-dessous de sa tâche.
— Le vaudeville, qui passait pour avoir fait son temps, s'est
réfugié aux Bouffes-Parisiens et a tout l'air de vouloir y opérer
une réaction favorable. Dieu merci! il existe encore un public pour
ces facéties amusantes et spirituelles qui dédaignent le secours des
trucs, des jupons courts et des animaux rares. Les Tribulations
d'un témoin ont réussi sans tous ces coûteux accessoires et nous
souhaitons qu'un tel exemple trouve des imitateurs.
C'est la fête de l'opticien Moutonnet; il se délecte dans les em-
brassements, dans les cadeaux de famille; il est content, il est
heureux. Tout à coup survient son ami Duvivier qui a un duel
et qui le choisit pour témoin. La première pensée de Moutonnet
est de se soustraire à cette triste obligation ; mais, sous la promesse
que l'affaire s'arrangera, il cède. Malheureusement, l'adversaire de
Duvivier a pris pour second un sapeur inaccessible aux accommo-
dements. L'infortuné Moutonnet, entraîné sur le terrain, poursuivi
par la gendarmerie, en proie à toutes les terreurs imaginables, est
prêt à fuir en Belgique pour échapper à la vindicte des lois. Mais
la rencontre que l'on croyait mortelle s'est terminée sans effusion
de sang, et Moutonnet en est quitte pour la peur.
Le rôle épisodique du sapeur est joué avec infiniment d'origi-
DE PARIS.
29
nalité par Lacombe, et les autres personnages sont interprétés avec
beaucoup d'entrain et de gaieté par Charles Perey, Oscar, Mme Da-
puis et Mlle Jouven.
D. A. D. SAINT-YVES.
CONCERTS ET AUDITIONS ISDSICÂLES DE LA SENAINE.
^*^ Deux salves d'applaudissements ont accueilli dimanche dernier au
concert populaire l'ouverture de Struensée de Meyerbeer, exécutée avec
un ensemble parfait. Pour ce morceau comme pour ceux qui suivaient,
il n'y a que des éloges à donner à l'interprétalion du beau programme
qui composait le concert.
^** Samedi, il y a huit jours, un auditoire nombreux, distingué et
sympathique assistait au premier concert de l'année scolaire donné par
les élèves de l'institution impériale-des-Jcunes-Aveugles. Divers fragments
classiques, le difficile anàanle de la sym|.ihoiiie avec chœurs de Beethoven,
entre autres; un concerto de Kaikbrenner; une fantaisie pour hautbois;
le trio de la Fée avx Roses ; deux chœurs bien mélodiques et parfaitement
écrit-s pour les voix, composés par deux professeurs non-\oyants, MM.
Paul et Roussel, formaient le programme de cette intéressante séance ar-
tistique qui empruntait un caractère touchant à la cruelle intirmité de
ses interprètes. Nous unissons de tout cœur nos félicitations aux applau-
dissements chaleureux qui ont accueilli les voix iraîchos et habilement
exercées de Mlles Mallard, Chatrane et Bergeret; la virtuosité remarquable
de MM. Larrieux, Ponnelle, Alizon, Gachedaure, Person ; l'ensemble des
chœurs, la précision de l'orchestre. L'organi-ation de ces fêtes musicales
fait le plus grand honneur à la direction de ce magnifique établissement
et lui attire d'unanimes sympathies. La musique est, de tous les arts, ce-
lui qui convient le mieux aux aveugles, celui pour lequel iis semblent
même avoir été formés par la nature et le seul qui puisse leur donner
un plaisir véritable et une consolation efficace, tout en assurant leur
sort.
^% Dans la grande soirée musicale donnée, le 18 janvier, à la salle
Herz, on a particulièrement applaudi Mlle Battu et Délie Sedie. Ces deux
virtuoses de premier ordre ont admirablement chanté ; trois salves de
bravos sans fin ont accueilli les morceaux chantes par Mlle Battu. Un
violoniste étranger, qui a reçu des leçons de Léonard, y faisait sa pre-
mière apparition ; il s'est fait remarquer par une, grande sûreté d'archet
et un très-beau son ; il a joué la ballade et polonaise de Vieuxtemps, et la
fantaisie sur Norma du même maître, morceau hérissé de difficultés,
avec une fougue qui a provoqué les applaudissements les plus enthou-
siastes. C'est un talent de haut goiit et destiné à faire sensation.
MM, Saint-Saëns et Lebouc prêtaient aussi leur concours à celle belle
fête dont le produit aura dû satisfaire la classe intéressante des sourds-
muets, au profit de qui elle était donnée.
<,*,p Les séances de musique de chambre de M. Lebouc deviennent de
plus en plus intéressantes; à chaque matinée un morceau de musique
nouvelle vient s'ajouter aux chefs-d'œuvre des grands maîtres. A l'avant-
dernière réunion, le ^i" quintette d'Ad. Blanc, paru récemment, a reçu
le meilleur accueil; il a été délicieusement rendu par MM. While,
Conitat, Trombetta et Gouffé. Un charmant solo d'alto, de Vignier, exé-
cuté par M. Trombetta, a été aussi très-applaudi. Mme Beguin-Salomon
a joué dans la perfection le trio en si bémol de Beethoven dans lequel
le clarinettiste Rose s'est également distingué. Nous y avons assisté au
début de Mlle Marie Roubaud, jeune cantatrice qui possède une voix
admirable et a fait preuve d'une bonne méthode. A la matinée de lundi
dernier, le septuor de Hummel, exécuté par MM. Duvernoy, Donjon,
Barthélémy, Baneux, Trombetta, Lebouc et Gouffé, a obtenu un succès
d'enthousiasme. De poétiques mélodies de Lacombe, fort bien inter-
prétées par Mme Daraoreau et accompagnées par l'auteur, formaient la
partie moderne du programme.
^*jf. Les séances populaires de musique de chambre de MM. Lamou-
reux, Colblain, Adam et Poëncet, ont repris mardi dernier. Cette année,
c'est à la salle Pleyel qu'il faut aller applaudir ces vaillants artistes. Leur
public ordinaire est là, nombreux et intelligent. On y a remarqué M.
Fissot, qui marche à grands pas vers la célébrité.
*% La Société des concerts du Conservatoire donne aujourd'hui di-
manche, à 2 heures, son cinquième concert. En voici le programme :
1° Symphonie avec chœurs de Beethoven (les soli seront chantés par
Mlles Marimon et Derasse, MM. Warot et Gailhard): — 2° andante de la
49'" symphonie de Haydn ; — 3° air de Monlano et Stéphanie de Berton
(chanté par Mlle Marimon) ; — 4" ouverture d'Ofceron de Weber. — Le
concert sera dirigé par M. George-Hainl .
^^: Voici le programme du treizième concert populaire de musique
elassique qui sera donné aujourd'hui, à 2 heures, au cirque Napoléon,
sous la direction de J. PasJeloup: 1° symphonie en la majeur de Mendels-
sohn (allegro vivace, andante, scherzo, saltarelle); —2° adagietto, scherzo,
de Joachim Raff, (op. 101), 1" audition; — 3" symphonie en ut majeur,
de Beetlioven (allegro, andante, menuet, final) ; — i" larghetto du quin-
tette (op. 108), de Mozart (exécuté par M. Grisez (clarinette) et tous les
instruments à corde.s); — ;>' ouverture du V aisseau- l'anlwne, de Richard
Wagner.
.i*4f Jeudi, 6 février, à la salle Herz, aura lieu un grand concert avec
orchestre et chœurs (1.^50 exécutants) sous la direction de M. Charles
Lamoureux. On y entendra: \" Symphonie pastorale (Beethoven); —
2" marche et chœur des fiançailles de Lohemjrin (Richard Wagner) ; —
3° air de Fo.raand Cortez, chanté par Mlle Mauduit; — 4° Canzonetta du
quatuor en mi bémol (Mendelssohn) ; — .'i" scène et finale du deuxième
acte de la Vestale (Spontini); — ti» ouverture A'Oberon (Weber). Les .soli
seront chantés par Mlle Mauduit et M. Ponsard, du Théâtre Impérial de
l'Opéra.
»*4 On se rappelle la jeune pianiste llachel Van Lier, qui étonna l'hiver
dernier par la précocité de son talent. Elle annonce pour le dimanche
23 février, à la salle Herz, une matini';e musicale qui promet d'être fort
intéressante et dont nous donnerons bientôt le programme.
*** On nous écrit d'Amiens que le dernier concert de la Société phil-
harmonique, pour lequel le président .M. Jules Dencux avait demandé
et obtenu le concours de Marie Sass et de Faure, de l'Opéra, a dépassé
en succès tous le^ précédents. Les deux éminents artistes y ont produit
le plus grand effet et ont été couverts d'applaudissements.
NOUVELLES DES THÉÂTRES LYRIQUES.
,i*if Le théâtre impérial de l'Opéra a donné, cette semaine, trois re-
présentations de Guillaume Tell. — On prêle à M. Perrin Tintenlion de
reprendre VArmide de Gluck, après VHamlet de M. Ambroise Thomas.
^^ Une indisposition n'a pas permis au théâtre de l'Opéra-Comique
de donner Robinson Ciusoé crtte semaine; on espère que les représenta-
tions du charmant opéra d'Oft'enbach pourront être reprises dans les
premiers jours de celle-ci.
^*^^MM. Henri Meilhac et William Busnach ont lu, dimanche dernier,
aux artistes de l'Opéra-Comique, un acte, le Pâté de grives, dont Mme de
Granval a écrit la musique. Les rôles de cette pièce sont destinés à Po-
tel, Leroy et à Mlle Cico.
,^*,i. Samedi dernier, aux Italiens, une subite indisposition de Mlle
Patti n'ayant pas permis de changer le spectacle, — la Lucia annoncée —
Mlle Laure Harris a dû chanter ce rôle, au pied levé, comme l'on dit,
sans préparation, sans répétition, et ce page, cette Zerline, cette jolie pe-
tite voix, cette agilité, cet esprit, ce «diable au corps,» tout cela subite-
ment transformé par une de ces métamorphoses dont le talent et la jeu-
nesse ont seuls le secret, s'est tiré de la tâche imprévue avec une am-
pleur et une justesse de voix dignes d'éloges, avec une exécution des plus
habiles, et surtout avec l'allure mélancolique, noble et passionnée à la
fois que réclame le caractère du personnage. Malgré le désap-
pointement légitime du public de ne pas entendre sa favorite, Mlle Har-
ris, qui la double, a obtenu un succès très-décidé et qui s'est accentué
depuis lors dans une seconde représentation du même ouvrage donnée
jeudi à la place de Lucrezia Borgia. — On s'occupe beaucoup de la re-
prise de Don Giovanni, à ce théâtre, avec la distribution suivante : A.
Patti, Zwlina; Krauss, Donna Anna; Nicolini, Don Otiavio; Verger, iJa-
sctto; Agnesi, le Commendatore. Quant à Elvira, ce personnage redouté,
que l'on ne peut remplir sans voix, sans figure, sans intelligence scéni-
que, qui s'appelle Nilsson au théâtre Lyrique, Gueymard à l'Opéra, on
ne sait pas encore quelle sera son incarnation prochaine aux Italiens.
jf*^ Jeudi, l'Impératrice Eugénie a honoré de sa présence la représenta-
tion de la Sonnamhula au théâtre Italien. Sa Majesté a daigné faite
complimenter Mlle Patti et Gardoni qui se sont surpassés dans cette re-
présentation. L'auditoire était des plus brillants. — Du reste, on s'a-
perçoit que Mlle Patti arrive au terme de ses représentations (elle n'en
a plus que dix-huit à donner) ; on veut en jouir, et les notabilités pa-
risiennes abondent de plus en plus lorsqu'elle joue .
,j*^ Une indisposition de Mlle Krauss ajourne la première d't'i Templario,
et il se pourrait même qu'il ne fût pas donné mardi. Toutefois la se-
maine laissant Mlle Patti libre, il est probable qu'elle quittera Paris au-
jourd'hui pour aller donner en province ou à l'étranger deux ou trois
représentations que plusieurs directeurs sollicitent d'elle à la fois. Elle
jouerait sur le théâtre qui aura la préférence la lucia , Marguerite de
Faust, et Valentine des Huguenots en français.
^*^ Autant le programme du grand concert donné, lundi dernier, à la
30
REVUE ET GAZETTE MUSICALE
fallc Vftntadour, par la Société italienne de bienfa'sance, et quR nous
avons publié, était intéressant et varié, autant les résultats de cette nié-
morable soiréeont répondu à l'attente du public, qui y a goùlé les jouis-
sances artistiques les plus délicates, k celle des artistes, auxquels de cha-
leureuses ovations ont été décernées, à celle des pauvres enfin — les
premiers intéressés ceux-là ! —qui y ont recueilli 16,400 francs, une des
plus fortes recettes qui aient jamais été faites peul-être aux Italieu.s.
Mlle Krauss paraissait, pour la première fois, dans ce rôle austère de
Norma., qui réclame autant d'agilité de voix et de puissance dramatique
que de beauté plastique; la tragédienne lyrique a su allier la noblesse à
la nature passionnée de son personnage, qu'elle a suffisanmient traduit,
du reste, au point de vue musical. Mlle Rosello (Adalgis-e) s'est montrée
séduisante. Agnesi a été un grand prêtre fort remarquable et d'une belle
prestance Mlle Patti, quoique souffrante, n'avait pas cru devoir refuser
sa voix d'or à ses compatriotes malheureux, et, après avoir chanté le
premier acte de Crispino, elle a dit, comme elle seule sait et saura Jamais
le dire, ce premier acte de Don Pasqualc que Donizetti semblerait, en
une prescience singulière de l'avenir, avoir écrit pour la Norina prédes-
tinée. Ciampi, Verger, Scalese, Gardoni ont vaillamment contribué à la
perfection de l'exécution en se niontrant, avec cette bonne volonté qui ne
fait jamais défaut aux véritables artistes lorsqu'il s'agit d'une œuvre de
charité, en se montrant, dis-je, ce soir-là, aux applaudissements d'une
salleinagnifique, dans les rôles les plus opposés. Une bonne part du
succès de la soirée revient, sans contredit, à la .-émillante Mlle Harris,
qui vient de prendre son essor avec infiniment de grâce et [de légèreté
vers la région des étoiles.
^*jf Le théâtre Lyrique s'occupe lieaucoup de l'opéra nouveau de
M. Jules Béer, Elisabeth de HotiQrie; Troy a pris le rôle qui avait été
primitivement destiné à Ismaël, maintenant en représentation à Marseille,
et les répétitions se poursuivent activement.
^*^ L'Alhénée annonce pour demain la première représentation de
V Amour et son carquois, opéra- bouffe en deux actes, joué par Désiré,
Léonce, Mmes Irma Marié, Lovato et toute la troupe féminine. On re-
prendra en même temps une bouffonnerie. C'est pour ce soir, jouée pri-
mitivement au théâ're du passage Cboiseul, et dans laquelle Mlle Moya
chantera deux chansons espagnoles d'Yradier.
^''^ La chanteuse masquée, dont nous avons parlé, a chanté pour la
dernière fois jeudi dernier au théâtre Déjazet, où, plus maîtresse d'elle-
même, elle avait su faire applaudir depuis quelques soirées sa voix sou-
ple, étendue et bien menée. La i mélodieuse mascherirw, • ainsi que
certains journaux la nomment, doit continuer très-prochainement, et
d'une laçon plus régulière, ses débuts à ce théâtre, dans une opérette que
l'on dit charmante. A la scène dernière, ô surprise ! elle enlèvera son
masque. En attendant elle n'aura pas peu contribué aux Plaisirs de
Paris !
^% Ainsi qu'il était facile de le prévoir, le public des Variéléjs a cha-
leureusement accueilli Mlle Schneider dans sa rentrée de Barbe-Bleue.
Mlle Schneider a chanté et joué, du reste, ce soir-là (samedi de l'autre
semaine) avec sa verve la plus entraînante et sa gaieté la plus communi-
cative.
,*^: Aujourd'hui, au théâtre des Variétés, représentation extraordinaire
au bénéfice de Grenier (le prince Paul), avec le concours d'artistes de
l'Opéra, de l'Opéra-Coniique, du Palais-Royal et du Gymnase.
»** On monte en ce moment, avec un très-grand luxe, le Prophète,
au théâtre de Versailles.
;f*» L'Africaine a été reprise à Nantes, et les arti?tes de la campagne
courante ont supporté, vaillamment et sans faiblir un seul instant, le
poids des souvenirs laissés par leurs prédécesseurs, et la charge des
comparaisons et des ci-aintes que les rôles de Vasco, de Selika et de Ne-
lusko devaient nécessairement produire. M. Thierry a parfaitement com-
po.sé le rôle du farouche sauvage , et il le chante avec des effets d'ex-
pression bien calculés. Dans le finale du deuxième acte, Mme Barbot,
une grand artiste entre toutes, fait admirer la pureté , le charme et la
puissance de sa voix essentiellement dramatique. Mlle Franchino se tire
à son avantage du personnage écrasant de Selika. M. Sylva s'acquitte
bien du rôle de Vasco. L'orchestre et les chœurs ne manquent ni de
goût, ni d'ensemble.
^*ji(. Reprise également à Montpellier, l'Africaine a été un succès pour
tous les interprètes. M. Tapie-Brune s'est montré à la hauteur du rôle
de Nelusko. Marion a donné une physiunomie parfaite à don Pedro; De-
poitiers a parfaitement rempli les rôles du grand brahmine et de l'in-
quisiteur. Inès est chantée avec un talent réel par Mme Depoitiers. —
Le ténor Solve a fait, dans les Huguenots, une réapparition brillante sur
cette scène.
5^% On nous écrit de Toulon en date du 22 janvier: « Hier a eu lieu
avec un succès immense la première représentation de l'Africaine. Le
directeur, M. Defrenne, préparait depuis longtemps, avec un très-grand
soin, la mise à la scène du dernier chef-d'œuvre de Meyerbeer. Trois
décors nouveaux pour le 2», le i" acte et celui du Mancenillier,
de magnifiques costumes, de nombreuses répétitions ; rien en un mot
n'avait été épargné, négligé pour assurer ce succès auquel ont vaillam-
ment contribué pour leur part les artistes et l'orchestre. Une longue
suite de fructueuses représentations est déjà assurée à M. Defrenne, et
viendra le récompenser des peines qu'il s'est données et des dépenses
qu'il a faites. — De son côté la Grande-Duchesse en est à sa dixième re-
présentation et sa vogue ne .se ralentit pas; Mlle Taffanel y fait fana-
tisme. »
j*» Le théâtre de Besançon vient de jouer la Grande-Duchesse, pour le
bénéfice de son chef d'orchestre, en même temps directeur de l'école
municipale de musique, M. Goud, dont le talent est fort apprécié en
Franche-Comté. Exécution excellente et qui a fait honneur à Mlle Marie
Clément, à MM. Roumégoux, Saint Lot et Victor. Ce succès très-franc
fera attendre patiemment au public bisontin l'apparition des grands ou-
vrages lyriques qui doivent clôturer la campagne, l'Africaine notamment,
où .se produira l'impresario-ténor de la troupe, M. Duprat, un chanteur
bien connu de l'école de Duprez.
*\ Le théâtre d'Anvers vient de mettre nobinson Crusoé à l'étude.
^,*^, Un opéra-ciiniique inédit d'un compositeur de Ljon, M. Emile
Piclioz, a été joué ces jours-ci au Grand-Théâtre de celte ville, sous le
titre pimpant de Dans les (jardis françaises. Livret banal, pr.sque en-
fantin ; musique alerte et spirituelle sans originalité; interprétation des
plus médiocres, tel est le ré,>umé d s appréciations de la critique locale
sur coite tentative nouvelle de décentralisation artistique.
,,,*, Chaque semaine apporte, maintenant, la nouvelle de l'ouverture,
ou plutôt de la construction d'un théâthe. Après Vil ebichot- Théâtre voici
venir les Folies-Trévise ou Bergère qui s'élèveront aux Colonnes d'Her-
cule... de la rue Richer. On y jouera l'opérette et la chanson populaire
y sera chez elle.
»** On annonce que M. Eugène Ferrand, avocat, sous-chef du bureau
des Théâtres au Ministère de la Mai.^on de l'Empereur et des Beaux Arts,
est nommé chef du même bureau, en remplacement de M. Cabanis, qui
serait appelé à l'inspection des théâtres des départements. M. Albert Cave
serait chargé des fonctions de sous-chef du bureau des théâtres. Si nous
avons bonne mémoire, M. Eugène Ferrand, très-vers; dans la connais-
sance du droit, était l'un des secrétaires de la Commission impériale de
la propriété littéraire et artistique, qui propo,sa la perpétuité des droits
d'autours, au moyen de la redevance.
tf*t, Le sixième bal masqué de l'Opéra, qui a eu lieu hier, a été très-
brillant; l'affluence y était grande et l'orchestre, dirigé par son habile
chef Strauss, a fait merveille.
NOUVELLES DIVERSES.
»% M. Victor Massé vient de recevoir l'ordre de Charles 111 d'Espagne.
jf*^ M. Paul de Saint-Victor a pour successeur à la Presse M. B. Jou-
vin, que sa notoriété comme critique de théâtre désignait tout le premier
au choix de la direction de ce journal.
,% Nous apprenons la nomination de M. Gustave Baneux au grade
de sous-chef de musique de la cinquième subdivision de la garde natio-
nale de Paris, en remplacement de M. Jancourt, promu chef. Cette
marque de distinction était bien due à l'eminent artiste qui tient si
consciencieu>ement et d'une façon si remarquable l'emploi de premier
cor de la Société des concerts du Conservatoire.
^*^ On nous écrit d'Amsterdam que M. A. Berlyn vient d'obtenir aux
concerts de M. Stumpf, au Parc, un grand succès avec une nouvelle œu-
vre de sa composition intitulée Phantasiestiick, qu'il a fait exécuter deux
fois dans la même semaine, sous sa direction, en présence d'un public
enthousiaste.
,t% M. Gabriel Baille nous prie d'annoncer la publication prochaine,
par livraisons, d'un ouvrage de sa composition qui, sous le litre de Proe-
ludium, contiendra cinquante morceaux appropriés à la liturgie catho-
lique et pouvant, quoique écrits pour le grand-orgue, être également
joués sur l'harmonium. Le spécimen de cette publication nous permet
de bien augurer de son avenir. Le prix de chaque livraison est de 3 fr.
net. Les souscriptions sont reçues chez l'auteur, à Perpignan.
^*,t La sérénade du Page, les couplets de la Main et de la Barbe, ceux de
la Toilette et de la Mèche de cheveux, la fameuse chanson des Deux hommes
d'armes, les couplets du Thé, de la Biche, la Tyrolienne et tous les au-
tres morceaux de la nouvelle Geneviève de Brabant, d'Offenbach, le grand
succès du théâtre des Menus-Plaisirs, viennent de paraître au Ménestrel,
2 bis, rue Vivienne. — La partition est sous presse .
1>L l'xVKlS
31
*** Le beau Stahat de Mme la barorrne de Maistre vient de paraître
arrangé pour le piano.— 11 ne peut mamiuer d'avoir comme édition le
beau succès qu'il a remporté comme exécullon.
^*, M. Debillemont, chef d'orcliestre habile et compositeur do talent,
dont nous avons eu souvent occasion de parler, se propose d'ouvrir pro-
chainement un cours spécial et simplifié d'harmonie, de composition
et d'inslruircniation pratique deMiné aux personnes qui veulent s'initier
rapidement à l'art d'écrire correctement la musique.
,f*^ La noravellede la mort subite de M. Antoine Prumier a vivement
impressionné, cette semaine, deux branches m ttement tranchées de la
société parisienne; car, si l'homme distingué que nous regrettons appar-
tenait au monde musical par son talent, par ses travaux et sa position,
d'un autre côté ses premières études et ses aptitudes spéciiiles rattachaient
sa remarquable personnalité au monde scientifique. M. Prumier, en effet,
aprèsavoir faitd'excellentes études classiques au lycée Bonaparte, avait été
élève du Conservatoire de musique en 1811, de l'Ecole polytechnique en
1813 et de l'Ecole normale, qu'il quitta l'année suivante avec le diplôme
de licencié ès-sciences. Les événements de celte époque l'ayant délivré de
l'engagement qu'il avait contracté avec l'Université, il fut heureux de
' reprendre ses études de prédilection el s'empre.'-sa de rentrer au Conser-
vatoire, où il reçut d'Eler des leçons de contrepoint. Harpiste à l'orchestre
des Italiens, puis de 1 Opéra-Comique; piofcsseur de harpe en rempla-
cement de Naderman (183S) au Conservatoire, où sa classe remporta plus
de quarante distinctions, chevalier de la Légion d'honneur de la promo-
tion de 18i5, vice-président pendant dix-sept années consécutives de
l'Association des artistes musiciens à laquelle il n'a jamais cessé de prê-
ter un concours actif et efficace, M. Prumier a publié, en outre, près de
cent oeuvres de fantaisies, rondeaux et thèmes variés pour son instru-
ment. Il a été foudroyé par la rupture d'un anéviisme, mardi dernier,
au Conservatoire, pendant une séance d'examen du Comité des études,
dont il était membre. Homme de bien, artiste d'un mérite incontesté,
savant d'une intelligence hors ligne et d'une vaste portée, Ant. Prumier
laissera de durables souvenirs dans le cœur de tous ceux qui l'ont
connu, c'est-à-dire estimé et aimé.
^""^ Mardi, les derniers devoirs ont été rendus, en l'église Bonne-
Nouvelle, à M. René Margueritat, éditeur de musique fort connu, dont
la mort inattendue a douloureusement surpris ses amis.
^*,^ A Manchester vient de mourir un homme qui avait dévoué sa
vie tout entière à la vulgarisation de la mu.sique, le docteur Mark. lia
publié lui-même le nsultat de ses travaux; on y trouve la mention de
9,380 concerts donnés par lui, et de 5,2j;0 conférences qu'il a faites de-
vant 7,6i5,791 enfants et 5,233,689 adultes. 11 a fait exécuter l'hymne
national anglais 9,982 fois; il a parcouru 296,690 milles (95,363 lieues),
et a dépensé 113,000 liv. sterl., en plus de 23,000 prises sur sa fortune
personnelle. Outre son collège de musique, il a créé plusieurs conserva-
toires et organisé un grand nombre de petits corps de musique qu'il
appelait Litite mm ou les petits hommes ; enfin, l'ir.slruction musicale
a été départie d'après son système à plus de 3,300 classes tant publiques
que particulières.
ÉTRANGER
^*^ Bruxelles. — Le second concert du Conservatoire a offert un
puissant intérêt par la variété des œuvres symphoniques qu'on y a en-
tendues. La pièce d'introduction était l'ouverture de lioméo H Juliette de
Steibelt, une très-belle et très-vigoureuse page instrumentale que la gé-
nération actuelle ne connaît pas, et qui n'a pas causé moins de surprise
que de plaisir à nos amateurs, étonnés qu'on fit de pareille nuisi>|ue il
y a trois quarts de siècle. Vint ensuite la première symphonie de M. Fé-
tis, exécutée pour la seconde fois, après un intei'valle de cinq ans, et
qui a produit une impression plus vive encore qu'originairement. Par la
fraîcheur des idées, cette œuvre semblerait remonter à la jsune-se de
l'auteur; mais à la science qui s'y trouve, à la richesse des combinai-
sons qui ne peuvent être que le fruit d'une longue expérience, on com-
prend qu'elle doit appartenir à la pleine maturité de .sa carrière. Léton-
nement est grand lorsqu'on sait que M. Fétis l'a composée à l'âge de
soixante-dix-huit ans. Rien de plus mélodique, de plus frais, de plus
nouveau, de plus piquant que les idées qui sont d'une abondance singu-
lière; rien de plus intéressant, de plus riche, de plus varié que les Ibrmes
instrumentales sous lesquelles ces idées sont présentées et développées.
Chaque morceau est marqué de l'empreinte d'une véritable originalité
qui frappe dès le début et se soutient jusqu'au bout. Des applaudisse-
ments enthousiastes ont éclaté après chacune des quatre parties dont se
compose cette œuvre remarquable, et l'auteur, forcé par les acclama-
tions obstinées de l'auditoire, a dû reparaître à la fin. L'exécution a été
d'une perfection rare. L'orchestre du Conservatoire s'est surpassé pour
rendre hommage au maître. La troisième page symphonique inscrite
au programme de celle séance était l'ouverlurc de concert de Beethoven,
celle qu'il composa pour répondre aux observations di; ses amis sur ce
qu'il n'avait fait des morceaux de ce genre que dans le stylo dramatique,
et dans laquelle il se rapprocha do la manière de Haendel. On a en-
tendu, dans celte même séance, M. Holmes, le virtuose anglais, qui a
exécuté le concerto de Mendelssohii, un andanie de si composition et
une gigue de Corelli, instrumentée par lui. Le lendemain du concert,
M. Holmes est parti pour Sainl-Péter.sbourg.
^*^ Stultqard. — La reprise de l'Africaine est venue donner une nou-
velle vie h notre théâtre. Une salle comble a applaudi avec enthousia.s-
mo Sontheim, aujourd'hui le meilieur ténor de l'Allemagne, Mme Ellin-
ger (Sélika), Schïittky (Nélusko) et Mlle Klettner (Inès). Ces quatre ar-
tistes con.siituent l'un des plus beaux en.>^embles que l'Africaine ait
jamais rencontrés.
^*,Schwerin. — On vient de donner pour la première fois la charmante
œuvre de Flotow, Zildii, qui a été trcs-goùtée, et dont l'exécution n'a rien
laissé à désirer, - Le quatuor florentin dirigé par Jean Becker s'est fait
entendre ici plusieurs fois avec succès.
,*^ Weimar. — Un nouvel opéra, le Héros du A'ord fGustave "Wasa), de
C. Gœize, attendu depuis longtemps vient d'être représenté et a répondu
aux espérances du puldic. L'auteur est un simple choriste du théâtre,
qui s'est déjà fait connaître avantageusement par un opéra intitulé les
Corses.
^*j,!, Berlin. — Une brillante reprise de Fcrnand Cortez a eu lieu à
l'Opéra; le ténor Niemann s'y est particulièrement distingué.— Mlle ArtOt
a eu de nouveaux triomphes dans Faust et les Diamants de la Couronne.
— La Grande- Duchesse a formé à elle seule le répertoire de toute la semaine
dernière au théâtre de Friedrich-Wilhelrastadt.
^*^ Leipzig. — Toute la première partie du douzième concert du
Gewandhaus, le 9 janvier, se composait d'œuvres de Moritz Hauptmann,
dont nous avons annoncé la mort récente : Saloe Regina, ouverture de
l'opéra Malhilde, et trois compositions chorales d'église. Des œuvres du
répertoire classique complétaient le programme. — Im Kyffhœuser, :yçc,rsi-
comique el romaniique en deux actes de Mùhldorfer, a été donné le 4
janvier avec un complet succès. Le sujet est une histoire villageoi.-^e que
le compositeur a très-hetireusement traitée, en se renfermant dans une
simphcilé de bon goût. — On pen.se pouvoir inaugurer le nouveau
théâtre d'Opéra le 28 janvier.
^*., Varsovie. — La cantatrice suédoise Mlle Hebbé vient de débuter
brillamment aii Théâtre italien dans le rôle de Valentine des Huguenots;
elle est applaudie et rappelée chaque soir, et le vice-régent lui a fait les
plus flatteurs compliments. Elle doit chanter bientôt le rôle de Léonore
du Trouvère.
**H. Barcelone. — Guillaume Tell vient d'être représenté pour la pre-
mière fois de la saison el d'une manière splendide. Le ténor Steger,
Mme Rey-Balla, et le baryton Petit, trois artistes de talent dont l'éloge
n'est plus à faire, se sont surpassés; le public ne se lassait pas de les
acclamer. — Le succès de Mme Sinico, à son début dans Lucia, a été
très-grand; les journaux barcelonais sont remplis de ses louanges. Outre
le Pardon de Pliiërmel on va monter également FraDiavoloen italien.
,j*^, Cadix. — Dans Sémiramis, les sœurs Marchisio et la basse Everardi
ont provoqué, comme partout où on a la bonne fortune de les entendre,
un véritable enthousiasme. Avec de pareils artistes el Emmy Lagrua,
notre public ne pourra se plaindre celte année d'avoir été mal partagé.
^*, Rome. — Des embarras pécuniaires ont obligé l'imprésario Jaco-
vacci à remettre son administration entre les mains de la municipalité,
qui gérera probablement les alfaires du théâtre jusqu'à la fin de la
saison .
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Au temps des Roses, six rondes enfantines, de J.-B. Clément :
i. Petit mouton blanc. i. Encore une chanson.
2. Malinette. 5. Saint-Bon-Enfant.
3. Petit bonhomme Lonlà. 6. Vive la Ronde!
Les six rondes réunies en album, net : 5 francs. — Chaque, 2 SO
Musique de H. de la Haulle.
les Etrenncs du cœur, historiette avec chœurs [ad libitum), de *•*,
dédiée à S. A. le Prince-Impérial 3 »
Musique de Clavier père.
L'Ogre, ballade enfantine avec chœurs (ad libitum), de Ch. Grou;
petite partition, net 1 SO
Musique de F. Jouffroy.
La Crèche Sainte - Marie, chanson de J. de Blainville, vendue au
profit de l'Œuvre des crèches 2 SO
KDITEUR DE MUSIQUE, 8, RUE CADET.
Musique de Ch. Hubans.
Le Cantonnier, chanson d'Alexandre Flan, pour baryton .... 3 »
Vire l'eau I chanson de Degeorge, pour baryton 3 »
A chacun sa part ch soleil, chanson de Cli. Grou, n° i, pour ténor,
n° 2, pour baryton 3 »
Musique de L.-C. Desormes.
Luciole, légende d'Alexandre Flan 2 50
Le Grand Voyaye, chanson d'Alexandre Flan 2 50
Musique de H. Cellot.
On vous dira qit'ça n'est pas vrai ! chanson héroïque d'Al. Flan . . 3 »
Musique de A. Coedès.
Oh! eh! mon chien Picard! chanson rustique d'A. Bouvier. ... 3 »
pour paraitre incessamment
(musique de a. coédès )
Roulez les dés. mes fils, chan.sun dramatique d'Alexandre Flan. . 3 »
Les Deux Hirondelles, fabliau de (Jh. Grou 3 »
Maison COLOMBIER, 6, rue Vivienne, à Paris.
IN^OUVELLES PUBLIGA.TIONS
Pour le piano
J.-L. Battmann. op. 27S. Les Porcherons, petite fantaisie
A. Croisez. Op. 146. Notre- Dame-des- Anges, prière de
jeunes filles
— Op. 147. Les Faux Monnayeurs, caprice
J. Leybach. Op. 107. La Cenerentola, fantaisie brillante.
— Op. 108. Tristesse, élégie
A. Le Garpentier. Airs et Rondes populaires , arrangés
à quatre mains, en 3 livres, chaque
L. Schiiffniacher. Op. 72. Slon pays, transcription variée
Danse
Gaston de Lille. En avant ! polka
— Biarritz, polka-mazurka
— Sous la Feuillée, valse
Ad. Lacout. Le Petit Mignon, quadrille très-facile
— Babij, polka très-facile
Strauss. Le dernier des Romains, quadrille
S »
S 1)
7 SO
6 »
7 50
S »
5 »
6 »
4 50
2 50
4 50
Chant
LE DERNIER ROMAIN,
Tragédie lyrique et comique, paroles et musique de
Eugène MONIOT.
Partition piano et chant, et libretto, prix net : 5 francs.
D. Balleyguier. Douce chanson 3 »
G. Douay. C'est plus fort que moi, chansonnette 3 »
— Un Bourgeois pour tout faire, chansonnette 3 »
J. Javelot. Mon Oscar, chansonnette 3 »
P. Blaquières et J. Moinaux. Gratteloup au camp de
Châlons, chansonnette 3 »
J. Moinaux. Explication du fusil Chassepot, chansonnette 3 »
l>uos pour ténor et baryton
Léo de Libes. Le Marchand d'Oublis 6 »
Ch. Lecocq. Les Tonneliers 4 »
— Le même à une voix 2 50
. CHEMINS DE FEB — A. CHAIX ET I
BUREAUX A PARIS : BOULEVARD DES ITALIENS, 1.
3S' Année.
W 5.
2 Février 1868.
ON S'ABONNE :
Dans les Départements et à l'Élronger,
chez tous les Marchands de Musique, h s Libraire
et aui Bureaux defi Messageries et des Postes.
REVUE
PRIX DE L'ABONNEMENT:
Paris '-4 r. par
Départements, Belgique et Suisse.... :iO » id
ÉtruDger 3i ri id
Le Journal paraît le Dimanche,
TTE MUSICALE
DE PARIS
Nos abonnés reçoivent, avec le numéro d'anjonrd'linl,
la table analytique des matières de Tannée ISGï.
SOMMAIRE. — Théâtre impérial Italien: il Templario, opéra- séria en trois
actes, inusiqae d'Otto Nicolaï, par Slaariue Ciray. — Théâtre de l'Athénée :
l'Amour et son carquois, opéra-bouffe en deux actes, de M. Marquet, musique
de M. Ch. Lecocq; C'est pour ce soir, bouffonnerie de M. W. Busnach. —
Revue des théâtres, par H. A. D. Saiiil-Ytes. — Concerts et audi-
tions musicales de la semaine. — Nouvelles des théâtres lyriques. — Nouvelles
diverses. — Annonces.
THÉÂTRE IMPÉRIAL ITALIEN.
IL TEMPLARIO,
Opéra-seria en trois actes de J.-M. Marini, musique d'Orro Nicolaï.
(Pjeniière représentation le 28 janvier 1868.)
Depuis près de trente ans, la partition à' Il Templario est célèbre
en Allemagne et en Italie; depuis longtemps déjà nos dilettantes
des départements ont été mis à même d'apprécier sa valeur, puis-
qu'une traduction française de cet ouvrage intéressant a paru sur
plusieurs des scènes de nos grandes villes, Lyon, Bordeau.K, Tou-
louse, etc., et cependant le public parisien n'en connaissait jus-
qu'ici que l'ouverture, exécutée seulement l'année dernière aux
concerts des Champs-Elysées. Toutes les administrations qui se
sont succédé au théâtre Ventadour depuis 1839, époque de la créa-
tion A' Il Templario à Turin, ont négligé de nous faire '• 4*
cette belle production, et si le théâtre Lyrique ne s'étt»
il y a deux ans, à monter les Joyeuses Commères de Windsor (ex-
périence qui du reste n'a pas été des plus heureuses), Nicolaï ne
serait absolument connu chez nous que de nom. On di ' onc
savoir gré à M. Bagier de la tentative qu'il vient de fai>'
comme tout portait à le croire, a été couronnée d'un ' ,
Mais, avant de parler de l'œuvre, disons quelques .• *' :, son
auteur.
Otto Nicolaï, qui mourut avant d'avoir accompli sa trente-neu-
vième année, était né en Prusse, à Kœnigsberg, le 10 juin 1810,
d'un père musicien qui l'éleva assez rudement, et voulut lui faire
embrasser la même carrière. Elève d'abord de Bernard Klein,
un artiste distingué, le jeune homme fit des progrès très-rapides,
devint un bon pianiste, et s'adonna à l'étude de la composition. Il
n'était pas riche, et devait travailler pour vivre en même temps
que pour parvenir. Il s'en fut à Berlin, oti le concours et les
efforts de quelques amis contribuèrent à faciliter les commence-
ments de sa carrière, et à lui donner la possibilité de mener ses
études à leur terme.
M. de Bunsen, alors ministre de Prusse auprès de la cour de
Rome, étant venu passer un congé à Berlin, remarqua le talent
solide et les qualités réelles du jeune compositeur, qu'il avait
eu l'occasion d'entendre dans différents salons. 11 s'intéressa à lui,
et lui proposa de l'emmener à Rome, où il le chargerait des fonc-
tions d'organiste de la chapelle prussienne en cette ville. Il faut
dire que M. de Bunsen songeait à une réforme du chant dans
l'église protestante, et qu'il comptait, à cet effet, tirer parti des
talents de son jeune protégé. Celui-ci, que la perspective d'un
voyage au-delà des Alpes tentait comme elle doit tenter tout véri-
table artiste, accepta les propositions qui lui étaient faites, et partit
pour Rome dans le cours du mois de décembre 1833. Peu de
temps après, il prenait possession de son emploi, auquel était
attachée une rémunération mensuelle de 15 sciidi, environ 7S
francs. Pour un réformateur, il faut avouer que M. de Bunsen
manquait d'ampleur dans les vues.
Néanmoins, Nicolaï passa à Rome les années 1834, 183S et 1836,
et l'on peut dire qu'il y mit le temps à profit. Remplissant avec
une scrupuleuse exactitude les devoirs de sa charge, s'astreignant
à donner des leçons pour augmenter les maigres ressources que
celle-ci lui procurait, il trouvait encore le moyen de travailler
pour lui-même, et s'était mis sous la direction du célèbre abbé
Baini, l'éloquent et consciencieux biographe de Palestrina; il fit
avec lui un nouveau cours complet d'études, nourrissant son es-
prit des grandes œuvres des anciens maîtres de l'école romaine,
et particulièrement de Palestrina lui-môme.
Ces recherches dans le domaine de la musique scolastique et
sacrée n'amoindrissaient cependant pas ses aspirations vers la mu-
sique dramatique. Alors qu'il était encore enfant, à Berlin, il avait
34
KEVLE ET GAZETTE MUSICALE
entendu, étudié lés opéras alors en vogue de Rossini, de Mayr, de
Generali, de Bellini et de bien d'autres compositeurs italiens. A
Rome, où il se mit à fréquenter les théâtres, son goût pour ce
genre de composition ne fit que se développer davantage, et il ré-
solut de travailler lui-même en vue du théâtre.
Bientôt il abandonna Rome, se mit à parcourir l'Italie, visita
successivement Naples, Florence, Bologne, où il coimut Rossini,
puis s'en fut à Milan, que l'influence du théâtre de la Scala, alors
possesseur d'une troupe admirable, rendait la première ville musi-
cale de l'Italie. La Scala offrait, en eft'et, à cette époque une réu-
nion d'artistes incomparables, la Malibran, la Schoberlecliner, la
Tadolini, Mariotta Brambilla, Poggi, Cartagenova, Scalese, etc.v
et c'éteît sur celte scène illustre qu'apparaissaient les plus gran-
des parmi les œuvres contemporaines : Gemma di Vergy, Lucrezih
Bor'^ihjde Donizetti; Norma, de Bellini; Chiara diUosembérg, "Uh'
avvenlura di Scaramuccia, de Luigi Ricci ; Catcrina di Guisa, de
Carlo Coccia; Il Giuramento, de Mercadante...
Nicolaï se fixa à Milan, afin de pouvoir prendre sa part du
grand mouvement artistique qui animait cette ville intelligente, et
c'est là qu'il écrivit tous ses opéi'as italiens, s'absentant seulement
pour aller veiller à leurs études dans les villes où ils devaient être
représentés. Il donna d'abord à Trieste (1837) Enrico II, dont le
premier titre était Eleonora di Guienna, puis Uosamonda d'Inghil-
terra ; peu après (décembre 1839), il produisait au Théâtre royal
de Turin le fameu.x Templario, dont le succès fut colossal, et qui
fit bientôt le tour de l'Italie et de l'Allemagne ; il donnait ensuite
au Carlo-Felice, de Gênes, Odoardo e Giklippe; et enfin, en 1841,
à la Scala, qui s'était emparée déjà du Templario, son dernier
opéra italien, // Proscriito, lequel, il faut le dire, fit un fiasco so-
lennel.
Mais le succès de ses œuvres antérieures, surtout celui du Tem-
plario, avait appelé sur lui l'attention de ses compatriotes. Bientôt
Nicolaï fut mandé à Vienne, où on lui offrait la place de chef
d'orchestre du théâtre de la Cour, sur lequel les représentations
de l'Opéra allemand alternent avec celles de l'Opéra italien. 11
accepta, entra en fonctions dans le cours de 1842, et ne quitta ce poste
important qu'en 1847, époque à laquelle il fut appelé à diriger l'Opéra
royal de Berlin. C'est dans cette dernière ville qu'il écrivit et fit
représenter, le 9 mars 1849, son unique opéra allemand, les
Joyeuses Commères de Windsor, dont le succès rappela les propor-
tions de celui du Templario, bien que les deux œu\res fussent de
caractère absolument opposé. Malheureusement, l'artiste ne survé-
cut pas à ce nouveau triomphe : il mourut subitement, à la fleur
de l'âge, le 11 mai 18i9, deux mois après la représentation de son
dernier ouvrage.
Parlons maintenant du Templario.
Donné à Turin, comme nous l'avons dit, à la fin de 1839, cet
opéra, qui était chanté alors par la Marini-Raineri (était-ce la
femme de Marini, l'auteur du livret?), le ténor Salvi et le baryton
Ferlotli, dut à son éclatant] succès d'être représenté dès le mois
d'août suivant à la Scala, où il ne fut pas moins bien accueilli.
Bientôt il parut au San-Carlo, de Naples, puis au théâtre Italien
de Vienne, mais cette fois avec des changements nécessités par la
voix du principal interprète: le rôle de Rebecca, qui avait été
créé par un contralto, la Marini-Raineri, passait aux mains d'un
soprano, la Tadolini. Des remaniements étaient donc indispensa-
bles et Nicolaï les opéra lui-môme. En 1841, le Templario retrouve
son succès à Barcelone et à Malaga; en 1842, il est chanté à
Pesth, puis à Grenade (1843), à Berlin (1844), à Saint-Pétersbourg
(1846). Enfin, il va charmer les échos du Bosphore, paraît à Cons-
tantinople, puis traverse les mers pour se produire à New- York.
Depuis lors, à l'exception de Paris (exception qui n'existe plus
aujourd'hui), il n'est pas une ville importante à laquelle il n'ait
été donné d'entendre cette remarquable partition.
Le sujet, tout le monde le sait, est tiré du magnifique roman
de Walter-Scott, Ivanhoé, l'un des récits les plus émouvants et les
plus rapidement menés (chose rare !) du grand écrivain. C'est
l'histoire., connue de tous, de la passion de Briand de Boisguil-
bert, le templier, un chevalier indigne, pour une juive, la jeune
et belle Rebecca. La pièce reproduit en raccourci les principales
situations du roman; elle nous fait assister aux poursuites odieuses
de Briand, qui ne recule pas devant le crime pour s'emparer de
la jeune fille; elle nous montre la haine et le mépris qu'il inspire
à celle-ci; l'amour qu'elle éprouve au contraire pour le chevalier
Vilfredo (Ivanhoé); la générosité de ce dernier, qui se dévoue pour
la sauver, et enfin elle conserve, en le précipitant, selon les be-
soins de la scène , le dénoûment touchant et pathéti(jue de
l'œuvre.
Le sujet était assurément digne d'inspirer un musicien doué de
qualités nombreuses et variées, comme l'était Nicolaï. Aussi la
partition est-elle complètement réussie, et justifie-t-elle les sym-
pathies qui n'ont cessé de l'entourer depuis sa naissance.
L'ouverture, célèbre dans toute l'Allemagne, où elle fait partie
de tous les programmes de concerts, débute, après quelques me-
sures d'introduction, par la marche funèbre du troisième acte,
marche qui se fait entendre lors des apprêts du supplice, auquel
Rebecca échappe comme par miracle. Après cette marche, vient
un allegro con fuoco, d'une allure sombre et tourmentée dont on
retrouve plus tard des fragments dans la scène qui précède la
cavatine dramati([ue de Rebecca. (^oupé en deux parties par un
andanie d'un grand caractère, cet allegro est suivi d'un motif ins-
trumental moins rapide, où la tonalité mineure fait place â la
tonalité majeure, pour amener une péroraison chaude et colorée.
Cette ouverture est une page d'un ordre très-élevé, et l'on se de-
mande pourquoi M. le directeur du chant du théâtre Italien vou-
lait la remplacer par celle des Joyeuses Commères de Windsor,
dont le moindre défaut eût été de former une disparate complète
avec l'ensemble si dramatique de l'ouvrage.
Le chœur d'introduction est franc et bien venu ; quant à la ca-
vatine de Vilfredo, elle est rendue méconnaissable par d'énormes
coupures, et on a supprimé entièrement la scène qui suit, dans
laquelle pourtant on trouve une belle cantilène chantée par Briand.
Le chœur féminin, Del cielo hriianno, est adorable et d'un excel-
lent effet, surtout dans sa seconde partie, où le contre-point des
violons le rend plus charmant encore. La romance de Rovena, Il
cor gli affanni..., est bien jolie aussi, mais Mlle Simoni l'a défi-
gurée par des changements intempestifs et par la suppression au
moins inutile de toute la période finale. La cavatine de Rebecca,
très-di'amatiqne et d'un grand sentiment, est encore relevée par
une instrumentation très-colorée et d'une l'arc élégance. Enfin, le
finale du premier acte est une page splendide et de grand effet,
dont le public a redemandé ù grands cris l'épisode principal :
Chiuso nel sen di fremere, épisode d'une grandeur d'accent et d'une
ampleur d'inspiration qui touche au sublime, surtout lorsque le
motif, entonné d'abord par les voix seules, est repris ensuite avec
l'adjonction de toutes les forces instrumentales, au milieu desquelles
se fait particulièrement entendre la note persistante et comme fa-
tale des trompettes.
Le second acte s'ouvre par un duo très-vif, très-chaud, très-
coloré entre Briand et Rebecca, duo conçu dans la pure forme
italienne et qui rappelle les meilleurs moments de Donizjtti. Le
chœur des templiers, qui vient ensuite, est large et grandiose.
Après un air de Briand, dont la coupe est franche et l'allure heu-
reuse, vient un duo entre Cedrico et Vilfredo, qui se transforme
DE PARIS.
35
en ti'io par l'arrivée de Rovcna ; c'est là un morceau dramatique
très-scéiiiquc, liicii campé et d'une facture trî'S-serrée.
Nous retrouvons au roramencement du troisième acte le chœur
qui vient d'être cité, et qui est bientôt suivi delà marclie funèbre
annonçant l'arrivée de Rebecca conduite au supplice; cette mar-
che est caractéristique et d'une couleur sombre bien appropriée à
la situation. On a coupé à la suite un morceau d'ensemble très-
important, et dont la lecture sur la partition m'a fait regretter
vivement l'absence. Quant à la prière chantée par Rebecca pour
invoquer le secours du ciel en faveur du chevalier qui, pour lui
sauver la vie, se bat contre le traître Briand, c'est une large et
belle inspiration, pleine de grandeur, d'onction et de poésie; l'effet
produit sur le public par celte page émouvante et émue a été
très-grand, et Mlle Krauss, qui l'avait nuancée avec un charme
rjrc, a dû la dire une seconde fois.. Le. finale n'a qu'une impor-
tance secondaire, et peut-être est-il un peu trop écourté.
En résumé, si la partition du Templario n'est point l'œuvre d'un
homme de génie, elle est du moins celle d'un artiste supérieur,
très-versé dans la connaissance pratique de son art, doué d'un
juste et vrai sentiment dramatique, et souvent inspiré. Si la forme
n'est pas toujours originale , elle est toujours très-soignée ; l'idée
est abondante, et l'harmonie qui l'accompagne est généralement
fort distinguée. Nous ne devons pas oublier d'ailleurs que le Tem-
plario a été écrit en 1839, en pleine période donizettienno, que
l'auteur devait être sous l'impression des grandes œuvres produites
par le maître qui a écrit la Lucia et Lucrezia Borgia, et que de-
puis lors des formes' qui pouvaient passer pour neuves ont eu le
temps de se mettre en cours. Il est un point, toutefois, sur lequel
on ne saurait trop insister : c'est l'intérêt, l'élégance, la richesse et
la couleur que Nicolaï a su donner à son instrumentation. Son
orchestre est soigné d'un bout à l'autre et souvent traité de main
de maître; et cela sans effort apparent et sans exagération de so-
norité.
On ne peut donc que louer M. Bagier d'avoir songé à nous
offrir une œuvre absolument inconnue à Paris, et de nous avoir
mis à même d'apprécier le talent très-remarquable d'un compo-
siteur dont la réputation est à juste titre considérable en Allema-
gne et en Italie. Nous regrettons seulement que des coupures fâ-
cheuses et souvent peu logiques aient été pratiquées sans scrupule
dans la partition. Que l'on supprime un ou plusieurs morceaux
entiers, cela se comprend à la rigueur, par suite de telle ou telle
difficulté d'exécution. Mais mutiler ces morceaux, leur ôter vingt
mesures par-ci, quarante mesures par-là, écourter les modulations,
changer les cadences, enlever par conséquent à ces morceaux le
plan et la forme logiques dans lesquels l'auteur les avait conçus,
voilà ce dont on eût dii s'abstenir, et ce qui eût pu, avec une œuvre
moins solide et moins bien venue, en altérer considérablement
l'effet sur le public II n'en a rien été, fort heureusement. Nous
nous bornerons donc à constater le fait, sans plus insister.
L'interprétation du Templario a été très-satisfaisante. 11 faut placer
en première ligne Mme Krauss, qui, pathétique, touchante et poé-
tique, a joué le rôle de Rebecca en grande comédienne, comme
elle l'a chanté en grande virtuose qu'elle est, La nature de son
talent souverainement dramatique convenait d'ailleurs on ne peut
mieux au personnage. Après s'être montrée très-brillante dans la
cavatine du premier acte, elle a eu de superbes élans de fureur et
de hjine dans son duo avec Briand ; elle a dit la prière avec une
très-grande largeur de style, enfin elle s'est montrée très-passionnée
dans toutes les parties importantes de ce rôle lourd et difficile. A
elle seule, elle aurait assuré le succès de l'ouvrage.
M. Stellcr, lui aussi, a droit à de grands éloges. Il a donné au
personnage de Briand de Boisguilbert l'allui-e farouche et sombre
(ju'il comporte , et sa belle voix de baryton, si franche, si bien
timhi'ée, si bien conduite, a impressioimé profondément.
Bf. Nicolini a vu malheureusement les coupures s'attaquer prin-
cipalement à son rôle (Vilfredo); comme, pourtant, il était difli-
cilc de le supprimer entièrement, les occasions ne lui ont pas man-
qué de déployer les qualités de sa voix fraîche et sympathique
et de son jeu distingué.
Enfin, M. Agnesi, dans le personnage de Cedrico, et Mlle Simon^
dans celui de Rovena , complètent un ensemble qui , nous le
répétons, est aussi satisfaisant que possible.
Au surplus, les rappels et les applaudissements n'ont pas man-
qué, le soir de la première représentation et depuis lors, à ces
excellents artistes qui assurent pour long-temps, nous le croyons
fermement, le succès A'U Templario en France.
Maufiice GRAY.
THEATRE DE L'ATHENEE.
L'Amour et son carquois, opéra-bouffe en deux actes, de
M. Marquet , musique de M. Cir. Lecocq. — Reprise de C'est
pour ce soir, bouffonnerie de M. W. Busnach.
(Premières représentations le 30 janvier 1868.)
Qui ne connaît ce fameux distique de Voltaire, à propos de
l'Amour :
Qui que' tu sois, voilà ton maître;
Il l'est, le fut ou le doit être.
C'est, en quelque sorte, l'épigraphe de la pièce de M. Marquet,
dont la donnée fantaisiste ne manque pas d'une certaine ingé-
niosité.
Cupidon est un enfant fort mal élevé qui compromet sans cesse
la gravité de l'aréopage céleste, et qui a besoin d'être remis sous
la férule pour apprendre le respect dû aux divinités de l'Olympe.
Vénus, sa mère, le prend par la main et le conduit chez un péda-
gogue de l'île de Crète, où elle le laisse, en lui imposant, pour
condition de son retour dans l'Empyrée, l'obligation de conserver
précieusement son carquois et ses flèches.
Mais le bonhomme Chrysidès tient à la fois école de garçons et
de filles; les sexes y sont un peu mêlés, et, dans ce tohu-bohu
anacréontique, Cupidon- n'est que trop porté à continuer les esca-
pades qui l'ont fait exiler du ciel. Il jette principalement son dé-
volu sur Mlle Thisbé, la gentille nièce de Chrysidès, que le vieux
barbon a l'intention de garder pour lui, en dépit de sa répulsion.
La prudence n'est pas une des vertus de l'amour; en courtisant
Thisbé, Cupidon oublie son carquois qui tombe entre les mains
de Chrysidès. Celui-ci saisit une flèche pour en percer le cœur de
Thisbé, mais le trait va s'enfoncer dans la poitrine de son valet
Laudanum, tandis que toutes ses écolières prennent la clef des
champs, en compagnie de Cupidon et de Zéphire qui est venu le
rejoindre.
La rnéprise de Chrysidès à l'endroit de Laudanum n'a pas eu
de suites, par la raison que le pédagogue, possesseur des flèches
de l'Amour, s'est mis à les distribuer à tort et à travers, si bien
qu'il en est devenu complètement idiot. Sui,vi de son valet Lau-
danum, il est allé fonder à Athènes un restaurant connu sous le
nom du Moulin rouge; mais là, son état de crétinisme le rend
moins apte à commander qu'à obéir. Laudanum veut profiter de
l'ascendant qu'il a sur lui pour savoir où il a caché le carquois de
l'Amour, mais c'est en vain, Chrysidès a perdu la mémoire ! Or, le
Moulin rouge est le rendez-vous de toutes les anciennes écolières
de l'île de Crète, métamorphosées en hétaïres, et le hasard y amène
Cupidon qui, après la perte de ses attributs, s'est vu assaillir par
REVUE ET GAZETTE MUSICALE
toutes les misères de l'humanité, et s'est mis à courir les aven-
tures avec Thisbé et Zéphire. De concert avec Laudanum, toute
cette volée d'oisillons échappés de leur cage s'empare de Chrysi-
dès, et, grâce à de nombreuses libations bachiques, on lui arrache
son secret. Les flèches sont cachées dans les ailes du moulin
rouge, que Zéphire met en mouvement par le pouvoir de son
souffle; Cupidon rentre en possession de son carquois, et il peut
aller reprendre sa place à la table des dieux. Emmène-t-il Thisbé?
C'est ce que la légende de M. Marquet ne nous dit pas,
Cet opéra-bouffe, agréablement traité, ofTre d'excellentes situa-
tions musicales, qui ont inspiré à M. Ch. Lecocq de gracieux et
piquants motifs, déduits avec art, orchestrés avec délicatesse. Nous
citerons, entre autres choses, au premier acte, un air de Cupidon,
son duo avec Thisbé, où l'on remarque une phrase des plus mé-
lodi(iut's, un finale entraînant, et, au deuxième acte, la complainte
du Voyage d'Anacharsis, chantée en trio; les couplets de Thisbé ;
Est-ce à moi de vous apprendre^ qui sont charmants, et l'air ba-
chique sur lequel on grise Chrysidés.
L'interprétation est, en général, fort satisfaisante. C'est Désiré
qui joue Chrysidés, et Léonce le valet Laudanum ; ils y sont tous
deux d'un comique épatant. Mlle frma Marié s'acquitte à merveille
du joli personnage de Cupidon; Mlle Lovato et Mlle Lentz prêtent
une physionomie séduisante à ceux de Thisbé et de Zéphire.
La mise en scène est fort soignée ; l'orchestre de M. Bernardin
marche très-bien ; mais, il faut en convenir, on est un peu rebattu
de cette couleur grecque et romaine, et nous dirons au lecteur,
avec ce médecin du siècle dernier : « Hâtez-vous d'aller prendre
de ce médicament, pendant qu'il guérit encore. »
La reprise de : C'est pour ce soir, bouffonnerie faite pour servir
de cadre aux chansons de Thérésa, à l'ancien théâtre des Bouffes-
Parisiens, a été accueillie avec plaisir; Thérésa y est remplacée par
une demoiselle Moya, qui y chante des couplets d'Yradier, Juanita,
en costume d'Andalouse; ce qui n'empêche pas Léonce et Désiré
d'avoir tous les honneurs de cette facétie burlesque.
D.
REVUE DES THÉÂTRES.
Théâtre-Français : Paul Forestier, comédie en quatre actes et en
vers de M. Emile Augier.
Nous ne voulons pas attendre notre échéance ordinaire de quin-
zaine pour solder le compte de M. Emile Augier, dont la comédie
nouvelle est un de ces événements littéraires qui font époque et
qui excitent au plus haut degré l'intéi'êt du public. Il est certain
que la portée de cette œuvre hardie sera ardemment débattue et
diversement jugée ; mais il n'y aura qu'une voix sur le transcen-
dant mérite du poëte. Paul Forestier restera comme un des plus
beaux titres de M. Emile Augier à sa couronne académique.
Quant à la thèse soulevée par cette pièce, nous croyons, pour
notre paît, qu'on ne peut l'accepter sans réserves. Tous les pro-
blèmes sociaux sont du domaine de l'auteur dramatique. Il lui est
permis de ne pas être de l'avis du législateur, qui a cru devoir
poser des barrières à la possibilité du divorce absolu. Mais que
pour signaler l'impasse à laquelle aboutit, en certains cas, cette
négation plus ou moins justifiée des droits naturels, il ait recours
à des exemples, à des arguments d'une moralité douteuse, voilà
ce qui compromet un peu la bonté de sa cause et lui fait perdre
une pai'tie de ses avantages. M. Emile Augier est ainsi orga-
nisé qu'il va toujours droit au but, sans essayer de tourner les
difficultés du chemin, sans s'embarrasser des ornières. La fran-
chise en littérature est sans doute une qualité louable, mais encore
faut-il qu'elle ne blesse ni le bon goût, ni la décence.
Paul Forestier est engagé dans une intrigue avec une femme
mariée, mais séparée de son mari, et qu'il n'hésiterait pas à épou-
ser, si elle était libre, tant il a pour elle d'amour et d'estime.
Son père, ne voyant pas d'issue à cette situation irrégulière, se met
en devoir de rompre la liaison de Paul avec Léa pour lui donner
une épouse de son choix; c'est une jeune fille qu'il a élevée, qu'il
regarde comme son enfant et qui est digne, sous tous les rapports,
de la tendre affection d'un honnête homme. Paul ne se rend pas
sans combattre; mais Léa, en prenant le parti de s'éloigner, le
délie elle-même des serments qu'il lui a faits.
Paul épouse donc Camille, et tout fait espérer que la paix du
jeune ménage ne sera pas troublée, lorsque surviennent coup sur
coup deux incidents qui bouleversent ce frêle échafaudage. L'an-
cien amant de Léa apprend d'abord qu'elle est veuve, ce qui lui
inspire le regret de n'avoir pas attendu ; puis, une confidence bi-
zarre lui révèle que cette même Léa s'est donnée, comme une
courtisane vulgaire, à un adorateur de rencontre.
Paul s'aperçoit alors qu'il n'a pas cessé de l'aimer, car il en est
jaloux, et il couit chez elle pour l'accabler de reproches. Léa ne
se justifie pas; elle fait mieux, elle prouve à Paul que, si elle s'est
oubliée un jour, un seul jour, c'est uni(iueinent par amour pour
lui, c'est-à-dire par un frénétique, par un délirant besoin de ven-
geance, lorsqu'elle a su qu'il se décidait à épouser Camille. Cet
aveu, au lieu de dégriser Paul, ne fait que r.aviver sa passion, et
il maudit les liens qui l'enchaînent à Camille, maintenant que Léa
pourrait lui accorder sa main.
La situation est critique, et comment en sortir? C'est là mal-
heureusement que l'impuissance du moraliste se manifeste par un
retour forcé aux idées reçues, et par un dernier sacrifice de Léa,
qui plie bagage devant l'épouse légitime.
Est-ce une solution? El peut-on se retirer avec la conviction que
l'avenir du ménage de Paul n'est pas gros de tempêtes ? Alors,
pourquoi toutes ces audaces qui sont sans résultat possible et qui
n'amènent qu'un dénoiiment à l'eau rose ?
On peut donc affirmer hautement que tous les dangers accumu-
lés par l'auteur dramatique n'ont été conjurés que par le double
talent du poëte et de ses interprètes. Le rôle do Paul Forestier
est joué par Delaunay avec cette fougue, tempérée de distinction,
qui est dans sa nature et qui confond les dispositions les plus
hostiles. Le personnage de Forestier le père a des côtés périlleux qui
sont admirablement sauvés par l'habileté de Got ; d'atroces souffrances
ont failli l'empêcher d'accomplir jusqu'au bout sa tâche du premier
soir ; mais il est resté sur la brèche avec un courage héroïque, et
deux ou trois jours de repos lu ont rendu lai plénitude de ses
moyens. Coquelin a su également dissimuler, à force de tact et
de convenance, les aspérités d'un rôle aussi pathétique. Mlle Fa-
vart est une merveilleuse Léa ; elle y a de ces élans soudains qui
font tressaillir toute une salle et qui lui donnent le droit d'être
comparée à Rachel. Nous n'avons trop rien à dire de Mme Vic-
toria Lafontaine dans le rôle de Camille ; elle y est convenable,
mais un peu effacée, et ce n'est pas tout à fait de sa faute.
D. A. D. SAINT-YVES.
Une de nos pianistes de grand style, la meilleure et la dernière
élève de Hummel, qui honora son enfance d'une amitié paternelle,
Mme Mackenzie, née Catinka de Dietz, dont le nom ne peut être
oublié de nos lecteurs, et dont les oeuvres sont empreintes d'un
profond sentiment classique, se décide à perpétuer les traditions
DE PAKIS.
37
de la remarquable école à laquelle elle appartient en revenant au
professorat dont elle s'était retirée depuis quelques années. Les le-
çons, ou plutôt les séances toutes classiques de Mme IVIackenzie
ont surtout pour but de former les jeunes filles, déjà bonnes pia-
nistes à l'intelligence des œuvres des maîtres et d'en faire des
musiciennes à une époque oh tout le monde joue du piano et où
cependant bien peu d'artistes sont réellement dignes de ce nom.
Travail, respect des traditions et consciencieuse étude sont les
bases de l'enseignement de Mme Mackenzie, qui compte déjà bon
nombre d'élèves dans la haute société aristocratique française et
étrangère de l'Europe, dont, au reste, elle parle presque toutes
les langues avec une égale facilité. Nous croyons, pour notre part,
que des tentatives de ce genre doivent être vivement encouragées
et méritent une sérieuse attention, non-seulement de la presse
spéciale, mais encore de tous les amateurs de l'art musical, qui
qui ne peuvent qu'y applaudir.
Louis DE Chavornay.
CONCERTS ET ÀDDITIOUS fflUSICÀLES DE LA SEUIÂINE.
*** La réapparition de la symphonie avec choeurs au programme de
la Société des Concerts du Conservatoire a été saluée avec bonheur. 11 y
a, en effet, trois ans au moins que le manque de solistes en prive le public
de la rue Bergère; telle est du moins la raison alléguée par la Société.
Il s'en est enfin trouvé, et nous sommes heureux de pouvoir dire que,
confiés aux voix exercées de Mlles Marimon et Derasse, de MM. Warot et
Gailhard, les dangereux soli de la dernière partie ont été jusqu'au bout sans
encombre; c'est tout ce qu'on peut demander. M. Gailhard s'est fort bien
tiré du récitatif initial ; une bonne note aussi aux violoncelles etcontre-
basses pour ce même récitatif, l'écueil des orchestres médiocres. La sym-
phonie entière a été, du reste, parfaitement rendue. Espérons que cette
œuvre monumentale est revenue une bonne fois au répertoire pour ne plus
le quitter, et qu'il n'en sera pas d'elle comme de l'ouverture de Coriolan,
par exemple, dont la dernière exécution a eu lieu il y a dix ans, en avril
■18S8. — Mlle Marimon a dit très-convenablement, sans beaucoup s'échauffer,
l'air ie Monlano et Stéphanie de Berton : « C'est donc demain que l'hy-
ménée », qui a fait le bonheur de toute une génération, et dont la mé-
lodie, corrigée et raccourcie, a eu l'honneur d'être adaptée aux paroles
d'un cantique qui se chante encore dans nos éghses. — Le joli andante
de la 49= symphonie d'Haydn et l'ouverture à'Oberon, détaillés par l'or-
chestre avec sa finesse et son brio ordinaires, complétaient le pro-
gramme.
5js*^ Au concert populaire de dimanche dernier, un nom nouveau
figurait au programme, celui de Joachim RafT. Nous avons dû juger ce
compositeur, dont la réputation est assez grande dans une partie de
l'Allemagne, et qui tient d'un peu loin à l'école wagnérienne, sur deux
échantillons que nous en a offerts M. Pasdeloup : un adagietlo et un
scherzo extraits d'une de ses symphonies. Il y a chez ce compositeur do
la grâce et de la distinction, mêlées malheureusement à une trop grande
recherche. Le scherzo a fait particulièrement plaisir. — L'ouverture du
Vaisseau-Fantôme, de Wagner, a été, comme chaque fois qu'on l'a exécutée
(c'est, si nous ne nous trompons, la troisième audition), accueillie par une
double salve d'applaudissements émanant des fanatiques qui ne manquent
pas plus aux concerts populaires qu'ailleurs, puis par une bordée de
sifflets provoquée par une nouvelle tentative du même genre en faveur
de cette œuvre. — 11 est à croire, du reste, que l'auteur de Lohenrjrin
fait fi du succès, en France du moins; comment expliquer, en effet,
les outrages qu'il nous prodigue en ce moment même dans une publi-
cation violente et insensée? A moins que ce ne soit pour pouvoir se
poser en victime à l'avance, ou pour décliner la compétence des juges
qu'il pressent devoir le condamner; mais alors dans quel but se soumet-
tre à leur appréciation?
^*.^ Un concert brillant a été donné vendredi dernier au ministère de
la marine. Les artistes qui y ont apporté le concours de leur talent s'appe-
laient : Mlles Nilsson et Grossi, MM. Délie Sedie, Gardoni, AlarJ, Fran-
cbomme, autant de noms aimés et à juste titre. On a exécuté entre
autres le ravissant quatuor de Mart/ia, qui a produit le plus grand efïèt.
:)f*f. La société chorale allemande Liederkram réunissait samedi dernier
une société d'élite dans la salle du Grand-Orient, rue Cadet, à l'occasion
du dixième anniversaire de sa fondation. Des chœurs des meilleurs au-
teurs, Schumann, Kalliwoda, Mangold, ont été exécutés avec cette per-
fection dont les Allemands ont le secret, sous la direction de l'excllent
chef de la Société, M. Ehmant. Le violon magique de Sivori était de la
fête; c'est dire que le grand artiste a été rolij('t d'une chaleureuse ova-
tion, après sa fantaisie sur Faunt et colle de Thalborg et de Bériot sur
les Hu-jucnols. MM. Lasserre et Kowalski lui ont dignement tenu tête:
ce dernier, dans sa paraphrase d(! Don Juan, pour piano, et M. La.«serre
dans sa transcription pour violoncelle sur Marlha. Une opérctte-boufTe en
deux actes, de Kipper, Fidelia, a gaiement terminé cette charmante soirée,
que les fidèles du Liederkranz voient avec plaisir revenir chaque année.
„,''* Le concert donné jeudi dernier par M. Villa, à la salle Herz, au
bénéfice des Arabes de l'Algérie, offrait un progranmie aussi varié qu'at-
trayant. Dans la sonate de Beethoven dédiée à Kreutzer, nous avons
apprécié une fois de plus le talent fin et sympathique de MM. Sighicelli
et Albert Lavignac. Ce dernier a été très-applaudi dans la brillante po-
lonaise en tit de Chopin et la fantaisie de Prudent sur Lucie. Dans la
partie vocale brillait en première ligne Mme Marie Sass, dont la voix
puissante primait aisément celle de M. Villa, d'un volume beaucoup
moindre, quoique d'un timbre agréable. Des chansonnettes dites avec es-
prit par M. Ch. Potier ont terminé gaiement ce concert.
^,*^ La deuxième matinée de Mme Clara Pfeiffer offrait le même intérêt
varié que toutes celles que donne cette éminente artiste. A côté d'elle se
sont fait applaudir son fils Georges, Mme Damoreau, MM. Géraldy,
White, Lebouc et le flûtiste Donjon ; nous avons à signaler, parmi les
œuvres exécutées, un charm.unt trio d'Adolphe Blanc; la nouvelle trans-
cription de l'ouverture d'Egmont, par Georges Pfeilfer; enfin une jolie
mélodie de Mme Damoreau sur des stances d'Alfred de Musset.
*** Mlle Marie Secretain, premier prix du Conservatoire, élève de
MM. Henri et Jacques Herz, a donné un brillant concert samedi dernier
à la salle Herz. Elle a joué exclusivement des œuvres de ses deux pro-
fesseurs : le 6° concerto de H. Herz, ses variations sur le Carnaval de
Venise et sur le Pré aux Clercs, et la Valse orientale le J. Herz. Elle a une
exécution souple, nette et bien nuancée ; c'est une artiste d'avenir et
qui, du reste, ne peut être à meilleure école. Mlle de Beaunay et M. Bac-
quié se sont tirés à leur honneur de la partie vocale, et l'orchestre, dirigé
par Aug Mey, mérite une mention spéciale.
^*^ Nous avons dit quelques nnts, dimanche, du beau concert que
venait de donner la Société philharmonique d'Amiens, sons la direction
de son président, M. A. Deneux. Les journaux de la localité sont rem-
plis de détails sur l'éclat de ce concert et sur l'effet qu'y ont produit les
deux grands artistes de l'Opéra, Marie Sass et Faure. L'orchestre, com-
posé d'artistes et d'amateurs de la Société, y a donné de nouvelles
preuves de sa supériorité, et a mis en grand relief un jeune violoniste,
élève de MM. Stoupy et Alard, M. Desaint, accueilli par d'enthousiastes
applaudissements. 11 en a été de même d'un jeune ténor, M. Roze, qui
a très-bien chanté plusieurs morceaux, et, entre autres, la cavatine de
Martha. En somme, ce concert, le premier de la saison, fait le plus
grand honneur à la Société et à celui qui la dirige.
»*,,. Léonard vient de remporter un éclatant succès, à Dijon, dans un
concert de bienfaisance. Le grand violoniste a joué, avec son charme or-
dinaire et son style magistral, sa Fantaisie militaire, ses Souvenirs d'Haydn
et sa Romance sans paroles. A côté de lui, Mlle Laura Harris, la gracieuse
cantatrice, a entliousiasmé l'auditoire dans l'air de la Flûte enchantée, le
rondo de la Sonnambula, la romance de Martha et la valse de Roméo.
^*^ Un triomphe signalé vient d'accueidir Arban à Nantes, dans un
concert de bienfaisance donne par le Cercle du sport. L'excellent chef
d'orchestre et non moins brillant virtuoje a été couvert d'applaudisse-
ments après sa fantaisie sur la Muette; son vaillant orchestre a exécuté
avec son entrain habituel la marche du Prophète, et ses fantaisies sur
Robert, rAfricaine, Lucie, etc. Nantes gardera longtemps le souvenir de
cette fête.
ii*^ A Orléans, Mlles Vitali, Sivori et Scalese se sont fait entendre au
deuxième concert de l'Institut musical; les ovations ont été prodiguées à
ces éminents artistes, qui se sont vraiment surpa,sscs et qui avaient fait
choix, pour le public Orléanais, des plus beaux joyaux de leur réper-
toire ,
^f*:jf La compagnie Ulmann, qui se compose actuellement, comme on
sait, de neuf artistes du plus grand mérite, parmi lesquels on remarque
Carlotta Patti, Vieuxtemps, Seligmann, Ed. Wolff, Godefroid, etc., a
commencé, le 22 janvier, une nouvelle tournée dans les villes principales
de France. A Nantes, à Angers, à Tours, comme à Bordeaux et à Agen,
partout des salles combles, un public enthousiaste, de magnifiques re-
cettes, des applaudissements et des couronnes. Ed. Wolff produit le plus
grand effet avec ses meilleures compositions, la Triomphale, le boléro de ,
V Africaine, la Chanson bachique, etc., et le public ne se lasse pas de
l'applaudir, ainsi que Vieuxtemps, dans leur splendideduo sur Don Juan.
Le beau son que Sfligmann tire de son instrument, la largeur et la
pureté de son jeu, dans sa fantaisie sur Martha, notamment, intéressent
et émotionnent profondément. Aussi, ces deux maîtres sont-ils tout
particulièrement rappelés, en même temps que leurs camarades, à la fin
de chaque concert. Nous reviendrons sur les ovations que la suite de ce
voyage artistique et véritablement triomphal réserve aux artistes émi-
nents qui l'ont entrepris sous une direction aussi habile qu'heureuse.
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REVUE ET GAZETTE MUSICALE
**» La Société des concerls du Conservatoire donne aujourd'liui di-
manclie, 2 février, à 2 heures précises, la répétition de son S" concert.
En voici le programme, dans lequel la scène et le chreur d'Ido7ncnéc
sont substitués à l'air de Montana et Stéphanie: i" symphonie avec chœurs
de Beethoven ( les soli seront chantés par Mlles Marimon et Derasse,
MM. Warot et Gailhar.l) ;— 2« andante de la {9° symphonie de Haydn;
— 3° scène et chœur d'idomcnée de Mozart (le solo sera chanté par
M. Warot; — i" ouvei'ture à'Oberon de Webcr. — Le concert sera dirigé
par M. Georye-Hainl.
,*!s- .aujourd'hui dimanche, à 2 heures, au cirque Napoléon, 1 i" con-
cert populaii'e de musique cla.ssique, sous la direction de J. Pasdeloup.
Ou y entendra : 1° ouverture de la Flûte cncimntée de Mozart; —2° suite
d'orchestre de M. Massenet (pastorale, fugue, thème hongrois varié,
adagio, marche, strettej; — 3° ouverture de la Belle Mélusine de Men-
delssohn (légende pastorale du xu" siècle); — 4° la Sé/)«rj(io;i, romance
pour cor, de Lorenz.
»** Dimanche 9 février, à 2 heures précises, salle Pleyel-Wolff, deu-
xième séance de musique de chanihre de MM. Alard et Franchomme.
On y exécutera : l" quatuor en ré de Meudelssohn ; — 2° trio en mi béniol
de Mozart; — 3" andante varié et Minuetto à la zingarèse d'Haydn; —
•J" quatuor pour piano et instruments à cordes de Beethoven.
a,** On annonce comme très-prochaine la reprise, dans les salons
Pleyel-Wolff, des séances de musique de chambre de M. Maurin, réor-
ganisées avec le concours de MM. C. Sainl-Saëns et Demunck.
^*» Mardi prochain, 2» séance populaire de musique de chambre de
MM. Lamoureux, Colblain, Adam et Poëncet, avec le concours de M.
Fissot.
s** Nous rappelons à nos lecteurs le beau concert à grand orchestre
qui sera donné, jeudi 6 février, par M. Ch. Lamoureux, à la salle Herz,
et dont notre dernier numéro faisait connaître le programme: ils n'au-
ront pas d'ailleurs oublié le grand concert de la o Société protectrice, » or-
ganisé également par M. Lamoureux, et dans lequel il déploya les qua-
lités d'un excellent chef d'orchestre.
^*^ Au nombre des artistes qui comptent se faire entendre à Paris cet
hiver, nous devons mentionner un jeune virtuose qui arrive du Chili,
où il jouit d'une grande réputation comme pianiste. C'est M. Fred. Guz-
man, dont on a déjà pu apprécier le talent dans quelques réunions pri-
vées. M. Guzman est aussi fort connu en Allemagne grâce au mérite des
œuvres qu'il y a publiées.
:„% Les succès d'Alf. Jaell et de sa femme suivent une progression
croissante, comme leur infatigable activité. Bruges, Gœtlingen, Brème,
Aix-la-Chapelle et Cassel viennent de les applaudir; et il y a bien des
villes sur cette roule de Parif, qu'ils visiteront en reprenant prochaine-
ment celle-ci.
i^*^ Mlle Angèle Cordior vient d'être engigée pour chanter dans les
trois concerls donnés par les .-sociétés philharmoniques de Rennes, de
Laval et du Mans.
,% S'il faut en croire les journaux américains, Johann Strauss serait
engagé pour diriger pendant quatre mois des concerts, et il recevrait
pour cela l'énorme somme de 300,000 francs.
ROUVELLES DES THÉÂTRES LYRIQUES.
if*^ Le théâtre impérial de l'Opéra a donné Guillaume Tell deux fois
pendant la semaine, lundi et vendredi ; mercredi, le Trouvère et la
Source. — Les répétitions à l'orchestre d'//(7m/p( ont commencé mardi der-
nier.— Dès que la primeur du sucà's de l'œuvre nouvelle d'Amb. Tho-
mas .'■era épuisée, Mazzoleni, le ténor dont nous avons annoncé l'engage-
ment par M. Perrin, débutera dans Don Carlos; le second rôle qu'il
abordera sera celui de Jean de Leyde, du l'rophéte, et la direction de
l'Opéra apportera à cette reprise le même soin et le même luxe qu'à
celle de Guillaume.
^*t Aujourd'hui, par extraordinaire, Gm'Waunie 7'eH,avec la tyrolienne
dansée par les premiers artistes du ballet, et demain lundi l'Africaine.
*** Les répétitions à l'orchestre d'Un jour de bonheur ont commencé
avant-hier, vendredi, à l'Opéra-Comique. On compte donner le nouvel
opéra de M. Auber, vers le 10 février.
S;"* La salle du théâtre Italien était comble jeudi pour )a dernière re-
présenla;ion de Rigclctto ; on voulait encore entendre Adelina Patti dans
le rôle de Gilda, l'une de ses plus brillantes créations; elle s'y est sur-
passée. Nicolini est très-élégant dans le rôle du duc, et Verger a' très-bien
chanté celui du bouffon.
ji,*ii, Il Teniplario, dont nous rendons compte aujourd'hui , devant être
suivi de plusieurs reprises importantes, Don Giovanni, MathilJa di Sha-
bran, entre autres, Mlle Patti ne chantera plus qu'une fois les rôles les
plus brillants de son répertoire. — Demain, par extraordinaire, dernière
représentation de la Traviata, au bénéfice de Scalese; le .spectacle sera
complété par la scène des fous, de Columella, chantée par le bénéfi-
ciaire.
**, Lundi dernier, le théâtre Lyrique a donné une bonne représenta-
tion de Marthn, avec Mlle Daram dans le rôle principal. Le talent, la
voix agréable et le jeu intelligent de la débutante ont surmonté les
périls de cette tâche, et la soirée a été de tous points favorable à la
jeune artiste. Le rôle de Lyonel est bien dans la voix de Bosquin et le
fait applaudir. Troy a obtenu son succès habituel. — La Fanchonnette con-
tinue d'attirer beaucoup de monde. — M. Carvalho va remonter, dit-on,
la Fête du villaij-: voisin, de Buïel.lieu. — On répète le Lohengrin de
Wagner.
i^'tj: La salle des Fantaisies parisiennes est complètement restaurée, et
la direction en annonce pour demain la réouverture par te Farfadet.
^,*^ L'Africaine vient d'être chantée pour la première fois à Grenoble.
Cette représentation n'a été qu'une longue ovation décernée au chef-
d'œuvre el couronnée par le rappel de ses excellents interprètes sur
celte scène. Mlle Huberti, notamment, s'est magnifiquement approprié le
rôle de Selika.
,■*,(, Mardi, Adelina Patti a donné au théâtre de Rouen une repré.>;enta-
lion de Lucia. Dès que les aflîches ont annoncé cette bonne fortune, une
foule immense a assiégé le bureau de location, et, malgré l'élévation des
prix (23 francs les premières), il n'y en a pas eu assez pour contenter
tout le monde. Il n'est sorte d'ovation qu'on n'ait faite à la jeune et célèbre
diva, et la recette s'est élevée à près de 14,000 francs.
^'''^Ou nous écrit de Douai que Mlle Alice Hustache est en ce moment
l'éloile du théâtre de cette ville. Dans Romio et Juliette, les Dragons de
]'illars, le Toréador, elle fait applaudir tour à tour une merveilleuse
flexibilité de talent et une délicieuse voix de soprano. Les journaux de
la localité sont pleins d'éloges adressés à la jeune artiste, et légitimés
d'ailleurs par son excellente méthode et son grand siyle.
<,% On vient de donner au théâtre-concert de l'Alcazar une opérette
nouvelle do MM. Alph. Baralle et Hubans, chef d'orchestre de cet éta-
blissement .
^*^ La représentation donnée dimanche dernier aux Variétés, au bé-
nélice de Grenier, a produit plus de 9,000 francs.
5t;*» La Grande-Duchesse de Gérolslcin continue sa marche triomphale
en Allemagne. Briinn, Posth et Glogau viennent de l'applaudir.
,*<, Agencer, transformer le théâtre du Prince-Impérial en Alhani ra
londonien, empruntant ses attractions principales à l'art lyriane et cho-
régraphique, tel est le projet théâtral de la semaine. Entrcpiise liardie !
Que d'argent englouti déjà dans et par cette solitude !
i^*^ Londres possède actuellement 32 théâtres avec des placrs pour
S9,863 spectateurs. La' salle la plus xi&le e&lceWe du liritannia-Theater, qui
a 3,923 places; puis viennent Driicy-ionc, qui en a 'i,%Oi; Astley-Theater,
3,780 ; le Pavillon, 3,300 ; le Standard-Theater, nouvellement inauguré,
3,i00, et le Victoria-Theater, 3,S00. VOpéra-Royal-Italien de Covent-Gar-
den ne contient que 2,300 personnes; sept autres théâtres peuvent en
contenir de 2,000 à 2,300; douze autres, 1,000 à 2,000, et six, 360 à
800 personnes seulement. Les deux plus petits théâtres sont le Cabinet-
Theater et h Galerie of illustration. L'Opéra incendié, Her 3Iajcstg's-Theatcr,
avait i,6S3 places.
i*„ Un riche négociant de New-York, M. Pike, vient de faire élever
un théâtre d'opéra dans les 23<= et 28"^ avenues. D'après un correspon-
dant, ce théâtre est construit en marbre blanc, dans le style italien. La
salle peut contenir 2,000 personnes, elle est décorée or et blanc ; les ri-
deaux des loges particulières sont blancs et b!eus, les fauteuils rouges,
et il y a partout une profusion de statues, de lustres, de candélabres et
de peintures. De plus, l'acoustique y est meilleure que celle de tous les
théâtres de New-York.
^*, M. Prosper Pascal nous prie de faire savoir, pour éviter toute
confusion, que le sujet de l'opéra les Templi>-rs, dont il a composé les pa-
roles et la musique, n'a aucun rapport avec celui d'// Teniplario d'Otto
Nicolaï, qu'on représente au théâtre Italien, et qui est, comme on .sait,
emprunté au roman d'ivanhoé, de Walter Scott.
^*^ Ce n'est qu'avec peine que samedi, vers une heure de la nuit, on
pouvait pénétrer au bal masqué de l'Opéra tant la foule y était grande;
c'était le septième, el comme ils touchent à leur fin, on se presse de
jouir du coup d'œil et d'entendre l'orchesire que Stauss dirige avec tant
de verve et d'entrain.
Uh PAIUS
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NOUVELLES DIVERSES.
^*^, M. Aiiber vient d'entrer dans sa quatro-vingl-scplifcmc année. Pour
fêter cet lienreux anniversaire, la musique de la 2° légion de la garde
nationale, dirigée par' M. Tliibaut, a offert une sérénade ^ l'illustre re-
présentant de l'école française. Après l'ouverture de la Muelle, les excel-
lenls artistes du bataillon de l'Opéra ont exécuté une marcbe arrangée
par M. E. Jonas sur les motifs d'une sonate manuserile, découverte der-
nièrement par M. le général Mellinet dans une boutique do bouquiniste,
et que M. Auber avait composée en 1798, c'est-à-dire à l'âge de dix-sept
ans. A soixante-dix années de dislance, M. Auber avait oublie cette
œuvre de sa jeunesse, et il a été vivement touché de l'attention délicate
qui la rappelait, vivante et colorée, à son souvenir.
^*4 M. Charles Lucas, architecte, auteur d'un travail fort complet sur
les travaux publics espagnols >à l'Exposition universelle de 1867, vient
d'être nommé chevalier de l'ordre royal de Cliarles 111, à la suite de la
traduction de ce travail dans la Gaceta de Madrid. M. Lucas n'est pas
un inconnu pour les lecteurs de la Gazette, car il s'est occupé pendant
longtemps de critique musicale.
^*^ L'éminent pianiste compositeur Rosenhain, qui habite Bade les
trois quai'ts de 'l'année, est de retour à Paris où il va passer trois mois.
^*.jf, L'Exposition illustrée, publication autorisée par la Commission impé-
riale, est arrivée à .sa soixantième et dernière livraison. Elle aura eu le
mérite de réunir dans le même cadre de rédaction les noms les plus
divers et les plus opposés : MM. Michel Chevalier et le baron Séguier
(de l'Institut) à côté de MM. Jules Simon et Henri Martin; MM. Auguste
S'itu, Ernest Dréolle, Valserre et Oct. Lacroix h côté de MM. Ducuing,
Léon Plée, Malespine, Ch. Sauvesire et E. de la Bédollière; enfin MM.
Am. Achard, Ed. About et Jules Janin à côté de MM. Alf. Assollant, F.
Sarcpy et Louis Ulbach. Mais le plus curieux rapprochement de collabo-
ration aura été celui des rapporteurs du jury et des rapporteurs de la
classe laborieuse, délégués ouvriers, dont la cinquante-neuvième livrai-
son publie des notices fort intéressantes sur l'aniline et la galvanoplastie.
L'Exposition illustrée est une publication hors ligne et dont le grand
succès se justifie. Ce magnifique recueil, contenant six cent quatre-vingts
graDds dessins et sept cents articles différents, trouvera des acheteurs
tant que le souvenir du grand concours de 1807, dont il est la représen-
tation fidèle, se conservera parmi les hommes. C'est une œuvre digne
de l'événement qu'elle célèbre. Félicitons M. F. Ducuing, son rédacteur
en chef, d'avoir attaché son nom à une œuvre de cette valeur et si vive-
ment conduite. L'Exposition illustrée est donnée en prime, moyennant
le prix modeste de H francs, aux abonnés de l'Année illustrée, qui con-
tinue avec éclat la publication précédente.
^^ Mlle Eugénie Halanzier, fille de l'ancien directeur des théâtres de
Mar.seille, épouse M. Emile Lachau.^se, fils d'un banquier de-Troyes. Le
mariage aura lieu le mardi, 4 février, à midi précis, dans l'église de
Notre-Dame-de-Lorette.
,,;** On annonce la mort à Paris, à l'âge de quatre-vingt-quinze ans,
de Mme Louis Ducis, sœur de Talnia et veuve du neveu du poète tragi-
que, administrateur général de l'Opéra-Comique sous la Restauration, et
un moment directeur du même théâtre sous le gouvernement de Juillet;
— A Iniola (Italie), du co:iipositeur Ratfaello Mazetti, auteur des opéras
Marco Visconti et Gustavo Tf>sa.
;^*,i; A Berlin vient de mourir, à l'âge de soixante-quatre ans, le vio-
loncelliste Morilz Ganz, artiste estimé, soliste de l'orchestre royal et com-
positeur pour son instrument.
ÉTRANGER
^*^ Bruxelles. — Le Béirnais, opéra comique en trois actes, a été repré-
senté, jeudi, au Théâtre royal. Cette production de deux auteurs belges
a obtenu un succès très-brillant et très-mérité, surtout comme musique,
car la pièce n'est qu'une seconde édition du Capitaine Henriot, inférieure
à la première sous tous les rapports. La partition est l'œuvre de M.
Radoux, lauréat du grand concours de composition musicale, ou comme
qui dirait, prix de Rome en Belgique. Elle renferme assez de morceaux
vraiment distingués pour réussir partout où l'on voudrait passer sur la
faibles.se du poëme en faveur de la musique. M. Radoux a de la mélo-
die, l'instinct de la scène et la fermeté de style que donne un tavoir
réel. Peut-être dépasse-t-il parfois les proportions du cadre dans lequel
il conviendrait de renfermer les développements de ses idées ; mais c'e«t
un défaut excusable chez un jeune compositeur qui, ayant pour la pre-
mière Ibis l'occasion d'écrire un opéra, .s'en donne à cieurjoie. Le prin-
cipal rôle de léniiiu^ celui de Gabri(!lle d'Estrée, est rempli |iar Mme
Ferdinand Sallaivl, Ia(piellc a fait preuve de talent en jnême lemp< que
de complaisance, en prenant la place de Mlle Wallack, qui s'était récu-
sée ; Mme Sallard a recueilli force bouquets, sans préjudice des a|iplau-
dissements, pour le service qu'elle a rendu gracieusement à de jeunes
auteurs. Les autres rôles du Béarnais sont remplis par MM. Ricqiiier-
Delaunay, Jamet, Laurent et Mme Dumestre.
^*» Darmstadt. — La légende .Scandinave de Frithjof, qui a déjà heu-
reusement inspiré Max Bruch, vient d'être traitée de nouveau par Man-
gold, et avec non moins de talent. Cette œuvre a élé exécutée le 13 jan-
vier, et a produit un excellent effet; le Festival rhénan de celte année
la comprendra probablement dans son programme.
i:*^ Francfort-sur-lc-Mein. — Roméo et Juliette, de Gounoil, a été ac-
cueilli avec une certaine réserve à la première représentation qui a eu
lieu le 11 janvier.
»*.;(( Berlin. — L'orchestre de Bilse a inauguré, le 15 janvier, sa nou-
velle salle par un grand conce;t auquel ont pris part cent exécutants.
,if*x Lnpsig. — Au treizième concert du Gewandhaus, l'ouverture des
Naiades, du compositeur anglais W. Sterndale Bennett, œuvre qui a con-
servé assez longtemps la faveur du public, a été froidement reçue; par
contre, on a beaucoup applaudi la symphonie en si bémol de Schumann,
et le violoniste Lauterbach, de Dresde, qui a joué le concerto de Beetho-
ven et celui en la mineur de Bach. La cantatrice, Mme Peschka-Leutner,
de Darmstadt, qui se faisait entendre pour la première fois à Leipzig,
a obtenu un très-grand succès avec une scène et air de Spohr et un air
de la Flûte enclwmtée.
av*:j: Vienne. — Mlle Ehnn, attachée par un engagement durable à
l'Opéra, qui l'a possédée quelque temps l'année dernière, voit ses succès
se confirmer. Après deux brillants débuts, elle a abordé, pour .sa troi-
sième représentation, le rôle de Sélika de l'Africaine, où ses précieuses
qualités dramatiques se montrent dans tout leur jour. De Bignio est tou-
jours un excellent Nélusko et Adams un Ya.sco irréprochable. — Deux
jolies opérettes : l'une de Suppé, Madame la Maîtresse (Die Frau Meisterin) ;
l'autre de Zaytz, 'to Somnambule, ont pleinement réussi au Carltlieater
et à l'Harmonie-theater. Les auteurs sont, du reste, des vétérans de la
vogue,
,ij*,f Prague. — La Grande-Duchesse de Gérolstcin est venue et elle a
vaincu... ailleurs qu'on ne l'attendait, toutefois, car elle était promise de-
puis longtemps au Ihéâtro Tchèque, auquel des difficultés de traduction
l'auront vraisemblablement contrainte à renoncer pour le théâtre alle-
mand. Elle a déjà assez prouvé, d'ailleurs, que tous les terrains lui sont
bons. C'est un triomphe de plus que nous avons à enregistrer à son ac-
tif, triomplie dont une bonne part revient à la principale interprète,
Mlle de Kaler.
^*,^ Rome. — Cagnoni, l'auteur de Dun Bucefalo , vient de remporter
un nouveau succès avec la Tombola, au théâtre Argentina. Auteur et
chanteurs (Fioravanti entre autres) ont été maintes fois acclamés et rap-
pelés. Le librctto de la Tombola est de F. Piave, qui l'a tiré de la co-
médie français la Cagnotte.
^*,ii Saint-Pétersbourg . — Le violoncelliste Davidoff , dont la carrière
de virtuo.se avait été entravée, en 1S62 par sa nomination au Conserva-
toire, commencera en février une grande tournée artistique en Alle-
magne et en France. Il se fera eotendrre le 27 février au Gewandhaus
de Leipzig.
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Le Journal parait le Dimanche.
GAZETTE MUSICALE
DE PARIS
Nos abonnés reçoivent, avec le numéro d'aujourd'hui,
une roni,ance nouvelle composée par Tb. Palmer, Inti-
tulée : /Si voMs n'ave» rien à me aire, poésie de
Victor Hugo.
SOMMAIRE. — Théâtre des Fantaisies - Parisiennes : la Croisade des Dames,
l'Elixir de Cornélius et le Farfadet. — Concerts populaires de musique classi-
que au cirque Napoléon, par Armand Qonzien. — Le Trésor des Pia-
nistes (11' et 12' livraison), par Fétts père. — Entrefilets. — Concerts et audi-
tions musicales de la semaine. — Nouvelles des théâtres lyriques. — Nouvelles
diverses. — Annonces.
THÉÂTRE DES FANTÂISIES-PÂRISIENSES.
La Croisade des Daines, opéra-comique en un acte, paroles
de M. Victor Wilder, musique posthume de François Schubert.
— L'Elixir de Cornélius, opéra-comique en un acte, pa-
roles de MM. Henri Meilhac et Arthur Delavigne, musique de
M. Emile Durand. — Reprise du Farfadet, opéra-comique en
un acte, d'Adolphe Adam.
(Réouverture, le lundi 3 février 1868.)
I/intelligent directeur des Fantaisies-Parisiennes vient de rema-
nier sa salle, et de lui donner enfin l'aspect d'un véritable théâtre.
Outre le vaste orchestre et les loges du fond qui existaient déjà,
on y trouve aujourd'hui une galerie flanquée de loges, un pour-
tour et des avant- scènes disposés avec goût et suffisamment dé-
gagés. Il résulte de cet agencement une notable augmentation de
places, auxquelles le public ne manquera pas, si nous en jugeons
d'après l'effet produit par la soirée de réouverture.
La pièce de résistance de ce spectacle d'inauguration, la Croisade
des Dames, est une œuvre posthume de François Schubert, l'auteur
du Roi des Aulnes et de tant d'autres mélodies devenues populaires
en Allemagne et en France. On ignorait généralement que Schubert
eût travaillé pour le théâtre, et ses biographes nous apprennent,
en effet, que ce compositeur, mort jeune en 1828, n'a jamais eu.
dans sa patrie, un opéra représenté de son vivant. Mais il en a
laissé plusieurs, et l'un d'eux, celui qui nous occupe, a vu le jour
de la rampe à Francfort, en 1861, sous le titre des Conjurées.
Nous ignorons si cet ouvrage est le même que la Croisade des
Dames; cependant, il est supposable que M. Victor Wilder en a
conservé le fond, qui d'ailleurs est emprunté à Lysistrata, une co-
médie d'Aristophane, tant il est vrai qu'il n'y a rien de nouveau
sous le soleil. La guerre du Péloponnèse durait depuis vingt et un
ans, au grand dommage des Grecs, lorsque le poète athénien fit
entendre sa voix en faveur de la paix, et, par une fiction bizarre,
suggéra aux femmes la pensée de tenir leurs maris à distance jus-
qu'à la conclusion d'un traité avec les Lacédémoniens. A la place
des Athéniennes, mettez les châtelaines du xi' siècle; à la place
des Athéniens, mettez les croisés de la Palestine, et vous aurez la
pièce de M. Wilder. Cette tentative de rajeunir et de franciser Aris-
tophane avait déjà été faite en 1801, au théâtre Feydeau, par
Hoffmann le critique ; mais sa pièce, dans laquelle on retrouve à
peu près les mêmes situations que dans celle de M. Wilder, fut
défendue par ordre. Pourquoi? Le Consulat avait ramené la paix,
mais peut-être prévoyait-on déjà la reprise de la guerre, et dès
lors Hoffmann était mal venu à donner de perfides conseils aux
femmes de nos héros futurs.
O,u'on nous pardonne cette digression qui ne manque pas,
croyons-nous, d'un certain intérêt historique Nous revenons à la
Croisade des Dames, et nous nous empressons de constater que non-
seulement le livret de M. Wilder est amusant et spirituel, mais aussi
que la direction n'a rien négligé pour le faire valoir. La mise en
scène est aussi satisfaisante que possible, et l'entrée des femmes
armées en guerre forme un brillant tableau. Nous ne pensons pas
qu'il soit possible de tirer un meilleur parti du cadre étroit dans
lequel se meuvent tant de personnages.
Quant à la musique de Schubert, c'est la plus charmante des
surprises. La partie chorale est surtout remarquable; on y ren-
contre une puissance, une largeur d'harmonie, qui prouvent que
si Schubert avait vécu l'opéra germanique compterait un digne re-
présentant de plus. Rien de plus entraînant que le chœur : Guer-
riers et chevaliers, que l'on a redemandé à grands cris; rien de
plus scénique et de plus coloré que l'introduction, que le morceau
de la rencontre des croisés avec leurs femmes, et que l'ensemble
42
lŒVUE ET GAZETTE MUSICALE
final. L'orchestration mérite aussi nos éloges pour sa netteté et
pour sa sobriété en quelque sorte substantielle.
Mme Décrois joue t\ merveille le rôle de la baronne, qui corres-
pond à la Lysisirata du poète grec. Géraizer est fort plaisant sous
es traits du vieux croisé qui déjoue la conjuration des femmes.
L'écuyer Hector a pour interprèle Laurent, qui est à la fois un
bon comédien et un chanteur agréable. Mlle Arnaud est bien
jolie sous son costume de châtelaine, et Mlle Alice Vois fait preuve
de finesse dans le rôle de la soubrette Suzanne.
La transmigration des âmes, prise au comique, défraie le sujet
de VJEliœir de Cornélius. Un soudard facétieux persuade au docteur
Cornélius qu'il a été victime d'une séduction rétrospective, il y a
bien cinq cents ans, de la part de sa nièce Frédérique, alors qu'il
était fille et qu'elle était garfon. Aujourd'hui que les rôles sont
changés,- il vient demander réparation au docteur des déportements
de sa nièce, et celui-ci est trop heureux de terminer le dill'érend
par un mariage.
Ce petit opéra comique est l'œuvre fort réussie de deux liommes
d'esprit, M. Henri Meilhac, l'un des auteurs de la Grande-Duchesse,
et M. Arthur Delavigne, le fils du poëte des Messéniennes. La mu-
sique est le début au théâtre de M. Emile Durand, lauréat du
Conservatoire, qui s'est fait connaître par quantité de jolies romances,
parmi lesquelles nous citerons : Comme à vingt ans, l'Arbre mort,
la Vedctie surprise, etc. M. Emile Durand est mélodiste; le motifs
faciles, gracieux et distingués, abondent dans l'Elixir de Cornélius.
On y a principalement applaudi l'air du Docteur, où il explique
son syslème, une chanson militaire, une sérénade et un quatuor
final.
Bonnet a des tics et parle un patois ébourilfants dans le rôle du
faux soudard. Celui du docteur Cornélius est joué d'une façon
plaisante par Derval, qui, sans doute, aura montré plus de mémoire
à la deuxième représentation qu'à la première. Les deux person-
nages féminins sont bien remplis par Mme Decroix et par Mlle
Labarre, la gentille nièce du docteur.
H nous reste à parler du Farfardet, d'Adolphe Adam, qui fut re-
présenté à i'Opéra-Comique en 18Sâ, et que M. Martinet a eu la
bonne inspiration de reprendre i\ son théâtre. Cet ouvrage, qui
avec la Poupée de Nuremberg est une des productions légères les
plus agréables de l'auteur du Chalet, n'a rien perdu de sa fraî-
cheur ni de son élégante vivacité. Tous ces motifs heureux qu'A-
dam semait avec tant de profusion et de facilité jusque dans ses
moindres opéras sont toujours entendus avec un vif plaisir. Le
livret de M. de Planard, s'il a un peu vieilli, n'en offre pas moins
des situations piquantes et musicales, dont le compositeur a doublé
le prix par son habile coopération. A son origine, le Farfadet
n'eut pas moins d'une cinquantaine de représentations consécu-
tives et était fort bien joué par Lemaire, Bussine, Jourdan, Mlles
Talmon et Lemercier. Aujourd'hui, il a pour interprètes: Guyard,
Masson, Barnolt, Mlle Géraizer et Mlle Deneux, qui ne font pas
trop regretter leurs devanciers.
Nous ne finirons pas sans féliciter M. Constantin et son or-
chestre, qui ont eu leur ample part de succès dans cette soirée
féconde.
Quoique nous n'ayons pas l'habitude de relever toutes les fautes
typographiques qui échappent à la rapidité de la composition, et
qui sont d'ailleurs, pour la plupart, corrigées par la sagacité de
nos lecteurs, nous ne pouvons laisser passer sans protestation la
coquille qui nous a fait dire, dans notre dernière Revue des
Théâtres, que le rôle de Coquelin était pathétique, lorsque nous
avions écrit antipathique, ce qui est bien différent.
COHCERTS POPOLAIRES DE IDSIQUE CLASSIQUE
AU CIRQUE NAPOLÉON
L'accueil très -sympathique fait, l'année dernière, aux deux
premiers morceaux de la suite d'orchestre de M. Massenet a décidé
M. Pasdeloup à l'exécuter en entier cette année, et ce n'était pas,
pour ceux qui aiment à voir poindre l'aurore des talents nou-
veaux, le moindre attrait du dernier concert. La petite tempête
qu'elle a soulevée a mis en évidence le nom d'un jeune composi-
teur à qui on ne peut au moins refuser le talent d'agiter la foule.
Nous avons rendu compte des deux frag-ments exécutés l'an
passé.
Le thème de Vandante qui suit et qu'on entendait pour la
première fois est d'une belle ligue mélodique : la clarinette en fait
pressentir les développements en l'indiquant, sobrement accompa-
gnée par les instruments à cordes. La harpe joue ù notre avis,
comme sonorité, un rôle trop important dans la composition har-
monique du moi'ceau, si l'on considère l'obstination de ses arpèges
ascendants .
Toutes les témérités et toutes les hardiesses, qui ont excité les
applaudissements et les protestations, sont renfermées dans la
marche et le finale : hardiesse de conception, de puissante sono-
rité, de développements d'un côté ; de l'autre témérité d'accouplements
d'instruments, et maigreurs d'orchestration que le ton de fa mineur
laisse entendre encore plus que le mariage des timbres de la cimbale
et de la harpe. Toutefois de hardiesse et témérité, le total est talent.
Aussi malgré ces critiques, n'oublions pas que M. Massenet est à
l'âge où l'on copie encore et qu'on sent qu'il s'est affranchi et qu'il
veut marcher librement. H a ce qu'on pourrait appeler du « tempé-
rament. » Avec cela on est discuté, mais on sait se faire une place
au grand jour et la critique doit crier : Courage !
Au même concert on a beaucoup applaudi, et comme il le
méritait, un solo de cor, la Séparation, de Lorenz, joué par M. Mohr;
on l'eût certes bissé, isi le thème de la romance n'eût été plu -
sieurs fois répété dans le morceau. C'est la perfection absolue; il
y a des instants où l'on est tenté de croire que l'exécutant a sup-
primé les « sons bouchés, » tant est grande l'homogénéité de son
jeu.
La splendide et immortelle symphonie en ut mineur terminait
le concert et elle a eu son succès accoutumé.
Armand GOUZIEN.
LE TRÉSOR DES PURISTES.
('/'/' et IT livraisons). (1).
Un meilleur titre que Trésor des Pianistes n'aurait pu être
trouvé pour la splendide collection des chefs-d'œuvre dont la pu-
blication a été commencée par feu notre excellent ami Aristide
Farrenc, et que sa veuve, si digne d'intérêt par son talent viril de
compositeur et par les résultats de son enseignement, continue
avec autant de goût et d'intelligence que d'abnégation. Les éloges
que j'ai donnés à cette courageuse entreprise dans les comptes
rendus du contenu des dix premières livraisons ont été de nouveau
justifiés par les onzième et douzième, où se trouvent réunies des
compositions d'une haute valeur, dont la plupart sont aujourd'hui
si rares, qu'il serait à peu près impossible d'en prendre connais-
sance si l'éditeur du Trésor des Pianistes ne les avaient remises
en lumière.
Le volume de la onzième livraison renferme : 1° cinq sonates et
(1) Paris, Mme veuve Farrenc, rue Taitbout, 10.
DE PARIS.
43
quatre rondos pour clavecin, 10° recueil d'Emmanuel B.icli;
2° onze sonates de clavecin, en deux suites, par Christophe Ni-
chelmann ; 3° seize pièces de Dominique Scarlatti (n° 78 à 94) ;
4° cinq caprices et six suites de Jacques Froberger, dont la vie fut
un roman, et le talent un digne précurseur de Jean-Sébastien Bach;
S" et enlin, la première partie du premier œuvre de musique de
clavecin de ce grand Bach, consistant en exercices divisés en six
suites.
Dans la douzième livraison se trouvent : 1° le troisième livre
des pièces de clavecin de François Couperin ; 2° une toccate de
Jean Kuhnau; 3° introduction et rondo par J.-N. Hummel, pour
piano, op. 19; 4o diverses pièces de clavecin, 2'= et 3« recueils de
Philippe Kirnberger; S" deux sonates de VoUrath Buttstedt; 6" six
préludes et fugues par Ernest Eberlin ; 7° la sonate, œuvre 101,
et la grande sonate, œuvre 106, de Beethoven. C'est le monde de
la musique traversé d'un pôle à l'autre.
Les lecteurs de la Revue et Gazelle musicale n'attendent pas de
moi, sans doute, une analyse suivie de tant d'œuvres de styles si
diiférents; je me bornerai à l'aperçu sommaire des choses les
moins connues aujourd'hui, lesquelles, n'eussent-elles pas le mé-
rite essentiel qui les distingue, seraient encore dignes d'intérêt,
ne fût-ce que par curiosité, à cause de la renommée historique
de leurs auteurs et de leur rareté excessive.
Je n'ai plus d'éloges nouveaux à donner à Gharles-Philippe-
Emmanuel Bach ; je ne pourrais que répéter ce que j'ai dit plu-
sieurs fois du sentiment exquis de ce grand musicien et de son
génie d'invention dans la forme. Je ne puis cependant résister au
désir de signaler à l'attention des artistes la cinquième sonate de
ce recueil (en fa mineur), oij. tout est beau, original, inspiré, et
que couronne si bien la fantaisie en ut mineur dont elle est suivie.
Nichelmann, qui fut attaché à la musique du roi de Prusse Fré-
déric II, n'a pas laissé un des grands noms qui traversent les
siècles. Ses inspirations ne vont pas très-haut, mais elles ont du
charme, une certaine naïveté gracieuse et de l'élégance dans la
forme. Il était d'ailleurs claveciniste, et sa musique, en dépit de
son apparente simplicité, n'est pas d'une exécution facile, à cause
de la rapidité des mouvements. La troisième sonate de son pre-
mier œuvre (en ut mineur) a un parfum d'Emmanuel Bach. Ni-
chelmann a fait un livre qui a pour titre : La Mélodie comidérée
en elle-même ainsi que dans ses propriétés (1). Il avait le droit de
parler sur ce sujet, car il était essentiellement mélodiste; ses Lie-
der, pleins de sentiment, sont répandus dans les recueils de son
temps. Son deuxième œuvre de sonates a paru sous ce titre naïf:
Brevi sonate da cembalo aU'uso di chi ama il cembalo, massime délie
Dame. Massime délie Dame aurait dû procurer un succès de vogue
à l'œuvre de Nichelmann ; mais il est à peu près certain qu'il n'en
vint jamais un exemplaire en France. Imprimée à Nuremberg, en
1749, et quelques années plus tard, la musique de cet artiste se-
rait à jamais ignorée si Mme Farrenc ne l'eût fait revivre dans sa
belle collection.
Il n'y a guère de pianiste de talent aujourd'hui qui ne consi-
dère Dominique Scarlatti comme un homme de génie, sauf ceux de
l'école échevelée d'il y a quelques années, qui déjà sont chauves,
et ne laisseront rien dont on se souvienne. Il paraît donc à peu
près inutile de parler de la fécondité d'inspiration du célèbre
claveciniste, de la variété de ses idées, de l'originalité qui a fait
de sa musique quelque chose à part; mais il n'est peut être pas
hors de propos de rappeler que cette musique si piquante d'effet
est l'œuvre d'un artiste mort il y a cent onze ans, dans un âge
avancé.
(1) Die Mélodie nach ihren Wesen sowohl als nach ihren Eiyenschaften,
Dantzlck, 1733.
Artiste de premier ordre, par l'habileté dans l'art d'écrire
comme par le talent d'exécution, Froberger est, sans aucun doute,
le claveciniste le moins connu chez les pianistes de notre époque;
cependant il fut, ainsi que son maître Frescobaldi, le créateur de
la grande école des instruments à clavier; car il n'était pas moins
remarquable dans ses improvisations sur l'orgue que dans ses
pièces pour le clavicorde et le clavecin. Bien différent des ar-
tistes de notre temps, Froberger mourut sans avoir rien publié de
ses ouvrages. Des admirateurs de son talent en firent imprimer
deux recueils à Mayence après son décès, en 1696 et 1714. Les
exemplaires en sont si rares, que j'ai fait chercher en vain ces
ouvrages en Allemagne, depuis un grand nombre d'année;. Pour
les insérer dans son Trésor des Pianistes, Mme Farrenc u dû en
faire prendre des copies collationnées d'après les exempkiires de
la Bibliothèque royale de Berlin.
C'est donc dans le Trésor des Pianistes que les pianistes jieuvent
aujourd'hui connaître les titres de Froberger à la grande renommée
qu'il obtint de son temps ; mais après avoir lu et exécuté cette
musique de grande école, personne ne sera tenté de lui contester
la légitimité de la réputation dont l'artiste jouit parmi ses con-
temporains. Prédécesseur de Jean-Sébastien Bach, il a, comme ce
grand homme, l'art d'introduire, dans ses caprices fugues, des
épisodes inattendus dont s'accroît l'intérêt jusqu'à la fin. des piè-
ces. L'harmonie, riche, pure, a des cadences d'inganno très-pi-
quantes et d'heureuses modulations. Comme éludes pour les pia-
nistes, cette musique a d'ailleurs de l'intérêt, car elle offre d'assez
grandes difficultés d'exécution. Dans ses suites, Froberger a des
pièces charmantes parmi ses allemandes, gigues, courantes et sa-
rabandes. La sixième sonate est particulièrement intéressante par
un air intitulé la Mayerin, avec cinq variations, une courante et
une sarabande sur le même thème.
Les suites de pièces de clavecin de Jean-Sébastien Bach, où le
génie du maître se montre à chaque page, sont moins connues en
France et en Belgique que ses quarante-huit préludes et fugues
du clavecin bien tempéré ; je ne puis donc que féliciter Mme Far-
renc de leur avoir donné une place dans son Trésor des Pianis-
tes, car il n'en existe pas, je crois, d'édition française. Comme
toute sa belle collection, la sienne est splendide d'exécution typo-
graphique et d'une correction irréprochable.
Tel est le contenu de la onzième livraison du Trésor, dont l'in-
térêt peut être apprécié par ce qui vient d'être dit. La douzième
livraison n'est pas moins digne d'attention par la variété de style
des maîtres dont les compositions y sont réunies.
Dans les comptes rendus des premières livraisons du Trésor des
Pianistes, j'ai dit ce qui distingue la manière de François Couperin,
dit le grand Couperin, pour le distinguer des autres membres de
sa famille, qui étaient néanmoins d'habiles artistes. Cette manière,
plus mélodique que celles de maîtres allemands du môme temps,
se prononce davantage dans le troisième livre que dans les deux
précédents. C'est ce troisième livre que Mme Farrenc a reproduit
dans la douzième livraison de sa collection. Suivant l'usage de son
temps en France, Couperin ne se bornait pas, comme les clavecinis-
tes de l'Allemagnt, à composer ses suites de préludes, allemandes,
courantes, sarabandes, gigues et autres mouvements de danse;
il leur donnait des titres de fantaisie que le caractère de la musi-
que n'explique guère, et dont quelques-uns ne sont pas exempts
de ridicule, comme la Pudeur sous le domino couleur de rose,
l'Ardeur sous le domino couleur d'incarnat, l' Espérance sous le do-
mino vert, la Persévérance sous le domino gris de lin, et d'autres
de ce genre. Il est évident que la musique n'a rien à faire avec
ces fadaises; mais, laissant à part le mauvais goût de ces inscrip-
tions qui appartenait ù la mode du temps de la régence, on com-
prend que, libre de ses allures dans cette voie de fantaisie, au
44
REVUE ET GAZETTE MUSICALE
lieu de s'astreindre aux mouvements déterminés de certaines
danses, le talent de Couperin devait se manifester avec plus d'ori-
ginalité et de variété. Telles sont en réalité les qualités qui dis-
tinguent éminemment ses œuvres et leur assurent une place très^
distinguée parmi les monuments de l'histoire de l'art. Couperin
n'a pas la force d'harmonie de la grande école allemande de son
temps; mais il a plus de grâce, de charme, d'oppositions heu-
reuses dans les divers caractères de ses morceaux. S'il procède
jusqu'à certain point de l'école française de Chambonnières, il a
bien plus d'abondance d'idées, plus d'élégance dans la forme que
ce vieux maître.
Dans mes comptes rendus des premières livraisons du Trésor,
j'ai rendu justice au mérite considérable des compositions de Jean
Kuhnau pour le clavecin. Aux pièces déjà publiées de cet artiste
dans cette collection, Mme Farrenc ajoute ici une toccate très-di-
gne d'intérêt par le caractère dramatique de toute la première
partie, ainsi que par l'élégance du mouvement fugué dont elle est
suivie.
L'introduction et rondo de Hummel, qui suit cette loccate, nous
introduit dans une autre province du monde musical: les allures
y sont très-dilférentes de celles que nous venons de signaler. Cette
composition est l'œuvre dix-neuvième de l'artiste ; je ne la con-
naissais pas avant de la voir ici, mais j'y reconnais pourtant le
style du maître : cela est mélodique, gracieux et brillant tour à
tour ; avec cela un parfum de bonne harmonie et de distinction
qui se sent d'un bout à l'autre.
Des menuets, des- polonaises, des danses de divers caractères, des
morceaux sans titres, des préludes et des thèmes variés composent
les deuxième et troisième recueils des pièces de Kirnberger, dont
j'ai signalé le talent. Tout cela compte déjà plus d'un siècle
d'existence, car les éditions d'où Mme Farrenc a tiré ces pièces
ont paru depuis 1761 jusqu'en 1766. Kirnberger était un savant
musicien connu par des traités d'harmonie et de contre-point qui
ont fait sa réputation ; cependant il méritait davantage par ses
compositions, qui sont à peine connues de ses compatriotes. C'est
en quelque sorte une réhabilitation que Mme Farrenc procure à
cet ancien maître, en reproduisant des œuvres d'un mérite réel
tombées dans l'oubli.
C'est aussi une sorte de résurrection que la nouvelle publication
dans le Trésor de deux sonates de Franz-Vollrath Buttstedt, pau-
vre organiste d'un comte de Weikersheim, dans la principauté de
Hohenlohe. Où diable le talent va-t-il se nicher? On peut le de-
mander à ce propos, car le talent et la distinction ne sont pas
contestables dans ces deux sonates. Sans vouloir trop insister en
faveur du thème des génies inconnus, on ne peut nier qu'il a
existé des hommes heureusement doués auxquels il n'a manqué
que d'être placés dans un milieu favorable pour développer leurs
facultés et lixer sur eux l'attention générale. Tel fut le pauvre
Buttstedt, comme on pourra en juger par l'exécution de ses so-
nates.
En 1847 parut à Augsbourg un recueil intitulé : IX Toccate et
fugue per l'Organo, par Jean-Ernest Eberlin. L'auteur, dit Gerber,
était porte-plat et maître de chapelle de l'archevêque de Salzbourg.
En vérité, voilà une singulière réunion de fonctions dans le même
homme. Les biographes allemands ne savent rien de la vie de ce
porte-plat, qui fut, sans aucun doute, un des grands musiciens de
l'Allemagne au xvni'= siècle, quoiqu'on n'en eût jamais entendu
parler en France. Ce fut démenti qui, dans un voyage en Bavière,
découvrit l'œuvre qui constate le grand talent d'Eberlin, et le fit
connaître en s'empressant de le publier dans sa collection de pièces
rares des grands maîtres pour l'orgue et le clavecin, qui parut à
Londres, en quatre volumes. Dès ce moment l'attention des ar-
istes se fixa sur la valeur considérable de ces toccates et de ces
fugues dont Mme Farrenc donne aujourd'hui une édition nouvelle
et qui figureront toujours parmi les plus belles choses de ce
genre.
Je n'ai point à parler ici des sonates de Beethoven, œuvres 101
et 106; j'en ai dit mon sentiment ailleurs; mais je ne puis que
louer Mme Farrenc de leur avoir donné place dans sa collection,
qui doit présenter l'art sous toutes ses formes.
FËTIS père.
Le numéro du 19 janvier du Journal des Débals contenait un
article très-remarquable d'Ernest Reyer sur Georges Ivastner et ses
œuvres. Il y a trop peu de temps que notre collaborateur a été
enlevé à l'art et à ses amis, pour que les abonnés de la Gazette
musicale ne lisent pas avec intérêt la reproduction d'uriC partie de
ce travail, dans lequel M. Reyer apprécie si consciencieusement
l'homme et l'écrivain :
Georges Kastner vient de mourir. Peu de nmsiciens ont eu une exis-
tence aussi laborieuse, aussi bien remplie que celle du docteur Jean-
Georges Ka'^tner. Je l'ai beaucoup connu : il était bon, aflfable et toujours
disposé à l'obligeance. La fortune dont il jouissait et la position qu'il
s'était acquise par ses travaux sur l'art musical lui avaient créé de
nombreuses relations; son caraclère honorable et ses qualités privées lui
avaient fait beaucoup d'amis. C était un honnête homme et un homme
heureux; une seule chose a du manquer à son bonheur : très-apprécié
comme écrivain, comme savant, Georges Kastner était à peine connu
comme compositeur. Et pourtant le talent qu'il devait à de sérieuses
études, et dont il a fait preuve dans ses diverses compositions, lui don-
nait les mêmes droits qu'à tant d'autres de prétendre à la renommée et
au succès. 11 a écrit pour le ihéâtre et pour le concert. Ses opéras, pas
plus que ses symphonies, ne passeront à la postérité; mais ses livres res-
teront. La plupart sont extrêmement volumineux; il faut les avoir lus
(et l'on ne regrette pas le temps qu'on a employé à les lire) pour se
faire une idée de l'érudition, de la science et des patientes recherches
que l'auteur y a dépensées. Doué d'une activité peu commune, Kastner
n'a jamais refusé de faire partie d'aucune commission, d'aucune associa-
tion, d'aucun jury, et partout oii son concours était sollicité, il s'empres-
sait d'apporter son expérience et sa bonne humeur, son affabilité et la
sûreté de son jugement. Il était né à .Strasbourg, et c'est là qu'il passait
ses vacances pendant la belle saison , mais le temps des vacances n'était
pas pour cet infatigable travailleur un temps de repos absolu ; il possédait
en double une fort belle bibliothèque et retrouvait à Strasbourg les
livres qu'il avait laissés à Paris. « En allant d'une de ces villes dans
l'autre, nous dit M. Fétis dans une notice fort intéressante sur la vie et
les ouvrages de Georges Kastner, il ne faisait que changer de cabinet. »
Je n'ai point ici l'e-pace nécessaire pour publier la liste de toutes les
ceuvres auxquelles Kastner a attaché son nom ; on la trouvera très-com-
plète et très-détaillée dans la Biographie des Musiciens, de M. Fétis; j'ai
voulu seulement, avant de dire quelques mots du dernier ouvrage qu'il
nous a laissé, donner un souvenir, un regret au savant écrivain, au
musicien érudil dont la mort inattendue a été une douloureuse surprise
pour ses amis, une perte vivement sentie dans le monde des arts.
La Parémiologie musicale de la langue française forme un volume in-4'>
qui, avec la Saint-Mien des Ménétriers, contient plus de 800 pages. On
doit comprendre que je serais extrêmement embarrassé s'il me fallait
faire un choix parmi la quantité innombrable de définitions et d'étymo-
logies, de locutions et de proverbes, de ren.'^eignements et de faiis histo-
riques, d'anecdotes et de citations curieuses renfermées dans ce volume ;
car ce n'est pas aux seules expressions proverbiales de la France que
s'est arrêté l'auteur de la Farémiologie musicale ; il a poussé ses investi-
gations beaucoup plus loin, et sa parfaite connaissance des langues an-
ciennes et modernes lui a permis de rechercher en Allemagne et en
Italie, en Espagne, en Russie, en Angleterre et dans l'ancienne Grèce,
les locutions populaires qui font allusion à la musique et dont il a eu
soin de conserver le texte en regard de la traduction. Georges Kastner
nous dit lui-même le très-grand nombre de documents auxquels il a dû
avoir recours pour composer son livre, et il nomme, en les remerciant,
tous ceux qui, • par leur empressement à lui fournir des renseignements
utiles ou à lui procurer les ouvrages dont il avait besoin, lui ont épargné
plusieurs fois des retards et des fatigues qu'il n'aurait pu éviter sans ce
secours. »
Je recommande tout particulièrement au lecteur la partie du volume
consacrée aux musiciens et aux artistes dramatiques.
« A chaque groupe de virtuoses se rattache un ensemble d'adages tour
à tour élogieux et s-atiriques. Les proverbes cependant, on le verra, sont
généralement peu charitables pour les musiciens. Ils raillent le parasi-
DE PARIS.
të
tisme et la cupidilé des troubadours et dos nicneslrels, l'insolence et la
vanité du chanteur, l'insouciance et la prodigalité du ménétrier, la lenteur
et la paresse du vielleux, du musard et du cornerausard, l'ignorance et
la rusticité du tambour, l'indiscrétion et la lulLlerie bouffonne du troni-
pette, le cvnisme et l'ivrognerie du chantre, et surtout l'intempérance du
joueur de flûte, si bien nonnné llûleur, type du prodigue et du débauche.
A en croire l'ironie proverbiale de nos aïeux, les sept pèches capitaux
ont leurs représentants parmi les joyeux adeptes du ijay Saber. »
La plupart de ces proverbes ont une date qui doit rassurer les musi-
ciens d'aujourd'hui.
Le livre de Georges Kastner, d'après le conseil qu'il donns lui-même
dans sa préface, « doit être lu comme il a été écrit, h loisir et non d'un
trait. Il doit être parcouru, feuillo'é, ouvert pour ainsi dire au hasard, et
peut-être offrira-t-il aux uns quelque intérêt scientifique, aux autres
quelque distraction instructive » Ce conseil est bon à suivre, d'autant
plus que l'ouvrage, ainsi que je l'ai dit plus haut, a une étendue consi-
dérable.
Dans la symphonie-cantate qui a pour titre la Saint-Julien des Méné-
triers, l'auteur, avec l'aide d'une plume « élégante et toute française »,
celle de M. Edouard Thierry, a cherché à grouper quelques inspirations
tirées de son sujet, ainsi qu'il l'avait déjà fait pour des œuvres anté-
rieures : les Voix de Paris, la Harpe d'Eole, les Sirènes et la Danse des
Morts. La Saint-Julien des Ménélriers, sans avoir peut-être les qualités
originales qui distinguent le Rêve d'Oswald ou les Sirènes et la Danse
Macabre, mérite cependant de fixer l'attention des musiciens par l'intérêt
du travail harmonique et les procédés ingénieux de l'instrumentation.
{Deba s.) Ernest Rêver.
Les journau.x de théâtre se sont faits cette semaine les propaga-
teurs d'un canard ridicule au sujet de la Jeunesse de Goethe, drame
de M. Blaze de Bury, pour lequel Meyerbeer avait composé, quelque
temps avant sa mort, un intermède musical. Dans l'intérêt de la
vérité, et pour réduire une fois de plus à leur juste valeur les
excentricités qu'on s'est plu à attribuer à l'illustre compositeur,
nous croyons devoir préciser la situation en la dépouillant des
enjolivements fantaisistes dont on se plaît à l'entourer.
Meyerbeer, avant le dernier voyage qu'il lit à Paris pour la re-
présentation de l'Africaine, avait en effet composé, à la sollicitation
de M. Blaze de Bury qu'il affectionnait, un intermède musical pour la
Jeunesse de Goethe, et, bien probablement, il s'en fût occupé après
la représentation de son dernier ouvrage. Malheureusement la mort
vint mettre obstacle à sa bonne volonté. Or, son testament ayant
interdit formellement à ses héritiers de ne rien laisser exécuter de la
musique qu'il laissait autre que l'Africaine, il devenait impossible
à Mme Meyerbeer et aux exécuteurs testamentaires choisis par feu
son mari, de délivrer à M. Blaze de Bury la partition dont il récla-
mait la remise, et qui faisait partie des manuscrits renfermés, selon
les volontés du testateur, dans une caisse déposée et léguée éven-
tuellement à la Bibliothèque royale de Berlin. Maintenant M Blaze
de Bury affirme qu'un eiiaggement, résultant de sa correspondance
avec Meyerbeer, annule, en ce qui le concerne, l'interdiction lormulée
par le testament du défunt, et il se propose d'intenter aux exécu-
teurs de ce testament une action en délivrance de la musique qui
lui avait été promise. M. Blaze de Bury est dans son droit, et un
jugement du tribunal de Berlin peut seul en effet résoudre la
question. Mais il est assez difficile de comprendre que le nouvel-
Ifste, qui le premier rapportait un tait autsi simple, ait cru devoir
se mettre en frais d'imagination pour substituer à la Bibliothèque
royale, dépositaire des manuscrits de Meyerbeer, « quatre braves
corroyeurs » d'un faubourg de Berlin, qui seraient sans doute bien
surpris de se voir figurer en cette affaire !
CONCERTS ET AUDITIONS MSICÀLES DE LÀ SEMAINE.
if*if, L'Ave Maria et un duo religieux de I* composition de M. Auber,
doivent être chantés, aujourd'hui, à la messe de la chapelle des Tuile-
ries, par Mme Conneau et Mlle Bloch. — Dimanche dernier, c'était
Mlle Marie Battu qui y chantait délicieusement le beau Beneiictus de
M. Auber.
:j*j Au sixième concert du Conservatoire, le 2 février, la symphonie
avec chœurs, dont l'interprétation, cette fois encore, a surpassé en per-
fection l'exécution du dimanche précédent, a produit le plus ^rand effet.
Les magnifiques fragments à'idoménée de Mozart, si dramatiques, si sai-
sissants qu'on les attribuerait volontiers à l'auteur A'Alcette, n'étaient les
trésors de sentiment et de grâce qu'on y découvre et qui restèrent
presque toujours un livre fermé pour Gluck ; les fragments A'idoménée
ont soulevé un véritable enthousiasme, qu'une irréprochable exécution
augmentait encore. M. Warot a très-bien dit le solo. Le reste du concert
se composait, comme le dimanche précédent, de l'andante de la -iQ»
symphonie de Haydn et de l'ouverture d'Oberon.
f*^ Dimanche dernier, à la seconde réunion artistique donnée par
Mme la marquise de SafFray à ses amis, on a particulièrement remar-
qué et applaudi de charmantes compositions du maestro Mattiozzi,
Danse d'amour et Polka chantée, dits par Mnies Pcudefer et Boudié. Mais
le principal attrait de cette matinée était la lecture d'un poème composé
par Mme de Saffray en l'honneur du célèbre Joseph Karam, chef des
troupes chrétiennes du mont Liban et qu'elle a récité sur un accompa-
gnement de piano. On a fort apprécié et chaleureusement applaudi les
pensées élevées qui ont inspiré l'auteur et la belle forme poétique qu'elle
a su leur donner. Ce morceau ne tardera pas a paraître.
**« Dimanche dernier a eu lieu chez W. Kriiger la première réunion
de ses élèves, et on a pu apprécier, par la façon dont elles ont joué les
morceaux mis au programme, la supériorité d'enseignement de l'excel-
lent professeur. Mlle Em;na Fumagaîii, âgée seulement de treize ans, a
particulièrement surpris l'auditoire par son jeu aussi brillant qu'expres-
sif. Georges Pfeiffer a terminé la séance en jouant admirablement trois
de ses plus jolies compositions. — C'est lundi 16 mars qu'aura lieu à la
salle Herz le concert annuel de W. Kriiger.
**.4f Les matinées de musique de chambre de iVl. H. Bonewitz sont
toujours fort suivies et très-intéressantes. Nous avons eu le plaisir d'ap-
plaudir à celle de dimanche dernier Mlle Constance Skiwa, qui, d'un jeu
brillant et délicat, a détaillé avec une imperturbable assurance une sonate
ento majeur de Beethoven et plusieurs morceaux de Chopin, de Haendel
et de Schumann. Le talent de Mlle Skiwa est empreint d'une remar-
quable individualité. Le concerto pour deux pianos de M. Bonewitz est
une des œuvres les plus fouillées et les plus attrayantes de ce composi-
teur, qui se plaît aux savantes recherches de la forme Mlle Gastoldi
excelle à interpréter les lieder de Schubert : il serait difficile d'unir
plus de sentiment et d'expression personnelle à un plus grani respect de
la pensée de ce maîire, dont 1rs mélo lies font rêver au bonheur quand
elles ne portent pas au désespoir.
t'^st Dimanche dernier, chez M. Edouard Fournier, le critique théâtral
de la Patrie, Delahaye, a exécuté en maître la grande fantaisie de Pru-
dent sur le Domino noir, et un ravissant nocturne de Chopin. — Ces deux
morceaux et leur brillant interprète ont été l'objet d'un succès très- vif et
d'autant plus flatteur que l'auditoire était des plus compétents.
»*j, La matinée donnée dimanche dernier par Mme Pierson-Bodin a
mis de nouveau en lumière les remarquables progrès accomplis par ses
élèves, et la supériorité de .'on enseignement.
^** Nous parlerons prochainement dts remarquables soirées musicales
que donne tous les quinze jours notre excellent collaborateur Paul Ber-
nard, et dans lesquelles ses élèves se montrent de véritables artistes.
^'^* Un brillant festival sera donné dimanche prochain 16 février, à
une heure et demie, dans le cirque de l'Impératrice, aux Champs-Ely-
sées, par l'Association des Sociétés chorales de Paris et du département
de la Seine. Cinq cents exécutants prendront part à cette solennité, en
exécutant des œuvres d'Adolphe Adam, François Bazin , Laurent de
Rillé, Rameau, Weber, etc. Les premiers artistes de la capitale, ainsi
que l'excellente musique de la Garde de Paris, prêteront également leur
concours à cette fête magnifique.
»'** Mme J. Martin-Robinet, l'habile pianiste qui se fait applaudir
tous les ans à Vichy pendant la saison des eaux, et qui, l'hiver à Paris,
tient un cours des plus intéressants, doit donner un fort beau concert le
17 de ce mois, à huit heures et demie du soir, dans les salons de Pleyel-
Wolff, avec le concours de MM. Auguate Durand, Penavaire, Robinet,
Dragone et Cordiez. On finira par une opérette.
^*^ Rubinstein parcourt en ce moment l'Allemagne, et il obtient de
grands succès dans les nombreux concerts qu'il y donne. Il se rendra de
là en Hollande oîi des engagements fort brillants l'appellent, et il sera à
Paris au mois de mars pour se faire entendre dans plusieurs grands
concerts qui s'organisent en ce moment pour lui.
^*^ En attendant le grand concert qu'il doit donner au mois de mars
prochain, le pianiste composieur D Magnus va faire entendre samedi
15, dans les salons Pleyel-Woltf, plusieurs de ses dernières compositions,
au nombre desquelles la Tsigane-Marche destinée sans aucun doute au
succès qui a accueilli la Taraboukha.
jf\ Mlle Marie Mongin, l'excellente pianiste, sortie avec éclat, il y a
quelques années, de notre Conservatoire, est engagée pour jouer au pro-
chain concert du Conservatoire de Bruxelles. Elle y exécutera, sous
4é
itEvi;)-. i;t c.vzette musicale
riiabile (lirfclion de II. Fétis, le concerto en ut mineur de Muzart (n" 7)
et une fantaisie, avec orclicstre, de Mme Fiirrenc.
»** Lo pnblic parisien va être trèK-prochainomenl appelé à juger un
talent, merveillenx, dit-on, sur la fliite, M. Ramirez Valdès, d'Orizava,
en Amérique. 11 arrive du moins précédé des succès extraordinaires qu'il
y a obtenus, et qu'il veut voir consacrer à Paris. Pour cela, il donnera,
avec M. Louis Lapret, pianiste distingué, un concert samedi prochain,
k 8 heures et demie, dans les salons d'Erard, et il sera certainement fort
intéressant de l'entendre. Mlle Roulle, MM. Teysson, Poëncet et Bloch lui
prêteront leur concoui's.
. <^*^ De même qu'à Orléans, Sivori vient d'obtenir , au coecert donné
parla Société des benix aris de Nantes, un succès colossal. On ne se
lassait pas d'applaudir et de le rappeler.
415*;, i\IM. Maurin, Colblain, Mas et E. Demunck vont reprendre avec le
concours de M. C. Saint-Saëns leurs soirées de musique de chambre
spécialement consacrées à l'audition des derjiiers quatuors de Beethoven.
Ces soirées seront au nombre de quatre et auront lieu dans les salons
Pleyel Woltî, les 19 de ce mois, il mars 1™ et 13 avril.
,j*^ Berlioz sera dans quelques jours de retour à Paris. Le dernier
concert de la série qu'il devait diriger à Saint-Pétersbourg, a éié exclu-
sivement consacré à ses œuvres; on y a exécuté, au milieu d'un enthou-
siasme sans précédent, des fragments de Roméo et Juliette, de la Damna-
tion de Famt, et toute lasymphonie de Harold. Les Troyens ont été traduits
en russe et l'on n'attend pour les repr.'senter qu'une réunion suffisante
du personnel chantant.
.^jA^... Voici le programme du quinzième concert populaire de musique
clctssique qui sera donné aujourd'hui dimanche, à 2 heures, au Cirque
Napoléon, sous la direction de J. Pasdeloup : 1" Symphonie en ut mi-
neur, n» 41, de Haydn (allegro, — andante cantabile, — menuet final;
— 2° marche religieuse de iMhengrin (première audition), de R. Wagner ;
— 3° canzonetta du quatuor (op. -là), de Mendeissohn (par tous les ins-
truments à cordes; — 4° le Comte d'Efjmont, tragédie de Gœthe, de
Beethoven ; — 3° Jubel-Ouverture, de Weber.
NOUVELLES DES THEATRES LYRIQUES.
,^*,i; Le théâtre impérial de l'Opéra a donné lundi Guillaume Tell, —
mercredi l'Africaine, et vendredi la Muette de Porlici. — Les répétitions
di'Hamlet avancent assez pour que l'on puisse être certain de le voir re-
présenté immédiatement après les jours gras.
^^ Mme Marie Sass passera le congé qui lui est accordé au mois
d'avril, en Belgique, son pays natal. Elle vient de traiter avec les théâtres
de Liège, d'Anvers et de Gand pour y chanter les trois grands rôles de
son répertoire: Valentine, Selika et la Juive.
,j*,j Robinsun Crusoé continue d'attirer la foule au théâtre de l'Opéra-
Comique, et les deux représentations du nouvel opéra d'Offenbach don-
nées mercredi et vendredi, ont été très-brillantes. Le public applaudit
chaudement la plupart des morceaux et fait toujours bisser la ronde du
Dimanche, la délicieuse romance chantée par Mlle Cico, les couplets de
Ponchard, ceux de Mlle Girard, Cest un brun, et la chanson si originale
du Pot au Feu. Le plaisir que le public trouve à entendre ces morceaux
est le témoignage le plus significatif d'un succès bien établi.
ij,*^ C'est jeudi ou samedi de la semaine prochaine, au plus tard, que
sera représenté le Premier Jour de bonheur, le nouvel opéra d'Auber.
^*j^ Le Templario a été joué pour la troisième fois jeudi et l'on a pu
voir que le public appréciait de plus en plus les beautés incontestables
que renferme cet ouvrage. Le délicieux chœur de femmes : « Del cielo
britanno, » le beau finale du premier acte, le grand duo entre le Templier
et Rebecca, la marche funèbre et la prière de la juive, sont des morceaux
capitaux et qu'on applaudit spontanément. A l'occasion de cette appa-
rition sur une scène de Paris de l'ouvrage de Nicolaï, il ne sera pas
sans intérêt de lire la lettre qu'il écrivait à son ami, M. de Filippi , le
lendemain de la première représentation de son œuvre à Turin, lettre que
nous trouvons dans VEpoque et que voici :
5 Ami très-cher,
1) Je suis encore abasourdi et doutant de la vérité même de ce qui
m'arrive. — Sache donc que j'ai fait fureur, — fanatisme! Le Templier a
été au comble du succès avant-hier, après trente-quatre représentations
de Guillaume Tell, qui avaient été interrompues par six du Comte Obcrto de
Verdi. Je ne peux pas dire autre chose que le succès de mon opéra est
tel que l'imprésario et tout le monde disent qu'on n'a jamais vu chose
semblable au Théâtre-Royal. Je ne sais, cela ne me paraît pas vrai; Mais
à la fin des fins je suis fou de tout ce que j'entends. Dis-le, dis-le à tous,
et avant tout dans ta maison où l'on prend intérêt, je le sais, à mes
affaires. Outre le nombre infini de fois que j'ai été obligé de me lever de
mon siège pour remercier le public, jai été acclamé trois fois après le
premier acte, deux fois après le second, et sept fois après le troisième
acte sur le théâtre.
» Par Dieu! Pepino! qu'en dis-tu?
« Chaque morceau a été applaudi, oulre le chant choral dans le
style du xvi" siècle qu'on n'a pas tout tle suite compris, étant une musique
qu'on n'a jnmais encore o.sé mettre snr le théâtre Italien ; mais hier soir
on l'a di'jà applaudi aussi. On n'a jamais remarqué sur aucun point le
plus petit signe de désapprobation d'un parti opposé.
» A la fin des fins, fanatisme unanime, grandisMme. Je le dois aussi,
en partie aux chanteurs excellent.s. Saivi est un ange ; Badiali est un lion:
la iMarini est la plus belle Rebecca que, dans ce monde, on puisse voir.
L'orchi'stre joue bien et m'aime. Enfin, je n'en puis plus : j'embrasse
dans mon cœur tout ton monde et toi le premier.
» Adieu... adieu, ton Nicolaï.
» Turin, 13 février 18i0. •
,t*„ La représentation de Don Pasquale, la dernière de la saison, avait
attiré, mercredi, une affluence aussi nombreuse que brillante au théâtre
Italien. Hier .soir, pour la dernière fois, on a joué VElisirc d'Amore.
Inutile d'ajouter que chacune de ces représentations a été un triomphe
pour Adelina Patli. Avant que la jeune diva dépose le lourd fardeau du
répertoire de cette saison, mémorable entre toules, nous l'entendrons dans
deux nouvelles créations : la Semiramide et Giovunna d'Arco, sans
préjudice de Zcrlina de Don Giovanni qui sera joué très-prochainement.
**> C'est demain que sera jouée la Traviata pour la représentation ex-
traordinaire donnée au bénéfice de Scalese. Ainsi que nous l'avons dit,
la scène des fous, de Columella, jouée par le bénéficiaire, complétera ce
spectacle .
,*,!, Jeudi, le Havre possédait Adelina Patti et elle y a donné une re-
pi'ésentation d'il Barhiere. L'empressement pour aller l'entendre n'a pas
été moindre qu'à Rouen et, malgré l'élévation du prix des places, le
bureau de location, dès le premier avis, a été littéralement pris d'assaut.
La r.jcelte a dépassé 10,000 francs. L'espace nous manque pour dire
l'enthousiasme soulevé par la jeune diva, et qui s'est encore accru lors-
qu'on l'a entendue chanter l'Éclat de rire, de Manon Lescaut, la Calesera
et la Gioija insolita. Nous y reviendrons.
js*,^ Le départ de Mlle Nil.sson n'a point suspendu les représentations de
iMartha au théâtre Lyrique; on y donne fréquemment l'opéra si popu-
laire de Flotow, qui remplit toujours la salle et dans lequel se font
légitimement applaudir Bosquin et Troy, Mlle Daram et Mlle Wil-
leme.
,^*^, L'Amour et son Carquois obtient un très-grand succès au théâtre
de l'Athénée. La réunion des talents de Mmes Irma Marié, Lovato, de
Léonce et de Désiré est une immense attraction, et la délicieuse mu-
sique de M. Lecocq esl de plus en plus appréciée. — La bouffonnerie de
Busnach, C'est pour ce soir, est un éclat de rire continuel, et la chanson
de Mlle Moya est bissée à chaque représentation.
,^% Au premier jour, la Grande-Duchesse fera sa réapparition sur la
scène des Variétés. La distribution sera la même qu'à la création (moins
toutefois le pauvre et regretté Couder), et ce ne sera pas li le moindre
attrait de cette œuvre populaire qui a déjà fatigué de si nombreux inter-
prètes sans jamais lasser le public.
^,% Une très-intéressanie représentation, avec le concours d'artistes de
l'Opéra, de rOpéra-Comique,de la Comédie-Française, etc., est annoncée
pour ce soir aux Variétés, au bénéfice de la veuve de feu l'acteur Couder.
i^*t Le théâtre Lafayette joue en ce moment avec un grand succès la
charmante opérette d'Ad. Adam, les Pantins de Violette.
,^*:f Le théâtre de Versailles va donner incessamment une représenta-
tion au bénéfice d'un de ses pensionnaires, M. Villefroy, composée des
Dragons de Villan, d'Aimé Maillart. C'est Mme Galli- Marié qui jouera
le rôle de Rose Friquet.
^*,„ Rouen est une des rares villes de France où VAfricaine n'ait pas
encore été représentée Nous apprenons que M. Derville, directeur du
théâtre de cette ville, se prépare à donner le dernier chef-d'œuvre de
Meyerbeer, avec un soin d'interprétation et un luxe de mise en scène
dignes de l'œuvre et du public foncièrement artistede l'ancienne capitale
de la Normandie. — L'Africaine sera suivie de Cardi'llac, dont l'auteur, M.
Dautresme,- est Rouennais.
i*,j, Robinson Crusoé est en pleines répétitions pour être joué cette sai-
son au théâtre de la Monnaie de Bruxelles, à Anvers, à Genève, à Lyon,
à Bordeaux, à Nan -y, à Toulouse et à Vienne.
„*,j Les Etats héréditaires de la Grande-Duchesse ont changé de nom
en Amérique. On veut là-bas que le glorieux père de la souveraine lui
ait transmis, avec son sabre, le grand-duché de Cancanstein.
,i,*, 11 y avait encore plus de monde que samedi au huitième bal mas-
qué de l'Opéra, qui a eu lieu hier. Le mardi-gras avance à grands pas,
et l'on se presse de jouir de l'entrain qui règne dans ces bals, et d'enten-
dre les derniers accents de l'orchestre de Strauss.
NOUVELLES DIVERSES.
^,*,j Les candidats pour la place d académicien libre qu'occupait
DL PARIS
47
M. Kastner ont été présoaté.s à l'Acadéinie par la commission mixte,
dans l'ordre suivant': au premier rang, M. le comte Walewski; au
deuxième rang, M. Ciiarles Blanc; au iruisièmo rang, M. Vintt.
^** Au mois d'août dernier, un concours a été ouvert pur le préfet de
la Seine pour la composition de chœurs sans accompagnement, destinés
plus particulièreraerit aux réunions de l'Orphéon des écoles communales
et des classes d'adultes de la ville de Paris. Un jury, pris dans le sein
de la commission de surveillance de renseignement du chant, a été chargé
d'apprécier le mérite de 142 chœurs présentés au concours. Trois mé-
dailles de 300 francs ont été accordées à MM. Ei'mondde Polignacet Léo
Delibes. Quatre médailles de 200 francs à MM. Jules Massenet, Edouard
Mangin et Hemery. Deux médailles de bronze à MM. Jos Betjens et Fré-
déric Lentz.
^*^ On n'a pas oublié les succès remportés l'été dernier, à Paris, par
la Société musicale des étudiants de Copenhague, d'Upsal et de Lund; on
se souvient aussi de l'intérêt sympathique, mélangé même d'une certaine
émotion, qui accueillit leur apparition et leurs chants sur la scène de
l'Opéra. Déjà, la veille de cette soirée mémorable, le jury du Concours
international, en leur décernant la médaille d'honneur accordée par
S. M. l'Impératrice, leur avait témoigné, par la voix de M. Ambroise
Thomas, son président, l'expression de son « admiration » pour les
œuvres qu'ils veuaient de chanter autant que pour leur interprétation.
Ces chœurs Scandinaves, empreints d'une douce gaieté, d'une mélancolie
pénétrante ou d'une sauvage énergie, le Cortège de Noce, le Printemps,
la Plainte du Roi de la mer, le Chint du liossiijnol, etc., seront exécutés,
avec paroles françaises, par les classes de chant de la ville de Paris
(rive gauche). Il y a lieu de féliciter le directeur de cette subdivision,
M . Pasdeloup, d'iniiier ses élèves et le public à ces mélodies étrange-
ment belles, remarquables par l'étonnante franchise de leur accent,
et qui ne ressemblent à rien de ce que chantent les sociétés chorales
françaises. Interprétés par nos artisans-chanteurs, ces chœurs à quatre
parties étonneront et impressionneront, sans aucun doute, autant
que lorsqu'on les a entendus par les fils des anciens ScaJdes. On peut
donc supposer, sans exagération aucune, qu'après avoir renouvelé
la veine à demi-tarie du vieux monde et inspiré la muse populaire
germanique, la poé.-ie lyrique Scandinave pouri'ait bien encore rajeunir
notre répertoire orphéonique, y introduire un élément délaissé jusqu'à
présent, et devenir en même temps, pour les compositeurs de chœurs
d'hommes, comme le souffle et l'âme d'inspirations nouvelles.
st*sf Nous recommandons aux amateurs, avec certitude de leur être
agréable, une nouvelle pubhcation de M. Edouard Pascal qui contient
12 romances à une, deux et quatre voix compo.-ées sur des poésies de
Victor Hugo, Th. Gautier, A. de Musset et F. Mistral. Outre le charme de
la méloùie qui les distingue, elles sont très-bien disposées pour les voix,
aussi le succès qui a accueilli cette œuvre à son apparition grandit-il tous
les jours.
**i M. Jacoby, premier violon à l'orchestre de l'Opéra, épouse Mlle
Marie Pilatte, qui fait partie du corps de ballet de ce théâtre.
ÉTRANGER
^% Anvers. — Mme Marie Sass a clôturé la série de ses représenta-
tions par les Huguenots; bien secondée par les artistes du théâtre, son
succès a été tiès-grand. — La première représentation de la Grande-
Duchesse a eu lieu la semaine dernière, et, comme partout, le résultat a
répondu à l'attente : ce fait est d'autant plus .significatif que, jusqu'à
présent, le public anvcrsois avait montré peu d'enthousiasme pour les
œuvres du maestro. Mme Juliette Borghès-, qui, la veille encore, per-
sonnifiait admirablement la noble et sévè;-e figure de la Fidès du Pro-
phète, a su, — contraste étrange! — triompher, avec une singulière sou-
plesse de talent, des difficultés de son nouveau rôle, et lui donner l'allure
juvénile et crâne qu'il comporte. M. Odczenne a parfaitemen" mis en
relief la valeur militaire du général Boum; M. Duplan ist un amusant
Fritz et M. Cyriali un parfait prince Paul. — Le succès de l'œuvre po-
pulaire d'Offenbach a décidé la direction à monter Robinson Crusoé.
^*.ji Berlin. — Mlle Artût vient de terminer par une splendide repré-
sentation des Diamants de la Couronne la première moitié de son enga-
gement de cette année. Varsovie va l'applaudir un mois, après lequel
elle nous reviendra pour ne nous quitter que le i" aviil; Moscou, puis
Hombourg, la réclament ensuite. — La Grande-Duchesse fait de fruc-
tueuses soirées au théâtre de Friedrich-Wilhelrastadt; le dimanche, iio-
tammcnt, il est bien difficile de trouver des places. On en est à la 25" i-e-
présentation. — Au théâtre de Kroll, que l'activité du directeur Engel
maintient dans une situation prospère, on a donné une nouvelle opé-
rette : Un voyage d'artiste, de Winter et Sommer (comme qui dirait
Hiver et Eté; li^ez : Winterfeld et Richard Wiierst) ; ce charmant ouvrage
a complètement réussi.
^'ji, Leipzig. — La solennité de l'inauguration du nouveau théâti-e
d'Opéra a eu lieu le 28 janvier dernier, en présence du roi, de la cour
et de beaucoup de hauts personnages. La représentation se composait de
la Jubel-Ouverture, de Weber, d'un prologue de circonstance, la Patrie des
Arts, de l'ouverture d'iphigènie en Aulide, de Gluck, et de la tragédie de
Gœlhe Iphigénie en Tauride, — Ce beau monument, l'un des modèles du
genre, est construit dans les meilleures conditions d'acoustique et de com-
modité. Il peut contenir 1,800 spectateurs. — Au quatorzième concert du
Gbwandhaus, le 23 janvier, le célèbre chanteur Stockliausen a concentré
sur lui toute l'attention du public; il a été acclamé avec un véritable
enthousiasme après chacun de ses morceaux : deux airs tVEuryanlhe et
de Jean di Paris, et des mélodies de Schubert. Un pianiste pru.ssien,
M. Henri Barth, a quelque jeu souHért de ce voisinage; il n'est cepen-
dant pas sans mérite, surtout sous le rapport de l'habileté technique. H
a joué un concerto de Henselt et divers morceaux de Chopin.
,ifi*^ Munich. — Armide, de Gluck, qu'on n'avait pas entendue depuis
trente- cinq ans, vient d'être repri.se avec beaucoup de soin et d'éclat,
sous l'habile direction de Franz Lachner.
,,.'',1. Vienne. — Par suite d'une récente mesure, l'administration de
l'Opéra dispose en ce moment d'un double personnel de chœurs, qui ne
tardera pas cependant à être réduit par le renvoi de 36 anciens choristes;
ceux qui sont nouvellement engagés .sont assidûment exercés, leurs ap-
pointements ont été fixés à un taux raisonnable; on espère arriver ainsi
à former un ensemble irréprochable, un Chorpersonal modèle. — La So-
ciété des Amis de la musique a constitué un Comité chargé de présenter
un plan pour la réorganisation complète du Conservatoire.
^*^ Madrid. — Don Giovanni vient d'être représenté au Théâtre-
Royal d'une manière splendide par Mme Penco, Tamberlick ,
Bonnehée, Selva, autant de noms justement célèbres. Ajoutons-y celui
de Mme Dalti-Guadagnini, qui pourra l'être bientôt; cette jeune cantatrice,
qui progresse chaque jour dans la faveur du public, a rempli le rôle de
Zerline de façon à rendre jalouse une Patti elle-même.
^*^ Barcelone. — On espère pouvoir représenter le Pardon de Ploërmel,
au Liceo, vers le lo février. Mlle Vitali, le ténor Stagno et la basse Petit
en rempliront les principaux rôles. Ensuite viendra II Bravo, de Merca-
danto, avec Steger, Petit et Mme Rey-Balla — Le Teatro Principal ou-
vrira ses portes le 12 avril, avec une troupe d'élite oii figurent les noms
d'Emmy Lagrua, des sœurs Marchisio, des ténors Tamberlick et Corsi,
des barytons Everardi et Rota, de la basse Rossi-Galli et du caricàto
Alessandro Bottero.
«*, Milan. — La Socielà del Quartelto a courageusement repris ses
séances, et cette fois elle n'a point eu à s'en repentir ; le public est
accouru avec empressement, surtout à la seconde séance. Beethoven,
Weber, Haydn, Boccherini et Rubinstein figuraient au programme. Baz-
zini était au premier pupitre.
^*,fi Rome. — Do7i Carlos a couru un grave danger, grâce au zèle de la
censure; mais le Saint-Père, après avoir pris connaissance du libretto,
en a libéralement autorisé la représentation, — sans inquisiteurs toute-
fois; on substituera au redoutable tribunal quelques inofifensifs soli-
taires .
^*^ Copenhague. — La troupe italienne dirigée par Lorini a fait cette
année son premier début avec la Favorita, sans beaucoup de succès.
Des noms inconnus, représentant des talents médiocres ou nuls, ne sont
point faits pour attirer la foule. — Vn Ballo in maschera a dû être donné
ensuite.
^% Stockholm. — Le Conservatoire, sous l'impulsion donnée par le
prince royal Oscar, a subi, il y a un an déjà, une transformation com-
plète, dont les résultats se font sentir aujourd'hui de la manière la plus
heureuse. Une fête commémorative de cette renaissance vient d'être
donnée; outre un programme musical intéressant et défrayé par nos
meilleurs artistes, on a applaudi un remarquable discours du prince
Oscar, président de l'Académie royale de musique, traitant très-pertinem-
ment, et au point de vue scientifique, du son musical. Voilà un futur
souverain qui promet à l'art un protecteur zélé et éclairé !
^*^ Saint-Pélersbourg. — Pauline Lucca maintient ici au même degré
l'enthousiasme qu'elle a provoqué depuis son arrivée, haas Don Giovanni, elle
a été encore plusfêtée qu'auparavant, s'il est possible. Mme Trebelli et Mario
ont eu un beau succès dans la Favorite. Mario supplée avec son grand
art de comédien aux défaillances de sa voix; il a notamment été su-
perbe dans les récitatifs. On l'a beaucoup applaudi dans Un Bail- in
Maschera, avec Mme Yolpini — qui a partagé avec lui les honneurs de la
soirée — Graziani (Renato). et une débutante, Mlle Giovannoni (Amelia). —
Mlle Grantzoff vient de faire sa rentrée ; elle a été accueillie avec enthou-
siasme.
jf.*^ Moscou. — La Rose des Carpathes, de Siegfried Saloman, a été re-
présentée le 7 janvier, pour la première fois, au bénéfice de Mme Alexan-
droff, avec un complet succès. La bénéficiaire et Mme Honoré ont été
couvertes d'applaudissements. Le sujet de cet opéra est un épisode de
l'histoire moldo-valaque, vers la fin du xvii° siècle.
s. DUFoen.
/l 17 T C ^" concours aura lieu le mardi II février, à -4 heures pré-
il V 1 (3 . cises, à l'église Saint-Eustache, pour une place de basse.
— On est prié de se présenter à la sacristie pour se faire inscrire.
48
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J. Leybach. Op. 107. La Cenerentola, fantaisie brillante.
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— Baby, polka très-facile
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U Février 1868.
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et aux Cureûux der. Jffessugeries et des Postes.
REVUE
PRIX DE L'ABONNEMENT:
Paris 24 r. pur Qi
DuparleniLutB, Belgique et Suisse.,.. 30 » id.
Étranger 34 » i<i.
Le Journal parait le Dimanche.
GAZETTE MUSICALE
DE PARIS
SOMMAIRE. Les droits des auteurs (deuxième partie, 6° article], parVhomaB
Sauvage. — Grand concert avec orcliestre donné par Charles Lamoureux à
la salle Herz, par Charles Bannelier. — Bibliographie musicale : la Mu-
sique expliquée aux gens du monde, de A. Meliot, par Maurice Bourges.
— Revue des théâtres, par D. A. O, Saint-Yves. — Concerts et audi-
tions musicales de la semaine. — Nouvelles des théâtres lyriques. — Nouvelles
diverses. — Concerts et auditions musicales annoncés. — Annonces.
LES DROITS DES AUTEURS.
(Deuxième partie.)
SOCIÉTÉS DES AUTEURS, COMPOSITEURS ET ÉDITEURS DE MUSIQUE.
(6= arlicle) (d).
Il y avait alors à l'Opéra-Comique une actrice, fort jeune en-
core, dont cependant la réputation était, pouvait-on dire, déjà
vieille; enfant, elle avait débuté à la foire Saint-Laurent, avec
d'autres artistes de son âge, dans un opéra-comique de Panard
intitulé : la Nièce vengée. Dans le prologue, La Rancune, comé-
dien de campagne, venait annoncer que la chaiTette qui portait
ses camarades avait versé ; que tous, plus ou moins écloppés, se
trouvant hors d'état de paraître, il offrait en remplacement ses
enfants , pour lesquels il réclamait l'indulgence en ces termes:
S'ils n'ont pas l'honneur de vous plaire,
Epargnez-les; c'est moi, Messieurs,
Qui dois porter votre colère . . .
J'ai fait la pièce et les acteurs.
Dans la comédie, la jeune enfant qui jouait un rôle de tante,
disait au dénoûment, en s'adressant au parterre :
« Messieurs, si quelqu'un de vous veut épouser une petite veuve,
je suis à lui, et je vous assure qu'il trouvera mieux qu'il ne
croit. » Puis elle chantait :
(1) Voir les n»= 33, 40, il, 43 et 49 de l'année 1867.
J'ai, sous des cheveux gris,
L'humeur assez jolie ;
Sans trop de flatterie,
Je vaux encor mon prix.
Vive, fringante et preste.
On me trouve encor des appas ;
Et zeste, zeste, zeste,
Bien des jeunes filles n'ont pas
Un si beau reste.
Je me suis permis ces citations un peu gaillardes, pour montrer
à quelle école avait été élevée la petite tante, car le nom lui en
resta pendant longtemps, et pour expliquer l'aventure que je vais
raconter.
La petite tante était devenue grande fille. Favart, juste appré-
ciateur du talent, l'avait distinguée et lui fit des rôles dans ses
pièces. C'est de l'École des amours grivois (1) que date la réputa-
tion de cette jeune merveille : c'est là qu'elle créa le rôle de ma
MIE Babichon, paysanne naïve, personnage épisodique qui n'arrivait
qu'à la fin de la pièce avec le niais Nicodème pour chanter des
couplets sans rimes et danser un menuet grotesque. Il paraît que
l'effet de cette scène fut extraordinaire, incroyable, grâce au jeu
des acteurs, tel enfin, que Favart, pour contenter le public, se vit
obligé de reproduire dans une seconde pièce (2), puis dans une
troisième (3), ces deux personnages accueillis avec tant d'enthou-
siasme.
Alors le nom de petite tante disparut sous celui du nouveau
rôle et l'actrice fut pour tout Paris ma mie Kabichon.
On pense bien qu'un tel triomphe n'avait pas peu développé les
dispositions audacieuses, effrontées même, de la jeune élève de la
foire. Il arriva ce que nous voyons chaque jour se renouveler dans
nos théâtres : — les prétentions, les exigences de l'actrice en vogue
augmentèrent en raison de ses succès. De là : indisposition dès
(1) A -propos composé à l'occasion des victoires de Louis XV dans
les Flandres.
(2) Les Fêtes publiques.
(3) Le Dil de, Strasbourg.
50
lŒVUE ET GAZETTE MUSICALE
qu'on avait quelque partie avec un beau mousquetaire gris ou noir;
demandes de coiie'és pour se refaire dans la petite maison de
quelque galant fermier général, puis l'inexactitude aux répétitions,
les refus de rôles, la suffisance avec les auteurs, l'impertinence
avec les camarades... Enfin ma mie Babichon devint une créature
insupportable, — comme la plupart (je dis la plupart et non
tovs I) de nos artistes à réputation, qui sont ou se croient indis-
pensables.
Un jour, on répétait le Trompeur trompé, de Vadé. — Clairval,
qui venait de sauter de la boutique d'un perruquier-barbier sur
les planches de l'Opéra-Comique (1), et qui commençait à la foire
l'immsnse réputation que lui acquirent plus tard tant de brillants
succès à la Comédie italienne et auprès des belles dames, — Clair-
val jouait le trompeur. Ifa mie Babichon devait représenter la com-
tesse qui mystifie le trompeur. Plusieurs airs nouveaux avaient
été composés pour cet ouvrage par M. Exaudet, chef d'orchestre
du théâtre, — M. Exaudet, l'auteur du charmant menuet venu
jusqu'à nous! — On était arrivé à des couplets fort jolis :
Clairval chante le premier, M. Exaudet est satisfait ; ma mie Ba-
bichon commence le sien, mais avec mollesse, sans mesure et sans
expression. — M. Exaudet se récrie, l'air est syllabique et rhylhmé,
il faut marquer le mouvement. — Ma mie Babichon affirme que
l'air ne peut et ne doit être dit que comme elle le chante; au reste,
elle ne le dira pas autrement !
On comprend la situation de M. Exaudet, blessé dans son cœur
paternel et dans ses oreilles musiciennes ! — Vadé, Clairval veu-
lent s'interposer; ma mie Babichon les envoie... infiniment loin! et
persiste dans son obstination. Tous ses camarades, — qui demain
feront peut-être comme elle, — la blâment et essaient de la ra-
mener à la raison : peine perdue ! Babichon ne cédera pas : « l'or-
chestre doit la suivre, l'orchestre doit être à ses ordres ! »
A de telles prétentions, M. Exaudet se lève furieux, les musiciens
s'insurgent et prennent son parti; tout le monde crie... on ne
s'entend plus... le désordre est au comble... quand paraît Favart,
le directeur. Il veut d'abord arranger amiablement l' affaire ; mais
M. Exaudet, trop exaspéré, déclare qu'il se retire si l'on ne fait
justice de l'insolence de ma mie Babichon. Favart est donc obligé
de reprendre le rôle à la coupable ; il le donne à Mlle Rosaline.
La pièce est jouée, elle obtient le plus Êirand succès. Les airs de
M. Exaudet sont fort applaudis, et Mlle Rosaline, jusque-là ina-
perçue, est tout à coup distinguée par le public.
Remarquez, je vous prie, que semblable scène se représente à
peu près chaque semaine sur chacun de nos théâtres, et plaignez,
en passant, les auteurs et les directeurs !
Ma mie Babichon, comme bien vous pensez, n'oublie pas la cou-
rageuse résistance de M. Exaudet; et ne pas oublier une offense,
pour une femme, c'est en désirer la vengeance ! et la désirer, c'est
la méditer, c'est s'en occuper à chaque instant, c'est la préparer
à chaque minute!
Cependant, en habile comédienfte, Babichon dissimula: trois jours
après l'événement, le passé semblait pour elle à cent ans de date;
on la voyait gracieuse et avenante avec tout le monde, même avec
M. Exaudet!
(1) Transition que Clairval n'oublia jamais; mais il craignait tellement
de la rappeler que, pour ne pas jouer le rôle de figaro, il fît refuser
le Sarbier de Séville de Beaumarchais, présenté par l'auteur à la Comédie
italienne. D'autres la lui rappelaient trop bien :
Clairval, d'un beau Pierrot étalant tout l'éclat,
A repris la couleur de son premier état.
disait Parissot dans son Epître à mon digne ami Nicolet.
Et Guichard écrivait au bas du portrait de l'artiste :
Cet acteur minaudier, san» talent et sans voix,
Ecorche les auteurs qu'il rasait autrefois!
Pauvre Exaudet! il ne se doutait pas du malheur qui menaçait
sa tétel
A quelque temps de là, autre pièce nouvelle, autre répétition ;
mais celle-ci devait être plus solennelle. M. Berger, directeur de
l'Opéra, depuis peu titulaire du privilège de l'Opéra-Comique, avait
fait annoncer qu'il y assisterait; tout le personnel était donc venu
dans la toilette la plus soignée : femmes en paniers, avec des mou-
ches et du rouge; hommes en habits droits et pinces, amples per-
ruques frisées et poudrées, rien ne manquait pour que l'aspect
cérémonieux de ses humbles sujets flattât l'amour-propre de l'au-
tocrate des fions- fions, — du Perrin de ce temps-là.
. Tout le monde est en place : à l'orchestre, les musiciens devant
le pupitre ; au milieu d'eux, M. Exaudet, ainsi qu'un maréchal de
France, le bâton de commandement à la main (4); sm' le théâtre,
les acteurs exercent leur gosier en filant des sons, ou réveillent
leur mémoire en repassant leur rôle; les danseurs rappellent par
des plies et des ronds de jambes la souplesse et l'élasticité dans
leurs muscles et leurs articulations. L'auteur, sa famille et quel-
ques-uns de ses amis sont à la galerie; dans l'ombre, au parterre,
se cachent trois ou quatre auteurs jaloux et envieux, qui viennent
épier les endroits faibles de l'ouvrage pour les signaler d'avance
dans les cafés!
Çà et là circulent dans la salle ou sur la scène les membres de
la troupe qui ne sont pas employés dans l'ouvrage nouveau. Les
uns causent avec les acteurs, qui, plus heureux, ont des rôles, et
cherchent à leur faire entendre que ces rôles sont mauvais, sans
quoi ils ne les auraient pas. Les autres font des courbettes devant
l'auteur, pour qu'il ne les oublie pas dans une prochaine distribu-
tion. Ma mie Babichon, qui, comme je vous l'ai dit, semble vouloir
faire oublier ses anciens torts, cause à l'orchestre avec les musiciens
s'informe de leur santé, présente à chacun, et souvent en planant
par-dessus les têtes, son élégante bonbonnière et ses pastilles à la
duchesse. M. Exaudet et sa brigade sont touchés, attendris par
tant de politesse !
Mais un carrosse s'arrête à la porte de la Loge (2) : un gagiste
annonce M. le directeur de l'Opéra ! A ce nom tout se met en
mouvement : chacun regagne sa place et ma mie Babichon, après
avoir serré la main de M. Exaudet, va s'installer aux troisièmes
loges.
Anteaume (auteur depuis du Tableau parlant, alors répétiteur...
on dirait aujourd'hui régisseur) donne le signal pour qu'on se
tienne prêt, et Taconnet, qui n'a bu que trois bouteihes pour con-
server la liberté de sa langue et la netteté de sa prononciation, se
précipite dans le trou du souffleur.
Monsieur Berger paraît ! — Aspect demi-financier, demi-petit
maître, air important et protecteur, dédaigneux et ennuyé; il salue
à peine, passe la main sous le menton de la gentille Luzy, donne
un petit soufflet à Gogo-Beauminard et sourit à Mlle Chantilly
(Mme Favart); — il se place nonchalamment sur un fauteuil, à
l'avant-scène ; Favart s'assied près de lui, modestement sur une
chaise.
On va commencer : le chef d'orchestre a frappé légèrement sur
son pupitre, les archets sont suspendus au-dessus des cordes, les
lèvres sont avancées sur les instruments à vent et les joues gonflées
vont leur envoyer le souffle, l'âine et l'expression.
Thomas SAUVAGE.
(La suite prochainement.)
(1) Les chefs de nos orchestres de théâtre sont aujourd'hui privés de
cet insigne, qu'Alexandre Piccini, chef d'orchestre de la Porte-Saint-
Martin, a porté le dernier.
(2) C'est ainsi que l'on appelait à la foire la salle de l'Opéra-Comique.
DE PARIS.
Î51
GRAND CONCERT AVEC ORCHESTRE
Donné par U. Charles liamonreux à la salle Ilerz,
Le 8 février 186S.
La plupart des habitués des séances populaires de musique
de chambre ne connaissent Lamoureux que comme un virtuose
éminent, interprétant en grand artiste la musique classique; ils
ont pu se convaincre, samedi dernier, que c'est encore un habile,
un consciencieux chef d'orchestre. Je dis la plupart , parce que
Lamoureux n'en est pas à son coup d'essai, et que plusieurs se
souviendront encore du concert qu'il dirigea avec tant de succès
l'année dernière. Je n'étais pas de ceux-là, je ne puis donc ap-
prendre aux lecteurs de la Gazette musicale s'il a fait des progrès;
mais je leur affirme aujourd'hui que c'est un maître qui possède
la sûreté de coup d'œil , la finesse de perception musicale, le tact
et l'expérience; on sent qu'il a soigneusement étudié tout ce qu'il
fait exécuter, qu'il ne livre rien au hasard, que tous les fils de
cette intrigue compliquée qu'on appelle une partition sont dans sa
içain, que ses quatre-vingts artistes le comprennent et savent à
qui ils ont affaire . . . Cela s'appelle, pour parler comme Berlioz,
jouer de l'orchestre. Ce soir-lîi, le superbe stradivarius de Charles
Lamoureux se reposait.
La Symphonie pastorale, — le morceau de résistance, le « great
feature » — du concert, a été rendue avec un admirable ensemble,
et je dirai presque avec un luxe de nuances auquel nos meilleurs
orchestres ne nous ont point accoutumés. Contrairement à l'usage,
M. Lamoureux ne fait pas ralentir le mouvement au début du
premier morceau avant d'arriver au point d'orgue de la quatrième
mesure; c'est affaire de goût, et en l'absence de toute indication sur
la partition, il n'y a pas d'autre raison que le sentiment personnel
pour suivre ou abandonner la tradition. Reste à savoir si, du
temps de Beethoven, il était convenu qu'un rallentando précédait
toujours les points d'orgue; M. Lamoureux n'en paraît pas con-
vaincu. — Il a parfaitement senti que la plus grande précision
métronomique est de rigueur dans Vandante, sous peine de faire
d'un magnifique poëme un gâchis insupportable; aussi, tout a mar-
ché à souhait, et un tonnerre d'applaudissements a prouvé à l'intelli.
gent artiste qu'on l'avait compris. — Une idée qui a bien sa valeur,
et qu'il a mise en pratique le premier, consiste à prendre le scherzo tant
soit peu moins vite qu'on ne le fait d'habitude, pour pouvoir en-
suite animer le mouvement lorsque approche le trait en arpèges
ascendants des altos et des violons que suivra bientôt la mélodie
agreste et boiteuse du hautbois, et plus tard l'orage. Ce contraste
est d'un effet très-heureux. — Le finale tout entier a été glorieu-
sement enlevé; on ne fait mieux nulle part.
La Symphonie pastorale nous a entraînés un peu loin; il nous
faut cependant réserver quelques lignes pour payer un juste tribut
d'éloges à la splendide exécution de l'ouverture d'Oberon, — de la
Marche et du Chœur des fiançailles de Lohengrin, dont les chœurs
ont été chantés avec justesse, ensemble et entrain, et qui ont été
bissés; — de la canzonetta du quatuor en mi bémol de Mendelssohn,
aujourd'hui populaire; pour constater enfin le grand et légitime
succès obtenu par Mlle Mauduit et M. Bel val dans un air de Fer-
nand Cariez et dans le puissant finale du deuxième acte de la Ves-
tale.
L'orchestre était composé d'artistes de la Société du Conserva-
toire et des concerts populaires; la besogne de M. Lamoureux
était donc déjà bien avancée avant même de la commencer, ce
qui n'a pas empêché de nombreuses et laborieuses répétitions.
Un regret en terminant : c'est que les frais et les difficultés de
semblables entreprises ne permettent pas de les renouveler plus
souvent, et que M. Lamoureux ne dispose pas d'un orchestre cons-
titué en société.
Chaules BANNELIER.
BIRLI06RAPHIE MUSICALE.
liJk MUSIQUE EXPIilQUÉE AUX «BRISi DU »0\DE,
Pau A. MELIOT (i).
Le voilà déjà bien loin le temps où la science et l'art consti-
tuaient le lot exclusif et comme le domaine privé d'un petit nombre
de doctes initiés. L'esprit de curiosité s'est fait populaire. Chacun'
veut savoir, savoir un peu de tout, mais surtout savoir vite et
sans peine. Aussi les gros ouvrages font-ils peur,! Comment penser
à s'y arrêter, quand la vie a des allures de locomotive courant à
toute vapeur, quand le loisir est une vraie rareté? Que le spécia-
liste studieux compulse, médite, approfondisse de volumineux re-
cueils, à la bonne heure. Mais la foule! Il lui faut un aliment
plus léger, plus émietté et de digestion bien autrement rapide.
La librairie moderne s'est hâtée de le lui offrir dans ces petits livres,
de format commode et portatif, qui ont aujourd'hui mission de vul-
gariser, en quelques pages sommaires et d'une lecture facile, la
science, l'histoire, l'industrie, les beaux-arts.
La musique, dont le goût et la culture vont se propageant de
plus en plus en France, ne pouvait manquer de trouver tout aussi-
tôt sa place dans cette collection d'abrégés instructifs. Parmi ceux
qui ont sa théorie pour objet, on peut se souvenir que le public
a remarqué naguère les Principes de musique de M. A. Méliot.
Accueillera-t-il avec une faveur égale le nouveau petit ouvrage du
même auteur, la Musique expliquée aux gens du monde ? La chose
n'a rien que de fort probable, si l'on tient compte de l'intérêt qui
s'attache au sujet, et des qualités honorables qui distinguent l'exé-
cution et la forme de ce travail. Quant au fond, il n'y avait, on le
comprend, rien à innover. Les éléments constitutifs d'un art ne
sont ni à refaire, ni à modifier. Le seul mérite consiste à les ren-
dre aisément intelligibles par la méthode, la simplicité et surtout
la clarté de l'exposition. Les matériaux sont partout. Partout aussi
est-il avantageux de savoir les choisir et les prendre, un peu à la
façon de l'abeille, qui ne compose le meilleur miel que pour avoir
butiné les meilleurs calices.
L'auteur ne se défend en aucune sorte d'user amplement de ce
droit. Bien au contraire, il confesse avec loyauté tout ce qu'il doit
aux théoriciens les plus en renom qu'il a mis à contribution sans
scrupule. Sa plus grosse dette est évidemment contractée envers
M. Fétis, dont la Musique mise à la portée de tout le monde,
fort bon livre, tout de première main, et déjà âgé de plus de
trente ans, a sans aucun doute servi de prototype et de guide à
M. Méliot. Cependant le nouvel Abrégé en diffère fréquemment
sous le rapport du plan et des divisions générales.
La matière, développée dans les quatre sections du volume de
M. Fétis, est ici condensée en trois livres seulement, parfois même
dans un ordre peut-être plus logique.
Le premier livre n'a que huit chapitres, oiî se trouvent résumées
les notions relatives au son, à la notation, aux intervalles, gam-
mes, tons et modes, aux mesures, au mouvement, à la mélodie et
à l'harmonie, en un mot aux éléments du Système musical propre-
ment dit. Dans le deuxième livre, borné à trois chapitres, il est
donné un aperçu très-succinct de la Composition scientifique, à
(1) Un volume in-18. Paris, G. Delagrave, 1867.
52
REVUE ET GAZETTE MUSICALE
laquelle se rattachent le contre-point et ses nombreuses variétés,
l'imitation et le canon, enfin la fugue. Les sept chapitres du troi-
sième livre passent rapidement en revue les diverses ressources de
l'Exécution dans leurs principales combinaisons vocales et instru-
mentales au concert, au salon, à l'église, au théâtre.
A l'instar du livre de M. Fétis, un- Vocabulaire-Index des termes
techniques les plus usités complète cette brochure, qui trouve moyen,
en moins de cent soixante-dix pages, de mêler au texte quatre cent
cinquante exemples de musique d'une bonne gravure. Impossible
de donner davantage sous un si mince volume. Nécessairement les
détails sont écartés. L'auteur se borne à tracer d'une main vive
et assurée les contours d'une esquisse franche, arrêtée, suffisante.
Il vise à la précision en même temps qu'à la lucidité. En général
ni l'une ni l'autre ne lui font faute.
Reconnaissons cependant que le chapitre relatif à la transposi-
tion, un peu chargé et confus, ne convient guère à la clientèle de
lecteurs un peu superficiels pour lesquels M. Méliot a écrit. Certes
les observations qu'il y prodigue ne sont pas sans utilité pour
aider l'exécutant à substituer tel accident à tel autre dans l'opé-
ration souvent embarrassante de la transposition à première vue ;
mais tout cela est trop spécial, trop compliqué pour figurer dans
un modeste abrégé, dans une véritable réduction, qui n'est pas
d'ailleurs destinée aux artistes. L'auteur fera sagement de refondre
ce chapitre dans les prochaines éditions auxquelles son petit livre
nous semble justement appelé à parvenir. Qu'il y accorde aussi
une mention à un instrument fort populaire, au cornet à jÂslons,
employé si souvent aujourd'hui dans les orchestres de tous les de-
grés. Qu'il se décide encore à remplacer, aux pages 101 et 102,
les deux exemples anonymes de contre-point simple à trois et à
quatre parties, par des spécimens écrits d'un style moins libre et
plus châtié, qui puissent donner une idée exacte de ce que l'école
nomme le style sévère.
Grâce aux retouches indiquées, M. Méliot aura fait disparaître
les seuls légers délauts qui jettent un peu d'ombre sur les nom-
breuses et incontestables qualités de la Musique expliquée aux gens
du monde. Mais pourquoi aux gens du monde seulement ? Serait-ce
par hasard que la rédaction affecte un tour de style raffiné,
aristocratique? Nullement. Courante, aisée, limpide, n'est elle pas
accessible aux intelligences déjà quelque peu dégrossies, aux
hommes de labeur, qui pour la plupart ne sont plus dépourvus
de lecture? L'auteur a eu beau limiter son public. Le livre portera
plus loin que ne le veut le titre. N'en déplaise à M. Méliot, il sera
lu, et beaucoup, autre part que dans les salons et les boudoirs.
Maurice BOURGES.
REVUE DES THÉÂTRES.
Palais-Royal : Le Papa du prix d'honneur, comédie-vaudeville en
quatre actes, par MM. Eugène Labiche et Théodore Barrière.
— Ambigu : Le Crime de Faverne, drame en cinq actes et huit
tableaux, par MM. Théodore Barrière et Léon Beauvallet. —
Gaité : Reprise de Jean la Poste. — Théatre-Déjazet ; Corna-
val vit encore, mascarade en huit tableaux^ de MM. A. de Jallais
et A. Flan.
La collaboration de 3IM. Théodore Barrière et Eugène Labiche
promettait des merveilles au Palais-Royal ; on s'attendait à un heu-
reux mélange des qualités qui ont fait le succès des Faux Bons
hommes et du Chapeau de paille d'Italie. Mais le Papa du prix
d'honneur a trompé en partie ces espérances. Il y a pourtant dans
cette pièce un point de départ excellent, l'orgueil naïf, la joie
aveugle des parents du jeune lauréat qui a obtenu au grand con-
cours le prix d'honneur pour sa dissertation latine, tandis que.
par un contraste piquant, ce dernier ne voit dans son triomphe
que l'affranchissement d'un joug insupportable et la conquête
d'une liberté illimitée. Les deux premiers actes, soutenus par cette
donnée, se présentent favorablement ; on rit volontiers des préten-
tions opposées du père et du fils , on se demande qui l'emportera,
de ce brave M. Gobaille qui, ne pouvant rien faire de son glorieux
rejeton, se décide à le marier brusquement, ou de l'ex-prix d'hon-
neur Achille qui veut mener la vie de garçoi) sans qu'on l'ennuie
ou qu'on le dérange. Surpris par son père et par celui de sa fu-
ture dans un tête-à-tête suspect avec une femme mariée, il n'a que
le temps de la faire cacher dans un cabinet, dont la porte se re-
forme sur un pan de sa robe. Le père Gobaille aperçoit ce pan
révélateur, en coupe un morceau et le met dans sa poche.
Jusque-là tout va bien, mais nous ne sommes qu'à la moitié de
la pièce, et, encore une fois, la déplorable nécessité d'occuper tout
un spectacle va entraîner les auteurs au delà des limites qu'ils
auraient dû raisonnablement s'imposer.
Nous sommes à Guéret, où M. Gobaille s'acharne à l'idée de
marier son fils et de lui donner une place qui appartient en ce
moment au mari d'Hermance, la maîtresse d'Achille. Cette dame
s'oppose naturellement au double projet de M. Gobaille; mais ce-
lui-ci reconnaît la robe dont il a dérobé un morceau, et, cette
preuve à la main, il force Hermance à se désister de ses droits sur
Achille, et il en obtient la démissio.i de son mari. Rien ne fait
plus obstacle à l'établissement du prix d'honneur, qui enterre défi-
nitivement ses lauriers dans le fond d'une province obscure.
Cette seconde partie, longue. et traînante, n'est un peu égayée
que par l'intervention de deux personnages originaux, le mari
d'Hermance, ganache de la plus belle espèce, et un certain Bufquin,
que l'on suppose en fort bons termes auprès d'un ministre à qui il
recommande tout le monde, moyennant récompense honnête, et
qui, en réalité, n'a été que son valet de chambre.
Si le Papa du prix d'honneur exerce quelque influence sur les
recettes du Palais-Royal, il faudra bien certainement, en attribuer
l'honneur à ses inimitables interprètes Geoffroy, Lhéritier, Bras-
seur, Hyacinthe, Priston et à une débutante, Mlle Rosa Didier, qui
vient en droite ligne du Théâtre-Français.
— Nous retrouvons M. Théodore Barrière à l'Ambigu, où il a
fait représenter, avec M. Léon Beauvallet, un drame ayant pour
titre le Crime de Faverne. Quoique cette pièce ait été fort bien
accueillie par le public, nous devons constater qu'il y règne un
fâcheux embarras qui est dû au manque d'unité et à la bifurca-
tion de l'intrigue. Il s'agit d'adultère, mais non d'un seul ; il y en
a trois qui se croisent et s'enchevêtrent de manière à laisser flot-
ter l'intérêt au gré du hasard. L'un de ces adultères est même
épisodique, et c'est néanmoins celui qui produit le plus d'effet,
paz-ce qu'il met en relief tout ce qui reste aujourd'hui de l'ancien
génie créateur de Frederick Lemaître. Nous y reviendrons; occu-
pons-nous d'abord de l'incident principal et tâchons de le dégager
de ces accessoires parasites.
Le comte de Faverne, retiré dans 'une terre des environs de
Blois, a conservé des relations avec une jeune fille qu'il a connue
quelques années auparavant et qui est devenue la femme de
M. Mauclerc, substitut du procureur du roi, car l'action se passe
au temps de la Restauration. Ce substitut est dans une situation
de fortune très-précaire, et le comte de Faverne, inquiet de l'ave-
nir de Jeanne, annonce l'intention de lui léguer tous ses biens.
Mais il a un frère, un assez vil particulier, qu'on nomme le cheva-
lier Balthazar, et qui a la conscience chargée d'un bon nombre de
turpitudes. Pour empêcher Jeanne d'hériter à son détriment, il lui
verse un poison subtil qui, par malheur, va tout droit à l'adresse
de son frère, le comte de Faverne. Ce crime est attribué à Jeanne,
et c'est son mari, le substitut, qui est chargé d'instruire contre
DE PARIS.
53
elle. Il n'obtient pas l'aveu fie l'empoisonnement, mais il acquiert
la preuve de son propre déshonneur. En ce moment, le chevalier
Balthazar vient disculper Jeanne de la première accusation qui pèse
sur elle; le misérable entretenait, de son côté, un commerce cri-
minel avec une jeune Icnime dont le mari s'est vengé en lui tirant
un coup de fusil. Avant de mourir, il proclame l'innocence de
Jeanne , et quant à la seconde faute, qui atteint plus directement
le mari , elle reste dans l'ombre où l'on prévoit que le temps la
fera oublier.
Sur une ligne parallèle à l'adultère de Favernc, se développe
l'adultère posthume de la femme du notaire Séraphin, et c'est là
l'élément capital du succès de la pièce. Ce notaire est veuf, et se
complaît dans l'adoration rétrospective de sa Thérèse. Tout à coup,
une indiscrétion de ses clercs en goguette lui apprend que cette
Thérèse, qu'il aimait tant, l'a trompé avec l'un d'entre eux. La
raison du pauvre homme ne peut résister à une aussi terrible ré-
vélation, et il ne recouvre par instants quelques lueurs de bon sens
que pour prêcher à tous l'oubli et le pardon. Notre grand comé-
dien Frederick Lemaître prête à ce rôle du notaire Séraphin un
attrait magique qui, à lui seul, expliquerait l'empressement du
public à aller applaudir le Crime de Faverne.
Les autres rôles sont tenus avec ensemble par Brindeau, Clé-
ment-Just, Castellano, Mlles Rousseil et Debreuil. La partie comi-
que est confiée à Schey et à Allart, qui s'en acquittent à la satis-
faction générale.
— A la Gaîté, on a repris Jean la Poste, qui va reconquérir son
ancienne vogue, grâce au jeu sympathique de Dumaine et au su-
perbe décor de cette tour qui s'enfonce peu à peu jusqu'au niveau
du vaste Océan éclairé par les reflets argentés de la lune. Ce drame
a été donné en été, et il sera nouveau pour beaucoup de gens.
Les pièces de cai'naval s'en vont à peu près comme les Revues
de fin d'année. Quelques théâtres persistent à réagir contre cette
tendance des mœurs nouvelles. Ont-ils raison? Il y aurait lieu de
le supposer en voyant le triomphe remporté par la pièce du
théâtre Déjazet, Carnaval vil encore. Il est vrai qu'indépendam-
ment de la donnée qui a pour but de nous prouver que le goût
des saturnales n'est pas aussi loin de nous qu'on veut bien le dire,
il y a dans cette mascarade à grand spectacle plusieurs tableaux
pleins de mouvement et de gaieté. Nous citerons ceux qui repré-
sentent le carnaval sur les toits , le carnaval à la caserne et le
bal de l'Opéra, dont l'effet est splendide. La mise on scène est
très-soignée ; les airs d'Eugène Déjazet sont charmants, et les
principaux rôles sont joyeusement remplis par Daubray, Legrenay,
Mme Eudoxie Laurent et Mlle Daudoird.
D. A. D. SAINT-YVES.
CONCERTS ET AUDITIONS IDSICÀIES DE LÀ SEMAINE.
;,;** Le principal inlérêt du Concert populaire de dimanche dernier
était l'excciition, pour la première fois, de la marche religieuse du Lo-
hengrin de Wagner. L'orchestre de Pasdeloiip a mis tous ses soins à la
faire bien comprendre à son auditoire. Aussi ce morceau, l'un de ceux
du compositeur, le plus capable d'impressionner les masses, a été fort
bien exécuté et fort applaudi par la très-grande partie du pubhc qui l'a
redemandé. — Le reste du concert offrait son intérêt habituel.
goùlée. — M. Wekerlin annonce une dernière séance, par invitation, pour
le 22 février courant.
*** Nous dev ons une mention p.-irllculière au concert donné mercredi
dernier, à la .salle Pleyel, par M. Te.ys.son, chanteur de mérite et qui s'y
est fait légitimement applaudir. Nous aurions d'autant moins lieu de passer ce
concert .sous silence qu'un piani.'-to américain, M. Biissmeycr, s'y est révélé
à l'audiloire avec un éclat dont personne ne pouvait se faire une idée.
M. Bussmeyer a exécuté, avec une perfection et un talent qui justifiaient
d'ailleurs cette surprise, un morceau de GotLschalk et une transcrip-
tion de Mendelssolin, connue il est rare de les voir interpréter. L'émi-
nent virtuo.se— car il mérite largement cette qualification — possède son
instrument en maître, il en obtient une puissance de .sonorité étonnante;
il joini en outre, à la distinction du style, une vélocilé qui rend son
jeu magistral des plus brillants et une grande observation des nuan-
ces. En un mot, M. Bussmeyer nous paraît destiné à faire sensation à
Paris.
,j*5S La Société des concerts donnera aujourd'hui dimanche, à 2 heures
précises, son septième concert, sous la direction de Georges Hainl. En
voici le programme : 1" symphonie militaire (48"), de Haydn ; — 2" chœur
des Pèlerins du Tannhauser, do Wagner; — 3° air de danse iVfphigénie
en Aulide, de Gluck: — i" motet (double chœur sans accompagnement),
de S. Bach; — 5° symphonie en fa (8=) de Beethoven.
"^Ï^J Aujourd'hui dimanche, à 2 heures, au cirque Napoléon , seizième
concert populaire de musique classique, sous la direction de J. Pa.sdeloup.
On y entendra : 1° ouverture de Don Juan de Mozart; — 2o symphonie en
mi bémol de Robert Schumanu (allegro, scherzo, andante, finale) ; —
3° Bourrée (1720) deJ.-Séb. Bach; i' concerto pour violon de Mendel.s-
sohn, exécuté par Mme Norman - Neruda, professeur au Conservatoire
de Stockholm; — S° septuor de Beethoven (introduction, allegro, adagio
cantabile, menuet, andante con variazoni, scherzo, finale), exécuté par
M. Grisez (clarinette), Espeignel (basson), Mohr (cor), et tous les ins-
truments à cordes.
*** Pendant la cérémonie du mariage de M. Lafleur, fils aîné, un
Salutavis et un Ave Maria d'A. Elwart ont été chantés par le ténor
Marty et le baryton MInart. — Un Laudate remarquable de Laboureau,
le maître de chapelle de Saint-Laurent, a brillamment terminé cette
cérémonie.
^*^ Alfred Jaell et sa femme, née ïrautmann, viennent d'arriver à
Paris.
»** La grande salle du Casino de Nice a été témoin, le 6 février, du
triomphe remporté par un jeune violoniste sicilien, M. Scuderi, dont
l'avenir s'annonce de la manière la plus favorable. Mécanisme, style et
sentiment se trouvent chez cet artiste à un égal degré, et nous serions
surpris s'il ne faisait pas parler de lui avant peu de temps.
^*^, Le concert que la Société Sainte-Cécile, sous la direction de
M. Wekerlin, a donné samedi dernier, était particulièrement consacré à
l'audition de musique ancienne : Une Berceuse du xin" siècle, un air du
Convito d'Alessandro de Haendel ; une Sojiate chantée de Mozart; l'ariette
des Trc giorni de Pergolèse; un air d'Anacréon de CherubinI, etc., ont
mis tour à tour en relief le talent de Mmes Barthe, E. Bertrand et de
MM. Hermann-Léon et Pagans. — M. Lefébure a fait entendre le nouvel
orgue Mustel, instrument dont il a tiré des effets qui ont charmé l'audi-
toire. La Berceuse de H. Reber, écrite originairement pour violon et piano,
a été dite avec des paroles italiennes par Mme Barthe, et a été fort *** Au théâtre Italien, dans la brillante représentation de VEtisi,
NOUVELLES DES THEATRES LYRIQUES.
^*^ Le théâtre Impérial de l'Opéra a donné deux fols Guillaume Tell
cette semaine : lundi pour la 300° représentation, puis vendredi. — Mer-
credi, on a joué la 4i2<' de la Muette.
**# A l'occasion et à l'issue de la S00« représentation de Guillaume
Tell, les principaux sujets, les artistes de l'orchestre et des chœurs de
l'Opéra ont donné, lundi dernier, dirigés par M. Georges Hainl, une
sérénade à Ros,sIni. Sur une sorte d'estrade construite à la hâte dans la
cour de la maison de la Chaussée-d'AntIn qu'habite l'Illustre maître,
l'ouverture, le solo de baryton du premier acte et le chœur des fian-
çailles de Guillaume Tell ont été admirablement joués et chantés aux
applaudissements de la foule Immense qui stationnait sur le boulevard.
Rossini, retenu chez lui par son état de souffrance, a paru un instant à
une fenêtre, d'où II a salué tous les artistes et tous ces amis inconnus
qui venaient rendre hommage à son génie. 11 a reçu ensuite Mlle Battu,
MM. Faure et Villaret, qui lui ont offert une couronne d'or, au nom de
tout le personnel de l'Opéra. En 1829, une sérénade avait aussi été
donnée à l'auteur de Guillaume Tell, le soir de la première représentation.
Après trente-neuf ans, après cette longue période de repos et de gloire,
le retour du même hommage a profondément touché Rossini,
^*^ Tandis que l'Académie Impériale de musique célébrait le cinq-
centenaire de Guillaume Tell, l'Opéra-Comique donnait, sans sérénade, —
ceux-là sont morts, hélas ! — la 856° représentation du Chalet, et la
M 66° de la Dame Blanche.
,t*s Au moment où nous mettons sous presse, ce soir samedi, nous
assistons à la première représentation, si intéressante à plus d'un titre,
à'Vn Premier Jour de bonheur, le nouvel opéra d'Auber. — Nous en ren-
drons compte dimanche.
u
REVUE ET GAZETTE MUSICALE
(TAmore qui a eu lieu samedi, il y a huit jours, Adelina Patti, toute ra-
dieuse encore de son nouveau triomphe du Havre, a déployé une verve
et. une maestria auxquelles l'assistance a répondu par un enthousiasme
, du plus franc aloi. Son duo avec Ciampi, qui abordait pour la première
fois le rôle de Dulcamara, a été redemandé. Gardoni et Agnesi sont ex-
cellents. — Succès encore pour la grande artiste dans la Traviata, qu'elle
a merveilleusement chantée lundi dernier pour la dernière fois, au
bénéfice de son camarade Scalese. S. A. 1. la princesse Mathilde
assistait à cette représentation. — Hier on reprenait Don Giovanni. M. Ba-
gier n'a rien négligé pour donner le plus grand éclat à la reprise du
chef d'œuvre de Mozart. Ainsi, outre Adelina Patti dans le rôle de Zer-
lina, les autres rôles étaient confiés à l'élite des artistes : Steller chan-
tait celui de Don Giovanni, qui fut, dit-on, son triomphe à l'étranger;
Ottavio, c'était Gardoni ; Leporello, c'était Ciampi ; Verger, c'était Mazetto,
et Agnesi n'avait pas dédaigné celui du Commandeur. Enfin dona Anna,
c'était la dramatique Mlle Krauss et Donna Elvira, la charmante Mlle
Harris. Le succès qu'a eu la répétition générale fait présager celui de
la représentation. Nous y reviendrons.
^*^ Les journaux du Havre ne tarissent pas d'éloges sur le merveil-
leux talent d'Adelina Patti; à l'issue de sa brillante représentation, les
artistes de l'orchestre et les chœurs fqui ne sont pas aussi médiocres
qu'on s'est plu à le dire, bien loin de là) ont donné une .sérénade
à Rosine, sérénade composée de l'Ouverture et du premier acte du Barbier.
« C'est l'ouverture de la Sirène, disait à ce propos le Journal du Havre,
qu'on eut dû exécuter en l'honneur de la diva. » Nous partageons en
cela l'avis de notre confrère.
,** S. Exe. le maréchal Vaillant, ministre de la maison de 1 Empereur
et des beaux-arts, vient d'autoriser M. Bagier à louer la salle Ventadour
à M. Carvallio, poury donner des représentations les jours non employés
par la troupe italienne, c'esl-à-dire les lundis, mercredis et vendredis.
M. Carvalho conserve la direction du théâtre Lyrique avec sa subvention;
mais son projet consiste à réserver exclusivement et quotidiennement
cette scène aux œuvres françaises du répertoire et aux productions des
jeunes auteurs, dans le domaine de l'opéra-comique, tandis que les grands
opéras et les traductions, Faust, Roméo et Juliette, le Lohengrin, par
exemple, émigreront à la salle Ventadour, et y trouveront le vaste cadre
qu'ils méritent. Cette combinaison fonctionnera à partir du lo mars
prochain. — Le Quentin Metzyz, de MM. E. Dubreuil et Cherouvrier,
opéra en deux actes; depuis longtemps reçu, va entrer en répétition à
ce théâtre.
*■*» Mlle Brache, naguère danseuse à l'Opéra, vient d'être engagée
pour jouer un rôle de mime dans le Timbre d'argent de MM. Carré et
Barbier, musique de M. 'Camille Saint-Saëns, dont la représentation n'est
pas éloignée. Les principaux rôles seront tenus par Mmes Schroeder et
Irma Marié, MM. Troy -et Puget. C'est un opéra légendaire en quatre
actes avec prologue. Le prologue y précédera l'ouverture; on dit beaucoup
de bien de l'œuvre, qui participe du drame, de la fantaisie et du ballet.
— Ce dernier, à l'instar de celui des Xiebelungen, se passerait dans l'eau.
^*^ On répète en ce moment au théâti'e de l'.\thénée une pièce en
trois actes, de MM.Chivot et Duru, dont M. Lecocq, auteur de la parti-
tion de VAmour et son carquois, a composé la musique.
**t Le Théâtre du Palais-Royal va faire construire, au n" 15 de la rue de
Richelieu, une salle annexe de celle qu'il occupe, pour y utiliser ceux
de ses artistes qu'un succès de longue durée laisserait inoccupés.^On con-
struit également au boulevard de Strasbourg un café-concert-spectacle-
gymnase-cirque-funambule, etc. 11 doit coûter 200,000 francs.
,'*^ 11 est fortement question d'une réunion des directeurs de théâtres
qui aurait pour objet de frapper d'une rétribution les billets dits de
faveur. Toutes les personnes que leur profession on leurs relations mettent
dans le cas d'être assiégées de demandes de ces billets, ne pourraient
qu'applaudir à l'adoption générale d'une mesure qui mettrait un terme
à l'abus qu'on en fait ou du moins qui le restreindrait considérablement.
»*, Nous recevons à l'instant même de M. Am. Mereaux, l'éminent
professeur et compositeur, une dépêche télégraphique annonçant que ven-
dredi soir a eu lieu, au Giand-Théâtre, la première représentation de
l'Africaine avec un succès digne du chef-d'œuvre de Meyerbeer, — Bien chan-
tée, belle mise en scène, recettes fructueuses assurées, tels sont les termes
de la dépêche.
»** On vient de jouer au Gymnase de Marseille, sans qu'il y ait lieu
à éloge ou à blâme, un opéra-comique inédit et décentralisateur, sous ce
titre qui ne manque pas d'une piquante hardiesse : l'Enfant des flots.
Pourquoi pas Moise? Est-ce à cause de Rossini?
t% Le conseil municipal de la même ville, par un vote récent, a coa-
firmé pour deux années nouvelles le privilège de l'exploitation de l'Opéra
accordé à M. Husson, avec la subvention annuelle de la ville.
,*^ On nous écrit de Lyon que Bobinson Crusoé vient d'être représenté
au grand théâtre de cette ville avec tout le succès sur lequel comptait la
direction. Très-bien monté, l'opéra nouveau d'Ofienbach a été applaudi
d'un bout à l'autre. A la chute du rideau on a rappelé tous les ar-
tistes qui avaient lutté de zèle et de talent dans l'interprétation de
l'ouvrage. Nous reviendrons avec plus de détails dans notre prochain
numéro sur cette belle représentation.
»■** Au théâtre Français de Bordeaux, la Leçon d'amour a parfaitement
réussi. La musique de cet opéra-comique, de M. Alphonse Varney, l'an-
cien chef d'orchestre des Bouffes-Parisiens, aujourd'hui fixé à Bordeaux,
et de son fils Edouard, a été attentivement écoutée, et le public nom-
breux a chaudement applaudi tous les morceaux. L'exécution a été satis-
faisante. — Les artistes en société du Grand-Théâtre vont reprendre
l'Africaine, et ils viennent à cet etfet d'engager Mme Massé-'Wilhem pour
chanter le rôle de Sélika.
*** Le théâtre de Saint-Etienne se prépare à jouer un drame moyen-
âge, le Gouffre d'Enfer, pour lequel M. Dard, compositeur de talent et
directeur de la Chorale Forézienne, a écrit plusieurs morceaux de musi-
que et de chant.
^*^ Ce n'est pas sans avoir eu à supporter de rudes épreuves que la
Compagnie lyrique et dramatique française, dont nous avons annoncé le
départ l'été dernier pour Buenos-Ayres, et qui se composait de Mlle Phi-
lippe, de MM. Rozier, Hoffmann, d'Hôte, Colette, Cœdès, chef d'or-
chestre, etc., a atteint le but de son voyage. La traversée a été effroyable,
elle navire qui portait ces artistes .s'est vu à deux doigts de sa perte. Pour com-
blede malheur, elle trouve au port... le choléra. D'une lettre, écrite par l'un
de ces vaillants voyageurs, il résulte que cependant personne d'entre eux
n'est malade, que chacun fait son devoir et que le succès n'est pas dou-
teux. La troupe a dû débuter par les Bavards, d'Offenbach. Après tant
de dangers affrontés, nous devions bien à ces exilés volontaires un sou-
venir et un gage de sympathie.
,j** Mme Rose Bell continue, avec son talent souple, sympathique et
spirituel , à initier les Belges au répertoire populaire d'Offenbach. Ces
jours-ci, elle a chanté Barbe-Bleue à Liège, et .';on jeu piquant, sa grâce,
son entrain et sa jolie voix lui ont complètement rallié le public liégeois,
— et ce n'est pas peu dire, — qui l'a applaudie avec enthousiasme. Les
élèves de l'Université lui ont donné une sérénade, et les journaux
de la province constatent unanimement « le tact et la spontanéité de
ces ovations. » Ce succès d'artiste et de femme est trop accentué pour que
nous ne nous empressions pas , à notre tour, de le mentionner et d'en
féliciter l'excellente artiste.
^^'^i Une correspondance de Saint-Pétersbourg nous apporte la nou-
velle d'une belle exécution du Stabat de Rossini par les élèves de l'école
des théâtres impériaux, sous la direction du maestro Ricci. Mmes Pauline
Lucca, Trebelli, Giovannoni et Volpini, Mario et Graziani chantaient les
soli de cette œuvre admirable du maître.
„;** Hier samedi a eu lieu l'avant- dernier bal masqué de l'Opéra.
Strauss conduisait l'orchestre, et comme toujours il y avait foule. — Sa-
medi prochain, dernier bal avant celui du mardi gras .
NOUVELLES DIVERSES.
*% LL. MM. l'Empereur et l'Impératrice ont bien voulu honorer de
leur patronage le bal annuel de l'Association de secours mutuels des
artistes dramatiques. Cette fête aura lieu samedi 14 mars, dans la salle
du théâtre impérial de l'Opéra-Comique. La tombola se composera, cette
année, d'un seul lot qui consistera en un bijou acheté dans ime des
premières maisons de Paris, et à l'acquisition duquel l'Association con-
sacrera une somme d'au moins 3,000 francs.
^*^ La critique musicale du Paris-Magazine vient d'être confiée à
M. L. Dautresme, qui jusqu'à présent a fait preuve de savoir et de talent,
en composition musicale, du moins.
,*=s M. le comte Walewski succède au regretté Georges Kastner, comme
membre libre, à l'Académie des beaux-arts. — Avant Georges Kastner, ce
fauteuil avait été occupé par M. le comte Turpin de Crissé, qui fut un
protecteur éclairé de l'art et des artistes.
»*„; Dans une lettre que M. A. de Gasperini vient d'adresser à plu-
sieurs journaux, il se plaint amèrement de s'être vu, pendant qu'il était
malade à Nice, dépouillé par M. E. de Girardin de ses fonctions de cri-
tique musical à la Liberté, malgré promesse formelle de ce dernier de les
lui conserver. Celte lettre étant, jusqu'à présent, restée sans réponse,
il serait difficile de se prononcer sur une question aussi délicate.
5^% L'autre jour, à Livourne, un vapeur de guerre anglais et un va-
peur de guerre américain demandaient en même temps l'entrée du port.
Pendant que Ton remplissait les formalités, les deux navires étant bord à
bord, le commandant anglais fit jouer à sa musique l'air connu Bonnie
blue flag. Le capitaine américain écoute jusqu'au bout cette mélodie
DE i'AIUS
S5
anti-yankeese et ordonne ensuite à son orchestre d'attaquer l'hymne na-
tional irlandais IVraring of tbe Gretn, qui n'est pas précisément agréable
aux oreilles anglaises. Puis, les deux navires se saluent le plus cour-
toisement du monde, du pavillon et du porte-voix. La musique ouvre
une ère nouvelle aux combats et aux rapports internationaux maritimes !
^** M. Alexandre de Lavergne, réminent critique théâtral de l'Indépen-
dance belge, vient d'augmenter d'un nouvel ouvrage la collection de ceux
auxquels il doit la place élevée qu'il occupe dans la littérature contem-
poraine. 11 est pou de nos lecteurs qui ne se rappellent la Recherche de
l'inconnu, la Duchesse de Mazarin, l'Aine de la famille, i'Utde poitrine,
et ce beau volume: Ruines historiques des châteaux de France, qui atteste
de lu part de l'auteur une si parfaite connaissance des choses du grand
siècle. Le Lieutenant Robert, tel est le titre du nouveau roman de M. de
Lavergne, que l'éditeur Cadot vient de publier en deux volumes, dont
le premier a paru. — Le journal le Siècle, qui en a eu la primeur, l'a
donné en feuilletons dans les derniers mois de l'année dernière, et l'on
sait avec quel empressement ces feuilletons furent lus par les abonnés.
Réunis aujourd'hui, ils ne rencontreront pas un moindre succès parmi
ceux qui veulent dans un livre de ce genre des situations intéressantes,
des caractères vrais et bien tracés, enfin, véritable mérite de style ce si
rare aujourd'hui.
**;> On annonce le mariage de M. Emilien Pacini, membre de la
commission d'examen, avec Mme Jules Cohen, la mère du compositeur.
,*^ Mlle Julie Ponchard, fille de l'ancien organiste de Saint-Eustache
et sœur du célèbre chanteur, vient de mourir à l'âge de soixante-dix
ans. Élève distinguée de son père, elle professa le piano et l'orgue avec
succès .
**;^ Vendredi est mort subitement un artiste distingué M. Berthelemy,
hautbois à l'orchestre du théâtre de l'Opéra et à celui de la Société des
concerts du Conservatoire. 11 était en outre professeur au Conservatoire.
,15** On annonce la mort de M. Montauriol, artiste de la chapelle im-
périale, de celle de Saint-Eustache et membre de la Société des concerts
du Conservatoire.
^** M. Ch. Mevil, qui fut longtemps le secrétaire de M. Benazet pour
la partie artistique de l'établissement thermal de Bade et son ami, vient
de mourir. 11 avait occupé, en juillet 1830, le poste de secrétaire géné-
ral du ministère de l'intérieur et il était décoré.
DÉPARTEM ENTS
^*i Beauvais. — Le 4 de ce mois, la Société philharmonique a donné
son deuxième concert avec Mlle Marie Mineur, élève du Conservatoire,
le violoncelliste distingué Dunkler et Charles Pottier, chanteur comique.
Mlle Mineur a bien rempli la partie vocale qui lui était confiée, etDunkler,
dans l'exécution de ses œuvres et le Carnaval de Venise, a. obtenu, comme
toujours, un succès éclatant. M. Pottier a été également applaudi pour
ses chansonnettes. L'orchestre, dirigé par M. Félix Dubray, a fait honneur
au talent de son chef, et mérite une mention spéciale pour l'exécution
de la seconde symphonie de Beethoven et des ouvertures de la Ceneren-
tola et de Sémiramis.
ÉTRANGER
^"^ Londres. — Un incendie vient de détruire une des plus belles
salles de concert de Londres : [The Oxford Music-hall). Elle datait seule-
ment de mars -1861. Beaucoup d'artistes célèbres s'y étaient fait entendre.
On ignore la cause de ce sinistre, qui heureusement s'est produit passé
minuit, après la fermeture de la salle. Celle-ci était assurée.
^** Berlin. — Pour la première fois dans le cours de sa longue car-
rière artistique, Wacbtel a chanté la Muette, le i février. Depuis long-
temps ou n'avait vu un empressement, une fièvre semblables dans le
public; on allait assister à un début, et le débutant s'appelait Wachtel.
Le célèbre artiste a remporté un de ces triomphes signalés qu'il a- dû
renoncer à compter depuis longtemps. Il a rétabli, pour ainsi dire, la
vérité historique, si souvent altérée par les ténors de tous les pays, en
chantant, dans les tons où ils furent écrits, le duo (en ré) et l'air du
Sommeil (eu sol), qui y gagnent plus qu'on ne saurait croire. — Au
théâtre de KroU, encore un succès dû à Off'enbach : Vne Nuit blanche,
vient d'être représentée pour la première fois : elle est allée aile slelle. Il
doit rester maintenant bien peu d'œuvres du maestro que Berlin ne
connaisse pas, c'est-à-dire n'ait pas encore applaudies, car pas une n'y a
rencontré l'indifférence.
,^*:t Leipzig. — Chose bien rare, l'élément classique faisait absolument
défaut au quinzième concert du Gewandhaus. Deux œuvras seulement
figuraient au programme et toutes deux appartiennent à des compositeurs
vivants : la Fille du roi des Aulnes, ballade pour soli, chœurs et orchestre,
de W. Gade, et le Ver sacrum ou la Fondation de Rome, cantate de F.
Hiller. Ces deux compositions ont été bien reçues du public.
^*^ Munich. — Le directeur général de la musique, l'éminent compo-
siteur Franz Lachner, vient d'obtenir, pour raisons do santé, un congé
d'un an ; il a reçu en même temps la croix de commandeur de l'ordre
du mérite de Saint-Michel, qu'accompagnait une lettre flatteuse du roi.
^*;i, Vienne. — Le ti février a été donnée la première représentation de
Roméo et Juliette. Bien que les avis soient partagés dans la presse musi-
cale sur la valeur de l'œuvre, l'attitude du public lui a été constamment
favorable. On a beaucoup applaudi l'air de la reine Mab, la valse de
Juliette au premier acte et le cinquième acte tout entier. Gounod diri-
geait l'orchestre; on lui a fait une ovation après chaque acte. Walter
(Roméo) a été très-remarquable; Mlle de Murska a moins bien rendu le
rôle de Juliette, qui est d'ailleurs trop sentimental pour la nature de
son talent. Quoique monté en très-peu de tonips, la mise en scène est
splendide, grâce à l'activité et à l'expérience du directeur Dingclstedt,
qui a vonlu faire un coup de maître pour son début et qui y a réussi.
— Sur la demande de l'ex-roi de Hanovre, et à l'occasion de la Noce
d'Argent ou du 25" anniversaire de .son mariage, le théâtre An der
Wien a donné, le 19 et le 20 janvier, Barbe-bleue et la Grande-Ducliesse; on
avait fait réserver toutes les premières loges, tout le parterre et toutes
les stalles de balcon. — Au Cartheater, on répète la l'ermission de dix
heures .
^*^ Prague. — Deux opéras, dont les sujets sont empruntés à l'his-
toire de la Bohême, viennent d'être représentés avec succès au théâtre
National : Leijla, de Cari Bendl, et Halka, de Moniuszko.
»*.f Rome. — La Favorite est devenue Dàila, de par la censure ponti-
ficale; elle n'en a pas moins obtenu un très- grand succès au théâtre
Apollo. La prima donna Dory y a été très-applaudie.
^''îif Florence. — Mlle Rosa Csillag est en ce moment l'objet d'ovations
enthousiastes à la Pergola. Elle a chanté trois fois la Favorite , et à cha-
que représentation elle a vu son succès grandir. Le baryton Cresci s'est
véritablement distingué à côté d'elle.
^*^ Milan. — La Scala continue à faire le désespoir des amis de l'art.
Don Giovanni vient d'y être massacré d'une façon honteuse.
^** Netv-York. — Le théâtre Pike a fait son ouverture avec II Tro-
vatore; Mme De Lagrange est rentrée, après plusieurs années d'absence,
d'une manière brillante. On attend le début de Brignoli.
j,*^ Constanlinople. — Le théâtre Italien a donné Marta au bénéfice
de la prima donna Mme Friderici, qui a fait preuve, dans le rôle prin-
cipal, des plus sérieuses qualités.
^*^ Batavia. — Notre troupe d'opéra possède une excellente basse,
M. de Greef, au bénéfice duquel a été représentée l'Etoile du Nord.
L'œuvre et son interprète ont été unanimement acclamés.
CONCERTS ET AUDITIONS MSICÂLES ANNONCÉS.
Salon Kriegelstein, aujourd'hui dimanche à 2 heures: matinée de musi-
que de chambre de H. Bonewitz, avec MM. Telesinski, Norblin et
Mlle Gasloldi.
Salons Pleyel-Wolff, mardi 18 février: troisième séance de musique de
chambre de Lamoureux, Colblain, Adam et Poencet.
Salons Pleyel-Wolff, mercredi 19 février: première soirée de musique
de chambre donnée par MM. Maurin , Colblain , Mas et Ernest De-
munck, avec le concours de M. C. Saint-Saëns.
Salle Herz, vendredi 21 février: concert de Mlle Amélie Staps avec le
concours de Mlle Lavini et de MM. Raoult, White, Demunck, Trom-
betta, Comtat et Maton.
Salons Erard, samedi 22 février; concert de MM. Louis Lapret et Ra-
mirez Valdès, avec le concours de Mlle Roulle et de MM. Teysson,
Poencet et Bloch .
Salle Herz, dimanche 23 février: matinée musicale de Mlle Rachel Van
Lier.
Salons Erard, lundi 24 février: concert de Mlle Constance Skiwa, avec
le concours de MM. Birkinger, Ries et E. Norblin.
Salle Herz, jeudi 27 février : grand concert à orchestre de M. Fr. Guz-
man, pianiste chilien, avec le concoiu-s de Mme Guzman, Mme Mon-
belli et M. Lutz, du théâtre Lyrique.
Le Directeur : S. DUFOUH.
Quatre morceaux nouveaux pour le Piano
Chez Gérard et C% 12, boul. des Capucines (maison du Grand-Hôtel).
1. — iSouirenlr de l'ango et l'enfant, dédié à Mme la ba-
ronne de Bosmelet (née de Virieu).
2. — Cialop, à M. Francis Sandford.
3. — Allegretto scUerzando, à Mme Levasseur (née Wolowski),
Chez Gamuogi frères, 112, rue de Richelieu (maison Frascati).
4. — Andante cantublle, à M. de Cuttoli.
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Vinsct-qiintre l'ornllKeM pour contralto, baryton nu basse, 25 f.
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N° 2. Le Cortège de Noce,
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N° 3. Plaintes du Roi des Mers,
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N° Z(. Le Chant du Rossignol,
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BUREAUX A PARIS : BOULEVARD DES ITALIENS, 1.
35' Année.
N' 8.
23 Fémr 1868.
ON S'ABONNE :
Dons les Départements et à l'Étranger,
tous les Marchands de Musique, Us Libraires,
aux bureaux der Messageries et des Postes.
REVUE
PRIX DE L'ABONNEMENT:
Paris '-^ r p.ii
Départements, Belgique et Suisse... '.91 "
Étranger 34 >i î
Le Journal paraît le Dimanche.
GAZETTE MUSICALE
DE PARIS
SOMMAIRE. — Théâtre impérial de l'Opéra-Comique: le Premier Jour de
bonheur, opéra - comique en trois actes, paroles de MM. dEiineryet Cormoo,
musique de M. Auber, par Paul Bernard. — Concerts populaires de mu-
sique classique au cirque Napoléon, par Armand Conzien. — Concerts et
auditions musicales de la semaine. — Nouvelles des théâtres lyriques. — Nou-
velli's diverses. — Concerts et auditions musicales annoncés. — Annonces.
TH£âTB£ mPÉRIÂL DE L'OPERÂ-COMIOnE.
LE PREMIER JOUR DE B01WHEC7R,
Opéra-comique en trois actes, paroles de MM. d'Ennery et
CoRMON, musique de M. D.-F.-E. Auber.
{Première représentation le 15 février 1868.)
Samedi IS de ce mois, il nous était donné d'assister à un évé-
nement qui fera époque dans les annales de l'art musical! A
quatre-vingt-sept ans un compositeur qui compte ses triomphes
par le nombre de ses pièces , qui se rit des années et les porte
avec une liberté d'allures souvent inconnue à l'âge mûr, enfante
une œuvre riche de tous les dons d'un esprit actif et sain , ferme
et inspiré, une œuvre virile, charmante sous toutes ses faces, fraî-
che comme un printemps, vivace comme un liseron.
Parmi les compositeurs, Mozart se présente en première ligne
comme un enfant prodige ; en sens inverse on pourra crier au
prodige en la personne de notre curieux, inimitable et extraordi-
naire maestro Auber.
D'où sort ce flot de mélodie, cette richesse d'harmonies fines et
distinguées, cette grâce exquise, ce tour délicat? A quoi tient cette
sûreté de touche, ce tact merveilleux, cette connaissance des voix
et de l'orchestre? Où est la source inépuisable que ce maître des
maîtres connaît si bien? Qu'il le dise au moins â ceux de nos com-
positeurs qui, vieux avant l'âge, nous parlent prématurément le
langage ennuyeux dans un art qui demande avant tout à plaire et
à captiver.
Quelle bonne réponse aussi à ceux de MM. les critiques qui, se
prenant trop au sérieux, prétendent que le genre de l'opéra-
comique est mort et enterré. Et pourquoi cela, s'il vous plaît?
Est-ce donc un genre si faux que celui qui nous a donné tant de
vrais et délicieux chefs-d'œuvre? Voudriez-vous donc d'un traif
de plume biffer la Dame blanche, le Prévaux-Clercs, le Dom.ino noir,
l'Éclair? Laissez M. Auber nous donner le plus longtemps possible
de mélodieuses partitions comme "elle qu'il vient de terminer;
laissez ceux qui pourront l'imiter essayer leurs forces dans un
genre éminemment français et qui n'a pas dit son dernier mot,
croyez-le bien.
Pour ma part, je suis sorti enchanté de la première représenta-
tion de la nouvelle pièce de M. Auber.
J'étais heureux de voir une si belle vieillesse fêtée par le public
si spontanément et si brillamment. J'étais charmé de constater une
œuvre réactive dans le courant musical qui nous emporte ou
trop haut ou trop bas. J'étais fier de me sentir les mains chaudes
encore des applaudissements que je venais de prodiguer à cette
œuvre essentiellement mélodique, fine et distinguée.
L'accueil fait à la partition de M. Auber a été général. Cependant
les opinions, se concentrant toutes vers la louange, divergeaient un
peu dans les détails. Chacun tirait de son côté, naturellement. —
C'est du pur Auber, disait tout le monde; — avec les tendances mo-
dernes, ajoutait celui-ci; — retournant en arrière, reprenait celui-
15. Notre opinion personnelle consiste à dire que c'est de l'Auber
du bon temps, moins ambitieux que Manon Lescaut, plus corsé quels
Maçon, une œuvre côtoyant la Sirène, la Part du Diable et les Dia-
mants de ta couronne. C'est bien la clarté de facture de cette
époque du maître, la finesse dans les détails, la coquetterie dans
la phrase, l'art de faire chanter la voix de ténor comme personne,
l'esprit dans l'orchestre depuis la contre-basse jusqu'à la petite
flûte; les accompagnements pétillants de détails ou charmeurs par
l'accouplement des timbres. Ah! c'est bien là du pur Auber, et
les jeunes compositeurs ont pu prendre l'autre soir une excellente
leçon, en suivant pas à pas les délicats contours de cette musique
à la fois simple et savante, où la science est cachée sous la grâce
et dans laquelle les surprises, toujours agréables, ne prennent pas
pour caresser l'oreille les allures de l'épingle ou du fer rouge.
On sort de l'audition d'une œuvre semblable reposé et non cour-
baturé; les nerfs sont calmes, la digestion est faite; rentrez chez
vous, la nuit sera bonne.
S8
REVUE ET GAZETTE MUSICALE
Il faut pourtant parler du scénario de MM. Germon et d'Ennery.
En parler, c'est en faire la louange. Ces messieurs ont emprunté
leur sujet à une comédie représentée avec succès à l'Odéon en
1816, le Chevalier de Canolle, par Souques. Je ne vous nommerai
pas les trois ou quatre essais transportés sur plusieurs théâtres, et
inspirés par cette pièce primitive, pour arriver de suite à vous
raconter rapidement la donnée du nouvel opéra-comique. Nous
sommes devant Pi nlichéry, que les Anglais et les Français se
disputent. Un jeune officier, Gaston de Maillepré, commande le
camp français, sur lequel la toile se lève, et commence par déli-
vrer de la brutalité des soldats les prêtresses d'une pagode voisine
que ceux-ci viennent de capturer. Ce jeune officier semble né sous
une singulière étoile; le bonheur et le malheur se disputent sa
vie, mais le malheur surtout vient toujours poser sa griffe sur
l'événement heureux. Fait-il un héritage, cela lui suscite vint
procès et lo brouille avec un parent qu'il aimait ; est-il nommé
colonel, un de ses amis, blessé de la préférence, le provocjue en
duel; rencoutre-t-illa femme qu'il aime et qu'il cherche vainement
depuis deux ans, c'est pour la retrouver (lancée à un autre. Bret,
le pauvre garçon, ballotté par ce combat des événements, en arrive
à considérer comme impossible de rencontrer jamais son premier
jour de bonheur parfait.
Celle qu'il aime est une de ces veuves qu'on ne trouve (pi'au
théâtre, ayant été mariée trois heures et quart à un homme qu'elle
n'aimait pas. Elle est, de plus, nièce du gouverneur anglais de
Madras. C'est pendant une trêve qu'elle est venue avec son fiancé,
naturaliste enragé mais amoureu.\. transi, se promener vers le
camp français. La trêve expire sur ces entrefaites, et les deux im-
prudents promeneurs sont fait prisonniers. On renvoie la jeune
femme, et l'on garde le pauvre naturaliste qui pour comble de
malheur est surpris desshiant par désœuvrement les fortilications
du camp; considéré comme espion, le voilà condamné à mort. De
son côté, Gaston de Maillepré, dans une rencontre, est pris par
les Anglais, et nous le retrouvons au second acte au milieu d'une
fête donnée par le gouverneur. Prisonnier sur parole il participe
à la fête et fait sa cour à l'indifférente Hélène. Cependant les évé-
nements vont prendre un autre cours. On apprend chez les An-
glais la condamnation à mort du pauvre sir John. Les représailles
sont toutes tracées et le jeune colonel devra payer de sa vie le
supplice du prisonnier anglais. Lui seul ignore la fatale sentence et
chacun, pris d'intérêt pour une si grande infortune, lui témoigne
des sentiments quirétonnentetrenchantent. Hélène, elle-même, sent
son cœur s'ouvrir à l'amour et se laisse deviner. Gaston se croit
au comble du bonheur, mais le destin est implacable et la jeune
Indienne qu'il a protégée au premier acte, voulant le sauver à son
tour, lui apprend le sort qui lui est réservé. Prisonnier sur parole,
l'honneur le force à rester : soldat, il saura mourir. Le dernier
acte ramène sir John qui, sur parole aussi, vient offrir l'échange
des prisonniers s'il arrive à temps pour sauver le jeune colonel,
mais dans un troisième acte d'opéra-comique les affaires ne se
débrouillent pas si facilement. Sir John vivant, Hélène sa fiancée
est perdue pour le pauvre Gaston qui préfère mourir et force ainsi
le piteux naturaliste à retourner se faire fusiller. Fort heureuse-
ment les choses s'arrangent de plus haut. Pondichéry se rend,
sir John capitule, les prisonniers sont libres et le premier jour de
bonheur brille enfin sans mélange pour le jeune officier de for-
tune, qui finalement n'est pas trop à plaindre puisqu'au premier
acte il gagne un héritage, au second le grade de colonel et au
troisième la femme qu'il aimait sans espoir. Avouez qu'à ce pris
on accepterait volontiers quelques vicissitudes, telles désagréables
qu'elles pussent être.
La pièce, intéressante d'un bout à l'autre, garde les allures de
l'ancien opéra-comique. C'est un canevas à la Scribe, auquel il
manque peut-être les broderies que ce riche dessinateur savait
semer partout. Le dialogue est un peu languissant, le trait
manque parfois; mais les situations sont attachantes et très-
favorables au développement musical. Il faut donc louer les au-
teurs de leur tentative et les remercier de nous avoir donné une
simple comédie lyrique.
Entre les mains de M. Auber, cette simple comédie lyrique est
devenue un délicieux écrin. La sève mélodique y coule dans un
harmonieux printemps. Il semble que le vieux maître, qui n'a com-
mencé sa carrière de compositeur que fort tard, — ((uarante ans —
retrouve une à une toutes les inspirations de la vingtième année.
C'est peut-être le dernier baiser do la muse créatrice, mais quelle
suprême caresse elle a su donner à son fidèle et fervent adora-
teur ! 11 est beau de voir les grandes intelligences se renouveler
dans l'art comme dans un sanctuaire, et défier les atteintes du
temps sous la sauvegarde du travail et du génie. Ce spectacle est
assez rare pour qu'on l'acclame quand il se présente, et c'est ce
qui a eu lieu dans la soirée mémorable du IS février dernier.
L'ouvertuie, qui n'est pas très-développée, présente cependant
trois mouvements bien tranchés : un trois temps militaire, un dé-
licieux andaule i(ui plus tard deviendra le bijou de la partition,
la ballade des Djinns, et un allegro des plus coquets. L'instrumen-
tation en est d'un bout à l'autre liue, alerte, intéressante, et le
public a vu de suite qu'il retrouvait l'auteur de ses prédilections
passées. La toile se lève sur un chœur de soldats nonchalamment
enivrés par les brises asiatiques. On sent toutefois percer l'allure
guerrière sous ces délices de Capoue, et le compositeur a rendu
avec un grand bonheur la double teinte de cette curieuse opposi-
tion. Cette jolie introduction est coupée par les couplets de la jeune
Indienne, dans lesiiuels elle célèbre les qualités du dieu Indra,
tout à la fois son idole et son époux. Une couleur religieuse et
passionnée préside à ce morceau. Le mysticisme des cloîtres greffé
sur la voluptueuse indolence des pays chauds, voilà ce que le
musicien a jeté dans le môme moule, d'où il est sorti une mélodie
étrange et délicieuse, inflexible comme un article de foi, caressante
comme un baiser. Un madrigal charmant chanté par le jeune offi-
cier suit cette remarquable inspiration, et le chœur des soldats
recommence pour terminer cette introduction traitée de main de
maître.
Maintenant va commencer la série des jolies choses semées à
profusion dans le rôle du ténor. Il semble que Capoul, l'heureux
privilégié de cette heureuse partition, ne puisse ouvrir la bouche
sans laisser tomber une perle. Sa première romance est un trésor
de grâce et de sentiment. Sur ces paroles :
Attendons, attendons' encore
' Notre premier jour de bonheur...
la salle n'a pas attendu, elle, poui- bisser par acclamation cette
chaleureuse phrase musicale.
Le premier acte comporte encore des couplets très-coquettement
détaillés par Mme Cabel (Hélène), mais d'un ordre plus inférieur;
puis un duo charmant entre Capoul et Mme Cabel, et enfin un
finale très-mouvementé, rempli de motifs gracieusement accouplés
et joyeusement teintés.
Le second acte, qui est sans contredit le plus riche de la parti-
tion, se trouve précédé d'un petit morceau symphonique d'une
exquise délicatesse. Le hautbois y soupire une phrase adorable,
discrètement accompagnée par de piquants contre-temps. J'aime
beaucoup l'air que chante Mme Cabel : Vn époux, chez vous. Cet
air qu'elle adresse à Djelma, la jeune Indienne, établit la différence
DE PA'tlS.
59
entre un époux de bois et un mari véritable. Le motif mineur,
essentiellement rlistingué, s'y prêle admirablement à bien détailler
les paroles. Mme Cabel le dit à ravir.
Un chœur charmant ouvre la fête qui se donne chez le gouver-
neur de Madras. C'est frais et pimpant ; il est facile de reconnaître
la touche qui a présidé aux ravissants chœurs de la Muette et
d'Uayrlée. Ce joyeux ensemble sert de prélude à la déjà célèbre
ballade des Djinns. Quel succès! La salle entière est restée comme
électrisée devant cette musique pénétrante, devant cette mise en
scène orientale, devant la beauté de Mlle Marie Roze, idéalisée
encore parson costume de houri. Quel prestidigitateur que ce M. Au-
berl Lui, le Parisien pur sang, il a trouvé moyen d'arrêter au
passage une mélodie retour de l'fnde. C'est naïvement voluptueux;
cela sent l'ambre, le bois de santal et les roses; on est fasciné,
ensorcelé, magnétisé; on crie bis, on crierait ter si l'on osait, et
l'on garde devant les yeux, dans le cœur et dans les oreilles le sou-
venir de cette ivresse d'un instant arrachée au paradis de Ma-
homet .
Que si vous me demandiez par quels moyens le compositeur a
pu créer ce prodige, je vous dirais que c'est par une phrase mu-
sicale très-simple, sobrement accompagnée par une note de cor,
persistante comme la goutte d'eau qui tombe ; que le morceau est
en si bémol, tonalité assez ordinairement insignifiante, et que, pour
le chanter, iVfHe Roze a trouvé la corde essentiellement sympathique.
La chanson qui vient après, forme une opposition peut-être
trop tranchée. Nous tombons du septième ciel sur la terre; heu-
reusement que c'est en la compagnie de Mme Cabel et que cela
atténue la secousse. L'espèce de gigue qui termine ce train express
vocal est enlevée par Mme Cabel avec une maestria peu commune,
et le succès qui avait paru s'arrêter à la station précédente revient
à toute vapeur pour ne plus s'en aller.
Il se fixe d'abord sur un ravissant trio d'hommes dans lequel
nous citerons la phrase de ténor sur ces mots :
Quel espoir, quel rêve enchanteur!
Il se fixe ensuite sur un délicieux duo entre Gapoul et Mme Ca-
bel, et surtout sur cet élan chaleureux du ténor ( encore le
ténor) :
J'aime, j'aime la vie
Pour la première fois.
Il se fixe enfin sur la valse chantée dans le finale par le ténor
(toujours le ténor), et caresse en passant une phrase à parte dite
en duo par les deux femmes. Le jeune officier apprend qu'il va
mourir ; mais il est aimé et dans l'ivresse de ce premier bonheur
il quittera la vie en homme de cœur et en joyeux compagnon.
Cette valse chantée est pleine de crânerie, c'est comme un défi jeté
au sort.
Le troisième acte nous apporte encore de charmantes jouissances.
Voici d'abord un nocturne à deux voix, délicieux crépuscule mu-
sical adorablement soupiré par Mme Cabel et Mlle Marie Roze.
Voici des stances d'un sentiment exquis et qui semblent du Mozart
rajeuni. Les paroles, du reste, en sont fort jolies.
Ce nom, un jour peut-être.
Lorsque mon cœur brisé cessera de souffrir,
A mon dernier ami je le ferai connaître
Dans "mon dernier soupir.
J'aime moins un air syllabique alloué comme de raison à Sainte-
Foy et que celui-ci chante très-comiquement. Enfin le finale nous
offre un chœur avec accompagnement de clochettes bien réussi, et
une cantilène de Mme Cabel, dans un très-pur sentiment, qui vient
clore avec éclat cette riche partition de son auteur déjà si riche.
La part des interprètes est très-belle ; tous ont concouru au suc-
cès. La justice ici nous oblige à mettre Capoul en tête. Il s'est
montré d'un bout à l'autre chanteur élégant et chaleureux, acteur
plein de feu et de jeunesse, artiste de goût et de bormcs traditions.
De son gosier s'échappent véritablement des effluves sympathiques;
il possède des demi-teintes charmantes et des élans irrésistihh^s.
Mme Cabel est toujours la fauvette métamorpliosée en femme que
vous savez; c'est un peu froid, mais c'est étourdissant d'audace et
de réussite. Mlle Marie Roze était faite pour le rôle de l'Indienne.
Djelma. Elle y a trouvé un succès de poésie et de beauté qui fera
époque. Du reste, elle est en voie de progrès comme chant; on ne
smrait mieux dire la caressante ballade des Djinns, et le public le
lui a prouvé avec insistance. Sainte-Foy est amusant comme tou-
jours, mais .son rôle est un peu sacrifié. Prilleux, Rernard, Mel-
ciiissédec, remplissent avec zèle leur trio de second plan. H n'y a
que des couronnes à décerner. Venez mesdames, venez messieurs;
choisissez et prenez.
*
* *
Mais la couronne d'or rehaussée de diamants, le signe distinctif
de la gloire et du mérite, c'est à ce jeune vieillard, c'est à ce
vaillant producteur, c'est à Auber enfin qu'elle appartient de droit.
Les exemples de longévité artistique aussi prolongée sont assez
rares pour qu'on les salue avec vénération, avec enthousiasme.
Cependant ces considérations ne devraient pas entrer dans la ba-
lance si l'œuvre produite était inférieure et se ressentait du poids
des ans. L'art passe avant la créature. Mais si au contraire cette
œuvre est pleine de vie, de talent et de génie, si elle est plus
fraîche que le printemps, plus riche que l'été, plus expérimentée
que l'automne, si l'hiver seul y fait défaut, oh! alors on peut
s'extasier sur une telle exception et jeter une double dose d'ad-
miration dans la coupe du succès, ainsi que l'a fait l'auditoire de
la première soirée, ainsi que le feront tous ceux qui entendront
la nouvelle partition de l'illustre maître, à telle école qu'ils ap-
partiennent, de tel pays qu'ils soient.
Paul BERNARD.
CONCERTS POPULAIRES DE MUSIQUE CLASSIQUE
AU CIRQUE NAPOLÉON
Mme Neruda-Norman, dont le début aux concerts populaires
vient d'avoir un certain retentissement, est née en Moravie j c'est au
Conservatoire de Vienne qu'elle développa un talent qu'une pré-
coce vocation faisait pressentir, car dès l'âge de sept ans elle
donnait son premier concert. Son professeur fut Janza, aujourd'hui
fixé en Angleterre. La Hollande lui donna le baptême de la célé-
brité et la Russie l'accueillit comme elle sait accueillir les artistes
de talent. Puis elle se rendit à Stockholm et s'y fixa après avoir
épousé M. Neruda, maître de chapelle. Cette artiste distinguée est
aujourd'hui professeur au Conservatoire de Stockholm. Il y avait
quelque péril, malgré tout son talent, à affronter ce public avec les
mêmes armes dont Joachim s'était servi pour le vaincre à sa pre-
mière bataille. Bravement Mme Neruda-Norman a subi l'épreuve!
Nous ne suivrons pas l'exemple de quelques confrères qui se
croient forcés de faire des rapprochements et qui bâtissent un
piédestal à l'artiste d'aujourd'hui avec les débris de l'artiste d'hier,
trop vite oublié; Mme Neruda -Norman est une violoniste de trop
belle race pour aimer à voir ainsi traiter des ancêtres qu'elle doit
vénérer. On sait fort bien qu'il est des qualités de puissance
qu'une femme ne saurait avoir au même degré, et il est mala-
droit, selon nous , de faire de ces rapprochements dont nous par-
lons.
60
REVUK ET GAZETTE JILSICAEE
Mme Neruda a un jeu d'une irréprochable justesse et d'une
grande tMégance; le style en est pur et exempt de ces ornementations
plus au moins fantaisistes qui gâtent plus d'un beau talent. Les
phrases tendres de l'andanle sont de celles qui, sous ses doigts,
prennent un charme pénétrant, presque virginal. Les finesses du
finale sont détaillées d'un archet habile, ramenant ce motif ù la dé-
sinvolture vive avec une grâce toute féminine. Enfin, un je ne
sais quoi de sérieux et de chaste en même temps, dans la ma-
nière de phraser, donne au talent remarqualile de cette artiste
une originalité toute personnelle. Le succès qu'elle a obtenu au
premier concert a décidé M. Pasdeloup à la l'aire entendre de
nouveau aujourd'hui. Nous souhaitons que le concerto de Vieux-
temps lui soit aussi favorable que celui de Mendelssohn, qui a fait
ressortir ses exquises qualités et lui a conquis du premier coup la
sympathie du public et les éloges de la critique.
Armand GOUZIEN.
CONCERTS ET ÂUDITIOSS SUSICÂLES DE LÀ SERÂINE.
^% Au septième concert du Con.servatoirj, dim;uiche dernier, pro-
gramme emprunté au répertoire ordinaire, sauf le cliceur des Pèlerins
du Tannhœuscr. On a honoré d'un bis ce dramatique morceau, dont
l'ouverture tout entière n'est qu'un développement. La pensée en est
saisissante et originale, les harmonio'i y sont hardies et neuves, mais
l'effet nous paraît résider bien plus encore dans le luxe des sonorités
auquel Wagner a si souvent recours, immédiatement après venait, à
dessein peut-être (car les idées avancées ont maintenant des champions
dans le comité de la Société), un air de danse A'Iphiyénic en Aiilide, l'une
des pages les plus incolores échappées à la plume de Gluclt, et qui a été
écoutée avec la plus complète indifférence. — Un autre bis a été adressé
à Yallcgretto scherzando de la symphonie en fa de Beetho\eM ; le motet
de Bach, Qui propicr me, et la symphonie militaire de Haydn, ont été
rendus par l'orchestre et les chœurs avec leur .«oin et leur talent ordi-
naires.
^^^ Un public nombreux et choisi se pressait mardi dernier dans l'élé-
gante salle de concert de l'institution impériale des Jeunes- Aveugles.
Une brillante soirée musicale y était organisée au profit des éiôves sor-
tis de l'institution. Outre l'orchestre, dirigé avec talent par M. Roussel,
professeur aveugle, nous avons applaudi la jeune et charmante violoniste
Mlle Tayau, qui mérite tous les encouragements; Mlle iNelly Tavernicr,
une pianiste de la bonne école, et pour la partie vocale, Mme Léonard
etM.Delle-Sedie,deux éminents artistes qui ont conservé intactes les grandes
traditions de l'art du chant; deux chœurs de MM. Roussel et Y. Paul,
professeurs à l'institution, YAubespin et un Sanctus, ont également reçu
le meilleur accueil.
^*^ Dimanche dernier, le cirque de l'Impératrice regorgeait d'auditeurs
attirés par le festival annuel des Sociétés chorales, composant l'Association
parisienne et séquanaise dirigée par M. Delafontaine. L'admission des
billets de faveur a fait beaucoup de m contents qui n'ont pu être placés,
les grilles ayant été fermées bien avant l'heure indiquée. Le programme
de cette plantureuse séance ne comprenait pas moins de dix-neuf mor-
ceaux : le chœur des chasseurs à'Euri/aiithe entre autres, celui du Voyage
en Chine, de Bazin, l'Enclume à' kdam, VHijmne à la nuit, de Rameau, etc.
Ces chœurs, qui ne sont pas des chœurs d'ensemble à proprement
parler, font depuis longtemps partie du répertoire plus que courant des
orphéonistes parisiens; l'étude de morceaux nouveaux ne serait donc pas
inopportune dans l'Association, si cet effort devait avoir pour consé-
quences une articulation mieux accentuée et une prononciation plus
correcte. Le remarquable orchestre de la garde de Paris a magnifique-
ment exécuté, sous la direction de M. Paulus, l'ouverture d'Oberon, la
marche de Lohengrin, le Cornauai rfe T>nM:e, fantaisie de Ch. Colin, etc.,
tour à tour salués par de véritables tonnerres d'applaudissements et des
clameurs entiiousiastes. Le violoncelliste Lasserre, le pianiste Kowalski,
Géraldy et Mlle Brunetti ont eu leur large part de ces ovations d'un public
facilement impressionnable et naturellement porté à une aimable indul-
gence .
^*t Trois artistes qui ont déjà commencé à faire parler d'eux, M. Fré-
déric Guzman et sa femme, pianistes, et le frère de M. Guzman, violo-
niste, tous trois du Chili, sont à Paris depuis quelques mois. Ils se sont
jusqu'à présent peu prodigués, et c'est dans les soirées hebdomadaires
données chez eux et auquelles ils ont convié des artistes et des ama-
teurs compétents qu'il a été donné d'apprécier leur talent. Nous avons
également eu la chance de les entendre mercredi dans une réunion
particulière presque eniièremeut composée d'artistes, et nous devons dire
que M. et Mme Guzman y ont produit beaucoup d'effet non-.seuIemenl
par le grand style avec lequel ils interprètent la hiu.--ique classique,
mais par l'originalité cl la cuuLur étrange de composition-; fantaisistes
exécutées par eux avec non moins d'oiiginalilé que de talent. — Au
reste, le monde musical ne tardera pas à être mis à même de les juger,
car ils donnent jeudi 27 de ce mois, à la salle Herz, un beau concert à
orchestre dont on trouvera le progiuninio plus loin, et il n'est pas diffi-
cile de prévoir qu'il attirera un nombreux auditoire.
*** L'excellent pianiste D. Miignus donnait samedi dernier, à la salle
Pleyel, une audition de ses meilleures et plus récentes compositions.
Nous y avons distingué une jolie Berceuse orientale, une Villanelle, un
Caprice-mazurka et surtout une brillante Tzigane-marebe po r deux
pianos, que l'auteur et M. Kriiger ont exécutée avec un très-grand
succès. lia vogue attend certainement ce charmant morceau, tout em-
preint de couleur locale et vraiment original par le rliythme et les har-
monies. — Magnus annonce son Cdnccrt annuel pour le 14 mars à la
.salle Pleyel. En attendant, il est p;irli pour Gand, oii il a du donner hier
soir, 22 février, un brillant concert.
*** Le dernier mardi de Paul Bernard était fort brillnnl. Henri Herz,
Léonard et sa femme et beaucoup d'autres noictbilités artistiques y étaient
venus applaudir les élèves de l'excellent professeur; élèves qui, ainsi que
nous le disions dernièrement, pourraient, à bon droit, prétendre au
diplôme d'arliste.s, à en juger pir la perfection avec laquelle elles ont
exécuté nombre de morceaux des plus difficiles. Il est vrai que la présence
de leur rnaîlre, i[ui dans ces soirées paie toujours largement de ^a per-
•sonne el de son tdent et celle de personnes compétentes à les apprécier,
n'excitaient pas peu le zèle et l'émulation de ces jeunes personnes. Léo-
nard et sa femme n'ont pas, de leur côté, contribué pour peu aux plai-
sirs de la réunion, l'un en jouant avec Paul Bernard la délicieuse .'-onate
de Beethoven dédire à l'empereur de Russie, l'autre en disant unecavatine
italienne, des chansons espagnoles et l,i sérénade de Gonnod, admirable-
ment accompagnée par son mari el par le maître de la maison.
**,^ A la dernière réunion musicale du docteur MandI, un jeune chan-
teur très-intére.ssant s'est révélé d'une façon qui lui promet de grands
succès comme chanteur de chansonnettes. C'est le plus jeune fils d'un
ténor bien connu, M. Audrm ; il esl d'un physique agréable, il a une
jolie voix et il est bon musicien ; de plus, il a la mimique voulue pour ce
genre, et tous les salons ne tarderont pas à se le disputer. Mercredi, il
s'est fait entendre de nouveau dans une .soirée tout arlislique chez l'un
de nos principaux éditeurs de musique, et il y a recueilli les plus .sym-
pathiques bravos.
*** Nous avons jusqu'à présent on>is de mentionner l'arrivée à Paris
d'un flùtiïte belge, qui jouit d'un grand renom à l'étranger, M. Aug.
Charles. — Du reste, en l'entendant la semaine dernière à la salle Herz,
on a jugé de suite qu'on avait affaire à un artiste d'élite et comme on
n'en entend pas souvent, et l'on a été émerveillé de l'aisance avec la-
quelle il triomphe des difficultés les plus ardues. — Une composition de
Reichert lui a valu un triomphe mérité. Le point d'orgue qui termine
l'andanle de ce morceau, et qui renferme des gammes en échos, a été
couvert d'applaudissements. Un style élevé, une pureté extraordinaire,
beaucoup de sentiment, telles sont les qualités qui, jointes à une exécu-
tion mécanique entièrement nouvelle, reconmiandent cet artiste à l'atten-
tion du public parisien.
»*» Voici le programme du concert qui sera donné aujourd'hui di-
manche, à 2 heures précises, par la Société des concerts, dans la salle
du Conservatoire impérial de musique : 1° symphonie militaire (48") de
Haydn; — 2° chœur des Pèlerins du Tannhœuser de Wagner; - 3° air de
dans-e d'Iphiçiénie en Aulide de Gluck ; — i° motet (double chœur sans
accompagnement) de S. Bach; — o" symphonie en fa {8«) de Beethoven.
— Le concert sera dirigé par M. George Hainl.
^*t Aujourd'hui, à 2 heures, au Cirque Napoléon, dix-.septième concert
populaire de musique classique, sous la direction de J. Pasdeloup. En
voici le programme: 1» Symphonie en ré majeur, de Beethoven (allegro,
larghetto, scherzo, finale) ; — 2o adagio d'un quatuor de Mozart, exécuté
par tous les instruments à cordes; — 3° symphonie en sol majeur (29),
de Haydn (allegro, largo, menuet, finale) ; — i" concerto en mi ma-
jeur, pour violon, de Vieuxtemps (andante, rondo), exécuté par Mme Nor-
man-Neruda ; — o° ouverture du Tannhauser, de R. Wagner.
,*,(; La Compagnie Patii-Uhnann est en ce moment à Marseille. Un
magnifique et fructueux concert a été donné au théâtre . Tous les mem-
bres de la caravane artistique, la Palti, Vieuxtemps, Ed. Wolff,Séligmann,
Godefroid, Berthelier, ont recueilli des bravos sans fin. Ed. Wolff, no-
tamment, s'est fait beaucoup applaudir avec son boléro sur r Africaine,
qu'on veut toujours entendre deux fois, et il a produit un très-grand
effet dans le duo qu'il a composé avec Vieuxtemps sur Oberon; celui de
Don Juan n'est pas moins goûté. Quant à Séhgrnann, il est toujours
aussi fêté; « le 16, à Avignon, dît la Gazette des Étrangers, lorsqu'il eut
achevé de jouer son morceau sur Martha, la salle entière se leva pour
demander l'Éloge des larmes de Schubert, qu'on se souvenait de lui
avoir entendu jouer il y a quelques années. Trois rappels enthousiastes
suivirent l'exécution du morceau. » — Le prochain concert aura lieu à
Nice.
DE PARIS.
61
.^*, La Société philharmonique d'Amiens, dirigée par M. Deiieux, or-
ganise au profit des pauvres un grand concert, qui aura lieu le 29 fé-
vrier, et dans lequel le Désert de Félicien David sera exécuté sdus la
direction de l'auteur. M. Ad. Sax a égalemeni promis le concours de sa
fanfare, qu'il conduira en personne.
**i).. On vient d'inaugurer, à Uoulogne-sur-Mer, le Cercle Beethoven, des-
tiné à la musique cl.is^ique. Au premier concert, un chanteur de talent,
M. Reicliardf, a été longuement et justement applaudi dans plusieurs
lieJer de Beethoven, Mcndelssohn et Schubert.
^*^ Un grand concours d'orphéons, de musiques d'harmonie et de
fanfares, sera ouvert, le 7 juin prochain, à Chartres, par la Sociolé cho-
rale et la P'anfare de cette ville, sous les auspices de l'administration
municipale.
NOUVELLES DES THÉÂTRES LYRIQUES.
^*» Le théâtre impérial de l'Opéra a donné lundi le Trouvère et la
Source. — Mercnidi, Guillaume Tell, et vendredi l'Africaine. — Aujour-
d'hui dimanche, représentation extraordinaire de Robert le Diable.
^*^ Les répétitions d'Hamlet, à l'orchestre, se poursuivent depuis le 13
et la premiète représentation reste fixée à la fin de ce mois. Voici au
complet la liste des artistes qui interpréteront l'opéra de M. Amhroise
Thomas : MM. Faure, Hamlet; Belval, Claudius; Fréret, Polonius; Morère,
Laërte; Castelmary, Horatio; Grisy, Marcellus ; Gaspard, !«■■ Fossoyeur;
Mermant, 2" Fossoyeur; David, l'Ombre du feu roi; Mmes Gueymard,
Gerlrude; Nilsson, Ophéhe.
=it*» A l'occasion de la SOO" représentation de Guillaume Tell, Ro-sini
a envoyé son portrait photographié, à la date du 13 février, à M. E. Per-
rin et à tout le personnel de l'Opéra. L'illustre maestro a de plus aban-
donné à la caisse des pensions de l'Opéra ses droits sur cette représenta-
tion.
^*,t Vendredi, LL. MM. l'Empereur et l'Liipératrice honoraient de leur
présence la quatrième représentation de : le Premier Jour de bonheur, au
théâtre impérial de l'Opéra-Comique. — Mlle Derasse va continuer ses
débuts dans la Dame blanche, et M. Hayet, ténor qui se fit entendre pour
la première fois dans l'Ange de Rothsay , au théâtre international de
l'Exposition universelle, oii sa jolie voix fut remarquée, va débuter dans
Zaïnpa.
**:t La représentation de Don Giovanni, donnée sameli 15, a eu lieu
devant une salle comble et resplendissante de toilettes. Outre l'attrait de
revoir Adelina Patli dans le rôle de Zerlina, on était curieux de juger
Steller dans celui de don Juan, l'une de ses meilleures créations, disait-
on. Le célèbre baryton n'a point trompé l'attente du public; il soutient
très-noblement d'un bout à l'autre ce rôle écrasant, sans toutefois lui
donner d'une façon assez accentuée le cachet d'élégance et de désinvol-
ture scélérate qu'il comporte; coinme chanteur, il y déploie avanta-
tageusemeni les belles qua'ités de sa voix et son excellence méthode. —
Adelina Patti, c'est tour à tour le charme qui séduit, la câlinerie qui
apaise, la mutinerie qui excite; après le duo La ci darem, après les
célèbres complets Uatti, batli, Mazetto qu'elle a dû répéter, l'incomparable
diva a été saluée des plus enthousiastes bravos. — Il est dommage que
les moyens de Mlle Krauss ne secondent plus qu'iniparfaiienient ses
accents dramatiques; c'est toujours la granile artiste, mais ce n'est pas
la dona Anna que nous avons été habitués à entendre. — 11 est égale-
ment fâcheux que le personnel de M. Bagier l'ait forcé à donner à la
charmante et mignonne Mlle Harris le rôle de dona Elvire, qui ne con-
venait ni à son physique, ni à son genre de talent ; elle y a mis toute sa
bonne volonté, mais tout en lui en tenant compte, cela ne suffit pas. —
Celui de Leporello a été un grand succès pour Ciampi ; il l'a rendu en
excellent comédien, et son grand air de Madamina, mille e tre a été dit
et joué avec autant de verve bouffonne que de fine observation. Mais si
quelqu'un doit réclamer dans la distribution sa bonne part d'éloges, c'est
à coup sur Vergerqui a su donner, par la manière dont il l'a conçu, une
véritable importance au personnage de Mazetto ; on applaudit légitimement
ce jeune artiste comme chanteur, maisil s'est cette fois posé en véritable
acteur, et on doit le féliciter de ce progrès. — Agnesi a prêté au rôle
du commandeur l'autorité de sa belle voix et il y a produit beaucoup
d'effet. - Pour les nécessités de la représentation, la partition a été cou-
pée en quatre actes; cette division est regrettable et nuit à l'homogé-
néité de l'action. Quoi qu'il en soit, la soirée a été belle, et il est à dé-
sirer que l'indisposition de Mlle Krauss, qui a forcé mardi la direction à
substituer il Barbiere à Don Giovanni, ne se prolonge pas et permette de
donner bientôt la deuxième représentation de celte reprise du chef-
d'œuvre de Mozart.
t% Jeudi, pour la dernière fois, on a donné Rigoletio, et hier soir
Crispino, avec Adelina Patti dans les rôles de Gilda et d'Anetta.
,j*, A la fin de ce mois, Mathilda di Shabran servira de début aux
époux Tiberini, qui ont dû arriver à Paris jeudi ou vendredi. — La
deuxième repré.sentalion de Don Giovanni est annoncée pour demain lundi
gras.
„<■% Mlle Patti doit aller à Lille dans une quinzaine de- jours pour y
chanter en français le rôle de Marguerite de Faust.
*■*» On annonce que la combinalon Carvalho- Bagier pour le théâtre
Lyrique commencera à fonctionner quinze jours avant l'époque
primitivement fixée. Dès le lundi 2, on donnerait aux Italiens
une repro'Sf'ntation de Faust, dont les décnrs sont rafraîchis et les cos-
tumes renouvelés et dans lequel Mme Carvalho et le ténor Massy chan-
teront h's princip.iux rôles; mercredi i, le Freijschiilz et vendredi C,
Roméo et Juliette. — M. Deloff're dirigera l'orchestre à la .salle Ventadour^
sans que cela modifie en rien .son titre et ses fonctions de premier chef
d'o.chestre du théâtre Lyrique; il sera suppléé au pupitre directorial du
chef-liui de son administration par M. Mangin, second chef .f orche.stre.
M. Adolphe Blanc se retire. — Enfin, comme détail complémentaire de
cette organisation, le prix des places pour le théâtre Lyrique sera main-
tenu pour les représentations données à la salle de^ Italiens, mais sen-
siblement diminué pour toutes celles qui auront lieu place du Châtelet.
,*,j La seule pièce en répétition en ce moment au théâtre Lyrique et
dont on s'occupe avec activité est l'opéra de M. Jules Béer, Elisabeth de
Hongrie, qui sera donné certainement vers la fin du mois de mars, et
selon toutes apparences au théâtre Ventadour. On sait que c'est
Mlle Schroeder qui y créera le principal rôle.
,■*» Il paraît certain que Mme Galli-Marié, à l'expiration de son enga-
gement au l""' avril, quitterait définitivement le théâtre de l'Opéra-Co-
mique pour entrer au théâtre Lyrique.
*■** C'est jeudi ou samedi prochain que le t!iéâtre des Variétés re-
prendra la Grande-Duchesse.
*** Le délai des concours d'opéra et d'opéra-comique, ouverts par dé-
cision ministérielle, touchant à son terme, nous croyons devoir rappeler
aux intéressés que les manuscrits ne seront plus reçus passé le 13 mars
prochain. Le nombre des compo,iteurs concurrents est, dit-on, de cent
soixante-quinze environ, inscrits pour le Florentin, livret de M. de Saint-
Georges, conçu et disposé habilement comme situations musicales.
■jf*ii. Dans une de ses dernières séances, le conseil municipal de la
ville de Lille a volé, pour les sept mois de la campagne théâtrale de
cette année, le maintien d'une subvention de 36,000 francs, » afin d'as-
surer la représentation du grand opéra avec ballet, de l'opéra-eomique,
du drame, de la comédie et du vaudeville. »
^*^ Nous mentiotmions dimanche le succès de Robinson Crusoé au
théâtre de Lyon; notre correspondant nous mande que l'exécution de
l'opéra d'Offenbach n'a rien laissé à désirer. L'orchestre, dirigé par
M. Luigini, enlève l'ouverture et détaille finement les spirituelles nuances
de la partition. M. Peschard (Robinson) marque son rôle au coin du bon
goût et de l'intelligence qui caractérisent ton talent. Barbot (Tobyj est
un type réussi d'indécision, de poltronnerie, de niaiserie boulFonnes.
M. Féret est magnitique de drôlerie et de naturel dans Jim-Cocks; son
rondeau du Pot-au-feu a produit un grand effet et a été bissé. Grâce au
personnage sympathique de Vendredi, Mme Cortez a remporté un succès
imprévu qui donne la mesure des précieuses ressources de son jeune et
souple talent. Au point de vue vocal, il n'y a rien à reprendre chez
Mlle Mézeray (Edwige) : ce rôle a été tenu par elle avec une grâce touchante
et un sentiment exquis. Mlle Douau (Suzanne) est ravissante d'entrain et
de mutinerie. Tous les artistes ont été rappelés à la chute du rideau, et
le succès de ce début promet à l'œuvre nouvelle d'Off'enbach une série
de fructueuses représentations à Lyon .
^\ On nous écrit de Bruxelles, le 18 février : « Le théâtre de la Mon-
naie a donné hier la première représentation de Robinson Crusoé. — La
salle était comble et le public a fait le meilleur accueil à l'œuvre nou-
velle d'Off'enbach. La gigue si bien rhythmée et si originale du premier
acte a été bissée ; on a beaucoup applaudi également la symphonie du
premier entr'acte. très-bien exécutée par l'orchestre; le duo du deuxième
a te mire Robinson et Vendredi, la chanson du Pot-au-feu; au troisième,
le chœur énei'gique des matelots révoltés, la berceuse et les couplets de
Suzanne : C'est un brun. Jourdan chantait le rôle de Robinson; Barbot
celui de Toby; Etienne, Jim-Cocks; Mlle Nau, Edwige; Mlle Daniele, Ven-
dredi; Mme Dumestre, Suzanne; et ils y ont été chaleureusement applau-
dis. M. Letellier n'a rien épargné pour monter luxueu-sement l'ouvrage,
et la deuxième représentation, donnée au bénéfice de M. Edouard Letel-
lier, a pleinement confirmé l'heureuse issue de la première.
j*,^ Il se confirme que les conditions d'existence de l'Opéra italien, à
Londres, vont être singulièrement modifiées. Un journal financier anglais
annonce la formation d'une société anonyme au capital de 300,000 livres
sterling, pour acheter le théâtre de Covent Garden; on renoncerait à re-
construire Her Majesty's Théâtre, et M. Mapleson serait à la tête de la
nouvelle exploitation, qui n'aurait plus de rivalité à redouter, M. Gye
se retirant définitivement, ainsi que son chef d'orchestre, M. Costa.
M. Mapleson devrait s'engager à produire les mêmes artistes qui
figuraient au programme de son théâtre pendant la dernière saison. Il
recevrait, à titre de prime, 10,000 livres sterling. Nous saurons sans doute
avant peu ce qui résultera de tous ces préliminaires.
62
REVUE ET GAZETTE MUSICALE
^*t Ix' thùAtre fraiirais de Constiinliiiop'e s'apprêlc à joiior i)mdiainc-
nietit la Crmide-Durhesse.
^** Le bal masqué d'hier soir à l'Opéra, — dernier samedi du car-
naval, — a eu sa foule et son entrain habituels. — Mardi prochain,
dernier bal de la saison.
NOUVELLES DIVERSES.
**t Dimanche dernier, à 1 issue de la messe des Tuileries, l'Emper'.'ur
et l'Impératrice ont daigné féliciter .\I. Auber sur le succès de son rlcr-
nier opéra.
,^% Par arrêté ministériel en date du 19 février, S. Kxc. le mini-Ire
de la maison de ThnipiTour et ries beaux arts a nommé M. Cliarles Co-
lin professeur de hautbois au Conservatoire impérial de musique, eu
remplacement de M. Barthélémy décédé. Prix de Home, hautbois solo
depuis longtemps au théâtre Lyrique , personne n'était plus digne que
M. Colin d'occuper le poste qui vient de lui Cire confié.
,it*i M. de Sartiges, ambassadeur de France à Rome, vient d'acheter
et de faire restaurer un clavecin orné de peintures et de sculptures des
plus remarquables, et qui a appartenu à la nièce du pape Innocent X.
On prête à M. de Sartiges la bonne intention d'en faire don au Musée
des instruments du Conservatoire de Paris.
^*4. M. Bagier vient de recevoir de S. M. Victor-Kmmanuel le brevet
de chevalier de l'Ordre des SS. Maurice et Lazare.
n,*^ Un nouveau volume de lettres de Beethoven vient d'être publié
par M. Ludwig NohI, à Stuttgard. On siî souvient qu'il y a deux ans nous
avons donné quelques extraits du premier volume, dû également aux
travaux consciencieux de M. Nohl. 11 contenait 399 lettres; le second en
renferme 3'22, dont un certain nombre ont un grand intérêt biograplii-
que et artistique.
^,*^ Nous avons déjà parlé sommairement, — en attendant que nous
le fassions avec plus de détails, — des belles études pour piano publiées
l'an dernier par le professeur W. Kruger. 11 vient de recevoir, au sujet de
ce travail, de M. Aug. Dupont, professeur au Conservatoire de Bruxelles
et l'un des pianistes les plus distingués de la Belgique, une lettre qui le
félicite cha)eureusement du mérite exceptionnel de ces études, dans les-
quelles il voit « l'œuvre d'un grand pianiste et surtout l'œuvre d'un
poète, • et auxquelles il prédit le plus grand succès.
/t Nous avons eu plusieurs fois déjà l'occasion de faire l'éloge des com-
positions d'Ernest Stœger. Trois de ces charmants poèmes. Impromptu-
scherzo, Prélude et Novellette, qui ont toujours obtenu le plus flatteur
succès aux concerts et aux soirées où l'auteur les a fait entendre, vien-
nent d'être publiés. Nous reviendrons sur ces morceaux, qui accusent un
talent des plus sérieux et des plus sympathiques.
,*. La jeune pianiste Mlle Elisa Bertucat vient de faire paraître deux
charmants morceaux d insants : la Gracieuse, polka-mazurka, et les Echos
du Rhin, valse. Nous croyons ne pas nous tromper en prédisant un grand
succès à ces deux nouvelles compositions dignes de figurer à côté de
celles de Strauss et de Lanner. La valse les Echos du Rhin obtiendra cer-
tainement, par son originalité et sa distinction, ses entrées dans les plus
élégants salons de Paris.
^*^, Parmi les dernières nouvautés pour le piano, nous remarquons deux
ravissantes productions nouvelles de Félix Godefroid : les Muletiers de Cas-
tille, boléro, et les Plus beaux yeux, méditation sur la célèbre romance :
« Un rayon de tes yeux », de Stigelli. Nous devons, sans hésiter, classer
ces deux morceaux parmi les mieux réussis du célèbre auteur.
^*^ M Jacques Verreyt, administrateur et président du Conseil d'ad-
ministration de la Société anonyme des grandes orgues (élablissemenls
Merklin et SchiJtze), vient d'être promu au grade d'officier de l'ordre de
Léopold de Belgique.
:f** M. José Amat, compositeur distingué , est en ce moment à Paris,
chargé par le gouvernement brésilien de former une troupe italienne
destinée à desservir les théâtres de ce p.iys.
,t** Un journal de Leipzig, la Chronique des Théâtres, met en vente, au
prix de 150 thalers, une lettre authentique de Mozart, datée du 2 avril
1789.
^,*,p Les armateurs du magnifique steamer Ericson, de New-York,
viennent de le débaptiser pour lui donner le nom, illustre aujourd'hui
dans les deux mondes, de la Grande-Duchesse.
^*» La ville de Catane se propose d'ériger un monument à la mémoire
de Bellini, l'un de ses plus glorieux enfants.
*** Le comité de l'Association des artistes musiciens vient deprocéder
à l'élection de deux de ses vice-présidenls. Ont été élus: M. Deloffre, pre-
mier chef d'orchestre du théâtre Lyiique-Impérial, et M. Couder chef
d'orchestre du théâtre du Gymnase, en i emplacement de MM. G. Kastner
et Ch. Triebert, décédés.
^*^: Un éditeur qui occupait un place distinguée dans la librairie, M.
Casimir Gide, vient do mourir. 11 s'était beaucoup occupé de musique.
Kniré au Conservatoire en 1817 dans la classe d'harmonie de Dourlen,
élève de Chcrubini et condisciple de F. Tla'cvy, il a composé la musique
de plusieurs œuvres lyriques et chorégraphiques, au nombre desquelles
on doit citer les Trois Marie, drame de Duport; la Tentation, grand bal-
let en collaboration avec Halévy; VAngelus , opéra -comi([ue; Uza'i, b:illet
en trois actes, etc. Depuis longtemps M. Gide ne s'occupait plus que du
commerce de librairie.
^*, M. David, artisie de l'Opéra, vient de perdre son père.
^*:^, Adoifo Zabalza, professeur de piano au Conservatoire de Madrid,
vient de mourir dans cette ville, à un âge peu avancé.
DÉPARTEMENTS
i** ycrsaillcs. — Le Prophète en est à sa 5" représentation et la direc-
tion n'a pas à regretter de l'avoir monté avec tant de soin. Le public
y vient nombreux applaudir M. Taillofer (Jean de Leyd',), Mlle Pradal,
(Berllia), Mme Brus-Mahy, très dramalique dans Fidèi.
■J,y.^, Rouen. — La direction du Théâtre- des-Arts vient d'avoir, une
fois de plus, la preuve, par le succès de l'Africaine, que l'on gagne tou-
jours à monter des ouvrages d'un mérite réel, universellement sanction-
né, et à le faire avec soin et inlelligence. Ce succè.s, de tous points com-
parable à <'ehii que Ipberl, les Huyiienotà et le Prophète remportèrent
dans le temps à Rouen , est dû autant aux beautés saisissantes de la
partition du maître qu'à son exécution. Nous ajouterons seulement
queliiues détails à la dépêche succinle de M. Méreaux, publiée dans le
lirnier numéro de celte Revue. M. Lrdérac accentue, avec une chaleur
communicative de chant et de jeu, la sauvage et farouche énergie de
Nelu.sko. M. Casabon a rie beaux moments; dans le rôle de Vasco. Im-
posante sous les traits et le costume de la reine indienne, digne et
passionnée tout à la fois, Mlle Olivier chante fort bien la berceuse du
second acte, l'air du quatrième et sa poignante terminaison. MM. Bon-
nesseur (Don Diego), Berlon, Larose, Pousset, Mme de Messemaker
contribuent à tbrmer un excellent en.semble; ces artistes ont parfaitement
saisi le caiactère de leurs fonctions scéniques respectives. Les choeurs en-
lèvent avec une sûreté d'attaque et un enchaînement de nuances dignes
d'une mention toute spéciale l'anathème des évêques, le chant des ma-
telots et celui des sauvages. L'orchestre, conduit par M. Placet, ne mé-
rite que de légitimes louanges. Les décors ont été artistiquement brossés
par MM. Simon et Jusseaume. Entln, ce sera .selon toutes apparences,
à ret'e complète réussite du chef-d'œuvre do Meyerbeer que notre théâtre
d'opéra devra son salut.
^*^ Nîmes. — L'Étoile du .Word vient d'être donnée avec un grand
succès. Le bel opéra de Meyerbeer a été en général bien interprété.
Mme Bessin-Pouilley y montre une merveilleuse facilité dans les voca-
lises périlleuses de son rôle, et M. Pouilley a très-bien conçu et très-bien
rendu celui de Petors.— La semaine dernière, dans une représentation de
Guillaume Tell, notre ténor Cazeaux s'est surpassé. Il gagne chaque jour
dans l'e.sprit de notre public, et sa place est marquée sur des scènes
plus élevées que la nôlre.
ÉTRANGER
,^*^ Bruxelles. — Comme les concerts précédenls du Conservatoire,
celui qui a été donné dimanche dernier, 16 février, a excité des transports
d'admiration dans l'auditoire, par le choix des ouvrages ainsi que par la
perfection de l'exécution . Le programme était composé de la symphonie
militaire de Haydn, d'un madrigal à cinq voix, sans accompagnement,
d'Orlando Lasso, du septième concerto de Mozart pour piano et orchestre,
de l'adagio et du scherzo de la 9= symphonie de Beethoven, d'une fan-
taisie de Mme Farrenc pour piano et orchestre, et du magnifique finale
de l'oratorio de Frédéric Schneider, le Jugement dernier. Dans la sym-
phonie de Haydn, l'orchestre a fait admirer tour à tour la puissante so-
norité dans laquelle il n'a point de rival, la délicatesse et l'élégance que
réclament les œuvres du créateur de ce genre de musique. Dans l'adagio
de la 9" symphonie, il a atteint le plus haut degré d'expression poétique,
et dans le scherzo il a été d'une verve entraînante. Le talent de Mlle
Mongin, justement apprécié à Paris, ce talent pur, correct et toujours
approprié au caractère de la musique, était celui qui convenait pour la
belle inspiration du 7" concerto de Mozart. Elle en a dit toutes les par-
ties avec une délicatesse exquise. La fantaisie de Mme Farrenc lui a
fourni ensuite l'occasion de faire valoir le brillant de son exécution.
Rappelée après le concerto de Mozart, Mlle Mongin a reçu, dans des
chaleureux applaudissements, les témoignages de satisfaction de l'assem-
blée. Le Jugement dernier, de Schneider, jouit d'une grande célébrité en
Allemagne; les chœurs et l'orchestre ont rendu avec énergie et précision
les larges proportions de son finale.
»*i Londres. — Une pétition couverte d'un grand nombre de signa-
tures, et demandant l'établissement d'une école de musique nationale.
DE PARIS
patronnée p^T le gouvernement, en connexion avec un Opéra nalional, a
été remise à une commission royale qui doit la présenter dans le cou-
rant de la saison à la Chambre des communes. Joacliim a repris posses-
sion de son pupitre-chef aux Mondaij Poimlar concerts. Mme Shumann
a remporté, au concert du 3 février, un grand succès avec Piatti.
t*^ Berlin. — Le directeur des musiiiues militaires, M. Wieprecht, a
organii-é dans la belle et vaste salie de la nouvelle Bourse, un grand
concert au profit des habitiints nécessiteux de la Prusse oi'ientale. Toute
la cour y assistait. Wachtel et Mme Blumc-Santer ont dit avec élan la
Barussia de Spontini; la basse Kricke a été couverte d'applaudissements
après l'air : /sis und Osiris , de la Flûte enchantée. Les Fatiius (Die
Fabier), opéra en cinq actes de Langert, vient d'être donné avec un
très-grand succès à l'Opéra i-oyal. Nous reviendrons sur cette représen-
tation et sur l'ouvrage, auquel la critique est unanime à attribuer une
grande valeur.
-*,p Leipzitj. — Après la soirée de gala pai- laquelle on a fêlé l'ouver-
ture du nouvel Opéra, la première représentation a eu lieu avec Fidelio,
dont rinterprétîitinn, confiée à MM. Gross et Redling, et à Mlle Lœwe,
a été de tous points digne du maître. — Mlle Orgéni a débuté dans Lucie et
la Somnambule. Tout en lui reconnaissant un grand talent de vocalisa-
tion et une voix agréable, on a trouvé qu'elle manquait de sentiment
dramatique. — MJI Rontgen et Ferd. David, deux violonistes de la
grande école, se sont fait applaudir au seizième concert du Gewand-
haus, dans une symphonie concertante de Mozart, pour violon et
alto. Au dix-septième , Franz Lachner a eu un immense succès en
dirigeant lui même l'exécution de sa quatrième suite d'orchestre (en
mi bémol). — Au dernier concert de la salle d'Euterpe, on vient
d'exécuter, avec le concours des célèbres chœurs de Saint-Thomas, un
Te Deum laudamus, composé par M. d'Adelburg, à l'occasion de la fête
du couronnement de l'infortuné empereur Maximilien, et qui a valu à
son auteur l'ordre de Guadaloupe ; c'est un véritable chef-d'œuvre de
mu.>-ique religieuse, et qui a produit une vive impression sur le public
si diflicile de Leipzig. Les autres compositions du même auteur, qui ont
obtenu également un grand succès, s-ont intitulées Symphonie-Ouverture
de Wallenstein (d'api es le sujet de Schiller) et l'ouverture de l'Opéra hon-
grois i< Zringè » (d'après le sujet de Kœrner).
,5,*^ Barcelone. — Il Pellegrinaggio di Plocrmel a ijlé représenté le 11 fé-
vrier au théâtre du Liceo avec un succès splendide. Des applaudissements
frénétiques ont salué tous les morceaux de la partition; Mlle Vitali, qui
s'est élevée aune grande hauteur dans le rôle de Dinorah, en a prissa
bonne part. Elle a du répéter l'air de l'Ombre, qu'elle dit avec un
charme infini. On a bissé également au ténor Nègre son air du Mois-
sonneur. Stagne a droit à tous les éloges, et Petit est un excellent Hoël.
L'ensemble ne laisse rien à délirer; l'orchestre et les chœurs, sous la
direction de Muzio, ont été irréprochables, et la mise en scène est
vraiment superbe.
^*i^ Home. — Don Carlos, après de nombreuses vicissitudes, a enfin
vu le feu de la rampe. Un public nombreux remplissait le théâtre
Apollo ; il n'a pas trouvé le Verdi du Trovatore et de Rigoletlo et il est
resté fro'd. La plupart des morceaux ont été accueillis par un silence
glacial. L'exécution, confiée à Sterbini, Brémond, Mmes Stolz et Yaneri,
a cependant été aussi bonne que possible.
t*,j. F/orence. — Aune soirée donnée par le président du conseil, le géné-
ral Menabrea, on a beaucoup fêté une jeune cantatrice, Linda Caracciolo,
qui doit aux conseils de H. Panofka un talent destiné certainement à
faire sensation dans le monde musical. — La Societa del Quartetto ouvre
une seconde série de six concerts-conférences. Le premier aura lieu le
l'' mars. Il sera consacré aux illustres compositeurs de quatuors Haydn
et Boccherini. M. le chevalier J.-L. Casamorata, président de notre Ins-
titut, y prendra la parole. — Les professeurs Gamucci et Biaggi, le mar-
quis d'Arcaïs, le docteur Filippi, de Milan, se .••ont chargés des confé-
rences du 2", 3% i" et 5', qui traiteront de Beethoven, Mcndel sohn et
Schumann.
^*^ Varsovie. — Après une magnifique représentation d'adieu à Berlin, où
la reine a tenu à la féliciter publiquement, Mlle Artot vient de faire ici une
brillante rentrée dans Otello. Malheureusement Moscou la réclame et elle
ne nous restera que quelques semaines ; le public .semble avoir hâte de
mettre à profit ce trop court séjour, et son empressement se traduit par
des ovations plus nombreuses et plus chaleureuses que jamais adressées
à l'éminente artiste. — 11 se pourrait qu'avant de partir pour Moscou,
Mlle Artot allât encore donner quelques représentations à Berlin.
,1,*^ Saint-Pélersbourg. — Au théâtre Marie, la Vie pour le Tsar, de
Glinka (29.3» représentation), t^t la Muelle (Fenella), pour les débuts du
ténor Andréef, ont attiré ces jours derniers une foule immense. Aiidréef
a eu un très-grand succès. — Mmes Lucca et Grantzolï ont été
l'objet des ovations, des démonstrations enthousiastes que nous ai-
mons à prodiguer aux grands artistes : on leur a jeté le premier
soir des couronnes et des bouquets sans nombre; on leur a fait de
riches cadeaux, où de flatteuses inscriptions rappellent leurs succès. —
En outre, leurs admirateurs les ont suivies en masse jusqu'à leur de-
meure à l'issue du spectacle, et au moment où elles montaient sur le
perron, leurs paisibles voisins ont été réveillés par une brillante fanfare
de la musique de la garde à cheval ; des transparents à leurs initiales
étaient placés partout, et une superbe illumination avait été improvisée
sur l'escalier.— C'i-st le rôle du page des Noces de Figaro que Mme Lucca
a choisi pour son bénéfice : la rentrée de Mlle Grantzofï a eu lieu dans
le Corsaire. — Dans Un Concert à la cuur, Mme Volpini a été chaleureu-
sement complimentée par S. M. l'Impératrice, qui lui a exprimé l'espoir
que Saint-Pétersbourg la conserverait longtemps encore. — Berlioz a
dirigé le neuvième concert de l'.^^ssociation musicale rus.se, dans lequel
on a applaudi le violoniste Wilhelmj et le pianiste Dœrfeldt. Le dixième
et dernier concert sera sans doute composé en grande partie d'œuvres
de l'illustre compositeur. — Les derniers succès de Mario ont décidé la
direction à l'engager pour la saison prochaine.
CONCERTS ET AUDITIONS MUSICALES ANNONCES.
Salle Herz, aujourd'hui dimanche 23 février: matinée musicale de Mlle
Rachel Van Lier.
Salons Erard, lundi 2i février: concert de Mlle Constance Skiwa, avec
le concours de MM. Birkioger, Ries et E. Norblin.
Salle Herz, jeudi 27 février à 8 heures 1/2: concert à grand orebestre,
sous la direction de M. A. de Groot, donné par Frédéric Guzman,
pianiste et compositeur chilien, avec le concours de Mme .Monbelli,
Mme Guzman et M. Lutz. On y entendra : première partie, musique
classique : 1° ouverture de la Flûte enchantée de Mozart;— 2° air de
Fernand Corlès de Spontini (pour baryton) , chanté par M. Frédéric
Lutz; — 3° grand concerto, pour le piano, avec accompagnement
d'orchestre (op. 37), de Beethoven, exécuté par M. F. Guznnn ; —
i° air des .Voccs de Figaro (pour soprano), de Mozart, chanté par
Mme Monbelli ; — 5° duo concertant, pour deux pianos, sur la mar-
che de Préciosa, de Weber, avec orchestre, de Mendelssohn et Mos-
chelès, exécuté par M. et Mme Guzman. — Deuxième partie, mu-
sique moderne : 1° Souvenir nocturne, Mazurke pour piano, de F.
Guzman, exécuté par l'auteur; — 2' air du Valet de chambre
(pour baryton), de Carafa, chanté par M. F. Lutz; — 3° Dites oui;
les Veux cré. les, danses de Cuba, pour piano à quatre mains, de
Gottschalk, exécutées par M. et Mme Guzman; — 4" air du Barbier
de Séville (pour soprano), de Rossini, chanté par Mme Monbelli; —
5° Victoire, marche triomphale, pour deux pianos concertants, de F.
Guzman, exécutée par l'auteur et Mme Guzman.
le Directeur: S. DL'FOUB.
Nouvelles publications de JULES HEINZ, rue de Rivoli, ^46.
PIANO
Félix Crodefroid. Op. 443. Les Muletiers de Castille,
boléro 6 »
— Op. 146, Les plus beaux yeux , méditation sur Un
Rayon de tes yeux 6 »
Koennemann. Trois polkas nouvelles : 1. Souvenir de la
Malraaison. — 2. Le pont de Bouglval. — 3. Bo-
hême-Polka, chaque 4 50
Chez G. HARTMANN, 19, boulevard de la Madeleine.
PIANO
Delioiix (Ch.). — Valse expressive 6
Defouruaux ( A. ). — Fleurs et Diamants, valse de
salon 6
CHANT
Pinsuti. — Il ciel siellato, duettino 6
Lied populaire de la Thuringe (la Reine du Berger), poésie
d'Adolphe Larmande 3
64
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Maison COLOMBIER, 6,
NOUVELLES P
Pour le piano
J.-L. Battmann. Op. 27S. Les Porcherons, petite fantaisie 5 »
A. Croisez. Op. 146. Notre-Dame-des- Anges, prière de
jeunes filles S »
— Op. 147. Les Faux Mûnnayeurs, caprice S »
J. Leybach. Op. 107. La Cenerentola, fantaisie brillante. 8 »
— Op. 108. Tristesse, élégie 7 50
A. Le Carpentier. Airs et Rondes populaires , arrangés
à quatre mains, en 3 livres, chaque 6 »
L. Schiffmacher. Op. 1"2. Mon pays, iranscription variée 7 50
Danse
Gaston de Lille. En avant I polka 5 »
- — 5z«rr /te, polka-mazurka , 5 »
— Sons la Feuillée, valse 6 »
Ad. Lacout. Le Petit Mignon, quadrille très-facile 4 30
— Baby, polka très-facile 2 50
Strauss. Le Dernier des Romains, quadrille 4 50
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Eugène MONIOT.
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D. Balleyguier. Ucuce chansmi 3 »
G. Douay. C'est plus fort que moi, chansonnette 3 »
— Un Bourgeois pour tout faire, chansonnette 3 »
J. Javelot. Mon Oscar, chansonnette 3 »
P. Blaquières et J. Moinaux. Gratteloup au camp de
Châlons. eiplicalion du fusil C/tas?epo/, chansonnette. 3 »
Duos pour ténor et baryton
Léo Dalibes. Le Marchand d'Oublis 6 »
Ch. Lecocq. Les Tonneliers 4 »
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Pour Chant et Piano,
in-8°, net : 15 fr,
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MORCEAUX DIVERS :
CBÀMER. — Deux bouquets de mélodies pour le pianu, ch.
E. KETTEBER. — Fantaisie brillante pour le piano
LECARPENTIIR — Deux bagatelles pour le piano, chaque
ROSELLEN. Fantaisie de salo:) pour le piano
RDOISEL. — Fantaisie élégante pour le piano
Id. Duo facile à quatre mains
À. HERMÀN — Divertissement pour piano et violon
SELIGBUlVN. — Bluette de salon pour violoncelle et piano. .
Les Airs arrangés pour un et pour
Parties d'orchestre de l'ouverture et entr'acte.
9
9
5
7
6
7
9 .)
7 50
50
DANSE
ANGEMEÎ^TS :
MUSIQUE DE
ARBÂN. — Quadrille pour le piano
Le même, à quatre mains
STRAUSS. — Grande valse pour le piano et à quatre mains
Id. Grand quadrille des bals dé l'Opéra
HÂBX. — Deuxième quadrille pour le piano
LEON roques.— Polka brillante pour piano et à 4 mains .
STRAUSS. — Polka-Mazurka pour le piano et à 4 mains..
El VALIQUET. vendredi, quadrille enfantin pour le piano.
deux Violons, pour une et pour deux Flûtes.
4 50
4 50
6 »
4 50
4 50
50
Les Parties d'orchestre complètes.
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DNIVEnSELLE DE LONDRES 1851.
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lUPBlHEBIE CENTBALE DES CUEHINS DE FED
ÎBEBGEBE. 30, A PABK.
BUREAUX A PARIS •• BOULEVARD DES ITALIENS, 1.
5S' Année.
ON S'ABONNE :
Dans les Déportements Rt â l'Étronger,
chez tous les ilorchonds de Musique, Us lAbraiH
et aux I^ureaux des Messageries et des Postes.
W 9.
REVUE
l«^ Mars 1868.
PRIX DE L'ABONNEMENT:
Paris. -1 r. par an
Dipartcmcnls, B(;Igiquo et Suisse... .'«j t it
l'itriiDger 3i ■) id.
te Journal parait le Dimaoche.
GAZETTE MUSICALE
DE PARIS
SOMMAIRE. — Histoire de la musique instrumentale (7' article), par Haa-
rlce Cristal. — Les droits des auteurs (deuxième partie, 7« article), par
Thomas Sauvage. — Un inconnu, par Arthur Poug^in. — Ministère
de la maison de l'Empereur et des beaux-arts, direction générale des théâtres.
— Entre-filets. — Concerts et auditions musicales de la semaine. — Nouvelles
des théâtres lyriques. — Nouvelles diverses. — Concerts et auditions musicales
annoncés. — Annonces.
mSTOIBE DE U nnSIQUE INSTRUMENTALE
(7« article) (1).
Depuis plus de soixante ans que la musique de chambre de l'é-
cole allemande s'est emparée de l'admiration de la France et de l'Eu-
rope, on semble avoir oublié que l'Italie n'a point été seulement le
berceau de l'art de chanter et de la musique vocale, mais encore
celui de compositeurs d'un mérite incontestable. Les compositions
instrumentales d'Haydn, de Mozart, de Beethoven et d'autres
maîtres moins connus sont devenues familières aux artistes que
sollicite plus particulièrement l'étude austère d'une musique vi-
goureuse et non frivole. On ne va point demander des composi-
tions sérieuses et fortes à l'Italie, qui pourtant a donné le jour aux
plus grands violonistes du monde et aux plus éminentes concep-
tions qui aient été écrites pour le quatuor.
Boccherini est sans contredit, dans la musique de chambre,
l'un des compositeurs les plus éminents qu'ait produits l'Italie.
Mais les seuls amateurs, les seuls dilettantes connaissent les
chefs-d'œuvre de ce maître , ses quatuors majestueux, ses quin-
tettes exquis, tout cet œuvre irréprochable qui est à la musique
instrumentale ce que les partitions de Cimarosa sont à la musique
vocale. Boccherini n'est point populaire ; il a subi le sort de tant
d'hommes supérieurs; ses compositions si pures, si délicates, qui
se distinguent par la simplicité des moyens, par l'abondance et la
grâce des idées mélodiques, ont été délaissées pour des concep-
tions plus intriguées, plus énergiques, plus scientifiques, si l'on
veut, et qui appartiennent à une époque pUis récente de l'art.
Luigi Boccherini naquit à Lucques le 14 janvier 1740. Son
(1) Voir les n™ 38, iO, i2, 44, 46 de l'année 1867, et n» 3.
père, habile contre-bassiste, lui donna les premières leçons de
musique et de violoncelle; mais il ne tarda pas à être remplacé
dans ce soin parle maître de chapelle de l'archevêché, qui voulut
cultiver lui-même les heureuses dispositions du jeune Boccherini
et qui le fit admettre au nombre des élèves du séminaire de Luc-
ques. Un goût invinci'ole poussait le jeune artiste à l'étude du
violoncelle. Il s'y livra sans réserve et ses progrès furent très-
rapides. C'est au penchant que Boccherini garda toujours pour
cet instrument et à l'habileté qu'il y avait acquise qu'il faut attri-
buer le rôle qu'il lui donne dans ses quhitettes et les difficultés.
qu'il a introduites dans sa partie, malgré le désavantage qui en
devait résulter pour la popularité de ses compositions.
Musicien perspicace, le père de Boccherini entrevit bientôt tout le
parti que des professeurs éclairés tireraient des dispositions heu-
reuses de son fils, et il décida qu'il l'enverrait à Rome pour qu'il
pût s'y perfectionner dans le mécanisme de son instrument, et
aussi pour apprendre la composition. Le jeune élève, chez qui la
nature s'était montrée infiniment libérale et qui était doué de
l'instinct mélodique le plus exquis, devança les leçons de ses nou-
veaux professeurs, et la pédagogie ne put gâter les dons précieux
de son génie.
Rome le fascina, et c'est sans doute à son séjour dans celte
ville qu'il fut redevable de la fraîcheur délicieuse et de l'adorable
sincérité de ses inspirations. On faisait à cette époque beaucoup de
musique dans les églises de Rome. Dans quelques-unes on mê-
lait les instruments aux voix, et les œuvres qu'on exécutait étaient
dans le style concerté; mais dans plusieurs autres, et particulière-
ment à la chapelle Sixtine, on entendait plus habituellement la
musique de l'ancien style, appelé osservalo, dans lequel Palestrina
a mis un charme, une douceur dont l'effet, à celte époque, était
encore augmenté par la réunion des plus belles voix et par une
exécution parfaite. Boccherini a souvent exprimé, en termes
pleins d'enthousiasme, le plaisir qu'il avait éprouvé à l'audition
de cette musique. Vers la fin de sa vie, il en parlait encore avec
une chaleur qui prouvait que l'impression de ses jeunes années
ne s'était aucunement affaiblie, et l'on peut remarquer que l'exta-
tique langueur qui a tant de charme dans la musique de Pales-
trina n'est pas sans analogie avec la poétique morbidesse qui
rend si suaves les compositions de Boccherini.
66
REVUE ET GAZETTE MUSICALE
A peine âgé de vin^ ans, Boccherini manifesta son génie par
des compositions qui excitèrent un enthousiasme général. Ces
œuvres sont encore aujourd'hui, après un siècle, un sujet d'admi-
ration pour les véritables amateurs. Ses études terminées, le jeune
maître, riche d'avenir et comblé des témoignages les plus flat-
teurs, revint dans sa patrie, souriant à la gloire, unique objet
d'une ambition fiévreuse et désintéressée.
A Lucques, Boccherini savoura pendant quelque^temps , au mi-
lieu de SCS compatriotes, l'ivresse du premier succès. Mais la soif
de la célébrité le tourmentait, et sa ville natale n'était point un
théâtre où pussent s'accomplir les destinées qu'il rêvait incessam-
ment. Il avait retrouvé, parmi ses compatriotes, Manfredi , élève
de NaiHlini et yioloniste de l'école de Tartini. Ils se lièrent de
l'amitié la plus étroite et se communiquèrent un mutuel désir de
voir ks principales villes de l'Europe, Confiants dans la fortune,
les deux artistes dirent adieu à leur pays et partirent pour l'Es-
pagne, qui de toutes les contrées de l'Europe était celle où
était réuni en ce moment le plus grand nombre de virtuoses
célèbres. Ils firent une première station à Turin, où leur talent
comme compositeurs et leur habileté comme instrumentistes exci-
tèrent la plus vive admiration.
Boccherini n'avait encore produit que ses premiers trios pour
violon et basse. Ces compositions étaient encore en manuscrit, et
les dilettantes considéraient comme une faveur précieuse la per-
mission d'en obtenir des copies. De Turin nos deux musiciens se
rendirent dans la Lombardie, puis dans le Piémont., et en'lin dans
le midi de la France. Partout leur talent excita la sympathie et
l'enthousiasme.
Après cette excursion, qui paraît s'être prolongée pendant plu-
sieurs années, les deux amis arrivèrent ;\ Paris vers 1768. L'édi-
teur de musique La Clievardièrc, qu'ils eurent occasion de con-
naître dès leur arrivée, les présenta au baron de Bagge, aussi
célèbre par ses prétentions comme violoniste que par la protection
qu'il accordait aux artistes. — Chez Bagge se réunissait tout ce que
Paris comptait de musiciens distingués : Gossec, Gavinies, Capron
et Duport l'aîné. Ce fut devant cet aréopage que parurent les deux
virtuoses lucquois.
Sortis avec honneur de cette première épreuve, ils ne tardèrent
pas à en aflronterune seconde plus périlleuse en débutant au Concert
spirituel. Ils avaient à combattre de puissants rivaux dont la ré-
putation dès longtemps affermie ne redoutait aucune concurrence.
Cherchant dans d'autres moyens leurs succès, ils s'attachèrent moins
à surprendre qu'à toucher leurs auditeurs et aies charmer. L'exquise
pureté des compositions de Boccherini, qu'ils avaient fait entendre
chez le baron de Bagge, leur avait procuré un succès qu'ils
n'auraient pas obtenu pai- leur seule virtuosité. Ils jouèrent dans
ce second concert les mêmes compositions, et l'assemblée ne se
montra pas moins prodigue d'enthousiasme et d'applaudissements.
Chacun se plut à reconnaître la fraîcheur de génie du nouveau
maître.
Cette manœuvre habile ne fut pas défavorable aux exécutants.
Leur triomphe fut complet et de tous côtés, à la cour comme
à la ville, à Paris, en province et à l'étranger, on sollicita
d'eux de nombreuses auditions. Les éditeurs se présentèrent
bientôt. Dès le lendemain du concert, Vernier, qui était leur com-
patriote, était venu les prier de regarder sa maison comme la leur
et s'était offert pour graver leurs ouvrages. Boccherini saisit avec
empressement l'occasion qui se présentait de révéler au monde
musical les trésors de son génie. Il dédia son premier œuvre de
quatuors à Vernier, qui le publia et il acquitta la dette de sa recon-
naissance envers La Chevardière, en lui dédiant aussi set» premiers
trios , qui parurent chez cet éditeur.
Bientôt recherché par les amateurs d'élite que charmaient s g
inspirations originales, Boccherini satisfit à leur empressement par
l'abondance de sa verve. Au nombre des productions de ce maître
appartenant à la même époque, il faut signaler les six sonates
pour clavecin et violon dédiées à Mme Brillon do Jouy, qui était
alors au premier rang des amateurs français.
Cette virtuose, que tant de qualités distinguaient, outre son goût
pour la musique, les lettres et les arts plastiques, vivait à Passy,
près de Paris, dans la seconde moitié du xviii" siècle. Burney,
qui l'entendit en 1770, en parle en ces termes dans son voyage
musical en France et en Italie : « Elle est, dit-il, une des meilleures
clavecinistes de l'Europe. Cette dame, non-seulement joue les
morceaux les plus difficiles avec beaucup de sentiment, de goût
et de précision, mais elle exécute à vue avec la plus grande faci-
lité. » Burney put s'en convaincre lui-même lorsqu'il l'entendit
déchiffrer plusieurs morceaux de sa musique qu'il lui avait pré-
sentés en manuscrit.
Mme Brillon composait aussi et Boccherini prisait beaucoup ses
ouvrages. Il exécuta souvent avec elle ses sonates sur le clavecin
ou le forte-piano et il faisait la partie de violon. C'est chez cette
dame qu'il rencontra pour la première fois André-Noël Pagin, vio-
loniste de l'époque dont l'école française s'honore tout particu-
lièrement. Cet artiste célèbre, né à Paris en 1721, si l'on en
croit Beffara qui déclare avoir vérifié l'année de sa naissance d'a-
près des actes authentiques, fit dans sa jeunesse un voyage en
Italie dans le dessein d'étudier le genre de Tartini, dont il reçut
des leçons. De retour à Paris, il se fît entendre aux Concerts spi-
rituels et y obtint de brillants succès; mais sa persistance à ne
jouir que la musique de son professeur parut aux musiciens fran-
çais une insulte pour leurs compatriotes; ils se liguèrent contre
lui, et, dans un conceit, le firent accabler d'applaudissements
ironiques avec accompagnement de bouquets poitant de petits
papiers où le nom du violoniste était accolé aux éloges les plus
outrés et aux adjectifs les plus moqueurs. Pagin, justement of-
fensé, prit la résolution de ne plus reparaître devant le public.
Il avait tort, car l'auditoire n'était pas responsable de ce chari-
vari peu honorable pour ceux qui l'avaient imaginé; mais on le
supplia vainement de ne point considérer comme une disgrâce du
public ce qui n'était qu'une preuve de la déraisonnable envie d'ar-
tistes peu généreux.
Le duc de Clermont, son protecteur , lui confia alors dans sa
maison un emploi honorable et largement rétribué. Pagin cessa
de faire de la musique sa profession, et ne se fit plus entendre
que daiis les salons, chez les dilettantes et chez ses amis. Burney
et Boccherini sont d'accord pour admirer la belle sonorité qu'il
tirait de l'instrument, son expression dans l'adagio et la légèreté
de son archet dans les traits brillants. Ainsi que plusieurs compo-
siteurs célèbres, Shobert et Boccherini et bien d'autres, Pagin a
dédié quelques-uns de ses ouvrages à Mme Brillon de Jouy.
Madbice cristal.
[La suite prochainement.)
LES DROITS DES AUTEURS.
{Deuxième partie.)
SOCIÉTÉS DES AUTEURS, COMPOSITEURS ET ÉDITEURS DE MUSIQUE.
(?<= article) (d).
Un connaît ce vieux conte d'un paysan, venu à l'Opéra, qui se
cramponnait à sa banquette au moment de ['ouverture, parce qu'on
(1) Voir les n" 33, iO, 41, 43 et 49 de l'année 1867, et n» 7.
DE PARIS.
67
lui avait dit que le premier coup d'archet Venléverait ! Ici ce ne
sont pas les spectateurs qui turent enlevés, non; mais aussitôt que
le chef d'orchestre eut donné l'impulsion à tous ses subordonnés,
en même temps que la symphonie éclatait avec toute sa puissance
dans un premier accord, ô prodige ! au milieu d'un immense
nuage de poudre, on vit s'élancer vers le lustre, avec la rapidité
et presque le bruit d'une compagnie de perdrix... un essaim de
PEnnuQUEs !
Ce dut être un spectacle curieux et imposant que celui de cette
volée de coiffures de toutes formes, de tout rang, de tout âge :
c'était le modeste Bonnet, la pimpante Brigadière, le léger Ca-
briolet, le menaçant Rhinocéros et le fier Oiseau royal; puis, le
Fer-à-cheval, la Grecque et le Cadorjan, récente importation britan-
nique. Toutes, selon leur volume et leur poids, se balançaient ou
légèrement ou majestueusement autour du lustre, qui, versant sur
elles des torrents de lumière et d'huile, augmentait encore l'effet
pittoresque et saisissant du tableau !
Un cri énorme, discordant, un cri à la fois dans tous les tons,
composé du cri particulier de chaque victime et de chaque spec-
tateur, s'éleva en même temps que les infortunées vers la voûte
de l'édifice ; tous les regards aussi les suivirent dans ce voyage
aérien, mais bientôt les yeux des témoins désintéressés s'abaissè-
rent pour chercher les têtes veuves de leur plus bel ornement, et
l'on découvrit alors que l'orchestre seul, mais tout entier, jusqu'à
M. Exaudet lui-même, se trouvait mis à nu. Alors, au cri de sur-
prise succédèrent des éclats de rire effrayants, inextinguibles, inhu-
mains, — oui, inhumains ! Ne voyez-vous pas ces pauvres musiciens
éperdus, haletants, la bouche béante, le cou tendu, les bras en
l'airV Tous ont le chef chauve ou à peu près; celui-ci avec une ca-
lotte de flanelle, celui-là avec un serre-tête de nankin; les yeux
levés avec amour, avec regret, ils semblent rappeler ce cher objet
qui, insoucieux de leur peine, les nargue en dansant devant eux à
trente pieds du sol !
Cependant, après cette première explosion d'hilarité, il fallut s'oc-
cuper de réparer le désordre, d'en rechercher et d'en punir l'au-
teur. M. Berger surtout insistait sur ce point, pour venger sa
dignité outragée.
•On commença par descendre le lustre chargé de ses glorieux
trophées, et l'on vit accourir autour de lui, avec un empressement
tendre et sentimental, les malheureux spoliés, avançant la main
vers l'ornement nouveau qui pendait en couronne, comme les
prix autour du mât de Cocagne; chacun veut saisir sa fugitive;
M. Exaudet, le premier, plus ardent, plus ému, peut-être plus
sensible... au froid, s'empare de sa Brigadière, — c'était xme, Bri-
gadière que portait M. Exaudet; — mais en voulant la réinstaller en
son lieu et place, il éprouva une résistance inaccoutumée, tout à
fait étrangère aux habitudes de sa docile compagne. On examina
les choses de plus près et l'on reconnut que des hameçons avaient
été habilement jetés sur les perruques; que les pen-uques avaient
mordu aux hameçons ou les hameçons aux perruques, de telle
façon qu'au moyen de crins imperceptibles qui attachaient lesdits
hameçons, d'un fil d'appel auquel se réunissaient les crins et qui
passait dans la poulie du lustre, on avait opéré l'enlèvement des
susdites perruques.
Pendant cette enquête tous les assistants s'étaient réunis dans le
parterre, autour du lustre, ce soleil du soir, alors entouré d'in-
nombrables comètes, à plus ou moins longues queues. Là chacun
exprimait son indignation ; car il fallait être indigné : M. le
directeur de l'Opéra l'était ! Parmi ceux qui, par gestes ou par
exclamations, témoignaient le plus vivement leur désapprobation,
on remarquait surtout Ma Mie Babichon : elle haussait les épaules,
levait les yeux, joignait les mains : — « Quelle infamie! manquer
» ainsi à M. le directeur, insulter M. Exaudet! Une personne étran-
» gère au théâtre seule a pu donner un pareil scandale : je ne
» voudrais en accuser aucun de mes camarades!.., »
Cette vertueuse colère frappa Favart : il regarda la bonne pièce
en souriant, et elle, souriant aussi sons cape, baissa les yeux : hélas !
ce sourire la perdit ! il fut intercepté au passage par l'œil scruta-
teur de M. Berger, et soudain tout le mystère lui fut dévoilé.
« — Vous ne pourriez en effet accuser aucun de vos camarades.
Mademoiselle, sans injustice et sans ajouter une nouvelle faute à
celle que vous avez commise! »-— dit l'administrateur avec autant
de sévérité qu'en auraient pu fournir ensemble les trois juges de
l'enfer : Minos, Eaque et Rhadamanthe, dont il avait dû étudier la
tenue dans ses opéras mythologiques.
A cette apostrophe Ma Mie Babichon resta muette.
Puis la lumière inondant M. Berger, il continua :
« —Oui, vous! car le fil conducteur de cette indécente machina-
tion répond à la troisième loge o\x vous étiez! »
Effectivement le fil était encore dans la loge.
L'accusation d'un fait aussi grave, aussi clairement prouvé,
n'admettait pas de réplique; il ne restait à la coupable qu'à cour-
ber la tête, à implorer la clémence de son juge; — il y comptait
lui-même, M. Berger, et peut-être se fût-il laissé fléchir... Mais,
au lieu des pleurs et des marques de repentir couvenables en
pareille situation, Ma Mie Babichon poussa un éclat de rire,
comme Nicole à la vue de M. Jourdain dans son grand costume;
un de ces éclats de rire qui dégénèrent en attaque de nerfs, qui
font qu'on se roule, ou qui arrachent à Arnal ce cri : — « Qui est-ce
qui donc rit comme ça là-haut ?» — Bref, on la crut folle, et M. Exau-
det, qui avait rajusté sa Brigadière, en eut pitié. Mais ce n'était
pas démence : c'était tout simplement le naturel qui trop longtemps
comprimé rompait la digue de l'hypocrisie et débordait en flots de
gaieté. On le reconnut bitintôt, lorsque l'effrontée, un peu calmée,
adressa au directeur de l'Opéra ce singulier discours, souvent in-
terrompu par les bouffées d'une envie de rire qui l'étoutt'ait :
» — Monsieur, hélas ! ah! ah! ah! pardonnez-moi, je vous en
prie... Hi! hi! hi;..Ce n'est pas ma faute, en vérité... Eh! eh! eh!
je n'ai pas été maîtresse de ma volonté... c'est un effet de l'anti-
pathie que j'ai contre les perruques!... Elle est si forte, monsieur
le directeur, qu'au moment où je vous parle, et malgré le respect
que je vous dois, je ne puis m'empêcher de me jeter sur la
vôtre!... »
Et joignant l'action à la parole, Babichon porta une main sacri-
lège sur l'édifice chevelu qui couronnait M. Berger, saisit ce chef-
d'œuvre, le lança sur le théâtre et s'enfuit!..
Cette fois, on ne rit pas : on pâlit!
Qu'allait-il en effet résulter d'un pareil attentat? Chacun atten-
dait, en silence, l'explosion de la colère du Jupiter de coulisses...
Rien n'éclata!
Il était là, immobile et blême ; une sueur froide inondait son
front dénudé, tout à l'heure orné d'un crêpé artistement élevé, oïl
maintenant apparaissaient quelques cheveux rares et rouges et deux
loupes ! végétation occipitale dont l'exhibition publique plongeait
en ce moment dans la stupeur M. Berger, homme à bonnes for-
tunes et à prétentions. Il fut tiré de cet état d'atonie par Damour,
le concierge, qui se présenta respectueusement devant lui, portant
sur son poing la perruque si maltraitée, et dont il essayait de ra-
mener les boucles égarées.
M. Berger la saisit avec un mouvement convulsif, la posa rapi-
dement sur la tête et, sans dire un mot, courut s'enfoncer dans sa
voiture .
Il ne remit plus depuis le pied à l'Opéra-Comique, dont il aban-
donna la direction, et qu'il fit supprimer quelques mois après.
M. Exaudet, qui avait partagé l'infortune de son supérieur, entra
à l'Opéra comme premier violon. Mme Favart, Clairval et Laruette
68
REVUE ET GAZETTE MUSICALE
furent engagés dans la troupe que Favart conduisit au camp du
maréchal de Saxe, et Ma Mie Babichon, qui, par lettre de cachet,
avait reçu défense de paraître sur aucun théâtre, se réfugia dans
les petits appartements du magnifique hôtel que M. d'Augny (1),
le fermier général, venait de faire bâtir à la Grange-Batelière.
Thomas SAUVAGE.
[La suite prochainement.)
m mconNu.
Le Journal d'Indre-et-Loire a pubUé récemment la lettre sui-
vante, adressée par M. le conservateur de la Bibliothèque de
Tours au maire de la ville:
« Monsieur le Maire,
» J'ai l'honneur de vous offrir, pour la Bibliothèque publique,
un manuscrit que j'ai eu la bonne fortune de sauver de la des-
truction. Ce livre, précieux pour les musiciens, gisait exposé à
l'humidité, depuis la Révolution, dans le grenier d'une maison
voisine de l'ancienne église de Saint-Martin. Je l'ai réparé de mon
mieux; il est complet et sera très-bien placé dans notre précieux
dépôt. Voici le titre de ce manuscrit :
« Apollon et Cyrène, divertissement héroïque en deux actes, mis
» en musique par J.-B. Dupré , organiste de Saint-Martin , de
» Tours, paroles de M. Bruley, trésorier de France. (Vol. in-8°,
» contenant 196 pages.) »
» Cette opérette fut écrite par Dupré, à Tours, le 24 juillet 1771,
comme l'indique une note, signée de sa main, à la page 168 du
manuscrit.
» L'antique église de Saint-Martin possédait un orgue excellent:
c'était un grand trente-deux pieds, à cinq claviers, ayant une
soixantaine de jeux. Dupré, qui le touchait, rivalisait avec le ta-
lent des premiers organistes de Paris; il possédait une science
profonde de l'harmonie. Le Chapitre de Saint-Martin, qui avait
des revenus considérables, faisait un digne emploi de ses riches-
ses en attachant à son église les sujets les plus distingués, pour
composer une excellente musique. Le célèbre Lesueur, à cette
époque, était maître de chapelle à Saint-Martin (2): plus tard, il
dirigea le Conservatoire de Paris (3). Pendant son séjour à Tours,
•il rendit justice à l'auteur de notre manuscrit; et, pour donner
une preuve qu'il savait apprécier son grand talent, il nous suffira
de dire qu'il lui donnait ses compositions, à retoucher; il les lui
faisait jouer ensuite sur le bel orgue de Saint-Martin, et répétait
souvent : « Mes fugues, remaniées par Dupré, me font venir la
» chair de poule. »
» Si je ne craignais de vous fatiguer, monsieur le Maire, j'en-
trerais dans de plus grands détails sur le célèbre auteur de notre
manuscrit. Dupré résume en lui une des plus belles époques mu-
sicales de notre ville; et, au double point de vue de l'histoire lo-
cale et de l'art musical, c'est une bonne fortune, pour notre Bi-
bliothèque, de posséder une œuvre de Dupré. Quant à M. Bruley,
il était le chef de l'honorable famille qui habite la Touraine.
» J'ai l'honneur d'être, avec respect, monsieur le Maire, votre
très-obéissant serviteur.
» DoRANGE, bibliothécaire. »
(1) Hôtel où nous avons vu l'administration des jeux jusqu'à leur
suppre.ssion ; la Banque Ganneron; qui fut la résidence de M. Aguado, et
qui est aujourd'hui la mairie du IX« arroBdissement.
(2) De 1783 à 1784.
(.S) Ceci est une erreur. On sait que jamais Lesueur n'a dirigé le
Conservatoire.
L'ouvrage dont il est ici question fut-il jamais représenté, même
à Tours ? C'est ce qu'il serait sans doute bien difficile de savoir
aujourd'hui. Quant à son auteur, il n'est guère plus facile de se
renseigner à son sujet. M. Fétis ne cite aucun Dupré vivant à
cette époque. Quant au Dictionnaire des Musiciens de Choron et
Fayolle, voici la seule note qu'on y trouve : « Dupré, fit graver
à Paris, en 1763, deux œuvres de dix trios pour le clavecin avec
violon. 11 était, dès 17S4, pensionnaire à l'Opéra, et mourut en
1784. .)
Il paraît bien évident que ce Dupré n'est point celui de la lettre
ci-dessus reproduite. Comme le dit le Dictionnaire des Musiciens,
cet artiste était pensionné de l'Opéra dès 17S4, même 17S3; 1'^^-
manach des Spectacles le constate. Donc il avait fait à ce théâtre
son temps de service, n'était sans doute plus de la première jeu-
nesse, et eût été bien vieux en 1783, à l'époque ou Lesueur fai-
sait un si grand éloge de l'organiste de Saint-Martin, de Tours. Il
s'agit donc probablement d'un musicien tourangeau , né et élevé
dans le pays, qui y avait fait tout doucement sa position, et qui
peut-être y fit représenter le petit opéra en question.
Combien, à cette époque où Paris s'occupait de la province en-
core moins qu'aujourd'hui, au point de vue intellectuel, combien
d'artistes obscurs ont pu faire preuve d'un talent très-réel et ab-
solument méconnu !
A ce titre, la petite découverte que nous venons de mentionner
n'est pas sans intérêt.
Arthur POUGIN.
ffllNISTÉRE D£ LA SAISON DE L'EMPEREUB
ET DES BEAUX-ARTS.
DIRECTlOiN GÉNÉRALE DES THÉÂTRES.
Une médaille en or, de la valeur de 500 francs, est offerte à l'auteur
des paroles de la cantate qui sera choisie pour être donnée, cette année,
comme texte du concours du grand prix de Rome, pour la composition
musicale.
Cette cantate doit être à trois personnages; elle est destinée à être
chantée par un soprano, un ténor et un baryton ou basse-taille; elle
devra renfermer un ou au plus deux airs; un seul duo et un trio final,
chacun de ces morceaux étant séparé du morceau suivant par un réci-
tatif.
Les eaniates devront être adressées, par paquet cacheté, au secrétariat
du Conservatoire impérial de musique et de déclamation , rue du Fau-
boui'g- Poissonnière, n° 15, avant le l" mai, terme de rigueur. Chacune
des pièces de vers contiendra, dans un billet cacheté, le nom de l'auteur
et l'épigraphe placés en tête du manuscrit.
11 ne sera reçu à ce concours que des pièces inédites. Les manuscrits
ne seront pas rendus.
Pour la seconde fois depuis peu de temps, la Revue et
Gazette musicale vient d'être douloureusement éprouvée.
Naguère, c'était un de ses collaborateurs les plus savants
et les plus assidus qu'elle perdait, — nous avqns nommé
Georges Kastner ; — aujourd'hui, c'est Edouard Monnais, son
rédacteur en chef depuis l'année 183S, que l'impitoyable mort
nous enlève! Mardi matin, l'écrivain de tant de distinction,
de tact et d'esprit, auquel notre recueil doit de si nombreux
et de si excellents travaux, l'ami constant et dévoué succom-
bait à une longue et douloureuse maladie, emportant avec lui
les regrets de tous ceux qui l'ont connu. — Dans quelques
jours nous consacrerons, à cette honorable et laborieuse
existence, une notice chronologique qu'une douleur profonde
nous rend incapables de rédiger en ce moment.
BH
DE PARIS.
69
Jeudi, à trois heures, ont eu lieu en l'église Notre-Dame de
Lorette les obsèques de M. Edouard Monnais, dont nous venons
d'annoncer plus haut la fin regrettable.
Nous ne pouvons mieux faire que de reproduire les détails
donnés sur cette cérémonie par le Moniteur de vendredi :
« Aujourd'hui, à trois heures, ont eu lieu en l'église Notre-Dame
de Lorette les obsèques de M. Edouard Monnais, commissaire im-
périal près les théâtres lyriques et le Conservatoire, et qui, depuis
un mois, par suite de l'état de sa santé, avait, sur sa demande,
été admis à faive valoir ses droits à la retraite.
» La foule qui se pressait dans l'église n'était composée que
d'amis, ressentant tous vivement la perte qu'ils venaient de faire.
En effet, à côté des rares qualités de l'esprit qui ont fait apprécier
ses travaux si variés, M. Edouard Monnais avait ce don précieux
de la bienveillance, de l'aménité, de l'obligeance délicate qui attire
et retient les cœurs. Ami des plus grands compositeurs, de Rossini,
de Meyerbeer^ d'Halévy, d'Auber, il laisse dans le monde des arts
des regrets unanimes. Ces regrets ont trouvé en M. de Saint-
Georges un éloquent interprète . Avant de rapporter ici les paroles
émues retraçant si bien le caractère affectueusement dévoué et in-
telligemment conciliant du défunt, nous indiquerons rapidement
les principaux travaux de l'écrivain, qui, par l'impartialité et la jus-
tesse de ses savantes appréciations et le tour aimable de son style
plein de distinction et de finesse, avait conquis dans la critique
musicale une place qui sera difficilement remplie.
» On a d'Ed. Monnais les treize volumes des Ephémérides uni-
verselles ; Sultana, opéra-comique; Esquisses de la vie d'artiste, les
Sept ISotes de la gamme ; le Portefeuille d'une cantatrice, un certain
nombre de comédies-vaudevilles, tels que : la Demande en mariage,
la Cour des messageries, le Secret d'Etat, l'Anneau, Vn Ménage pa-
risien, le Petit Suisse, la. plupart en collaboration; une foule d'ar-
dcles dans le Courrier français, le Moniteur des Arts, la Gazette
musicale, où il prit le nom de Paul Smith.
«C'est un souvenir honorable pour le Moniteur universel de l'avoir
compté parmi ses collaborateurs.
» Nous avons remarqué parmi les assistants : M. de la Charme,
chef du cabinet du ministre de la maison de l'Empereur; M. Ca-
mille Doucet, membre de l'Académie française, directeur général de
l'administration des théâtres et le personnel de la direction générale;
M. Auber, directeur du Conservatoire de musique, et le personnel
du Conservatoire ; M. Ambroise Thomas ; M. Edouard Thierry, ad-
ministrateur général de la Comédie-Française; M. Emile Perrin,
directeur de l'Opéra; le baron Taylor, MM. Carvalho, Bagier,
Chaix-d'Est-Ange, de Vatry, A. de Lavergne, de Lassabathie, Lau-
rencin, Hipp. Provost, F. Bazin, Oscar Comettant, Paul Dalloz,
Th. Gauthier, A. Gouzien , Cristal, D.-A.-D. Saint- Yves, M. de
Monter, Rey, Laurent de Rillé; Jules Simon, Deforges, Moker,
Couderc, Montaubry, Duprez, Sainte-Foy,Ponchard, Vauthrot, J.
Pasdeloup, Heugel, Louis et G. Brandus, S. Dut'our, Hipp. Rodri-
gues, Marmontel, Révial, Laget, Massart, H. Herz, Lecouppey,
Mathias, Arban, Dauvernié, Cookers, Dancla, professeurs au Con-
servatoire, Alkan, Batiste, Battu, etc.
)) Un Pie Jesu, de la composition de M. Faure, a été chanté par
l'auteur avec un sentiment profond qui a vivement impressionné
l'assemblée.
» Sur la tombe, au cimetière du Père-Lachaise, où le corps a
été déposé, M. de Saint-Georges, président de la Société des au-
teurs dramatiques, a prononcé au nom de cette Société les paroles
qui suivent :
« Un homme excellent, un esprit d'élite, un critique d'art distingué,
un administrateur habile, un ami parfait et dévoué: voilà celui que
nous pleurons aujourd'hui, celui que do vifs regrets accompagnent, et
dont h douce et syn)palhique figure restera dans le souvenir de tous
ceux qui l'ont connu, c'est-à-dire aimé.
» Edouard Monnais fut longtemps rédacteur d'un de nos plus impor-
tants journaux politiques; il y était chargé de la critique musicale, et se
fit remarquer pir d'excellentes et judicieuses appréciations , où la sévé-
rité fut toujours mitigée par une bienveillance extrême pour les auteurs
dont il blûmait et improuvait les œuvres. Encourageant les faibles et ren-
dant l'énergie aux forts en évoquant leur passé au profit de leur avenir.
» Remarqué, apprécié par tous les vrais amis de l'art, Edouard Mon-
nais fut appelé à la direction de l'Opéra; il voulut appliquer à ce beau
théâtre les théories artistiques dont il était depuis longtemps l'apôtre , il
le fit avec bonheur, et plusieurs grandes œiivrps reprc?eniées sous son
adminislration furent consacrées par le succès. Nommé bientôt après aux
fonctions de Commissaire du gouvernement près de nos grands théâtres
et du Conservatoire, il apporta dans ses nouveaux devoirs cet esprit à la
fois ferme et obligeant qui augmenta le nombre de ses amis et lui ac-
quit tant de reconnaissances et de dévouements.
» Auteur lyrique, il écrivit pendant dix ans toutes les cantates qui
servirent de début à nos prix de Rome, et plus d'un dût à ses inspira-
tions de belles œuvres couronnées, qui furent le premier pas d'une car-
rière de gloire et de fortune!
» Edouard Monnais composa quelque? pièces pour nos théâtres de
chant; chacune d'elles renfermait ce sentiment musical sans lequel il
n'existe pour le musicien ni verve ni mélodie.
» Ses éludes, ses travaux donnaient à ses critiques une autorité qui le
fît apprécier de tous les vrais amateurs de l'art et rendra sa perte en-
core plus sensible à tous les lecteurs des journaux qui lui durent long-
temps leur vogue et leur succès.
» Quelques mots sur l'homme privé, Messieurs, dernier hommage de
l'un de ses meilleurs amis. Bon, serviable, doué d'une de ces natures
heureuses qui attirent la confiance et entraînent l'amitié, Edouard Mon-
nais va nous manquer à tous; nous le chercherons longtemps dans nos
comités artistiques, dans nos jurys, dans ces concours publics où son
esprit conciliant, où sa bienveillance connue rassuraient les élèves et se
communiquaient aux juges!
» Mais c'est au sein de sa famille, parmi ses affections intimes, que
sa perte sera cruellement sentie !
» Si nos regrets parviennent jusqu'à toi, mon cher Monnais, qu'ils
adouci.'-sent la séparation de ceux qui te furent chers, et qu'il te reste
la pensée de toutes les douleurs qui te survivent comme de ton souvenir
éternel dans nos cœurs ! s
Dans quelques paroles empreintes d'une sincère émotion, M. le
baron Taylor, au nom de l'Association des artistes musiciens, dont
M. Edouard Monnais était depuis longtemps vice-président, a dit
ensuite un dernier adieu à celui qui laisse parmi ses collègues de
si vifs sentiments d'estime et d'affection.
CONCERTS ET AUDITIONS OUSICÂLES DE LA SEUIAINE.
^*j. Les artistes désignés pour se faire entendre au premier concert
des Tuileries qui a lieu demain, sont : Mmes Nilsson, Cabel, Marie
Roze;— MM. Capoul et Crosti. — La partie instrumentale y sera repré-
sentée par Mme Norman-Neruda.
*** Le concert donné vendredi de la semaine dernière au ministère
de la Marine aura été l'un des plus remarquables et des plus intéres-
sants de la saison, non-seulement par la notoriété des artistes engatfés,
et qui s'appelaient Gardoni, Hermann-Léon, Franchomine, Alard, Du-
vernoy et Mmes Carvalho et Bloch, mais aussi par le choix des mor-
ceaux exécutés. Il suffira de citer au nombre de ceux-ci : la Corbeille
d'oranges, d'Auber, le magnifique trio du Pardon de Ploërmel, l'Ave
Maria de Gounod, la romance de Martha et toute la partie instru-
mentale. C'est par les bravos les plus enthousiastes que le noble audi-
toire a témoigné à ces brillants interprètes toute sa satisfaction.
:j% M. le comte de Nieuvserkerke, surintendant des Beaux-Arts, a
repris le 28 ses réceptions hebdomadaires du vendredi. On sait qu'elles
sont particulièrement consacrées à la musique.
**^ Au huitième concert du Conservatoire, dont le programme répé-
tait exactement celui du dimanche précédent, nous n'avons à signaler
que le bis adressé, pour la seconde fois, au chœur des Pèlerins du
Tannhœuser. Les anciens abonnés deviendraient-ils tout à coup wagné-
riens?
^,*^, Une seconde audition a confirmé l'énorme succès obtenu par
Mme Norman-Neruda aux Concerts populaires. Elle a joué Vandante et le
finale du concerto en mi de Vieuxtemps avec une légèreté, un brio, une
70
REVUE ET GAZETTE MUSICALE
sûreté, une pureté de son que l'illustre ;violoniste-compcisiteur eût cer-
tainement admirées. Il n'y a d'autre reproche à lui adresser, et c'est
chose grave pour une aussi gracieuse personne, que le luxe de mouve-
ments auquel elle se livre dans la chaleur ,ie l'exécution. Elle .se fait
entendre une troisième fois aujourd'hui dans le huitième concerto de
Spohr, connu en Allemagne sous le nom de Gssamjscene (scène de
chant) .
^*^ Un concert brillant entre tous est celui qu'a donné jeudi dernier
le pianiste chilien Frédéric Guzman, connu seulement à Paris de quel-
ques artistes et amateurs. Un public d'élite remplissait la salle llerz, cu-
rieux de savoir comment on comprend les concertos de Beethoven au
Chili. C'est celui en ut mineur, au finale si piquant et si plein de verve,
qu'avait choisi M. Guzman; il l'a exécuté de façon à démontrer que son
talent prendrait promptement une belle place dans la hiérarchie des vir-
tuoses que nous possédons; mais c'e-it surtout dans deux morceaux de
style moderne dont il est l'auteur, et dans deux brillantes compositions à
quatre mains de Gottschalk, Dites oui et Ojos criollos (les Yeux créoles),
qu'on a pu apprécier sa véritable originalité. Sa femme, ([ui a joué
avec lui, paraît ne lui céder en rien sous le rapport du mécanisme et de
la facilité. On a hissé avec acclamation les Yeux créoles. Nous signale-
rons encore une Marche triomphale très-réussie de F. Guzman, pour deux
pianos. Lutz, le sympathique baryton, a récolté de nombreux bravos
après deux airs de Fernand Cortez et du Valnl de chambre; Mme Mon-
bclli qui a dit de sa voix fraîche et souple l'air du Barbier de Scoille,
comme nous l'avons rarement entendu détailler, a eu un succès d'en-
thousiasme. Une bonne note à l'orchestre qui était dirigé par M. de Groot.
*% Une pianiste viennoise que Paris a déjà applaudie l'hiver dernier,
Mlle Constance Skiwa, a donné lundi un concert à la salle Erard.
Dans un trio de Jadassohn, un beau concerto de Hœndel et divers
morceaux de Chopin, Liszt et J. de Boliczay, elle a fait preuve d'un sé-
rieux et classique talent. Le jeune violoniste Franz Ries, qui nous
semble marcher à grands pas vers la célébrité, a exécuté deux char-
mants morceaux de sa composition, liiirlcske et Berceuse, qui décèlent la
main d'un maître, et, avec Mlle Skiwa, la brillante fantaisie de Vieux-
temps et Wollï sur Oberon; elle a produit beaucoup d'effet. M. Norblin
et le ténor belge Straetman ont recueilli leur bonne part d'applaudisse-
ments.
if*, Mlle Aîiiélie Staps, une gracieuse pianiste que la Belgique nous
envoya l'année dernière, gagne chaque jour eu talent et .en réputation.
A son concert, elle a exécuté le Rondo capricioso de Mendel.ssohn, une
transcription de Liszt sur le Vaisseau Fantôme, hérissée de difficultés dont
elle s'est supérieurement tirée, la partie de piano du quintette de Schu-
mann et un duo de Mendelssohn pour piano et violoncelle, avec M. De-
munck. C'est certainement une excellente acquisition pour la phalange
militante qui dispense au public parisien ses plaisirs artistiques.
^*^ On n'a pas perdu le souvenir d'une jeune et tn?s-précoce artiste,
élève du Conservatoire, Mlle Rachel Van Lier, âgée de onze ans, qui se fit
entendre la saison dernière dans plusieurs salons ei concerts où elle
étonna particulièrement le public par sa merveilleuse facilité à lire à
première vue. — Dimanche dernier elle a donné à la salle Herz, avec le
concours de Mlle Heilbron, de l'Opéra-Comique, du violoniste Jacobi,
d'Aurèle, chanteur comique, de Bacquié, et de Mlle Agar qui a dit le. Vopo-
léon II de Victor Hugo avec une remarquable inspiration; elle a donné,
disons-nous, devant un auditoire d'éhte, un beau concert dans lequel la
bénéficiaire a fait preuve de grands progrès accomplis, et où elle s'est
fait applaudir avec entliousiasme pour son talent d'exécution réellement
extraordinaire.
*% Le peu d'espace dont nous disposons, en présence de l'augmenta-
tion progressive des réunions musicales de tout genre qui se produisent
à Paris ne nous permet pas de consacrer plus de quelques lignes à
beaucoup d'entre elles qui n'en sont pas moins intéressantes pour cela,
surtout celles qui ont l'enseignement pour objet. De ce nombre sont les
matinées de Mme Pierson-Bodin, remplies en grande partie par des élèves
dont les succès témoignent suffisamment du talent de leur professeur,
et où ne dédaignent pas de se faire entendre des artistes de premier mé-
rite tels que Mme Farrenc, Sighicelli, Gaveaux-Sabatier, Pagans, Her-
mann-Léon, etc. 11 suffit du reste de mentionner ces matinées pour qu'on
en apprécie l'importance et l'utiUté.
*** Au dernier concert de Mme Martin-Robinet, on a beaucoup
applaudi M. et Mme Blot-Dermilly dans une jolie opérette, l'Embarras
d'un gouverneur. Mme Blot s'y est montrée on ne peut plus gracieuse
sous le costume d'un jeune seigneur, et elle a chanté son rôle avec un
goût exquis.
**» Après une année d'absence, M. Gennaro Perelli, pianiste compo-
siteur d'un grand talent, est de retour à Paris. 11 donnera le 4 mars,
dans les salons d'Erard, une audition de ses principales et nouvelles com-
positions avec quatuor d'accompagnement sous la direction de Portehaut.
— Tous les artistes et amateurs s'y sont d'avance donné rendez- vous.
»■*« Nous signalons à l'attention du public musicale le jeune pianiste
napolitain Rendano, qui s'est fait entendre avec un très-grand succès
au concert donné à la .salle Herz le 22 février par la Société protectrice
de l'enfance, et qui a été particulièrement apprécié comme compositeur,
dans un morceau intitulé: Chani du Paysan dans la forêt, plein de
charme et de poésie.
^*^Les concerts classiques de la Société du Cons ervatoire de Strasbourg
continuent à otï'rir un puissant intérêt, grâce au zèle et au talent de
l'éminent chef d'orchestre M. Hasselmans. Au quatrième concert, un
concerto de cor de Mozart a été exécuté par M. Stennebruggen, professeur
au Conservatoire et soliste à Bade, artiste de talent qui a parfaitement
fait valoir les nombreuses beautés de l'œuvre trèa-reniarquabic, et pour-
tant peu connue, qu'il interprétait.
-^*jp Le concert donné à Nice, au théâtre Italien, par la compagnie
Ulmann-Patti, a été magnifique. La recette a atteint le chiffre significa-
tif de 8,000 francs. Wolff et Vieuxtemps ont été applaudis à outrance dans
leur duo sur Ùun Juan; on a fait répéter à chacun d'eux sa variation.
L'engagement de Woltf se terminait le 2.3 février; mais M. Ulmann,
désireux d'exploiter le plus longtemps possible cette riche mine de succès
dont il tire si bien parti, l'a retenu encore jusqu'au 11 mars, après quoi
Théodore Ritter prendra sa place, mais seulement pour quinze jours.
Grenoble, Lyon, etc., sont maintenant en première ligne sur l'itinéraire
de la vaillante petite armée, dans laquelle Seligmann tient son rang avec
lionneur et provoque partout les applaudi;.scments du public.
,(,*, Nous empruntons au Temps l'entro-filels suivant qui concerne une
œuvre nouvelle de notre excellent pianiste Louis Lacombe : « On a
chanté à Nantes, le 31 janvier dernier, au concert des Beaux-Aris, une
composition de M. Lacombe, dont les journaux de la localité font le plus
bel éloge. L'Orphéon nantais, écrit-on dans l'Espérance du peuple, a fait
ressortir hier toute la beauté d'un chœur inédit, sérénaJe du plus déli-
cieux effet, vrai chef-d'œuvre de Louis Lacombe, le grand pianiste com-
positeur.» — Cette fraîche production, exécutée de nouveau il y a quel-
ques jours au second concert de Sivori, y a obtenu un éclatant succès.
„,% Mlle Laura Harris, la gracieuse cantatrice du théâtre Italien,
vient de faire applaudir son charmant talent à la Société de la Grande-
Harmonie de Roubaix, où elle a chanté le 10 février, avec le succès qui»
la suit partout, la romance do Marin, l'air de Linda, et la valse de
Roméo .
^*» D. Magnus, noire excellent pianiste compositeur, s'est fait entendre
avec un très-grand succès au splendide concert donné par le Casino de
Gand, le 22 février; il a exécuté le concerto en ré mineur de Men-
delssohn, et plusieurs de .■■es propres compositions : Slecple-chase-galop
et caprice sur les Ilujuenots, qui ont été très-applaudis — Nous avons
déjà dit et nous rappelons aux amateurs de bonne mu.sique que le con-
cert annuel de D. Magnus est fixé au 14 mars, à la salle Pleyel.
^•^ Voici le programme du dix-huitième concert populaire de musique
classique qui sera donné aujourd'hui à 2 heures, au cirque Napoléon,
sous la direction de J. Pasdeloup : 1- Jupiter, symphonie de Mozart (alle-
gro, andante, menuet, finale) ; — 2° hymne de Haydn, par tous les ins-
truments à cordes; — 3° ouverture de la Grotte de Fingal de Mendelssohn;
— 1° huitième concerto pour violon de Spohr, exécuté par Mme Norman-
Neruda; — 5' deuxième partie de Romeo et Juliette de Berlioz.
NOUVELLES DES THÉÂTRES LYRIQUES.
■>** A l'occasion des jours gras, le théâtre impérial de l'Opéra a donné
quatre représentations consécutives. Dimanche, Robert le Diable; Mlle Mau-
duit y a chanté admirablement le rôle d'Alice et elle y a reçu les com-
pliments du premier chambellan de l'Empereur. — Lundi et mercredi,
Guillaume Tell, et le mardi gras, la Favorite et le Marché des Innocents,
spectacle qu'on a répété vendredi. — Pour demain lundi, on annonce
l'Africaine.
^"^^ Aujourd'hui et mardi, répétitions générales à^Hamlet, dont la pre-
mière représentation est annoncée définitivement pour vendredi 6 mars.
5^*^ Mlle Mauduit, de l'Opéra, a été dimanche l'objet d'augustes félici-
tations après la messe de la chapelle des Tuileries, où la jeune artiste a
chanté admirablement un Benedictus d'Auber.
»*;^ La Part du Diable, dont la reprise est prochaine à l'Opéra-Comique,
sera ainsi distribuée : Léon Achard (Raphaël), Mlle Brunet-Lafleur
(Carlo), Mlle Bélia (Casilda), Mlle Révilly (la reine), M. Gaillard (le roi),
M. PriUeux (Gil Vargas), etc.
^*j^ Quoique l'engagement de Capoul eût encore deux ans à courir,
le théâtre de l'Opéra-Comique vient, à la suite du grand succès qu'il a
obtenu dans Vn Premier Jour de bonheur, de le renouveler pour cinq ans
p. des conditions très- avantageuses pour le jeune ténor.
Uh- PARIS
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*♦* L'engagement qui liait encore jusqu'au I" janvier 1870 Monlau-
bry au tliéâtrc de l'Opéra-Comiquo vient d'être résilié d'un commun ac-
cord, moyennant le paiement du dédit de 30,000 francs stipulé au contrat
et qui ont été comptés au célèbre ténor. C'est le 16 décembre 1838 que
M. Montaubry, qui quittait le théâtre delà Monnaie, à Bruxelles, fit son
débutau théilre de l'Opéra-Comiqiie dans l'opéra les Trois Nicolas.ll en
était donc depuis dix ans le pensionnaire.
^*:j(. Adelina Patti a chanté deux fois de suite cette semaine : lundi
dans la deuxième représentation de Don Giovanni, et mardi dans il
Barbiere. — Une lulte de bravos et de bouquets s'est établie entre
les fanatiques de Mlle Patti et de Mlle Krauss dans l'opéra de Mozart.
Les bouquets pleuvaient comme grêle; une couronne au feuillage d'or
est même tombée aux pieds de cette dernière et a été gracieusement pla-
cée sur sa tête par la charmante Mlle Harris. --- A la leçon de musique
du Barbiere, Adelina Pat.i a chanté un boléro très-brillant tiré de l'opéra
/ Batavi, de Mme Tarbé des Sablons, représenté il y a quatre ans à Flo-
rence, et dont les principaux rôles furent créés par les époux Tiberini.
La jeune diva en a dit les vocalises, et surtout le trait final d'une diffi-
culté inouïe, avec une aisance et un éclat merveilleux. A la demande
générale du public, elle a du en répéter le deuxième couplet L'auteur,
Mme Tarbé, lui en a témoigné toute sa satisfaction par le don d'un bra-
celet de grand prix.
»** Jeudi, mie Harris a chanté le rôle de la Lucia, un de ceux dans
lesquels elle fait le mieux apprécier son talent. — Samedi, c'était le tour
de Mlle Krauss qui s'est rriontrée très-dramatique dans le rôle de
Lucrezia Borgia ; celui d'Alfonso est un des meilleurs de Steller.
^*^ On annonce pour dimanche prochain, 8 mars, au théâtre
Italien, une représentation extraordinaire, organisée par la comtesse
douairière de Tascher au profit de l'œuvre de Saint-Joseph. On y
jouera, pour la première et la dernière fois de la saison. Il Trovaiore,
avec Mlle Patti dans le rôle de Léonora, Mlle Grossi, MM. Nicolini,
Verger et Agnesi. — Le prix des places sera doublé pour cette soirée,
qui sera véritablement extraordinaire.
»% Si l'on en croit les bruits de coulisses, la saison des Italiens se ter-
minerait par Piceolino, sujet emprunté à la pièce donnée par V. Sardou
au Gymnase, dont Mme de Grandval a composé la musique; Piceolino
viendrait après Giovanna d'.irco. — Il est au'Si question de Stella d'Amalfi,
opéra en trois actes du prince Poniatowski, dont le principal rôle chanté
serait interprété par Mme Tiberini, celui de l'héroïne, comme la Fenella,
de la Muette, étant un rôle mimé.
^% Mardi prochain, selon toute apparence, Mathilda di Shabran nous
fera connaître les époux Tiberini.
t*.jg Agnesi n'a pas renouvelé son engagement pour la prochaine sai-
son au théâtre Italien. On regrettera certainement la belle voix et le
talent consciencieux de cet artiste.
,f*,j Adelina Patti est partie hier pour Lille où elle donnera deux re-
présentations. La première, demain lundi, se composera de la Lucia; la
deuxième sera consacrée à Faust, dans lequel elle chantera en français
le rôle de Marguerite.
^*,f Le célèbre ténor Fraschini est en ce moment à Paris.
,*;(: On parle de la création prochaine d'un théâtre qui porterait le nom
de Grélry et dont le répertoire se composerait des ouvrages de l'ancien
Opéra-Comique, aujourd'hui tombés dans le domaine public.
**^ Noire collaborateur, M. Arthur Pougin, vient de découvrir un
opéra en quatre actes inédit, la Princesse de Babijlone, de Salieri, Pélève
et l'émule de Gluck.
;^% M. Duprat vient de traiter avec les théâtres de Marseille et de
Toulon pour la représentation de son opéra Pétrarque, qu'il avait d'a-
bord espéré faire jouer à Paris.
^*^ La Grande-Duchesse vient d'être jouée à Caen et elle y a rencontré
le succès qui l'accueille partout. C'est l'excellente Géraldine et Carrier
qui interprétaient les principaux rôles, dans lesquels ils avaient si bien
réussi sur plusieurs autres théâtres.
*** Notre célèbre ténor Roger rtous paraît bien décidément perdu pour
la France. Les triomphes qu'il rencontre à chaque pas en Allemagne lui
ont fait prendre ce pays en afl'eciion ; et il exprime, dans une lettre
adressée à un journaliste parisien de ses amis, l'intention de s'y fixer. Il
est en ce moment à Pesth ; il devait y donner quatre représentations, il en
a déjà donné dix. Dans les Huguenots, Lucie, la Dame Blanche, Fra-
Diavolo et la Juiue, on l'a fêté avec un enthousiasme sans bornes; des
bravos chaleureux, des rappels, des couronnes lui ont été prodigués. Nous
comprenons que la terre germanique lui semble hospitalière.
**^ Nous avons annoncé que M. Adolphe Blanc, second chef d'orchestre
au théâtre Lyrique, a cru devoir donner sa démission. Il a reçu à cette
occasion de AI. Carvalho une lettre qui le remercie en termes flatteurs
I» du concours artistique et dévoué » prêté par lui à son théâtre. Par son
double talent de violoniste et de compositeur et en raison de l'expérience
spéciale qu'il a acquise, M. Blanc est appelé à occuper un poste impor-
tant et il se recommande tout naturellement aux directeurs do théâtre
et aux présidents de sociétés philharmoniques.
^*;t La recelte du dernier bal de samedi de l'Opéra s'est élevée au
chifl're de 20,000 francs. — Celle do mardi a encore dépassé ce chiffre.
NOUVELLES DIVERSES.
n,*^ Rossini a atteint, hier 29, sa soixante-seizième année. L'état d'indis-
position du maestro ne lui permet pas de célébrer cet anniversaire comme
il le faisait habituellement. Une quinzaine d'amis intimes ont seuls passé
celte soirée chez lui.
*** M. Eug. Tarbé, le critique musical du journal le Figaro, vient
d'adresser sa démission à M. de Villemessant.
,j',t L'éditeur E. Bock, de la maison Bote et Bock, de Berlin, est à
Paris depuis quelques jours, et il s'est rendu acquéreur pour l'Allemagne
de divers ouvrages du maestro Offcnbach.
■j^*^ En raison de l'importance exceptionnelle du grand orgue construit
pour la cathédrale de Paris par la maison CavaiUé-CoU, dont nous avons
annoncé la prochaine inauguration, M. le ministre des .cultes vient de
nommer, pour en vérifier et recevoir les travaux, une commission dans
laquelle l'élément musical est représenté pur Rossini, Auher et Ambroise
Thomas. Se feront entendre dans cette solennité fixée au vendredi 6 mars,
à 8 heures du soir : MM. Saint-Saëns, organiste de la Madeleine, Franck
aîné, organiste de Sainte-Clotilde ; Durand (Saint-Vincent de Paul) ; Chau-
vet (Saint-Merry) ; Loret (Saint-Louis d'Antin) ; Sergent (Notre-Dame) ;
Guilmant, de Boulogne-sur-Mer, et Widor de Lyon.— Parmi les étrangers
de distinclion invités à prendre part à la réception de ce magnifique
instrument, nous remarquons les noms de Lemmens, professeur d'orgue
aux Conservatoires de Bruxelles et de Londres; de MM. de Vroye et Van
Ellewick, président et secrétaire du Congrès international de musique
sacrée de Louvain.
^*^ Les journaux américains assurent que le ténor italien Scoffino
vient de gagner aux Etats-Unis, et avec un seul billet de la loterie des
Minières du Massachussets, la somme de 200,000 dollars, soit un peu plus
d'un million de francs.
^*jf Une grande édition, une édition-modèle des chefs-d'œuvre lyriques
de Gluck, se prépare en France, d'après les partitions autographes, les
notes et préfaces historiques laissées par l'immortel compositeur dans les
archives de l'Académie impériale de musique. On sait que le grand Opéra
de Paris a vu naître les partitions d'Iphigénie en Aulide et en Tauride,
celles à'Armide, et d'Echo et Warcisse.
^*« M. G. Henry Brochon, ancien maire de Bordeaux, président de
la Société Sainte-Cécile et du Cercle philharmonique, vient d'accepter la
dédicace de la Symphonie-fantasia de M. Poil da Silva, lauréat de la
Société Sainte-Cécile. Le larghetto de cette symphonie, qu'on dit être
des plus remarquables, doit être exécuté au prochain festival de la So-
ciété.
^*^ M. A. Ehvart continuera le 9 mars, au lieu du 2 du même mois,
à la maiiie du Prince-Eugène (onzième arrondissement), à 1 heure et
demie, son cours d'enseignement musical pour les jeunes filles. On
s'inscrit au secrétariat de la mairie.
*** Les arts libéraux seront représentés à l'Exposition maritime inter-
nationale du Havre. Les éditions musicales et les instruments de musique,
notamment, sont appelés à figurer dans la septième section. S'adresser
pour les renseignements à M. Tharel, délégué de la direction à Paris,
3, rue Vintimille.
„*f, La deuxième des six livraisons formant la publication des œuvres
choisies d'A. Ehvart a paru hier chez les éditeurs Brandus et Dufour.
— Cette intéressante publication contient trois quatuors pour violon,
alto et violoncelle, et un quatuor avec piano principal.— On s'inscrit, .sans
rien payer d'avance, chez les éditeurs, 103, rue de Richelieu. — Prix
de chaque petite partition des quatuors : 6 francs.
,j:*^ M. Paul Mousskoff, pianiste bien connu de toute la Russie, et
qui dirige à Paris l'instruction musicale de son fils, Nicolas MousskofT,
violoncelliste et élève du Conservatoire, vient d'être cruellement frappé
dans ses plus chères affections. 11 a perdu sa femme, Mme Agrippine,
née Arioli, décédée le 19 février, après une longue et douloureuse
maladie de onze mois. Celte mort imprévue arrête les débuts de
M. P. Mousskoff, dont les concerts étaient prochains.
:^% S. A. la Tsarevna de Géorgie, Anna Pwlovna, vient de mourir à
Moscou a l'âge de 70 ans. Elle avait cultivé avec un égal succès la litté-
rature et les arts; Meyerbeer tenait ses compositions musicales en
flatteuse estime.
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KEVUE ET GAZETTE MUSICALE DE PAKIS.
ÉTRANGER
»*, Londres.— Le grand festival triennal en l'honneur de Hoendel est
fixé au 15 juin prochain, et durera jusqu'au 19. 11 aura lieu au Crystal
Palare, sous la direction de M. Costa.
^*^ Mons. — On vient de jouer l'Etoile du Nord, à la grande satis-
faction de notre public, qui a fait au chef-d'œuvre de Meyerbeer le plus
enthousiaste accueil. MmeMassy, la cantatrice aimée des Montois, a supé-
rieurement rendu le rôle de Catherine. De sincères éloges sont dus éga-
lement à la basse AIzien, et au baryton Fronty, très-remarquable comme
comédien dans le l'ôlo de Gritzonko.
«*, Amsterdam. — Rubinstein a joué, le 1-i février, à un concert de
la société Félix Meritis; il y a rencontré un de ces triomphes auxquel.» il
est depuis longtemps habitué.
.*^ Berlin. — Die Fabier (les Fabius), l'opéra en cinq actes de Lan-
gert, qui vient d'être représenté avec tant de succès à l'Opéra royal, n'est
point un ouvrage nouveau. Nos lecteurs se souviennent sans doute
qu'il a été représenté l'année dernière à Cobourg, puis, sur l'invitation
de l'intendant général des théâtres prussiens, M. de Hiilsen, remanié par
l'auteur en vue de la représentation sur une scène plus vaste et d'un
public plus sévère. Le sujet en a été emprunté par M. G. de Meyern
à un drame classique de Gustave Freytag, tiré lui-même de l'histoire
romaine. Làngert a fait, depuis son opéra la Malédiction du Barde, de
grands progrès du côté du sentiment dramatique; on sent, dans les Fabius,
une largeur de conception, une sûreté de main qui révèlent un maître.
La partie sentimentale (les amours de la jeune patricienne Fabia et du
plébéien Iciliu.s) est aussi très-heureusement traitée, avec une simplicité
tout antique. — On a particulièrement applaudi, à la l" représentation,
le finale du premier acte, le duo d'amour du second, les saturnales et la
marche au troisième, le quatrième acte tout entier, enfin un autre duo
d'amour au cinquième, ainsi que le dernier finale. Mlle Griin (Fabia),
Woworsky (Icilius), Betz (i\Iarcus), se sont partagé les applaudissements.
A la seconde représentation, le succès est allé encore en croissant. Après
le quatrième acte, Langert a dû se rendre aux appels réit('rés d'une
foule enthousiaste et paraître sur la scène. Betz, l'excellent baryton, a
été également l'objet d'une ovation très-méritée. — M. de Hiilsen, en pré-
sence d'un triomphe aussi décisif, a demandé à Langert un nouvel
opéra, mais un sujet plus moderne.
^*^ Hambourg. ~~ La troupe italienne Lorini, du théâtre Victoria de
Berlin, donne en ce moment des représentations ici. Elle les a inaugu-
rées avec la Traviata, Rigolelto et Norma, et de la manière la plus heu-
reuse. Grand succès pour la Sarolta et pour le baryton Padilla, le meil-
leur chanteur de la troupe.
^•^ Barcelone — Grâce à Dinorah, le Liceo fait de brillantes et fruc-
tueuses soirées. Mlle Vitali est toujours aussi charmante et aussi fêtée.
Son jeu n'est pas moins remarquable que son chant ; dans la scène finale
surtout, elle déploie un talent dramatique qui ne s'était pas encore révélé
en elle à un si haut degré.
,♦» Milan. — Pietro da Padova, opéra nouveau dû au maestro Eitore
Fiori, a été donné avec succès au Carcano. On compte sur un bon nom-
bre de représentations. — A la Scala, on fonde de grandes espérances
sur Mefistofek, poëme et musique d'Arrigo Boito, qui sera représenté au
commencement de mars. — Mlle Ostawa Tornquist, la gracieuse canta-
trice qui a fait récemment un si heureux début dans Rigoktto, change,
pour suivre la carrière italienne, son nom en celui de Torriani.
^*^Varsovie. — Mlle Artôt, qui va nous quitter, avait choisi pour son bé-
néfice la Favorite. Malgré l'absence du vice-roi et de plusieurs notabili-
tés de l'aristocratie, la salle était comble. La célèbre cantatrice s'est sur-
passée dans le chef-d'œuvre deDonizetti et l'enthousiasme a éclaté par des
bravos prolongés et des rappels sans fin. Outre la somme de sept mille
francs qu'a produite le bénéfice, Mlle Artôt a reçu en don un magnifique
bracelet de turquoises et de brillants de plus de 3,000 francs; il était accom-
pagné d'un bouquet des fleurs les plus rares qui avait coûté 100 rou-
bles argent (3S0 fr.)
^*^ Saint-Pétersbourg. — Les Huguenots, donnés pour la dernière re-
présentation de Pauline Lucca, et au bénéfice de Mario, ont été pour les
deux éminents artistes l'occasion d'un éclatant succès. Mario était ce
soir-là en pleine possession de ses moyens ; quant à Pauline Lucca, elle
ne s'était jamais montrée plus passionnée et plus dramatique. — Elle est
partie pour Berlin, emportant de l'admiration des dilettantes russes,
pour un mois à peu près de séjour, une preuve sonnante, c'est-à-dire
25,000 roubles représentant 80,000 francs, outre de riches cadeaux.
— Mme Volpini est rengagée pour trois mois, à de belles conditions
aussi : 60,000 francs et un bénéfice. Leurs Majestés lui ont fait
remettre une étoile d'or garnie de quarante magnifiques brillants. L'im-
présario Merelli est venu aussi l'engager pour quelques représentations à
Varsovie. — Crispino e la Cmnare vient d'être donné au théâtre Italien.
L'un des auteurs, F. Ricci, qui était présent, a été rappelé trois fois. On
a fait également de chaleureuses ovations à Mme Volpini, à Zucchini et à
Calzolari.
CONCERTS ET AUDITIONS MUSICALES ANNONCÉS.
Salons Pleyel-Wolif, lundi 2 mars: concert de Mlle Dona de Potier,
élève de Liszt, avec le concours de Mlle Castri et de MM. Telesinsky,
Teysson et Audran.
Salons Pleyel-Wolff, mardi 3 mars : quatrième séance populaire de mu-
sique de chambre de MM. Ch. Lamoureux, Colblain, Adam et
Poëncet .
Salle Herz, vendredi G mars : grand concert donné par Ch. de Bcriot,
avec le concours de Mme Monbelli et de M\I. Géraldy, Pagans , Si-
ghicelli, Loys et Maton.
Salons Pleyel-Wolff, mardi 10 mars: concert de G. Jacobi, premier vio-
lon de l'Opéra, avec le concours de Mlle Bloch et de MM. Colin et
Caron, de l'Opéra, et de Mlle Duval, de l'Opéra-Comique.
Salle Herz, mercredi \\ avril : deuxième soirée de musique de chambre
de MM. Maurin , Colblain, Mas et Dcmunck, avec le concours de
M. C. Saint-Saëns. — Pour la première fois, quatuor de Schumann.
s. DDFOUR.
Chez G. BRANDVS et S. DUFOVR, éditeurs, 103, rue de RicJielieu.
SOUVEiMR DU CASINO DE NICE
Polka-mazurka pour le piano, composée par
Charles Muller
Chef d'orchestre à Nice.
Prix: 3 fr. Ornée du dessin du Casino de Nice. Prii: 5 fr.
TROIS BAGATELLES
Prix : 7 fr. 50.
Pour le pi ano , par
M. Espargul
Prix : 7 fr. 50.
Fantaisie de concert sur Robert le Diable
Composée pour le violon par D. Alard,
Arrangée pour la flûte avec accompagnement de piano,
Op. 54. Par J. DENEUX 10 fr.
CARTES-PORTRAITS, AVEC MUSIQUE, PHOTOGRAPHIÉES
Cette nouvelle collection se recommande particulièrement par ses por-
traits tout artistiques et d'une grande ressemblance; par la perfection de
la musique photographiée, dont les types, quoique aussi réduits que pos-
sible, sont cependant très-lisibles; enfin par un format exceptionnel qui
la rend vraiment portative. Rien de plus commode, en effet, que de
pouvoir placer dans sa poche un étui renfermant vingt à trente cartes-
musique; rien de plus gracieux à offrir comme cadeau.
N. B. — La collection s'augmentera successivement et de façon à offrir
le choix le plus varié.
IHPBIMEKIE CEKTBftLE DES CHEHINS DE FEB* — A. CHAIX ET C, BUE BEBGÊBE, 30, A PABI5.
BUREAUX A PARIS : BOULEVARD DES ITALIENS, 1.
35° Année.
N' 10.
8 Mars 1868.
ON S'ABONNE :
Danft les DépartomenU et à l'Étranger,
chez tous les Uarchonds de Uusique, Us Libraires»
«t aux Durcîaux dei Messageries et des Postes.
REVUE
PRIX DE, L'ABONNEMENT:
Paris. 54 r. par a
Dûpartcmcnts, Belgique et Suisse.... liO i id.
te Journal parait te Dimanche»
GAZETTE MUSICALE
DE PARIS
SOMMAIRE. — Histoire de la musique instrumentale {&' article), par Han-
rice Cristal. — Une séance de musique intime, par Ii. Kreutzer. —
Ministère de la maison de l'Empereur et des beaux-arts, direction générale des
théâtres. — Nécrologie : Edouard Monnais, par Fétis père. — Revue des
théâtres, par l>. A. D. Sniiit.Yies. — Concerts et auditions musicales
de la semaine. — Nouvelles des théâtres lyriques. — Nouvelles diverses. —
Concerts et auditions musicales annoncés. — Annonces.
mSTOUlE DE U MUSIQUE INSTRUMENTALE
(8« article) (1).
Cependant la réputation de Bocchenni, comme compositeur et
comme virtuose., grandissait. Sur les éloges qu'on lui en fit, l'am-
bassadeur d'Espagne à Paris voulut l'entendre, ainsi que son com-
pagnon de voyage, et, charmé k son tour, les pressa tous les
deux de se rendre à Madrid, les assurant de l'accueil le plus gra-
cieux de la part du prince des Asturies, grand amateur de musi-
que, qui régna plus tard sous le nom de Charles IV.
Séduit par les espérances de faveur et de fortune que lui don-
nait son nouveau protecteur, charmé d'une proposition qui sem-
blait lui ouvrir un splehdide avenir, Boccherini partit avec son
ami pour la capitale de l'Espagne. Manfredi n'était venu à Ma-
drid que dans le dessein d'amasser des richesses. Il ne négligea
rien de ce qui lui en pouvait faire acquérir. Boccherini , plus ar-
tiste, se préoccupa plus de sa gloire que du soin de thésauriser.
Son début en Espagne ne fut point aussi heureux qu'il l'avait
espéré. Il avait apporté avec lui son troisième livre de trios, Per
la corte de Madrid, qu'il s'empressa de dédier au prince des As-
turies. Immédiatement après il composa un concerto , A piu stro-
menti obligati. Quel effet produisirent ces œuvres sur l'esprit du
roi et de son fils aîné en faveur de Boccherini, on ne saurait le
dire exactement; mais il est hors de doute que le grand compo-
siteur n'obtint pas les distinctions promises à son mérite par
l'ambassadeur d'Espagne.
L'intérêt dont le roi et l'héritier présomptif l'honorèrent est
(I) Voir les li"' 38, 40, 42, 4i, -JC de l'année 1867, cl les n"" 3 et 9.
fort problématique. Ce fut l'infant don Louis, frère de Charles III,
qui répara cette injustice et lui seul, naturellement, qui récolta la
reconnaissance. On remarque en effet, dès son arrivée à Madrid,
que Boccherini écrivit pour son protecteur six quartetti qu'il lui
dédia en prenant le titre de « compositore e virtuoso di caméra di
S. A. R. don Luigi infante d'Espagnia. » Tous les manuscrits de
l'auteur reproduisent invariablement, sur leur feuille de tête, cette
qualification unique , sans qu'il y soit fait mention d'autres per-
sonnages jusqu'à la mort de l'infant, arrivée le 7 août 1785. A
partir de cette époque, au contraire, on voit Boccherini étaler
avec une sorte de complaisance les différents titres dont il était
revêtu, et les noms de ses protecteurs nouveaux.
Dès 1787, Boccherini travailla à peu près exclusivement pour
Frédéric-Guillaume II, roi de Prusse, et ensuite pour Lucien Bo-
naparte ; mais il avait trop la conscience de sa valeur, il aimait
trop la gloire pour permettre qu'on enfouît dans la poudre d'une
bibliothèque même royale les plus belles inspirations de sa muse.
Il voulait que ses ouvrages fussent publiés, répandus, et ce qui le
prouve c'est qu'en composant pour l'usage particulier, soit de
l'infant don Louis, soit de Frédéric-Guillaume II, soit de Lucien
Bonaparte, il envoyait indistinctement copie de toutes ses œuvres
aux éditeurs étrangers qui possédaient sa confiance.
Le peu de bonheur que l'illustre maître devait goûter en Espa-
gne fut brisé par la mort de l'infant don Louis. Tant que vécut
son protecteur, Boccherini fut à l'abri du besoin. Il connut les
soucis d'une existence précaire dès que le prince artiste et géné-
reux fut mort. La jalousie de Brunetti lui avait nui d'ailleurs au-
près du roi et de l'héritier présomptif, dès les premiers temps de
son arrivée à Madrid.
Ce Brunetti était un violoniste non sans mérite, et chef de la
musique du prince des Asturies. Il était compositeur agréable de
musique frivole, et il n'avait publié que des ouvrages médiocres,
lorsqu'à Madrid son talent se mûrit et plus tard même se trans-
forma, en sorte que ses dernières œuvres méritent de réels éloges.
Tout porte à croire que l'effet produit sur lui par les compositions
de Boccherini et les conseils de ce grand musicien exercèrent la
plus heureuse influence sur ses inspirations. Néanmoins la jalousie,
la crainte de se voir supplanter par un homme dont la supériorité
n'était pas contestable, le désir de ne se voir partager avec personne
74
UEVUE ET GAZETTE MUSICALE
la faveur royale, lui firent payer de la plus noire ingratitude les
services qu'il avait reçus de Boccherini.
Le compositeur lucquois avait sur Brunelti l'avantage du génie :
mais ce dernier, doué de l'esprit le plus raffiné et le plus adroit,
prenait sa revanche dans l'intrigue ; souple et artificieux, il ne
négligea rien pour lui aliéner l'esprit du prince. Le digne artiste
voyait bien que son élève employait toute son adresse à lui nuire,
mais il n'avait pas l'habileté nécessaire pour déjouer ses manœu-
vres, et il crut qu'il suffisait de mépriser une conduite perverse,
tandis qu'il eût dû la signaler à ses protecteurs et la flétrir sans
pitié dès les premiers instants.
Le prince des Asturies ne marqua d'abord qu'une grande froi-
deur pour Boccherini et de l'indifférence pour sa musique; mais
une circonstance fortuite vint donner un éclat subit aux sentiments
de mésestime et aux préventions que Brunetti avait fait naître
dans soi! esprit. Don Louis, oncle de "Charles IV, alors prince des
Asturies, conduisit un jour Boccherini chez son neveu pour lui
faire entendre de nouveaux quintettes de son maître favori. La
musique est placée sur les pupitres. Charles prend dans la boîte,
qui était ouverte, son archet et entame la partie des premiers vio-
lons qu'il se réservait toujours. Dans cette partie figurait un pas-
sage qui, pris isolément, semblait d'une certaine longueur et d'une
complète monotonie : ut, si, ut, si. Ces deux notes, rapidement
coulées,. se répétaient constamment. Le roi les attaque bravement,
continue, poursuit l'invariable dessin, et, absorbé par son jeu,
n'écoute pas les accords ingénieux introduits au-dessus comme
au-dessous de cette pédale intérieure. Bientôt il s'impatiente, puis
il ricane, toujours en jouant. A la fin sa mauvaise humeur prend
le dessus et, abandonnant son violon, il se lève et s'écrie :
— Quelle musique détestable ! le pire des élèves la ferait moins
mauvaise !
Boccherini était un homme doux, poli et patient; le peu de
courtoisie que le prince lui témoignait ne l'avait jamais découragé;
il savait d'ailleurs quel compte il faut tenir de la faveur des
grands, et il n'aurait jamais hasardé une de ces réponses dont l'in-
convenance prend un caractère d'autant plus grand que le rang
de ceux à qui elle s'adresse est plus élevé. Il se défendit donc
avec prudence et modestie, mais non sans fermeté :
« — Sire, dit-il, que Votre Majesté veuille bien accorder quelque
attention aux jeux qu'exécutent le second violon et la viole, ainsi
qu'au pizzicato que le violoncelle fait entendre en même temps.
Le trait dont l'apparente monotonie lui déplaît varie de carac-
tère dès que les autres instruments se mêlent au discours.
— Plaisante conversation, répliqua aigrement le roi. Ut, si; ut,
si, pendant une demi-heure. C'est de la musique pour rire, ou
bien une ânerie d'écolier.
— Pour porter un semblable jugement. Sire, il faudrait être
musicien. »
La réplique était méritée, mais elle était périlleuse, et l'événe-
ment le prouva. La brutalité n'était pas chose rare chez ce prince
qui, doué d'une force herculéenne, prenait plaisir à se mesurer
avec des palefreniers et des portefaix, et qui prétendait imposer
sa loi aux ministres de son père, poursuivant l'un l'épée à la main,
accablant l'autre de soufflets, et bâlonnant lui-même un troi-
sième. On comprend quelle furie dut déchaîner chez cet homme
irascible et prévenu la réponse fière de Boccherini.
« — Insolent! s'écria Charles IV, et, bondissant de colère, il
saisit le maître par ses vêtements, l'enleva à bras tendu, le fit
passer en dehors d'une fenêtre et le suspendit au-dessus de l'abîme,
où il l'eût précipité sans l'intervention de la reine.
— Sire, lui dit-elle, tout éplorée et pleine d'effroi, au nom de
la religion et par respect de vous-même, n3 tuez pas cet homme ! »
Rappelé à lui, le roi fit un demi-tour et rejeta violemment
l'artiste à l'extrémité de l'appartement. Boccherini, tout contu-
sionné, se réfugia dans une pièce voisine, et échappa ainsi
à un retour de colère dont sans doute aucune intervention ne
l'aurait pu sauver. — Boccherini, ainsi méconnu et dédaigné, s'oc-
cupa de trouver hors de l'Espagne un appréciateur plus juste et
plus éclairé. Parmi les souverains dont la musique faisait les dé-
lices, le roi Frédéric-Guillaume II se distinguait alors autant par sa
munificence envers les artistes que par son goût pasiionné pour
le violoncelle dont il jouait admirablement. Boccherini songea à
lui dédier un de ses ouvrages, ce qu'il fit par l'intermédiaire de
l'ambassadeur de Prusse près la cour de Madrid. Il ne tarda pas
à recevoir du roi-virtuose une lettre des plus gracieuses, accompa-
gnée d'une superbe tabatière remplie de frédérics d'or et du di-
plôme de compositeur de la chambre de Sa Majesté.
A partir de ce jour, Boccherini écrivit exclusivement pour le roi Fré-
déric-Guillaume II, comme le témoignent tous ses manuscrits de-
puis 1787, ainsi que cette note de son catalogue thématique auto-
graphe de la même année : « Tutti le sequenti opère sono state
scritte espressainente per S. M. il re di Prussia. »
MAuniCE CRISTAL.
(La suite p)iOchai7iement.)
UNE SËÂNCE DE MUSIQUE INTIME.
Peut-être les lecteurs de la Gazette se souviendront-ils encore
d'un vieux collaborateur, alors que les uns meurent, et que d'au-
tres, délicats esprits, parlent trop rarement.
Ce bon, ce cher, cet excellent Monnais, ce charmant homme,
si rapidement enlevé!... Mais il faut essuyer ses larmes, et courir
aux vivants : c'est la vie !
Je prends goût de plus en plus aux séances de musique intime.
On écoute tranquillement; on peut échanger ses impressions avec
celles de voisins intelligents. Celte boîte à torture qu'on appelle
une stalle de concert est une vraie souffrance. Après trois heures
de supplice, on sort l'esprit et les jambes tout endoloris.
Dernièrement, nous étions à souhait chez M. Damcke. J'espérais
y voir Berlioz, la tête ceinte de sa couronne de triomphateur...
Il était parti pour Monaco, afin de dégeler un peu ses glaces de
Russie, sous ce magnifique ciel.
Pour nous dédommager, nous avions une excellente musique :
d'abord un duo de M. Damcke pour piano et violoncelle. Mme
Damcke tenait le piano. Ce duo est charmant; il a été joué en per-
fection comme style, comme netteté de doigts et comme exacti-
tude. Le premier morceau a les nobles allures de toute oeuvre
classique qui se présente devant un aréopage sévère. L'adagio of-
fre un chant ininterrompu, mais divisé dans les deux instruments;
un chant plein de grâce scientifique, ou plutôt de science gracieuse.
Comment concilier cette antithèse ? Ceux qui connaissent les
grands maîtres me comprendront. Puis, vient le finale où le pro-
fesseur s'en donne à cœur joie avec le contre -point renversé : pur
caprice de maître. Mais cela est très-fin, très-délicat, très-spirituel,
et point du tout savant, excepté pour les doctes qui savent re-
trouver la haute science sous l'apparence du simple badinage.
Mme Massart, Massart et Jacquard ont dit ensuite le trio en »-é
de Beethoven. C'est une merveille d'originalité et de concision ;
de l'air tissu, comme dit le poëte. Je dirais presque (n'était cet
adagio sublime) du Beethoven heureux. Le finale est un diamant.
Heller me le disait avec bien de la raison : c'est une ode d'Horace,
une épigramme de Martial. El cela est bien vrai : ce finale semble
taillé à l'emporte-pièce dans la forme d'acier du vers latin. Com-
paraison n'est pas raison, mais presque toujours l'analogie a rai-
son. Il faut se servir de beaucoup d'images pour exprimer les sen-
DE PARIS.
75
salions que nous lait éprouver la musique, le plus indescriptible
des arts.
Admirable exécution, je n'ai pas besoin de le dire. Mme Mas-
sart reine du piano! Massart jouait sur son stradivarius. « Bien
rugi, vieux lion ! » (En ce moment je suis plein de Shakspeare.)
Jacquard jouait sur un Bergonzi; — Bergonzi est un vieux facteur
italien, moins connu que son maître Stradivarius. Eh bien! cette
basse est parfaite de tout point : force et velouté. Vous me direz
que le talent de l'artiste y était sans doute pour beaucoup, et j'en
conviens.
Et ensuite, Jacquard nous a joué de vraies, mais de vraies études
de concert, remplies de mélodies et de rhythmes charmants. Mais
où donc seront-elles gravées? Ici peut-être, et ce serait bien mon
vœu 1
L. KREUTZER.
MINISTÈRE D£ U HÀISON DE L'EmPEREUR
ET DES BEAUX-ARTS-
DIRECTION GÉNÉRALE DES THÉÂTRES.
Le concours, institué au théâtre impérial de l'Opéra, pour la
composition d'un poëme destiné à être mis en musique, sera clos
délinitivement le 15 mars présent mois.
Les auteurs qui y auront pris part sont invités à se réunir le
mardi 17 mars, à une heure, au ministère de la Maison de l'Em-
pereur et des Beaux-Arts, dans le cabinet du directeur général des
théâtres, pour élire eux-mêmes le jury chargé de juger les poëmes
envoyés au concours.
Ils seront admis sur la présentation du titre de leur poëme et
de l'épigraphe annexée à leur manuscrit.
NECROLOGIE.
EDOUARD HONIVAIIS.
La mort d'Edouard Monnais a frappé douloureusement à plus
d'un titre la rédaction de la Revue et Gazette musicale de Paris.
Non-seulement il y avait été attaché pendant trente trois ans et en
avait été un des collaborateurs les plus actifs et les plus féconds,
mais les précieuses qualités de son cœur et de son esprit lui
avaient conquis l'amitié dévouée des fondateurs et propriétaires de
cette tribune de l'art, ainsi que l'estime de ses confrères en criti-
que. Doué de bienveillance naturelle, distingué dans ses manières,
et toujours retenu dans les limites d'uns exquise politesse lorsque
ses convictions ne lui permettaient pas d'être élogieux, il ne comp-
tait que des amis. Les regrets de tous l'ont suivi dans la tombe.
Guillaume-Edouard-Désiré Monnais était né à Paris le 27 mai
1798, et touchait à sa soixante-dixième année. Ses études avaient
été plus littéraires que musicales; il est même douteux qu'il ait
jamais effleuré celles-ci, car il était destiné au barreau, et fut reçu
avocat en 1828. Préférant la carrière des lettres à toute autre, dès
l'âge de vingt ans il essaya sa plume dans plusieurs journaux,
sans être attaché spécialement à aucun. Plus tard, séduit par les
succès de la scène, il s'y hasarda et donna en collaboration à divers
théâtres : Midi ou l'Abdication d'une femme, — le Futur de la
Grand' Maman, — la Première Cause, — la Contre- Lettre, — les
Trois Catherine, — la Dédaigneuse, — le Chevalier servant, — Un
Ménage parisien, — le Cent-Suisse (à l'Opéra-Comique) , — Sullana
(idem). Cependant des travaux plus sérieux préoccupèrent Edouard
Monnais à la même époque, car il prit part aux ouvrages de Mar-
changy et de Tissot, pour lesquels il lit de grandes recherches, et
il dirigea les Ephémérides universelles, dont il publia 13 volumes
in-S».
Entré dans la rédaction du Courrier français, au mois de
juillet 1832, pour y rédiger le feuilleton des théâtres, il se fit dès
lors remarquer par la solidité de sa critique ainsi que par l'élé-
gance de son style. Sollicité en 1835 de prendre part à la rédac-
tion de la Gazette musicale, il accepta cette proposition; cependant
sa position au Courrier français l'obligea de n'y paraître que sous
le pseudonyme de Paul Smith. Les articles qu'il y a fait insérer
dans l'espace de plus de trente ans sont en nombre très-considé-
rable. Ainsi qu'il a été dit tout à l'heure, Monnais n'était pas mu-
sicien, ce qui l'obligea, dans les premiers temps, de faire de la critique
un peu à côté de l'objet principal d'un journal spécial de musique.
Il y publiait en feuilletons des nouvelles ou romans dont les sujets
se rattachaient d'une manière plus ou moins directe à cet art. Les
titres de ces nouvelles, qui parurent ensuite en volumes, sont :
1° Esquisses de la vie d'artiste; 2° Portefeuille de deux cantatrices;
3" les Sept notes de la gamme. Ainsi qu'il arrive toujours d'un
homme bien organisé, l'habitude d'entendre, de comparer, d'ana-
lyser, fit acquérir par degrés à Monnais la rectitude de jugement
nécessaire pour bien parler de la musique, au moins dans les
impressions générales qu'elle produit. Les circonstances, d'ailleurs,
le secondèrent. Ayant été nommé, en 1840, commissaire du gou-
vernement près les théâtres lyriques et du Conservatoire de mu-
sique ; prenant part aux travaux du comité d'enseignement de cette
école, et incessamment en relation avec les grands artistes qui en
ont fait partie, il acquit par là une connaissance suffisante des choses
dont il avait à traiter dans sa critique, et son intelligence, son bon
sens, lui venant en aide, il fit remarquer dans ses comptes rendus
des productions de l'art une justesse d'aperçus que relèvent la
politesse du langage et l'urbanité de la forme.
Monnais a fourni quelques articles de critique musicale à la Re-
vue contemporaine sous le pseudonyme de Wilhelm. Dans les
années 1851, 1853, 1859 et 1862,. il a été chargé d'écrire les
poëmes des cantates destinées aux grands concours de composition
musicale, qui étaient alors jugés par l'Académie des beaux-arts de
l'Institut de France ; ces ouvrages ont pour titre : le Prisonnier,
le Rocher d'Appenzell; Bajazet et le joueur de flûte, Louise de
Mazières.
Le dernier travail de Monnais a été une monographie de Charles-
Marie de Weber, d'après le livre allemand publié par M. Max-
Marie de Weber, fils du célèbre artiste. Insérée en variétés dans
la Revue et Gazette musicale, cette monographie n'est malheureu-
sement pas achevée.
Dans ce dernier hommage rendu à la mémoire d'un homme
excellent et d'un écrivain distingué, je n'ai pas eu le dessein de
faire un panégyrique : j'ai dit simplement ce que fut Monnais
comme homme et comme critique. Ceux qui le connurent, c'est-à-
dire ses amis, me rendront cette justice que je n'ai exagéré ni son
mérite, ni les regrets inspirés par sa mort.
FÉTIS père.
REVUE DES THÉÂTRES. ,
Odéok : Reprise de Kean. — Porte-Saint-Martin : La Jeunesse des
Mousquetaires. — Gaité : La Reine Margot. — Gymnase : Un
mari comme on en voit peu, comédie en un acte par M. Léon
Desrosiers; Comme elles sont toutes, comédie en un acte par
M. Charles Narrey. — Vaudeville : Les Rivales, comédie en
quatre actes, par M. Amédée Rolland. — Variétés : Reprise de
la Grande-Duchesse de Gérolstein. — Palais-Royal : Paul Faut-
76
REVUE ET GAZETTE MUSICALE
rester, parodie par MM. Siraudin et Marc-Leprévôt. — Théatre-
Déjazet : Le Genièvre de Bréhant, vaudeville-revue en trois ta-
bleaux, par M. Flor O'Squarr.
Quand les théâtres oîi le drame domine se trouvent dans un mo-
ment d'embarras, ils ont recours aux vieilles œuvres d'Alexandre
Dumas, et presque toujours ils n'ont qu'à se louer de l'expédient.
Il y a une telle puissance, une telle vitalité dans la plupart des
productions de ce maître des dramaturges, que le public ne se
lasse pas, dans une certaine mesure, de leur prodiguer ses écus et
ses applaudissements. Hier, le petit théâtre de Cluny affirmait son
existence par la reprise à'Antomj, aujourd'hui trois théâtres à la
fois étalent le nom magique d'Alexandre Dumas sur leurs affiches,
et tous trois font d'excellentes recettes.
A rudéon, c'est Kean que la direction a choisi et monté avec
le plus grand soin. Le souvenir de Frederick- Lemaître, dans ce
rôle multiple, dont les phases se résument dans ces deux mots :
Désordre et génie, serait écrasant pour tout autre comédien que
Berton. Mais, sans avoir l'ampleur, l'autorité souveraine de son
prédécesseur, Berton possède d'éminentes qualités qui lui permet-
tent d'alfronter les périls de la comparaison. Si ses effets ne sont
pas les mêmes que ceux de Frédérick-Lemaître, il en trouve l'équi-
valent dans toutes les parties du drame qui demandent de la dis-
tinction, de la jeunesse et de la passion. A côté de lui, Reynald
se fait remarquer dans le personnage du prince de Galles, et
Mlle Sarali Bernhardt dans le rôle d'Anna Daniby.
— Pour réunir en un seul faisceau les lauriers d'Alexandre Du-
mas, disons tout de suite que la Jeunesse des Mousquetaires a re-
paru triomphalement à la Porte-Saint-Marlin, avec Mélingue dans
le rôle de d'Artagnan, Tisserant dans celui d'Athos, et Mme Vigne
dans celui de Milady.
— Le succès de la Reine Margot n'a pas été moins éclatant à la
Gaîté, oi!i Coconas est joué par Dumaine, Charles IX par Lacres-
sonnière, et où les principaux rôles de femmes sont parfaitement
remplis par Mlles Jane Essler, Céline Montaland et Mme Lacroix.
— Le Gymnase, sans renoncer au Comte Jacques ni à Miss Su-
zanne qui n'ont pas dit leur dernier mot, a complété l'attrait de
ce spectacle par deux petites pièces nouvelles, dont la réussite n'a
pas été douteuse. Il faut cependant constater une légère différence
dans l'accueil fait à chacune d'elles. La première. Un Mari comme
on en voit peu, est une comédie à poudre, dont l'allure est passa-
blement surannée. On y voit un financier, épais et lourd en appa-
rence, qui a une jeune femme placée entre l'amour ardent d'un
petit-cousin et les redoutables poursuites d'un grand seigneur. En
dépit de son enveloppe ridicule et vulgaire, le mari trouve moyen
d'éconduire ses deux rivaux et de rester seul et unique possesseur
de sa gentille moitié. C'est Pradeau qui joue le rôle du financier,
et qui soutient cette comédie.
La seconde, d'un mérite plus réel, n'a pas besoin d'autre appui
qu'elle-même. Néanmoins, quelques portraits de femmes, agréable-
ment tracés, donnent-ils le droit à l'auteur de s'écrier : Voilà
Comme elles S07it toutes? C'est là une prétention qui frise le para-
dose, et, en fin de compte, la comédie de M. Charles Narrey a
soin de se donner à elle-même un démenti formel. Deux jeunes
dames, dont les caractères forment le plus piquant contraste, se
disputent le cœur d'un homme du meilleur monde, et, par rémi-
niscence d'une aventure du siècle dernier, elles en appelleraient
volontiers au sort des armes si elles n'avaient peur de se défigurer,
lorsque soudain le tendre objet de cette guerre à mort paraît et
fait un faux pas qui prête à rire aux deux antagonistes. Du même
coup, le voile est déchiré, mais il y a là une troisième femme qui
n'a pas ri de cette chute malséante et qui, comme le troisième
larron de la fable, s'accommode du butin en litige. Toutes les
femmes ne se ressemblent donc pas I A cette réserve près, la pièce
de M. Narrey est charmante et a été très-vivement applaudie.
Elle est d'ailleurs fort bien interprétée par Porel, ainsi que par
Mlles Pierson et Angelo.
— Le Vaudeville a été moins heureux avec les Rivales, de
M. Amédée Rolland. Elles sont moins gaies en effet que celles du
Gymnase, et l'homme qui les divise est bien plus ridicule que
celui de Comme elles sont toutes, quoiqu'il ne se laisse pas choir
à temps. C'est un M. de Fresnes qui vient retrouver en Bretagne
deux jeunes cousines, Adrienne et Berthe, dont la première semble
destinée à devenir sa femme. Mais la vue de Berthe change les
dispositions de M. de Fresnes; il ne veut plus entendre parler
d'Adriennc, et la situation se complique d'une troisième femme
qui vient à son tour jeter ses droits dans la balance. Berthe est
bien près de succomber dans cette lutte inégale, mais un dénoû-
ment anodin arrange tout à la satisfaction de chacune et M. de
Fresnes se marie selon son goût et sa convenance.
Cette pièce malencontreuse n'a pas moins de quatre actes, dont
les deux premiers ont été écoutés dans un morne silence, et dont
les deux autres ont provoqué plus d'un rire ironique. Les princi-
paux rôles sont pourtant bien joués par Mme Doche,par Mlle Cel-
lier et par Desrieux. Mais que faire d'une série de situations im-
possibles et présentées parfois d'une façon puérile? Seul, Saint-
Germain est parvenu à tirer un bon parti du personnage d'un
maître clerc de notaire qui veut à tout prix conquérir une étude.
Ce tj'pe aurait peut-être pu sauver la pièce s'il avait eu plus
d'importance.
— Citons, pour mémoire, une parodie de Paul Forestier qui se
joue au Palais-Royal sous le titre de Paul Faut-Rester, et qui, à
la faveur des cocasseries de Brasseur, de Luguet et de Lassoucbe,
se maintient sans trop de désavantage à côté des Jocrisses de l'a-
mour.
— Une parodie, inspirée par la Geneviève de Brabant de l'uni-
versel Offenbach, attire du monde au Théâtre-Déjazet. Le Genièvre
de Bréhant n'est du reste qu'un prétexte pour défrayer les trois
tableaux d'une l'evue qui embrasse toutes les actualités du jour.
D. A. D. SAINT-YVES.
CONCERTS ET AUDITIONS DUSICÂLES DE LÀ SEUIÂINE.
»*4 Des quatre concerts annoncés pour cet hiver aui Tuileries, le
premier a eu lieu lundi dernier 2 mars. Mme Neruda-Norman, dans la
fantaisie - caprice de Vieuxtemps, a été accueillie par des suffrages una-
nimes; nous signalerons encore, parmi les morceaux exécutés, un
chœur de Mdise, l'air de l'Ombre du Pardon de Floërmel, dit d'une façon
ravissante par Mme Marie Cabel et le quatuor de Martlia, qui, chanté par
Mlles Nilsson et Roze, MM. Capoul et Crosti, a produit le meilleur effet,
enfin plusieurs morceaux de la nouvelle partition d'Auber , le Premier
lourde bonheur. — Demain lundi second concert, avec Mme Carvalho et
Capoul ; mardi 17, troisième concert avec les principaux artistes de l'O-
péra ; enfin lundi 23, quatrième concert avec Mlle Patti, Grossi et plu-
sieurs artistes des Italiens.
^*i; Parmi les concerts aristocratiques, nous mentionnerons encore celui
de M. de Nieuwerkerke, où nous retrouvons Mme Norman-Neruda et son
magique archet, et où Mlle Angèle Cordier a supérieurement dit l'air
de i< l'Ombre » du Pardon de Ploërmet, puis celui du duc de Galliera, dont
Vivier et Adelioa Patti se sont partagé les honneurs ; on a y particulière-
ment applaudi la suave élégie du célèbre corniste, intitulée la Plainte, oùle
cor et la voix se fondent en un harmonieux ensemble, et où le mélan-
colique instrument fait entendre des accords de trois et quatre sons.
Vivier y a obtenu un véritable triomphe. On a acclamé également Gar-
doni et Steller dans le duo de Dinorah. —Vivier n'a pas été moins fêté
dans le beau concert donné mercredi chez la duchesse Pozzo di Borgo,
et où il a exécuté la Sérénade de Schubert accompagnée par la harpe et
la romance de Joseph. — Dans cette même réunion, Gardoni a délicie,u-
sement chanté la romance de Martha et Mlle Harris l'air de la Flûte
enchantée.
DE PARIS.
77
:»*, Le concert populaire de dimanche a consacré pour la troisième
fois l'immense talent de Mme Norman-Neruda. La célèbre violoniste y a
joué, sur l'invitation de J. Pasdeloup, la Gcsamjs-scene (scène de chant,
huitième concerto) de Spohr. Très-probablement, Mme Neruda n'aurait
pas donné la préférence à ce morceau qui, malgré les beautés qu'il ren ■
ferme, offre une assez grande sécheresse; mais tel quel, il a été exécuté
de façon à soulever en faveur de la virtuose les bravos les plus enthou-
siastes. — Nous constatons aussi avec grand plaisir l'accueil très-favo-
rable fait aux fragments de Faust, de Berlioz. L'auditoire a été unanime
pour les applaudir.
^*^ Les artistes qui prêtent avec tant de. bonne grâce un concours tout
à fait désintéressé aux soirées organisées par les sociétés de bienfaisance
méritent plus que tous les autres nos éloges, surtout quand ils joignent à
la charité le charme d'un réel talent. Citons aujourd'hui deux noms fé-
minins à la suilo du concert donné pour l'Orphelinat de Sainte-Marie.
Mlle Angèle Godefroid, de l'Upéra, dont les fréquentes auditions parmi
les Sociétés pliilharmoniques de province développent chaque jour de plus
en plus la voix bien timbrée et l'heureuse méthode, s'est fait applaudir
dans l'air de Robert, la Polonaise de Jéruiatem, et, avec M. Shattman,
un jeune ténor, dans le duo des Dragons de Villars. Mlle Célestine Meyer
a été l'éclat de rire sonore et le gracieux mot de la fin en disant avec une
verve toujours distinguée de ravissantes chansonnettes et en jouant avec
M. Lamotte En wagun, de Verconsin, de façon à marquer sa place sur
une de nos premières scènes de genre parisiennes.
*■*» La troisième matinée de Mme Clara Pfeifïer ne le cédait point en
intérêt aux deux précédentes. L'éminente artiste y était représentée
comme compositeur par un nocturne en ut dièse mineur, charmant
petit poëme élégiaque que nous ne connaissions pas encore, et qu'a fort
bien exécuté une de ses élèves, Mlle Marguerite R... Mme Clara Pfeiffer
a joué elle-même deux jolis morceaux de B. Damcke, Complainte et les
Cloches, et une mazurka de Chopin ; c'est toujours le talent fin et délicat,
la savante attaque de la touche que tout le monde admire. Georges
Pfeiffer (qui, il est bon de le dire, donne aujourd'hui même à la salle
Pleyel une audition de ses œuvres) a exécuté, avec sa maestria habi-
tuelle, sa brillante fantaisie sur Faust, et une sonate de Mozart avec
M. de Cuvillon. Le chant (duo de Mignon, duetto de Saint-Saëns, sonnet-
élégie de G. Pfeiffer) était dignement repré.senté par le baryton Archaini-
baud et Ml!e Pauline Doré.
^% Mercredi dernier, nous avons renouvelé connaissance à la salle
Erard avec un sérieux et sympathique talent. M. Gennaro Perelli, un
habile pianiste, doublé d'un compositeur de très-grand mérite, a fait
entendre plusieurs de ses œuvres : c'est d'abord un concerto en sol mi-
neur, plein d'idées intéressantes, d'effets neufs et variés, où l'instrument
est traité brillamment et savamment; c'est ensuite une Pensée mélodique
et un Rondo fantasiico, deux ravissants morceaux que nous croyons
appelés au succès; c'est enfin un Capriccio alla mazurka, plein de verve,
brillant sans vulgarité et qui a terminé le concert en laissant une excel-
lente impression. M. Perelli vient certainement de se placer très haut
dans l'estime des artistes et des gens de goût.
:f*:t Le concert de M. Edouard Colonne a eu lieu vendredi. Nous regret-
tons que le défaut d'espace ne nous permette pas d'en donner les détails,
mais nous enregistrons toujours avec plaisir les succès remportés par cet
excellent artiste, qui a pris rang depuis longtemps parmi nos meilleurs
violonistes, et qui interprète la musique de chambre d'une façon si
remarquable. Un mécanisme sûr, une grande pureté de son, beaucoup
de délicatesse, telles sont les principales qualités qu'on retrouve chez
lui, à chaque nouvelle audition plus accusées et plus complètes.
„,■** Tout concourait pour faire du dernier vendredi de Mme Oscar
Comettant, notre éminente cantatrice-professeur à Versailles, une fête
exceptionnelle : les talents réunis de la maîtresse de la maison, de la
jeune violoniste Marie Tayau, de Mlle Holmes, une jeune pianiste-com-
positeur qui fera parler d'elle, etc. Le choix des morceaux exécutés a
laissé aux nombreux invités de Mme Comettant la plus heureuse et la
plus durable impression. Elle s'est fait entendre dans un air de Don
Carlos et la chanson des Djinns d'Auber, qu'elle a dfl répéter ; jamais
sa magnifique voix n'avait produit plus d'eftet.
^*t Ajoutons à cette longue nomenclature de concerts ceux de deux
pianistes d'un réel mérite, Mlles de Latapie et Dona de Potier, — cette
dernière, élève de Liszt ei quoique jeune, déjà célèbre en Allemagne, —
qui toutes deux paraissent devoir prendre un rang honorable dans l'ar-
mée si nombreuse des virtuoses du clavier.
^*,^ Une famille artistique digne du plus grand intérêt, M. Frémeaux
et ses trois enfants, excitent en ce moment l'attention du public musical.
Les trois jeunes prodiges (trois à la fois, cela ne s'est pas encore vu)
sont âgés de neuf, onze, treize ans, et jouent: Paul, du violoncelle, Al-
bert, du violon, et Jeanne, du piano, avec un talent tout à fait précoce,
on pourrait dire déjà formé. Paul, notamment, se distingue par une or-
ganisation musicale, une facilité et une mémoire prodigieuses. C'est à
leur père et au conservatoire de Marseille, oii il était professeur, que ces
charmants enfants doivent ce qu'ils savent. Ils ont donné le 2i février
à Saint-Gcrmain-cn-Laye, dans la salie des Arts, un très-beau concert,
dont le chef de la musique de la ville, M. AUard, avait l'initiative et la
direction. Ils ont récolté une ample moisson de bravos, qui ne sont sans
doute que le prélude des succès qui h s attendent sur les scènes plus
importanics où ils pourront se produire.
^*», De la province nous arrive l'écho d(!S appbiudisscmenLs qui saluent,
partout où elle se fait entendre, la Compagnie musicale Ulmann-Patti. Les
éminents artistes qui la composent ont tout particulièrement excité l'en-
thousiasme des Lyonnais. A l'issue du concert où Seligmann avait joué
avec toule son âme l'Éloge des larmes, de nombreux jeunes gens, réunis
devant son hôtel l'ont acclamé, et se sont faits près de lui les interprètes
de la satisfaction de toute l'assistance. Malheureusement, la nouvelle im-
prévue d'un triste événement est venue interrompre pendant deux ou
trois jours à Marseille le cours de ces beaux concerts. Le beau-frère de
Carlotta Patti, M. Scola, venait en effet de se trouver subitement
atteint d'accès nerveux qui ont nécessité son transfert immédiat dans
une maison de santé spéciale de Milan.
:t*.^; A l'exemple des principales villes de France, Rennes a organisé
des concerts populaires de musique classique. Chaque dimanche, Haydn,
Mozart, Beethoven, Mendelssohn, interprétés par des artistes de talent,
viennent en aide aux misères de la vieille capitale de la duché de Bre-
tagne.
a,** Voici le programme du concert que donne aujourd'hui dimanche
la Société des concerts du Conservatoire : 1° .symphonie en sol mineur
de Mozart; —2° 42"^ psaume (1'" audition) de Mendelssohn. Traduction
de M. Nuitter; chœur, air, choral, récitatif et quintette, chœur final;
le solo sera chanté par Mlle Mauduit; •— 3° 1" concerto en ut majeur,
pour piano, de Beethoven, exécuté par Mme Montigny - Remaury;
— 4° ouverture, avec chœurs, du Pardon de Ploërmel de Meyerbeer.— Le
concert sera dirigé par M. George Hainl.
s** 'Aujourd'hui dimanche, à 2 heures, au cirque Napoléon, dix-neu-
vième concert populaire de musique classique, sous la direction de
J. Pasdeloup. En voici le programme : 1* symphonie en si bémol
(op. 20), de Niels W. Gade (allegro, andante, scherzo, finale); — 2» ada-
gio du quintette en sol mineur de Mozart, exécuté par tous les instru-
ments à cordes; — 3° symphonie pastorale de Beethoven; — i" gavotte
de J.-S. Bach; —3° marche religieuse de Loliengrin de R. Wagner.
»** Dimanche prochain 13 mars, à 2 heures précises, une solennité
musicale très-intéressante aura lieu dans la salle He-t-z au bénéfice de la
Crèche du Quartier des Journaux (2» arrondissement). On y exécutera,
entre autres morceaux de choix : le Parnasse, de Raphaël, ravissant
solo de violon joué par une jeune fille, Mlle Nelly Guibert, avec accom-
pagnement d'un chœur d'hommes et de femmes; les Chérubins, be\le
inspiration de Borniantski , le cygne de la chapelle des Czars.— Crosti,
Potel, Sainte-Foy, Mlle Marie Heilbron, de l'Opéra-Comique, la déli-
cieuse cantatrice Lavini, de Barcelone, Mlle Marie Secretan, la brillante
élève de Herz, Louis Magner, Robins et Hollebecke, les colonnes de la
fanfare Sax, tel est le personnel qui se fera entendre au profit de la
crèche ouverte depuis deux ans en faveur des femmes d'employés et des
plieuses de journaux. — On trouvera des billets au prix de 10, 6, A et
2 fr. à la mairie du 2» arrondissement, salle Herz, et chez M. A. Ehvart,
organisateur de cette bonne œuvre.
^*^ Entre tous les concerts delà saison de 1868, signalons d'une façon
toute particulière celui qui est annoncé, dans les salons Erard, mercredi
prochain 11 mars, par la jeune et belle virtuose TeresaCarreno, la digne
émule de Liszt et Thalberg. Elle fera entendre à son concert non -seule-
ment la musique des maîtres du piano, mais aussi ses remarquables
compositions. Au nombre des artistes qui prêteront le concours de leur
talent à Teresa Carreno, on cite : Mlle Marimon, M.M. Delle-Sedie,
Lefébure-Wély, Sarasate et Servantes. De plus, on entendra des contes de
Nadaud récités par Coquelin, de la Comédie Française.
^*^ Les sœurs Pellini, dont nous avons souvent parlé et que leur ta-
lent sympathique fitit rechercher dans toutes les réunions musicales arisr
tocraliques ou publiques, vont donner, avec le pianiste Kowalskî, un grand
concert à la salle Herz.
^*^ Ce soir à 8 heures i/2, Mme Ernst, la veuve du célèbre violoniste,
dont on se rappelle les lectures intéressantes à l'Athénée, donne , dans
la salle du boulevard des Capucines, n° 8, une conférence dont les œu-
vres de Victor Hugo, Alf. de Musset, Th. Gautier, etc., .feront les frais.
Un nombreux auditoire est assuré d'avance à Mme Ernst.
:^*if, Mme Norman-Neruda, après ses succès au concert Pasdeloup, à la
cour et au Louvre, vient de quitter Paris pour remplir divers engage-
ments qu'elle a acceptés en Hollande. La grande artiste sera de retour
à Paris dans une dizaine de jours, et elle y donnera le 26 mars un con-
cert dans la s-alle Herz.
^*^, Rubinstein récolte en ce moment les plus brillantes ovations en
Hollande et en Belgique ; il doit jouer au huitième et dernier concert
populaire de musique classique, qui a lieu aujourd'hui à Bruxelles.
^*4 Les frères Guidon, sollicités par les soirées musicales du Carême,
nous reviennent de Monaco et de Nice où ils ont passé une partie de
l'hiver, interprétant leur répertoire si varié, de duos, chansons, comédies
et opérettes qui, sur le littoral méditerranéen comme dans les salons de
Paris, leur ont valu les plus légitimes .succès.
REVUE ET GAZETTE MUSICALE
,*4 Joseph Rubinstein, jeune pianiste russe, qui, pendant plusieurs
années, a séjourné à Vienne, où il a obtenu de très-grands succès, vient
d'arriver :\ Paris, où il se propose de se faire entendre.
^*, L'cminent pianiste A. Billet nous informe que M. et Mme Guz-
man, dont on a pu apprécier le beau talent au concert donné par eux,
jeudi de la semaine dernière, sont ses élèves et n'ont jamais eu d'autre
maître que lui. Nous n'en sommes nullement étonnés et chacun sait que
les élèves formés par M. Billet deviennent promptement des maîtres.
NOUVEllES DES THÉÂTRES lYRIQUES.
,** Le théâtre impérial de l'Opéra a donné lundi et vendredi de cette
semaine : deux fois la Muette de Portici, — mercredi le Trouvère et le
Marché des Innocents.— h. Vd représentation précédente du Trouvère, la di-
rection, informée que Caron, subitement indisposé, ne pouvait jouer, avait
prié M. Maurel, premier prix do chant aux derniers concours du Con-
servatoire, engagé à l'Opéra et qui y attendait ses débuts, de remplacer
Caron dans le rôle du comte de Luna. Quoique pris au dépourvu et
forcé de jouer au pied levé «t sans répétition, le jeune artiste n'a pas
hésité à répondre à l'invitation de M. Perrin, et, malgré une émotion
bien naturelle, il a dit avec beaucoup de talent sa cavatine et sa partie
dans le duo du quatrième acte. 11 a donc été fort bien accueilli et
tràs-encouragé. L'éprouve répétée mercredi lui a été encore plus favorable
et on Pa fort applaudi. M. Maurel est d'ailleurs doué d'un physique
agréable; il a de la distinction et il fera certainement son chemin.
*** Au moment où nous mettons sous presse a lieu, avec costumes et
décors, la répétition générale d'Hamlcl, dont la première représentation est
fixée à demain lundi.
^*^ Lundi dernier, POpéra-Comique a présenté dans le rôle de Zampa
un ténor que l'on avait connu à l'Opéra, et que, depuis, les théâtres de
province ont apprécié. M. Hayct, dont la voix n'est plus jeune, possède
de sérieuses qualités de chanteur et une grande expérience de la scène.
Ce début, peu éclatant, servira néanmoins la carrière de cet artiste. —
On répèle, en outre, à ce théâtre Popéra de M. Samuel David, la Part
du niable, de M. Auber, le Docteur Mirobolan, de M. Eugène Gautier
et le Café du. Roi, opéra de M. Dcffès, joué primitivement au théâtre
Lyrique.
^** La direction a reçu de Mme Sand le poëme d'un opéra-comique
en trois actes, la Petite Fadctte, tiré d'un roman de l'auteur dont M. T.
Semet compose la musique.
»■** Le succès du Premier Jour de bonheur a .déterminé MM. d'En-
nery et Cormon à se mettre de suite à l'œuvre pour écrire le livret d'un
nouvel opéra-comique, dont ils espèrent que M. Auber consentira à com-
poser la musique. L'illustre auteur de la Muette se rendra-t-il aux instan-
ces de ses deux heureux collaborateurs? Voilà la question.
^*;KMontaubry est attendu à Toulouse, où il doit chanter, entre autres
ouvrages de son répertoire, Faust et Roméo.
^*^ Adelina Patti, de retour de Lille, dont elle a enthousiasmé les
habitants et où elle a fait à la représentation de Fau.^t •15,0IK) fr. de re-
cette, était de retour à Paris mercredi et elle a chanté jeudi la Traviata.
^Mardi on avait donné la Sonnambula avec Mlle Harris, qui s'y est mon-
trée charmante , et hier les époux Tiberini ont fait leurs débuts dans
Matilda di Shabran. Nous en rendrons compte dans notre prochain nu-
méro .
a;*^ Aujourd'hui a lieu, à prix doublés, la représentation extraordinaire
organisée au bénéfice de l'œuvre des écoles de Saint-Joseph, et dans la-
quelle la diva chantera pour la première fois à Paris le rôle de Leonora du
Trovatore.
^*^ L'engagement de Gardoni est expiré et n'a pas été jusqu'à présent
renouvelé.
^*^ Les préparatifs de l'installation de M. Carvalho au théâtre Venta-
dour se poursuivent avec activité, et il se pourrait que l'inauguration
de son répertoire s'y fit, dès mercredi 11, par Faust, interprété par
Mme Carvalho, MM. Massy, Troy, Lutz et Mlle Daram. A cet effet,
Mme Carvalho a clos ses représentations hier par la Fanchonnette sur
la scène du théâtre Lyrique.— Cette installation sera d'ailleurs complète-
ment distincte comme administration, répétitions, matériel et personnel
de celle du théâtre Italien, et de son côté le théâtre Lyrique n'aura nulle-
ment à souffrir de la double exploitation. Au contraire, si Mme Carvalho
semble devoir consacrer plus spécialement son talent à la scène nouvelle,
la direction augmente considérablement le nombre de ses artistes. Ainsi,
entre autres engagements nouveaux qu'elle vient de faire, il faut men-
tionner ceux de Mlle Marimon, qui prendra le rôle de la Reine de la
Nuit dans la Flûte enchantée, et qui chantera sur les deux scènes; de
Rosa Formés, dont la voix de soprano est, dit-on, fort remarquable, et
qui débutera dans Rigoletto; de l'excellent Meillet, qui compta de nom-
breux succès à l'ancien théâtre Lyrique; du ténor Duchène, élève de M.
Nicole Lablache, et enfin probablement aussi, de Mme Galli-Marié dont il
e.«t fort question.— La scène du Châtelet s'occupe, en attendant, sans re-
lâche, d'une brillante reprise des Noces de Figaro et de VElisabeth de Hon-
grie de M. Jules Béer, pour Mlle Schroeder. — M. Carvalho a adopté le
titre de Théâtre de la Renaissance pour les jours où il jouera. — Les
prix du théâtre de la Renaissance seront les mêmes que ceux du théâtre
Lyrique actuel, et ceux de ce dernier seront prochainement réduits.
if*^ Martha, très-bien interprétée par Mlle Daram, Mlle Rouvray,
Bosquin, Troy et Wartel, est toujours une des pièces les plus suivies du
répertoire au théâtre Lyrique; aussi y est-elle fréquemment représentée.
Vendredi la salle était pleine et la charmante musique de Flotow a reçu
les plus chaleureux applaudissements.
if*if Lundi dernier, la Grande-Duchesse a fait une rentrée triomphale
en son féal théâtre des Variétés. La seconde, représentation de la reprise
s'accentuait déjà par i,199 francs de recette, et la salle est louée
jusqu'à la douzième. Ainsi qu'aux beaux soirs du début de la pièce et
comme si elle n'avait pas été jouée deux cents fois et plus, le public on
applaudit tous les morceaux et bisse, notamment, un air nouveau, com-
posé pour cette reprise, au troisième acte. Rêvant sous les lambris qui pour-
raient redire tant de... choses, la souveraine de Gérolstein déplore que
sa destinée la pousse à faire mourir le beau soldat qu'elle aime et à se
plonger dans le crime, alors qu'elle a reçu du ciel un si citarmant petit
naturel. Cette Méditation, empreinte d'un caractère mélodramatique du
plus comique effet, rattrapera bien vite sur le chemin de la popularité
la fameuse Déclaration. — Grenier, Kopp, Christian ont repris leurs rôles
avec un brio à faire croire que c'est d'hier que date la première.
Mlle Schneider et Dupuis chantent et jouent... Mais tout a été dit sur
cette verve étourdissante, sur cette finesse d'intentions et de souligne-
ments toujours nouvelles. Entrain général, gaieté communicative ; pour
ceux qui jouent, pour ceux qui écoutent, la fête est complète!
,*» Le jeune Alfred Audran,dont nous mentionnions tout récemment
les heureux débuts dans les salons de Paris, vient de se produire au
théâtre de l'Athénée dans le Train des maris . Le jeune artiste, pour la
première fois qu'il paraissait on public, s'est très-bien tiré de cette
épreuve et, dans un rôle qui exige en même temps du comique et de la
tenue, il a fait preuve de tact et d'intelligence.
^.*,ii Le succès de Rohinson Crusoé s'accentue de plus en plus à Lyon :
les airs en sont chantés dans les rues et y deviennent populaires. La
direction et les artistes, Mlles Corlez, Mézeray, Douau, MM. Peschard,
Barbot, Feret, ont rencontré dans l'œuvre d'Offenbach un succès du
meilleur aloi.
J'tj, On annonce, à Troyes, les représentations très-prochaines de la
Grande-Duchesse avec M. Carrier, le désopilant ténor comique qui, l'année
dernière, a obtenu un si grand succès sur cette scène. Caen Papplau-
dissait avec enthoisiasme, il y a huit jours, avec Mlle Géraldine dans
l'œuvre populaire d'Offenbach.
i,*^ On parle de M. Halanzier pour la direction du Grand-Théâtre de
Bordeaux pour la prochaine campagne.
*'*4,. La Grande -Duchesse est en ce moment représentée à Rome par
une compagnie française; la censure pontificale, si sévère pour les pièces
italiennes et de provenance étrangère, a bénévolement fermé les yeux sur
les spirituelles excentricités du duché de Gérolstein. Chaque soir, l'aristo-
cratie et le peuple emplissent la vaste salle élevée, place Navone, pour
CCS représentations qui, au témoignage des correspondances, t font fu-
reur dans la ville éternelle. » On ajoute même ([ue le Pape se serait
écrié, avec sa bonne humeur narquoise et bien italienne : « Che disgrazia!
Dire que je suis peut-être le seul souverain qui ne puisse voir cette
grande-duchesse-là! « Qui sait? n'est-il pas avec le ciel plus d'un accom-
modement?...
S;-*, La combinaison qui réunirait dans les mains de M. Mapleson les
deux théâtres de Covent Garden et de Majesty's Theater est bien arrêtée
en principe; la Société est formée, mais elle n'a pas encore trouvé les
fonds nécessaires, et il s'en faut de beaucoup, car M. Gye ne demande
pas moins de 270 mille livres sterling (8 millions de francs) pour la
cession de tous ses droits et de son matériel, et il en faudrait compter
13,000 (375,000 francs) à M. Mapleson pour l'abandon des siens.
^*^ Mme Viardot a composé un nouvel opéra fantastique, le Dernier
Sorcier, qui sera vraisemblablement représenté à Bade, et qui, paraît-il,
est aussi riche en charmantes mélodie que Trop de femmes, si bien ac-
cueilli naguère.
,t*. Par un arrêté du ministre de la maison de PEmpereur et des
beaux-arts, M. Arthur de Beauplan, commissaire impérial près le théâtre
de POdéon, vient d'être nommé commissaire impérial près les théâtres
lyriques et le Conservatoire, en remplacement de M. Edouard Monnais,
décédé. — Aux termes du même arrêté, M. Albéric Second, homme de
lettres, a été nommé commissaire impérial près le théâtre de l'Odéon, en
remplacement de M. Arthur de Beauplan.
NOUVELLES DIVERSES.
,^*t Mendelssohn a composé , il y trente ans, une très-belle étude en
Dli PARIS
fd mineur, une véritable romance sang paroles, digne à tous égards de
figurer parmi les petits chefs-d'œuvre écrits par le maître pour son
instrument. Sur une basse à dessin continu d'arpèges, se détache une
mélodie dont le charme fait oublier le but technique de cette étude,
puisque étude il y a. La publication de ce ravissant morceau , qui exci-
tera certainement un vif intérêt, est due à la maison Brandus etDufour.
11 fut jadis destiné à la Méthode des méthodes de Piano, de Fétis, dont
il n'avait jamais été détaché, et beaucoup de personnes aujourd'hui en
ignorent l'existence; il offre donc tout l'attrait d'une œuvre véritablement
inédite. C'est le complément de la musique de piano de Mendelssohn,
que tant d'artistes et d'amateurs croient posséder tout entière.
«** L'inauguration solennelle du grand orgue de Notre-Dame, re-
construit par M. Aristide Cavaillé-Coll, a eu lieu vendredi soir avec une
grande pompe. Nous rendrons compte, dans notre prochain numéro, de
cette intéressante cérémonie, qui avait attiré une foule immense.
^^*^, On lit dans le Journal de Mulhouse : « Dans l'église de Sumiswald
(canton de Berne), a eu lieu, il y a quelques jours, l'essai public d'un
orgue électrique construit par MM. Leuenberger et C", de cette com-
mune. Cet orgue joue d'après les notes indiquées, toute espèce de musi-
que, avec autant de facilité que d'exactitude. — Les notes de musique,
pour êlre soumises à l'influence électrique, sont transportées, par une
machine spécialement construite à cet eifet, sur de larges bandes de
papier de 40 à 50 pieds de long, de telle manière que les différentes
valeurs des notes sont représentées par de légères coupures au moyen
desquelles elles sont lues par le mécanisme électrique. Le générateur
électrique de l'instrument est un appareil indépendant, organisé de
telle manière qu'il peut être appliqué, en très-peu de temps, à tout or-
gue d'église, qui par là devient lui-même électrique, o
^*^ L'excellent chef d'orchestre Desgranges, après un hiver très-occupé
dans les salons de l'aristocratie, \a reprendre à Deauville le bâton de
commandement de l'orchestre du Casino, l'un des attraits de la belle
rivale de Trouville. M. Desgranges est aussi en pourparlers avec les pro-
priétaires pour prendre la direction complète du Casino. L'établissement
et le public ne pourraient que gagner à ce choix.
»% MM. Bote et Bock, de Berlin, ont acquis la propriété pour l'Alle-
magne du nouvel opéra d'Auber, le Premier Jour de bonheur.
,it** La Société impériale des Orphéonistes de Lille, pendant tout le
couis de notre rigoureux hiver, a fait distribuer gratuitement, par les
soins d'un comité spécial, des aliments aux indigents de cette grande
cité manufacturière. Ce fait est une éclatante consécration du principe de
charité bien entendue qui préside à l'institution nationale du chant choral
populaire.
»*5^ Il est question d'un concours orphéonique, dont la direction artis-
tique serait confiée à M. A. Méreaux, et qui aurait lieu le 24 mai pro-
chain, à Rouen, à l'occasion du concours régional que l'Empereur doit
honorer de sa présence.
**,j L'inauguration prochaine de la statue équestre de Napoléon l", à
Grenoble, sera célébrée par un festival choral, sous la présidence de
MM. Berlioz, un glorieux enfant du Dauphiné, Besozzi et Delsarte; on y
exécutera une cantate militaire de circonstance et la Gaule, grand chœur
d'ensemble, populaire parmi les Sociétés orphéoniques, de MM. Mathieu
de Monter et Jules Monestier.
,** Fort peu de billets restent à prendre pour le bal des Artistes, qui
aura lieu à l'Opéra-Comique le 14 de ce mois. Outre la réputation de
bon goût justement acquise à cette fête, elle emprunte cette année un
attrait inusité à la tombola, dont l'unique lot est uu bijou d'une valeur
de 3,000 francs.
^"^ Mme Isabella Behr, femme du D' Behr, — littérateur distingué et
correspondant de plusieurs journaux étrangers, — cultive avec succès la
mu.sique, et sa réputation comme professeur de chant est parfaitement
établie. — Elle vient de mettre en musique la Chanson de Mai de Goethe,
l'Attente et le Chant du soir du Voyageur de Riickert, avec paroles fran-
çaises et allemandes, et ces trois mélodies, publiées par la maison Schott,
de Bruxelles, où réside Mme Behr, y obtiennent un grand succès, très-
mérité d'ailleurs par le charme et l'expression dont elles sont empreintes.
Nous les recommandons à tous les amateurs.
if*^ Le grand succès qu'obtient le nouveau roman d'A. de Lavergne :
le Lieutenant Robert faisait vivement désirer le second volume. Nous nous
empresjons d'annoncer qu'il vient de paraître sous le litre de : Epouse
et Mère, l'éditeur Cadot aj'ant jugé à propos de diviser l'ouvrage en deux
parties chacune sous un titre différent.
^** Louis I", roi de Bavière, qui avait depuis longtemps abdiqué la
couronne, vient de mourir à Nice. Dilettante passionné, ami du beau
sous toutes ses formes, il avait puissamment contribué à faire de Munich,
sa capitale, un centre artistique et littéraire, la véritable Athènes de l'Alle-
magne du Sud.
ÉTRANGER
**t Berlin. — Pauline Lucca, ajirès ses triomphes de Saint-Pétersbourg,
a fait sa rentrée à l'Opéra royal dans les Joyeuses Commères, de Nicolaï;
on l'a reçue comme l'enfant prodigue, tant avait paru longue son absence
d'un mois! Et cependant il paraît certain, au grand désespoir de ses
nombreux admirateurs, que son engagement pour lacajjitale delà Rus-
sie a été renouvelé avant son départ. — Après plusieurs heureux débuts,
Mme de Voggenhuber a été engagée comme première chanteuse à l'O-
péra.
*■".« Magdebourg. — Un accueil très-sympathique a été fuit à Iléro et
Léandre, opéra-comique nouveau dont l'auteur est le chef d'orchestre du
roi de Wurtemberg, \V. Steinhart.
^*^ Leipzig.— Pour la première fois, une œuvre de Berlioz a été in-
troduite dans le répertoire des concerts du Gewandhaus. Le 27 février,
on a joué avec succès sa symphonie Harold en Italie, à un concert de
bienfaisance donné au profit de la Caisse des pensions de l'orchestre.
L'ouverture du fioî jl/on/'red, de Reinecke, a été aussi très-bien accueillie.
*** Trêves. — Encore une première représentation de l'Africaine à
signaler, et, comme d'habitude, un brillant succès. La pre.s.se locale ac-
corde de grands éloges aux interprètes, Becker (Vasco), Riech (Nélusko)
et Mlle Da Ponta (Sélika), ainsi qu'au directeur Sclionfeldt.
^\ Vienne. — VOEU creoé (Der Pfeil im Auge), de Hervé, a été donné
sans grand succès au théâtre An der Wien.
*** Cadix. — Le baryton Everardi vient de terminer une brillante série
de représentations qui compterànt dans sa vie d'artiste. 11 est reparti pour
Dînant, sa ville natale, chargé de lauriers et tout disposé à en cueillir
d'autres.
*** Milan. — A la Scala, le chorégraphe Monplaisir vient de donner
uii nouveau ballet, Brahma, qui, aidé de toutes les .splendeurs d'une
mise en scène orientale, a beaucoup plu. La Ferraris a créé le principal
rôle avec son talent ordinaire. La musique, considérée généralement en
Ralie comme une chose toute secondaire dans un ballet, à ce point que
souvent on ne s'inquiète pas du nom du compositeur, est du fécond
Dair Argine ; on en dit beaucoup de bien .
»*, Gênes. — Il Sogno d'Ines, ballet nouveau de Pinzuti, a été très-
applaudi au Carlo Felice. Grand succès aussi pour la première danseuse,
Enrichetta Lamarre. — Une dépêche télégraphique parh; de l'effet gran-
diose produit par l'Africaine, à la Fenîce, avec la Lotti, Carrion et
Merly.
,it*, Saint-Pétersbourg. —Mario a brillamment terminé sa saison panni
nous. Il s'est fait vivement applaudir dans une soirée donnée par le pianiste
Braga dans les salons du comte Koucheletf-Besborodko, où on a également
fêté Mmes Trebelli et Volpini, deux étoiles qui brillent du plus vif éclat
sur le ciel un peu gris de la-Moscovie. ■ - , ,
CONCERTS ET ADDITIONS MUSICALES ANNONCÉS.
Salons Erard, aujourd'hui dimanche à 2 heures: matinée musica'c
donnée par M. Titus d'Ernesti, avec le concours de Mme LoIIa délia
Rosa, de Mlle Rives, de MM. Marochetti et Reuchsel. — Le Style,
c'est la femme, comédie inédite, jouée par Mme Solange et M. Ric-
canti.
Salon Pleyel-Wolff, mardi 10 mars : concert de E. Jacobi , avec le coa-
cours de Mlle Bloch et de MM. Colin et Caron, de l'Opéra, et de
Mlle Duval, de l'Opéra-Comique.
Salle Herz, mercredi 11 mars : deuxième soirée de musique de chambre
de MM. Maurin, Colblain , Mas et Demunck, avec le concours de
M. C. Saint-Saëns. — Pour la première fois, quatuor de Schumann.
Salle Erard, mercredi 11 mars : concert donné par Mlle T.j Carreno.
Salons Pleyel, samedi 14 mars: concert donné par M. D. Magnus et
Mme Gaglîano.
Salle Herz, samedi 14 mars : deuxième grand concert de M. C. de Bé-
riot, avec le concours de Mme Monbelli.
Salle Herz, dimanche 15 mars : concert donné par M. Kow aUki et Mlle
Pellini, avec le concours de MM. Hermann-Léon, Sarrasate, Las-
serre, Mlle E. Dubois et Coquelin, de la Comédie-Française.
Salle Herz, lundi 16 mars : concert de M. W. Kriiger, avec le concours
de Mlle Dolmeisch, MM. Ponsard, Hammer, Godard et Charles Pot-
tier.
Salle Herz, jeudi 26 mars : concert donné par Mme Norman-.\eruda, la
célèbre violoniste.
80
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FANTAISIE DE SAION pour le piano, par E. Ketterer. ... 7 50
DEDX BODQDETS DE MÉLODIES, mosaïques, par Cramer, chaque 7 50
FANTAISIE ÉLÉGANTE pour le piano, par Ruï>mel 6 »
BAGATELLE pour le piano, par Lecarpentier 5 »
DDO FACILE à quatre mains, par Ed. Muller 6 »
FANTAISIE GRACIEUSE pour le violon, par Ad. Herman ... 7 50
CAPRICE FACILE pour la tlùte, par Gariboldi. ....... S »
GRANDE VALSE, pour le piano et à quatre mains, par Strauss 6 »
QUADRILLE pour le piano et à quatre mains, par H. Marx . 4 50
QUADRILLE pour le piano et à quatre mains, par Arban. . . 4 30
QUADRILLE pour le piano, par A. Mev 4 50
POLKA-MAZURKA pour le piano, par Lindheim 4 »
SCHNEIDER-POLKA. par Roques, pour piano et à quatre mains 6 •
GRANDE POLKA, pour le piano, par Arban 4 »
GALOP DE L4 GRANDE -DUCHESSE composé par Offenbach, réduit
pour le piano et à quatre mains , par Roques .
50
îa^S ^©WA'UM. "BM îa^
Transcriptious faciles dea principaux airs pour le piano, par ivolfart.
Rondo de la Duchesse 3 75
Chanson du Régiment 3 75
Couplets du Sabre 3 »
Couplets des Lettres 3 75
5. Ballade bouffe 3 75
6. Rondo de la Bataille 3 75
7 . La Déclaration et Gazelle de HollanJe 3 75
8. Entr'acte (du 3" tableau) 3 »
Composé
Pour les Bals Ce TOpéra,
9. Nocturne : Bonne nuit 3 »
10. A cheval, général ! 3 75
11 . Légende du Verre 3 »
12. Complainte et Chant nuptial. 3 »
Illustré de
OCADRILLE NOCVTÎAU PAR STRAUSS ,_^., ....... „,.„,,
Pour le Piano i i fr. SO. — A quatre mains : i fr. SO.
Quadrille. — Polka et Polka-Uazurka. — Crande Valse, arrangée pour Violon, pour Flûte et ponr Cornet, chaque : 1 franc.
Les Airs arrangés pour Violon, pour Flûte et pour Cornet.
lies Parties d'orclieslre complètes. — Valses, Quadrilles, Polkas, Polka-Uaznrka, pour orcltestre.
IIEUIKS DE FER — .
, 30, A P&:l3.
BUREAUX A PARIS : BOULEVARD DES ITALIENS, 1.
5S' Année.
N" \i.
1S mars 1868.
ON S'ABONNE :
Dans les Départements et ù^l'Étrongcr,
chez tous les Iforchonds de Musique, 1rs Libraires,
et aux Bureaux df; Mi'ssageries et des Posles.
REVUE
PRIX DE L'ABONNEMENT:
Paria. ?* r. par ;■
Départements, Ililgiquc et Suisse... :îti -. iiL
Étranger 34 n id.
Le Journal paraît le Dimanche.
GAZETTE MUSICALE
DE PARIS
SOMMAIRE. — Théâire impéi'ial de l'Opéra: Mamlet , grand opéra en cinq
actes, paroles de MM. Michel Carré et Jules Barbier, musique de M. Ambroise
Thomas, par Paul Bernard. — Théâtre impérial Italien : reprise de
Matilda di Shabran, de Rossini; débuts de M. et Mme Tiberini, par Uanrive
tiray. — Entrefilets. — Concerts et auditions musicales de la semaine. —
Nouvelles des théâtres lyriques. — Nouvelles diverses. — Concerts et audi-
tions musicales annoncés. — annonces.
THÉÂTRE IMPÉRIAL DE L'OPÉRA.
HAMLET,
Grand opéra en cinq actes, paroles de MM. Michel Carré et
Jules Barbier, tmtsiqve de M. Ambroise Thomas.
(Première représentation le 9 mars 1868.)
Etant admis en principe qu'il est possible de toucher aux grandes
œuvres du temps passé pour les plier aux exigences d'aujourd'hui,
pour les amputer de ce qui nous blesse, tout en les dotant de ce
qui nous flatte, en un mot ^our les approprier au goût du théâ-
tre moderne, on ne saurait nier que le nouvel ouvrage de
MM. Michel Carré et Jules Barbier se trouve bien compris dans
son ensemble, et que le colosse shakspearien , en passant dans le
moule capitonné de notre civilisation tant soit peu efféminée, n'a
pas trop perdu de ses arêtes viriles et s'est prêté avec assez de
complaisance aux développements difficiles d'une grande tragé-
die lyrique.
Sauf quelques petites querelles de détails, on peut dire que
leur pièce est bien coupée au point de vue du drame, intéressante
autant que l'œuvre philosophique de Shakspeare peut l'être pour
des auditeurs simplement désireux de se distraire, qu'elle off're
quelques beaux vers, parfois incisifs, qu'enfin elle semble digne à
plusieurs titres de la grande source à laquelle elle n'a pas craint
d'emprunter ses eaux vives et ses torrents impétueux.'
Ne pouvait-on redouter, en effet, que la musique ne se prêtât
pas complètement aux conflits d'une vengeance inspirée par les
légendes du Nord, tortueuse dans ses moyens, philosophique plu-
tôt que passionnée, fatale plutôt que raisonnée? La vcndelta corse,
avec ses fougueuses colères, semblerait plus apte à inspirer un
art tout de sentiment et d'élan; cependant la musique off're
aussi son côté contemplatif, immatériel, et les tendances de
la nouvelle école que l'Allemagne nous envoie l'y poussent d'une
façon toute particulière. C'était plus qu'il n'en fallait pour donner
au terrible sujet d'Hamlet toutes les tentations qui captivent les
esprits chercheurs et courageux. M. Ambroise Thomas, par ses
travaux antériîurs, par ses tendances plutôt sérieuses que légères,
par la souplesse même de sa faculté créatrice, acceptant tous les
genres qu'un tel cadi'e comporte , se trouvait bien être l'homme
d'une semblable tentative. S'il y avait danger, il était le lutteur
désigné d'avance. S'il devait y avoir réussite, son étoile valeureuse
devait l'y conduire sûrement.
C'était donc avec confiance que je voyais s'approcher l'épreuve
décisive. Je me disais bien que les aspérités de Shakspeare sont
dures à côtoyer, et que, si nous aimons à frémir avec lui, le soir,
au coin de notre feu. nous consentons moins à le suivre au
théâtre, où nous cherchons avant tout l'image de la vie réelle e*
de nos sentiments particuliers. Mais je me disais par contre que
les tableaux chevaleresques qu'on pouvait tirer d'un pareil sujet
prêtaient beaucoup au développement musical, que la blonde
Opliélie et sa poétique fin pouvaient motiver une opposition pleine
de charme, que le drame intime dans ses terribles péripéties
devait présenter de superbes situations, et qu'enfin la scène de
l'esplanade, entre des mains habiles et sur une aussi vaste scène
que celle de l'Opéra, prendrait certainement de magiques et gran-
dioses proportions.
Mes prévisions aujourd'hui se trouvent réalisées. Je désire sin-
cèrement d'ailleurs que les sérieux efforts de M. Ambroise Thomas
soient couronnés d'un succès éclatant et durable; je fais plus, je
le crois.
Son œuvre est de celles qu'il faut écouter avec soin, entendre
et réentendre. Telle grande toile en peinture peut captiver par
son ensemble et charmer ensuite par ses détails. Le nouvel Hamlet
est de cette catégorie. Les connaisseurs, en y fouillant, rencontreront
des trésors rares et de la plus suprême élégance. Le simple pu-
blic s'habituera à la teinte un peu sombre de l'ouvi'age pour n'y
plus voir ensuite que la sûreté de touche et le vigoureux coloris
qui savent intéresser les masses. Le premier soir, l'irrésistible
KEVUE ET GAZETTE MUSICALE
tableau de la mort d'Ophélie a électrisé la salle entière; je suis
persuadé que peu à peu les autres parties de l'œuvre se placeront
avantageusement à côté de ce succès écrasant.
Il n'est pas besoin, je pense, de raconter textuellement un sujet
que chacun sait par cœur. Je me bornerai à constater que les
auteurs ont à peu près suivi le plan de leur colossal modèle, tout
en s'en éloignant plus ou moins heureusement dans certains dé-
tails et même dans certains faits d'une assez grande importance.
Par exemple le meurtre de Polonius qui, supprimé, ne sert plus
de mobile à la vengeance de Laërte. Au premier acte l'exposition
est formée par le couronnement de la reine et par un duo entre
Ophélie et Hamlet. Cet acte se termine sur l'esplanade d'Elseneur
par la saisissante apparition. Le second a pour clef de voûte la
grande scène des comédiens. Le troisième est tout entier rempli
par le drame intime et terrifla^it. Un monologue du roi, un trio
entre la reine, Hamlet et Ophélie, la grande scène entre Hamlet
et sa mère, avec la seconde apparition de l'ombre, établissent
son contingent. La mort d'Ophélie forme le quatrième. Ce der-
nier appartient complètement, comme création, aux auteurs fran-
çais ; et, si l'on en croit le succès, c'est là une de leurs meilleures
idées. Rien de poétique comme ce ravissant tableau commençant
par un ballet villagecàs emprunté aux mœurs danoises et qui s'ap-
pelle la Fête du Printemps. Le 1" mai de chaque année, quand
la neige de six mois est rentrée en terre, quand la verdure et les
fleurs, comme un pardon du ciel, s'élancent des bourgeons et
des boutons, le village se réunit dans la campagne, on élit un
roi et une reine, le roi du printemps, la reine des fleurs, et l'on
danse, et l'on chante, et l'on se réjouit avec usure pour oublier
leSj.longs mois d'hiver que les frimas rendaient si tristes. Vous
voyez d'ici le délicieux tableau que cela peut faire. Pour cadre
le paysage gracieux que les voyageurs rencontrent à Elseneur ;
pour horizon le lac Bleu, ce poétique lac où la blonde Ophélia
s'endort comme dans une couche nuptiale. Je ne connais que le
second acte de Giselle qui puisse être un équivalent ^ ce rêve en-
chanteur !
Le cinquième acte nous ramène vers le sombre. C'est la scène
du cimetière, et le dénoûment plutôt imité du drame de MM. Paul
Meurice et Alexandre Dumas que du grand Shakspeare. En effet,
Hamlet vivra pour régner et se souvenir; la reine aussi vivra
pour conserver ses remords et les enterrer dans un cloître. L'in-
nocent Laërte n'est pas tué; Polonius vit encore. Tout cela est
moins logique, mais la boucherie finale n'existe plus, et, ma foi,
surja scène de l'Opéra je n'ai pas le courage de la regretter beau-
coup.
Puisque nous en sommes aux différences qui séparent le mo-
dèle de la copie, nous allons de suite régler leur compte. Une des
principales consiste dans la complicité du vieux Polonius avec le
roi. Il en résulte qu'Hamlet, englobant dans la même réprobation
le père et la fille, repousse énergiquement l'amour de la pauvre
Ophélie et la réduit au désespoir. Cela a pour effet de rendre
moins brutal, en le motivant, le cruel abandon d'FIamlet, mais
cela a le grand tort de jeter sur Laërte et sur Ophélie une tache
originelle tout à fait fâcheuse. Et puis encore, si Polonius est cou-
pable, pourquoi ne pas le punir?
Tel qu'il est, le livret du nouvel opéra reste parfaitement dans
la couleur de Shakspeare. On y retrouve la même fièvre pas-
sionnée, la fatalité implacable s'acharnant sur ses victimes, le glas
de la [mort vibrant au milieu des fêtes, et par-dessus tout cela
une conviction qui marche vers son but sans faiblesse. La partie
philosophique seule y est moins développée; cela devait être. On
ne discute pas avec des mélodies, et l'esthétique musicale doit
s'arrêter là où les nuages de la pensée commencent. Il faut même
savoir gré à M. Ambroise Thomas de ne pas s'être laissé entraî-
ner sur ce terrain dangereux plus loin (^ue son tempérament ne
le comportait. Il eût pu se noyer dans un flot de dissonances et
de septièmes diminuées. L'absence de tonalité eût été pour lui un
grand moyen. Au contraire, si le musicien, comme il le fallait du
reste, s'est servi parfois de la mélopée rêveuse, il a su y déve-
lopper une clarté qui ne blesse pas l'oreille et qu'on peut suivre
sans fatigue. La tonalité toujours fixée n'échappe pas à l'analyse.
Le sens final ne vous fuit pas comme un mirage trompeur. C'est
la déclamation lyrique rehaussée de merveilleux dessins d'accom-
pagnement.
Et puisqu'il s'agit des dessins d'accompagnement, j'ajouterai
que jamais encore M. Ambroise Thomas n'était allé si loin sous
ce rapport. Son ingéniosité est inépuisable. Les rhythmes mêlés,
l'accouplement des timbres, l'emploi des nouveaux instruments, la
poésie de l'orchestre, cela devient un monde entre ses mains ha-
biles. Il joue de l'orchestre comme un virtuose et sans qu'on
puisse remarquer le moindre effort. Selon le cas, c'est fin comme le
brin d'herbe, grand comme la mer, gris comme le brouillard,
brillant comme le soleil.
Le premier exemple de cette richesse symphonique se présente
tout d'abord dans le prélude d'entrée. Un trémolo mouvementé
des instruments à cordes, coupé par des récitatifs de cor, est tout
à coup interrompu par une fanfare sur la scène; puis un rapide
trait de violon amène une marche chevaleresque qui ouvre d'une
grande manière ce premier tableau. Un chœur sonore et très-
mélodieux précède un beau récit du roi, et cette introduction se
termine dans une chaleureuse péroraison chorale doublée d'effet
de cloches et de canon. Il y a là une phrase mélodique large-
ment tracée et de la plus belle venue. La scène reste vide alors,
et Hamlet vient soupirer l'un de ces délicieux monologues-récitatifs
dont tout le rôle sera plein. Sur cette phrase, adorablement dite
par Faurc.
femme ! . . . tu t'appelles
Inconstance et fragilité.
la salle a fait entendre un de ces murmures qui présagent le suc-
cès, comme ces brises matinales qui annoncent un beau jour.
Le duo qui suit entre Ophélie et Hamlet est fort habilement
traité, mais il présente surtout une de ces phrases de premier
ordre destinée à planer sur toute la partition, effluve d'amour qui
remontera au cœur du désespéré Hamlet et qui séchera les pleurs
de la pauvre insensée. Ce duo, dans le genre contemplatif, se ter-
mine par un fort joli ensemble avec vocalises d'Ophélie. Il faut
citer aussi une cavatine de Laërte dont la couleur chevaleresque
est très-accusée. On y remarque un élan de la plus grande suavité
sur ces mots :
Elle est mon orgueil et ma vie.
Ce premier tableau est assez brillamment achevé par un chœur
qui porte sa marque de fabrique. On y sent la main qui a écrit le
chœur des chasseurs du Songe d'une nuit d'été, et quantité d'autres
très-choyés par les orphéons. Ce dernier sera certainement du
nombre. A l'Opéra, on fait doubler la partie de ténor par les con-
traltos. Cela est d'un effet neuf.
Nous voici arrivés à l'une des plus grandes pages de la partition,
la scène de l'esplanade. Ici, depuis la première note jusqu'à la
dernière, tout est beau. L'orchestre à lui seul forme un saisissant
tableau. La bise souffle, la neige tombe, les spectres passent. La
tourmente est dans l'air et dans les cœurs ; on a froid. Un prélude
avec solo de trombone à six pistons précède la scène entre Ham-
let et ses amis. Une phrase délicieuse est celle-ci :
Mais que redoutons-nous de ceux que nous perdons.
S'ils nous ont aimé sur la terre?
Minuit sonne, et sur le fa dièse de la cloche passent d'ingé-
bE PARIS.
83
nieuses et teiTÏliantes harmonies. Le spectre paraît alors et un
fatal et superbe dessin d'orchestre accompagne cette allocution
d'Hamlet :
Spectre infernal, image vénérée!
mon père, mon roi !
Réponds à ma voix éplorée,
Parle-moi, parle-moi !
L'ombre se décide enfin à parler, psalmodiant sur une seule
note, et, sur cette note persistante, les effets d'orchestre se succè-
dent magnifiques et saisissants. Voici le cor anglais et la clari-
nette qui nous font penser aux profondeurs du sépulcre ; voici les
violons en sourdine dont les tierces vacillantes nous annoncent
l'aube qui va naître; voici les fanfares lointaines et le canon qui
accompagnent la fête au palais. Tout cela se combine avec un
rare bonheur, et quand le rideau tombe on est tout étonné de la
sensation immense que l'on vient d'éprouver. Je le répète, c'est
une grande page; l'ombre de Gliick pourrait bien y avoir apparu.
Le second acte sera moins riche. Il commence par un joli fa-
bliau d'Ophélie où l'auteur s'est évidemment inspiré des formules
musicales du Nord. L'air de la reine, qui suit immédiatement après,
est moins heureux. Il faut mentionner une phrase incidente
d'Hamlet où les premiers vestiges de folie se font sentir :
Je voudrais avec eux voyager dans les airs.
Au milieu des étoiles.
Au milieu des éclairs !
Le chœur des comédiens est pittoresque et rentre dans les cor-
des de la musique rétrospective. La chanson bachique d'Hamlet,
quoique à efl'et pour la voix, m'a paru plus ordinaire; mais voici
une superbe marche dont le trio surtout est d'un beau caractère.
Elle précède la scène de la pantomime dans laquelle le genre sym-
phonique va reprendre son importance. Un délicieux solo de saxo-
phone lui forme ouverture, puis une espèce de pastorale d'une
touche délicate et discrète sert de fond aux récitatifs d'Hamlet ex-
pliquant la comédie. Cette scène est l'occasion d'un grand succès
pour Faure qui la joue en artiste de premier ordre. Le finale dra-
matique qui termine ce second acte manque peut-être de précision
dans la forme ; cependant les masses y sont magistralement grou-
pées.
Un prélude fort beau ouvre le troisième acte qui de suite nous
offre le fameux monologue d'Hamlet : Être ou ne pas être. Ceci
était-il réellement possible à mettre en musique? Il est permis
d'en douter, et cependant le compositeur s'en est tiré avec hon-
neur en appelant encore à son aide les ressources de son orches-
tration savante; malgré tous ses efforts, malgré le magnifique ta-
lent de l'interprète, la chose est restée froide : c'était écrit d'avance.
Une chose plus froide encore, mais alors parce qu'elle a vieilli de
forme, c'est l'air de basse chanté par le roi. Dieu merci! nous
allons maintenant rencontrer un très-beau trio, relevé surtout par
la magnifique phrase d'Hamlet :
Allez dans un cloître, allez, Ophélie.
Voilà de la franche mélodie, attrayante sans vulgarité, pure de
forme sans vétusté, pleine de sentiment et de charme. L'ensemble"
qui vient après, un peu à la manière italienne, dénote chez le
compositeur une merveilleuse entente dans l'art de grouper les
voix. Il n'y aura qu'à louer dans le duo d'Hamlet et de la reine,
mais je citerai surtout la belle phrase adressée au portrait de son
père par le fils vengeur. La seconde apparition de l'ombre vient
clore dignement cette série de beautés.
Aux yeux de tous, il faut bien l'avouer, nous voici arrivés à la
pierre de touche de la partition. Pour ce quatrième acte, il
semble que tous ceux qui y ont coopéré aient bu d'un philtre ma-
gique et inspirateur : les auteurs pour l'avoir conçu, les décora-
teurs pour avoir créé le cadre, le directeur pour y avoir placé
Mlle Nilsson, Mlle Nilsson pour son interprétation hors ligne, et
enfin le compositeur pour avoir donné la vie à tout ceci dans un
baptême harmonieux et mélodique dont chaque phrase est un
trésor. De délicieux airs de ballet dans lesquels j'ai remarqué une
mazurke des plus distinguées et un duo fort original de clari-
nette et hautbois, précèdent la grande scène de Mlle Nilsson. La
folie a été bien souvent employée au théâtre. Je ne crois pas qu'on
l'ait encore envisagée sous ce rapport. Cette folie douce qui prend
part aux plaisirs et que la danse entoure, qui jette ses sanglots et
ses rires à la fois, qui effeuille en môme temps les fleurs de son
tablier et celles de ses vocalises, et qui, finalement, se couche sur
l'eau avec la sainte confiance de l'enfant qui s'endort, tout cela
est d'une poésie telle que le succès s'y est attaché immense, volon-
taire, interminable. Il faut tout citer dans ce long morceau de la
folie. On y trouve des récits d'une admirable suavité. La valse
chantée est un bijou, la mélodie suédoise étonne et captive; enfin
les chants séraphiques qui semblent sortir du lac sont tellement
vaporeux, tellement diaphanes, qu'on croirait volontiers, comme
la blonde Ophélie, n'appartenir plus à la terre.
Le cinquième acte n'est pas long. Désireux d'arriver plus vite à
l'interprétation générale de l'ouvrage, je ferai comme lui. La chanson
des fossoyeurs est très-caractérisée. Une romance d'Hamlet m'a
semblé devoir son succès à la manière adorable dont elle est dite.
Quant à la marche funèbre, elle procède d'un grand style et le
chœur des jeunes filles qui la coupe s'y joint admirablement. On
le voit, la fin de l'œuvre reste très-honorable, mais elle rentre
plus que jamais dans la couleur sombre qui, sauf le quatrième
acte, n'a cessé de planer sur tout l'ouvrage. Les gens qui aiment
le noir seront satisfaits; cependant, il faut bien en convenir, à la
longue, c'est un peu deuil !
Par droit d'ancienneté et pour l'importance de son rôle, je
parlerai de Faure en premier. La création d'Hamlet lui sera comp-
tée et fera époque dans sa vie d'artiste. Il joue magnifiquement,
il chante irréprochablement. Sa voix, d'une pureté sans égale, se
fait entendre dans les effets de la plus grande douceur, et sa dic-
tion est si soignée qu'il est impossible d'en perdre la plus légère
syllabe. Quel chanteur et quel comédien! D'un bout à l'autre de
celte longue partition il obtient des succès partiels pour une
phrase, pour un mot, pour un geste. Mais que ce rôle est écra-
sant! Toujours en scène pendant quatre actes, quel' est l'athlète,
excepté lui, capable de supporter une aussi lourde tâche?
Mlle Nilsson, à l'heure qu'il est, n'est plus une simple canta-
trice, c'est une idole. On craignait à l'avance la grandeur du
vaisseau de l'Opéra pour sa fraîche voix. Ce charmant ruisseau est
devenu un fleuve immense. J'ai rarement entendu de voix qui
remplisse aussi merveilleusement cette vaste salle : c'est un jet de
cristal d'une éblouissante limpidité. Elle a des audaces de nuances
indescriptibles, des phrases d'une poésie bleue, des ténuités mi-
croscopiques, des ampleurs de son qui semblent sortir d'une flûte
ossianique. Elle a joué la scène de folie avec un charme fasci-
nateur et y a déployé une passion pudique dont elle semble la
personnification. Riant et sanglotant presque simultanément, elle
a tenu son public suspendu à ses lèvres avec l'autorité des artistes
les plus consommés. Et cela avec un naturel exquis, sans le
moindre souci, sans la moindre fatigue.
Aussi quel triomphe ! Le marché aux fleurs tout entier renversé
sur la scène de l'Opéra, et des applaudissements à faire crouler
la vieille salle avant que celle de M. Garnier ne soit achevée.
Mme Gueymard a joué le rôle dramatique de la reine avec in-
finiment de grandeur et d'élan. Elle a supporté vaillamment une
forte part du fardeau de cet important ouvrage. Belval a fait de
son mieux dans le personnage du roi, mais il n'a pas l'organe
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REVUE ET GAZETTE MUSICALE
assez timbré pour éviter le cotonneux des voix de basse. Il en est
de même de David qui joue le spectre. On ne voit pas bien clair
dans les profondeurs de son gosier , et l'on craint quelquefois de
n'entendre pas très-juste. Décidément les basses s'en vont. M. Col-
lin s'est fait applaudir sous le nom de Laërte pour sa jolie voix
de ténor. MM. Castelmary et Grisy remplissent honorablement
leurs petits rôles.
J'aurais bien envie de chanter : la danse n'est pas ce que j'aime,
mais ce sont Mlles Fioretti et Fiocre. Dans la Fêle du printemps,
elles ont obtenu un grand et légitime succès.
Les décorations sont splendides. Le château d'Elseneur couvert
de neige, la nuit, par le clair de lune, a fait sensation. Le ci-
metière est excessivement pittoresque; le lac Bleu, une mer-
veille.
Les costumes sont fort beaux, mais l'armure du spectre m'a
semblé bien neuve. La mise en scène a été des plus soignées.
On sait ce que vaut l'orchestre de l'Opéra les jours de grande
épreuve; M. Georges Hainl en est le Masséna.
Qui doit-on féliciter de M. Perrin qui a engagé Mlle Nilsson, ou
de Mlle Nilsson qui a accepté le rôle d'Ophélie? Quant à M. Am-
broise Thomas, il me fait l'effet d'un homme arrivé au sommet
de l'échelle — même de la double échelle. Les honneurs le pour-
suivent et les succès le caressent. Il les mérite à tous égards
d'ailleurs, et nous devons nous estimer heureux de compter un
musicien de cette valcvu- parmi nous. Ilamlet est une de ces œu-
vres viriles, quel qu'en soit le sort, qui honore le pays où elle a
pris naissance et l'auteui' qui l'a longuement prcconfue.
Paul BERNARD.
THÉÂTRE IMPÉRIAL ITAUEN.
Beprise de SIATIE.DA DI SDABBAW de Bosslni.
Débuts de M. et Mme TiberIiNI.
Il y a bien des années qu'on n'avait donné au.x Italiens Matilda
di Shabran, et que cette partition dormait paisiblement sur les
rayons poudreux de la bibliothèque. Je crois que la dernière re-
prise de cet ouvrage date de 18o6, époque à laquelle les deux
importants rôles féminins en étaient remplis par Mme Penco et
Mme Borghi-Mamo, deux grandes artistes qui ont laissé parmi
nous des souvenirs que le temps n'a pas effacés.
Ecrite à Rome, pour le théâtre Apollo, où elle fut représentée
pendant le carnaval de 1821, ayant pour interprètes Ambroggi,
Parlamagni, Moncada, Fusconi, G. Fioravanti, ilmes Lipparini et
Parlamagni, Matilda di Shabran, dont le poëme, écrit par Ferretti,
était imité d'un de nos opéras les plus célèbres [Euphrosine et
Coradin, d'Hoifmann et Méhul), offre cette particularité intéressante
que l'orchestre, aux premières représentations, fut conduit par
l'artiste incomparable et inouï qui s'appelait Nicolo Paganini.
Dans son Histoire de t'Opéra italien, Castil-Blaze s'insurge ainsi
contre l'orthographe adoptée pour le titre de l'ouvrage : — « Pour-
quoi, dit-il, s'obstine-t-on à mettre di Shabran sur le livret, la
partition et les affiches? Sabran n'est point un mot anglais. La
tour de Sabran, lieu de la scène de l'opéra d'Hoffmann et
Méhul, de Ferretti et Rossini, la tour de Sabran est sise depuis une
dizaine de siècles dans le département de Vaucluse, entre l'Isle,
Apt et Cavaillon; une de mes filles en est châtelaine. Vous
voyez que je dois connaître ce nom; il est français comme les
noms de Saintes, Senlis, Salins, Salon, etc., .que l'on se garde
bin d'écrire avec une oi-thographe anglaise Shaintes, She7ilis,
Shalins, Shalon. Si les Italiens font une grossière faute, nous de-
vons la corriger au moins sur nos affiches, en y montrant Matilde
di Sabran. » Cette boutade n'a pas encore gagné sa cause.
Etait-il grand besoin de reprendre cette œuvre, qui n'occupe
qu'un rang très-secondaire dans le riche écrin du maître, et qui
est venu au monde cinq ans après le Barbier, dont elle n'offre
qu'une sorte de pâle reflet? Je ne sais trop, et il me semble que,
parmi les ouvrages de Rossini qui depuis longtemps n'ont pas
paru sur la scène, on en eiit pu choisir de plus intéressants, par
exemple Tancredi, la Donna del Lago ou Zelmira.
En effet, la partition de Matilda di Shabran n'offre presque au-
cune partie saillante ou originale. La cavatine du bouffe est exacte-
ment calquée sur le moule de celle de Figaro: celle du ténor
est un air de bravoure comme les compositeurs d'il y a cin-
quante ans en écrivaient à la douzaine; les deux morceaux les
meilleurs de l'ouvrage sont, à mon sens, le finale du premier acte
et le duo des deux femmes; mais là, comme dans tout le reste de
la partition, la formule et le procédé l'emportent sur le reste et
ne laissent guère à l'idée musicale la place nécessaire pour se
produire.
Le côté vraiment intéressant de la soii'ée, c'était l'apparition
de deux artistes inconnus jusqu'ici du public italien, mais dont la
réputation est grande en Italie. M. et Mme Tiberini, i coniuiji Ti-
berini, comme les appellent les journaux ultramontains, étaient
naguère à la Scala de Milan, où ils faisaient furore, et où le mari
créa il y a deux ou trois ans, avec un grand succès, le rôle prin-
cipal d'un ouvrage important, un Amleto dû à la plume d'un tout
jeune compositeur, M. Franco Faccio.
Dans Matilda di Shabraii, M. Tiberini a déployé toutes les qua-
lités d'un ténor di bravura accompli : de la légèreté, du brio, une
vocalisation facile et nette, une grande agilité de gosier, et des
sons de tète irréprochables. Mais, le dirai-je? toutes les perfections
de ce genre nous laissent bien froid, et ces rôles de ténor efféminé
nous sont presque aussi antipathiques aujourd'hui que l'arrivée,
sur la scène de l'Opéra, d'un danseur en justaucorps et en mail-
lot collant. Il serait injuste, cependant, de ne pas tenir compte à
M. Tiberini d'un talent acquis et très-réel. Maintenant qu'il a
donné la mesure de sa valeur sous ce rapport, il nous reste à sa-
voir quelles sont ses qualités de style, ses facultés scéniques, et
comment il se tirera d'un rôle dramatique. Il s'en tirera très-
bien, si nous en devons croire les échos de la réputation qui l'a
précédé. — Attendons.
Quant à sa femme, Mme Tiberini, elle paraît être, non-seule-
ment une chanteuse accomplie, mais encore une comédienne intel-
ligente et fine. Une voix juste, bien timbrée, bien posée, une vo-
calisation souple et légère, une diction très-juste et spirituelle, de
la grâce, de l'enjouement, en voilà plus qu'il n'en fallait pour as-
surer son succès à la première audition. Aussi le jeune couple
n'a-t-il pas à se plaindre de l'accueil chaleureux qui lui a été fait.
L'ensemble de l'interprétation de Matilda di Shabran a d'ail-
leurs été excellent. Du côté masculin, MM. Steller, Scalcse et Agnesi
ont mérité de grands éloges et une mention honorable ex œquo.
Du côté féminin, Mlle Grossi a fait briller sa belle voix, ronde,
souple et colorée, et Mlle Rosello, une beauté élégante et pleine de
charmes.
Maurice GRAY.
A M. le Directeur de la Revue et Gazette musicale.
Bruxelles, H mars 1S68.
Mon cher collaborateur,
J'ai exprimé le doute, dans l'article nécrologique sur notre ami Edouard
Monnais, qu'il eût fait une étude spéciale de la musique ; j'ai appris de-
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DE PARIS.
85
puis qu'il était violoniste et bon lecteur. Je viens donc vous prier de
vouloir bien donner place à ces lignes dans le plus prochain numéro de
la Gazette musicale, afin qu'elles rectifient le fait inexact de ma notice.
Votre tout dévoué,
FËTIS père.
Nous croyons être agréable à notre savant collaborateur en
ajoutant à la rectification qu'il nous envoie la mention de « di-
recteur du théâtre de l'Opéra » dont Edouard Monnais remplit
temporairement les fonctions. Ce fut le 17 novembre 1839 qu'il fut
appelé à les partager avec Duponchel, et ce fut sous leur direction
commune que furent montés les Martyrs, de Donizetli , le Diable
amoureux, etc. Le l"' juin suivant, M. Léon Pillet, commissaire
royal, prenait, à ses risciues et périls, la direction de l'Opéra, et
Edouard Monnais était nommé commissaire royal à sa place.
Nous laisserions incomplets les détails biographiques donnés par
la Gazette musicale sur la personne regrettée de son rédacteur en
chef, si nous ne reproduisions pas, en partie du moins, l'article
aussi admirablement écrit que profondément senti, consacré à sa
mémoire dans un des derniers numéros du Journal des Débats par
J. Janin, qui fut, dans leur vie littéraire, son camarade et son
ami, et qui a collaboré lui-même à la Revue et Gazette musicale.
Qu'il me soit permis de rendre ici les derniers devoirs à l'un des
mieux disant et des meilleurs de la légion lettrée, Edouard Monnais, un
rare et charmant écrivain, mort, il y a huit jours. Pas un peut-être
autant que lui n'était digne de représenter ce qu'on appelait autrefois,
dans les grands jours éclairés du génie et de l'esprit des maîtres, la
politesse de la langue française. Il était l'urbanité même et l'atlicisme
en personne. Il écrivait depuis tantôt un demi-siècle, et dans ce terrible
espace il n'avait pas blessé, qui le croirait? un seul amour-propre.
A peine s'il avait touché quelque intrépide vanité; sa belle plume était
habile également à faire, à guérir tout ensemble une blessure légère, et
pas un des hommes dont il ait parlé qui ne soit resté son ami.
Cet homme excellent avait reçu de très-bonne heure l'éducation litté-
raire; il n'avait eu sous les yeux que de bons exemples. Aux premiers
temps de sa jeunesse il y avait au rang des journaux les plus respectés
le Courrier français, rédigé par deux hommes qui ont laissé de grands
souvenirs : M. Châtelain et M. de Kératry, l'un et l'autre égaux en cons-
tance, en bravoure, en fermeté. Ceux-ci entouraient le jeune écrivain de
leur meilleure sollicitude; ils aimaient cette aimable et riante jeunesse;
ils approuvaient fort cette façon d'écrire honnêtement, simplement, sans
emphase, et plus d'une fois Déranger, le chansonnier, jeune aussi et
très-convaincu que le beau stylo était rare, arrivait au Courrier français
pour complimenter l'écrivain du nouveau feuilleton. C'étaient là des
louanges bien méritées. D'autant mieux que le jeune Kdouard Monnais
racontait à ces braves gens des passions toutes nouvelles pour eux, des
chefs-dœuvre inconnus, ces artistes incomparables : Garcia, le premier
comédien du monde; Mme Catalani, la voix sans égale, et Mme Main-
vielle-Fodor, sa digne émule, et bientôt la grande Malibran qui rem-
plissait le monde et le feuilleton de son charme ineffable. Edouard Mon-
nais a commencé au théâtre Italien avec Rossini, à l'Opéra avec M. Auber.
Toute sa vie il a parlé de M. Auber avec une admiration sans bornes.
Il eût été bien malheureux s'il eût fallu se prononcer entre la Muette
et Guillaume Tell. Même à l'apparition de Meyerbeer, Edouard Monnais
eiit résisté, s'il eût fallu rien céder de son admiration pour le Domino
noir.
Un écrivain d'un si rare mérite, honnête et droit, juste et passionné,
ne traverse pas impunément une si belle époque; au contraire, il y
gagne une grande autorité, beaucoup d'honneur pour lui-même, et des
lecteurs qui le suivront jusqu'à la fin de son œuvre. 11_ faut lui rendre
aussi cette justice : il n'a jamais été qu'un écrivain, un sincère et loyal
écrivain. Ce fut là toute sa tâche et toute sa profession. Il trouvait dans
cet art charmant le bonheur de toute sa vie, et c'est bien de lui qu'on
pouvait dire, en parodiant un mot célèbre et charmant du grand ora-
teur M" Paillet : « Laissez passer le bonheur d'écrire! » Il ne savait pas
de plus grande fête. 11 écrivait sans souci du lucre et sans souci de la
renommée. A peine il avait composé quelque beau livre ingénieux, bien
fait, tout rempli de ses honnêtes passions, son premier soin était de se
cacher sous un pseudonyme, et ses meilleurs amis ne se doutaient pas
de cette innocente supercherie. Il écrivait pour le théâtre avec le même
soin de se cacher que d'autres en mettent à montrer leur personnalité
bruyante ; il n'y aurait que ses collaborateurs qui pourraient dire à quel
point il était un inventeur plein de réserve et de naturel; mais ses col-
laborateurs ont emporté leur secret dans la tombe, et puis ces œuvres
légères sont mortes à leur tour. « Nous et nos œuvres, nous sommes
destinés à péi'ir, » c'est Horace qui l'a dit. Qu'importe, après tout, que
nous mourions aujourd'hui, demain, dans huit jours? C'est la loi des
œuvres de la matinée, elles n'ont pas de lendemain. Edouard Monnais,
ami de son repos, n'eût pas donné tous les bruits qui se font en un
jour en échange de sa gloire anonyme. Et de cette ambition si modeste
et si rare lui venaient, j'en suis sûr, sa bonne humeur, son intime
contentement, ses amitiés si vraies, son indulgence exquise et tout ce
naturel répandu dans ses livres, dans sa vie et dans ses discours.
i. JANIN.
CONCERTS ET AUDITIONS lUSICÂlES DE LÀ SEIRÂINE.
^.*.j; Les artistes du théâtre Italien, Mlles Patti et Grossi, MM. Gardoni,
Verger, Ciampi et les chœurs, ont défrayé l'attrayant programme du
concert de lundi dernier aux Tuileries.
^% Au 9» concert du Conservatoire, après la splendide symphonie en
sol mineur de Mozart, dont on a bissé le menuet, a été exécuté pour la
première fois le 42" psaume de Mendelssohn, pour orchestre, chœur et
soprano solo (Mlle Mauduit). Le public a accueilli ce morceau avec une
réserve à laquelle nous nous associons; c'est assurément un des plus
faibles qu'ait écritsl'auleurdu Songe d'une nuit d'été. Le style en est tou-
jours pur et élevé, mais l'intérêt et la chaleur font presque constamment
défaut. — Mme Montigny (Caroline Rémaury) a joué en grande artiste
le !■=' concerto en ut majeur de Beethoven. Elle tire du piano un très-
beau son; son jeu est délicat, sans recherche, et elle atteint toujours à la
véritable expression. Son succès a été très vif.— La magnifique ouver-
ture du Pardon de Ploënnel, supérieurement rendue, a été, comme d'ordi-
naire, accueillie par d'enthousiastes bravos.
^*^ Mmes Carvalho et Bloch, MM. Faure, Gardoni et Sivori avaient
été invités à interpréter le riche programme du second concert donné le
10 chez la duchesse do Galiera. Au nombre des morceaux de ce pro-
gramme brillaient l'arioso du Prophète, dit par Mlle Bloch, la romance
de Marta, chantée par Gardoni, et le quatuor de cet opéra, par Mmes
Carvalho, Bloch, Faure et Gardoni. Sivori a été éblouissant de perfection
dans son Mouvement perpétuel et sa fantaisie sur le Trovatore. Une mé-
lodie de Faure, chantée par l'auteur et accompagnée par Sivori et l'or-
ganisle Durand, a clos ce beau concert, constamment applaudi par le
plus aristocratique auditoire.
i):*^ S. A. I. la princesse Mathilde a voulu juger par elle-même le
talent du jeune pianiste napolitain Rendano, et elle l'avait invité à sa
soirée de dimanche dernier. S. A. 1. a été émerveillée des qualités pré*
coces du jeune virtuose, et elle le lui a témoigné par les plus chaleu-
reuses félicitations.
^*,t Vendredi 6 mars, à 8 heures du soir, a eu lieu l'inauguration
solennelle du nouvel orgue de Notre-Dame, construit par M. Aristide
Cavaillé-Coll. En attendant que nous parlions en détail de la structure
de ce magnifique instrument, nous dirons quelques mots de la cérémonie
et des exécutants. La cathédrale regorgeait de monde; on pense bien que
cette foule, plus curieuse que recueillie, a quelque peu nui par son
attitude bruyante à l'effet imposant de la solennité, et que la sonorité
de l'instrument n'avait pas à y gagner. Et puis, neuf morceaux d'orgue
l'un après l'autre, /compris l'introduction et la sortie jouées par l'orga-
niste titulaire, M. Sergent! C'était trop de moitié. MVI. Loret, de Saint-
Louis dAntin ; Aug. Durand, de Saint-Vincent de Paul ; Chauvet, de
Saint-Merri; Saint-Saëns, de la Madeleine; César Franck, de Sainte-Clo-
tilde ; Guilmant, de Boulogne-su r-Mer; Widor, de Lyon, se sont fait en-
tendre successivement; tous ont joué de leur propre musique, à l'excep-
tion de M. Loret, qui a exécuté un prélude et une fugue de Bach. Parmi
cette avalanche de morceaux modernes, il en faut citer deux d'un mé-
rite réel et q;ii ont obtenu tous les suffrages: le Noël, de M. Chauvet, et
la Marche de la cantate de l'Exposition, de M. Saint-Saens. Quelques
psaumes en faux-bourdon, un Aue Maria, un Pater, un Agnus iJei, exé-
cutés sous la direction de M. Félix Renaud, alternaient avec l'orgue.
Mgr Darboy, archevêque de Paris, a béni l'instrument.
»** Mlle Rives est la cantatrice en vogue cet hiver, et cette vogue,
elle la justilie par le charme et la supériorité de son talent. Tout ré-
cemment, chez la duchesse de Mouchy, elle faisait eniendre des mor-
ceaux de Mozart et de Scarlatti, pièces très-curieuses qui appartiennent
à la bibliothèque de M. Baillot. Le 15, elle chantera avec Mlle Nilsson
chez Mme la marquise d'Aoust; le 17, chez Mme de Talhouët. Enfin,
elle a été invitée à prendre part au quatrième grand concert des Tuile-
ries, le 23 mars. Mlle Rives a chanté, en outre, lundi dernier chez S.
A. I. la princesse Mathilde, qui a bien voulu lui témoigner toute sa sa-
tisfaction. Elle est redemandée chez la princesse et sera désormais des
réunions intimes.
*** Nous sommes en retard avec MM. Louis Lapret , le pianiste élé-
gant et sympathique, et M. Ramirez Valdès, l'éminent flûtiste mexicain
que nous verrons avec plaisir se fixer parmi nous. Leur concert a eu
lieu il y a quinze jours déjà; ce n'est pas une raison pour que nous
omettions d'en constater le succès: Ces deux artistes sont certainement
86
REVUE ET GAZETTE MUSICALE
appelés à tenir une place distinguée à côté de nos virtuoses les plus ai-
més; nous les retrouverons toujours avec plaisir.
*** La Société des concerts donne aujourd'hui à 2 heures son 10° con-
cert. En voici le programme : 1° Symphonie en sol mineur de Mozart;
— 2" i2» psaume (l'" audition) de Mendelssohn, traduction de M. Nuit-
ter: chœur, air, choral, récitatif et quintette, chœur final; le solo sera
chanté par Mlle Mauduit; — 3" fragment»; du septuor, de Beethoven;
— 4° ouverture avec chœur du Pardon de Ploërmel, de Meyerbeer. — Le
concert sera dirigé par M. George -Hainl.
,\- Aujourd'hui à 2 heures, au cirque Napoléon, 20» concert popu-
laire de musique classique sous la direction de J. Pasdeloup. On y en-
tendra : 1" Symphonie en mi bémol fn» SO), d'Haydn (allegro, andante,
menuet, finale) le solo de violon par Lancien; — 2° Fragment sympho-
nique de F. Schubert {2« audition); — 3° Struensée, tragédie de Michel
Bear, musique de Meyerbeer: (l'auberge du village, troisième entr'acte,
le rêve de Struensée, marche funèbre, la bénédiction, dernier moment);
— i" Andante cantabile du S" ; Fugue du 9° quatuor de Beethoven
(1« audition), exécutés par tous les instruments à cordes; — 5» ouver-
ture de Ihiy-JBlas, de Mendelssohn.
^*^, Le Jugement dernier, de Michel-Ange, a inspiré à notre grand
ténor Duprez les paroles et la musique d'un oratorio en trois parties : la
Terre, l'Abîme, le Ciel. Cet ouvrage sera exécuté plusieurs fois par cent
soixante artistes, Duprez lui-même chantant les récits, au cirque de
l'Impératrice, du 1'^^ au 13 a\ril prochain. Le profit de ces séances sera
affecté à des institutions de bienfaisance.
.f*sf. Demain lundi, W. Kriiger donne à la salle Herz son beau concert
annuel avec le concours de Teresa Careno, de Mlle Cécile Dolmestch, de
MM, Hammer, Amrelle, Ponsard, etc. On y entendra plusieurs morceaux
nouveaux de Krûger et, entre autres, une transcription de la ballade des
Djinns, du Premier Jour de bonheur, etc. 11 ne reste plus que peu de
billets à prendre.
**, Edouard Wolff vient de rentrer à Paris, de retour de l'excursion
qu'il a faite avec la Compagnie Ulmann-Palti, excursion pendant le cours
de laquelle il a recueilli les ovations dues à son beau talent et que nous
avons signalées dans nos derniers numéros.
»*« Ant. Rubinstein vient d'arriver à Paris; il annonce pour jeudi
prochain 19 mars, à la salle Herz, un concert dans lequel il exécutera
les œuvres suivantes de sa composition : i' concerto en ré mineur ; pré-
lude et fugue ; sarabande, passepied, courante et gavotte (extraits d'une
Suite pour piano); Nocturne, caprice, Barcarolle, étude. La parlie vocale
est confiée à Mlle Rives. M. Camille Saint-Saëns dirigera l'orchestre.
if,*^ Le nouvel orgue de Notre-Dame sera joué les dimanches 13, 22,
29 mars et 3 avril, à midi et demi, et chacun de ces dimanches à tour
de rôle par MM. Camille Saint-Saëns, Franck aîné, Durand, Chauvet,
Loret, Sergent, etc., organistes de différentes églises de Paris.
,% On nous écrit de Rouen : « Le concert annuel de bienfaisance de
la Société lyrique qui a eu lieu dimanche 1" mars avait attiré une af-
fluence si considérable, que la grande salle des Consuls (à la Bourse)
n'a pu suffire à la contenir toute. Près de 4,000 billets avaient été placés.
— M. Gamelin dans la prière de Joseph, M. Victor dans la mélodie S»
vous saviez I, d'Alfred Dassier, M. Vauquelin dans le Ménétrier de
Meudon, du même auteur, MM. Leroy et Godefroy dans un duo
comique de Sylvain Mangeant, Ténor et Directeur, ont eu les honneurs
de la soirée ; mais il y a eu des applaudissements pour tous les chan-
teurs et les organisateurs de la fête. Ils n'ont eu qu'à se féliciter du ré-
sultat artistique aussi bien que du résultat financier de ce concert qui
laissera d'agréables souvenirs au public et une magnifique recette pour
les pauvres. »
Le défaut d'espace nous oblige à ajourner au prochain numéro le
compte rendu d'un certain nombre de concerts.
NOUVELLES DES THÉÂTRES LYRIQUES.
sf*. Lundi a eu lieu au théâtre de l'Opéra la première représentation
i'Hamlet. — Nous en rendons compte. — Le nouvel opéra d'Ambroise
Thomas a été également joué mercredi et vendredi.
**, L'apparition de VHamlet d'Amb. Thomas, au théâtre de l'Opéra,
donne de l'intérêt à cette circonstance qu'un musicien consciencieux,
M. Aristide Hignard, a traité le même sujet sur un poëme de M. Pierre
Garai, et l'a fait récemment graver et publier à ses frais en attendant qu'un
directeur de bonne volonté se hasarde à en faire apprécier le mérite par
le public.
^** M. George Hainl, premier chef d'orchestre de l'Opéra et de la
Société des concerts du Conservatoire, vient d'être nommé membre du
comité des études musicales de cet établissement.
^** Le Premier Jour de bonheur se joue quatre fois par semaine au
héâtre de l'Opéra-Comique .
jf*^ La première représentation de la reprise de la Part du Diable est
annoncée pour le' 20 de ce mois. *
,*» MM. de Leuven et Ritt viennent de s'engager, par traité, vis-à-vis
d'A. Maillard, à jouer dans l'année les Dragons de Villars, donnés jus-
qu'à présent au théâtre Lyrique, qui seront montés avec tout l'éclat que
comporte le succès obtenu partout par cet opéra, et à reprendre aussi
iMra.
^*^ Mme Galli-Marié vient de renouveler, pour une période de cinq
ans, l'engagement qui la liait à ce théâtre.
^\ Mlle Tuai quitte le théâtre Lyrique pour entrer à celui de l'Opéra-
Comique, où elle vient d'être engagée.
j,.*4 Adelina Patti a chanté pour la première fois à Paris le
rôle de Leonora du Trovatore : d'abord à la soirée donnée dimanche
au théâtre Italien pour VOEuvre des écoles de Saint-Joseph; puis jeudi.
Le succès n'était pas douteux : il a suivi la célèbre cantatrice dans
cette création, comme dans celles de Gilda, de la Traviata, de Lucia.
Brillante dans ses diverses cavatines, c'est surtout dans le Miserere et
dans le duo final qu'Adelina Patti a été justement applaudie, rappelée,
acclamée; nous ne croyons pas qu'aucune de ses devancières s'y soit
montrée plus dramatique. Nicohni l'a secondée avec éclat; sa romance
d'entrée; son air du troisième acte avec la stretle di quella pira et la ro-
mance du quatrième acte ont provoqué d'enthousiastes bravos. — On
souhaiterait peut-être plus de force et de mordant dans l'organe de
Verger; mais ce jeune artiste est en grands progrès et il n'y a que des
éloges à donner à la façon dont il a chanté son air du deuxième acte
et le duo du quatrième. Agnesi et Mlle Grossi ont complété l'ensemble
de ces représentations en partie compromises pourtant, il faut bien le dire,
par une déplorable exécution de la part de l'orchestre. — Hier on a donné
la 3° représentation de l'œuvre de Verdi.
»*« La deuxième représentation de Matilda di Shabran a eu lieu mardi
et a pleinement confirmé le succès des époux Tiberini. — Leur seconde
pièce de début sera / Puritani. — Giovanna d'Arco sera la nouveauté de
cette semaine.
^*,^ Demain a lieu l'ouverture du Théâtre de la Renaissance par Faust.
^,*, La dernière représentation de la Fanchonnette, au'théâtre Lyrique,
a valu à Mme Carvalho la plus brillante des ovations : bis, rappels, cou-
ronnes, rien n'a manqué au triomphe de la célèbre cantatrice. — On a
joué Marlha trois fois cette semaine.
^*t C'est dans le rôle de Sganarelle du Médecin malgré lui, créé par lui
avec tant de verve et d'entrain, que Meillet reparaît demain au théâtre
Lyrique.
*** Demain, le théâtre des Fantaisies-Parisiennes donne la première
représentation de Roger Bontemps, vaudeville en un ai;te de MM. Clair-
ville et Bernard Lopez, refait en un opéra-comique en deux actes.
**"* Le théâtre de l'Athénée se dispose à donner, pour la fin du mois,
un nouvel opéra-bouffe en trois actes, provisoirement intitulé : Fleur de
Thé, dont le poëme est de MM. Chivot et Duru, et la musique de M.
Charles Lecocq, auteur de l'Amour et son carquois.
»*# Il y a toujours grande foule au théâtre des Variétés pour enten-
dre la Grande-Duchesse.
,*» L'opérette-bouffe de J. Moinaux et Offenbach : Dunanan père et
fils, remaniée en quatre actes,' va être jouée au théâtre des Menus-Plaisirs.
iit*. Les recettes brutes des théâtres impériaux subventionnés, des
théâtres secondaires et autres établissements soumis à la perception du
droit des pauvres se sont élevées pendant le mois de janvier à la somme
de 2,013,928 fr. 82 c.
,*, Le conseil municipal de Bordeaux vient de nommer M. Halanzier,
directeur du Grand-Théâtre, et de lui assurer, par délibération spéciale,
le maintien de la subvention de 200,000 fr., et, de plus, une allocation
de 30,000 fr. pour achat de décors et de costumes, dont une somme de
20,000 francs spécialement affectée à la mise en scène de l'Africaine. Le
public a ratifié de son approbation unanime ce choix heureux et ce vote
intelligent. — En attendant, les représentations données par les artistes
réunis en société marchent fort bien. Les Dragons de Villars font de jolies
recettes ; Mme Montaut - Lambert s'y montre comédienne habile autant
que chanteuse exercée.
,i.*^ La direction du théâtre des Arts, de Rouen, va passer aux mains
de M. Bonnesseur, naguère basse à l'Opéra. L'Africaine aura été le plus
beau succès de la direction actuelle ; la foule se presse encore, comme
aux premiers jours, pour admirer le dernier chef-d'œuvre de Meyerbeer
et applaudir ses excellents interprètes .
»*„, Mardi, Marie Sass donnait au Havre une représentation composée
mi-partie de l'Africaine et mi-partie de la Juive. La grande cantatrice y
a reçu un accueil enthousiaste.
^\ En présence des succès obtenus par Mme Rose Bell, au théâtre
de Liège, la direction s'est décidée à monter les Bavards d'Offenbach;
Mme Rose Bell y remplira le rôle créé par Mme Ugalde, et son gracieux
talent lui promet un nouveau triomphe. La première représentation a
dû avoir lieu jeudi.
DJi PARIS
87
*** Jeudi prochain, 19 mars, mi-carôme, aura lieu à l'Opùra le der-
nier bal masqué de la saison, sous la direction de Strauss.
NODVELLES DIVERSES.
*•* Hector Berlioz se repose en ce moment, à Monaco, des glorieuses
fatigues de soa voyage en Russie.
**» Une des célébrités musicales de la Bourgogne, on pourrait dire
de la France, Jules Mercier, vient de s'éteindre à Dijon à peine ûgé de
quarante-neuf ans. Membre de l'Académie de cette ville, président-fon-
dateur de la Société philharmonique, compositeur de mérite, musicien
consommé autant que professeur habile; nature bonne, entraînante, mo-
deste, caractère affeclueux et serviable, J. Mercier était de ceux qui ho-
norent leur pays natal et qui ont droit à l'amitié et à l'estime de tous.
Dans ses compositions nombreuses, — fantaisies sur la Favorite, Robert,
Chartes T7, les Huguenots, le Pré aux Clercs, le Proiihète, etc., — J. Mer-
cier apportait la même reciitude de goût, hi même profondeur de senti-
ment, la même pureté sonore que dans son exécution. La cité dijonnaise
et la province ont vivement ressenti la perte de l'homme éminent qui
avait popularisé chez elles la musique des maîtres et qui s'était cons-
tamment efforcé de maintenir la réputation artistique dont elles jouissent
à plus d'un titre. Le théâtre a été fermé ; trente-six sociétés musicales
se sont fait représenter aux funérailles du chef regretté qui depuis si
longtemps les conduisait au triomphe dans les divers concours et festi-
vals; les cordons du poêle ét.aient tenus par M. le maire de Dijon et
plusieurs artistes, Vieuxtemps et Godefroid, notamment, anciens cama-
rades de Conservatoire de Jules Mercier. Au service, entre autres mor-
ceaux, l'orchestre a joué l'andante de la .symphonie en la de Beethoven,
dans lequel Vieuxtemps a tenu 'la partie de premier violon. — La com-
pagnie lyrique Ulmann-Patti, de passage à Dijon, a voulu s'associer au
deuil public : MM. Vieuxtemps, Seligmann et Wolff ont joué l'Ave Maria
de Gounod, en commémoration de la mort de J. Mercier; des applau-
dissements émus et des larmes sincères ont remercié ces grands artistes
de leur délicate attention.
**jii La célèbre tragédienne allemande Sophie Schrœder, mère de la
grande cantatrice Wilhelmine Schrœder-Devrient, ravie trop tôt à Fart,
vient de mourir. Sophie Schrœder était plus qu'octogénaire.
**:j M. Marc Micliel, auteur d'un grand nombre de jolies comjdies-
vaudevilles, et qui fut longtemps le collaborateur d'Eug. Labiche, vient
de mourir.
ET RANGER
^*j, Bruxelles. — La première représentation de Don Carlos a eu
lieu mardi. Le public a très-froidement accueilli cet opéra, qui n'a pas,
il faut le dire, les qualités qui font le succès des grandes productions de
la scène lyrique. Ce n'est pas qu'on n'ait reconnu çà et là la main d'un
compositeur expérimenté. 11 y a incontestablement de belles pages dans
la partition de Dun Carlos ; le fmaie du troisième acte est largement
conçu et d'un grand effet; mais, pour quelques parties réussies, combien
de scènes languissantes! Pourquoi M. Verdi a-t-il changé sa manière?
pourquoi a-t-il adopté le malencontreux système de la récitation à jet
continu, mis à la mode par li's musiciens sans idées! Cette transforma-
tion de l'auteur du Trouvère et de Rigoktto a fort désappointé les dilet-
tantes de Bruxelles. L'exécution n'étiit pas faite pour pallier les défauts
de la musique; elle les a exagérés au contraire, ajoutant à l'indécision
des formes mélodiques les incertitudes d'une interprétation Ilottante
et molle. Rarement opéra a été plus mal chanté; c'est une particularité
dont il faut tenir compte en constatant le fait de l'insuccès. On prépare
la Jolie Fille de Perth; le Premier Jour de Bonheur et Ilamlet seront pour
l'hiver prochain. La présence de Rubinstein à Bruxelles est l'événe-
ment musical du moment. Le célèbre virtuose s'est fait entendre di-
manche passé au concert populaire et^iercredi dans une soirée dont son
admirable talent a fait seul les frais. 11 a produit tjne profonde impres-
sion. Depuis Liszt il n'y avait pas eu d'exemple d'un pareil succès de
pianiste. Après avoir joué samedi dans un concert de charité, Rubins-
tein partira pour Paris; de là il se rendra en Angleterre, puis en Amé-
rique, où il est certain qu'une grande fortune l'attend.
»*^ Berlin . — Niemann a fait sa rentrée à l'Opéra dans le rôle de
Jean de Leyde du Prophète; il y a été supei-bo. .\vec ce vaillant ténor,
avec son émule, Wachlel, rétabli d'une longue indisposition, avec Mmes
Lucca et Artôt, revenues à leur poste, l'Opéra-Royal peut compter sur
de splendides et fructueuses soirées. — La troupe italienne, après sa
courte excursion à Hombourg, a repris possession du théâtre Victoria,
et paraît con.server la faveur du public.
^^*Jf Gotha. — Un opéra-comique et romantique nouveau, la Nuit de
Saint-Jean d'Eilers, a été très-goiUé du public. Le sujet est emprunté à
la nouvelle de Zschocke, VHôte mort.
„,*, Leipzig. — Dans son 19° concert, l'avant-dernier de la série, l'or-
chestre du Gewandhaus a célébré, le .'J mars, le 12;)' anniversaire de sa
fondation. Le programme se composait exclusivement de compositions
des six chefs d'orchestre qui .se .sont succédé pendant les vingt-cinq der-
nières années : Mendelssohn, David, Gade, Ililler, Rietz et Roinecke, le
chef actuel. — Le Copservaloire de mu.sique a fêté sa 23' année d'exis-
tence. Depuis son établissement, 1,300 élèves environ y ont reçu l'édu-
cation musicale sous toutes .ses formes.
^'jt Lioerpool. — La direction des concerts philharmoniques sera désor-
mais contiée à Jules Benedict.
^% Florence. — Un nouvel opéra, Rosmunda, du maestro Gialdini, a
rencontré à la Pergola un succès honnête, qui ne lui présage pas encore
une vie bien longue.
,1,*^ Venise. — Succès immense à la Fenice avec V Africaine. Grâce
à une exécution bien voi.sine delà perfection, le chef-d'œuvre a pu res-
plendir de toute sa beauté, et gagner ainsi dès le premier soir un ter-
rain précieux. Mme Lotti Délia Santa, Carrion et Merly ont été admira-
bles, tous les autres artistes les ont vaillamment .secondés, et il n'y a
que des éloges à donner aux chœurs, à l'orchestre, ainsi qu'à la direc-
tion pour sa splendide et intelligente mise en scène.
^*^ Varsovie. — Une regrettable mesure vient d'être prise : le Con-
servatoire est fermé, après six ans seulement d'existence, les fonds dus
à la souscription qui le faisait vivre d'une vie précaire étant complète-
ment épuisés.
^*,t Saint-Pélersbourg . — Mme Lucca est réengagée pour les mois de
novembre et décembre. Adelina Patti chantera en janvier et février. La
troupe italienne engagée pour toute la saison se compose de Mmes Fricci,
Trebelli, Volpini, des ténors Mario, Fraschini, Calzolari , des barytons
Neri-Baraldi, Graziani, des basses Zucchini, Angelini, Gassier.
CONCERTS ET AUDITIONS MUSICALES ANNONCÉS.
Salon Krîegolstein, aujourd'hui dimanche à 8 heures 1/2 du soir : cin-
quième et dernière séance de MM. H. Bonewilz et Norblin, avec le
concours de MM. Telesinski et Bernard.
Salle Herz, dimanche 13 mars : concert donné par M. Kowalski et Mlle
Pellini, avec le concours de MM. Hermann-Léon, Sarrasate, Las-
serre, Mlle E. Dubois et Coquelin, de la Comédie-Françai.se.
Salle Herz, lundi 16 mars : concert de M. VV. Krûger, avec le concours
de Mlle Dolmetsch, MM. Ponsard, Hammer, Godard et Charles Pot-
tier.
Salle Herz, mardi 17 mars à 8 heures 1/2 : concert de Mme Rouxel-
Tailhardat, avec le concours de Mlle Laure Tailhardat, de MM.
Brégy, Pauvre- Taffanel, Sighicelli, Soumis et Rouxel. — Poésie
par M. Sanison. — Comédie en un acte de MM. Meilhac et Halévy,
par M*** et Mme Armand et Delille.
Salons Pleyel-Wolff, mardi 17 mars : cinquième séance populaire de mu-
sique de chambre, donnée par MM. Ch. Lamoureux, Colblain, Adam
et Poëncet, avec le concours de M. Henri Fissot.
Salons Erard, mercredi 18 mars à 8 heures 1/2 du soir : concert des
frères Sauret, élèves de MM. Ch. de Bériot, avec le concours de
Mlle Alph. Marer, de M. Aubary, Mlle C. Meyer et M. Lamotte,
chanteur comique.
Salle Herz, mercredi 18 mars : concert par le violoniste mexicain Euse-
bio Delgado, premier violon solo du théâtre de Mexico, avec le
concours de Mlle Marie Roudier, Louise Murer, MM. Waldeck, Bru-
neau et Mattiozzi.
Salons Pleyel-WoIff, mercredi 18 mars: séance publique donnée par A.
Gouffé, pour l'audition de ses œuvres.
Salle Erard, jeudi 26 mars à 8 heures 1/2 du soir : concert de l'excel-
lent pianiste compositeur Ernest Stœger, avec le concours de Mlle
Rives, du violonisie Hermann, qui vient d'arriver à Paris, Poëncet,
Baur et JI. Van Waefeighem.
Salle Herz, jeudi 26 mars : concert donné par Mme Norman-Neruda, la
célèbre violoniste.
Salle Erard, samedi 28 mars à 8 heures 1/2 du soir : concert de M. Eu-
gène Ketterer, pour l'audition de ses œuvres nouvelles, avec le con-
cours de Mme Anna Fabre, Mlle Louise Cantin, de MM. Pagans, A.
Herman, A. Durand, F. Thomé.
« TT T o On demande un organiste pour l'église de Coulommiers ;
il V lu. s'adresser à M. Bleuze, maître de chapelle à Saint-Sulpice,
rue de la Grande-Chaumière, 8.
KEVUE ET GAZETTE MUSICALE UE PAKIS.
Nouvelles publications de J. MAHO, 25, rue du Faubourg-Saint-Honoré, à Paris.
Op. 12.
— 13.
— iS.
— 18.
— 19,
— 20.
— 28.
— 29.
— 39.
— -il .
Première sonate pour piano {mi majeur) . . .
Première sonate pour piano et violon (sol majeur)
Deux trios pour piano, violon et violoncelle : 1. en fa m.
2. En sol mineur
Première sonate pour piano et violoncelle (ré majeur). . .
Deuxième sonate pour piano et violon (la mineur)
Deuxième sonate pour piano [ut mineur)
1 . Nocturne
2. Caprire
Deux Marches funèbres pour piano :
1 . Pour le convoi d'un artiste
2. Pour le convoi d'un héros
1 . Barcarolle pour piano (fa mineur)
2. Allegro appassionato pour piano
Deuxième sonate pour piano et violoncelle {sol majeur). .
Troisième sonate pour piano {fa majeur)
Op. a. Soirées à Saint-Péterslourg. Six morceaux pour piano.
Livre 1 . Romance. Scherzo
— 2. Preghiera. Impromptu
— 3 . Nocturne. Appassionato
— -49. Sonate pour piano et alto ou violon {fa mineur)
(La partie de violon arrangée par Ferd David.)
— 52. Troisième trio pour piano, violon et violoncelle {si bém.)
— 53 Six fugues dans le stylo libre précédées de préludes :
1 . En-/o bémol majeur
2 . En fa mineur
3. En mi majeur
i. En Si mineur
5 . En sol majeur
6. En ut mineur
— GC. Quatuor pour pianu, violon, alto et violoncelle net.
Etude en m( majeur pour piano
5 »
7 50
10 !-
20 »
7 no
5 »
7 50
7 50
7 50
6 .
12 .
7 50
BTmWMWM H^îiîi^ll
Op. 119. Préludes composés pour Mile Lili, 2 livres, chaque 10
— 120. Mélodies pour piano 10
— 121 . 1 . Ballade pour piano 5
2 . Conte, pour piano 6
Op. 121 . 3. Rêverie du Gondolier, pour piano-. 5
— 122. Valses Rêveries, pour piano 10
— 82. Nuits blanches, pour piano, 1 vol. in-8° net. 6
— 78, 80, 89. Promenades d'un solitaire, pour piano, 1 v. 8°, net 8
Divers pour Piano
Henselt (A.). Op. 28. 1. Valse sentimentale 4 50
— 2. Valse noble 4 50
— Op. 39. Aubade 4 50
Hlllcr (P.). Guitare, impromptu 4 50
E.e Conppey (P.). Transcriptions classiques:
11 . Schubert, sérénade 5 »
12. Beethoven, fragmeut du premier quatuor 6 »
Hendelsaohn (P.). Op. 101 . Ouverture posthume 7 50
Sari (L.) . Rondes des Elfes 5 „
— Canto del Monte d'Oro 5 „
Scliirrniaclier. Op. 73. Deux romances de Liebé (transcrip-
tions: Autrcfuis. Au revoir I) 6 »
Sctauinunn (Robert). Op. 82. Dans la forêt, morceaux caracté-
ristiques : Entrée. — A l'affût. — Pleurs solitaires. —
La vallée maudite. — Paysage. — L'Auberge. — L'Oi-
seau-prophète. — Air de chasse. — L'Adieu.
SIenold (Ch.). Op. 1. Deux polkas 6 »
— Op. S. Mazurka de salon 5 »
— Op. 6. Grande valse brillante 7 50
SlenoId (Ch.). Op. 8. Nocturne 6
— Op. 23. Barcarolle S
Splndlcr (Pr.). Op. 5. Retour du printemps, idylle 6
— Op. 75. Souvenirs de Pierrefonds, deux idylles :
1 . L'Oi-scau chante ! 5
2. La Source 5
— Op. 84. Les Naïades, morceau de genre 5
— Op . 111. Polka, mi bémol 6
— Op. 127. Les Trois Grâces, trois morceaux de salon :
1 . Le Galop 6
2. La Valse 6
3 . La Mazurka 6
— Op. 133. Contes d'autrefois, 2 morceaux caractéristiques, ch. 5
— Op. 163. Les Sirènes, 2 valses, ut majeur, fa majeur, ch. 5
— Op. 164. Le Chant de la Pileuse 6
— Op. 177. Les Premières feuilles, deux morceaux, chacun . 6
Welile (Ch.). Op. 73. Impromptu 5
— Op. 2i. Laendler ; 5
— Op. 75. Chanson bohème 6
Pour Piano à quatre mains
BeethOTcn. Fidelio, complet net. 15 »
— Fidelio, ouverture 7 50
EnckiiauKen (H.). Op 84, Ecole de piano, 4 cahiers, chaque 7 50
Cianz (W.) . Op. 12 bis. Qui vive ! arr 9 »
Hende;ssolin (P.). Op. 101 bis. Ouverture posthume 9 »
Hozart. Don Juan, complet. » net. 15 »
— Don Juan, ouverture 7 50
— La Flûte enchantée, complet net. 15 »
— La Flûte enchantée, ouverture 7 50
Mozart. Les Noces de Figaro, complet net. 15 »
— Les Noces de Figaro, ouverture 7 50
Roaslni. Le Barbier de Séville, complet net. 15 »
— Le Barbier de Séville , ouverture 7 50
Spindier (P.). Op. 1-40 bis. Le Trot du cavalier, arr 7 50
Weber. Le Freyschiifs, complet net. 15 »
— Le Freyschiitz, ouverture 7 50
— Oberon, complet net. 15 »
— Oberon. ouverture T 50
Musique d'ensemble
Esctimann (Ch.). Op. 58. Trois sonatines pour piano et violon:
1 , Ré; 2, Sol ; 3, Ut , chacune
Ciaéronlt. Rondino de Beethoven, transcrit pour piano et orgue
HauptmaBii (M ) . Trois sonatines très-faciles, ut, sol, fa, po>ir
piano et violon
Langlians (W.) . Aria di Lotti, transcrit pour violon ou violon-
celle avec accompagnement de piano
— ~ Op. 4. Quatuor pour deux violons, alto et violoncelle, fa
majeur. (Couronné du 1"^"' prix par la Société de quatuors
de Plorence)
E.alo (E.). Op. 14. 1. Chanson villageoise pour violon ou vio-
loncelle et piano
Sérénade pour violon ou violoncelle et piano
19. Quatuor pour deux violons, alto et violoncelle, mi
bémol majeur
liacombe (Paul). Op. 8. Sonate pour piano et violon
HendeisNObn-Barttaoïdy (Pélix). Op. 17. Variations con-
certantes pour piano et violoncelle ou violon
- Op.
7 50
5 »
Meyer (Louis). Les concerts à la pension, trios non difficiles:
1 . Sol majeur 12
2. Sol majeur 9
3. Ut majeur. 12
Salnt-Saens (C). Op. 16. Suite pour piano et violoncelle, net. 7
Séparément ;
Prélude, ré mineur 6
Sérénade, soi mineur 6
3 . Scherzo, mi bémol majeur 6
4 . Romance, mi majeur 6
5. Finale, ré majeur 6
— Op. 18. Trio en fa majeur pour piano, violon et violon-
celle. (Dédié à M. Alfred Lamarche) 20
— Concerto en la majeur pour violon avec accompagnement
d'orchestre. Partition (sous presse) net. 8
— Concerto en la majeur avec accomp. de piano (sous presse).
UendelDsobn (F.). Op. ICI. Ouverture posthume, pour or-
chestre, en partition net . 5
— La même, en parties séparées 20
Ueiidelssobn (P.). Op. 60. La Première nuit de sabbat, parti-
tion in-8°, chant et piano net . 7
liuc (V.). Une Nuit de Noël, petit drame lyrique en un acte et
deux tableaux, avec accompagnement de piano et har-
monium (violon et harpe ad libitum), pour pensionnats et
communautés religieuses net. 7
(SalBt-Saens. Les Noces de Prométhée, cantate pour solos,
chœurs et orchestre, partition chant et piano net. 5
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VEtwéle en ta, mineur de JUEIVDEIiiItlSOHlV. dont la
publication récente a excité à an si liant degré l'inté-
rêt des pianistes.
SOMMAIRE. — Concert d'Antoine Rubinstein, par Charles Bannelier. —
Une matinée musicale au Grand-Orient de France, Em. llatbien de Hon-
1er. — Tliéâtre des Fantaisies -Parisiennes: Roger Bonlemps, opéra-comique
en deux actes, paroles de MM. Clairville et Bernard Lopez, musique de M. De-
billemont. — Revue des tliéâtres, par D. A. D. tSaint-lfies. — Galerie
des musiciens célèbres anciens et modernes. — Concerts et auditions musicales
de la semaine. — Nouvel^es des théâtres lyriques. — Nouvelles diverses. —
Concerts et auditions musicales annoncés. — Annonces.
CONCERT D'ANTOINE RUBINSTEIN
A LA SALLE HERZ,
Le jeudi 19 mais 1868,
Ce prodigieux virtuose, cet athlète du piano, qui ne connaît
d'autre rival que Franz Liszt, ce grand artiste à l'extérieur presque
rude, qui n'a rien à voir avec les élégances de pose et les airs penchés
des pianistes à la mode, Antoine Rubinstein est né dans un village de
la Moldavie, à Wechwotynez, sur les frontières russes, le 30 novem-
bre 1829; il a donc aujourd'hui un peu plus de trente-huit ans.
Il est Russe par son éducation, ayant habité Moscou dès son en-
fance; c'est dans cette ville qu'il donna son premier concert à
l'âge de neuf ans. Depuis, il a perfectionné sans relâche son ad-
mirable talent d'exécution, qui, servi par une organisation physi-
que exceptionnelle, est arrivé à un degré de puissance dont ceux
qui n'ont point entendu Liszt ou lui ne peuvent se faire une idée.
Il n'a commencé â composer d'une manière sérieuse que vers sa
vingtième année; il a produit depuis lors une quantité immense
d'œuvres de toutes sortes, opéras, oratorios, symphonies, concer-
tos, sonates, morceaux de piano, de chant, chœurs, etc.; dans
toutes on trouve les pensées élevées, le style large, la distinction,
le savoir-faire du grand musicien. En général cependant, elles
sont produites trop hâtivement, et portent la trace d'un travail
fiévreux et sans règle. Il n'aime pas revoir à loisir sss composi-
tions ; elles sont aussitôt publiées que terminées, et il s'en est re-
penti plus d'une fois. De plus, beaucoup ne sont accessibles qu'à
un très petit nombre de pianistes, en raison des effets de haute
virtuosité qui y sont prodigués, et qui réclament non-seulement
des doigts habiles, mais encore une certaine force physique.
Rubinstein a beaucoup voyage. 11 est venu à plusieurs reprises
à Paris, oiî ses concerts ont toujour-s produit la plus vive sensa-
tion. Il y était l'année dernière encore, mais il ne s'est fait enten-
dre que dans quelques cercles intimes. — Il est le fondateur du
Conservatoire et de la Société des concerts de Saint-Pétersbourg;
des dissentiments regrettables l'ont- fait renoncer depuis peu à la
direction de ces deux belles institutions. Son frère Nicolas, pianiste
comme lui, est établi à Moscou où il jouit d'une réputation mé-
ritée.
Le concert de jeudi dernier réunissait dans la salle Herz le pu-
blic d'élite, le grand public des artistes illustres; les maîtres du
piano au grand complet étaient venus applaudir et étudier. Après
l'ouverture des A^oces de Figaro, dite dans la perfection par l'or-
chestre sous la direction de Camille Saint-Saëns, Rubinstein a
attaqué son 4« concerto en ré mineur, qu'il affectionne particu-
culièrement et qu'il joue plus volontiers en public. C'est une lutte
perpétuelle entre le piano et l'orchestre que ce concerto ; et l'avan-
tage de la sonorité ne reste pas toujours au dernier. Fortement
conçu, savamment conduit, il manque peut-être un peu de cette
chose indéfinissable qu'on appelle le charme, excepté dans Van-
danle, qui se rapproche de la manière de Mendelssohn. Les oc-
taves, les arpèges, les croisements rapides des mains s'y succèdent,
drus et serrés comme la grêle; le poignet d'acier de Rubinstein
en a facilement raison. A ceux qui seraient tentés de croire que
cette gymnastique fait sortir le piano de ses voies et moyens, il a
répondu victorieusement l'autre soir. Toutefois, il fera bien de
plaider toujours sa cause lui-même.
Mais voici le torrent débordé devenu un ruisseau tranquille et
limpide : Rubinstein joue le ravissant rondo en la mineur de
Mozart avec une finesse, une suavité, une sobriété que nous
90
KEVUE ET GAZETTE MUSICALE
retrouverons tout à l'heure dans son nocturne et dans celui de
Chopin. Après la fantaisie étourdissante, la grâce enfantine; après
le tour de force, après les foudroyants prodiges de mécanisme, le
jeu lié, les nuances les plus délicates, le pianissimo fondant
On regarde au piano... Oui, c'est bien encore lui... A présent, le
Rubinstein du concerto nous revient : c'est le scherzo a capricio
de Mendelssohn, c'est la titanesque transcription du Roi des Aulnes
de Liszt, puis encore quelques-unes de ses compositions à lui, Ca-
pricio, un charmant poëme, Barcarolle, Etude, la fameuse et
redoutable Etude en ut à laquelle il a donné le titre redondant
d'Etude inferncde du Diable, appelée encore « Etudes aux fausses
notes, » lesquelles fausses notes ne sont que des appogiaturcs
très-mélodiques que la main gauche vient piquer rapidement dans
le haut du clavier, pendant que la droite se livre à des arpèges
effrénés... C'est stupéfiant, on a le frisson... Le beau piano de
Herz, un des meilleurs instruments sortis des ateliers du facteur-
artiste, a vaillamment supporté l'épreuve.
Après chaque morceau, des applaudissements à faire crouler la
salle, des rappels sans fin, ù rendre jaloux un ténor ou une pri-
ma donna en vogue !
Total : une heure et demie bien complète de piano, de quoi
épuiser tout autre que Rubinstein; mais lui a gardé jusqu'à la lin
son calme olympien, et pour un peu il eût recommencé.
Certes, ils se fourvoieraient étrangement ceux qui croiraient
qu'iV faut chercher à imiter cet artiste extraordinaire; comme
Liszt, c'est une individualité puissante, exceptionnellement douée,
et qui s'impose par des qualités propres, non transmissibles. Grâce
à Dieu, il y a encore, en deçà de cette virtuosité de haute école,
de pures et vives jouissances pour l'homme de goût.
Un mot d'éloge en terminant à l'adresse de Mlle Rives, qui a
jeté un peu de variété dans ce programme assez chargé, en chan-
tant avec goût deux morceaux des Noces de Figaro, la Prière de
la Vestale et un air de Rameau.
Charles BANNELIER.
DNE MATINÉE MUSICALE AD GRAND-ORIEKT DE FRANCE.
Concert donné par la loge maçonniqne les FBÈRES-UKIS-
HKSÉPABABliES, au profit |de son Œuvre d'adoption d'or-
phelins.
Parler ici de cette fête d'art et de bienfaisance, — mais toute
de famille, — dont l'éclat empruntait à ce caractère essentiellement
intime je ne sais quoi de digne et de touchant ; dire avec quelle
solennité et quelle simplicité tout à la fois la musique s'unit à la
charité dans une loge maçonnique, cela est peut-être, cela est
sans doute une indiscrétion. Mais, en m'inspirant de l'esprit fra-
ternel de ceux qui seraient en droit de me la reprocher : C'est
pour les autres et pour soi, leur répondrais-je, qu'il faut entendre,
sentir, méditer les belles choses; votre réunion exceptionnelle de
dimanche dernier, par son essence même et sa nature, a profon-
dément charmé, impressionné jusqu'à l'émotion, ceux qui y ont
assisté; à ce titre, laissez ces harmonies délicieuses franchir les mu-
railles du Temple et permettez à leur^écho de se répercuter dans
la chronique musicale de la semaine.
Sous les voûtes symboliques du « sanctuaire de l'hospitalité sainte et
del'inviolableamitié,» dans ce milieu où tout parleà l'âme et l'élève
vers la claire intelligence du beau et du vrai absolus, l'art mu-
sical a certainement été représenté, le lo mars, dans sa mani-
festation la plus pure et par ses interprètes les plus habiles.
Mme Norman-Neruda — son éloge n'est plus à faire, — livrait
à l'admiration d'un auditoire enthousiaste son jeu puissamment
individuel, fécond en rencontres imprévues et en expressions
trouvées; son style large et fin qui avance comme un Ilot, ne
laissant aucun point sans l'embrasser et le revêtir, dévoilant une
imagination continue dans le détail et accusant lo souci et la cu-
riosité des contrastes. A côté d'elle brillait sa blonde compatriote,
Ophélia-Nilsson, — décorée du bijou de la Loge,
« Blanche comme ung lys
Et qui chante à voix de Syrène. »
N'a-t-elle pas reçu, dès le berceau, le don de l'harmonie, delà
perfection, de la sensibilité, cette âme du chant? Rosine liloch,
beauté et voix opulentes; Mme Barthe-Banderali, dont le talent
empreint de la plus élégante distinction observe surtoutla maxime:
Rien de trop. Le charmant quatuor de femmes, n'est-ce pas , que
celui-là où se rencontraient, à mérite égal, la passion, la grâce
poétique, le sentiment dramatique et l'esprit avec la beauté? Dans
le rayonnement de ces « étoiles » gravitaient Delle-Sedie qui joint
à un si grand art tant de simplicité: Ph. Lamoury, dont le vio-
loncelle chante, — et voilà l'idéal ! — comme la plus belle des voix
humaines ; Morini, à la voix chaude, colorée et convaincue :
Rosenhain, le maître aimé, dont le talent souple sait toujours
intéresser.
Quant au programme, on devinait, dans sa composition savam-
ment combinée, la sollicitude et l'expérience d'un des membres
de la Loge, un expert en l'art difficile de placer sous leur vrai
jour et de faire valoir les uns par les autres les plus rares talents
et les plus belles œuvres. On pouvait même supposer que le choix
des morceaux du concert avait été fait aussi bien pour le meil-
leur profit de l'OEuvre d'adoption des orphelins de la Loge, qu'en
vue de leur propre agrément et édification. Le duo du Stabat de
Rossini, par exemple, admirablement interprété par Mlles Nilsson
et RIoch, — le merveilleux contraste de voix et de beauté! — ne
semblait-il pas devoir initier ces intéressants pupilles au sentiment
religieux que la musique seule peut, du reste, complètement ex-
primer? A ces imaginations jeunes et impressionnables, l'air de
Joseph ne devait-il pas dire l'amour de la patrie; Farioso du Pro-
phète, l'amour maternel; l'air de Don Sébastien, l'amour de la
gloire? Ce sont là, après tout, des leçons qui en valent bien d'au-
tres ! La valse des Bleuets, accompagnée par l'auteur lui-même et
s'envolant en perles cristallines des lèvres de Mlle Nilsson, ne
pouvait-elle rappeler à l'esprit l'image séduisante des plaisirs cham-
pêtres ? Dans le duo des Noces de Figaro, dans le quatuor de
Martha, et dans celui de Rigoletto, le génie, lo talent, parlent
assez haut pour séduire, transporter dans le domaine de la poésie
les intelligences les plus naïves ou les plus indifférentes. Et ce
Conte d'enfant, si fraîchement récité par Rosenhain, où la voix
grave de l'aïeule évoque tour à tour les^ vaillants chevaliers et les
fières châtelaines, les gnomes et les fées, chevauchant sous les
grands bois, n'était-ce point là, dites, comme le sourire et la dé-
tente de cet heureux programme?
Tout en donnant l'éloge qu'ils méritent à la Fantaisie tnilitaire,
de Servais, jouée par Ph. Lamoury, et au charmant petit duo à
l'espagnole pour orgue et piano, de Ch. Loret, spirituellement en-
levé par l'auteur et M. Gallois, je me reprends à l'accueil enthou-
siaste fait à Mme Norman-Neruda (fantaisie de ^Mœser sur le
Freyschuts, de la plus étonnante originalité; Air varié de Vieux-
temps) et à Mlle Nilsson. De même que l'odeur d'une violette rend
à l'âme les jouissances de plusieurs printemps, — la comparaison
est de saison, — le gosier et l'archet de ces deux enchanteresses
suédoises réveillent tout ce qui dort de mélodies suaves dans les
cellules de la mémoire.
C'est ainsi qu'en cette magnifique salle constellée de lumières et
de bijoux, envahie dès le matin par un auditoire d'élite, — de-
DE PARIS.
91
vaut une bonne œuvre à faire, les honnêtes gens qui vont ail-
leurs, s'arrêtent toujours, — c'est ainsi qu'au bruit des bravos e^
à l'audition d'oeuvres exquises, ont passé, rapides et légères, les
heures de la matinée musicale des Frères -Unis. A vrai dire, il y
avait là, moins un public qu'une réunion d'amis; moins une salle
de concert que le salon d'une grande et généreuse famille, dont
MM. le général Mellinet, grand-maître; Alfred Blanche, grand-
maître adjoint de l'ordre, etAronssohn, président de la Loge, fai-
saient les honneurs. Ai-je besoin d'insister sur la sympathie com-
municative, sur le charme irrésistible qui se dégeagaient de ce fais-
ceau formé de tant d'hommes distingués et de tant d'artistes
éminents? Aussi, avec quel empressement, avec quelle joie a-t-on
donné, et les artistes tout les premiers, à la collecte gracieuse-
ment faite dans les rangs du viril Atelier par la blonde Marta et
la brune Fidès. «Tout ti l'heure, je demandais pour les pauvres, —
disait Mlle Nilsson au propriétaire, pour la seconde fois sollicité,
d'un porte-monnaie aurifère, — mais maintenant je quête pour
moi. » Il y a eu bien des traits comme cela, et telle était la phy-
sionomie de cette aimable journée. Argent béni, noble capital,
vous avez déjà permis à ces honnêtes gens d'adopter, d'élever,
comme cela, simplement, noblement, par eux-mêmes et en eux-
mêmes, quaranle-cinq orphelins : un demi-cent d'hommes arrachés,
grâce à l'attrait de la musique, à la misère, au crime, peut-être!
La réunion s'est terminée sous cette , impression. Faire le bien,
cette vraie destinée de l'homme, n'est- ce point le secret d'être
heureux? Heureux, chacun l'était en pensant qu'il avait contribué,
pour sa part, à permettre aux Frères -Uni:- de l'endre une famille
à d'autres orphelins ; à donner du pain et un abri à ces pauvi'es
petits grelottants ; à armer ces faibles pour les luttes de la vie ; à
doter ces deshérités d'une éducation tendre et robuste qui les
consolera plus tard à leur insu, qui les écartera du mal sans
qu'ils aient la peine de tenter un effort et qui les portera vers le
bien comme une secrète analogie de nature.
Voilà pourquoi et voilà comment on a fait, dimanche dernier,
un peu de musique au Grand-Orient de France.
Em.-Mathieu de monter.
THEATRE DES FÂNTÂÎSIES-PARISIENHES.
ISOSEB 3îO.^"ï'BSÏ8''S,
Opéra- comiqve en deux actes, paroles de MM. Clairville et
Bernard Lopez, musique de M. Debillemont.
(Première représentation le 18 mars 18G8.)
Cette pièce n'est pas tout à fait nouvelle; on l'a jouée au Vau-
deville, en 1848, sous le même titre; mais elle n'avait alors qu'un
seul acte et elle était ornée de couplets faits sur des airs con-
nus. Elle est aujourd'hui divisée en deux actes, et ses couplets
ont été rais sur des airs nouveaux. Nous voudrions pouvoir re-
connaître qu'elle a beaucoup bénéficié de ces iiK.difications; mais
la vérité est que, pour se rajeunir, elle aurait eu besoin d'un re-
maniement encore plus radical.
Le type de Rocjer Bontemps, tel que l'a conçu Béranger, est gai
sans doute; mais ses auteurs l'ont encadré dans une action qui ne
l'est guère et qui se compose, en outre, d'éléments tant soit peu
surannés. Roger Bontemps aime sa filleule Marguerite, et il vou-
drait bien en faire sa femme. Mais il a commis la faute de chan-
sonner la maîtresse du château, qui est une ancienne danseuse de
l'Opéra, et comme il est fort mal dans ses aifaires, un huissier,
amoureux de Marguerite et' représentant du protecteur de l'ex-
danseuse, le poursuit à outrance, saisit ses meubles et menace de
l'envoyer à la Bastille. Par bonheur, la châtelaine, en butte aux
satires de Roger Bontemps, est une ancienne ;:iuie qui se rappelle
avoir tenu avec lui Marguerite sur les fonts baptismaux. Elle oublie
sa chanson , paie ses dettes, lui fait cadeau d'un mobilier tout
neuf, et, pour inetlrc le comble à sa générosité, elle assure son
union avec Marguerite.
M. Debillemont a écrit sur ce vieux vaudeville une musique
nouvelle qui est vive, facile et parfois élégante. Il y en a beau-
coup, peut-être même un peu trop, car tous les couplets de la
pièce primitive ont été conservés, et l'on y en a ajouté" quel-
ques autres. Notre mémoire n'y saurait suffire ; cependant nous
avons remarqué, au hasard d'une première audition, plusieurs
morceaux, parmi lesquels nous mentionnerons l'ouverture, très-
jolie symphonie villageoise, le choeur de lever du rideau, la chan-
son de Roger Bontemps, la romance du portrait, le morceau d'en-
semble de la saisie, un air bachique et un charmant duo entre
Roger et la danseuse.
Le rôle de Roger Bontemps était joué au Vaudeville par Félix;
il n'est pas aussi heureusement placé entre les mains de Gabriel
Bonnet, qui y fait certes preuve d'intelligence, mais qui, sous le
rapport physique, ne répond pas à l'idée qu'on s'en fait. Comme
chanteur du moins, cet artiste accomplit bien mieux les conditions
voulues. Sa voix est sympathique et il chante avec goût. Mlle Alice
Vois n'a pas non plus toutes les qualités requises pour le rôle de
Jeanne la Danseuse, mais elle s'en tire avec assez d'adresse.
Mlle Labarre est une fort gentille Marguerite. Dcrval et Masson
s'acquittent fort convenablement du personnage de l'huissier et de
celui du chef de l'escouade chargée d'arrêter Roger Bontemps.
Comme toujours, la mise en scène est très-soignée, et le vaillant
orchestre de M. Constantin manoeuvre avec un louable ensemble.
Le soir môme où l'on jouait Roger Bontemps aux Fantaisies-Pa-
i-isiennes, le théâtre de l'Athénée reprenait avec succès une autre
opérette de M. Debillemont, la Vipérine, qui a été représentée, il
y a deux ans, aux Folies-Marigny, par le couple Montrouge, et qui
est interprétée maintenant par André Munie, un débutant, et par
Mlles Lucie Cabel et Bonelli.
D.
REVUE DES THÉÂTRES.
Théâtre-Français : un Baiser anonyme, comédie en un acte, par
MM. Albéric Second et Jules Blerzy. — Gymnase : les Grandes
Demoiselles, comédie en un acte, par M. Edmond Gondinet. —
Théâtre Impérial du Chatelet" : le Vengeur, drame en huit ta-
bleaux, par MM. Brisebarre et Blum. — Palais-royal : reprise
de 11 Vie Parisienne d'Offenbach. — Porte-Saint-Martin : re-
prise de Glenarvon, drame de M. Félicien MallefiUe.
Il y a toujours foule au Théâtre-Français pour applaudir Paul
Forestier; mais on ne va jouer la pièce de M. Emile Augierque tous
les deux jours, et il est bon de donner quelques soins aux autres
spectacles de la semaine. C'est dans ce but qu'a eu lieu la repré-
sentation récente d'une comédie en un acte de MM. Albéric Second
et Jules Blerzy, intitulée un Baiser anonyme. Le sujet en est fort
léger, mais la faiblesse de l'intrigue est rachetée par l'esprit et la
distinction des détails. Il s'agit d'un jeune mari qui va au bal masqué
sans sa femme, et qui y fait la rencontre d'un charmant domino avec
lequel il entre en conversation intime. Gustave devient tendre et
pressanf ; le domino l'écoute avec complaisance, mais il faut se
séparer, et, au moment de partir, le domino jette au front de
Gustave un baiser rapide. A certains indices, le mari coupable a
cru reconnaître une amie de sa femme, et lorque le prétendu de
cette dame vient justement lui demander d'être son témoin, on
comprend qu'il s'imagine avoir de bonnes raisons pour le détour-
92
REVUE ET GAZETTE MUSICALE
ner de ce mariage. Il en résulte un imbroglio assez piquant entre
ces divers personnages qui finissent cependant par s'expliquer.
On apprend alors que le domino du bal masqué n'était autre que
la femme de Gaston, et que, pour punir son infidèle, elle a prié
son amie de l'aider à le mystifier.
Le plus grand mérite de ce gentil marivaudage est d'être mer-
veilleusement débité par Brassant, Febvre, Mme Madeleine Brolian
et Mlle Edile Ricquier. Comment une pièce, si insuffisante qu'elle
soit, ne serait- elle pas favorablement accueillie avec de pareils
interprètes?
— La nouvelle comédie de M. Gondinct, jouée au Gymnase,
sous le titre des Grandes Demoiselles, n'a pas non plus une
grande valeur, mais, comme celles des Français, elles se sauve
par d'agréables détails, et surtout par la réunion d'une douzaine
de jeunes et gracieuses femmes. Elles sont rassemblées dans une
maison de campagne poui' le mariage d'une petite cousine qui, au
dernier moment, croit devoir se raviser. On se désole d'abord,
mais la coquetterie reprend bientôt ses droits, quand on est informé
qu'un séduisant vicomte va venir faire un choix parmi cet essaim
de grandes demoiselles qui sont foutes dévorées du désir de se
marier. Un étranger se présente, c'est à qui cherchera à fixer son
attention par des manières engageantes, non moins que par des
toilettes irréprochables. Mais, dans leur empressement de plaire aux
dépens les unes des autres, toutes ces demoiselles ont fait fausse
route, et c'est pour un vulgaire accordeur de pianos qu'elles ont
déployé un si grand luxe de roueries féminines.
Ce petit acte a fait plaisir; il est gai et spirituel; il est bien
joué par Pradeau, Porel et Viclorin; dans le nombre des treize
femmes qu'il emploie, on distingue Mmcs Fromentin, Chaumont,
Pierson, Massin, Angelo ; mais nous avons tout lieu de supposer
qu'on ira le voir principalement pour la curieuse exhibition de
toilettes qui fait en ce moment, du Gymnase, une succursale
de nos meilleurs journaux de modes.
— L'immense pièce du Vengeur qui a fait tant de bruit, avant
son apparition, a été bien loin de tenir tout ce qu'elle promettait.
La première représentation de ce drame a pro\oqué le plus violent
orage, et c'est au bruit des sifflets qu'a fini par sombrer le fameux
vaisseau républicain. Cependant il est encore sur l'aflkhe, et l'on
parle même de le galvaniser en y appelant Mlle Thérésa qui y
lancerait aux échos du Châtelet le refrain d'une chanson patrioti-
que. Si cet expédient réussit, tant mieux; car on ne peut rester
indifférent à la pensée de tous les frais que comporte la mise en
scène d'un ouvrage de ce genre, et au calcul des pertes que sa
chute entraîne.
— Constatons, pour mémoire, que le Palais-Royal vient de re-
prendre, avec éclat, la Vie Parisienne, d'Offenbach, où l'on re-
trouve les principaux artistes de la création : Brasseur, Hyacinthe,
Gil-Pérès, Priston, Lassouche et Mlle Zulma-Boutfard. Mlle Aline
Duval y remplace Mme Thierret, et l'on a engagé, pour compléter
la distribution féminine, Mlles Baron, Lovato et Paurelle.
— A la Porte-St-Martin, on a repris également un ancien drame
de l'Ambigu, Glenarvon ou les Puritains de Londres, dont les pre-
miers rôles sont joués par Laray, Brésil, Delaistre, Mnjes Suzanne
Lagier et D. Petit; mais il faut en convenir, cette pièce a bien
vieilli.
D. A. D. SAINT-YVES.
GALERIE DES SUSICIENS CËLEBRES ANCIENS ET lODERNES.
Un des ateliers photographiques de Paris les plus curieux à vi-
siter est sans contredit celui de Pierre Petit. D'une prodigieuse
activité et d'une expérience consommée, Pierre Petit s'est attaché,
dès le principe, à reproduire toutes les notabilités existantes, et
plus de 2,500 individualités, prises dans toutes les classes de la
société, ont successivement posé devant son objectif. Maisons sou-
veraines, Episgopat, Armées de terre et de mer; Célébrités
politiques, diplomatiques, judiciaires, scientifiques, littéraires,
artistiques, etc , ETC. ; telle est la mine inépuisable dans laquelle
s'est recrutée, et se recrute chaque jour, sa vaste collection qui
n'a pas sa pareille comme variété et comme mérite d'exécution.
Les musiciens contemporains et les musiciens du siècle passé y
occupent une place aussi importante qu'intéressante, et cette série
compte environ 200 portraits des compositeurs et des virtuoses les
plus célèbres, parmi lesquels on remarque surtout les belles
épreuves de Meyerdeer , Rossini , Auber , Berlioz , Halévy , Gou-
NOD , Amb. Thomas, Verdi, Vieuxtemps, Prudent, H. IIerz, et —
tout dernièiement fait — le superbe portrait de Stephen IIeller.
Non-seulement leur ressemblance est parfaite, mais ils offrent de
plus, au point de vue artistique, une supériorité incontestable.
Tirés dans le format in-4'' (format de la musique), sur papier de
Chine et carton de Bristol, ils sont on ne peut mieux appropriés
à oiner le cabinet d'un artiste, à former des albums, à illustrer
des recueils, etc., et la modicité de leur prix les rend accessibles
à tous. Désireuse de propager cette belle iconographie, qui s'aug-
mentera successivement de tous les artistes en réputation, français
ou étrangers, la maison Brandus et Dufour, éditeurs de musique,
a traité avec Pierre Petit pour en avoir l'exploitation. Elle en in-
forme donc ses correspondants de la province et de l'étranger,
auxque's elle recommande très-chaudement cette publication. Ils
trouveront aux annonces de la Gazelle musicale la liste des prin-
cipaux portraits parus, et, sur leur invitation, elle leur en adres-
sera un spécimen. En outre, elle exécutera leurs commandes à
une remise tout exceptionnelle qui les encouragera à prêter un
concours zélé à celte utile entreprise.
CONCERTS ET AUDITIONS MUSICALES DE LÀ SEBIÂINE.
,ii% Les programmes des conceris de la cour et du high-life donnés
cette semaine ont été fort brillants et défrayés par ce que Paris compte
de plus éminents en artistes. Aux Tuileries, Mme Sasse, Mlle Battu,
Mlle Nilsson, Faure, ont chanté les plus beaux morceaux du répertoire de
l'opéra français et italien. Le magnifique duo du 4" acte de l'Africaine
par Marie Sasse et Villaret , le duo à'Hamkt par Mlle Nilsson et Faure,
la cavatine à'Ernani par Marie Battu, ont été de véritables triomphes pour
ces chanteurs d'élite. On a particulièrement goûté une barcarolle nou-
velle, Sancta Lucia, composée par Braga pour Mfie Battu, qu'elle dit avec
un art et un brio incoraparabli-s, et qui lui a valu les félicitations de
Leurs Majestés. Les chansons suédoises de Mlle Nilsson ont produit aussi
un grand effet.— Au concert de l'hôtel de ville nous retrouvons Faure et
Mlle Nilsson avec le duo et la ballade d'Hamlet. — Chez la marquise
d'Aoust , le quatuor de Maria chanté par la marquise elle-même,
Mlle Rives, Gardoni et Verger, les mélodies suédoises par Mlle Nilsson.
^Chez le président du Conseil d'État, M. de Vuilry, le chœur de V Afri-
caine exécuté d'une façon supérieure et bissé à la demande générale.—
— Chez la duchesse de Frias, Mlle Battu redisait avec le même succès
qu'aux Tuileries sa Barcarolle napolitaine, et avec Gardoni et Verger le
trio bouffe de Martini, Vadasri via diqua. Nous supprimons nécessaire-
ment le détail des morceaux exécutés; mais on peut juger, par ceux
que nous venons de citer, du soin apporté à l'orgaiiisalion de ces con-
certs et de la place importante qu'ils occupent aujourd'hui dans les plai-
sirs de la vie parisienne.
^*t Au deuxième concert du Conservatoire devait jouer ou Mme Ne-
ruda-Norman ou M. Edmond Duvernoy; Mme Neruda-Norman ayant
promis son concours au concert du Grand Orient, dont nous rendons
compte, on a dû remplacer le solo instrumental par les fragments ordi-
naires du septuor de Beethoven, ressource précieuse en cas d'embarras,
mais dont on a un peu abusé. Le reste du programme comme l'avant-
dernier dimanche.
^*^ La jeune et charmante pianiste américaine Teresa Carreno s'est
décidément posée comme une des individualités les plus remarquables du
DE PARIS.
93
monde artistique parisien, qui a accueilli à bras ouverts ce talent déjà
mûr et formé à la meilleure école.- Mlle Carreno, que la nature a roya-
lement traitée, possède une incroyable puissance d'exécution, une sûreté
de mécanisme à toute épreuve. Dans plusieurs de ses compositions, Une
revue à Prague, fantaisie sur l'Africaine, Un rêve en mer, dans le beau
duo symphonique pour deux pianos de Lefébure-Wély (avec son compa-
triote Cervantes), elle a soulevé, mercredi dernier, à la salle Erard, des
applaudissements frénétiques. Mlle Pauline Castri, MM. Delle-Sedie, Le-
fébure-Wély, Sarasate et Coquelin en ont pris leur boune part.
^;*i Le concert au profit de la crèche du quarlier des journaux, dont
rurganisalion avait été confiée à iM. Ehvait, a été brillant. Crosti, Sainte-
Foy et Mlle Marie Heilbron, de l'Opéra-Coniique, ont eu les honneurs du
bis. Mlle Lavini a été très- applaudie avec l'air du Barbier et un boléro
espagnol d'iradier. La jeune violoniste Nelly Guibert, élève distinguée
de Charles Lamouroux, a exécuté avec une véritable maestria une fan-
taisie d'Artôt et le solo du Parnasse de liaphaël, scène allégorique, avec
accompagnement d'un chœur à six voix de femmes, composée par M. A.
Elwart. La charmante pianiste Marie Secrétain, le saxophoniste L.
Mayeur, ont récollé leur bonne part de bravos, et la société chorale di-
rigée par Amand Chevé a fait sensation avec les Filles de Noé, chœur à
six voix d'EIwart, et un beau chœur du compositeur russe Bortniansky,
les Chérubins.
^*i. Georges Pfeiffer a donné le 1" mars une audition de ses œuvres.
Ce jeune maître n'est pas seulement un pianiste éminent, c'est encore,—
les lecteurs de la Revue et Gazette musicale le savent, — un compositeur de
grand talent qui a su se placer très-haut dans l'estime des musiciens.
Pour tout citer et tout analyser, il nous faudrait un espace qui nous
manque; nous nous bornerons à dire en quelques mots que le trio en
sol mineur, joué par l'auteur, M. Léonard et Lasserre, est une œuvre
très-remarquable, frappée au coin de la distinction et du savoir ; que la
transcription de l'ouverture d'Egmont est d'un puissant effet; que la
Valse des Sirènes et la 3° mazurka sont deux ravissants petits poëmes.
Le joli chœur VAbeille, parfaitement chanté par la société chorale d'ama-
teurs que dirige M. Guillot de Saint-Bris, un Sonnel-Éléyie sur des pa-
roles de Buileau, et une romance de l'cpéra-oomique le Capitaine Roch,
fort bien dits par Archaimbaud et Mlle Roulle, ont été accueillis,
comme tout le reste, par les chaleureux applaudissements d'un nom-
breux public.
a,*j, Dimanche dernier, a eu lieu le concert de Henri Kowalski et des
sœurs Pellini. Nous avons maintes fois applaudi aux succès du jeune
artiste, qui a su conquérir une honorable place dans l'armée si nom-
breuse des pianistes, par la réunion des qualités qui font le virtuose
sympathique et le musicien sérieux. 11 nous a semblé avoir gagné celte
fois encore en sûreté, en puissance et en charme. Il a joué trois jolis
morceaux de sa composition, parmi lesquels nous citerons la Danse des
Dryades. 'Avec le violoniste Hammer, il a été couvert d'applaudisse-
ments après la fantaisie de Thalberg et de Bériot sur te Huguenots. —
Les sœurs Pellini, gracieuses cantatrices dont le talent est aujourd'hui
apprécié partout, paraissaient pour la première fuis sur une scène plus
vaste et devant un public qui a\ait acheté le droit de les entendre; il ne
leur a pas fait un moins bon accueil que les salons aristocratiques. Elles ont
chanté quelques-uns de leurs ravissants duos, iXoclurne de Mendelssohn,
Créole et Captive de Duclos, écrit expressément pour elles et, en russe,
une charmante mélodie de la princesse Kotschouhey. Des bravos
chaleureux, des rappels nombreux leur ont prouvé qu'elles avaient con-
quis à Paris leurs lettres de grande naturalisation.
,,;** Le concert annuel de M. Delaliaye a eu lieu mardi 10 mars, dans
les salons Erard, devant un auditoire magnifique où Ton remarquait bon
nombre de notabilités du monde des arts, de la littérature et de la haute
soiété parisienne. 'M. Dolahaye est un pianiste au jeu vigoureux, puis-
sant, résolument exempt d'afféterie, ce qui ne veut pas dire qu'il manque
de délicatesse ni de charme. Il a exécuté avec une fougue superbe, un
style d'une pureté admirable, la belle fantaisie de Prudent sur le Domino
noir, morceau splendide, mais redoutable, qui exige des quaUtés si mul-
tiples et si diverses : l'ampleur, l'agilité, l'éclat, la grâce, la force!
M. Delahaye s'est montré à la hauteur de l'œuvre et a obtenu une vé-
ritable ovation. Comme compositeur, M. Delahaye n'a pas eu moins de
succès : la Mouche, romance sans paroles et sa deuxième Polonaise sont
deux pièces charmantes. Le concert s'est terminé de la façon la plus
brillante par l'ouverture du Freijschutz, habilement arrangée pour quatre
pianos par le bénéficiaire et enlevé avec un ensemble parfait par lui,
par MM. Lavignac, Lack, Corbaz. MM. Sarrasate, Lasserre, Hermann-
Léon et Mme Barthe Banderali qui prêtaient leur concours à M. Delahaye,
ont eu, eux aussi, leur très-large part du succès de cette belle soirée.
,1,*^ Comme nous l'avions annoncé en rendant compte de la dernière
audition de ses œuvres, D. Magnus a donné son concert annuel à la
salle Pleyel, le li mars, avec Mme Gagliano. C'est toujours le pianiste au
jeu nerveux et brillant que nous connaissons, le virtuose irréprochable
qui sait si bien faire valoir ses originales et intéressantes compositions,
comme la Tzigane-Marche, par exemple, charmant morceau qui a con-
quis tous les suffrages et qui n'aura pas moins de vogue que la Tara-
boukha. Citons encore quelques titres, le caprice sur te Huguenots,
Berceuse orientale, Dimanche, Caprice-Mazurka, etc., autant de petits chefs-
d'œuvre.— Mme Gagliano est une cantatrice de la bonne école; elle a dit
avec goût la romance de Mignon de Monpou, la chanson des Djinns
d'Auber et la sérénade de Gil-Blas de Semet.
*** Le concert de W. Kriiger, le 17 mars, a été du petit nombre de
ceux qui offrent au musicien un réel intérêt. Nous signalerons surtout
le concerto en la pour piano, œuvre capitale dans laquelle Kriiger se ré-
vèle comme un compositeur sérieux et attachant, et qu'il a exécutée avec
sa maestria habituelle. Sa Krakoiviak, danse polonaise, est brillante et
originale. MM. Hammer, B. Godard, Stratmann, Audran, Mlles T. Car-
reno et Cécile Dolmetsch prêtaient au bénéficiaire un précieux
concours.
**i Notre excellent contreba'isiste A. Gouffé, dont les matinées hebdo-
madaires sont toujours si intéres-santes et si suivies, a donné mercredi
dernier .sa séance publique annuelle dans les salons Pleyel, avec le con-
cours de Mme Béguin-Salomon, de MM. Guerreau, RignauU, Baur, Heiss
et Lebouc. Du trop riche programme de ce concert, nous ne retiendrons
qu'un quinquette en ré, de M. Ad. Blanc qui a été justement applaudi,
et une sicilienne variée pour la contrebasse, composée et exécutée avec
beaucoup de succès par M. Gouffé. Mme Béguin-Salomon est restée à la
hauteur de sa belle réputation dans le quatuor de piano de Beethoven,
dans deux charmants morceaux extraits des Nuits blanches de Stéphen
Heller et dans une brillante étude pour la main gauche, dont elle est
l'auteur.
»% Le terrain nous fait défaut, comme chaque année à pareille épo-
que, pour rendre un compte suffisant des nombreux concerts qui se
donnent de tous côtés. Nous nous bornerons donc à en signaler rapi-
dement quelque.s-uns parmi les plus intére,«sants :
— Celui de M. Ch. de Bériot fils et de Mme Monbelli, deux artistes
de race, le premier célèbre déjà et à juste titre comme pianiste; la se-
conde, cantatrice d'un remarquable et aristocratique talent, digne élève
d'Eugénie Garcia; signalons trois compositions charmantes de Ch. de
Bériot, Ballade, Rondo martial et Etude caprice, qu'il a exécutés en maî-
tre.
— Celui de M. Georges Jacobi, violoniste et compositeur de méiite,
qui a joué avec succès plusieurs de ses nouvelles œuvres : Nocturne,
Berceuse, Chanson de matelots; M. Ernest Stœger, le pianiste distingué
que nos lecteurs connaissent, s'est fait applaudir avec ses trois jolis mor-
ceau de genre: Novetlett'', Prélude et Etude caprice, si généralement
goûtés; M. Caron, dans la ballade d'Adaniastor , de l'Africaine, et Mlle
Rosine Bloch, dans l'air du Prophète : « mon fils! » ont recueilli de
nombreux et légitimes bravos.
— Celui de Mlle Pauline Régnier, qui interprète d'une façon supé-
rieure les maîtres du piano, et qui s'est spécialement distinguée dans
une polonaise de Chopin, après laquelle on lui a fait une brillante ova-
tion.
— Celui des jeunes frères Sauret, violoniste et pianiste, si intéressants
et d'un talent si précoce ; le pianiste surtout qui semble promettre un
véritable artiste, à la façon dont il a joué un brillant Caprice-Etude de
son maître Ch. de Bériot.
— Celui de Mme Rouxel (Angèle Tailhardat), la vaillante pianiste que
l'on sait, à côté de laquelle se sont fait applaudir le violoniste Sighicelli
et le flûtiste Taffanel.
■- Celui du violoniste mexicain De'gado, ancien chef d'orchestre au
théâtre National de Mexico, qui vient faire apprécier à Paris un talent
réel et de bon aloi .
— Enfin, celui du pianiste et compositeur polonais Titus d'Ernesti,
dont l'éloge n'est plus à faire, et qui joue si admirablement la musique
de son illustre compatriote Chopin. Nous avons applaudi trois œuvres
de cet excellent artiste: Au bord du lac, Paris, galop brillant, et une
Fo(i(awie sur des thèmes polonais, qui feront certainemoot leur chemin
dans la carrière du succès. Nous devons également une mention très-
honorable à une cantatrice nouvelle pour Paris, Mme Délia Rosa, qui
nous arrive précédée d'une réputation commencée et dignement soute-
nue en Italie , et qu'on a acclamée unanimement après une cavatine
do Pierre de Màdicis et le grand air de Semiramide.
^*^ Le défaut d'espace nous empêche aussi de parler d'une manière
assez détaillée du concert donné dimanche dernier par le célèbre pianiste
compositeur Jacques Rosenhain ; nous y reviendrons dans notre pro
chain numéro.
^% Il y a quelques jours, M. Bessems a obtenu un grand succès en
jouant dans le concert donné par la Société des Lettres et des Arts, à
Fontainebleau ; M. Bessems y a fait entendre plusieurs de ses composi-
tions pour violon et alto, et a fait chanter sa ballade de Mignon avec
accompagnement d'alto par M. Sapin, qui a produit uu grand effet sur
le public de Fontainebleau. M. Bessems a terminé sa séance par deux
mélodies de sa composition ; elles ont électrisé les dilettantes de cette
aristocratique réunion.
.:!(*, La Société philharmonique d'Amiens, si bien dirigée par M. Deneux,
vient de donner, au profit des pauvres, un très-brillant concert dans le-
quel le Désert,de Félicien David, a été exécuté avec un immense succès;
l'auteur conduisait lui-même. — Sax et sa fanfare d'élite n'ont pas été
moins fêlés; on a surtout applaudi le grand duo sur Robert, pour Iroin-
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REVUE ET GAZETTE MUSICALE
bonc-sax et soxhorn-ba£se à six pistons, fort bien exécuté par MM. Holle-
beke et Robyns.
:j*„ Nous revenons aujourd'hui sur le concert de Mme Clotilde de Lala-
pie, dont nous avons déjà mentionné le succès dans notre dernier nu-
méro, et d'autant plus volontiers qu'un talent varié et solide comme le
sien mérite plus que beaucoup d'autres d'être mis en pleine lumière. En
effet, des morceaux de toutes les écoles classiques et modernes, de Bee-
tlioven, Chopin, Liszt, Schulhoff, ont pris sous ses doigts leur véritable
caractère ; elle donne à son exécution, irréprochable quant au méca-
nisme, un charme tout particulier qu'elle saura, nous n'en doutons pas,
communiquer aux disciples qu'elle est appelée à former.
**^, La dernière séance de musique de chambre de H. Bonewitz a eu
lieu dimanche dernier dans les salons Kriegelslein. Ces matinées seront,
lors de la reprise des séances au mois de septembre prochain , transfor-
mées en soirées, dont l'intérêt se soutiendra, nous n'en doutons pas.
,if** Les sociétés philharmoniques de province se disputent Mlle Angèle
Cordier, dont le talent de cantatrice s'établit de plus en plus. Tout ré-
cemment, dans les beaux concerts donnés à Cambrai et à Arras, elle a
obtenu le plus brillant succès en y chantant l'air de « l'Ombre » du
Pardon de Plocrmel qu'elle détaille admirablement.
**j, La direction du Casino de Monaco a organisé, le 7 mars dernier,
un magnifique concert auquel ont pris part Alfred Jaell et sa femme,
toujours admirables et toujours fêtés; l'éminent clarinelliste Wuille, pro-
fesseur au Conservatoire do Strasbourg, qui a exécuté avec son talent
habituel un cnnccrlino de Weber, et une cantairico du théâtre Italien
de Nice, Mile Scalchi, qui a recueilli de légitimes applaudissements après
la cavatine do Sémiramis. L'orchestre, sous la direction de M. Eusèbe
Lucas, a été de tous points digne d'éloges.
*** Aujourd'liui, au cirque de l'Impératrice, a lieu la grande séance
annuelle de l'Orphéon municipal de la ville de Paris (rive gauche), sous
la direction de M. François Bazin. Voici le programme des chœurs qui
y seront chantés : la Création, de Haydn ; Don Carlos, de Verdi ; les
Chants du Bosphore, de François Bazin ; CEdipe à Colone, de Sacchini ;
Paris! d'Aml)roise Thomas; C'est Dieu ! de Léo Dclibes; V Entrée des Croi-
sés à Conslantinople, de Helts: un ancien Noël; le Nabab, de F. Halévy,
et Vive V Empereur ! de Gounod.
^*K. Voici le programme du 21° concert populaire de musique classique
qui sera donné aujourd'hui au cirque Napoléon, sous la direction de
J. Pasdeloup : 1° Ouverture de Prcciosa, de Weber; — 2° Réformations-
Sinfonie, (n"5),dcMendelssohn, l'" audition (introduction, allegro, scherzo,
andante, choral de Luther, finale); — 3° Sicilienne, menuet de J.-B.
Bach; — 4° Andante pour violon-solo et orchestre de Garcin (le solo par
M Garcin); — 3° Symphonie en /a de Beethoven.
*** Mme Norman-Neruda est h. Paris, de retour de son excursion en
Hollande. Son concert — et c'est le seul qu'elle donnera à Paris — reste
fixé à jeudi prochain, 26 mars. La grande artiste y exécutera les
morceaux suivants : Ballade et Polonaise, de Vieuxtemps; Prélude, Ga-
votte et Menuet de J.-S. Bach ; une sonate de Rust, œuvre fort curieuse,
qui date de 1793; la Sonate de Beethoven, op. il, dédiée à Kreutzer,
pour piaao et violon avec M. Camille Saint -Saëns; et un duo de
Maurer et l'adagio de Bériot pour deux violons avec sa sœur, Mlle Marie
Neruda ; la partie vocale du concert sera représentée par Delle-Sedie.
^,*j, Chaque année à cette époque il y a fête au Casino de la rue Cadet;
Arban convie au beau concert qu'il donne à son bénéfice tous ceux, —
et ils sont nombreux — qui apprécient son triple talent de virtuose, de
compositeur et de chef d'orchestre, en même temps que les soins tout
particuliers et l'babileté avec lesquels il dirige les soirées musicales du
Casino. C'est le samedi 28 qu'aura lieu cette solennité dont les éléments
sont des plus attrayants; on en jugera par le programme que nous don-
nons in-extenso et dans lequel on remarquera une véritable nouveauté :
un fragment de la Saint-Julien des Ménétriers, symphonie dramatique
avec paroles qui termine la Parémiologie musicale de Georges Kastner et
qui sera exécuté pour la première fois.— P.\rtie vocale: Société des En-
fants de Lutëce, sous la direction de M. Gaubert.^PARiiE instoibientale :
M. Pujol, pianiste; M. Dunkler, violoncelliste; M. Lalliet, hautboïste;
M, Arban, cornettiste. — Première partie : 1° Ouverture de Charles VI,
d'IIalévy ; 2° Fragment de la Saint-Julien des Ménétriers, de Georges
Kastner (!''<' audition) ; 3° Premier grand solo de cornet à pistons, com-
posé et exécuté par Arban ; 4» Ouverture des Girondins, de H. Litolff ;
S° Fantaisie concertante sur les Vêpres Siciliemies, de Verdi, composée
par Arban, avec soli par MM. Gobert, Dunkler, Cantié, Soler, Damare,
Gobin et Divoire (1" audition). — Deuxième partie : i° Grande Fantai-
sie sur les Iluguenats, pour orchestre et chœurs, de Meyerbeer ; 2° Fan-
taisie pour piano, sur Faust, composée et exécutée par M. Pujol;
3° Ouverture du Premier Jour de bonheur, d'Auber {i^" audition) ;
4° Solo (le hautbois sur la Traviala, de Verdi, composé et exécuté par
M. Lalliet; 3» Finale de Roland à Roncevaux, de M. Mermet, orchestre
et chœurs.
»% Aujourd'hui dimanche à quatre heures, M. Ch. Widor donne, avec
le concours de M. Franck aîné, dans le nouvel établissement de
M. A. Cavaillé-Coll, avenue du Maine, 13 et 13, une séance de musique
d'orgue et de piano.
NOUVELLES DES THÉÂTRES LYRIQUES.
„,** Lundi, à l'occasion de l'anniversaire du jour de naissance de
S. A. I. le Prince Impérial, tous les théâtres étaient pavoises et illuminés.
„,** Le théâtre impérial de l'Opéra a donné trois fois Hamlet cette se-
maine. — Aujourd'hui représentation extraordinaire de la Juive.
^*if A la représentation donnée mercredi au théâtre de l'Opéra-Comi-
que, au bénéfice de la Caisse de secours de la Société des auteurs dra-
matiques, on a beaucoup applaudi Marie Sasse et Villaret dans le qua-
trième acte de l'Africaine, et particulièrement après le magnifique duo
qu'ils ont admirablement chanté. — Le Premier Jour de bonheur continue à
faire le maximum de la recelte.
^*^ Mardi, la Sonnanhula, jeudi, il Barbiere, et samedi, Rigoletlo, ont
été donnés pour la dernière fois avant le départ d'A. Patti. — La semaine
prochaine les époux Tiberini paraîtront dans i Puritani, et l'on donnera
sans doute la première représentation de Giovanna d'Arco.
s*ij: Lundi, comme il l'avait annoncé, M. Carvallio a inauguré par
Faust sa nouvelle exploitation au théâtre Ventadour. La salle était con>
plétement remplie et, sans égaler l'éclat qu'elles ont aux représentations
italiennes, les loges offraient un brillant aspect. Quoique annoncé par l'af-
fiche pour 8 heures, le spectacle n'a commencé qu'à 8 heures et demie.
C'est une inexactitude dont le théâtre Lyrique est coutumier et dont le
public a toute rai.son de se plaindre; il n'en est pas ainsi à l'Opéra et au
théâtre Français ; en outre, on avait oublié de chauffer la salle et on y
a souffert du froid. En lin, le changement de local et l'inconscience de
la portée de leur voix dans ce nouveau milieu, ont tout d'abord déroulé
les chanteurs, et ce n'est pas précisément par la justesse de l'inlonalion
qu'ils ont brillé. Ces réserves faites, et toute indulgence accordée aux
embarras inséparables d'une pareille translation, M. Carvalho n'a qu'à
se féliciter de la bienveillance qu'il a rencontrée dans l'auditoire
pour sa hardie tentative. Le chef-d'œuvre de Gounod a retrouvé à Ven-
tadour son succès du boulevard du Temple et du Châtelet. Mme Car-
valho a chanté avec un art admirable le rôle de Marguerite; la chan-
son du roi de Thulé, l'air des Bijoux, la grande scène du jardin, celle
du H" acte, ont été pour elle l'occasion de bravos et de rappels enthou-
siastes. — Massy est doiié d'un organe très-agréable, principalement lors-
qu'il ne le force pas, et il a eu de très-beaux moments dans le rôle de
Faust. — Troy donne bien à celui do Méphistophélôs le cachet diabolique
qu'il comporte; sa voixmorJanle y fait merveille.— Le rôle de Valentin
est très-bien tenu par Barré. Tous les décoi's ont été repeints et appro-
priés à la nouvelle scène, les costumes renouvelés; enfin, M. Carvalho
n'a rien épargné pour donner tout l'intérêt possible à celle inaugura-
tion. — Il ne néglige rien d'ailleurs de ce qui peut établir l'égalité dans
ses deux exploilalions ; ainsi, celte semaine, l'excellent Meillct et Mlle
Marimon ont fait leur rentrée à la salle du Châtelet, l'un dans le Méie-
cin malgré lui, qui fut une de ses meilleures créations, et l'autre dans
la Flûte enchantée, oîi elle a lutté sans trop de désavantage contre le
souvenir laissé par Mlle Nilsson dans la Reine de la Nuit. — La semaine
précédente on avait pu apprécier de nouveau, dans Violetta et dans Gilda,
de Rigoletlo, le talent dont Mlle Dcvriî^s avait déjà fait preuve dans la
Somnambule et dans la Julie Fille de Perth. A maintes reprises, de chaleu-
reux applaudissements ont rendu justice aux qualités dramatiques,
jointes au mérite de chanteuse, qu'elle a déployées dans ces deux rôles
difficiles.
^^\ MM. Henri Meilhac, Ludovic Halévy et Jacques Offenbach ont lu
jeudi, aux artistes du théâtre du Palais-Royal, les deux premiers actes
de leur pièce nouvelle : le Château à Tvto.
^*^. On annonce pour le 28 de ce mois, dans la salle de concerts du
Conservatoire, l'audition d'un opéra nouveau de M. le duc de Massa. Cette
audition a lieu par invitation, comme l'a déjà fait une première fois le
noble dilettante.
„;*,), La nouvelle du changement de direction des Bouffes-Parisiens et
du retour de ce théâtre à son premier genre, l'opérette, s'est confirmée
cette semaine. A partir du )-'" juin prochain, l'administration de cette
scène aura à sa tête MM. Jules Noriac et Ch. Lecomte, le propriétaire de
la salle, mais la réouverture ne se fera qu'en septembre. Offenbach s'est
engagé à laisser aux Bouffes tout son ancien répertoire, et, en outre, a
donner chaque année trois actes inédite. — Il n'est pas exact que la direc-
tion future de ce théâtre se soit attaché, en payant un dédit de
30,000 francs, l'excellent Dupuis, qui n'abandonne pas encore la fortune
des Variétés .
^*^ Le public de l'Eldorado applaudit chaleureusement, chaque soir, le
Diable Rouge, opérette de M.M. Baumaine et Blondelet, spirituellement
chantée par Pacra et Mlle Claudia. La musique, due à la plume élégante
et facile de M. Léon Roques, renferme de frais et charmants motifs.
:f^^ Robinson Crusoé continue à être accueilli avec la faveur la plus
marquée par l'intelligent et difficile public de Lyon. Depuis trois semai-
nes, cet ouvrage tient l'affiche et fait salle comble au Grand-Théâtre. On
ne se lasse pas de revoir et d'applaudir, dans des rôles qui semblent écrits
pour eux, M. Peschard, Mlles Mezeray et Douau. Robinson en est à sa
douzième représentation .
Dh l'AlUS
93
*•* La représentation annoncée des Bavards, à Liège, a eu lieu avec
un plein succès. On a de nouveau rendu pleine et entière justice, dans
celte ville, au Jeu distingué, vif et (in, au talent sympathique et délicat
de Mme Rose Bell, qui a, du reste, interprété le principal rôle avec un
remarquable entrain.
«** Encore deux nouvelles apparitions de l'yifrlcaino, et naturellement
deux triomphes, à Wurzbourg et à StetUn.
»** M. Gyo, directeur du théâtre Italien de Covent Garden, est en ce
moment à Paris.
t*t Le projet de fusion des deux théâtres d'opéra à Londres, n'a pas
abouti. i\I. Gye reste à Covent-Gardcn, et M. I\Inpleson provisoirement à
Drury Lane, jusqu'à ce que la reconslruction du Théâtre de Sa Majesté
soit achevée.— La saison commencera le .31 mars à Covent Garden ; Drury
Lane s'ouvrira le 28, avec une troupe ainsi composée : Mmes Tietjens,
Glara-Louise Kellog, Sinico, Corsi, Rose Herseo, TrebcUi-Bettini, Bauer-
meister, Deméric-Lablache et Christine Nilsson. — MM. Frascbinr (début),
Bettini, Conti (début), Hohler, Agretti, Lyal, Santley, Gra?si, Scalese,
Zoboli, Bossi, Casaboni, Foli, Rokitansky et Mongini. — Arditi reste chef
d'orchestre, et M. Harris, qui est en ce moment à Paris, conserve son
poste de régisseur général, en même temps que celui qu'il occupe pen-
dant la saison d'hiver à Saint-Pétersbourg. — Les principaux opéras
promis par M. Mapleson à ses abornés sont : la Gazzii ladra, Gustavo III,
Lohcngrin, la Figlia del Rcgimento, Don Giovanni, la Nozze di Figaro, GU
Vgonotti, sans compter les emprunts qu'il pourra faire à son répertoire
courant ,
NOUVELLES DIVERSES.
■i,.** C'est M. Georges Hainl, chef d'orchesire de l'Opéra, qui dirigeait
mardi soir, pour la première fois, le concert des Tuileries.
j*-f, Mardi, les auteurs qui avaient concouru pour le prix d'un poème
d'opéra ont été convoqués au ministère d'Etat, afin de procéder à l'élec-
tion d'un jury. Voici le résultat du vote. Jurés : MM. Perrin, Gounod,
F. David, A; Thomas, E. Augier, Th. Gautier, Paul de Saint-Victor, F.
Sarcey, V. Massé. Jurés supplémentaires: MM. J. Janin, Auber, Gaspe-
rini, H. Berlioz, E. Arago, Rayer, Jouvin, Roqueplan, de Saint-Georges.
,s*^, Mercredi prochain, 25 mars, à onze heures, la Société des artistes
musiciens fera célébrer la fête de l'Annonciation, dans l'église Notre-Dame,
par trois cents artistes. On entendra la seconde messe de C.-M. de Weber
avec soli, orchestre et chœurs dirigés par M. Tilmant. Cette messe sera
précédée d'une marche religieuse, composée par M. Ambroise Thomas.
A rOfiertoire, M. Leroy exécutera un adagio extrait d'un concerto de
C.-M. de Weber. MM Steenman et Hottin conduiront les choeurs. Le
grand orgue sera tenu par M. Sergent, organiste de la cathédrale.
»** Aujourd'hui a lieu à Saint-Eusiache une audition solennelle de la
messe du prince Poniatowsky, qui fut dite pour la première fois le 19
mars de l'année dernière. L'exécution en sera dirigée par M. Hurand et
les soli chantés par Villaret et David, de l'Opéra, et M. BoUacrt.
^*^ Un concours est ouvert, sous l'initiative de M. Papin , maître de
chapelle au lycée Saint-Louis, pour la composition d'une messe à quatre
voix d'homme, destinée aux sociétés orphéoniques. L'œuvre désignée
pour le premier prix, par un jury dont M. Gounod a accepté la prési-
dence, sera exécutée dans une des églises de Paris.
j^*=jt On lit dans le Journal des Villi-.s et Campagnes : « Dimanche der-
nier, à la messe qui précède la conférence du R. P. Félix, M. Camille
Saint-Saëns touchait les nouvelles orgues de Notre-Dame. Le nombreux
auditoire assemblé dans la cathédrale ne savait qu'admirer le plus du
talent de l'artiste ou du magnifique instrument de M. Cavaillé-Coll . M.
Camille Saint-Saëns a su, dans cette courte demi-heure, intéresser et
charmer à la fois les musiciens sérieux et la masse du public qui ap-
précie encore plus les effets que l'idée. C'est ce qu'il fallait pour la cir-
constance. » ■ — Aujourd'hui dimanche à midi 1/2, ce sera le tour de
M. Franck aîné, et dimanche prochain ce sera celui de M. Guilmat
organiste à Saint-Nicolas de Boulogne-sur-Mer.
.j,*ji L'auteur de la Source et d'une foule de compositions charmantes,
Blumenthal, l'éminent pianiste compositeur qui jouit à Londres, où il
réside habituellement, de la faveur du plus grand monde, est en ce mo-
ment de passage à Paris. M. Blumenthal se rend à Bayonne où il va
épouser Mlle Léonie Gore.
,K** Les frères Lamoury sont de retour de Lisbonne, où ils ont eu un
grand succès. S. M. le roi de Portugal vient de les nommer violoniste
et violoncelliste de sa chapelle royale et les a décorés l'un et l'autre de
l'ordre du Christ.
»*,j Un nouveau journal de musique hebdomadaire paraîtra le i"
avril à Leipzig, sous la direction de M. A. H. Payne, avec le titre de
Die Tonhalle. Cette publication, qui promet d'être très-intéressante , con-
tiendra, outre un texte abondant, des illustrations dont l'exécution sera
confiée à d'excellents artistes. On ne peut donc que lui souhaiter bon
succès.
:,*» La Gazette dos étrangers signalait tout réccranient à l'attention des
amateurs deux suites de valses, Chants des Alpes et Grazidla, dues à un
compositeur déjii connu avantageusement en Angleterre et en Allema-
gne, M. Kremer, et qui ont été pubhées chez les éditeurs Brandus et Du-
four : a Les mélodies de ces deux valses, dit la Gazette, sont, en effet,
si simples et si claires que l'on placerait aisément des paroles soas les
notes. Le rhythme est très-agréable, très-bien coupé, d'un dessin symé-
trique, ce qui les empreint d'un grand charme et donne à les suivre
une grande facilité. »
^*^ M. Albert de Lasalle vient de publier à la librairie internationale
un volume intéressant ayant pour titre : Dictionnaire de la musique
appliquée à l'amour, 1 vol. in-18 très-bien imprimé. Nous ne tarderons
pas à en rendre compte.
*% Les éditeurs Magnus et C° viennent de faire paraître sous le titre
de Gliazcl une valse chantée sur une poésie de M. Th. Gautier, dont
M Ten. Brink a composé la musique et qu'il a dédiée à Adelina Patti.
— Cette œuvre, qui est ornée d'un portrait de la célèbre cantatrice, est
mélodieuse, bien traitée et ne passera pas inaperçue.
,■** Un de. nos confrères en critique théâtrale, M. Charles Deulin, vient
de publier un charmant volume intitulé Contes d'un buveur de bière.
L'auteur y narre, dans un style pittoresque et original, les merveilleu.ses
légendes qui ont cours dans les Flandres, parmi les joyeux sujets du roi
Cambrinus. — Nous signalons ces amusants récits aux librettistes comme
une mine de livrets d'opéra-comique. Le Compère de la Mort, qui a paru
dans le Monde illustré bien avant que le théâtre Italien jouât Crispino
e la Comare, a le même point de départ que l'opéra de Ricci, et la ver-
sion flamande est bien supérieure à la version italienne. Un autre conte,
Culotte verte, a fourni à MM. DeuHn et de Najac les éléments d'une féerie
dont Grisar vient d'écrire la musique. — Les Contes d'un buveur de bière,
— un joli volume in-18, imprimé en caractères elzéviriens, avec titre
en couleur et un dessin d'Edmond Morin, — sont en vente chez Lacroix,
à la librairie internationale.
,!f*^ On écrit de Saint-Pétersbourg que l'Académie de chant célébrera,
cette année, son jubilé cinquantenaire; elle exécutera, à cette occasion,
le Samson, de Haendel, et Paradis et Péri, de Schumann.
if.*^, Arban vient d'avoir la douleur de perdre son pèi e .
.jt** Nous avons le regret d'annoncer la mort de M. Edouard Lenioine,
administrateur-général du Gymnase et frère de M. Lemoine-Montigny. 11
avait travaillé pour le théâtre et rédigea longtemps le courrier parisien
de l'Indépendance belge, sous le pseudonyme de Thecel.
ÉTRANGER
^** Saint-Etienne. — Le 9 mars, un auditoire d'élite assistait, dans la
jolie salle du cercle musical de notre ville, au concert de Mlle Cécile
Boissier-Duran. Le succès de cette jeune pianiste, élève de Marmontel,
a été complet; les applaudissements et les rappels sont venus le témoi-
gner, et c'était justice. Méthode parfaite, doigts agiles, .style brillant,
élevé, plein de sentiment; tout chez elle constate l'excellence de l'ensei-
gnement qui l'a formée. Une transcription bien réussie de M. Boissier-
Duran, sur le trio de Robert le Diable, pour piano, violon et orgue, et
exécutée par l'auteur, sa tille et M. Ginet, a fait sensation. Après plusieurs
morceaux de piano, iVIUe Boissier-Duran a dit, avec son père, deux duoj
concertants pour de ix pianos, et ces morceaux ont été exécutés avec une
précision qui faisait un seul instrument des deux. Les doigts et le cœur
étaient à l'unisson ; on le voyait aisément, et les bravos n'ont manqué
ni au père ni à la fille.
,j*^. Londres. — L'éminent pianiste James Wehli, l'un des virtuoses dont la
réputation est le plusjustementétablie dans la Grande-Bretagne, a tenu, cet
hiver particulièrement, une large et honorable place dans le monde mu-
sical de Londres. Il a accompli de plus une tournée provinciale qui n'a
été qu'un long triomphe.
^*^ Soleure. — Un grand festival fédéral de musique chorale est an-
noncé pour le 12 et le 13 juillet.
j*^ Berlin. — Pour la première fois depuis leur rentrée à l'Opéra,
Niemann et Mme Lucca ont chanté l'Africaine. Le 7 mars, Niemann,
surtout, qui n'avait jamais abordé qu'une seule fois le rôle de Vasco,
excitait un vif intérêt qui n'a point été déçu. Pauline Lucca a été à sa
hauteur ordinaire.
,j*^ Triesle. — La nouvelle direction du théâtre communal a brillam-
ment achevé ce qu'avait commencé sa devancière; elle vient de nous
faire assister à la première représentation du ballet de Fiametta, œuvre
de Saint-Léon, maître de ballets des théâtres impériaux de Russie, qu'elle
avait fait venir pour le monter. Quoique le sujet de ce ballet, représenté
aussi à Paris sous le titre do Nemea, soit fort différent de ceux produits
jusqu'à ce jour par la chorégraphie italienne, il n'en a pas été moins
bien accueilli, et nous pouvons ajouter que le succès a été triomphal
pour l'auteur, rappelé un nombre infini de fois, et pour la Salvioni qui
remplissait le rôle principal et qui s'y est montrée à la fois mime on
ne peut plus dramatique et danseuse d'une grande force. Au nombre
0(5
KEVUE ET GAZETTE MUSICALE DE PAKIS.
des pas qui ont fait, le plus de plaisir, on a bissé avec acclamation [le
grand pas hongrois. La musique de Minkus a été trouvée soigneuse-
ment faite et elle a obtenu sa part des applaudissements. En somme,
M. Saint-Léon doit s'enorgueillir de la triple réussite de son ouvrage en
Russie, en France et en Italie.
jk,*^ fJvourne. — DUwah a été représenti;e pour la première fois le 9
de ce mois au théâtre Avvalorati. Grand et légitime succès pour l'œuvre
et ses interprètes; le ténor Minetti, le baryton D'Antonij, la prima donna
Enrichetta de Baillou, qui a été couverte d'applaudissements, après l'air
de « l'Ombre. »
^*jf Florence. — Deux dos conférences musicales annoncées par la So-
cieta dii Quarlello ont déjà eu lieu ; M. le chevalier Casamorata a entre-
tenu son auditoire de Boccherini et d'Haydn, et le professeur Gamucci de
Mozart. La partie instrumentale était confiée aux excellents artistes de
la Société du Quatuor et à des solistes distingués. Dans la troisième con-
férence, l'éminent critique et professeur Biaggi parlera de Beethoven ; on
y exécutera le trio op. 97, avec le pianiste Ducci.
^*^ Milan. — Le Mefislofcle, d'Arrigo Boito, devenu le sujet de toutes
les conversations depuis plusieurs mois, a enfin fait son apparition sur la
scène de la Scala. Le reproche capital encouru par le jeune compositeur
est de manquer de mélodie, et c'est grave dans la Péninsule comme
partout. Il n'a donc pas réussi, cela ne signifie pas qu'il n'ait aucun ta-
lent; car on peut signaler de nombreuses beautés dans son œuvre; mais
il s'est trompé de climat. La seconde représentation, paraît-il, a été tout
à fait orageuse, et le pauvre Mefistofele ne s'en relèvera pas, à Milan du
moins .
^*^ Lisbonne. — La Grande -Duchesse de Gérolslein, au dire des jour-
naux portugais, a fait fanatismo. Mise en scène magnifique, salle comble,
applaudissements frénétiques, tel est en quelque sorte le bilan de la pre-
mière représentation. Le violoncelliste Féri Kletzer cueille ici de nom-
breux lauriers. 11 a joué récemment à la cour avec un très-grand suc-
cès, devant le roi Louis, qui a accepté la dédicace de trois mélodies
composées pour lui ; un concert donné au théâtre San-Carlo par l'éminent
artiste n'a pas été moins brillant. Il est attendu à Madrid, où l'infant
Don Sébastien, dilettante éclairé, doit organiser une soirée en son hon-
neur.
CONCERTS ET AUDITIONS MSICÂLES ANNONCES.
Salon Kriegelstein, aujourd'hui à 2 heures : matinée musicale de Mlle
Biunca Cortesi, cantatrice, avec le concours de MM. LoUio, Bonewiiz
et Telesinski.
Salons Erard, aujourd'hui 22 mars à I heure 1/2 : grande matinée mu-
sicale donnée par le jeune Napoléon Firmin, piani.ste âgé de neuf
ans et demi, élève de M. Cliol, avec le concours de plusieurs ar-
tistes distingués.
Salons Pleyel, demain lundi 23 mars : concert d'Ernest Nathan.
Salons Erard, mardi 21 mars: concert de M. et Mme W. Langhans,
avec le concours de Mme Godin et de MM. Saint-Saëns, Heiss, Ries
et Lee.
Salons Pleyel, mercredi 2S mars : concert de Léon Lafont, avec le con-
cours de Mme Barthe-Banderali , Mlle Loui.se Cantin et de MM. Si-
ghicelli, Jules Lasserre, Ketterer, Maycur et Fauvre.
Salons Erard, mercredi 23 mars : concert de MM. Boscovitz et Reuchsel,
avec le concours de Mlle Castri et de MM. Beraud, Delédique et
Bose,
Salle Herz, mercredi 2S mars à S fieures 1 2 : second concert à grand
orchestre donné par Ant. Rubinstein.
Salons Erard, jeudi 26 mars à 8 heures 1/2 du soir : concert de l'excel-
lent pianiste compositeur Ernest Stœger, avec le concours de Mlle
Rives, du violoniste Jacobi, Poëncet, Baur et M. Van Waefelghem.
Salle Herz, jeudi 26 mars : concert donné par Mme Norman-Neruda, la
célèbre violoniste, avec le concours de sa sœur Mlle Marie Neruda,
de MM. C. Saint-Saëns et Delle-Sedie.
Salons Erard, vendredi 27 mars à 8 heures 1/2 : concert de Mme Be-
guin-Salomon, avec le concours de Mme Cinti-Damoreau, de MM.
Poëncet, Brunot, Bose, Baneux et Espeignet.
Salons Erard, samedi 28 mars à 8 heures 1/2 du soir : concert de M. Eu-
gène Ketterer, pour l'audition de ses œuvres nouvelles, avec le con-
cours de Mme Anna Fabre, Mlle Louise Cantin, de MM. Pagans, A.
Herman, A. Durand, F. Thomé.
Salle du Grand-Orient, dimanche 29 mars à 8 heures : concert audition
de M. Penavaire, violoniste, avec le concours de MUes de Beaunay
et Victorine Champier, de MM. Léon Lafont, Sixte Delorme^ Castei-
gnet, Graire et José Barrière.
Salons Pleyel, mardi 31 mars : cinquième séance populaire de musique
de chambre, par MM. Ch. Lamoureux, Colblain, Adam et Poëncet,
avec le concours de M. H. Fissot.
Mercredi l'"' avril : troisième soirée de musique de chambre, par MM.
Maurin, Colblain, Mas et Domunck , avec le concours de M. Saint-
Saens .
AVIS A TOUS LES lARCHANDS DE MUSIQUE.
M. Cartereau, éditeur, 10, quai de l'Ecole, \ Paris, prie ses
confrères, marchands de musique à Paris et en province, de vou-
loir bien rechercher dans leurs paquets un numéro 1 bis, Service
de l'organiste, de G. Sch.mitt (petit format orgue).
Prévenir M. Cartereau, propriétaire de cet ouvrage, si on pos-
sède ce numéro. {Les planches étant perdues.)
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Citez G. BJiANDUS cl S. DUFOUR, éditeurs, 103, rue de nichelieu.
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Escudier-Kastner (M""),
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Halévy (Fromental),
Haydn,
Haèndol,
Heller (Stcçhcn),
Herz (Henri),
Kalkbrenner.
k'asinor (Georges),
Lecouppey,
Leféhure-Wély,
Lilolft;
Méhul,
Mendelssohn,
Membrée,
Mozart,
Meyer (Léopold de).
Meyerbeer,
Osiiorne,
Poniatowski (le prince),
Prudent,
Ouidant (Alfred),
Ravina,
Rosenhain,
Rossini,
Rubinstein (A.),
Schubert,
Séligniann,
Servais,
Sivori,
Thalberg,
Thomas (Ambroise),
Verdi,
Vieuxtemps,
Weber (Ch. -Marie de).
Chœurs suédois et norvégiens
exécutés au tliéâtre de l'Opéra pendant l'Exposition universelle
par les étudiants de l'Université d'Upsal, de Copenhague et de Lund.
1 . Chant du Printemps, par A. Kappelmann net. » 75
2. Le Cortège de No'él, par Kjernefs net. 1 »
3 . Le Roi des Mers (air populaire) » 7S
i. Le Chant du Rossignol, par Pacins net. » SO
Chœurs divers
1 . Weber. Prcciosa, chœur des Bohémiens net. 1 »
2. Anber. La Muette de Portici, prière net. > SO
3 . Meyerbeer, L'Africaine, prière net . » SO
i. IWeber. Avant la bataille, marziale et andante net. 1 »
S. Arcadet. Ave Maria net. n 30
arrangés à l'usage de l'orphéon de la ville de Paris, par
PASDELOUP
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arrangés pour l'orphéon de la ville de Paris, par
Prix : 1 fr. FRANÇOIS BAZIN Prix : 1 fr.
MEYERBEER. — L'Africaine, chœur des Matelots
(chœur de concours à l'Exposition universelle de 1867), net
ROSSINI. — Buvons, buvons! composé et approprié
à l'usage de l'Orpliéon pour le Festival international 1867, net.
MENDELSSOHN. Mélodie à trois voix égales, par A.
Valenti, net
1 SO
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BUREAUX A PARIS : BOULEVARD DES ITALIENS. 1.
55' AnDée.
N' 13.
ON S'ABONNE :
Dans les Départements et A l'Étranger,
chez tous les Marchands de Musique, Us Libraire»,
et aux Hursaux de?. Messageries et des Postes.
REVUE
Ï9 Mars 181)8.
PRIX DE L'ABONNEMENT:
Paris, 24 r. pur an
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Le Joumal paraît le Dimanche.
ET
GAZETTE MUSICALE
DE PARIS
Nos abonnés reçoi-rent, avec le numéro d'anjoard'linl,
VJEtuae en fa mi*%e*»ir de UElVDEEiiSSOlIIV, dont la
publication récente a excité h un si baut deg^ré l'inté-
rdt des planistes.
SOMMAIRE. — Théâtre impérial de l'Opéra - Comique : reprise de la Part du
Diable, par Haurtce Oray. — Mme Norman-Neruda, par Em. Uatbieu
de Monter. — Concerts populaires de musique classique au cirque Napoléon,
par Apmamd fiionzien. — Séance solennelle de l'Orphéon de Paris, par
Em. Hathien de IHonter. — Ministère de la maison de l'Empereur et
des beaux-arts. — Concerts et auditions musicales de la semaine. — Nouvelles
des théâtres lyriques. — Nouvelles diverses. — Concerts et auditions musi-
cales annoncés. — Annonces.
THÉÂTRE inPÉRIÂL DE L'OPERi-COMIOUE.
Beprise de 9a IPntrt <fM IHahMe.
C'est en janvier 1843, c'est-à-dire il y a vingt-cinq ans, que la
Part du Diable faisait son apparition sur la scène de l'Opéra-
Comique, où nous revoyons aujourd'hui cet élégant ouvrage.
L'administration de l'Opéra-Comique a certainement été bien ins-
pirée en mettant en regard du dernier triomphe de M. Auber ce
succès de l'an 1843, et les amateurs de recherches et de compa-
raisons curieuses trouveront là matière à plus d'un rapproche-
ment. La dernière reprise de l'ouvrage avait eu lieu il y a sept
ans, un peu avant la rentrée de M. Perrin à la salle Favart, et
l'on nous sera gré peut-être de placer côte à côte les trois distri-
butions de l'ouvrage:
Raphaël, MM. Roger,
Le roi, Grard,
Gil-Vargas, Ricquier,
Carlo, MmesRossi-Caccia,
Casilda, Anna Thillon,
La reine, Révilly,
On voit que, de la distribution primitive, un seul rôle est resté
Warot,
Léon Achard,
Barielle,
Gailhard.
Prilleux,
Prilleux.
Monrose,
Brunet-Lafleur
Bousquet,
Bélia.
Révilly,
Révilly.
en possession de son créateur : c'est celui de la reine , que Mlle
Révilly n'a pas abandonné depuis vingt-cinq ans; Mlle Révilly est
aussi la seule artiste qui soit restée fidèle à l'Opéra-Comique de-
puis cette époque. Le fait est assez rare pour qu'on le constate.
C'est pour la continuation des débuts de Mlle Brunet-Lafleur et
de M. Gailhard qu'est venue l'idée de la reprise de la Part du
Diable. Mlle Brunet-Lafleur semblait, en effet, douée de toutes les
qualités nécessaires pour jouer le rôle de Carlo Broschi: physique-
ment, elle a la grâce et la distinction ; au point de vue musical,
une voix colorée, souple et vibrante comme du métal, avec cela
du goût et du sentiment. Malheureusement, la jeune artiste n'a
pu vaincre encore la frayeur que lui cause une nombreuse assem-
blée, et cette frayeur, qui nuit à ses facultés, l'empêche de se livrer
comme il le faudrait. Elle a cependant fait preuve d'une véritable
intelligence, et nous pensons que lorsqu'elle triomphera de sa peur
du public, elle obtiendra d'excellents résultats.
M. Gailhard, lui aussi, a une très-bonne voix ; il la dirige avec
aisance et assurance, et il s'est fait particulièrement remarquer
dans le charmant quatuor du second acte. Mais il fera bien d'ob-
server, au point de vue du comédien, que l'Opéra-Comique n'est
point l'Ambigu, et qu'il y faut adoucir les angles d'un rôle auquel
il a donné une teinte par trop sombre.
M. Léon Achard est parfait dans le personnage un peu trop
fantaisiste de Raphaël. Il l'a joué en bon comédien et l'a chanté
en véritable artiste. Aussi le succès ne lui a pas fait défaut plus
qu'à l'ordinaire.
Peut-être eût-on pu trouver dans le personnel du théâtre Favart
une dugazon à qui le rôle de Casilda eût mieux convenu qu'à
Mlle Bélia, ce qui ne retire en rien les qualités et le talent de l'ai-
mable cantatrice. Ce rôle est-il antipathique à la nature de l'ar-
tiste ? Je ne sais, mais elle y paraissait gênée et mal à son aise.
Mlle Révilly est toujours très-bien dans la reine, mais M. Prilleux
fera peut-être bien de jouer Gil-Vargas avec un peu plus de reté-
nue , et de chercher à moins forcer le comiques de ses effets.
En somme, nous n'avons pas besoin de le dire, cette reprise a
été fort bien accueillie du public.
Maurice GRAY.
98
REVUE ET GAZETTE MUSICALE
lOÀDAME NORMÂK-NERUDÀ,
Concert donné par elle et sa sœur, Mlle Marie Neruda,
le 26 mars, à la salle Herz.
Du groupe, plus nombreux et compact que brillant, des vir-
tuoses qui viennent demander tous les hivers, à Paris, un peu de
son attention distraite, de son enthousiasme aussi vite éteint qu'al-
lumé, de ses louanges courtoises, — éléments avec lesquels on se
fait la plupart du temps une réputation facile sur d'autres ri-
vages, — se détachent, presque chaque année, deux ou trois
personnalités véritablement artistiques qui donnent à la foule non
pas une déception ou un ennui comme certains, encore moins
une leçon gourmée comme d'autres, mais bien un régal et une
fôte. C'est ainsi que la saison musicale actuelle conservera les
noms de Rubinsteln et de Norman-Neruda. Glorieux parrains,
entre tous, et de ceux qui mettent un peu de leur auréole au front des
filleuls ! La haute virtuosité de Rubinstein a été étudiée dans ces
colonnes. Quant à Mme Norman-Neruda, je crois devoir m'arrêter
un instant devant cette figure aujourd'hui célèbre, autant qu'ori-
ginale et sympathique, non pas pour analyser la nature musicale
môme de son talent (tout a élé dit à ce sujet et fort bien à celte
place), mais pour essayer d'en fixer par quelques traits rapides,
l'essence, l'esprit et d'isoler l'impression qui s'en dégage.
En composant le programme de la magnifique soirée musicale
qu'elle donnait jeudi dernier à la salle Herz, Mme Norman-Neruda
avait surtout pour but de se faire complètement apprécier et juger
en dernier ressort. Avant de quitter Paris, et encore tout émue
de la sincère admiration du grand monde et des chaleureuses
acclamations de la foule, la grande artiste tenait essentiellement à
produire sous tous ses aspects, devant un auditoire de connais-
seurs et de délicats, son talent expansif, éloquent, ardent jusqu'à
la fougue, mais qui sait se contenir néanmoins et assembler les
contraires sous la loi de l'œuvre qu'elle interprète, à laquelle bien
plutôt elle se livre.
Beethoven, Bach, Vieuxtemps, de Bériot, les vieux et les jeunes
maîtres, voilà ce qu'elle aime et finit, sans fausse couleur et sans
faux lyrisme. Elle semble ne vouloir rendre que ce qui élève
l'âme ou la réjouit noblement; son sentiment ne porte que là-
dessus : tout le reste est faux, et, tant elle y met de malice ou de
simplicité, on jm'erait qu'elle l'ignore !
Dans son exécution, dont une inaltérable netteté constitue la
qualité saillante, Mme Norman-Neruda a plus de la verve qui
remue que de l'inspiration qui émeut. Sa propre émotion étincelle
sans rayonner. Elle n'enivre pas, mais elle enchante, et avec
quelle souplesse, cette Loreley de l'archet! Elle ira jusqu'à porter
du charme, oui, le sien propre, un charme irrésistible, en cette
sonate de Rust, par exemple, récemment retrouvée au Conserva-
toire de Leipzig, inspiration fiévreuse, tourmentée, que traverse
le souffle d'orage de son temps : 179S . S'agit-il de jouer la Sonate,
op. 47, si puissamment humaine, si profondément vécue, de
Beethoven, Mme Norman-Neruda, sans raffiner ou trop quintessen-
cier, mais avec un goût qui est sien, augmentera le trésor de
toute sa valeur individuelle, l'enrichira d'expressions nouvelles,
découvrira des nuances, ressaisira des accents dans ces pages
éternelles qui semblaient cependant connues et explorées en entier.
Lui faut-il ciseler une gavotte, un menuet du vieux Bach ? menuet
et gavotte sont restés pour elle gracieux et pimpants sous leurs
atours de l'autre siècle, et voilà que son style s'enlève, léger et
transparent comme ces étoffes de gaze que les anciens appelaient
de l'air tissé. Prompt, piquant, pétillant, un air populaire varié
par Maurer fera, sous l'archet de Mme Norman-Neruda, l'effet
d'un sorbet mousseux qu'on prendrait l'été sous la treille. Mais
que le cadre s'élargisse, que la passion parle et pleure comme
dans cet Adagio de Bériot qu'elle a merveilleusement soupiré et
gazouillé avec sa sœur, Mlle Marie Neruda, — habile, sinon autant
qu'elle, — mais dont le sentiment est très-pénétrant, le goût
irréprochable et qui possède la force dans la douceur, au point
de vue de la sonorité, — et de son jeu concentré jaillira l'expres-
sion profonde qui rassemble toute une situation musicale et la
livre, domptée, aux applaudissements de la foule. Veut-elle, enfin,
transporter ceux qu'elle a séduits? Elle choisit une œuvre popu-
laire, aimée, la Ballade et la Polonaise de Vieuxtemps, par
exemple, parce qu'elle joue devant un auditoire français, et tout
à coup l'œuvre tant connue semble transfigurée : la Ballade, s'im-
prègne de la clarté pure, mais étrange du ciel Scandinave; et
tandis que la grande artiste enlève la Polonaise avec une verve,
une aisance, une agilité vraiment surpi'enantes, je ne sais pour-
quoi l'imagination rêve encore de hautes sapinières et de grands
lacs.
Mme Norman-Neruda, c'est Teresa Milanollo, avec la rectitude
de goût et l'émotion communicative en moins peut-être, mais avec
le tempérament, l'éclat, la virtuosité transcendante en plus.
En entendant jouer du violon ainsi, avec un tel relief d'individua-
lité, en écoutant cette femme qui, à travers un labeur incessant,
a su garder cette adorable légèreté de main, cette vigueur de poi-
gnet, cette prodigieuse agilité de doigté, on en arrive à croire
que le violon est le véritable instrument des femmes, impression-
nable, nerveux, ardent, frêle, mélancolique, prompt aux contrastes
subits et parfois... inquiétant comme elles.
Mme Norman-Neruda doit un second concert au dilettantisme
parisien : je lui prédis, sans grand effort, Un triomphe plus écla-
tant encore que celui de jeudi dernier. Ah ! le magnifique talent,
et quelle séduction il exerce ! Ce charme me domine encore, dans
le calme et le silence de l'heure où j'achève celte esquisse incom-
plète. Les cantilènes italiennes poétiquement dites par Delle-Sedie,
le ravissant caprice sur les airs de h&Wetd' Alceste, de Saint-Saëns,
tout cela s'éteint et disparaît. Ce que j'entends encore, c'est l'écho
des harmonies délicieuses s'échappant du violon des deux enchan-
teresses suédoises ; c'est le bruit des applaudissements qui saluent ces
phrases adorablement chantées, ces traits, ces trilles, ces points
d'orgue d'une hardiesse inouïe, ces enharmoniques, ces pizzicati;
ces doubles cordes agencées, combinées de manière à donner à
l'oreille l'illusion (comme dans la sonate de Rust, par exemple),
d'un trio d'instruments à cordes exécuté par des artistes émérites.
Mme Norman-Neruda laissera dans la critique et la société musi-
cale de Paris une de ces empreintes lumineuses qui deviennent
bientôt des termes infaillibles de comparaison en même temps que
le témoignage du goût, de l'élévation et de l'honneur artistiques
d'une époque.
Em.-Mathieu UE MONTER.
C'est pour nous une vraie bonne fortune chaque fois qu'il nous
est donné d'entendre ce pianiste élégant, ce musicien consciencieux,
ce compositeur plein de charme qui s'appelle Ernest Stœger. Sa
musique renferme d'adorables détails, des chatteries exquises qu'on
n'est pas tenté un seul instant de prendre pour de l'afféterie; son
jeu délicat, sobre malgré les avances d'une muse coquette, les fait
admirablement ressortir sans jamais s'écarter des lois du goût le
plus pur. Nous voulons parler surtout des trois morceaux intitulés :
Impromptu-scherzo (n" 2), Prélude et Novellelle, héritiers directs
de la poétique et rêveuse fantaisie de Robert Schumann. Ils sont
du reste assez connus aujourd'hui pour que nous nous dispensions
d'en faire l'éloge en détail.
DE PARIS.
99
Il y a encore une Historiette, naïve idylle qui a fait et qui fera
épanouir plus d'un frais sourire , et une grande Valse-Caprice,
moins remarquable peut-être comme invention, mais brillante et
d'un effet sûr, deux succès en germe qui ont tout l'air de vouloir
violenter les lois ordinaires de la croissance. Nous avons eu grand
plaisir à renouveler connaissance avec les quatre morceaux de chant
au.\quels Ernest Staegeradonné pour titre collectif/es Roseaux, et qui
décrivent avec un charme soutenu des scènes champêtres : le Soir,
le Crépuscule, l'Orage, le Calme. M. Mouren , un sympathique
baryton, les a fort bien détaillés.
Enfin, il nous reste à dire un mot, pour clore la liste des com-
positions de Slœger, de son nouveau quatuor pour instruments à
cordes, qui avait pour interprètes MM. Jacobi, Wasfelgheni, Baur
et Poëncet. Le scherzo et l'andante en sont les deux meilleures
parties ; mais des preuves d'un incontestable talent se rencontrent
partout. Néanmoins, il nous a semblé que ce cadre un peu sévère
gênait, dans ses gracieuses et libres allures, le talent fin, plus
sentimental que vigoureux, de l'excellent artiste, qui a encore de
nombreux lauriers à cueillir dans le domaine si riche de la musi-
que de piano. — M. Jacobi, avec sa Berceuse et sa Chanson de
matelots, M. Poëncet, avec deux morceaux de Schumann, Mlle Ri-
ves et M. Marochetti, avec les duos de Don Sébastien et de Don
Juan, ont été couverts d'applaudissements bien mérités.
C. B.
CONCERTS POPULAIRES DE ODSIOUE CLASSIQUE
AU CIRQUE NAPOLÉON
SYUPHOMIE POSTHIIITIE de IHIendelssoltii (f^" au-
dition). — ADAGrlO de HE. CSarcin, exécuté par
l'auteur.
On a bâti un petit roman sentimental sur la Reformations-sinfo-
nie, jouée pour la première fois dimanche dernier aux concerts po-
pulaires ; il en est de celui-ci comme de ces romans dits histo-
riques oîi l'auteur jongle avec l'anachronisme pour divertir ses
lecteurs et emprunte à l'histoire sans jamais lui rendre. Cette fable
a fait, avec le succès habituel de ces ingénieux récits, le tour de
plusieurs journaux ; il en résultait que Mendeissohn avait ordonné
de ne livrer à la publicité les œuvres qu'il laissait que vingt ans
révolus api'ès sa mort; le jour précis où la date anxieusement
attendue avait été atteinte, un éditeur se serait emparé^ entz'e autres,
de ce trésor. Malheureusement on sait qu'une grande quantité
d'œuvres posthumes ont paru peu de temps après la mort du maî-
tre, et les habitués des concerts populaires applaudissent chaque
année la symphonie en la mineur qui est dans ce cas.
A la mort de Mendeissohn quelques amis firent un choix des
œuvres à publier. Lbl Re/ormations-sinfonie fut-elle rejetée ? fut-elle
plutôt oubliée, égarée? nous l'ignorons; toujours est-il que le fils de
l'illustre compositeur, la trouvant aujourd'hui digne de son père, l'a
publiée chez Simrock, de Bonn, et que le public des concerts
populaires l'applaudissait dimanche et l'applaudira encore aujour-
d'hui .
L'introduction est d'un grand caractère, solennel et grave comme
l'exorde d'un sermon luthérien; Vallegro qu'elle annonce ne répond
pas absolument à cette majesté, et l'andante, qui est un peu dog-
matique de forme, n'a ni les contours mélodiques accusés sur une
harmonie ingénieuse de certains andante du même compositeur,
ni l'indécise et charmante mélancolie de quelques autres; il passe,
sans avoir ému, presque sans avoir intéressé. Le scherzo est vif,
brillant, pittoresque; les instruments à vent, les flûtes et les haut.
bois surtout y jouent le rôle piquant et gracieux que Mendeissohn sait
leur donner dans les morceaux de ce genre, dans le scherzo célèbre
du Songe d'une nuit d'été, par exemple; ce qui saisit le plus dans le
finale, c'est la péroraison, où l'orchestre déchaîne l'harmonie de
ses cordes, tantôt couvrant le choral de Luther, indiqué par les
cuivres, tantôt l'interrompant ou se laissant dominer par lui; l'effet
est des plus dramatiques, la scène est émouvante. L'œuvre a été
accueillie avec une faveur telle que M. Pasdeloup l'e.xécute à deux
concerts successifs; le scherzo a dû être bissé.
Il faut savoir gré au fondateur des concerts populaires de l'em-
pressement avec lequel il nous a fait connaître une œuvre de cette
valeur .
L'adagio de M. Garcin devait sembler pâle à côté de cette lumi-
neuse symphonie; l'auteur paraissait lui-même troublé par ce
rapprochement fâcheux, et l'assurance de son jeu s'en est parfois un
peu ressentie. Cet adagio renferme des qualités incontestables de
facture; il est écrit avec soin et fait partie d'un concerto que la
longueur du dernier concert n'a pas permis de faire entendre
en entier, mais qui, de l'avis de plusieurs instrumentistes, est une
œuvre des plus estimables et des plus consciencieuses.
Armand GOUZIEN.
SÉANCE SOLENNELLE DE L'ORPHÉON DE PARIS.
{Division de la rive gauche.)
L'enseignement du chant dans les écoles de la ville de Paris
accuse, depuis quelques années notamment , des améliorations de
détails et des progrès d'ensemble, lents sans doute et peu appré-
ciables, mais de nature, cependant, à exercer la plus heureuse
influence sur cette branche intéressante de l'instruction, je devrais
dire de l'éducation primaire. L'enfant de Paris n'est plus, en
musique c(>mme en toute autre chose, cet être indéfinissable du
passé, qui comprenait tout, mais qui ne savait rien. Aujourd'hui,
s'il chante, il connaît assez de musique pour solfier son morceau,
l'analyser sommairement et l'apprendre sans trop de routine.
Des maîtres dévoués développent son sentiment naturel de la
justesse, de la mesure, du rhythme ; cultivent son goût inné, lui
enseignent à conduire sa voix et à la colorer par l'expression.
Lorsque l'articulation sera plus précise et la prononciation plus
correcte, il n'y aura rien à reprendre aux études et aux manifes-
tations officielles de l'Orphéon de Paris; mais la critique ne sau-
rait se montrer exigeante à l'égard d'hommes et d'entants qui ne
peuvent consacrer à la musique que trois ou quatre heures par
semaine et auxquels on n'accorde pas plus d'un mois pour répé-
ter les chœurs toujours nombreux et souvent difficiles du pro-
gramme de leur concert annuel.
La séance solennelle de dimanche dernier , présidée par M. Al-
fred Blanche, a donc répondu à l'attente de l'énoi'me afQuence de
monde qu'elle avait attirée comme toujours^ et satisfait sans au-
cun doute les membres de la « Commission de surveillance de
l'enseignement du chant » qui y assistaient presque au complet.
Comme toujours aussi M. François Bazin, armé de son autorité et
de son expérience spéciales, a su entraîner la rive gauche et met-
tre bien en relief ses qualités... dans une salle dont l'acoustique
déplorable était encore aggravée par l'ouverture de toutes les fe-
nêtres. Les différentes compagnies de ce hardi mais turbulent ba-
taillon de jeunes garçons et de petites filles, appuyées par le
groupe respectable des classes d'adultes, a vaillamment marché
au feu sous l'impulsion de leurs chefs respectifs. En général, les
enfants ont «donné» avec plus d'élan, d'assurance, de vigueur que
les hommes.
Habilement combiné, varié, intéressant, le programme, au point
100
REVUE ET GAZETTE MUSICALE
de vue pui-ement clioral et en tenant compte du nombre d'exécu-
tants auxquels son interprétation était confiée, ne peut être loué
sans de légères réserves. Ainsi, le chœur de Don Carlos, assez
insignifiant, du reste, de motif et de coupe, et le refrain syllabique
du chœur du Nabab, d'Halévy, ne sont pas des chœurs choraux et
encore moins de masse : ils n'en ont ni le dessin large, ni la ligne
ouverte, ni la sonorité [voulue. J'en dirais autant de cette Entrée
des Croisés dans Constantinople, dont le début chevaleresque et
religieux est brusquement compromis par un refrain d'une vulga-
rité, d'une pauvreté de fond et de forme à se demander comment
une telle... erreur a pu franchir l'entrée, si vigilamment gardée,
et non sans raison, du répertoire de l'Orphéon parisien. L'ancien
Koël, empreint d'un caractère saisissant de grandeur et de sim-
plicité, mais un peu long avec ses quatre reprises, a laissé
froid unj public qui n'avait entendu depuis le commencement
de la séance que des chœurs à couplets. Les morceaux qui ont
fait le plus de plaisir, — en dehors du Domine sahum et du Vive
l'Empereur! de tradition, sus depuis longtemps et toujoui's enlevés
à la pointe d'un juvénile entrain, — sont le beau chœur d' Œdipe
(Sacchini); celui de la Création, dont la péroraison magnifique
a été rendue avec ensemble, le mouvement, trop lent, toute-
fois ; Paris ! chaleureuse inspiration d'Amb. Thomas ; C'est
Dieu! de Léo Delibes, chœur très-mélodique, parfaitement écrit
pour les voix , et qui a remporté la première médaille d'or du der-
nier concours ouvert par la Vihe; les Chants dit Bosphore, enfin,
de François Bazin, acclamés, applaudis, bissés : — délicieux petit
cadre mélodique, traversé comme par un courant de jeunessse et
de fraîcheur exquises et oîi l'on retrouve l'inspiration facile, la
science sans pédantisme et la vivacité d'imagination qui caractéri-
sent la manière de ce compositeur, populaire à juste titre parmi
les sociétés chorales et particulièrement aimé de ses élèves. L'ova-
tion que le public et les écoles ont faite au directeur de la division
de la rive gauche était des plus méritées ; je suis heureux d'avoir
à la mentionner, en y comprenant les principaux collaborateurs
de M. Bazin : MM. Foulon, Collet, Danault, Delafontaine, Dives,
Hottin, Pillevestre, Léon et Proust.
Prochainement, au cirque de l'Impératrice, la division orphéo-
nique de la rive droite chantera sous la direction de Pasdeloup.
Nous en reparlerons. Pour qui s'intéresse aux développements de
l'œuvre éminemment nationale du chant choral populaire, il est
du plus vif intérêt d'en saluer, chaque année, en ses séances,
comme l'aurore toujours nouvelle; de voir quelle sève circule,
ardente etjeune, dans la féconde pépinière de l'Orphéon de Paris;
de venir encourager les eiforts et applaudir aux travaux des artistes
modestes, autant que distingués, qui sèment avec persévérance
dans les écoles de la grande ville ces germes précieux d'art et de
moralisation.
Em. Mathieu DE MONTER.
BISISTËRE DE LÀ SAISON DE L'EnPEREUB
ET DES BEAUX'ARTS.
DIRECTION GÉNÉRALE DES THÉÂTRES.
Le concours institué au théâtre impérial de l'Opéra, pour la
composition d'un poëme destiné à être mis en musique, a été clos
définitivement le IS de ce mois.
168 ouvrages y ont été envoyés, tant de Paris que des départe-
ments.
Les auteurs qui ont pris part à ce concours ayant été invités à
se réunir le 17 mars, dans le cabinet du directeur général des
théâtres pour procéder à l'élection d'un jury spécial : cinquante-
six concurrents se sont présentés et ont nommé, au scrutin se-
cret, neuf juges titulaires et neuf juges suppléants. Ils ont en ou-
tre chargé une commission de cinq membres, désignés par le sort,
de les représenter pour obtenir les adhésions nécessaires à la for-
mation définitive du jury.
Tous les juges titulaires ont consenti à faire partie de ce jury,
qui se trouve dès lors composé de MM. Perrin , directeur de l'O-
péra; Gounod; Félicien David; Ambroise Thomas ; E. Augier;
Théophile Gautier; Paul de Saint-Victor; F. Sarcey ; Victor Massé.
Les travaux du jury vont immédiatement commencer, et, quand
un poëme aura été choisi pour le concours de musique, les com-
positeurs en seront officiellement informés.
Avant de se séparer, les concurrents, présents à la réunion du
n mars, ont exprimé le vœu qu'en dehors du poëme couronné,
cinq des mLilleurs ouvrages choisis par rang de mérite fussent
mentionnés par les titres et les épigraphes des manuscrits, et que,
pour l'avenir, des concours analogues fussent renouvelés à des
époques périodiques.
CONCERTS ET AUDITIONS ISDSICÂLES DE LÀ SEIOÂINE.
»% Cette semaine a été encore fort riche en concerts de la Cour et
du grand monde Celui de lundi, aux Tuileries, qui était le dernier, of-
frait en artistes Mmes Carvalho, BIocli et Rives, MM. Troy, Capoul et les
chœurs de la Chapelle. On a beaucoup remarqué Mlle Rives, qui a chanté
admirablement avec Mme Carvalho le duo des Diamants de la Couronne.
Elle a été félicitée par Leurs Majestés. La valse de Mireille, la Corvette
A'Haydéc pur Mme Carvalho et les stances du même opéra, dites par Ca-
poul et les chœurs, n'ont pas eu moins de succès. — Dimanche, chez
S. A. 1 Mme la princesse Mathilde, MM. Sauzay et Fanchomme pour la
partie instrumentale, MM. Gardoni ei Hermann-Léon pour la partie vo-
cale et surtout Mme Conneau qui a chanté trois fuis ont ravi la brillante
société qui se pressait dans les salons de la princesse. - La veille, Gardoni
et Mme Carvalho, avec l'orchestre de Pasdeloup défrayaient le programme
de M. le Préfet de la Seine et se faisaient applaudir dans plusieurs
morceaux de Weber, de Gounod, de Massé et de Floto\Y. La romance de
Marta, que Gardoni dit délicieusement, obtenait surtout un véritable
succès. Au ministère de la marine, le même jour, Mmes Marie Battu, Nils-
son, Nornian-Neruda,Faure, Vivier et le pianiste Kowalski, donnaient à
cette magnifique soirée le plus grand éclat. — Perfection sur toute la
ligne, cela va sans dire ; mais mention particulière aux deux morceaux
la Barcarolle napolitaine elSancta Maria, que Marie Battu amis à la mode
et qu'elle chante dii'inement; à Vivier pour son duo, cor et voix, avec
Faure et ta romance de Joseph, chef-d'œuvre d'exécution; enfin à Niltson
qui a charmé trois fois l'assemblée et à Mme Neruda dont on ne se
lassait pas d'admirer l'incomparable talent. — Capoul et Sarasate avaient
été conviés par M. le comte de Nieuwerkerke pour son dernier vendredi.
— En même temps que ces concerts officiels, M. Garfounkel et Mme Abel
Laurent réunissaient des éléments an.nlogues dans deux belles soirées
musicales auxquelles assistait l'élite de la société parisienne. La première
de ces soirées se distinguait par un programme choisi avec un goût exquis
et dont l'exécution était confiée à Mmes Marie Sasse, Bloch, Nilsson, à
MM. Faure, CoUn, Lefébure-Wely et Mme Norman-Neruda. Citons entre
autres attractions la chanson des Djinns du Premier Jour de bonheur,
dite en l'honneur d'Auber qui était présent; le duo du Slabat chanté
par Mmes Marie Sasse et Bloch; l'air de Joconde, par Faure, etc.— Chez
Mme A. Laurent c'était encore Christine Nilsson, Bloch, MM. Gardoni,
Aubery, Leroy, Garcin, Rigault, Viguier, Hignault, et on entendait le
duo du Stabat par A'ilsson et Bloch ; le quatuor de Martha, l'arioso du
Prophète, un quintette de Mozart, etc., etc. — Enfin mentionnons, pour
clore cette remarquable nomenclature, l'intéressante matinée organisée
à l'occasion de la Saint-Joseph par Mme la supérieure de Notre-Dame
des Ans, dans laquelle les élèves de l'institution ont fait, chacune dans
leur genre, preuve d'un véritable talent, et où s'est fait particulièrement
remarquer sur la harpe une jeune personne, Mlle Mathilde Galitzin, qui
deviendra une grande artiste.
=jt*^ Les splendides salons de la Muette s'ouvraient dimanche dernier à
plus de cinq cents invités, choisis dans les sommités du monde aristo-
cratique, littéraire et artistique, et conviés par les propriétaires hospita-
liers de cette demeure à entendre les artistes les plus renommés de Paris.
Le lion du jour Rubinstein, le ténor à la mode Capoul, la blonde
Ophéhe, l'enchanteur Vivier et l'auteur de Faust lui-même, — qui ne
DE PARIS.
101
dédaignait pas de tenir le piano, — formaient les élémenls de ce magni-
fique concert, dont l'excellente et digne Mme Erard , Mcnc Spontini , M.
et Mme Schœffer, M. et Mme de Franqueville ont fait les honneurs avec
la grâce et l'affabilité héréditaires dans la famille.
#** Rubinslein a donné mercredi dernier son deuxième concert. Des
ovations aussi enthousiastes que la semaine précudenle ont été prodi-
guées au grand artiste après son concerto en ré mineur, dont il donnait
une seconde audition, et à la suite de ses autres compositions de moindres
proportions. Prélude et fugue, fragments d'une Suite pour piano, etc., où
il s'est montré tour à tour puissant et délicat, vigoureux et tendre. —
Mme Whist, une cantatrice américaine qui, dit -on, appartient au meil-
leur monde de New-York, et admirablement douée sous le rapport artis-
tique, a recueilli de légitimes applaudissements après la valse de l'Ombre
du Pardon de Ploërmel, qu'elle a Irès-bien dite.
**^ Nous nous sommes proposé de revenir sur le brillant concert
donné, le dimanche IS mars, par Jacques Rosenhain, dans les salons
Erard. C'est, en effet, l'un de ceux qui auront marqué dans la saison
par l'intérêt qui s'attache à si juste titre au nom du célèbre pianiste,
comme par la composition tout artistique du public. Dans le nombre
assez considérable de ses œuvres qui formaient exclusivement le pro-
gramme, nous signalerons une sonate pour piano et violoncelle (œuvre S3),
un trio pour piano, violon et violoncelle (œuvre 8i), une Méditation, un
Conte d'enfant, une Barcarole, et les Cloches, pour piano seul ; enfin,
trois charmantes idylles pour piano et violoncelle, exécutées par l'auteur
et M. Jacquard. La vraie originalité, le charme pénétrant qui résident
dans tous ces morceaux ont eu vite gagné l'auditoire d'élite qu'avait
assemblé l'arliste, et la séance entière n'a été pour ce dernier qu'une
longue série d'ovations.
,■** Il y avait beaucoup de monde dimanche à la matinée musicale
de Mme la marquise de Safifray. Une jeune artiste hollandaise, Mlle Van
der Beck, qui possède un très-beau talent de harpiste, a joué plu.sieurs
morceaux charmants de façon à faire regretter l'abandon qu'on fait de-
puis longtemps déj< de ce bel instrument. On a aussi entendu un flûtiste
belge dont nous avons eu déjà l'occasion de signaler la supériorité,
M. Auguste Charles, qui joint au mérite de virtuo.se celui de compositeur
et qui s'est fait beaucoup applaudir en exécutant avec une grande per-
fection plusieurs de ses compositions nouvelles Enfin Mme Loyd, de la
Comédie française, a varié on ne peut plus agréablement cette réunion,
à laquelle les goûts artistiques de Mme de Saffray prêtaient un intérêt
tout particulier.
^*t L'année dernière déjà, nous avons vu poindre l'aurore d'un talent
sérieux: le jeune pianiste Napoléon Firmin, enfant de neuf ans, élève
de M. Chol, faisait ses premières armes avec un entier succès. Plus que
jamais il promet un artiste, si on en juge par le concert qu'il a donné
dimanche dernier à la salle Erard, et où il a exécuté, entre autres, deux
brillantes fantaisies de Herz et une valse de Chopin, avec une sûreté
parfaite ei une grâce toute charmante. Quand cette heureuse nature aura
reçu son entier développement, tout fait présager que nous aurons un
habile virtuose et un excellent musicien de plus.
,1,*, L'espace nous fait défaut pour dire tout le bien que nous pen-
sons de Mlle Caroline Levy, qui a donné la semaine dernière avec
Mlle Lavini un beau concert dans lequel l'excellente professeur a joué
avec autant de style que de goût un concerto de Mendelssohn, la Danse
des Fées de Prudent, et ou Mlle Lavini a très-bien chanté, entre autres
morceaux, avec M. Bregy le duo des Dragons de Villars.
— Il en est de même de Mme Marie Simonet, jeune pianiste d'avenir
qui a fait preuve, dans son concert de lundi, d'un mécanisme irrépro-
chable et de beaucoup de sentiment.
— Nous voudrions aussi pouvoir parler avec plus de détail de Mme
Béguin Salomon qui se consacre tout entière à l'art et qui s'est surpas-
sée dans son concert de vendredi . Impossible de traduire avec plus de
perfection la musique des maîtres que ne le fait Mme Béguin Salomon ;
elle apporte dans son jeu une poésie qui se répand sur tout ce qu'elle
interprète et on a pu en juger dans le trio de Beethoven, le quintette
de Spohr et un joli trio d'Ad. Blanc.
^*^ La ville de Rennes vient de donner, au profit des pauvres, un ma-
gnifique' concert pour lequel on avait spécialement engagé Mlle Mauduit,
de l'Opéra; entre autres morceaux, elle a chanté le grand duo du qua-
trième acte de l'Africaine de façon à électriser l'auditoire . Les bravos, les
rappels, les bouquets ont été prodigués à la jeune et charmante canta-
trice que la ville de Rennes compte parmi ses enfants et dont elle peut
à bon droit s'enorgueillir.
^*^ La Société des concerts du Conservatoire donne, aujourd'hui di-
manche 29 mars 1868, à 2 heures précises, son H« concert, sous la direc-
tion de Georges Hainl. En voici le programme : 1° symphonie en la
majeur de Mendelssohn; — 2° chœur d'Armide, de LuUi (1686). Le
solo chanté par M. Caron; — 3° 7" concerto en la mineur, pour violon,
de Rode, exécuté par Mme Norman-Neruda ; — i" chœur des Chasseurs
d'Euryanthe de Weber; — S° ouverture de Léonore de Beethoven.
»*f Aujourd'hui dimanche, à 2 heures, au cirque Napoléon, vingt-
deuxième concert populaire de musique classique, sous la direction de
J. Pasdeloup. En voici le programme : 1» symphonie en ré majeur de
Mozart; — 2» air de ballet de Prométhée de Beethoven. Le solo de violon-
celle par Poënêet; — 3° Reformations-sinfonie (2° audition), de Men-
delssoiin (introduction, allegro, scherzo, andante, choral de Luther,
finale); — i" sonate pour piano et violon de Weber (andante, rondo),
par Allard et Diémer; — S» polonaise de Struensée (le Bal et l'Arresta-
tion), de Meyerbeer.
NOUVELLES DES THÉÂTRES LYRIQUES.
»*« Mercredi, LL. MM. l'Empereur et l'Impératrice ont honoré de
leur présence la représentation d'Hamlet à l'Opéra.
*"'» Le théâtre impérial de l'Opéra a donné cette semaine trois fois
Hamlet. Les démarches faites pour retenir Mlle Nilsson à Paris au delà
du 30 avril n'ayant pas abouti, l'opéra d'Ambroise Thomas ne pourra
plus être joué qu'une douzaine de fois avant son départ pour Londres.
Les huit premières représentations ont pleinement confirmé le succès de
la première, et Hamlet prend, — de l'avis des musiciens qui en jugent
aujourd'hui la partition en main, — une place brillante au répertoire :
les recettes dépassent 11,000 francs. Chaque soir, de nombreux rappels
accueillent les artistes qui se montrent les dignes interprètes de l'œuvre.
— Mercredi, la salle était éblouissante de toilettes, et LL. MM. l'Empe-
reur et l'Impératrice, arrivées au premier acte, n'ont quitté leur loge
qu'après le cinquième acte et après avoir félicité le directeur, l'auteur et
les chanteurs.— Dès le quatrième, S. M. l'Impératrice avait fait remettre
à Mlle Nil.sjon, en témoignage de sa haute satisfaction, le bouquet de vio-
lettes qu'elle tenait à la main, et le lendemain le vicomte de Laferrière
portait à Ophélie, de la part de l'Empereur, une riche parure de perles,
émeraudes et brillants. — C'est à tous les titres un vrai succès pour
l'école française.
**,^ Aujourd'hui, représentation extraordinaire de l'Africaine.
*''',(4 Au théâtre impérial Italien, monsieur et madame Tiberini
ont chanté mardi / Puritani avec Steller et Agnesi, et ils ont vu
se confirmer dans l'œuvre de Bellini le succès qui les avait ac-
cueillis dans Matilda di Shabran, quelques jours auparavant. C'est
principalement dans le troisième acte d'/ Puritani qu'ils ont recueilli
les plus enthousiastes bravos. La romance du quatrième acte par
M. Tiberini, la scène de la folie du deuxième acte et la célèbre polo-
naise par Mme Tiberini, ont été merveilleusement rendues; toutefois
nous conseillons à cette cantatrice de chanter la Polonaise comme on l'a
toujours entendue dire par la Grisi, la Bosio, la Patti, et de supprimer
les ornements qu'elle a cru pouvoir ajouter au texte de Bellini. Sans
avoir les belles notes de Tamburini, Steller s'est montré chanteur
de grand style dans le rôle de Riccardo et il y a retrouvé son beau
succès d'Alphonso dans Lîtcrezia; les applaudissements ont été d'ailleurs
amplement partagés par Agnesi dans celui de Giorgio. Depuis Lablache
on ne l'avait pas mieux interprété et le fameux duo : Suoni la Iromha
a valu aux deux artistes une ovation méritée; ils ont dû en répéter
l'allégro. — Hier samedi, c'était le tour d'Adelina Patti, qui se mon-
trait dans une nouvelle et importante création : Giovanna d'Arco de
Verdi. Nous rendrons compte dimanche de cette intéressante représen-
tation.
^% La rentrée de Mlle Marimon au théâtre Lyrique ne s'est pas effec-
tuée avec moins de succès que celle de Meillet. On y a revu avec plaisir
cette cantatrice qui y a fait ses premiers pas dans une carrière parcourue
depuis par elle avec un grand éclat. Quoiqu'elle eût à lutter dans le rôle
de la reine de la nuit de la Flûte encimntée contre le souvenir si récent en-
core de la supériorité avec laquelle il était dit par Mlle Nilsson, Mlle Ma-
rimon, qui excelle surtout dans les vocalises, a franchi victorieusement
les difficultés dont ce terrible air du quatrième acte est hérissé. Saluée
par des applaudissements aussi enthousiastes que légitimes, elle a
dû le bisser aux acclamations de la salle entière. — Bosquin
(Pamino), Troy (Papageno), et Mlle Daram (Pamina) ont vail-
lamment contribué au succès de cette représentation. — C'est la Fanchon-
nette, avec Mme Carvalho et Monjauze, qui a occupé le répertoire de la
semaine au théâtre de la Renaissance; Roméo et Juliette va lui succéder.
— M. Carvalho se propose de monter, avec Meillet dans le rôle principal,
le Brasseur de Prcston. — On a mis aussi à l'étude la Bohémienne de
Balfe, sans préjudice de l'Elisabeth de Hongrie, dont les répétions suivent
leur cours et qui sera donnée dans la première quinzaine d'avril.
Deux engagements nouveaux viennent aussi d'être faits : celui d'une
jeune élève de Wartel, Mlle A. Monnier, et celui d'un ténor qui était au
service, et dont l'éducation musicale aurait été faite aux frais d'une
dame de la société parisienne.
„:** Au théâtre des Fantaisies-Parisiennes on vient de reprendre le
Muletier, l'un des premiers ouvrages d'Hérold, qui remonte à l'année
102
CiEVUE ET GAZETTE MUSICALE
1823, et qui est resté, Jusque dans ces derniers temps, au répertoire de
rOpéra-Comique. Dans l'espace de liuit ans, l'illustre compositeur avait
enriclii la scène Ij'riquo de Maria, de Zampa, du Pré aux Clercs, lorsque
la mort est venue le surprendre. Plus heureux que lui, Paul de Kock,
son collaborateur pour les paroles du Muletier, assistait, après un laps
de quaranle-cinq ans (presque un demi-siècle), à la dernière reprise de
cette pièce, On sait que le sujet en est emprunté à un conte assez gra-
veleux de la Fontaine. Mais, sous la Restauration, on ne plaisantait
guère avec la morale, et, de nos jours, la donnée, expurgée forcément
par Paul de Kock, s'est trouvée fort anodine. Quant à la musique, elle se
ressent des truonnements d'Hérold, qui n'avait pas -encore rencontré sa
voie; on y peut constater, principalement dans un certain crescendo de
l'ouverture, des préoccupations rossiniennes, et il n'y a qu'un air, celui
du sommeil des muletiers, dont la facture originale décèle le génie du
maître. Cependant, il passe à peu près inaperçu, tandis que le public
riserve ses applaudissements pour un chœur de paysans, deux boléros et
des couplets comiques qui, du reste, ne sont pas sans valeur. Le succès
du Muletier fut dû, dans la nouveauté, à la manière brillante dont il
était monté; ses deux rôles féminins étaient tenus par deux cantatrices
charmantes, Mme Boulanger et Mlle Prahder; le personnage principal
avait pour interprète un comédien agréable du nom de Lemonnier; le
vieil aubergiste et son neveu étaient joués par Vizentini et Féréol, qui
ont laissé une réputation très-méritée. Aux Fantaisies-Parisiennes, Lau-
rent, Derval et BarnoU, Mme Géraizer et Mlle Deneux font de louables
efforts pour rappeler leurs devanciers, et il faut leur en tenir compte. En
somme, la reprise de l'opéra d'Hérold a été accueillie avec sympathie, et
nous croyons que M. Martinet n'aura qu'à s'en féliciter.
^*ii Le même théâtre jouera incessamment, sous le titre de l'Amour
mouillé, un acte de M. Théodore de Banville, dont M. J. Cressonnois a
écrit la musique.
!((** La reprise de l'Africaine, impatiemment attendue à Bordeaux, a eu
lieu la semaine dernière, avec l'éclat et le retentissement d'une véritable
solennité artistique. Comme aux premières représentations de l'ouvrage,
la salle était littéralement remplie d'une foule avide d'entendre encore le
chef-d'œuvre de Meyerbeer et d'applaudir la nouvelle Selika, Mme Wil-
hem-Massé, qui succédait à l'éclatant succès remporté l'année dernière
par Mlle Audibert, dans ce rûle et sur cette scène. Dès le second acte,
par ses grandes qualités de comédienne et de chanteuse, la vaillante ar-
tiste avait conquis les sympathies générales; son rappel après la chute
du rideau en a été le témoignage incontestable.
<^*^ Le succès de la reprise du Prophète a été aussi très-décidé à Tou-
louse, tous les artistes ayant concouru par leurs études et leur zèle à
rendre parfaite cette représentation. M. Mazurini (Jean de Leyde), no-
tamment, a eu dans le cours de la soirée des moments magnifiques;
Mme Ebrard-Gravière a partagé avec lui l'enthousiasme et les applau-
dissements du public.
5^.% La Grande-Duchesse vient d'être représentée à Rennes avec une
distribution excellente, de beaux costumes et une mise en scène com-
plète. Sous ce triple rapport, les journaux de la ville accordent sans res-
triction leurs éloges à M. Gilbert-David (Fritz), comme directeur et comme
artiste. La salle était comble, cela va sans dire, à la première, et le suc-
cès n'a fait que grandir aux représentations suivantes.
ii^jf, Le théâtre des Variétés de Lille a eu l'heureuse idée de reprendre
la Grande-Duchesse avec Mme Ugalde. Quand une artiste de la valeur de
Mme Ugalde applique ses facultés à créer un rôle d'opérette, on peut
être sûr d'avance de la perfection avec laquelle il sera exécuté. Personne
n'a oublié sa création de Roland dans les Bavards ; celle de la Grande-
Duchesse de Gérolstein ne laissera pas moins bon souvenir. Mme Ugalde
s'y est montrée comédienne remplie d'esprit, de crânerie et d'entrain ;
quant à son talent de chanteuse, elle l'y a mis tout entier, c'est tout dire.
Aussi a-t-elle été applaudie à tout rompre, et, grâce à son concours, voilà
une nouvelle série de fructueuses représentations assurée à l'œuvre po-
pulaire d'Offenbach.
,*« La direction du Grand-Théâtre de Marseille a renouvelé, à de très-
belles conditions, l'engagement de Michot, et elle monte activement
Bornéo et Julietle pour les plus prochaines représentations de l'excellent
artiste. En attendant, le Prophète continue d'attirer la foule.
**;s M. Gye vient de publier son programme pour la saison d'opéra
qui va s'ouvrii- le 31 mars à Covent-Garden. Voici les noms des artistes
engagés : Mmes Adelina Patti, Pauline Lucca, Fricci, Lemmens-Sher-
rington, Vanzinifdébut), Morensi, Tagliafico, Dall'Anese, Locatelli (début),
Lavrofska (début), Fioretti (début), Mayer. — MM. Mario, Naudin, Fan-
celle, Neri-Baraldi, Rossi, Marine, Graziani, Cotogni, Tagliafico, Petit,
Colini (début), Ciampi, Fellar, Polonini, Capponi et Bagagiolo. —
Premières danseuses, ailles Marina Mora et Rosalia (début) . — M. Costa
reste à la tête de l'orchestre, et M. Harris, qu'une erreur de notre der-
nier numéro associait à la fortune de M. Mapleson, conserve son
poste de régisseur. — Parmi les opéras qui seront représentés, les prin-
cipaux sont l'Africaine, le Siège de Corinthe, les Huguenots, Don Carlos,
l'Etoile du Nord, Robert, Roméo et Juliette, Fra Diavolo, Giovanna d'Arco,
le Domino nrAr. — Ce dernier opéra figure pour la première fois sur
un programme de scène italienne à Londres ; Auber y a ajouté dans ce
but des récitatifs. Fra Diavolo était jusqu'à présentie seul de ses ouvrages
donné à Londres dans ces conditions. Le Siège de Corinthe est également
nouveau pour l'Angleterre.
^,*^ Le Brésil est conquis au répertoire vainqueur d'Offenbach. A Rio-
de-Janeiro, le théâtre de la rue d'Uruguayana joue chaque soir la
Grande-Duchesse et les Dames de la Halle.
NOUVELLES DIVERSES.
*■** Hier à 8 heures, avait lieu dans la salle du Conservatoire l'audi-
tion des fragments de l'opéra en cinq actes, le Dante, composé par M. le
duc de Massa, et à laquelle il avait invité l'élite des gens du monde, des
artistes et de la presse. Nous en rendrons compte dimanche prochain.
„,"'* L'Association des artistes musiciens a fêté l'Annonciation, le 23 mars,
en faisant exécuter à Notre-Dame la seconde messe de Weber, dans la-
quelle on retrouve à un si haut degré l'élévation d'idées, la noblesse de
forme et la belle et puissante sonorité de l'auteur du Freyschulz. Le
Credo de cette messe a été remplacé par celui de Dumont. M. Battaille
et des enfants de chœur étaient chargés des aoli ; ils s'en sont fort bien
acquittés. Les chœurs étaient conduits par MM. Steenman et Foulon, et
l'orchestre par M. Tilmant. La marche religieuse de M. Ambroise Tho-
mas, avec accompagnement de harpes, a produit un très-bel effet.
,^'",1 Une seconde audition de la Messe solennelle du prince Poniatowski
a eu lieu, jeudi dernier, à Saint-Eusiache, sous la direction de MM. Hu-
rand et Pickaert, en faveur de la Caisse des écoles du 2° arrondissement.
Les soli étaient confiés à Villaret, Agnesi et Bollaert. L'exécution géné-
rale a laissé beaucoup à désirer, et cette nouvelle audition n'a modifié
en rien les jugements portés sur l'œuvre, du reste estimable à plus d'un
titre, du sénateur-dilettante. Parmi les dames patronne.sses de l'œuvre,
nous avons remarqué les noms de Mme Accursi et de Mlle A. Patti.
,^*, Hier, à 2 heures, au Cirque de l'Impératrice, a eu lieu, au profit
de l'Asile des vieillards, la première audition du Jugement dernier, grand
oratorio en quatre parties, composé par Duprez. Nous en rendrons compte
dans notre prochain numéro.
,** La Société académique de musique sacrée a fait célébrer, samedi
dernier, un service solennel pour le repos de l'âme de ses membres dé-
cédés. La Messe des morts en plain -chant-harmonisé à quatre voix par
M. Charles Yervoitle, a été exécutée par les sociétaires avec un ensemble
parfait.
#% Carlotla Patti, Vieustemps, Seligmann, Berthelier, qui formaient
la Compagnie Ulmann, sont de retour à Paris. Parmi les artistes qui ont
reçu dans cette brillante tournée l'accueil le plus chaleureux, le joyeux
chanteur de chansonnettes Berthelier, partout où il s'est fait entendre, a
recueilli les plus vifs applaudissements. Un des morceaux qui ne man-
quait jamais son effet sur le public est l'Air bouffe anglais d'Offenbach,
que le chanteur était toujours obligé de bis.ser, et qu'il a dit au moins
soixante fois.
3(*« La partition pour piano et chant de l'Elixir de Cornélius, de Meil-
hac et Delavigne, musique d'Emile Durand, dont nous avons dit le suc-
cès au théâtre des Fantaisies- Parisiennes, vient de paraître chez les
éditeurs Gérard et C". Cette partition, oii abondent de charmantes mélo-
dies, ne rencontre pas moins de succès à la lecture qu'à la scène.
«*,s C'est l'éditeur J. Maho qui vient d'acheter la propriété de la sym-
phonie de Mendelssohn dite la Réformation, et qui a été jouée dernière-
ment au Concert populaire .
,,*,, La grande cantatrice tragique Emmy La Grua est à Paris, venant
d'Espagne ofi elle a obtenu de si éclatants succès.
,j*t Le violoncelliste Féri Kletzer est en ce moment à Paris, de retour
de sa tournée triomphale en Portugal et en Espagne.
^*^^ Alfred Jaëll est également arrivé à Paris; Monaco, Nice et Lyon
ont marqué sur sa route comme de glorieuses étapes.
*** Aujourd'hui dimanche à 8 heures 1/2 , salle des Conférences ,
boulevard des Capucines, Mme Ernst donne une nouvelle séance de réci-
tation oii elle dira plusieurs poésies de Victor Hugo, Alfred de Vigny,
de Musset, Hégésippe Moreau, etc.
^'^t On doit inaugurer, mercredi prochain \" avril, le grand orgue
de la nouvelle église de Bergerac (Dordogne). On se rappelle que cet
instrument, un de ceux exposés l'année dernière par la maison Merklin,
Schutze et C°, a valu à ces éminents facteurs la médaille d'or et la dé-
coration de la Légion d'honneur. M. Auguste Durand, organiste de Saint-
Vincent de Paul, est désigné pour se rendre à Bergerac afin de procéder
à la réception de cet orgue, et d'en faire valoir les ressources le jour fixé
pour l'audition.
*** Nous apprenons que par suite de nouvelles appropriations, la jolie
salie de concert de la rue Saint-Georges, 50 (salle Sax), peut de nouveau
se louer pour concerts, conférences, cours, réunions d'actionnaires, etc.
»** M. Léon Pillât, l'ancien directeur de l'Opéra, devenu consul gé-
néral à Venise, vient de mourir.
DL l'AKlS
103
**, M. Edmond Franck, excellent accompagnateur, très-répandu dans
le monde artiste de Paris, est mort cette semaine, à Castelnaudary, où
il se trouvait en représentations avec Levassor; il avait trente-cinq ans
à peine.
^\ Le 2 mars est mort à Weimar, à quatre-vingt-un ans, un com-
positeur de talent, Cari Ebervvein, direcleur de la musique grand-ducale.
Il est surtout connu en Allemagne par la Léonorc de Holten, dont il a
fait la musique, et qui a obtenu un succès populaire.
ÉTRANGER
^*^ Bruxelles. — La saison musicale tire à sa fin. Le Conservatoire
vient de donner son dernier concert de l'année. Outre la symphonie en
ré (l'^) de Mozart et l'ouverture de Léonore de Beethoven, on y a entendu
l'adagio et le finale du 3» quintette de M. Fétis, exécutés par tous les ins-
truments à archet. Pour cette exécution Fauteur avait écrit une partie
de contrebasse distincte de celle du violoncelle. Les deux fragments ont
produit sous cette forme un très-grand effet : l'un par la fraîcheur et par
le charme des idées, en même temps que par la science et par l'ampleur
des développements; l'autre par la verve, la chaleur, l'énergie soutenues.
L'auditoire a éclaté en applaudissements et l'on peut dire qu'une véri-
table ovation a été faite à M. Félis, qui dirigeait l'exécution de son
œuvre, exécution parfaite, ajoutons-le. On a entendu avec intérêt, dans
la même séance, deux fragments d'une Suite d'orchestre, par M. Huberti,
lauréat des grands concours de composition musicale, jeune artiste qui
cherche plutôt à exprimer des idées qu'à produire des eflets, contraire-
ment à ce qu'on fait habituellement de notre temps.— Quelques jours après
le dernier concert du Conservatoire, les professeurs de cette école se sont
rendus auprès de leur illustre et vénérable direcleur pour fêter avec force
bouquets, discours et manifestations sympathiques, son quatre-vingt-
quatrième anniversaire. — Le public amateur et artiste a assisté, il y a
quelques jours, à la première représentation d'un petit opéra qui a eu
lieu, non dans un théâtre, mais dans la salle des réunions du Cercle ar-
tistique et littéraire, transformée pour la circonstance en salle de spec-
tacle. Le Tricorne enchanté, de M. Théophile Gautier, a été arrangé de
bastonnade (comme il était qualifié) en opéra-comique, et sur ce libretto
pétillant, M. Léon Jouret a composé une musique très-spirituelle, très-
élégante, une musique où il y a beaucoup de cette chose charmante et
rare qu'on appelle de la mélodie. L'auteur de cette jolie partition était
déjà connu chez nous par des chœurs qui sont dans le répertoire de
toutes les sociétés chantantes, par des romances très-distinguées et par
un opéra de Quentin Metzys, composé pour un théâtre d'amateurs. Le
Tricorne enchanté a eu pour interprètes les premiers sujets du Théâtre-
Royal : Mmes Daniele et Dumestre, MM. Jourdan, Ricquier-Delaunay et
Jamet. Il y a eu de vifs applaudissements pour le compositeur et pour
les chanteurs; il y a eu rappel de l'un et des autres comme au théâtre
les jours de grand succès. On assure qu'après avoir subi si victorieuse-
ment cette première épreuve, le Tricorne enchanté pourrait bien tenter
la fortune sur la scène du Théâtre-Royal, où M. Jourdan aurait obtenu
de l'auteur l'autorisation de le monter pour son bénéfice. — M. Rubins-
tein avait presque promis de revenir à Bruxelles diriger l'exécution de sa
symphonie l'Océan, à l'un des concerts populaires. 11 paraît que les en-
gagements qu'il a contractés en France et en Angleterre ne lui permettent
pas de réaliser ce projet. Nous aurons à sa place M. Joachim, le célèbre
violoniste, qui jouera le 3 avril dans une dernière séance organisée à
son intention par l'administration des concerts populaires. — M. Letellier,
directeur du théâtre de la Monnaie, est parti pour Paris. Les espérances
qu'il avait fondées sur le succès de Don Carlos s'étant définitivement et
trop vite évanouies, il a l'intention de traiter avec Marie Sasse pour un
certain nombre de représentations.
i^*^ Londres. — Le concert populaire du lundi 2 mars a été donné
au bénéfice de Mme Arabella Goddard-Dawison. La célèbre pianiste a
admirablement exécuté plusieurs œuvres de Mendelssohn encore incon-
nues en Angleterre, entre autres, un sextuor en ré mineur et une grande
sonate pour piano seul.
*"*» Berlin. — Pour éviter les inconvénients que pouvait avoir l'emploi
simultané des deux célèbres ténors Niemann et Wachtel, la direction de
l'Opéra a décidé que Wachtel, en ce moment en congé, ne rentrerait
en activité que du 1"' décembre au IS mars prochain, tandis que Nie-
mann commencerait et terminerait la saison.
^*^ Leipzig. — A l'occasion du 123» anniversaire de sa fondation, la
direction des concerts du Gewandhaus a remis au comité institué pour
l'érection d'un monument à la mémoire de Mendelssohn la somme de
mille thalers, avec les intérêts à partir du 11 mars, en reconnaissance
des précieux services rendus dans cette ville par le grand compositeur
à l'art masical. Un brilland concert au profit des pauvres a étét donné
dans la salle du Gewandhaus. Le violoniste russe Besekirsky y a exécuté
avec un grand succès un concerto de sa composition.
*% Pesth. — Don Carlos de Verdi a été donné pour la première fois
le 14 mars, avec un succès complet.
m*,^ Madrid. — Tamberlick dans la Muette, et Naudin dans la Favo-
rite, ont obtenu de brillants succès. — Le violoncelliste Féri Kh^tzor a don-
né ici un fort beau concert, auquel beaucoup d'amateurs n'ont pu assis-
ter faute de places, et qui a rapporté à l'excellent artiste honneur et
profit; on y a bissé la. Sérénade de Gounod, arrangée en. trio pour vio-
loncelle, piano et orgue. Sur les instances de l'infant Don Sébastien, la
reine a accordé à Kletzer la décoration de Charles 111.
„.% Venise. — Le li mars, le théâtre de la Fenice a fêté l'anniversaire
de la naissance du roi par une représentation de gala, où la marche
royale a été exécutée et redemandée, après le second acte de l'Africaine,
aux cris de Viva il Re galantuomo !
Florence. — Mme Lotti délia Santa, qui chante en ce moment l'.ifricaine
avec tant de succès à Venise, a été engagée à la Pergola pour les fêtes
du mariage du prince Humbert. Elle chantera Marta.
^% Varsovie. — Pour sa représentation d'adieux, Mlle Artôt avait
choisi un acte de la Sonnanbula et un de l'Élisir d'Amore. L'enthou-
siasme du public est arrivé au délire : des fleurs, des couronnes, des rap-
pels sans fin ont éié prodigués à l'éminente cantatrice. On lui a offert
comme souvenir un magnifique bracelet enrichi de diamants.
=(s*» Saint-Pétersbourg. — L'administration des théâtres impériaux vient
de publier l'avis suivant, relatif à la sai.son de 1868-69 de l'Opéra italien.
— Personnel. — Prime donne : Mmes Adehna Patti, du i°' janvier 1869
jusqu'à la fin de la saison (c'est-à-dire jusqu'au 3 mars 1869), Fricci,
Volpini, Trebelli {contralto), Lucca (du i novembre au 16 décembre 1868),
une comprimaria (à engager). Seconde donne : Mmes Dall'Anesse, Be-
rini. Primi tenori : MM. Mario, Calzolari, Neri-Baraldi, Fraschini. Se-
conde tenore : M. Ro si. Primi bari toni : MM. Graziani, Meo, Gassier.
Primi bassi : MM. Angelini, Bagagiolo. Secondo basso : M. Fortuna.
Primo basso buffo : M. Zucchini. Chef d'orchestre : M. Vianezi. Régis-
seur en chef : M. Harris.
CONCERTS ET AUDITIONS fflUSICÂLES ANNONCES.
Salle du Grand-Orient, aujourd'hui 29 mars à 8 heures : concert audition
de M. Penavaire, violoniste, avec le concours de Mlles de Beaunay
et Victprine Champier, de MM. Léon Lafont, Sixte Delorme, Castei-
gnet, Graire et José Barrière.
Salons Lebouc, mardi 31 mars : audition des compositions de M. L. Sal-
vator .
Salons Pleyel, mardi 31 mars : cinquième séance populaire de musique
de chambre, par MM. Ch. Lamoureux, Colblain, Adam et Poëncet,
avec le concours de M. H. Fissot.
Mercredi 1'="' avril : troisième soirée de musique de chambre, par MM.
Maurin, Colblain, Mas et Demunck, avec le concours de M. Saint-
Saëns .
Salons Pleyel, mercredi l'' avril : troisième séance du quatuor Maurin.
Salle Herz, jeudi 2 avril : concert avec orchestre donné par M. Garcin,
avec le concours de Mlle Marimon, M. Caron et Mlle Caroline Lévy.
L'orchestre sera dirigé par M. Georges Hainl.
Salle Herz, vendredi 3 avril : troisième concert donné par Ant. Rubins-
tein, avec orchestre. 11 y exécutera les œuvres suivantes : i° con-
certo en sol majeur (n" 3) de sa composition; — 2" fantaisie chro-
matique (Bach), Gigue (Haendel), Rondo (P.-S. Bach), Marche tur-
que des Ruines d'Athènes (Beethoven) ; — 3° Etudes symphoniques en
forme de variations (Schumann); — i" Nocturne et Ballade (Chopin),
Mélancolie, étude (Rubinstein). — Partie vocale, Mlle Rives. —
L'orchestre sera dirigé par M. Camille Saint-Saëns.
Salle Erard, samedi 4 avril; audition et soirée musicale par M. W.
Goldner.
Salons Pleyel, mercredi 6 avril à 8 heures 1/2 du soir : concert donné
par Mme Anna Fabre, avec le concours de MM. Hermann-Léon,
Pagans, Ketterer, Lebrun, Durand, Maton, Thomé et Tayau .
104
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©. liamotlio. Op. 61. Chant du soir, nocturne S »
liCfébure-Wéiy. Op. 175. Boléro 7 50
— Op. 176. Le Rêve de Chérubin 6 »
— Op. 177. Esméralda, caprice 6 »
— Op. 180. Le Défilé, pas redoublé à deux pianos 10 »
— Op. 180 6iS. Le même à quatre mains 9 i
— Op. 181. Deuxième duo symphonique à deux pianos 25 »
H. Bavlna. Op. 60. Confidence, nocturne 6 t
DANSES
B. Ettling. Polka- mazurka sur la Vie parisienne 5 »
Uarx. Polka des Oiseaux sur les motifs de Gulliver 4 50
O. Métpa. Valse, Fleurs et Papillons, id 6 »
Sipanss. Quadrille, id 4 50
— Quadrille, valse et polka sur la Vie parisienne, chaque.... 4 50
A. Mey. Valse sur les motifs de la Vie parisienne 6 »
— Les mêmes, à quatre mains.
de la Chaussée-d'Antin, à Paris.
UBLIGATIONS
CHANT
A. Hlenard. Hamlet, tragédie lyrique en cinq actes, partition
piano et chant, net 18
jr. orrcnliach. La Vie parisienne, opéra-bouffe en quatre actes,
partition piano et chant, net 12
— La même, pour piano seul, net 8
E.<5o Oclibos. Il n' faut pas vous gêner 4
— De quoi vous plaignez-vous ? 3
(Couplets chantés dans l'opéra-bouffe Malborouyh.)
Brousse (Marie). Salutaris, d'après l'adagio de la sonate pa-
thétique de Beethoven, 1,2, chaque 4
Victor CUérl. Chant de guerre du Vengeur, 1, 2, chaque 3
LiUnllller. En visite, chansonnette 3
— Ouistiti, chansonnette 3
G. PfellTer. Sonnet-Elégie de Boileau 3
Xh. Radons . Vous m'oubliez, mélodie 5
— Le Rosier, id 4
— Le Réveil, id 6
— A quoi rêves tu ? id 4
O'Kellj-. Les Adieux de Valentin , chaftson 3
liebonr. Les Récréations de l'enfance , recueil de rondes avec
jeux et petites chansons avec accompag. de piano, net. . 3
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Le Journal parait le Dimanche.
GAZETTE MUS
DE PARIS
SOMMAIRE.— Théâtre impérial Italien : (xiooanna d'Arco, opéra en quatre actes,
poème imité de Schiller, par M. Temistocle Sciera, musique de Verdi, par
Haurice Oray. — Auditions musicales : Dante, de M. le duc de Massa ;
Jugement dernier, de G. Duprez, par Armand fionzien. — Bibliographie
musicale, par Artbnr Pongin. — Concerts et auditions musicales de la
semaine. — Nouvelles des théâtres lyriques. — Nouvfillps diverses. — Con-
certs et auditions musicales annoncés. — Annonces.
THÉÂTRE iniPËRIÀL ITÀUEN.
GIOVANNA DA'RCO,
Opéra en quatre actes, poëme imité de Schiller, par M. Temistocle
SoLERA, musique de Verdi.
(Première représentation le 28 mars 1868.)
L'ouvrage que le théâtre Italien vient de nous offrir pour la
première fois date de vingt - trois ans ; il a été représenté à la
Scala, de Milan, au mois de février 184S, et il n'est pas inutile
de se rappeler cette date pour juger un opéra dont la va-
leur n'est que secondaire dans l'œuvre entier du maître, et qui
n'est pas à la hauteur de ce qu'on peut appeler ses grandes pro-
ductions, Rigolelto, la Traviata, il Trovatore. ..
Nature fougueuse et quelque peu désordonnée, Verdi a fourni
une carrière presque aussi inégale que son génie lui-même, mar-
chant la plupart du temps de succès en chute et de chute en
succès, faisant succéder à une œuvre de génie et débordante de
passion une œuvre vulgaire, sinon triviale, pour se relever ensuite
fièrement et arracher de nouveau des applaudissements à une
foule qui ne demandait qu'à l'acclamer. C'est ainsi qu'après un
Giorno di regno venaient Nabucco et Ernani ; et après ceux-ci
Giovanna d'Arco, qui n'obtint jamais, même en Italie, qu'un mé-
diocre succès, puis l'infortunée Alzira, qui en eut moins encore, et
Attila, qui n'en eut pas du tout; Luisa Miller, suivie de
Sliffelio; Rigoletto, il Trovatore et la Traviata précédant Simone
Boccanegral La carrière du maître, ou le voit, ressemble assez
à la course d'un cheval emporté, que la frénésie de son al-
lure fait plus d'une fois trébucher et qui choppe à plus d'un ob-
stacle, mais qui sait aussi se redresser avec hardiesse et poursui-
vre son chemin avec vigueur, vaillance et courage.
Il faut, d'ailleurs, rendre cette justice à l'auteur à'Ernani et d'»
Due Poscari, c'est que le génie — un génie abrupt, il est vrai, et
qui demanderait la plupart du temps à être assoupli — ne lui fait
jamais complètement défaut, et que, même dans ses œuvres les
moins réussies, on retrouve toujours, à de certains endroits, la
griffe puissante du lion, qui se plante vigoureusement dans les
chairs de l'auditeur et lui arrache un cri d'émotion ou d'admira-
tion. Il en est ainsi, comme nous allons le voir tout à l'heure,
pour quelques parties malheui'eusement trop rares de Giovanna
d'Arco.
Mais avant de parler de la musique, il me faut, hélas! parler du
poëme. Ce n'est pas là le plus réjouissant, et il est certain qu'en
présence d'une telle divagation rimée. Verdi peut hardiment invo-
quer les circonstances les plus atténuantes pour les défaillances et
la faiblesse d'une partition que quelques pages heureuses ne sau-
raient, dans l'avenir, sauver d'un juste oubli.
M. Temistocle Solera — qui est musicien cependant et qui a fait
représenter plusieurs opéras dont il avait écrit livret et partition —
a bien mal servi son collaborateur, il faut l'avouer. Il a voulu,
dit-il, imiter Schiller, mais il l'a imité un peu dans le ^enje de
ce singe qui se coupait la gorge en voulant se raser comme son
maître. Il a pris au grand poète allemand l'idée d'un dénoûment
extrahistorique, qui fait mourir Jeanne d'Arc d'une blessure au
lieu de la faire brûler par les Anglais.
Les personnages du drame sont au nombre de trois, et, sans
rien exagérer, on peut trouver que c'est bien peu pour établir,
nouer et dénouer une action aussi émouvante en elle-même que
celle fournie par l'épopée de la vierge de Vaucouleurs, surtout
quand ces trois personnages se composent d'une femme qui
n'a plus rien de cette grandeur noble en sa simplicité de la figure
historique de la bergère qui sauva la France sous Charles VIII;
d'un roi à moitié idiot, qui passe son temps à faire des décla-
rations à celle qui doit lui rendre son royaume et sa couronne , et
à chanter avec elle d'interminables duos d'amour; enfin, d'un
père dénaturé (celui de Jeanne), dont l'occupation principale est
d'accuser sa fille de sorcellerie, et d'aller la dénoncer comme ma-
gicienne aux Anglais, ses ennemis intimes.
106
UEVUE ET GAZETTE MUSICALE
Il n'y avait vraiment rien à tii'er d'un canevas aussi puéril,
aussi vulgaire, aussi ridicule, et, si l'on peut s'étonner d'une chose,
c'est qu'un artiste de l'intelligence, de la pratique et de la trempe
vigoureuse de Verdi, ait consenti à « réchauffer des sons de sa
musique » de telles platitudes !
L'analyse complète et détaillée de la partition de Giovanna
d'Arco me conduirait beaucoup trop loin, et je vais me borner à
signaler les parties qui saillissent de l'ensemble un peu terne de
l'ouvrage. Je ferai remarquer tout d'abord que, selon la coutume
adoptée au théâtre Italien, on a fait quatre actes des deux seuls
qui çonnposent la partition originale.
On distingue dans l'ouverture un joli andante pastoral, en style
concerté, dans lequel brillent tour à tour les flûtes, les clarinettes
et les hautbois. La cavatine du roi ne doit être mentionnée que
pour un agréable andantino à six-huit, très-joliment accompagpé.
Quant à celle de Jeanne, qui est en la majeur, elle est beaucoup
plus remarquable, et la phrase initiale surtout forme un cantabile
pénétrant, qu'on dirait échappé de la plume enchanteresse de Bel-
lini.
Un trio sans accompagnement entre le roi , Jeanne et son père,
m'a paru bien incolore ; mais je citerai le joli fragment sympho-
nique qui ouvre le deuxième tableau, fragment dialogué par les
instruments à vent et d'un tour extrêmement original, puis une
sorte d'invocation de Jeanne à son père absent , chant vraiment
inspiré, d'un caractère tendre, touchant et mélancolique.
Un duo qu'on pourrait appeler le « duo de la déclaration, »
entre Jeanne et le roi,' est totalement manqué, mais on trouve
dans le finale une belle phrase dite par Jeanne , accompagnée
avec la clarinette dans le chalumeau, et servant de dessin prin-
cipal à l'ensemble qui suit, lequel est grandiose et saisissant. Le
public a pu être surpris de voir le rideau tomber sur cet ensem-
ble majestueux, qui semblait n'être que la première partie d'un
morceau très-considérable. C'est qu'en efTet, et je ne sais pourquoi,
on avait jugé à propos de supprimer complètement toute la se-
conde partie de ce finale.
Mes souvenirs ne me rappellent, dans le dernier acte, qu'un
duo vulgaire, mais énergique et tout à fait dans la manière habi-
tuelle de Verdi, entre Jeanne et son père, puis la phrase princi-
pale et presque unique du finale, qui est très-court.
Telles sont, dans cette œuvre nouvelle pour nous, mais déjà
vieille pour le public italien, les quelques pages qui se recomman-
dent à l'attention de la critique, et qui émergent d'un ensemble
généralement peu satisfaisant. Je le répète, il était impossible
d'écrire une bonne partition sur un poëme aussi carrément détes-
table. C'est là ce que le musicien aurait dû comprendre, et ce qui
fait qu'il porte le poids des fautes de son collaborateur.
L'interprétation de Giovanna d'Arco est confiée à Mlle Patti, à
MM. Nicolini et Steller. Dire que Mlle Patti ne réunit pas toutes
les qualités physiques propres à la représentation satisfaisante de
la vierge de Domremy, ce n'est évidemment qu'énoncer une vérité
élémentaire : Jeanne d'Arc, cette sublime hallucinée, n'était point
une virago sans doute, mais cependant nous avons peine à nous
la figurer si mignonne.
Il manque donc à Mlle Patti l'ampleur physique, cela est incontes-
table. A cette remarque près, nous devons constater qu'elle a non-
seulement bien chanté, mais bien joué ce rôle de Jeanne d'Arc, et
qu'elle y a surtout fait preuve d'une sensibilité touchante et digne
d'éloges sincères. Oserons-nous ajouter après cela que nous la pré-
férons non-seulement dans le Barbier, dans Don Pas-quale et dans
la Somnambule, mais même dans Lucie et dans les Puritains? Il est
des rôles auxquels la nature d'un artiste se refuse, quels que
soient d'ailleurs son talent et ses facultés; il me semble qu'il en
est ainsi en ce qui concerne Jeanne d'Arc et l'enclianteresse du
théâtre Italien.
M. Nicolini, qui joue le roi, est toujours un artiste consciencieux,
bien doué et désireux de bien faire. Nous croyons cependant qu'il
se trompe sous de certains rapports. Nous regrettons, pour notre
part, de le voir dévoré par l'ambition de jouer les grands rôles
dramatiques, tels que Lucie, il Trovatore, Ernani, Giovanna d'Arco,
qui ne sont faits ni pour la nature de sa voix, ni pour celle de
son talent. Les ténors de grâce constituent-ils donc un emploi si
dépourvu d'agrément et de charme qu'on ne s'en puisse contenter,
et M. Mario a-t-il eu à se repentir de ne faire que de très-rares
incursions dans le répertoire purement dramatique? La tendance
blâmable de M. Nicolini le pousse malheureusement à dénaturer
le caractère de sa voix si chaude, si caressante et si sympathique ;
elle l'oblige à remplacer le charme par la force, à pousser le son
outre mesure, et à adopter, en négligeant les qualités qu'il
possédait à un si haut degré, les défauts principaux du chant ita-
hen, c'est-à-dire les hoquets, les portamenti exagérés et les coups
de gosier. Ces réserves faites, nous devons constater que lorsqu'il
reste lui-même, comme dans le dernier cantabile de Giovanna
d'Arco, M. Nicolini est un charmant ténor dont la « voix fait mer-
veille. »
M. Steller, qui est un des bassi cantanti les plus remarquables que
nous ayons possédés depuis longtemps au théâtre Italien, a fait tous
les efforts possibles pour sauver le personnage absurde et odieux
du père de Jeanne d'Arc. Il faut lui tenir compte d'une bonne
volonté qui ne pouvait sauver le caractère vraiment ridicule du
rôle, et lui adresser tous les éloges que méritent son beau talent de
chanteur et son expérience de la scène.
En résumé, nous ne croyons pas que la représentation de Giovanna
d'Arco constitue un véritable événement musical. L'attrait de la
curiosité pourra exciter quelque peu l'attention du public, mais
nous pensons que l'administration du théâtre Italien aurait pu,
même dans l'œuvre du maître lombard, choisir un opéra plus
digne d'exciter les sympathies générales.
Maurice GRAY.
AUDITIONS MUSICALES.
Audition de fragments du Dante, opéra en cinq actes de M. le duc
de Massa (salle du Conservatoire impérial de musique, le 28
mars). — Audition du Jugement dernier, oratorio en trois
parties, paroles et musique de G. Dupres ( salle du cirque de
l'Impératrice, le 28 mars).
Deux auditions intéressantes ont eu lieu samedi dernier, l'une
au cirque de l'Impératrice, dans la journée; l'autre, au Conserva-
toire, dans la soirée : toutes deux également dignes de fixer l'at-
tention de la critique. L'un des compositeurs, grand artiste, l'autre
grand seigneur ; celui-là ayant un nom glorieux au théâtre, celui-ci
un nom illustre dans la jeune noblesse; tous deux encore portant
le poids du passé qui a fait dire de l'un qu'il fut trop grand chan-
teur pour être grand compositeur, et, de l'autre, qu'il a assez de
noblesse pour se passer de talent: ce sont là de ces opinions sur
les hommes et les choses qui font trop souvent leur chemin, et
le devoir de la critique est de les contrôler et de se prononcer
sans parti-pris injuste.
Déjà, elle a eu l'occasion de signaler, il y a deux ans, les heu-
reuses intentions d'une autre œuvre inédite de M. le duc de Massa,
qui fut exécutée dans les mêmes conditions; dans les deux œu-
vres,^rapprochement qui semblerait indiquer chez le compositeur
une aptitude spéciale pour la musique de ballet , — ce sont deux
DE PARIS.
107
divertissements de danse qui ont eu le plus franc et le plus légi-
time succès.
Quoiqu'il manquât à la critique l'épreuve décisive du théâtre
pour se prononcer définitivement sur un opéra en cinq actes, exé-
cuté par fragments décousus, sans décors, sans costumes, sans
mise en scène, sans action , il ne nous a pas semblé que la musi-
que du Dante fut de la musique d'opéra, à proprement parler.
Mettant de côté les morceaux d'un caractère mixte, et pouvant
s'approprier au concert sans être déplacés au théâtre, l'ensemble
de l'œuvre nous a plutôt fait l'effet d'un oratorio très-développé,
auquel il ne manque que quelques récitatifs, comme traits d'union
entre les diverses parties, pour être complet.
L'introduction a un certain caractère de grandeur qui prépare
à la gravité du sujet et l'annonce assez pompeusement ; il y a
dans le chœur qui le suit et encadre une mélodie un peu terne,
une habileté heureuse dans le dialogue des voix. Comme les autres
duos qui suivent, le premier duo (baryton et basse) n'a point le
caractère scénique indiqué par la situation ébauchée dans les pa-
roles; il manque d'action: les récitatifs dialogues manquent du ca-
chet de déclamation lyrique des récitatifs d'opéra et languissent
dans des formules vieillies qu'une harmonie ingénieuse ou des
modulations inattendues ne tentent même point de rajeunir. Il faut
rendre justice à la distinction du Sonnet chanté avec une grâce
exquise par Mlle Nilsson; le rhythme en est gracieux, l'accom-
pagnement sobre et poétique; le public, en bissant ce morceau, a
partagé ses applaudissements en deux parts égales, entre le com-
positeur et l'interprète, ce n'était que juste. Des deux autres
duos, celui du troisième acte, entre Dante et Béatrix, renferme le
plus d'intentions scéniques; il y a même dans la manière dont le
compositeur a rendu cette scène digne du théâtre, oîi Dante,
pauvre et proscrit, couvert de haillons, épuisé de fatigue, brisé
d'amertume et de douleur, exhale sa plainte désespérée sous la
fenêtre de Béatrix, et reçoit l'aumône de celle qui fut sa muse
inspiratrice, il y a, dis-je, dans la traduction musicale de cette
situation essentiellement dramatique d'heureuses tentatives qui in-
diquent chez M. de Massa une intuition, encore hésitante pour-
tant, des effets scéniques. Si ces tentatives étaient plus soutenues,
plus fréquentes dans l'œuvre dont nous parlons, nous n'eussions
pas prononcé le mot d'oratorio en parlant dos fragments du
Dante.
Nous avons dit que les airs de ballet avaient été fort goûtés par
le public très-brillant qu'avait attiré cette audition. Il faut bien
dire que les rhythmes excitants produisent plus aisément cette
épanouissement du public , fatigué d'andante et d'adagio. On ne
doit pas, — et M. le duc de Massa est certainement de cet avis, —
attacher une grande importance au succès obtenu par de trop fa-
ciles moyens; la tarentelle que l'on a bissée est cependant piquante
d'orchestration et de couleur ; la petite flûte découpe le motif dan-
sant, plein de gaieté et de désinvolture, sur un accompagnement
des cordes, marquant le rhythme avec le dos de l'archet:
La flûte au rire aigu raillait le violoncelle
Qui pleurait sous l'archet ses notes de cristal.
Il y a, dans tout le fragment symphonique mêlé de chœurs et
de récits que l'auteur intitule l'Enfer et le Purgatoire, des beautés
réelles, l'unisson des basses, par exemple, dont l'effet est des plus
sinistres; certainement le compositeur se sent plus d'une fois flé-
chir sous le poids de son sujet; mais il y a dans cette page les
qualités incontestables, malgré leur inégalité, d'un compositeur
symphonique.
Si nous doutons que l'épreuve du théâtre puisse être favorable
à l'œuvre de M. le duc de Massa, nous devons avouer, en résumé,
qu'elle est conçue sévèrement et que l'on y sent surtout une con-
viction laborieuse, et, en quelque sorte, honnête, qu'il est bon de
signaler chez un compositeur encore jeune, enveloppé du prestige
du rang et de la fortune, et qui consacre sa jeunesse h des ten-
tatives artisli(jues, honorables et sérieuses.
*
La brochure do l'Oratorio du Jugement dernier de M. Duprez est
précédée de ces quelques lignes plus que modestes qui préparent
k l'indulgence pour le poëte et à la bienveillance pour le musi-
cien :
« Puisqu'il m'est ;i peine permis de faire de la musique, art que
cependant j'ai étudié à fond dès mon enfance, que va-t-on penser
de moi, pour m'être permis de rimer ce canevas musical, inspiré
par le tableau de Michel-Ange? Je dois donc, tout d'al.^H'd, dé-
clarer ici que je n'ai aucune prétention à la poésie; ce n'est qu'en
paraphrasant quelques strophes du Dies irœ que l'idée m'est venue
de faire mon Oratorio. De la conception à l'exécution, il n'y a eu
pour moi aucune distance, et enfin je suis arrivé à cet innocent
opuscule, m'écriant avec Figaro : « Aujourd'hui, ce qui ne vaut
pas la peine d'être dit, on le chante. »
Ce qui frappe dans cet oratorio de dimension très-considér.i '■ .
c'est l'importance des récitatifs dits par « le narrateur, » sorte
d'explication préliminaire des épisodes de l'œuvre et leur grand
style ; le souffle de Gluck anime ces récits, véritables modèles de
déclamation lyrique, que faisait ressortir encore, malgré les défail-
lances de sa voix, le grand chanteur-compositeur.
La plus belle page chorale de l'Oratorio est sans contredit le
chœur général :
Jour d'angoisse et de misère...
la belle phrase syncopée qui en forme le dénoûment, et la détona-
tion imposante des cuivres lui donnent un caractère très-grandiose.
A côté de ce chœur, ceux des « hommes pieux et des « saintes
femmes » n'ont aucune importance; s'ils sont habilement traités
au point de vue spécial des voix, les développements en sont assez
insignifiants.
Un duo et un trio bouffes, qui avaient été répétés, ont été sup-
primés le jour de l'exécution; nous n'en connaissons point la mu-
sique, mais les paroles passent un peu les bornes de la puérilité
et le librettiste y manque un peu trop de respect à la prosodie; le
compositeur nous semble avoir eu raison de couper ces deux hors-
d'œuvre comiques, d'un goût contestable dans le plan solennel
d'un tel oratorio.
Le chœur des « Vierges folles » est d'une originalité foi-t piquante,
et le motif majeur principal est amené d'une manière très-inatten-
due par les éclats de rire en staccati du début : il a été fort bien
chanté, il faut le dire, par les élèves de l'Ecole spéciale de chant.
Je n'insiste pas sur la troisième partie, qui n'est pas à la hau-
teur du sujet traité ni sur le chœur final qui emprunte aux Italiens
le rhythme brutal et démodé de leurs marches accompagnées en
batteries; cela gâte beaucoup l'impression produite par le fragment
symphonique avec chœur que le compositeur intitule Cataclysme.Nous
avouons avoir été frappé par la hardiesse de cette page, oii, k côté
de naïvetés et de violences d'orchestre, brillent, comme des lueurs
apocalyptiques, des harmonies vraiment inspirées ; les cris des
damnés, les lamentations des femmes, se mêlent au déchirement
des mondes éperdus et l'implacable trompette jette dans l'espace
son appel funèbre, irrévocable. L'exécution a été fort satisfai-
sante ; Mlle Fidès est belle et deviendra une chanteuse de race.
M. Maton a conduit l'orchesti;^ en maître.
En résumé, cette œuvre bizarre, inégale, où se mêlent sans
ordre le puéril et le grandiose, le terne et l'éclatant, est, à coup
sûr, fort intéressante; la troisième audition annoncée mérite
d'attirer plus de monde que la deuxième, qui n'a pas rempli à
108
REVUE ET GAZETTE MUSICALE
moitié la salle. L'oratorio de M. G. Duprez commande, en outre,
la sympathie de tous : la sincérité du grand artiste qui l'a conçue,
et qui a essayé d'ajouter à la gloire du créateur celle de l'in-
terprète, est digne de tous les respects.
Armand GOUZIEN.
BIBLIOGRAPHIE fflUSIGÂLE.
Sous ce titre: Un nouveau système d'acoustique musicale, notre
excellent confrère M. Gustave Bertrand a publié récemment, dans
la Revue moderne, un article très-intéressant, très-solide et très-
raisonné sur les doctrines en matière d'acoustique d'un savant
professeur d'Heidelberg, M. Helmholtz. Un tiré à part a été fait de
ce travail substantiel, et nous demandons la permission d'en dire
quelques mots.
. M. Helmholtz est l'inventeur d'un instrument de précision, par
le moyen duquel il a obtenu des résultats surprenants, et qu'il
a appelé rèsonnateur. « Ces résonnateurs, dit M. Bertrand , sont
des sortes d'entonnoirs ou de pavillons pyriformes, de grandeurs
diverses, qui ont la propriété de ne recevoir et de ne faire vibrer
chacun que l'unique note qui correspond à leur construction. Si,
par exemple, vous vous bouchez hermétiquement une oreille et
que vous appliquiez à l'autre le bout d'un rèsonnateur, tout le
fracas d'un orchestre complet serait nul et non avenu pour vous,
dans le cas oià la note qui lui est propre serait absente de l'ac-
cord actuellement exécuté: mais toutes les fois que cette note re-
vient à travers l'harmonie, elle éclate avec force dans le rèsonna-
teur. . . Bien plus, le rèsonnateur, qui reste sourd à tel son forte-
ment entonné, pourra faire entendre une des harmoniques de ce
son, si l'harmonique est précisément la note du rèsonnateur. »
Chacun sait ce qu'on appelle en acoustique les harmoniques du
son : faites vibrer fortement une corde de violon ou de violon-
celle, frappez une touche de piano, et, en prêtant attentivement
l'oreille, vous entendrez se dégager de la note principale, de la
note produite, plusieurs autres notes plus aiguës et beaucoup plus
faibles, qui escortent en quelque sorte la première et qui s'éche-
lonnent, du grave à l'aigu, dans un ordre toujours semblable ;
les quatre premières donnent l'octave supérieure, puis la quinte
au-dessus, puis la seconde octave, puis la tierce majeure au-des-
sus, et sont, par conséquent, en consounance parfaite avec le son
fondamental, tandis que celles qui viennent ensuite, s'il était
donné de les entendre distinctement, feraient au contraire disso-
nance avec lui. « Ce phénomène , dit M. Bertrand, est observé
depuis longtemps, » — et, en effet, on sait que c'est de la théorie
des harmoniques du son que Rameau avait déduit son système
d'harmonie, — « mais, ajoute-t-il, M. Helmholtz aura eu l'hon-
neur d'en donner la théorie définitive, et d'abord de découvrir le
rôle véritable des harmoniques dont on ne se doutait pas : les
harmoniques servent à colorer le son, à faire le timbre. »
Malheureusement, M. Helmholtz ne s'en est pas tenu à cette dé-
couverte très-importante du rôle des harmoniques. Après avoir
fait de l'acoustique, il a voulu faire de l'harmonie, et a cherché
à tirer celle-ci des lois naturelles du son, tout comme Rameau,
qui dans cet ordre d'idées s'était complètement trompé, malgré
son génie, l'harmonie n'étant pas, en effet, une science puisée
dans la nature, mais une science puisée dans les sensations.
M. Bertrand combat — et, ce me semble, victorieusement — le
système de M. Helmholtz sous ce rîpport ; mais une analyse de
sa discussion me mènerait beaucoup trop loin , et je renvoie à sa
brochure ceux que cette question peut intéresser. Je ne veux ce-
pendant pas l'abandonner sans m'associer complètement à la pro-
testation formulée par notre confrère au sujet des prétentions or-
dinaires de messieurs les physiciens, qui prétendent en savoir plus
en musique que nous-mêmes, et qui ne manquent jamais de nous
faire la leçon.
« C'est, dit-il, une chose unique, en vérité, que cette prétention
des savants de dénier la compétence des musiciens en musique.
On ne voit rien de pareil dans les autres domaines, et jamais
Euclide, Descartes ou Leibnitz n'ont prétendu imposer aux archi-
tectes les figures simples de la géométrie, la ligne droite inflexible,
le plein cintre toujours régulier ou le triangle isocèle. L'architec-
ture a gardé le droit de tirer ses lois d'elle-même. Je ne sache
pas non plus que Newton ait signifié à Rembrandt et à Murillo sa
découverte du spectre solaire, en leur intimant l'ordre de ne se
servir que des couleurs simples. La peinture continua de relever
seulement d'elle-même. Supposons qu'un musicien, fût-ce Mozart
ou Beethoven en personne, allât trouver un physicien et lui dît,
par exemple, que le système décimal est absurde, qu'il vaut mieux
compter par septaines, puisque la gamme a sept notes, ni plus ni
moins ... Le savant sans doute hausserait les épaules ; à peine
daignerait-il répondre que les mathématiques ont leurs lois, leurs
conditions à elles, et n'ont que faire d'en demander à la musique.
A la bonne heure ! C'est un axiome assez naturel, assez évident,
ce nous semble, que chaque ordre de choses doit chercher en lui-
même ses lois propres. Pourquoi la musique serait-elle seule à ne
pas bénéficier de ce principe? Et quand un savant, fût-ce Leib-
nitz, Euler ou M. Helmholtz, vient affirmer que les lois de la
musique relèvent de tels ou tels calculs mathématiques, de telle
ou telle expérience physique, et qu'en vertu de ces constatations
à priori la quarte sera plus belle que la tierce, et l'accord parfait
mineur moins beau que l'accord parfait majeur, pourquoi les mu-
siciens, à qui leur instinct et le génie unanime des maîtres affir-
ment le contraire, ne se moqueraient-ils pas de cette injonction?
Ainsi font-ils, et ils font bien. »
C'est très-bien dit, cher confrère.
Arthur POUGIN.
CONCERTS ET AUDITIONS lUSICÂIES DE LA SEMAINE.
**t L'attrait principal du onzième concert du Conservatoire, dimanche
dernier, était l'exécution du septième concerto de Rode, par Mme Nor-
man-Neruda. Donner de la vie à cette pâle et froide musique par un jeu
expressif, charmer par la seule magie du son, tel est le tour de force
accompli par l'éminente artiste ; ne pas s'écarter un instant du style
classique et sévère qui seul convient à ces sortes de compositions, après
avoir vogué en pleine fantaisie avec Mendelssohn et Yieuxfemps, tel est
le privilège d'une organisation d'élite où la précieuse faculté d'assimila-
tion est portée au plus haut degré. Mme Norman-Neruda a été saluée en
terminant par une tempête d'applaudissements et rappelée . — Le char-
mant chœur de VArmide de Lulli, Les plaisirs ont choisi pour asile, dont
M. Caron a très-bien dit le solo, la magnifique symphonie en la majeur
de Mendelssohn, le chœur des chasseurs d'Euryanthe, de Castil-Blaze beau-
coup plus que de Weber, puisque trente mesures à peine appartiennent
au grand maître allemand, et la splendide ouverture de Léonore (a" 1),
complétaient le programme. L'orchestre a été vraiment superbe dans la
symphonie de Mendelssohn ; on imaginerait difficilement une exécution
plus parfaite, plus vitale, plus colorée .
,*, Le troisième concert de Rubinstein, vendredi dernier, offrait un
intérêt aussi puissant que les deux premiers. Cette fois, il a exécuté son
concerto en sol, que nous préférons à celui en ré mineur, et dont l'an-
dante est plein de poésie. Le grand succès de la soirée a été pour sa
transcription de la marche turque des Ruines d'Athènes, où il arrive par
une gradation longue et insensible à un si surprenant eifet de piano.
On a bissé ce morceau, qui cependant terminait le programme, et le
grand pianiste l'a remplacé par un des Waldsliicke de Schumann. La
salle Herz regorgeait d'auditeurs, dont une grande partie avait dû
rester debout. Rubinstein a été, comme d'ordinaire, longuement et chaleu-
reusement acclamé.
^% M. Garcin a donné jeudi dernier, à la salle Herz, un concert dont
le but principal était de faire apprécier une fois de plus son concerto de
violon, exécuté par lui il y a quelques semaines à la Société des Con-
DE PARIS.
109
certs du Conservatoire, dont il est membre. Une œuvre de cette impor-
tance mériterait assurément une analyse que nous ne pouvons lui con-
sacrer; nous nous boruerons à renvoyer à ce qui en a été dit dans ces
colonnes. M. Garcin, un des bons élèves d'Ambroisc Thomas, a puisé à
cette excellente école un faire délicat sans être maniéré, un goût pur qui
le préserve des écarts où les jeunes compositeurs ne sont que trop ex-
posés à tomber aujourd'hui. Les deux premiers morceaux de son con-
certo, Vandante surtout, sont d'un très-bon effet; le finale est tourmenté
et pêche par le plan. Deux autres compositions de moindre étendue,
Mignon, élégie, et Séguidille, ont valu au bénéficiaire de légitimes applau-
dissements. Mlle Marimon, MM. Caron et Fissot, qui lui prêtaient leur
concours, n'ont pas été moins bien accueillis.
*** L'excellent pianiste du roi de Portugal, Frédéric Boscowitz, dont
les visiteurs ds la Galerie animée des Arts libéraux à l'Exposition uni-
verselle, ont certainement gardé le souvenir, donnait mercredi dernier,
à la salle Erard, une audition de ses meilleures et plus récentes compo-
sitions. Nous y avons distingué le Chant du Matin et le Chant du Soir,
rêveries contrastées, empreintes d'une poésie pénétrante; une brillante
paraphrase du Trova'oro; une originale Chanson créole; le Trot de V Ama-
zone, fantaisie pittoresque ; enfin, un arrangement de la Marche turque
de Mozart, d'un effet grandiose. La vogue attend sans aucun doute ces
charmants morceaux aux harmonies distinguées, au rhythme toujours
séduisant. Fréd. Boscowitz est un maître dans l'art difficile de faire
chanter le piano et de varier la gamme de sonorité de cet instrument.
Aussi, le succès du virtuose a-t-il égalé relui du compositeur, et ce n'est
pas peu dire. Par son style, son sentiment, son exécut'on mécanique
toute personnelle, cet artiste distingué se recommande d'une manière
particulière à l'attention du public musical de Londres, où il va donner
une série de concerts.
t*i M. et Mme W. Langhans ont donné, mardi dernier, leur concert
annuel. Ces deux excellents artistes, qui ont bien mérité de l'art en fai-
sant connaître à Paris un certain nombre d'oeuvres applaudies à juste
titre en Allemagne, nous ont donné, cette fois encore, la primeur de
plusieurs auditions : un quintette, très-remarquable sous tous les rapports,
de Johannes Brahms, un concerto pathétique de Liszt, pour deux pianos
(Mme Langhans et M. Saint-Saëns), qui, croyons-nous, ne fanatisera
personne, et une Polonaise solennelle d'un jeune compositeur russe de
grand talent, M. d'Asantchewski (également pour deux pianos). Nous
applaudissons sans réserve aux deux morceaux de piano composés et
exécutés par Mme Langhans, Nocturne et Danse guerrière, qui sortent de
l'ornière banale où se traînent tant de compositions analogues, ainsi
qu'à la sonate pour piano et violon de M. Langhans, à laquelle, cette fois,
les vieux maîtres ont servi de modèle, et qui intéresse à un haut degré,
sans trop affecter d'archaïsme. Mme Godin a su se faire applaudir dans
l'air : la Prise de Jéricho, et dans trois mélodies de Schumann qu'elle
dit à ravir.
i*^ Un jeune violoniste compositeur, M. Pénavaire, à qui nous nous
plaisons à reconnaître un talent sérieux et de bon aloi, a donné di-
manche dernier une audition de ses œuvres à la salle du Grand-Orient.
La Pastorale- Ballet pour violon, et la mélodie Plus ne suis ce que j'ai été,
fort bien dite par Mlle de Beaunay, sont, entre autres, deux morceaux
de la meilleure venue et qui ont obtenu un succès flatteur. M. Péna-
vaire, qui est aussi un exécutant de premier ordre, nous paraît appelé
à un brillant avenir.
:t*^: Le grand festival donné samedi de l'autre semaine, par Arban,
dans les salons du Casino, avait attiré une foule compacte; comme virtuose
et comme compositeur, Arban a obtenu un succès éclatant. Sa nouvelle
fantaisie concertante sur^/es Vêpres Siciliennes a produit beaucoup d'effet,
et dans un grand solo qu'il jouait pour la première fois l'excellent ar-
tiste a provoqué d'unanimes applaudissements. Un accueil non moins
chaleureux a été fait à la fantaisie sur les Huguenots, dont la Société
des Enfants de Lutèce a parfaitement interprété la partie chorale. Enfin,
un des principaux altrails de cette belle soirée a été l'exécution d'un
fragment de la Saint-Julien des Ménétriers (l'Entrée de la noce), de Georges
Kastner. On a vivement goûté cette œuvre fraîche et mélodique, inté-
ressante au plus haut degré et qui, par sa nature même, semble appe-
lée à entrer dans le répertoire courant des Sociétés philharmoniques. En
résumé, le festival de samedi dernier a été de tous points digne de son
organisateur et des solennités pareilles des aimées précédentes.
»% Les soirées musicales de notre collaborateur M. Paul Bernard, qui
n'étaient d'abord que des exercices d'élèves, sont devenues peu à peu
de véritables concerts où se donne rendez-vous une assistance brillante
et distinguée. C'est au talent de plus en plus accentué des jeunes et gra-
cieuses élèves qui se réunissent dans ce salon, c'est au mérite et à
l'exqui-se urbanité de leur professeur, qu'il faut demander le secret de
cet empressement. La récente et dernière soirée dans laquelle Mme Da-
moreau, Meillet, Nadaud se sont fait entendre, c'est-à-dire chaleureuse-
ment applaudir, a été fort remarquable au point de vue de l'exécution
même des élèves. Deux ou trois, notamment, sont de première force, et
nous leur avons entendu jouer, avec une réelle maestria, des morceaux
qui présentent de sérieuses difficultés, la Danse des Fées, de Prudent, le
Concert-Stuck, de Weber, etc. Dans le Rondo-Ca-pricioso de Mendelssohn,
M. Paul Bernard a affirmé une fois de plus cette sûreté de goût, cette
netteté de jeu, cette élégance de phrasé qui ont fait sa réputation, comme
artiste et comme professeur et que l'on est charmé de retrouver chez
ses élèves.
**» La nouvelle mairie du 3° arrondissement a été inaugurée mer-
credi dernier par une soirée musicale de bienfaisance, dans laquelle
Mlles Marie Battu et Joséphine Martin, MM. Délie Sedie, Ernest Nathan,
etc., ont recueilli d'unanimes applaudissements. La musique de la garde
de Paris a brillamment complété le programme de cette solennité.
***. Au concert qui a suivi, cette semaine, à la Sorbonne, la séance
annuelle de la crèche Sainte-Geneviève, Mlle Marie Roze a interprété
avec son gracieux talent une cantate de circonstance de Mme Mélanie
Waldor et .Adrien Boïeldieu. Les chœurs étaient chantés par des or-
phéonistes de la ville de Paris, sous l'intelligente direction de M, Alex.
François. Saënger conduisait l'orchestre. Paroles, musique et exécution
ont été fort goûtées.
*** A la dernière matinée de M. Lebouc, on a admiré le beau et
large talent du célèbre violoniste Léonard, qui a magistralement inter-
prété le 10= quatuor de Beethoven et le 12° quintette d'OnsIow; une
sonate de Corelli, orchestrée par Léonard, a produit un grand effet.
*% Au concert donné le 30 mars dans la salle Herz, par Fanfan Be-
noiton, l'enfant terrible du Vaudeville, on a particulièrement remarqué
et applaudi la grande artiste qui s'est si promptement imposée à l'ad-
miration du public parisien, Mme Norman-Neruda, dans la Fantaisie-
Caprice de Vieuxtemps, Mlle Louise Murer, pianiste d'un très gr